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88e année - Hebdomadaire n° 3320 - 21 septembre 2012 3 €franc
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LibanLe messagerde paixpages 22 à 28
« Mariagepour tous »Un débatprécipitépages 6-7
BRÈVESFRANCEpolitiquE : L’ancien patron de SOS Racisme, Harlem Désir, a été désigné par Martine Au bry le 12 septembre pour lui succéder à la tête du PS. Ni Martine Aubry, ni Harlem Désir n’ont participé le 16 septembre à la fête de L’Humanité, centrée sur le « non » au traité européen.iSlAMiSME : Dans le cadre des mouvements anti-américains qui agitent le monde musul-man, une manifestation non autorisée s’est tenue le 15 septembre près de l’ambas-sade américaine à Paris ; elle a donné lieu à 150 interpel-lations.ENtREpRiSES : Le rapport de l’ancien syndicaliste Jean Kaspar reconnaît l’existence d’un malaise social au sein de La Poste et préconise 5 000 embauches.Les deux plus grands groupes européens de l’aéronautique et de la défense, EADS et le britan-nique BAE Systems, ont annoncé le 12 septembre négocier un rapprochement.Après la remise du rapport Sartorius, le gouvernement s’est résolu le 12 septembre à la fermeture de l’usine PSA d’Aulnay et à la nécessité d’un plan de réduc-tion des effectifs ; 200 sala-riés d’Aulnay ont organisé le 14 septembre une opération péage gratuit à Senlis sur l’autoroute A1.ENViRoNNEMENt : La pre-mière Conférence environne-mentale du quinquennat s’est tenue les 14 et 15 septembre. En ouvrant cette réunion, le chef de l’État a confirmé la fermeture de la centrale de
Fessenheim fin 2016 et s’est opposé à l’exploitation des gaz de schiste ; mais EDF réclame 2 milliards d’euros d’indem-nités pour la fermeture de Fessenheim en compen-sation des investissements réalisés pour prolonger de dix ans la durée de vie de cette centrale ! Pour sa part, le Premier ministre a annoncé l’augmentation de la taxe sur les activités polluantes et un débat a été lancé par les écologistes sur l’interdiction des véhicules diesel dans les grandes villes d’ici trois ans !CultuRE : La ministre Aurélie Filippetti a confirmé le 11 septembre l’arrêt ou la sus-
pension de plusieurs projets : Maison de l’histoire de France, Hôtel de Nevers pour la photo, le Centre d’art pariétal Lascaux 4, une nouvelle salle pour la Comédie française.pAtRiMoiNE : Quinze mille monuments français ont été mis à l’honneur les 15 et 16 septembre pour la 29e édition des Journées du Patrimoine ; à l’heure des restrictions bud-gétaires, le financement de leur entretien pose problème.SéCuRité SoCiAlE : Le der-
nier rapport de la Cour des comptes sur la Sécu, publié le 13 septembre, établit un diagnostic sévère : les déficits sont élevés et l’assainissement marque le pas ; sans mesures correctrices, la dette totale pourrait atteindre 60 mil-liards en 2020.SANté : Les professeurs Debré et Even affirment dans un livre choc révélé le 13 septembre qu’un médicament sur deux est inutile et/ou dangereux.tERRoRiSME : En plastiquant sept supermarchés dans la nuit du 9 au 10 septembre, les nationalistes corses ont rappelé que la lutte contre la spéculation immobilière et la
grande distribu-tion était une de leurs principales motivations.ViolENCES : Dix jours après la rentrée, trois pro-fesseurs ont été agressés, l’un par un élève de 18 ans dans un lycée professionnel de Bordeaux, l’autre par un élève de 4e
et le troisième par une mère d’élève d’un établisse-ment proche de Poitiers.SColARiSAtioN : L ’ e n q u ê t e annuelle sur les systèmes éduca-
tifs dans le monde publiée le 10 septembre par l’OCDE, indique que le taux de sco-larisation des 15–19 ans a baissé en France de 89% en 1995 à 84% en 2010.otAgES : Le président de la République a reçu le 13 sep-tembre les familles des otages détenus par Al-Qaida au Maghreb islamique.DiSpARitioN : L’acteur Pierre Mondy est décédé le 15 sep-tembre à Paris ; il était âgé de 87 ans.
MoNDEiSlAMiSME : Dénonçant un film réalisé aux États-Unis et dénigrant l’islam, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dans la plupart des pays musulmans et déclenché des violences qui ont fait 4 morts en Libye, dont l’am-bassadeur des États-Unis le 11 septembre, 2 en Tunisie et au Soudan, 1 au Liban et 1 en Égypte, 4 au Yémen et de nombreux blessés le 14 septembre (cf. page 17).JApoN : Le gouvernement a annoncé le 14 septembre l’ar-rêt progressif de la production nucléaire sur trente ans.AllEMAgNE : La Cour consti-tutionnelle a validé le 12 septembre le Mécanisme eu ro péen de stabilité (MES), levant ainsi une incertitude majeure sur la gestion de la crise financière en Europe.BANquES : Le 15 septembre à Chypre, les ministres des Finances européens ont tra-vaillé sur un projet d'Union bancaire don nant à la Banque centrale euro péenne la mis-sion de surveiller et sauver les 6000 banques de la zone euro.pAyS-BAS : à l’issue des législatives du 11 septembre, libéraux et travaillistes, favo-rables à l’Europe, pourraient former une coalition.ESpAgNE : Un million de mani-festants ont défilé le 11 sep-tembre à Barcelone pour l’in-dépendance de la Catalogne.AFghANiStAN : Les talibans ont attaqué le 14 septembre la base dans laquelle est affecté le prince Harry du Royaume-Uni ; deux soldats américains ont été tués.guAtEMAlA : Le volcan de Feu a connu le 13 septembre sa plus forte éruption depuis dix ans ; plus de 30 000 per-sonnes ont été évacuées.
J.L.
2 FRANCECatholique n°3320 21 septembre 2012
L’ARCHEVÊQUE DE LYON est interrogé sur une actualité, il est vrai brûlante, dans deux médias locaux, et ses propos suscitent des échos passionnés dans toute la France... En dépit du caractère souvent désagréable de telles réactions, il faut peut-être se féliciter que la parole du
Primat des Gaules « percute » ainsi les consciences, en obligeant à reprendre les grandes questions en dehors des cadres convenus dans lesquels on voudrait les enfermer. Encore faut-il, évidem-ment, qu’il n’y ait pas déformation du sens des propos tenus. Le cardinal Barbarin n’a pas associé l’homosexualité à la polygamie (mot qu’il n’a d’ailleurs pas prononcé) et à l’in-ceste. Il n’a pas lancé de condamnation morale à l’égard d’une catégorie de la population. Il a mis en garde contre les conséquences structu-relles profondes d’une modification de législa-tion sur le mariage. L’ouverture de celui-ci aux personnes du même sexe signifierait, en effet, une atteinte à l’intégrité de l’union conjugale, justifiée par l’accueil et la protection de l’en-fant. Il en va ainsi de quelques principes essen-tiels, sans lesquels une société est promise à l’anomie et à la dissociation. Le grand penseur du droit qu’est Pierre Legendre a donné un nom à la fonction de ces principes. Ils permettent tout simplement « d’instituer la vie ».
Bien sûr, cette intervention d’une des principales personnalités de l’Église de France dans le débat sur le mariage « pour tous » ne pouvait que secouer l’opinion, et d’abord la classe politique et les médias. Bertrand Delanoë, en vif désaccord avec le Cardinal, a néanmoins reconnu que c’était un sage. La sagesse consiste ici à mettre en relief ce qui doit l’être à l’encontre des dérivations qui font perdre de vue ce qui est en cause avec l’union de l’homme et de la femme. Certains — et même la plupart — des avocats de la modification de notre droit, expliquent qu’il s’agit de promouvoir la dignité de personnes, qui dans le passé et aujourd’hui encore, ont été méprisées, voire persécutées. Le cardinal Philippe Barbarin affirme et montre que, dans son esprit, il ne s’agit nullement de mépriser. Au contraire, il va très loin dans l’affirmation de la pré-sence nécessaire de personnes d’orientation homosexuelle dans l’économie ecclésiale. Lui-même s’est distingué par un charisme d’accueil et de dialogue qui dément toute interprétation négative à leur égard. Il ne faut pas se tromper sur la question posée. Elle est trop déterminante pour le devenir le plus humanisant de notre société. ■
SOMMAIRE
ACTUALITÉ 4 SOMALIE Succès politique
5 FRANCE Des paris risqués
6 SOCIÉTÉ « Mariage pour tous » un débat précipité
8 BOSNIE L'appel de Sarajevo 9 SANT'EGIDIO L'Art de la Paix
DOSSIER 10 LA DISCUSSION DES PRINCIPES Sexe en tout genre
14 Une phobie de l'homophobie ?
ESPRIT 17 ECCLÉSIA Islamisme, Vatican, Trisomie 21...
18 LIVRES Spiritualité
19 APOSTOLAT DE LA PRIÈRE Prier au cœur du monde
20 LECTURES 25e semaine du temps ordinaire
22 LIBAN Le messager de paix
MAGAZINE 29 CINÉMA « Les saveurs du Palais », « Quelques heures de printemps », « Jason Bourne : L'héritage », « Voisins du troisième type »
30 EXPOSITIONS Fernand Léger et Henri Laurens
32 MUSIQUES « Sister Act », la joie en Actes !
34 THÉÂTRE « Quand m'embrasseras-tu ? »
35 TÉLÉVISION « Polisse », « La famille Flick : Une histoire allemande »,
« Le funambule », « Océans »
36 TÉLÉVISION Votre début de soirée
38 BLOC-NOTES Vie associative et d'Église
Couverture : © Osservatore Romano
Le cardinalBarbarin
bien au-delàde la tempête
ÉDITORIAL
FRANCECatholique N°3320 21 SEPTEMBRE 2012 3
par Gérard LECLERC
Écoutez la chronique de Gérard Leclerc,du lundi au jeudi.
ACTUALITÉ
4 FRANCECatholique n°3320 21 septembre 2012
SOMALIE
L es somaliens, une fois n’est pas coutume, o n t t e n u l e u r s pro messes. Ils ont adopté une consti-
tution et élu un parlement et un président. Et, surprise, ce ne sont aucun des favoris qui ont été choisis, mais de nouveaux venus issus de la société civile : le président élu le 10 septembre, Hassan Sheikh Mohamud, est un universitaire qui avait main-tenu envers et contre tout une université en état de marche dans la capitale dévastée. Il succède au président de la transition qui avait été élu à Djibouti en janvier 2009 et dont beaucoup pensaient qu’il serait reconduit dans ses fonctions.
Il y a trois ans et demi, on ne donnait pas cher de ce président qui était bravement venu s’installer dans la Villa Somalia, la résidence prési-dentielle à Mogadiscio, le seul petit bout de territoire auquel à l’époque se limitait son autorité. Son principal mérite est d’avoir survécu et tenu bon. Ancien dirigeant des Tribunaux islamiques, Sharif Sheikh Ahmed, n’a pas réussi à regagner les milices islamistes, les fameux Shebab, mais les a isolées et
contraintes à la retraite. Il y a un an, elles avaient aban-donné la capitale, secteur après secteur, recourant à une nouvelle stratégie terroriste de déstabilisation, en Somalie et au Kenya, qui correspon-
dait à l’influence croissante d’Al Qaeda dans leurs rangs. Cela s’est retourné contre elles en provoquant à partir d’octobre la riposte armée du Kenya en territoire somalien. D’abord lancée dans l’idée de créer une zone tampon
le long de sa frontière (« Jubaland »), l’opération a été fondue dans l’action commune de la force régio-nale est-africaine (Ouganda, Burundi, Djibouti) déployée à Mogadiscio, appuyée par
les Éthiopiens. Au total près de 18 000 hommes sont engagés dans l’Amisom, soit plus que les forces régulières somaliennes, le tout financé essentiellement par l’Union européenne. Ces forces combinées devraient bien-
tôt faire tomber le dernier bastion des Shebab, le port de Kisimayo, au sud, près de la frontière du Kenya.
Le terrorisme va conti-nuer. Le nouveau président a échappé à un attentat quelques heures après son élection, et restera une cible facile, ne disposant pas encore des réseaux de ses prédécesseurs qui étaient des vétérans des phases antérieures de la guerre civile. Les pays musulmans de la péninsule arabique, qui avaient appuyé et financé le précédent gouvernement de facture plus « islamique » que les nouveaux venus, seront sans doute moins bien dispo-sés à l’égard de ces derniers. Ils estimeront avoir été bernés par les Occidentaux qui ont su faciliter l’émer-gence de nouvelles figures, tout en respectant le système des clans, fondamental pour la société somalienne, qui en fait l’unité au-delà de toutes les divisions.
La reprise par la terre du contrôle des ports soma-liens rejoint l’action menée en mer depuis 2008 pour lutter contre la piraterie au large des côtes dans l’Océan Indien. Celle-ci a diminué de moitié au cours des six premiers mois de 2012 par rapport à la même époque en 2011. Le temps vient où il faudra penser pour la France à rouvrir une ambassade et à désigner un ambassa-deur résident à Mogadiscio (actuellement à Nairobi). n( Au total près de 18 000 hommes
sont engagés dans l'Amisom
L’élection d’un nouveau président à Mogadiscio est le premier pas vers la reconstruction du pays après plus de vingt ans de guerre civile.
