french studies school of modern languages, literatures and … · 2017-04-03 · 5. les restos du...
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French Studies School of Modern Languages, Literatures and Cultures
Second Year 2016-2017
FR201 Résumé Dossier
Course Outline
1. Changez d’heure Pg 4
2. Les festivals état des lieux d’une vrai passion française Pg 5
3. Catastrophes climatiques Pg 6
4. Quand vivaient nos campagnes Pg 7
5. Les Restos du Cœur ont 30 ans Pg 8
6. Le cerveau est bilingue Pg 9
7. Le symbole de l’erreur judiciaire Pg 11
8. La grande histoire d’une petite librairie Pg 13
9. Lunel, terreau des djihadistes français Pg 15
10. Avec le stand up paddle, ils marchent sur l’eau! Pg 17
Texts 2, 5, 6 appeared on previous exam papers
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Le résumé (éléments de base)
1. Lire le texte dans son ensemble d’abord
Vue d’ensemble
1. Présenter les idées selon l’ordre logique du texte.
2. Le résumé sera plus court que le texte.
3. Le résumé ne doit ni déformer les idées, ni porter sur elles un jugement personnel.
4. Vous rédigerez le résumé dans votre propre langage et dans votre propre style.
5. Vous ne reprendrez pas les expressions du texte que lorsqu’elles sont indispensables à la clarté de votre résumé.
6. La règle sera de réduire le texte au quart environ de sa longueur.
Mot clé : le respect
respect du texte
respect des règles de grammaire
respect des limites indiquées Pour commencer
Garder toujours en tête les questions suivantes: Qui? Quand? Quoi? Pourquoi? Comment?
Quel est le thème principal du texte? Correspond-il au titre?
Quels sont les buts de l’auteur? Cherche-t-on à exposer des faits; analyser des faits; persuader; juger; critiquer?
Quel est le ton du texte? scientifique; humoristique; ironique; neutre; polémique
La structure du paragraphe Le plus souvent:
L’idée essentielle est exprimée au début du paragraphe.
Le centre du paragraphe contient l’argumentation (sous forme d’exemples, de statistiques, de citations …)
La phrase finale constitue un bilan, une conclusion. Le résumé ne reproduit jamais les exemples proposés dans le texte, mais il est important de les lire attentivement, car ils peuvent introduire ou souligner une idée centrale du texte. [Propos adaptés de Ghislaine Cotentin-Rey, Le Résumé (Paris, 1995), p.6, 10-11, 16]
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Conseils pour cette activité :
Lire le texte dans son ensemble d’abord. Notez le vocabulaire et les expressions dans le texte. Groupez-les par domaine (termes associés à un sujet particulier). Faites des fiches ou des bases de données de vocabulaire. Suivez l’ordre des idées dans le texte quand c’est possible. N’hésitez pas à faire des colonnes ou des tableaux où vous mettrez les idées du texte. Cela vous aidera à trouver les idées essentielles. Notez les mots-charnière qui divisent le texte (par exemple, si vous voyez ‘toutefois’, ‘pourtant’, ‘mais’, vous saurez qu’on passe à une idée contraire à celle qui précède, ou à une idée nouvelle). La division en paragraphes peut vous guider – normalement les paragraphes marquent la division de la matière du texte. Mais parfois ce n’est pas le cas. Gardez à l’esprit (1) que lors de l’examen vous aurez 2 heures pour répondre aux exercices de
grammaire et faire le résumé de texte.
(2) La limite de mots se situe à 150 ou un tiers de la longueur de l’article – la longueur indiquée à l’examen est de 150 mots.
(Voir les anciens sujets sur la page web de la bibliothèque :
Library/Exam Papers).
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Les festivals, état des lieux d'une vraie passion française
La saison des grandes manifestations culturelles débute, entre dynamisme et inquiétude.
France, terre de festivals. Avec plus de 3.000 manifestations organisées chaque année, la
France s'impose comme l'un des pays européens les plus prolifiques en matière d'offre :
musique, cinéma, théâtre, danse, littérature, arts de rue, humour… Tout n'est pas rose pour
autant. Émeline Jersol, médiatrice culturelle, a recensé les festivals, structures et associations
supprimés depuis les dernières élections municipales. Cette initiative contestée par les acteurs
des milieux festivaliers – car trop partielle – aura néanmoins montré une réalité : celle d'un
secteur dynamique mais aussi fragilisé par une multitude de facteurs.