Succès politique par Yves LA MARCK
FRANCECatholique n°3320 21 septembre 2012 5
L e président est « en situation de combat ». Il veut « fixer le cap et le rythme » du « r edressement ». Le
9 septembre, sur le plateau de TF1, les mots ont été choisis pour évoquer le volontarisme afin de balayer les accusa-tions de mollesse. Quant aux moyens, ils sont classiques : réduction du déficit budgétaire grâce à un alourdissement des impôts pour les entreprises et pour les ménages ; réforme du marché du travail pour « inver-ser la courbe du chômage d’ici un an » ; soutien public à l’in-vestissement des entreprises.
Les principaux commen-taires ont porté sur la ponc-tion fiscale mais celle-ci ne peut être appréciée hors du dispositif général que le gouvernement va mettre en place en fonction d’une croissance de 0,8% l’année prochaine. Tout repose donc sur la pointe fine de cette prévision. Or les instituts et services de recherches esti-ment que la croissance ne dépassera pas 0,3% dans le meilleur des cas et – 1% dans le pire. La récession implique-rait une baisse des recettes fiscales qui se situerait entre 9 et 12 milliards d’euros. Pour réduire le déficit budgétaire à 3% du PIB, il faudrait opérer de nouvelles ponctions sur les ménages, ce qui ralen-
tirait l’activité économique et entraînerait de nouvelles baisses de rentrées fiscales.
Pour ce qui concerne le chômage, le gouvernement sait que le nombre de deman-deurs d’emploi va augmen-ter : au moins 500 000
personnes supplémentaires jusqu’en juin 2013. Les effets bénéfiques du « pacte de croissance » ne sont plus évoqués car les sommes engagées seront faibles et la future Banque publique d’investissement aura des ressources trop modestes pour retourner la tendance.
P o u r q u o i F r a n ç o i s Hol lande et Jean-Marc
Ay rault décident-ils de persévérer dans la politique d’austérité engagée par leurs prédécesseurs ? Trois princi-paux arguments sont avan-cés par leur entourage : le gouvernement espère que les entrepreneurs français
et étrangers vont retrou-ver confiance dès que la zone euro sera renforcée par le Mécanisme européen de stabilité (MES) et par le Pacte budgétaire ; une amélioration de la conjonc-ture internationale est par ailleurs attendue hors d’Eu-rope et la demande des pays dynamiques relancera l’ac-tivité dans la zone euro ;
enfin, la réforme du marché du travail devrait renforcer la compétitivité de l’économie française.
Ces trois paris sont exces-sivement risqués. La tendance à la baisse de l’investissement est nette dans les principaux pays européens — à l’excep-tion de l’Allemagne — et il est douteux que le MES et le Pacte budgétaire parvien-nent à inverser le cours des choses. La Chine et l’Inde sont sur le chemin de la récession et vont faire des efforts pour exporter en Europe, au détri-ment de l’activité écono-mique de notre zone. Quant à la réforme du marché du travail, elle ne produira ses effets qu’à moyen terme dans le scénario optimiste mais on commence à s’apercevoir que le modèle danois de « flexisé-curité », qui inspire le gouver-nement, n’a pas résisté à la crise.
Bien entendu, ces prévi-sions sont strictement écono-miques. Elles ne peuvent tenir compte des réactions sociales aux diverses mesures envisa-gées et aux effets de conta-gion que les mouvements protestataires dans les pays voisins — surtout l’Espagne — pourraient produire dans notre pays. Le gouvernement redoute cette perspective et espère que les syndicats pourront calmer le jeu. C’est un autre pari, à la limite le moins risqué. n
François Hollande a fixé un « agenda du redressement » de la France en deux ans. Accusé d’immobilisme, il ne pouvait faire moins. Mais le chemin suivi est périlleux.
FRANCEpar Alice TULLEDes paris risqués
Le gouvernement sait que le nombre de demandeurs d'emploi va augmenter )
ACTUALITÉ
6 FRANCECatholique n°3320 21 septembre 2012
« MARIAGE POUR TOUS »
La garde des sceaux, a donc confirmé la détermination du gouvernement. Défendu au nom de
« l’exigence d’égalité », son projet de loi entend aussi ouvrir à deux hommes ou à deux femmes un droit à l’adoption, mais Christiane Taubira affirme qu’il ne s’agit pas d’un droit à l’enfant, en raison de la rigueur de la procédure d’adoption.
Le texte exclurait par ailleurs « de [son] périmètre » la procréation artificielle. Enfin l’objection de conscience est clairement refusée aux maires, au nom de « l’ État de droit » et de leur mission d’offi-ciers d’état civil, mission dont Christiane Taubira souligne au passage que les maires « sont très fiers ». La ministre concède cependant que son projet de loi « ne préjuge pas de ce que les parlementaires décideront. »
Justement, alors qu’on avait d’abord pensé que
Christiane Taubira avait été chargée par l’exécutif de distraire une opinion publique en plein désenchantement, l’annonce gouvernementale semble avoir pris de cours un événement sur lequel le lobby homosexuel comptait pour pousser beaucoup plus loin ses revendications : ce même 11 septembre se tenait au Sénat un colloque organisé par la sénatrice écologiste Esther Benbassa où s’exprimait tout ce que le lobby homosexuel comporte de plus transgres-sif. Le retentissement de ce colloque a été éclipsé par l’annonce gouvernementale au grand dam de l'Interas-sociative-lesbienne, gay, bi et trans (Inter-LGBT) que l’Agence France-Presse (AFP) se plaît à désigner comme « l'interlocuteur habituel du gouvernement pour les sujets liés à l'homosexualité ».
Effectivement, c’est au porte-parole de l’Inter-LGBT qu’il est revenu d’annoncer, au sortir d’une longue réunion
avec Christiane Taubira le 13 septembre, la date de présentation du projet de loi au conseil des ministres : ce sera le 24 octobre 2012. Dans son étrange exercice de rapporteur des propos ministériels, Nicolas Gougain précisait alors que Christiane Taubira « s'en remettrait aux arbitrages du président de la République et du Premier ministre ».
Les réactions politiques ont al imenté le débat pendant plusieurs jours. La plupart des élus de droite — à l’exception notable de Roselyne Bachelot — ont contesté le projet gouverne-mental, tantôt sur le fond, tantôt sur la forme, à l’image de l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin esti-mant que ce projet risquait de provoquer « une diversion par rapport à une crise extrême-ment brutale » et de la « divi-sion », « alors qu'il faudrait rassembler le pays et chercher la cohésion sociale ».
Tandis que Christine Boutin réitère son appel à un référendum, des leaders de droite et de gauche n’hésitent plus à confier leur sentiment que ce sujet risque de dégé-nérer en puissant affronte-ment civil.
À gauche, la contestation porte sur l’exclusion de la procréation artificielle d’un projet qui semble diviser le gouvernement lui-même… Le Mouvement des jeunes socia-listes (MJS) et le Parti radical de gauche (PRG) ont notam-ment réagi en réclamant l’in-tégration d’un droit d’accès à l’AMP (assistance médicale à la procréation) dans le projet. Plusieurs parlementaires de la majorité présidentielle promettent des amendements en ce sens, comme le député PS du Nord Bernard Roman.
À l’inverse, un vent de fronde monte au sein de l’Association des maires de France dont nombre des adhérents sont prêts à entrer en contestation.
Et c’est de l’Île-de-Beauté que les premières escar-mouches ont été notées par l’AFP, relayant un article de Corse matin. Ces « réfrac-taires » qui ne veulent pas célébrer en mairie des mariages entre personnes de même sexe ont découvert qu’on entendait les y forcer sans aucune concertation préalable.
Le gouvernement aurait-il sous-estimé la puissance ( Un vent de fronde monte au sein
de l'Association des maires de France
C’est par une interview pour le quotidien La Croix du 11 septembre 2012, rendue publique la veille, que Christiane Taubira, ministre de la Justice, a révélé les grandes lignes du futur projet de loi instaurant ce que ses promoteurs s’appliquent à nommer « mariage pour tous », c’est-à-dire l’ouverture du mariage civil à deux hommes ou deux femmes. L’embrasement médiatique a été immédiat.
Un débat compliqué
Un débat compliqué par Tugdual DERVILLE
— et la diversité — de l’oppo-sition à ce projet ? Alors qu’il s’attache jusqu’à maintenant à soigneusement esquiver la question que cette opposition entend mettre au cœur du débat : l’enfant.
Il s’agit de prendre au mot le Premier ministre Jean-Marc Ayrault décla-rant à propos de cette ques-tion : « Ce qui compte, c’est le bonheur des enfants.» Or, de nombreux spécialistes de l’enfance ont commencé de souligner l’injustice d’une disposition qui prétendrait les priver délibérément d’un père ou d’une mère. Les personnes adoptées elles-mêmes, ou les couples qui ont déjà reçu un agrément en vue de l’adop-tion pourraient à leur tour s’exprimer, de même que les personnes qui ont subi cette prétendue « homofiliation » et qui en ont souffert, ce que les études sérieuses qui commencent à sortir tendent à démontrer.
Dans l ’embrasement médiatique, il faut noter les titres particulièrement ambigus que l’AFP a choisis pour synthétiser les réactions de deux cardinaux français. Pour résumer les propos de l’archevêque de Paris, une première dépêche donnait l’impression qu’il avait baissé les bras : « André Vingt-Trois et le mariage homosexuel : "Nous observerons la loi" ». En réalité le président de la Conférence des évêques de
France avait au contraire exprimé sa volonté d’inflé-chir le projet gouvernemen-tal, et de nouvelles dépêches ont corrigé le premier titre. Procédé inverse avec l’arche-vêque de Lyon : pour résu-mer une longue émission au cours de laquelle le mot « polygamie » n’avait pas été prononcé, l’AFP avait choisi un titre provocateur : « Le mariage gay ouvrirait la voie à la polygamie et à l'inceste, selon le cardinal Barbarin ». Le Primat des Gaules n’avait fait que lister les revendica-tions qui fleurissent incon-testablement, notamment sous le vocable de « polya-mour ». D’ailleurs, les deux ministres Manuel Valls et Najat Vallaud-Belkacem ont tour à tour contesté la viru-lence des réactions suscitées par une dépêche caricatu-rale.
Dans un entretien au Monde, le président du Consistoire central israé-lite de France, Joël Mergui, a quant à lui confirmé que « la religion juive ne reconnaît évidemment pas le mariage homosexuel » en s’interro-geant « au-delà de l'interdit religieux » (…) « sur le sens d'une société qui accorde-rait la même normalité à des familles où l'enfant aurait deux pères ou deux mères au lieu d'un père et d'une mère, le modèle traditionnel ». Un front supplémentaire : le débat est bel et bien lancé. n
ACTUALITÉ
8 FRANCECatholique n°3320 21 septembre 2012
BOSNIE
Vingt ans après le début du siège de la ville, qui dura quatre années, d’avri l 1992 à
février 1996, faisant 11 541 victimes, le geste n’était pas que symbolique. Car le passé n’est pas passé. Si la sécurité est rétablie, la république de Bosnie est toujours en état de crise politique et elle est par conséquent encore soumise à une tutelle inter-nationale. Les conditions de retour à la paix et à la coexis-tence ne sont pas réunies. Ce n’est pas le moindre mérite de la rencontre d’avoir à nouveau braqué les projec-teurs sur la ville martyre qu’on a tendance à oublier. Nul endroit ne pouvait mieux illustrer le thème retenu cette année : « Vivre ensemble c’est le futur ». Qu’est-ce qui fait que l’on ne puisse vivre ensemble à travers nos différences ? L’appel à la paix signé par les participants le 11 septembre, jour anniver-saire de la destruction des tours jumelles de New York, y répond. Si l’on ne parvient pas à vivre ensemble, on ne peut vivre ni survivre, a conclu Andrea Riccardi. C’est
vrai pour Sarajevo, mais où que ce soit dans le monde. Il revient aux religions d’aider à vivre ensemble.
Toutes les communautés religieuses de Bosnie étaient présentes : le cardinal Vinko Puljic, le patriarche serbe-orthodoxe Irinej, le grand mufti Mustafa Ceric, le représentant de la commu-
nauté juive, Jakob Finci, ont réellement porté ensemble la réunion avec la communauté Sant’Egidio. Le patriarche
orthodoxe a assisté à la célébration eucharistique du samedi soir à la cathédrale catholique. Le cardinal en a fait autant le dimanche à la cathédrale orthodoxe. Les Juifs ont été bien représentés
tout au long des débats avec d’importantes personnalités du Comité juif international et d’Israël. Les organisateurs avaient prévu 28 tables rondes dont cinq furent consacrées aux derniers développements dans les pays arabes et à l’is-lam. Chacun avait en tête le
voyage imminent du Saint-Père au Liban. Benoît XVI a d’ailleurs suivi de très près les travaux de Sarajevo en recevant la veille en audience privée les trois dirigeants principaux de la commu-nauté, Riccardi, Mgr Paglia et Marco Impagliazzo, son président, et en adressant ( Benoît XVI a suivi de très près
les travaux de Sarajevo
La Communauté Sant’Egidio a posé un acte prophétique en choisissant Sarajevo comme site de la 26e rencontre annuelle interreligieuse de prière pour la paix du 9 au 11 septembre.
L'appel de Sarajevo
Sarajevo.
un message personnel à la réunion. Instrumentalisation et refus de Dieu sont, selon le Pape, les deux sources de violence. Le Premier ministre italien, Mario Monti, et le président de l’Union euro-péenne, Herman Van Rompuy, avaient fait le déplacement pour la séance d’ouverture le dimanche soir. Monti, qui compte Andrea Riccardi dans son gouvernement, ministre de l’Intégration et du déve-loppement, n’a pas manqué d’évoquer la crise de la dette comme un facteur de division au lieu que l’euro était censé être un facteur de cohé-sion. L’Union européenne ne saurait être affaiblie alors que tant de choses dé pendent d’elle dans les Balkans. Sans le budget communautaire, sans le représentant spécial de l’Union, tout serait encore plus difficile.