Festival de musique classique de Strasbourg, Voix du Gaou, Paris Cinéma… La liste des
festivals annulés cette année est longue. Selon la Sacem, une cinquantaine a baissé le rideau
cette année. Dans le même temps, d'après Fleur Pellerin, ministre de la culture, 44 nouveaux
rendez-vous sont nés sur l'ensemble du territoire. Un détail d'importance qui a été omis par
Mme Jersol, auteure de l’étude sur la crise. Il ne s'agit pas pour autant de se réjouir de la
situation. "Pour la première fois depuis longtemps, le ratio entre les festivals créés et annulés
est en effet négatif. En 2013, on comptait 29 festivals supprimés pour 86 créés. C'est un signal
à prendre en compte", souligne Emmanuel Négrier, chercheur au CNRS.
Selon une étude de la Sacem, 1 euro investi pour un festival rapporte 3 euros au territoire où il
se tient. Jusqu'à 12 euros pour les Eurockéennes de Belfort, l'une des grosses machineries de
l'été (100.000 festivaliers sur trois jours). "Notre politique est de travailler avec les entreprises
du voisinage. Au total, on réinjecte 700.000 euros dans l'économie locale", souligne Franck
Fumoleau, fondateur de Terres du son à Tours. Bernard Baudoux, maire d'Aulnoye-Aymeries
(Nord-Pas-de-Calais) pointe une dimension essentielle : "Un festival, c'est aussi du lien social.
Les Nuits secrètes se tiennent dans une région sinistrée avec l'un des taux de chômage les plus
élevés de France. Il redonne un sentiment d'appartenance, de fierté et d'espoir en l'avenir."
Malgré son succès (70.000 visiteurs), la situation des Nuits secrètes reste fragile. En cause : la
hausse constante des coûts de fonctionnement depuis 2008 (+ 28%) à laquelle tous sont
confrontés. Le maire envisage sérieusement de faire du festival semi-gratuit un rendez-vous
totalement payant l'année prochaine : "Mais en gardant des tarifs attractifs qui ne dépassent pas
les 15 euros."
Depuis plusieurs années, nos grandes fêtes musicales affrontent un nouveau défi : l'explosion
des rassemblements géants en Europe de l'Est et centrale. Dans ces pays, où la loi n'interdit pas
la publicité pour les cigarettes et les spiritueux, leurs organisateurs bénéficient de budgets
gigantesques. Ils s'offrent ainsi les fameuses stars anglo-saxonnes de renommée mondiale dont
les cachets ont connu une inflation vertigineuse depuis une décennie, au point de mettre dans le
rouge nombre de manifestations françaises. "Un festival croate ou serbe peut débourser entre
800.000 et 1 million d'euros pour Radiohead ou Coldplay quand notre budget global est de
1,5 million d'euros", souligne Rémi Perrier, l'un des fondateurs de Musilac à Aix-les-Bains.
Éric Mandel - Le Journal du Dimanche dimanche 21 juin 2015
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87% des catastrophes climatiques ont un lien avec le réchauffement de la planète Libération le 16 mars 2015
TRIBUNE
Près de 7 000 morts. 102 millions de personnes touchées. 110 milliards de dégâts. Voici le bilan humain et financier des catastrophes naturelles en 2014. On est certes loin de 2010, avec 300 000 morts provoqués par les tsunamis et les tremblements de terre, ou même de 2013 où le seul typhon Haiyan avait provoqué la mort de plus de 6 500 personnes.
Nous les appelons catastrophes «naturelles» comme si c’était une fatalité, mais les dernières données du bureau des Nations unies pour la réduction des risques montrent qu’en 2014, 87% des catastrophes climatiques avaient un lien avec le réchauffement de la planète. Ce sont donc bien nos actions, notre pollution, notre déstabilisation du système climatique qui sont à l’origine du chaos dans lequel se retrouvent plongés les pays les plus vulnérables. Leurs habitants y sont exposés aux ouragans, à la montée des océans ou encore aux pluies diluviennes qui provoquent des inondations. Et que ce soit aux Philippines, face aux victimes des typhons, dans les petites îles du Pacifique, plus fragilisées que jamais face aux tsunamis à cause de la montée des eaux, ou encore en Amérique, ou en Afrique, qui connaît son lot de catastrophes naturelles, le verdict est sans appel : ce sont toujours les plus pauvres qui sont en première ligne.