Le contexte local demeure marqué par les évolutions religieuses qui se sont libre-ment exprimées. L’attitude et les propos du patriarche serbe-orthodoxe se situaient dans une perspective réso-lument œcuménique qui a surpris par son audace et sa précision. Mgr Irinej dit préparer une réflexion générale sur la situation des Églises et des commu-nautés religieuses en Europe en saisissant l’occasion du 1700e anniversaire de l’édit de Milan (313) sur la liberté et, ajoute-t-il, l’égalité reli-
gieuses. Il se propose de faire de ce jubilé une étape vers la réconciliation.
Réconciliation qui préoc-cupe aussi le grand mufti musulman, le bien connu Mustafa Ceric, en place depuis 1993 et qui doit céder la place le mois prochain. Un intervenant orthodoxe l’a accusé de rechercher la constitution d’un État musul-man homogène, en lieu et place de l’actuelle fédéra-tion bosno-croato-serbe, en se fondant sur un propos tenu devant un rabbin new-yorkais. Or le fait est que la presse internationale avait récemment relevé un chan-gement d’attitude, mais la vérité était la suivante : lors de l’anniversaire du massacre de Srebrenica de 1995, l’in-vité d’honneur était le rabbin Arthur Schneier. Pour un massacre de musulmans ? La vérité est que le rabbin venait en tant que survivant d’Auschwitz. Et que, pour la première fois, les victimes des génocides se reconnaissaient entre elles. Si juifs et musul-mans ici se rapprochent, faut-il que ce soit sur le dos des chrétiens, ici des Serbes ?
Les questions traitées à Sarajevo n’ont rien de théo-rique. Mieux valait qu’elles le soient dans une rencontre de prière pour la paix que dans d’inutiles et interminables controverses.
La 27e rencontre aura lieu à Rome. n
FRANCECatholique n°3320 21 septembre 2012 9
L'appel de Sarajevo par Dominique DECHERF
Le plus remarquable ouvrage paru jusqu’ici sur la Communauté de Sant’Egidio sur la scène internationale
Le rôle exact de Sant’Egidio n’avait pas fait à ce jour l’objet d’une étude aussi complète : dix chapitres, dix expériences différentes (Mozambique, Algérie, Guatemala, Burundi, Albanie, Kosovo,
Liberia, Côte d’Ivoire, SIDA, peine de mort), sur vingt années, racon-tées par les acteurs eux-mêmes, qui prouvent s’il en était besoin qu’il n’y a pas de « méthode », de « modèle », ni de « doctrine » Sant’Egidio, mais un simple témoignage de vie, comme dans les Évangiles synoptiques, ou les Actes des Apôtres. C’est le ton de ce livre. Les quelques « médiateurs » romains de la communauté de Trastevere — car c’est avant tout et toujours une « communauté » catholique romaine — sont comme les apôtres qui se déploient à travers le monde des crises et des guerres, chacun selon son charisme propre. Ce sont eux, ces instruments de paix chers à saint François d’Assise, qui racontent par le menu leurs interventions auprès de ces Éphésiens ou Colossiens modernes. Ils utilisent les mêmes armes que les apôtres, celles de la force faible, définie ici comme « une conviction spirituelle qui, malgré son évident désar-mement et son manque de moyens matériels puissants, se révèle efficace tirant sa force de son caractère d’altruisme gratuit et de détachement par rapport à tout intérêt partisan. »Certes le succès n’est pas toujours au rendez-vous. Parfois le travail de fond de Sant’Egidio est battu en brèche par l’intervention d’une grande puissance, comme au Kosovo où son protégé pacifique, Rugova, est marginalisé par les États-Unis qui font le choix de la branche militaire avec Thaçi. On discerne également les réserves de la communauté vis-à-vis de l’absolutisation d’une justice interna-tionale qui, si elle combat à juste titre l’impunité, ne fait pas suffi-samment sa part au pardon des offenses. Les succès mozambicain et burundais furent largement dus au choix de la pacification contre la « criminalisation ». Le modèle sud-africain (« vérité et réconcilia-tion ») a joué, par opposition à celui de la Cour pénale internationale.L’exemple algérien pourrait servir de référence aux tentatives actuelles de regroupement de l’opposition « civile » en Syrie. Ici comme alors (et comme au Kosovo), il s’agit de rejeter un « pacte entre faucons », entre combattants islamistes et un clan « éradica-teur » de l’armée, « menant à l’exclusion des forces démocratiques et laïques et à la mise en place d’une dictature militaro-islamiste ».Ni diplomatie des papis, ni diplomatie papale, bénéficiant à l'occa-sion de soutiens intéressés au sein des diplomaties italienne ou fran-çaise, favorisée par tel ou tel évêque de terrain (avec la dimension intereligieuse d'Assise), ou personnalité d'exception (comme l'ex-président tanzanien Nyerere, en procès de béatification), Sant'Egidio est une grande leçon de catholicisme laïque (même si certains de ses membres sont ordonnés et même consacrés) et une belle aventure spirituelle au temps de la mondialisation qui fait de chaque homme, même le plus lointain, notre prochain.
D.D.L’Art de la Paix. La communauté de Sant’Egidio sur la scène internationale, sous la direction de Roberto Morozzo Della Rocca, éd. Salvator, 360 pages, 23,50 e.
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Les programmes de première ES et L introduisent les études sur le genre en cours de biologie. Le gouverne-ment prépare une loi en faveur de l’homoparentalité. Dans les deux cas il s’agit d’affirmer que l’identi-té sexuelle de l’individu serait une
construction sociale, à la limite arbitraire. Le mâle c’est mal ? Les féministes contestent une domination masculine sur les femmes. Les homo-sexuels rejettent le schéma dominant hétéro-sexuel. Les études sur le genre sont nées dans ce double milieu, féministe et homosexuel, ce que personne ne conteste, même si ces études ont la prétention aujourd’hui à une autonomie univer-sitaire. Peut-on en débattre sans être enfermé dans une simplification binaire, pour ou contre, remplaçant un minimum de réflexion ?
Commençons par les possibles points d’ac-cord avec les tenants d’une dissociation entre le sexe biologique et le sexe culturel. Oui, il faut condamner la domination des hommes sur les femmes. Le livre de la Genèse ne dit pas autre chose lorsqu’il inscrit cette domination comme le fruit du péché originel. Lutter contre cette domi-nation masculine c’est lutter contre une faute sociale. Oui, l’orientation sexuelle n’est pas que biologique, elle est aussi sociale et culturelle. La différence sexuelle, comme purement naturelle est une erreur. Oui, les homosexuels ont pu souf-frir, hier comme aujourd’hui, de discrimination. Condamner cette violence et accueillir l’autre tel qu’il est est une nécessité. Maintenant, lorsque tout cela est dit, il est nécessaire d’approfon-dir pour situer les possibles divergences. Pour simplifier il s’agit de savoir si la liberté est en situation, si l’égalité est sans la différence, si une paternité est vitale, si l’esprit est sans le corps, si la culture est sans la nature.
On prétend que l’orientation sexuelle pourrait être affaire de choix. Pourtant, beaucoup d’ho-mosexuels se sentent tels sans savoir pourquoi. Leur liberté serait alors d’accepter une situation qu’ils n’ont pas choisie. Face à cette tension
La discussion des principes
dossierC'est le quotidien La croix qui a été choisi par Christiane Taubira, ministre de la Justice, pour annoncer, le 11 septembre 2012, les grandes lignes du projet de loi destiné à ouvrir le mariage aux personnes du même sexe. Pourquoi La croix ? Peut-être parce qu'ainsi le gouvernement donne le sentiment que personne n'est exclu du débat, et notamment pas la communauté catholique réputée être, non sans raisons, la plus opposée à cette réforme. Madame Taubira parle d'ailleurs ouvertement des questions anthropologiques liées nécessairement à toute réflexion sur le mariage, ce qui laisse entendre que tous les arguments, y compris philosophiques, pourront être exposés. Ainsi nul ne pourra dire que la décision finale a été prise arbitrairement et dans l'ignorance de la pensée adverse. Personnellement, je ne suis pas vraiment rassuré, mais j'admets volontiers préférer cette façon de procéder à ce qui est couramment pratiqué dans les médias, et qui consiste à disqualifier et à ringardiser celui qui n'est pas de votre avis.Par ailleurs, les associations familiales, et notamment les associations familiales catholiques, ont déjà été reçues par la ministre de la Famille. Sur le terrain de la procédure, de la courtoisie et des règles ordonnées du débat d'opinion, il convient d’accorder une note convenable au gouvernement. Mais cela ne préjuge pas de la suite, hélas ! Hélas oui ! parce que, qu'on le veuille ou non, la réforme annoncée constitue en elle-même une formidable violence faite au droit et aux principes. Ce qui est en cause, c'est la constitution immémoriale des sociétés, qui certes ont connu bien des régimes matrimoniaux, mais jamais celui qui met entre parenthèses l'association de l'homme et de la femme dans le but de perpétuer leur descendance.Nous aurons bien des occasions de revenir sur les principes (cf. le dossier ci-contre). Pour aujourd'hui, il nous suffira de remarquer qu'au milieu des formidables difficultés de l'économie, un projet sociétal comme celui-là a le mérite de ne pas coûter un sou au budget de l'État et qu'il offre aussi cet avantage considérable de détourner l'opinion du souci lancinant de la crise, du chômage, des impôts nouveaux. On sait, depuis plusieurs années déjà, que la gauche, faute d'avoir réalisé la révolution dans l'ordre économique, a choisi les réformes sociétales, celles qui concernent les mœurs, pour affirmer sa différence. C'est une échappatoire qui va nous coûter cher. Mais il n'est pas sûr que la bataille soit perdue d'avance…
Gérard LecLercchronique sur radio notre-dame, le 12/9/2012
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sexe en tout genrepar Bertrand SOUCHARD
entre le choisi et le non-choisi, les études sur le genre invoquent un conditionnement social. Certes l’influence sociale existe, mais pourquoi ne pas intégrer aussi un conditionnement incons-cient, voire physique dont on parle peu ?
D’une part, la personne homosexuelle serait à la recherche inconsciente du parent du même sexe : « Il n’est pas rare que l’absence d’un père fort favorise l’inversion » (Sigmund Freud, Trois essais sur la théorie sexuelle, Folio, p. 52). L’enfant n’aurait pas pu s’identifier à l’ascendant du même sexe, parce qu’il était absent, ou trop présent, ou sa relation à lui était difficile, ou son image dévalorisée par une relation conflictuelle des parents. La présence d’une mère fusionnelle, envahissante, fragile peut être déstabilisante. Mais par cette position, Freud est souvent dis-crédité dans les milieux féministes et homo-sexuels. il ne serait qu’un suppôt du phallocra-tisme.
Un second conditionnement non social est souvent caché : les pesticides. S’il y a bien eu de l’homosexualité à la marge de toute société de tous les temps, une plus grande présence dans nos sociétés occidentales ne serait pas que le fruit d’un environnement post-moderne
et post-chrétien. Les pesticides auraient le droit d’augmenter les cancers, mais le fait d’être des perturbateurs endocriniens ne serait pas poli-tiquement correct. Sous l’influence de certains produits on a observé chez les animaux « des femelles qui se mettaient en couple et des mâles qui ne défendaient plus leur territoire » (Marie-Monique Robin, Notre poison quotidien, Arte édi-tions, 2011, p. 334). Le processus conduisant à la féminisation ou à la masculinisation d’un individu pourrait être perturbé (violaine de Montclos, « Le spermatozoïde, espèce menacée », in Le Point n°2063, 29 mars 2012).
Au-delà de ces conditions probables de notre liberté, la question est de savoir ce que nous entendons par liberté. Pour certains, il y aurait le phantasme d’une liberté toute-puissante, où tout est possible, le mythe d’une liberté arbitrai-rement décide des valeurs. Si je veux quand je veux. Mais la liberté absolue n’est-elle pas une tyrannie du désir et la loi une défense des plus faibles, particulièrement les enfants ? La liberté serait aussi consentir à l’origine que je n’ai pas choisie.
Selon la philosophe hannah Arendt, le monde moderne vit d’un ressentiment d’être né.
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Le monde modernevit d'un
ressentiment d'être né
La discussion des principes
« Drapeau des fiertés LGBT » (= Lesbien, Gay, Bisexuel, Transsexuel).
sexe en tout genre
Personne ne choisit ses parents. La liberté n’est pas l’illusion infantile d’une toute-puissance pré-tendument infinie, mais recevoir, s’approprier et donner… ce qu’un cours sur la liberté pourrait expliciter.
Si les positions sociologiques du genre veu-lent discréditer Freud, c’est pour son interpré-tation psychologique de l’homosexualité. « La valeur accordée au choix narcissique et le main-tien de la signification érotique de la zone anale paraissent constituer les caractères psychiques les plus essentiels » (Sigmund Freud, Trois essais sur la théorie sexuelle, Folio, p. 52). Le mot hété-rosexualité est un pléonasme puisqu’hétéro signi-fie autre et sexe signifie différence, séparation. Ce terme est inventé comme pendant du mot homosexualité qui, lui, est un oxymore puisqu’il unit deux notions contradictoires, l’identique et le séparé. Pour Freud, l’homosexualité serait un désir narcissique, un réconfort en cherchant un même que soi. Et en ce sens il y aurait comme une indifférence à une certaine différence, une négation d’une altérité essentielle, altérité géné-rationnelle et altérité sexuelle, qui à la différence des autres altérités touche l’humanité dans son ensemble.
Que les personnes homosexuelles doivent être respectées pour ce qu’elles sont est une chose, que ce respect puisse passer par une éga-lité dans la parentalité par exemple en est une autre. tout le monde est en faveur de l’égalité. Elle est un principe de la devise républicaine. Cependant selon la justice « distributive », l’éga-lité est proportionnelle. L’équité n’est pas l’égalité stricte. Les impôts sont en proportion des reve-nus. Pour être juste, la fiscalité discrimine les contribuables par leurs rémunérations. Les peines sont proportionnelles aux fautes. La justice dis-crimine les criminels. Si l’impôt était le même pour tous, si le temps de prison était le même quelle que soit l’infraction, ce serait injuste. La discrimination, la distinction est nécessaire à la justice. Si toutes les différences sont à égalité, toutes les différences se valent. Si tout se vaut, rien ne vaut. va-t-on dire que l’anthropopha-gie est une nutrition comme une autre ? Si on ne peut plus faire aucune distinction, pourquoi ne pas autoriser la polygamie, le mariage entre frère et sœur ? L’égalité stricte pour des réalités hétérogènes est injuste. L’hétérosexualité est différente de l’homosexualité. Dire cela n’est pas injuste. Le refus de l’homoparentalité n'est injuste que si l’on considère que l’homosexualité n’est pas différente de l’hétérosexualité.
Or la complémentarité des sexes est un fon-
dement essentiel du lien social, ce que ne voient pas les études sur le genre. « Du point de vue de l’enfant, être né d’une relation, d’une union dans la dualité, d’une rencontre est constitutif de sa propre identité, de sa conscience de soi comme tiers, comme lui-même différent, comme autre, c’est-à-dire comme sujet » (Xavier Lacroix, La confusion des genres, Bayard, 205, p. 33). La différence des sexes est une première altérité. La différence des générations est une seconde alté-rité. Le temps introduit une différence. Être plus jeune que ses parents est-ce discriminatoire ? Or cette double hétérogénéité structure l’indi-vidu dans son rapport à l’altérité, la supprimer c'est entrer dans l’indifférenciation, l’homogène, l’identique, le repli sur soi.
« Il est important que l’enfant se perçoive et s’éprouve comme né de deux corps différents. S’il se concevait comme issu du seul corps de sa mère, il aurait du mal à ne pas se concevoir comme le prolongement de celle-ci. Dès lors, au contraire, qu’il s’éprouve comme le fruit de l’union de deux corps, il se perçoit nécessairement comme diffé-rent, unique, nouveau. La clinique montre claire-ment les dégâts, chez telle enfant psychotique, du fait d’être dans l’impossibilité de s’imaginer issue du corps de son père. Elle se vit comme conçue à partir de rien. Il faut bien voir ce que peut signi-fier, de la part de la mère, le silence sur le rôle du père dans la conception. Ce silence peut être interprété comme la forme la plus quotidienne de l’inceste, c’est-à-dire comme une manière de sau-vegarder la dyade mère-enfant » (Xavier Lacroix, Passeurs de vie. Essai sur la paternité, Bayard, 2004, p. 67-68). Dans la mesure où les enfants, garçon ou fille s’attachent d’abord à la mère qui les a portés neuf mois, l’interdit de l’inceste passe par la présence séparatrice du père.
Ce serait discriminatoire de priver un enfant de son père ou de sa mère. « Un enfant élevé par une mère seule a six fois plus de risques de grandir dans la grande pauvreté, deux fois plus d’abandonner l’école, quatre fois plus de risques de tenter de se suicider, tandis que 80 % des adolescents hospitalisés en secteur psychia-trique et 70 % des jeunes en centre de redresse-ment ont été privés de la présence paternelle » (Xavier Lacroix, L’avenir, c’est l’autre, p. 29.) Pour M. Archambault, dans une enquête de L’institut national d’études démographiques publiée le 2 mai 2002, le divorce des parents pénalise la sco-larité des enfants. Être orphelin n’est pas facile à vivre. Assumer la dissociation entre paternité sociale et paternité biologique ne va pas de soi. Au minimum l’orphelin veut connaître son origine
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Défendre l'homoparen-
talité, c'est comme
généraliser l'orphelinat
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biologique. C’est tellement vrai que de nom-breux pays européens sont en train de lever le secret sur l’origine des enfants nés sous X. Et les enfants fruits d'une fécondation in vitro hétéro-logue commencent à demander la suppression de l’anonymat des dons de spermatozoïde et d’ovule. Mais défendre l’homoparentalité, c’est comme généraliser l’orphelinat. Distinguer la paternité sociale et la paternité biologique ce n’est pas les séparer. En plus de supprimer la différence des sexes (un père et une mère qui sont un homme et une femme) on fait comme si la différence des générations n’était rien (l’enfant vient et dépend historiquement de ses parents biologiques).
En un sens, le genre dissocie le corps et l’es-prit. il défend un dualisme. Comme chez Platon, cet idéalisme sépare l’esprit du corps. Une idée n’aurait pas de sexe, de chair. Le refus du corps passe par le refus de la pénétration génitale de l’homme et le rêve d’un utérus artificiel. Jusqu’à présent, tout homme est né du ventre d’une femme. toute personne humaine est la rencontre d’un ovule féminin et d’un spermatozoïde mascu-lin. tout être humain est le fruit de la pénétration d’un gamète mâle dans un gamète femelle.
C’est un fait que dans la grande majorité des cas on reconnaît si une personne est une femme ou un homme. Sauf de rares exceptions, la plupart des gens se reconnaissent dès leur naissance comme homme ou femme. La première chose que l’on demande pour une naissance est de savoir si c’est une fille ou un garçon. L’enfant ne naît pas de manière neutre. toutes les femmes sont nées d’un corps identique du leur. tout homme est né d’un corps différent du sien. L’homoparentalité tente de nier l’engendrement dans sa dimension corporelle. « L’homme n’est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête » disait Pascal (cf. Bertrand Souchard, « La distinction du corps et de l’esprit est-elle rendue stérile par l’unité de la personne humaine ? » in Dieu et la science en questions, 2010, p. 331-356).
Certes, la sexualité est une construction sociale et individuelle, mais n’est-elle que cela ? On commence par critiquer l’erreur du natura-lisme qui réduit la sexualité à un déterminisme biologique pour affirmer un pur culturalisme. Mais le débat ne doit pas se réduire à une oppo-sition binaire entre deux erreurs : chacun légi-timant sa position par la caricature de l’autre. Nous n’avons pas à choisir entre rien n'est inné et tout est inné.
il est vrai qu’en un sens tout est culturel en l’homme. il n’est pas possible de séparer les actes
physiques et biologiques des actes spirituels. Prenons un acte physique, comme la marche, qui a d’abord pour signification concrète le besoin d’un déplacement d’un lieu à un autre. Eh bien, il est possible de reconnaître quelqu’un au son de ses pas ou à sa démarche. Et le dragueur roule des mécaniques, tandis que le top-modèle marche différemment quand elle défile ou quand elle se déplace dans son appartement. La péri-patéticienne est une prostituée, tandis que le péripatéticien est un disciple d’Aristote, qui phi-losophe en marchant. Le vocabulaire est certes sexiste, mais les deux marchent en tournant autour selon l’étymologie grecque. Les marches sociales ont aussi leur spécificité. à la place du défilé militaire du 14 juillet, certains préfèrent battre le pavé dans les manifestations, tandis que d’autres font des pèlerinages. Bref toute marche physique est aussi culturelle. Mais la dimension culturelle n’annule pas la dimension physique du déplacement. Nous pourrions faire la même analyse pour la nutrition. (cf. Bertrand Souchard, 42 questions sur Dieu, 2007, « Se nour-rir, un processus biologique et un acte culturel », p. 258-261). Ajoutons que la nature n’est pas que biologique. Cette dimension culturelle est l’expression particulière d’une dimension univer-selle, des désirs naturels de l’esprit, du vrai, du bien, du beau. Le péripatéticien chemine vers la vérité. La péripatéticienne et ses clients sont des vagabonds de « l’amour ». Les militaires et les manifestants marchent chacun à leur manière pour plus de liberté et justice, tandis que les top-modèles défilent pour des concours de beauté (cf. Bertrand Souchard, « L’homme, un être cultu-rel sans nature ? » in Dieu et la science en ques-tions, 2010, p. 357-370).
La sexualité est à la fois naturelle et cultu-relle, biologique et sociale. La distinction s’appuie sur une articulation. La différence des sexes et l’engendrement sont un appel à l’altérité, au don et à la communion. L’acte du don intègre dans la personne le donné naturel et le construit culturel.
Finalement, les études sur le genre, qui sou-tiennent une dissociation entre le sexe biolo-gique et le sexe social, opèrent de nombreuses dissociations : dissociation entre la liberté et son conditionnement physique et psychique, disso-ciation entre père et mère, entre parents biolo-giques et enfants, dissociation entre le corps et l’esprit, entre la nature et la culture, dissociation de l’enfant avec sa propre histoire, de la sexualité et de la filiation. Ces dissociations, ces fraction-nements de l’esprit lui-même, ou de l’esprit avec le réel s’appellent en grec schizophrénie. n
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en 2011, irene Wiens, de Salzkotten en Allemagne, a été condamnée à 43 jours d'incarcération pour avoir refusé d'inscrire ses enfants au pro-gramme d'éducation sexuelle prévu dans leur école. Depuis 2006, on compte en Allemagne 35 cas de
parents condamnés pour la même raison. S’il faut sans broncher admettre les présupposés des études sur le genre, toute critique de l’ho-mosexualité devient interdite. En 2004, Rocco Buttiglione, pressenti pour occuper le poste de commissaire européen chargé de la justice, des libertés et de la sécurité a dû renoncer à cette fonction pour propos « rétrogrades ». En mars 2011, un couple chrétien britannique s’est vu refuser l’adoption d’un enfant parce qu’ils étaient défavorables à l’homosexualité. En 2011 aussi le député anglais Chris Grayling a été démis de ses fonctions de ministre de l’intérieur au sein du Shadow Cabinet après avoir été enre-gistré soutenant les propriétaires d’une auberge, les Wilkinson, qui avait refusé une chambre à un couple homosexuel. En France, le député Christian vaneste n’a pas reçu l’investiture UMP en 2012 ayant affirmé en 2006 « l’hétérosexua-lité supérieure sur le plan moral à l’homosexua-lité. » Mgr tony Annatrella, auteur de La diffé-rence interdite (1998) et de Le règne de Narcisse (2005-2012), suite à des menaces, a dû s’en-tourer de garde du corps dans plusieurs sorties publiques. Depuis la loi française sur l’homopho-bie en 2004, tout le monde doit bien se tenir. Même si nous ne sommes pas forcément d’ac-cord avec les propos effectifs de l’un ou l’autre, reconnaissons qu’une chape de plomb s’abat sur
l’espace public de notre société. Une nouvelle chasse aux sorcières a-t-elle commencé ?
à partir de la légitime condamnation de la domination masculine sur les femmes ou du rejet ressenti par les homosexuels, toute critique de l’homosexualité est prise en otage intel-lectuelle. La victime ayant le droit de protes-ter, de se plaindre, elle discrédite par principe toute critique qui lui serait adressée. Le reste du monde est en dette vis-à-vis de la victime, toute opposition est perçue comme une conti-nuation de la domination injuste. En ce domaine la passion est souvent plus forte que la raison, la manipulation plus importante que l’argumenta-tion. Les réflexions sur le genre sont issues des milieux féministes et homosexuels. Elles sont fondées sur la peur de la norme hétérosexuelle. « La revendication sociale de l’égalité à tout prix ressemble étrangement à la requête psycholo-gique d’enfants à qui on serait tenu de donner exactement la même chose à chacun, sous peine de crise violente de jalousie. La jalousie consiste à porter un regard oblique sur autrui et à ne pas supporter qu’il soit précisément ce qu’il est, qu’il soit autre. La jalousie repose sur une méfiance profonde, une peur permanente d’être lésé. » (François de Muizon, L’altérité fondatrice, Cerf, 2008, p. 78). Entrons-nous dans une société hétérophobe, de la haine de la différence ? Le médiatique médecin Boris Cyrulnik a pu encore écrire : « Je pense que le "genre" est une idéologie. Cette haine de la différence est celle des pervers, qui ne la supportent pas. Freud disait que le per-vers est celui qu’indisposait l’absence de pénis chez sa mère. On y est.2 » (Boris Cyrulnik, hebdo-madaire Le Point, 29 septembre 2011
Popper définit une pensée totalitaire par le refus de la contradiction. toute opposition est vue comme une confirmation du système. Si je critique le marxisme, c’est que je suis un bourgeois. Si je critique le scientisme, c’est que je suis ignorant en science. Si je critique une religion, c’est que je suis un impie suppôt de Satan. Diaboliser l’autre pour ne pas se remettre
Toutecritique de
l'homo-sexualité est
priseen otage
L'accusation d'homophobie relève le plus souvent d'un discours idéologique primaire. Cela ne veut pas dire qu'il est plus facile pour autant de s'en défendre efficacement.
par Bertrand SOUCHARD
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en question lorsque le réel entre manifeste-ment en contradiction avec les limites de mes idées est un principe d’une pensée totalitaire. Si je critique les études sur le genre, c’est que je suis un mâle dominateur qui persécute les femmes et les homosexuels. « L’effet de sidéra-tion, de neutralisation, voire du terrorisme sur la pensée elle-même est manifeste. » (François de Muizon, L’altérité fondatrice, Cerf, 2008, p.51). La différence est interdite. vous pouvez discuter de tout sauf du fait que la sexualité est pure-ment sociale et culturelle. voilà le tabou qu’il est interdit de remettre en question, sous peine d’une condamnation immédiate et sans appel. Mais les études sur le genre ne sont-elle pas socialement construites par une minorité ? Ne sont-elles pas un nouveau colonialisme intellec-tuel que l’on veut imposer au reste du monde ?