Ces catastrophes sonnent comme un avertissement, une bande-annonce macabre de ce à quoi ressemblerait le monde si nous ne réussissons pas, nous, habitants de cette planète, à trouver des solutions à Paris en décembre en concluant un accord international sur le climat. Cet accord, pour éviter le pire, doit permettre de limiter la hausse des températures à 2 °C. Car au-delà de 2 °C, tempêtes, cyclones, canicules deviendront encore plus fréquents, encore plus violents, encore plus dévastateurs. Nous avons aujourd’hui une certitude, c’est que personne n’est à l’abri. Tout le monde a en mémoire les victimes de Katrina et de Sandy, et les rues dévastées à New York et à la Nouvelle Orléans. La France n’est pas immunisée : que ce soit sur son territoire métropolitain ou, surtout, dans ses outre-mers, de plus en plus de nos compatriotes subissent la recrudescence des cyclones et la hausse du niveau des mers.
Cette exposition au risque, nous devons l’anticiper. Grâce au savoir-faire de Météo France, à l’engagement des élus nationaux et locaux, aux médias, nous nous équipons de dispositifs visant à éviter les pertes humaines et économiques, nous avons tiré des leçons des tempêtes de 1999 ou de Xynthia en 2010. Si le risque zéro n’existe pas, nous sommes aujourd’hui mieux préparés, parce que mieux informés. Et face aux risques climatiques, prévoir, anticiper, c’est le meilleur moyen d’éviter les dégâts.
Notre expertise, mais aussi celle du Japon ou des Etats-Unis, nous oblige à la solidarité. Elle doit servir à tous ceux qui vivent «les pieds dans l’eau» ou dans l’angoisse de la catastrophe. Des systèmes d’alerte existent déjà pour avertir les populations. Mais ils doivent être affinés, étendus, adaptés. Il faut que chaque habitant des zones vulnérables puisse bénéficier d’ici 2020 d’une information précise en temps réel, par la téléphonie ou les médias traditionnels, qui lui permette de savoir quel territoire précis sera touché, et où se mettre à l’abri. Il faut mettre en place rapidement des systèmes d’alerte simples, efficaces et peu coûteux.
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Les Restos du Cœur ont 30 ans : "Hélas, on est encore là… "
Les Restos du Cœur fêtent les 30 ans de l’appel à la solidarité de Coluche. Avec des chiffres de
fréquentation en constante augmentation… Récit à travers le regard de bénévoles de
l’association.
"C’est moins un anniversaire qu’une commémoration! Trente ans après, les difficultés sont les mêmes,
si ce n’est pire." Giselle Sylvain est responsable des ateliers et chantiers d’insertion (ACI) aux Restos
du Cœur de Vendée. Elle n’a pas forcément le cœur de célébrer les 30 ans d’une "cantine qui ne devait
pas durer plus de sept ans". Depuis sa création en 1985, l’association lancée par Coluche a dépassé le
milliard de repas servis et demeure pour des millions de familles un moyen de se nourrir régulièrement.
130 millions de repas servis En une seule année, entre les mois d’avril 2014 et mars 2015, pas moins de 130 millions de repas ont
été distribués à travers 2.090 centres en France. Distribués par 67.600 bénévoles à partir de la collecte
de donateurs, de partenaires d’entreprises et de subventions de conseils généraux. L’aide alimentaire
des Restos du Cœur a non seulement permis de nourrir un million d’hommes et de femmes, mais également plus de 40.000 enfants en bas âge.
Entre 2011 et 2015, les Restos du Cœur ont accueilli 130.000 personnes de plus, soit une hausse de
14,95%. Les demandes d’aide varient en fonction des régions : en augmentation dans les Ardennes par
exemple, mais stable en Vendée pendant la même période. "L’extension de la précarité est bien réelle.
Des familles qui n’avaient pas besoin d’aide font appel à nous", poursuit Giselle Sylvain.
Des salariés, des retraités, des étudiants… A Charleville-Mézières ou à Nice, même constat : au-delà des salariés pauvres dont les revenus ne
suffisent plus à se nourrir, "il y a de plus en plus de 40-50 ans, des gens qui n’ont plus de travail et qui
finissent au revenue minimum", indique Sylvie Bicini, ancienne présidente des Restos du Cœur dans les
Alpes-Maritimes, toujours bénévole. "Mais aussi plus d’étudiants car les parents ne peuvent plus
assumer de les nourrir. Et plus de retraités qui ont dû faire un choix : soit on se nourrit, soit on paye
l’assurance mutuelle."