Après l’idéologie marxiste, voici l’idéologie du genre. La lutte des sexes remplace la lutte des classes. Les nouveaux prolétaires sont les femmes et les homosexuels. Les nouveaux capi-talistes sont les hommes et les hétérosexuels. De même qu’il fallait construire une société communiste sans classe, de même il faudrait
construire une société sans la différence des sexes. L’acte hétérosexuel serait une occu-pation du corps de la femme. Et les femmes hétérosexuelles des collabos. Comme pour le marxisme, il s’agit d’instaurer la dictature d’une minorité ? Certains attribuent à Staline ce pro-pos : « Si les faits sont en contradiction avec la théorie, tant pis pour les faits. » L’enfer est pavé de bonnes intentions. Le XXe siècle nous a mon-tré que les bonnes intentions communistes ne suffisent pas.
Comme dans toute idéologie, la manipu-lation n’est pas loin. Passons sur la mise en otages des milieux médiatiques et politiques. insistons juste sur un argument répété en boucle dans les médias : « Des études scientifiques amé-ricaines montrent qu’il n’y a pas de différence pour les enfants lorsqu’ils sont élevés par des adultes homosexuels ou hétérosexuels. » Xavier Lacroix, a été voir de plus prêt ces « études » et les remet en question (Xavier Lacroix, La confusion des genres, Bayard, 2005, pp. 22-29, 109-118). D’une part, l’échantillonnage est très restreint. Le nombre de personne interrogé est très faible. D’autre part, sont visés des enfants
Après l'idéologie marxiste,
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une phobie de l’homophobie ?
« Monument à tous les homosexuels persécutés à cause de leur orientation sexuelle »,réalisé par le plasticien Karin Daan et inauguré en 1987 sur le quai Keizersgracht à Amsterdam.
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prépuberts. Les adolescents et les adultes élevés par des couples homosexuels sont ignorés. Par ailleurs, seuls les parents sont interrogés. Que dirait-on si un médecin faisait un certificat de complaisance d’aptitude au sport sans exami-ner l’enfant ? En outre, les parents interrogés sont toutes des militantes lesbiennes. il faut aussi ajouter que l’on compare uniquement des enfants de couples homosexuels à des enfants de divorcés. Enfin, bizarrement, comme dans toute pensée totalitaire refusant la falsifica-tion popperienne, selon laquelle la contradic-tion exige une remise en cause d’une partie de la théorie, il n’y a aucun contre-exemple. Cette manipulation commence à être démontée par des études plus sérieuses, celle du profes-seur Mark Regnerus, de l’université du texas. Et lorsque la rigueur scientifique reprend ses droits, les résultats comme par enchantement sont totalement opposés.
Un autre argument qui condamne au silence embarrassé les critiques des études sur le genre est l’accusation implicite de racisme. Affirmer la différence homme femme serait par prin-cipe du sexisme, de l’homophobie à rappro-cher du racisme, de l’antisémitisme ou du fas-cisme qui poserait entre les êtres humains une différence biologique. Certains diront même que l’homophobie serait comme le mépris pour les nains, une odieuse discrimination. Ouvrir la bouche en critiquant l’idéologie du genre c’est être alors immédiatement parqué dans le camp des méchants. Je ne reviens pas ici sur l’idée que la différence homme-femme peut exprimer une profonde égalité, qu’il n’y a pas de justice sans poser des différences, que l’important est de réfléchir aux rapports entre le corps et l’esprit, entre la nature et la culture.
J’ajouterais seulement que mettre la dif-férence homme-femme au même niveau que celle entre un homme blanc et un homme noir, entre un nain et un homme de taille « normale », c’est pratiquer un amalgame difficilement sup-portable. Pour le dire d’un mot, la différence homme-femme est universelle. Parce qu’elle traverse toute l’humanité, elle est essentielle. il en va de même de la station verticale, du visage ou des mains qui sont des caractéris-tiques corporelles universelles, signes d’huma-nité. En revanche, la différence de couleur ou le nanisme sont des différences accidentelles. Elles n’affectent pas l’humanité en tant que telle. L’’interfécondité (et donc la différence sexuelle) montre que tous les hommes appartiennent tous à une même espèce. Dire que les nains ou les
aveugles n’appartiennent pas à l’humanité n’est envisagé que par quelques esprits dérangés.
On peut se demander aussi si la généra-lisation de l’indif férence à la dif férence (sexuelle, générationnelle) ne porte pas une grande violence. Pour René Girard, l’indiffé-renciation produit le désir et la rivalité mimé-tique, la recherche du bouc émissaire. « La crise mimétique est toujours une crise d’indifféren-ciation… Plus les gens deviennent indifféren-ciés, plus il est facile de décider que n’importe lequel est coupable. » (René Girard, Les origines de la culture. hachette, 2004, p. 63, p. 82). Pour Alexis de tocqueville, l’idée d’égalité peut devenir totalisante par la tyrannie de la majo-rité indifférenciée. Le désaccord se paie d’une exclusion sociale ou d’une condamnation au silence. (Alexis de tocqueville, De la démocratie en Amérique, Chap vii, tyrannie de la majorité , GF Flammarion, pp. 352-355).
D’où vient ce mot d’homophobie ? Qui a peur ? La première peur ou phobie serait celle des homosexuels qui se sentent rejetés ? On déclare l’autre homophobe parce que l’on a soi-même peur d’être exclu ? La phobie de l’ho-mophobie ne serait-elle pas plus inquiétante que l’homophobie elle-même ? D’ailleurs, cette dernière est-elle si présente que cela ? « Dans son ensemble, notre société n’est ni homophobe, ni violente à l’égard des femmes. Les chiffres de la halde sont éloquents. Parmi les plaintes déposées pour discriminations, voici ce que le bilan annuel 2010 recense : « L’origine ethnique, avec 27% des réclamations, demeure le critère de discrimination le plus souvent invoqué. Viennent ensuite l’état de santé et le handicap (19%), l’âge (6%), les activités syndicales (5%), le sexe et la grossesse (4,5%), la situation de famille et l’orientation sexuelle (2,5%), les convictions reli-gieuses et l’apparence physique (2%) et le opi-nions politiques (1%). » Peut-être que chacun voit midi à sa porte.
Le professeur de l’école « laïque » que j’ai été pendant 18 ans, celui qui regarde souvent les « débats » à la télévision trouve que la stigma-tisation des catholiques est souvent très forte. Non seulement les catholiques ont peu droit à la parole dans les médias grand publics, mais quand ils y ont droit la caricature ne semble jamais loin. La christianophobie est plus impor-tante que l’homophobie ? « N’ayez pas peur » nous disait Jean-Paul ii. toute phobie, toute peur, quelle qu’elle soit, s’éteint lorsque l’on fait confiance au Christ. L’Agneau immolé, bouc émissaire, est toujours vivant. n
Du sexisme, de l'homo-phobie, à
rapprocher du racisme,
de l'antisémi-tisme ou du
fascisme
FRANCECatholique n°332021septembre 201217
ISLAMISMELa diffusion sur Internet d'une vidéo américaine de quatorze minutes très potache et à petits moyens — Innocence of Muslim — se moquant de Mahomet à la manière des Monty Python (mais avec infiniment moins de talent et d'humour) en le présentant comme un obsédé sexuel assoiffé de sang, a suscité la colère des islamistes dans le monde entier mais, curieusement, plusieurs mois après sa mise en ligne sur YouTube. Le 11 septembre, à l'occasion d'une manifestation de protestation à Benghazi, quatre diplomates américains, dont l'ambassadeur en Libye ont été lynchés à mort. Les autorités libyennes ont arrêté une quarantaine de suspects. Le vendredi 14 septembre, l'ambassade américaine de Sanaa au Yémen a été attaquée par des manifestants parmi lesquels on a relevé quatre morts. Le même jour, à Karthoum au Soudan, deux manifestants sont morts dans l'attaque des ambassades d'Allemagne, de GrandeBretagne et des ÉtatsUnis. à Tunis, il y aurait eu trois morts et vingthuit blessés dans l'attaque de l'ambassade et de l'École américaines. à Tripoli au Liban, il y a eu également un mort dans l'attaque d'un fastfood KPC. Il y a eu des manifestations en Irak, en Iran, au Pakistan, en Indonésie, au Niger, etc., et même à Paris et Anvers… Le producteur du film serait un Américain de Los Angeles d'origine copte égyptienne et escroc plusieurs fois condamné. Il a été placé sous la protection de la police. Les acteurs du film ont déclaré avoir été manipulés et n'avoir eu aucune idée de ce qu'on leur faisait jouer.
vAtIcAn
Un exper t international contre le blanchi ment d’argent et les activités de financement du terrorisme (AML/CFT) travaillera pour le Vatican, a expliqué le P. Federico Lombardi, s.j., directeur de la salle de presse du SaintSiège. Son rôle consiste à assister le SaintSiège pour renforcer son dispositif contre les crimes financiers.
(Zenit 11/09/2012)
cAnAdA
Le sanctuaire de Kateri Tekakwitha à Kahnawake, au Québec, organise des célébrations en vue de la canonisation de la bienheureuse Kateri Tekakwitha, le 21 octobre 2012. Les cérémonies se dérouleront principalement en anglais, avec des parties en français et en mohawk. La canonisation de l’Amérindienne (16561680) sera célébrée par Benoît XVI, place SaintPierre à Rome, le 21 octobre 2012.
(Zenit 06/09/2012)
PAnAMA
Le diocèse de Santa Maria de la Antigua à Panama, institué en 1513 par le Pape Léon X, a célébré dimanche 9 septembre, son 499e anniversaire. Il s’agit du premier diocèse érigé sur le continent américain.
(Fides 13/09/2012)
trISoMIE21
La Fondation Jérôme Lejeune alerte les autorités françaises sur un nouveau test de diagnostic de la trisomie 21, effectué directement à partir du sang de la mère, qui est mis sur le marché en Europe – Allemagne, Autriche, Liechtenstein, Suisse – et bientôt en France. La Fondation craint à la lecture des arguments de vente un « principe de discrimination » qui considère que « la vie des normaux vaut plus que celle des anormaux » et l'effet incitatif à l'avortement de ces tests qui conduira à éliminer tous les bébés trisomiques.
(Zenit 12/09/2012)
conGo(rdc)
Le deuxième séminaire régional de suivi, sur les défis actuels de l'Afrique à la lumière de la doctrine sociale de l'Église, organisé par le Conseil pontifical Justice et Paix, a eu lieu en République démocratique du Congo, à Kinshasa. Ce séminaire s’est déroulé du 10 au 12 septembre 2012, sur le thème : « Afrique, aie confiance ! Lèvetoi, il t'appelle » (Mc 10,49). Les participants, qui provenaient notamment d'Afrique et d'Europe, se sont
penchés sur la doctrine sociale de l'Église, à partir de l'encyclique Caritas in Veritate de Benoît XVI.
LIMoGES
L’évêque de Limoges et les membres du Service diocésain pour les Relations avec l’Islam (SRI), au nom des catholiques du diocèse, expriment leur consternation et leur indignation devant la nouvelle profanation dont vient d’être l’objet la grande mosquée de Limoges. Ils tiennent à assurer la communauté des musulmans de leur solidarité dans cette épreuve.De telles manifestations de haine et de violence appellent à multiplier les efforts de tous, croyants ou non, pour qu’il soit possible de vivre ensemble et de participer à la construction d’une société plurielle dans le respect commun de ce que chacun considère comme le plus sacré.
Mgr François Kalist, évêque de Limogesle 13 septembre 2012
N.D.L.R. : Les portes de cette grande mosquée avaient été souillées dans la nuit du mardi 11 septembre avec des excréments.
judAïSME
L'Assemblée des Ordinaires catholiques de Terre sainte et la Commission pour le dialogue avec les juifs expriment leurs vœux à la communauté juive à l’occasion de la fête du Nouvel An – Roch haShana. « Nous souhaitons à tous nos frères et sœurs juifs que l’an juif 5773 soit une nouvelle année bénie », dit le communiqué publié par le Patriarcat latin de Jérusalem le 12 septembre.
PAKIStAn
à la veille de la reprise du procès de Rimsha Masih, le Congrès chrétien pakistanais (Pakistan Christian Congress, PCC) a demandé, le 9 septembre, « la réouverture des dossiers de tous les chrétiens, ahmadis et musulmans qui ont été inculpés ou condamnés au titre de la loi sur le blasphème », annonce Églises d’Asie, l’agence des Missions étrangères de Paris. Asia Bibi croupit toujours en prison à cause de fausses accusations.
■ PRIERàL’ÉCOLEDUCARMEL: «LasplendeurduCarmelluiaétédonnée» parsœurMaryMcCormack,carmélite éditionsduCarmel,2012,93pages,8€.
Voici un petit livre précieux qui va droit à l’essentiel de la vie spirituelle : l’amitié avec Dieu dans une intimité personnelle, la rencontre entre la véritable personne que je suis et le véri-table Dieu qu’il est. L’auteur nous fait part de ce double regard présenté de manière très har-monieuse, entre la grâce et la nature, le divin et l’humain, entre Dieu et nous.