Une indéfectible solidarité Aujourd’hui, des milliers de bénévoles permettent également la réintégration sociale et la réinsertion
sur le marché du travail d’individus souvent en rupture. "Notre premier travail, c’est d’accompagner la
personne, l’écouter et lui rendre son humanité, raconte encore Sylvie Bicini. On est un peu comme une
seconde famille. Je me souviens de cet homme de 53 ans, au chômage du jour au lendemain. Il a poussé
notre porte : 'Ca fait des mois que je descends l’échelle et vous êtes le dernier barreau'. On l’a écouté,
on l’a aidé à refaire son CV, à reprendre confiance en lui. Trois semaines après, il avait trouvé du
boulot". Giselle Sylvain croit, elle, que l’esprit Coluche va perdurer. Mais sans illusion : "Si trente ans
après la création des Restos du Cœur, on est toujours là, on peut craindre que dans trente ans, on y sera
encore…"
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Le cerveau est bilingue
Les mythes et les malentendus entourant l’acquisition de
deux langues chez l’enfant
Benoît Rose, 5 mai 2012, Le Devoir (texte adapté)
Le mythe du cerveau unilingue
Beaucoup de craintes découlent d’une conception de base erronée : une partie de la population
s’imagine que le cerveau est en quelque sorte unilingue et que d’apprendre deux langues
simultanément est plus difficile et risque de créer un retard dans le développement du langage
chez l’enfant. Or c’est faux : le cerveau est bel et bien « bilingue », c’est-à-dire apte à
apprendre deux langues en même temps sans se surcharger ni subir de retard. On a constaté
que, si les enfants ont suffisamment d’exposition à chacune des langues, ils apprennent les
deux aussi facilement qu’une seule.
Les étapes importantes du développement du langage, comme la prononciation des premiers
mots vers l’âge de 12 mois ou des premières petites phrases à 24 mois, sont franchies au même
moment par les enfants bilingues et les enfants unilingues. Idéalement, l’enfant doit être
exposé aux deux langues dans la même proportion (50-50) afin qu’il puisse les acquérir toutes
les deux de façon complète. Autrement, il développera tout simplement une langue forte et une
autre plus faible. Par exemple, si l’enfant vit avec sa mère francophone cinq jours sur sept et ne
voit son père anglophone que les fins de semaine, son anglais sera moins fort que son français,
mais aussi moins fort que l’anglais d’un enfant unilingue anglophone.
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Le mythe de la confusion
On croit aussi souvent que le mélange des langues, comme lorsque l’enfant utilise des mots
anglais dans une phrase en français et vice-versa, est un signe de confusion. Or il n’en est rien.
Quand les enfants mélangent les codes, ce n’est pas une indication de faiblesse, mais plutôt de
compétence dans les deux langues. Un enfant d’âge préscolaire, qu’il soit unilingue ou
bilingue, a un vocabulaire limité. Mais l’enfant bilingue dispose d’une ressource
supplémentaire, à la fois d’ordre cognitif, socioculturel et linguistique. Il a accès aux deux
langues quand il parle et il utilise les compétences dans ces deux langues pour éviter les
erreurs. Ce sont comme deux programmes informatiques qui sont actifs en même temps et qui
communiquent quand l’enfant s’exprime. La plupart du temps, l’enfant utilise un mot de
l’autre langue quand il ne connaît pas son équivalent dans celle qu’il est en train de parler.
Les recherches démontrent d’ailleurs que l’enfant qui grandit dans un foyer bilingue utilise
davantage le français avec le parent francophone et l’anglais avec le parent anglophone.
Certains mots sont associés à des domaines particuliers. Par exemple, si l’enfant pratique
toujours un sport avec un parent dans un contexte anglophone, il est normal qu’il utilise les
mots anglais associés à ce domaine dans ses discussions en français. Au besoin, le cerveau
finira par combler les lacunes dans chacune des langues.
S’il y avait vraiment confusion chez l’enfant bilingue, on serait en droit de s’attendre à ce que
le mélange des codes se fasse au hasard. Or, quand on examine les phrases mélangées des
enfants, on voit que, dans environ 90 % des cas, il y a une cohérence grammaticale dans ce
qu’ils font. Le mot anglais présent dans une phrase en français est généralement utilisé à la
bonne place, dans le meilleur respect possible des structures et contraintes du langage. Cela
indique que, dans leur tête, ils connaissent les règles de grammaire dans chaque langue.
Les mythes de l’immersion
L’enfant anglophone qui passe ses trois premières années scolaires en immersion française ne
compromet pas l’apprentissage de sa langue maternelle, soutient le professeur Genesee. C’est
un autre mythe qui ne tient pas compte du fait que l’enfant qui apprend à bien lire et bien
écrire, même dans sa langue seconde, développe une base commune aux deux langues.
Certains apprentissages se transfèrent de l’une à l’autre, si bien que ces enfants, une fois
arrivés dans le cheminement anglophone régulier, réussissent aussi bien sinon mieux que les
autres. Ils développent une aptitude linguistique du fait qu’ils peuvent comparer et penser dans
deux langues. C’est totalement l’inverse de ce que tout le monde croit.
D’ailleurs, les recherches révèlent aujourd’hui, chez les enfants bilingues, certains avantages
cognitifs au niveau des fonctions du « contrôle exécutif ». Ils auraient entre autres une plus
grande aisance à transférer leur attention d’une chose à l’autre, à se méfier des distractions et à
se concentrer sur les informations pertinentes pour une tâche.
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Shakespeare and Company
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Lunel, terreau des djihadistes français?
Cinq personnes ont été interpellées et placées en garde à vue mardi lors d'une opération
menée par les policiers du Raid dans l'Hérault, à Lunel, lieu de départ d'une dizaine de
djihadistes.
Gaspard Dhellemmes - leJDD.fr mardi 27 janvier 2015
C’est une petite commune de l'Hérault de 25 700 âmes. Lunel est depuis plusieurs semaines
sous les projecteurs des médias nationaux et internationaux pour avoir été le berceau d’une
dizaine de djihadistes français. Jusqu’au New York Times qui relève qu’elle a abrité 10% des
combattants français morts en Syrie. Mardi, cinq personnes ont été interpellées et placées en
garde à vue lors d'une opération du Raid dans la ville. Deux d'entre elles sont soupçonnées
d'être parties en Syrie, alors que les trois autres seraient des candidats au djihad. Le ministre de
l'Intérieur Bernard Cazeneuve s'est félicité du démantèlement d'une "filière particulièrement
dangereuse".
Comment cette ville ensoleillée, située à moins de vingt kilomètres de La Grande-Motte, est-
elle devenue l’une des fabriques du djihadisme français? La situation économique désastreuse
est l’explication la plus couramment avancée. Lunel affiche un des taux de chômage les plus
élevés de l’Hexagone, proche de 20%. "Lorsque j'entends ces jeunes, je constate qu'ils sont
dans une déshérence sociale, psychologique, culturelle, affective, qui les conduit d'une manière
ou d'une autre à ces situations", a expliqué le juge Jean-Pierre Berthet au Midi Libre. On est
devant une vraie pauvreté. Certains, on ne sait pas où ils dorment".
"Une fabrique de la haine"
La ville abrite la mosquée El Baraka, montrée du doigt pour son prosélytisme et son
fondamentalisme. Le Parisien rapporte le témoignage de Hakim, approché par des radicaux.
"Tu dois partir en Syrie aider tes frères en tuant les mécréants sinon le prophète va couper des
têtes!", lui lançaient-ils. Rachid Belhaj, élu le 11 janvier président de la mosquée par l’Union
des musulmans de Lunel, et réputé modéré, a pour mission de calmer les esprits. Organisé par
la mairie le 8 janvier, l’hommage aux victimes de Charlie Hebdo a rassemblé 1 500 personnes.
Mais rares sont les musulmans à avoir fait le déplacement, selon le quotidien.
Le contexte historique et géographique fournit une autre clé de compréhension. Dans le Gard
voisin et près d’Arles, des dizaines de milliers de harkis, ces Algériens, ont subi pendant des
décennies de nombreuses humiliations, rappelle Le Temps. "Je ne veux surtout pas tomber dans
le syndrome des musulmans victimes, explique un habitant au journal. Mais Lunel a un peu
été, à sa manière, une fabrique de la haine. La xénophobie y est une réalité incontournable. Il y
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a même eu, dans un lointain passé, des chasses aux Italiens venus «piquer» leurs jobs aux
ouvriers agricoles locaux".
Résultat: un Front national bien placé pour l’emporter aux prochaines élections
départementales. Et de l’autre côté, de jeunes mamans musulmanes voilées, souvent ramenées
d’Algérie par leur mari français, qui réclament toujours plus aux institutrices des écoles
communales: repas halal, voire moments de prière pour leurs enfants. Ou des «grands frères»
venus chercher leurs cadets qui refusent de serrer la main aux enseignantes.
Une intégration en panne. Des communautés disloquées qui s’ignorent et se jalousent.
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