Sœur Mary est carmélite depuis plus de 40 ans et elle s’est investie dans la forma-tion des jeunes religieuses. Elle a ainsi une grande connaissance de la nature humaine, ainsi que de la vie de prière, et elle y joint un sens profond de la transcendance de Dieu. Selon elle, pour rencontrer Dieu dans une relation vraie, nous devons nous fonder sur une humble connaissance de nous-mêmes et de notre condition humaine. Ainsi, plus nous sommes conscients de nos faiblesses et de nos vulnéra-bilités, plus la vérité − douloureuse au départ − est une réelle libération. Pourtant ce livre ne traite pas de la connaissance de soi, mais il est un appel à la prière, à une relation profonde et féconde avec le Christ qui habite en nous et nous appelle à une vie d’union à lui. Aussi, le lecteur est introduit dans le mystère de la prière en suivant l’expérience d’entrée dans le silence, expérience inspirée par des années de lutte et de fidélité qui furent celles de l’auteur dans sa propre vie contemplative.
Ce livre est bien écrit, dans un style clair, riche de ces passages de la grâce qui font de la prière une relation vivante avec le Christ.
■ PèREMARIE-ÉtIEnnEVAYSSIèRE ERMItEEtPROVInCIAL(1864-1940) suivideLADÉVOtIOnàSAIntDOMInIQUE éditionsduCerf,2012,98pages,8€.
Un visage poupin, les yeux dirigés vers le ciel, qui est ce frère dominicain appelé Père Marie-Etienne (Vayssière) ?
Cet ouvrage esquisse — à partir d’échanges avec un autre frère — un magnifique portrait de celui que l’on nommera rapidement après sa mort« le saint Provincial de Toulouse ». Le plan de ce portrait, qui suit la chronologie de sa vie,
est à lui seul un programme spirituel : la grâce de la solitude, la grâce de l’intimité mariale, la grâce de la paternité, la grâce de la souffrance, la grâce de la mort. Ces titres peuvent paraître bien difficiles à accepter, car la souffrance est rarement vécue comme une grâce ! Or, l’auteur a connu, juste avant son ordination sacerdotale, une extrême fatigue cérébrale qui le rendit incapable de tout travail intellectuel et phy-sique. à travers cette épreuve, qu’il considère comme la plus grande grâce de sa vie, il décou-vrit l’essentiel de sa voie de dominicain. Ces petits chapitres sont tout embaumés de la vie de prière de ce prêtre qui s’est laissé faire par les circonstances, tout en ne lâchant rien de son choix premier pour Jésus. à sa suite, le lecteur est amené à méditer sur sa propre expérience et la vérité de ses choix pour Dieu. Un modèle de « père » pour notre génération.
■ L’ABAnDOn PèreWilfridStinissen éditionsduCarmel,CollectionVivesFlammes, 2012,89pages,9€.
Ce petit ouvrage traite de ce qui est au cœur de la vie chrétienne et l’essentiel de la vie d’oraison : l’abandon. S’il est un sujet difficile en notre temps, c’est bien celui-ci ! Alors que notre monde est en quête de tous les déri-vatifs pour ne pas vivre la solitude, pour être reconnu… Mais qu’est-ce que l’abandon dans la vie de prière ? C’est se laisser faire par Dieu, lui rendre les armes.
Se référant au livre bien connu L'abandonà la Divine Providence, du P. Caussade, laissé inédit à sa mort et publié pour la première fois par le P. Ramière en 1861, le P. Stinissen entraîne le lecteur sur un chemin de vie où il aura à poser des choix, notamment celui du «lâcher-prise» qui doit nous faire entrer dans la vraie liberté intérieure. Si nous aimons chanter la prière du père de Foucault, choisir le « saintabandon » nous fera traverser trois étapes : accepter et accueillir la volonté de Dieu quand elle se manifeste dans les circonstances de la vie ; exécuter activement la volonté de Dieu en obéissant sans réserve ; devenir l’instrument de Dieu dans une dépendance totale. Ainsi, ce chemin nous fera emprunter la voie que Jésus lui-même a prise, celle de la dépendance dans l’amour. « Père, entre tes mains, je remets monesprit» (Luc 23,46). ■
SÉLECtIOn
Espritpar Sophie Baron
LIVRES
18 FRANCECatholiquen°3320 21 septembre 2012
ESPRIT
Prier pour les responsables politiques, impossible ? à la rigueur pour que tel ou tel ne soit pas élu… ou pour quelqu'un qu'on aime
bien. Mais prier pour un responsable politique qu'on n'apprécie pas, c'est assez impensable. C'est pourtant ce qu'a fait Luc pendant trois ans et l'équipe de l'Apostolat de la Prière* a voulu savoir pourquoi.
« Quand j'ai vu arriver au pouvoir ce responsable, je craignais telle-ment ses choix politiques et leurs conséquences sur la vie de la cité que je me suis dit : puisque mainte-nant nous ne pouvons plus chan-ger de personne, il faut demander au Seigneur de l'éclairer, d'avoir un bon discernement face aux enjeux du monde, de l'ajuster au bien com-mun ! Un peu comme dans l'évangile du paralytique présenté à Jésus par ses amis. Lui n'a rien demandé, ce sont eux qui ont pensé qu'il fallait le présenter au Christ. J'espérais bien que nous serions plusieurs à présen-ter ce dirigeant au Christ pour l'aider dans son discernement. Au début ça n'a pas été facile mais je l'ai fait tous les jours.
Et la prière c'est dangereux (rire !). Plus je priais pour lui, plus mon regard sur lui se transformait.
Peu à p eu j e p r e n a i s c onscienc e que certaines d é c i s i o n s qu'il prenait n'étaient pas si mal. Il me venait une bienveillance à son égard.
J'en venais même à le défendre par-fois et là, je m'en voulais : je ne vais quand même pas défendre ce type !
Mais prier pour lui me faisait sor-tir d'une approche polarisée. Grâce à la prière, je me suis mis à recon-naître, au-delà de sa personnalité que je n'aimais pas, des actes qui
pouvaient être bons. Le confier au Seigneur m'a aidé aussi à considérer autrement les autres membres de son parti, je suis devenu moins tranché. Cela me donne aujourd'hui le cou-rage de reconnaître que quelqu'un peut faire de bons choix même si je ne l'aime pas. Peut-être que si l'Église nous demande de prier pour les res-ponsables politiques, c'est pour nous faire sortir d'une approche unique-ment idéologique ? » n
Ce mois-ci le Pape nous invite à prier pour « que les responsables politiques agissent toujours avec honnêteté, intégrité et amour de la vérité ».
APOSTOLAT DE LA PRIÈREÉquipe Apostolat de la Prière
* « Prier au cœur du monde », magazine Internet gratuit de
l’Apostolat de la prièrewww.apostolat-priere.org
Site officiel francophone des intentions de prière du Saint-Père.
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« Maintenant qu'il est là, il faut demander au Seigneur de l'éclairer » )
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Saint Jacques, selon sa cou-tume, ne mâche pas ses mots et nous dit carrément ce qui ne va pas dans notre vie, spécialement dans nos
relations au sein de la communauté chrétienne. Il pointe les jalousies, nos rivalités, il va jusqu’à parler de guerres et même d’homicides ! Ce qui prouve que rien n’était idyllique, même dans la primitive église. Mais, au lieu de se lamenter, il fait d’abord l’éloge de la « Sagesse qui vient de Dieu », un certain savoir-vivre que les chrétiens auraient dû apprendre à l’école de Jésus. On sent passer dans ces lignes un écho des Béatitudes évangéliques (notamment celle des « artisans de paix »). Et puis, il pousse plus loin le diagnostic et là, il touche des points sensibles : « D'où viennent les guerres, d'où viennent les conflits entre vous ? N'est-ce pas juste-ment de tous ces instincts qui mènent leur combat en vous-mêmes ? ».
La guerre entre nous est d’abord une guerre en nous. Voilà bien une découverte qui mérite qu’on s’y arrête. Avant même d’avoir rencontré notre prochain et de lui avoir trouvé une sale tête, il y avait en nous un petit démon qui nous poussait à être mécontents de tout et d’abord de nous-mêmes : un échec, une déception, le regret au
souvenir d’une situation plus heureuse, que sais-je ? nous avaient mis en si-tuation de faiblesse. Un sourd mécon-tentement planait sur cette journée à peine commencée et il s’est concentré sur ce grand lascar qui arrivait inno-cemment avec une formule malheu-reuse à la bouche. C’est lui qui a tout pris et, dans la plupart des cas, c’est lui qui, à son tour, transmettra mé-caniquement le choc vers la première victime rencontrée sur son chemin, et ainsi de suite, avec, à chaque fois, un peu plus de saleté et de tristesse. Au-tant être lucides.
Alors que faire ? La leçon est claire : ce sont nos "instincts" d’abord qu’il faut essayer de guérir avec la grâce de Dieu. Mettre de l’ordre dans nos pensées, voilà la première urgence. Il s’agit de connaître nos points faibles, de ne pas couvrir de beaux motifs nos sombres rivalités, de savoir démasquer nos tortueuses marches d’approche pour conquérir tel profit d’amour propre. Tant que nous ne sommes pas parvenus à ordonner nos intentions, à nous dire ce que ce que nous vou-lons comme bien préférentiel, tant que nous n’aurons pas clairement fait le deuil de certaines satisfactions qui ne nous sont pas dues, nous serons en état de manque, attendant des autres
quelque chose qui ne vient pas, ou si peu, et qui nous laisse de toute façon amers et déçus…
C’est là tout le terrain de notre examen de conscience, préparant le sacrement de pénitence. Descendre en soi-même et voir les "instincts" qui grouillent, ce n’est pas une intros-pection maladive, c’est la condition pour retrouver sa liberté. Comme fils d’Adam, portant les séquelles du Péché originel, nous voulons d’abord notre intérêt, nous attendons que les autres nous aiment et nous encensent, nous croyons que tout ce qu’on nous donne est un dû et tout ce que nous donnons un effet de notre générosité.
Seigneur, je n’ai droit à rien, puisque toi tu m’as tant donné et que tu continues à m’envelopper de ta tendresse, je ne veux garder au-cune dette à l’égard des autres, si-non celle de l’amour mutuel, je veux me dépenser sans réserve pour eux, sans « attendre d’autre récompense que celle savoir que je fais ta volon-té »… n
25e dimanche ordinairePremière Lecture : Sagesse 2.12-20Psaume 54.3-6, 8Deuxième Lecture : Jacques 3.16-4.3Évangile : Marc 9.30-37.
lectureS
20 FRANCECatholique n°3320 21 septembre 2012
25e Semaine du tempS ordinaire
Dimanche [23 septembre] :XXVe Dimanche du Temps Ordinaire1. Jésus qui ne s’est pas opposé à ses adversaires, qui a compté sur son Père pour lui rendre justice (lecture du livre de la Sagesse).➤ Adorons le Serviteur souffrant tout remis à son Père.Point spi : Ne nous laissons pas troubler par les menaces et les calomnies, offrons.2. Jésus que nous pouvons blesser en blessant nos frères (lecture de la lettre de saint Jacques).➤ Adorons celui qui est notre Paix.
Une nouvelle fois Jésus annonce sa passion.9. 30 Ils quittèrent cet endroit, et ils allaient de place en place à travers la Galilée. Jésus ne voulait pas qu’on le sache, 31 car il était occupé à instruire ses disciples. Alors il leur dit : « Le Fils de l’Homme sera livré aux mains des hommes. Ils le tueront, et trois jours après sa mort il ressusci-tera. » [...]
dimanche 23 Septembre (année b)par le Père Michel GittoN
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unité avecles autres,
unité avecnous-même
Semaine du « double commandement de l'amour »
par le Père Michel GittoN
FRANCECatholique n°3320 21 septembre 2012 21
25e Semaine du tempS ordinairePoint spi : combattons les pensées amères qui nous poussent à mépriser les autres.3. Jésus qui nous dit son désir de se donner totalement au moment où nous parlons-nous d’avancement (lecture de l’évangile selon saint Marc).➤ Adorons notre Roi bafoué et triomphant.Point spi : acceptons sans tristesse que d’autres passent devant nous.
Lundi [24 septembre] :L’art de recevoir (Luc 8, 16-18)1. La lampe : Jésus qui veut nous mettre en pleine lumière ; il ne nous donne pas un enseignement ésotérique, il nous fait porter le salut du monde.➤ Adorons le Dieu qui n’a pas dit : « cherchez-moi dans le vide », qui a voulu refléter sur nous sa lumière.Point spi : Ne cultivons pas une religion incompréhensible, sachons exprimer nos convictions de manière claire.2. La manière d’écouter : Jésus qui veut faire de nous des disciples intelligents, pas des perroquets.➤ Adorons le Maître qui, en s’entou-rant des anges et des hommes, fait ap-pel à leur intelligence.Point spi : Ne confondons pas docilité et suivisme, fidélité et conformisme.3. Le don à ceux qui ont déjà : Jésus qui nous fait goûter la surabondance, un bonheur qui peut en cacher un autre, une fois entrés dans la danse.➤ Adorons Celui qui est source surabon-dante, jaillissement de don et de grâce.Point spi : Ne limitons pas nos ambi-tions, ne disons pas : « c’est assez !».
Mardi [25 septembre] : Jésuset les siens (Luc 8, 19-21)1. Liberté de Jésus : sa famille n’a pas de droit sur lui, même s’il ne répudie pas ses attaches familiales. « L’homme quittera son père et sa mère… ».➤ Adorons Celui qui vient d’ailleurs, qui ne se laisse limiter par aucune de nos appartenances.Point spi : Nous n’avons qu’un Père, et il est au ciel.2. Engagement de Jésus : donné aux foules, donné à ses disciples.➤ Adorons Celui qui a voulu se lier par amour à Son église.Point spi : retrouvons la joie d’avoir pu dire « oui » à notre grand ami du ciel.
3. Exigence de Jésus : il s’agit d’« écou-ter » et de « garder », et ce n’est pas rien.➤ Adorons Celui qui a une grande am-bition pour nous.Point spi : Ne perdons pas ce que nous avons commencé à entrevoir.
Mercredi [26 septembre] :L’envoi des Douze, un départpour l’aventure pour garderle premier élan (Luc 9, 1-6)1. Autorité : Jésus qui investit ses amis de son autorité : eux, si peu sûrs, auront à chasser les démons comme lui l’a fait !➤ Adorons le Maître qui peut tout, et qui veut néanmoins faire appel aux hommes.Point spi : Ne nous dérobons pas devant la responsabilité que le christ nous confie.2. Dépouillement : Jésus qui leur de-mande de partir démunis de toute garantie, sans réserve pour l’avenir, comme lui a été pauvre.➤ Adorons Celui qui n’a pas eu de pierre pour y poser sa tête.Point spi : Ne nous laissons pas arrêter par la peur du lendemain.3. Persévérance : Jésus qui les prépare aux refus qu’ils rencontreront, comme lui a été bafoué par ses proches.➤ Adorons Celui qui, venu chez les siens, n’a pas été accueilli.Point spi : Ne cherchons pas dans l’apos-tolat la faveur ou l’estime de ceux que nous rencontrons.
Jeudi [27 septembre] : Hérode perplexe, antithèse d’un cœurqui « garde » (Luc 9, 7-9)1. Jésus que les puissants de ce monde cherchent à voir et ne voient pas, trop occupés d’eux-mêmes, de leurs plaisirs et de leur avenir.➤ Adorons Celui à côté de qui on peut passer, Celui qui ne s’impose pas.Point spi : Gardons un cœur avide de lui.2. Jésus qu’on cherche toujours à ra-mener à une mesure commune, à faire entrer dans la norme, alors que… ➤ Adorons Celui qui est unique, qui ne ressemble à aucun autre.Point spi : Soyons capables de nous étonner, de nous émerveiller.3. Jésus qu’on ne peut arrêter dans sa course, lui si libre devant les pièges de l’avoir et du pouvoir.➤ Adorons Celui qui « va son chemin », échappant à la méchanceté et à la bê-tise des hommes.
Point spi : Sachons conquérir notre li-berté, en étant prêts à en payer le prix.
Vendredi [28 septembre] :La Confession de Césarée,Jésus qui interroge sur le dépôtà garder (Luc 9, 18-22)1. Jésus qui, en nous interrogeant sur les idées reçues, nous aide à mesurer la distance déjà franchie, la lumière qui a commencé à pénétrer.➤ Adorons le Dieu qui scrute les reins et les cœurs, dissipe les ombres de la nuit.Point spi : restons libres face aux idées reçues.2. Jésus qui, en nous posant la question de confiance, nous amène à prendre parti, à oser exprimer notre foi.➤ Adorons le Dieu qui interroge, qui laisse de la place à notre réponse.Point spi : Mettons toute notre joie à professer la vraie foi.3. Jésus qui, en nous parlant de sa Pas-sion, nous oblige à accepter d’aller beau-coup plus loin que nous ne l’imaginions.➤ Adorons le Dieu qui nous entraîne, le Maître et le Guide qui marche devant nous.Point spi : Disons à Jésus « oui » pour toute la suite et sur toute la ligne.
Samedi [29 septembre] :Les Saints Archanges1. Jésus le maître des Anges, celui qu’ils servent en secret depuis la Crèche jusqu’au tombeau.➤ Adorons le Seigneur de gloire à qui les anges parlent en tremblant.Point spi : Soyons conscients de l’imbri-cation du monde invisible dans toutes les réalités de ce monde.2. Jésus inconnaissable aux anges, même ces intelligences supérieures ne peuvent deviner la profondeur du mystère.➤ Adorons le Dieu caché dans la nuée, inaccessible à toute intelligence créée, présent en Jésus de Nazareth.Point spi : acceptons notre impuissance naturelle pour être totalement comblés par la science de Dieu.3. Jésus admiratif devant ces anges, connaissant leur humilité, leur fidélité, leur courage.➤ Adorons le Dieu fort dont la puissance déborde sur ses plus hautes créatures.Point spi : Faisons aux anges une place dans notre prière. n
VOYAGESlibAn
22 FRANCECatholique n°3320 21 septembre 2012
le messager de paix« Pourquoi tant d'horreurs, pourquoi tant de morts ? J'en appelle à la communauté internationale. » En jetant ce cri poignant à la foule sur le front de mer à Beyrouth, qu'espérait Benoît XVI ? Que peut sa voix seule dans le fracas des armes, les haines inexpiables des camps, la surenchère des extrémismes ? Oh, la question ne se pose pas d'aujourd'hui ! Elle se posait, par exemple, au début du XXe siècle, à la veille du déclenchement de la Première guerre mondiale, lorsque sommé de bénir le drapeau d'une future nation belligérante, le saint pape Pie X répondait simplement qu'il bénissait la paix. Son successeur Benoît XV pourra se dépenser en vain pour obtenir la cessation du conflit par la négociation, grâce à la médiation du dernier empereur d'Autriche, futur béatifié de Jean-Paul II, c'est la real politik et le processus inexorable des guerres déchaînées jusqu'à l'écrasement de l'adversaire qui prévaudront.Faut-il donc en prendre son parti ? Évidemment non. On ne pourra reprocher au Pape de ne pas avoir parlé clair ni même de prendre parti dans l'analyse des événements et la dénonciation de l'inacceptable. L'évêque de Rome ne peut employer que les seules armes à sa disposition. Parmi celles-ci il y a la parole de vérité.
Et pourtant même une telle parole peut être parfois à contre-emploi, lorsqu'elle risque de déchaîner la fureur du tyran qui ne supporte pas la dénonciation de son crime et risque de se venger aux dépens de l'innocent. Il est ainsi arrivé au XXe siècle que le pape se résigne à la seule fonction du bon samaritain, venant au secours du blessé, tentant d'arracher ses victimes au bourreau. Certains ont reproché son silence à Pie XII face à la persécution nazie, d'autres ont reproché aux Pères de Vatican II de ne pas avoir condamné ouvertement le communisme.Plus libre de sa parole, Benoît XVI a condamné les ventes d'armes en Syrie, il a souligné le caractère positif et libérateur des printemps arabes non sans mettre en garde sur les conditions de l'établissement d'un État de droit. Les témoignages unanimes des personnes réunies à la grand-messe de dimanche (y compris de musulmans) montraient la communion profonde de tout un peuple qui avait reçu le message et se trouvait conforté dans sa détermination à perpétuer une présence chrétienne sur cette terre. L'action efficace du pape intervient là où l'appel à la paix et à la réconciliation trouve le chemin de cœurs.
Gérard LECLERC
« J’ai beaucoup apprécié l’attention que les musulmans ont accordée à tous les moments importants de ce voyage », a déclaré le porte-parole du Saint-Siège, le P. Federico Lombardi, à son retour à Rome, à l’issue du voyage de Benoît XVI au Liban, du 14 au 16 septembre.
Le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège a dressé un bilan très positif au micro de Radio Vatican, soulignant le caractère historique de ces journées, durant lesquelles le Pape a prononcé « des paroles fortes, des paroles d’encou-ragement, pour le Liban et pour toute la région ».
Le P. Lombardi se dit également heureux de l’occasion que le Pape a eue, durant ces trois jours, de par-ler aux jeunes chrétiens et musulmans ensemble, rappelant que ces derniers sont avec les jeunes chrétiens « l’ave-nir du pays » qu’ils doivent chercher à « construire ensemble », comme l'a sou-ligné Benoît XVI lors de sa rencontre avec 25.000 jeunes rassemblés, samedi, devant le Patriarcat maronite de Bkerké.
« Naturellement la majorité des jeunes était chrétienne mais il y avait aussi des musulmans qui représentaient la jeunesse musulmane du pays », a fait observer le P. Lombardi avant d'ajouter : « Et le Pape leur a bien dit : l’avenir dépend de ce que vous ferez ensemble. Alors si vous faites la paix ensemble on aura la paix ! »
Il pense que le Pape « a été com-pris par les Libanais en particulier », et, espère-t-il, « au-delà des frontières liba-naises aussi », dans tout le Moyen-Orient.
Étant donné la situation actuelle dans la région et des difficultés auxquelles sont confrontés les chrétiens de la région, il souligne l’importance de l’appel de Benoît XVI à « ne pas se décourager », à « ne pas avoir peur », rappelant que pour
Photos © OSSERVATORE ROMANOTextes © ZENiT.ORg
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le messager de paix
Devant 25 000 jeunes, le samedi à Bkerbé.
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les chrétiens « on arrive, ou du moins on espère y arriver, à la Résurrection par la croix et par la passion ».
« Cela a une signification très concrète dans la vie de chacun de nous, et dans la vie des communautés de chré-tiennes du Moyen-Orient aussi », a-t-il ajouté en évoquant les situations de « guerre, tensions, destruction, incom-préhension, manque de liberté » aux-quelles ils sont pliés.
Cette « passion-là est une passion très concrète », a-t-il conclu, elle est « le chemin qui conduit à la Résurrection ».
Au troisième jour de la visite du Pape, marquée par la remise de son exhortation apostolique sur l'Église au Moyen-Orient, le P. Lombardi a com-menté la rencontre avec les jeunes, mais également celle avec les musul-mans de dimanche soir, réaffirmant que « chrétiens et musulmans peuvent vivre ensemble sans haine pour bâtir, main dans la main, leur société. »
Le porte-parole du Saint-Siège n’a pas non plus manqué de mettre en
valeur la présence « surprise » du prési-dent de la République, Michel Sleiman, chrétien maronite, à cette rencontre.
Océane Le Gall © zenit.org
La remise de l'Exhortation
Au premier jour de son voyage apostolique au Liban 14 septembre), Benoît XVI s’est rendu pour sa première visite officielle à la Basilique grecque-melkite de Saint-Paul à Harissa, sur la colline du « Rocher », à quelque 20 km de Beyrouth.
Aux environs de 18h heure, le Pape est arrivé en voiture sur le parvis de la basilique, où l’attendaient les autorités civiles et religieuses. Il a été accueilli par le patriarche grec-melkite, Gre-gorios III Laham, patriarche d’Antioche et de tout l’Orient, de Jérusalem et d’Alexandrie, sous l’ovation de la foule.
Le Pape a gravi les marches de la basilique, du haut desquelles il s’est
retourné pour saluer les milliers de per-sonnes rassemblées derrière des bar-rières de sécurité, agitant joyeusement des drapeaux malgré le ciel nuageux.
Benoît XVI est ensuite entré dans la basilique sous les applaudissements des centaines de personnes qui l’y atten-daient, et sous les flashs et les crépite-ments des appareils photos.
Remontant l’allée centrale en pro-cessions, au rythme solennel d’un chant byzantin, Benoît XVI est allé rejoindre le siège du célébrant princi-pal, surmonté de tentures rouge et or, adossé à une imposante iconostase en bois.
Au premier rang de l’assemblée, étaient assis M. Michel Sleiman, pré-sident du Liban, et son épouse. Les patriarches et évêques du Liban, les membres du Conseil spécial pour le Moyen-Orient du synode des évêques, des délégations orthodoxes et musul-manes, étaient également présents, ainsi que de nombreux représentants de congrégations religieuses.
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Inaugurant la cérémonie , le pa triarche Gregorios III Laham, a pro-noncé un mot d’accueil en arabe, remerciant Benoît XVI de « porter la lumière de l’Orient » à travers l’exhor-tation apostolique, affirmant que les chrétiens attendent cette exhortation avec « passion ».
Il a fait remarquer que le titre de l’exhortation, « communion et témoi-gnage », s’adressait non seulement aux chrétiens mais aussi aux musulmans car c’était « un titre qui devrait être vécu avec tous les habitants de cette région ».
[...] Le Pape a prononcé un discours, précisant que l’exhortation qu’il venait donner entendait « dépouiller la foi de ce qui l’enlaidit ». Interprétée à la lumière de la fête de la Croix glorieuse, fêtée le 14 septembre, ce document « veut tra-cer un chemin pour retrouver l’essentiel : suivre le Christ, dans un contexte diffi-cile et quelquefois douloureux ».
L’Exhortation, a-t-il poursuivi, vou-drait « aider chaque disciple du Seigneur à vivre pleinement et à transmettre réel-
lement ce qu’il est devenu par le bap-tême : un fils de la Lumière, une lampe nouvelle dans l’obscurité troublante du monde ». Puis il l’a signée sous les applaudissements.
La cérémonie s’est conclue par la prière du Notre-Père et la bénédiction de Benoît XVI.
Ému et souriant, le patriarche Gregorios III a remis à Benoît XVI un pallium blanc aux motifs d’or, semblable au sien, tandis que la chorale interpré-tait un chant joyeux, en dialecte arabe libanais, composé pour souhaiter la bienvenue au successeur de Pierre.
Le pape a ensuite fait un bain de foule pour sortir de la basilique, sou-riant, serrant de nombreuses mains qui se tendaient vers lui à son passage.
Lorsqu’il est sorti du bâtiment, aux environs de 19h, la nuit était tombée. Entièrement éclairée, la façade monu-mentale de la basilique, de style byzan-tin, se détachait sur le ciel bleu marine.
Anne Kurian © zenit.org
Hommage àla spiritualité arménienne
Avant le déjeuner de samedi, 15 septembre 2012, à Bzommar, avec l'épiscopat libanais et les membres du Conseil spécial du synode pour le Moyen-Orient, Benoît XVI a remercié de son hospitalité le patriarche arménien Nersés Bédros XIX Tamouni : « La divine Providence a permis notre rencontre dans ce couvent de Bzommar, si emblé-matique pour l’Eglise arménienne catho-lique. Son fondateur, le moine Hagop, surnommé Méghabarde, le pécheur, est pour nous un exemple de prière, de déta-chement des biens matériels et de fidé-lité au Rédempteur. il y a cinq siècles, il a réalisé l’impression du Livre du Vendredi établissant ainsi un pont entre l’Orient et l’Occident chrétiens. [...] à son école nous pouvons apprendre le sens de la mission, le courage de la vérité et la valeur de la fraternité dans l’unité [...] Alors que nous nous apprêtons à refaire nos forces par ce repas préparé
Signature de l’Exhortation Apostolique post-synodale de l’Assemblée Spéciale pour le Moyen-Orient, Dans la Basilique de Saint-Paul à Harissa.
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avec amour et généreusement offert, le moine Hagop nous rappelle aussi que la soif du spirituel et la quête de l’au-delà doivent toujours habiter nos cœurs. »
Et de conclure en évoquant les grands saints de l’Église arménienne et ses épreuves : « Par l’intercession des apôtres Barthélemy et Thaddée, de saint grégoire l’illuminateur, demandons au Seigneur de bénir la communauté armé-nienne durement éprouvée à travers les âges et d’envoyer à sa moisson des ouvriers nombreux et saints qui, à cause du Christ, soient capables de changer la face de nos sociétés, de guérir les cœurs meurtris et de redonner courage, force et espérance aux désespérés. »
Anita Bourdin © zenit.org
350 000 personnes pourla messe du Pape à Beyrouth
« Tout ministère, toute charge dans l’Église, sont d’abord un service de Dieu et des frères ! » : c’est en ces termes que Benoît XVI rappelle l’esprit de « service » mutuel qui caractérise, à la suite du Christ, la communauté des croyants. Un mot d’ordre ne quelque sorte pour l’An-née de la foi.
Le Pape a en effet présidé la messe dominicale de ce 12 septembre 2012,
à Beyrouth, en plein air, sur le front de mer, à 10 heures (9 heures heure de Rome), en présence de quelque 350 000 personnes selon le Vatican, et en pré-sence de quelque 300 évêques catho-liques et de pèlerins de la région, du président de la République et de nom-breuses personnalités. Le pape a remis son Exhortation apostolique post-syno-dale aux pasteurs de la région. À son arrivée à Beyrouth, le maire avait remis au Pape les clefs de la ville. Temps au beau fixe, 28 ° C, en ce radieux début de matinée.
Arrivé en papamobile, Benoît XVI a été accueilli par une foule en liesse, agitant les drapeaux du Liban et du Vatican. Au début de la célébration, le patriarche d’Antioche des maronites, Béchara Boutros Raï, O.M.M., président de l’Assemblée des patriarches catho-liques du Moyen-Orient (A.P.E.C.L.), lui a rendu hommage.
Le Pape a donné le ton dans son homélie en rappelant l’attitude de ser-vice mutuel : « Tout ministère, toute charge dans l’Église, sont d’abord un service de Dieu et des frères ! C’est cet esprit qui doit animer tous les baptisés, les uns à l’égard des autres, notamment par un engagement effectif auprès des plus pauvres, des marginalisés, de ceux qui souffrent, pour que soit préservée la dignité inaliénable de toute personne ».
Le modèle, c’est le Christ lui-même, a souligné le Pape en commentant l’Évangile de ce dimanche : « En annon-çant à ses disciples qu’il devra souffrir, être mis à mort avant de ressusciter, Jésus veut leur faire comprendre qui il est en vérité. Un Messie souffrant, un Messie serviteur, et non un libéra-teur politique tout-puissant. Il est le Serviteur obéissant à la volonté de son Père jusqu’à perdre sa vie. C’est ce qu’annonçait déjà le prophète Isaïe dans la première lecture. Jésus va ainsi à l’en-contre de ce que beaucoup attendaient de lui ».
L’apôtre Pierre lui-même est choqué des propos du Christ, ajoute le pape : « On entend la contestation de Pierre, qui lui fait des reproches, refusant pour son maître la souffrance et la mort ! Jésus est sévère à son égard, et il fait comprendre que celui qui veut être son disciple, doit accepter d’être serviteur, comme lui s’est fait Serviteur ».
Mais ce service suppose une grande intimité avec le Christ lui-même, précise Benoît XVI : « Décider d’accompagner Jésus Christ qui s’est fait le Serviteur de tous exige une intimité toujours plus grande avec lui, en se mettant à l’écoute attentive de sa Parole pour y puiser l’ins-piration de nos actes ».
Il fait observer que c’est l’un des buts de l’Année de la foi qui s’ouvre
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le 11 octobre prochain : « J’ai voulu que chaque fidèle puisse s’engager de manière renouvelée sur ce chemin de la conversion du cœur. Tout au long de cette année, je vous encourage donc vivement à approfondir votre réflexion sur la foi pour la rendre plus consciente et pour fortifier votre adhésion au Christ Jésus et à son Évangile ».
Or, ajoute le Pape, le chemin du ser-vice, c’est aussi un « chemin d’espérance pour tous » car « la gloire de Jésus se révèle au moment où, dans son huma-nité, il se montre le plus faible, particu-lièrement lors de l’incarnation et sur la croix » : « C’est ainsi que Dieu mani-feste son amour, en se faisant servi-teur, en se donnant à nous ».
Continuant par le commentaire de l’épître de Jacques, le Pape sou-ligne les conséquences sociales de ce service fraternel : « C’est une exi-gence impérative pour l’Église de servir et pour les chrétiens d’être de vrais serviteurs à l’image de Jésus (…). Ainsi, servir la justice et la paix, dans un monde où la violence ne cesse d’étendre son cortège de mort et de destruction, est une urgence afin de s’engager pour une société fraternelle, pour bâtir la commu-nion ! »
« Je vous appelle tous à œuvrer pour la paix. Chacun à son niveau et là où il se trouve », a insisté le Pape.
« Que Dieu bénisse le Liban, qu’il bénisse tous les peuples de cette région bien-aimée du Moyen-Orient et leur fasse le don de sa paix. Amen », a conclu le pape.
Toute la liturgie — en français et en latin — a été soutenue par un grand orchestre, un chœur et des chants en arabe, mais aussi les grands classsiques de la musique sacrée, l'Ave Maria et le "Panis Angelicus". Tout le mobilier sacré rappelait le Liban : des deux grandes souches de cèdres qui portaient l’autel au vert émeraude de l’espace sacré.
À l’offertoire, le Pape, attentif à cha-cun, a pris le temps de s’entretenir avec les fidèles qui, deux à deux, apportaient les offrande.
Anita Bourdin © zenit.org
Rencontre œcuménique
Après avoir fait ses adieux aux membres du Comité organisateur de sa visite, à la nonciature d’Harissa où il logeait, le Pape s’est rendu en papa-mobile au monastère Notre-Dame de la Délivrance de Charfet, qui est aussi le siège du patriarcat syro-catholique, distant d’environ 1 km d’Harissa.
Il y a été accueilli vers 17 h 15 par le patriarche d’Antioche de l’Église syriaque catholique, Ignace Youssef III Younan. Dans le salon d’honneur, Benoît XVI a rencontré les
patriarches orthodoxes, les représen-tants des Églises protestantes, ainsi que les patriarches catholiques du Liban. Étaient présents notamment le patriarche grec-orthodoxe d’Antioche et de tout l’Orient, Ignace IV Hazim, et le patriarche de l’Église syro-ortho-doxe d’Antioche et de tout l’Orient, Mar Ignatius Ier Zakke Iwas.
En leur nom, le patriarche Ignace III Younan a remercié le Pape : « Cette visite historique prouve votre sollici-tude paternelle qui nous réconforte dans ces temps de tourmente ». En tant que « successeur du chef des apôtres », a-t-il ajouté, « vous nous avez rappelé que
malgré vents et marées, le Ressuscité a promis de rester avec son Église jusqu’à la fin des temps ».
« Nous vous promettons qu’avec vos prières et vos directives, nous continue-rons à vivre en vrais témoins de l’espé-rance », a-t-il conclu.
Puis il a présenté un par un les par-ticipants à la rencontre. Benoît XVI a remis à chacun une copie de l’Exhorta-tion apostolique.
« Notre rencontre de ce soir est un signe éloquent de notre désir profond de répondre à l’appel du Seigneur Jésus "Que tous soient un" (Jn 17, 21) », a sou-ligné Benoît XVI, insistant sur l’urgence que « les disciples du Christ donnent un témoignage authentique de leur unité, afin que le monde croie dans son mes-sage d’amour, de paix et de réconcilia-tion ».
Dans le contexte actuel du Moyen-Orient, ce message que tous les chré-tiens doivent « transmettre au monde », prend une « valeur inestimable », a-t-il insisté.
Le Pape a donc exhorté à travailler « sans relâche » pour que « notre amour pour le Christ nous conduise peu à peu vers la pleine communion entre nous », notamment en revenant « sans cesse vers notre unique Seigneur et Sauveur », par « la prière et par l’engagement com-mun ».
Benoît XVI a salué par ailleurs le « témoignage de foi rendu par l’Église syriaque d’Antioche au cours de sa glo-rieuse histoire, témoignage d’un amour ardent pour le Christ qui lui a fait écrire des pages héroïques pour demeurer fidèle à sa foi jusqu’au martyre ».
« Je l’encourage à être pour les peuples de la région, un signe de la paix qui vient de Dieu et une lumière qui fait vivre leur espérance. J’étends cet encou-ragement à toutes les Églises et commu-nautés ecclésiales présentes dans cette région », a-t-il conclu.
Benoît XVI a ensuite quitté le monastère pour se rendre à l’aéroport international Rafiq Hariri, à quelque 40 km, où il a pris son congé du pays, avant de retourner à Rome.
Anne Kurian © zenit.org
On retrouvera le récit complet du voyage du Pape au Liban et la traduction de tous les documents et discours importants sur le site www.zenit.org.
La gastronomie est un thème très cinématographique. Ce film savou-reux, qui fait parfois penser au
Festin de Babette, en est la preuve.Une journaliste australienne, qui fait
un reportage sur une base scientifique en Antarctique, découvre qu’Hortense Laborie, la cuisinière, a été, pendant deux ans, la cuisinière personnelle du président de la Répu blique française. En adaptant librement les souve-nirs de Danielle Mazet-Delpeuch, la cuisinière privée de François Mitterrand, Christian Vincent offre une incursion savoureuse et gourmande dans les coulisses du pouvoir. On y découvre des règles protocolaires étranges, des hommes de l’ombre prêts à tout pour conserver leur minuscule pouvoir (celui de cuisiner pour le président !), des
intrigues dérisoires, des mesquineries, etc. À côté de cette ambiance plombée, la chaleur humaine qui règne au sein de la base scientifique réchauffe le cœur. C’est sur ce parallèle que le cinéaste a construit son film, en même temps que sur les délicieux tête-à-tête entre l’héroïne et le président, campé par un Jean d’Ormesson ravi d’être là. Mais la qualité majeure de ce film c’est la présence de Catherine Frot, épatante en cuisinière exigeante et perfection-niste. Sans être un chef-d’œuvre, ce joli film rend le spectateur euphorique, tout en lui mettant l’eau à la bouche.
Face aux intrigues et aux bas–sesses, l’héroïne affiche une indiffé-rence réjouissante. Il semble que le pouvoir, qui corrompt tous ceux qui l’approchent, n’a aucune prise sur elle. Et c’est aussi réconfortant que la déli-cieuse cuisine qu’elle concocte. ■
Comédie française (2012) de Christian Vincent, avec Catherine Frot (Hortense Laborie), Jean d’Ormesson (le président), Hippolyte Girardot (David Azoulay), Arthur Dupont (Nicolas Bauvois), Jean-Marc Roulot, (Jean-Marc Luchet), Arly Jover (Mary) (1h35). (Adolescents) Sortie le 19 septembre 2012.
Jason Bourne : L’héritageTandis que Jason Bourne est sur le point de révéler à la presse les programmes clandestins de la CIA, Aaron Cross, un des agents utilisés comme cobaye, se rend compte que la CIA cherche à le tuer. On croyait la saga Jason Bourne finie, mais elle recommence avec un nouveau héros dont les aventures, ont été confiées à Tony Gilroy, scénariste des trois premiers opus de la saga et réalisateur du remarqué Michael Clayton. Après un début un peu confus, on se laisse prendre par ces aventures survitaminées, avec ce qu’il faut de scènes spectaculaires. Jeremy Renner ne manque pas de charisme, et l’ensemble est assez distrayant. Ce thriller dénonce les manipulations génétiques dont peuvent se rendre coupables des officines secrètes, dans le but de « créer » un surhomme, avec la complicité naïve de scientifiques de haut vol. La violence est assez modérée.
Thriller américain (2012) de Tony Gilroy, avec Jeremy Renner (Aaron Cross), Rachel Weisz (le docteur Marta Shearing), Edward Norton (le colonel Eric Byer), Stacy Keach (l’amiral Mark Turso)
(2h16). (Grands adolescents) Sortie le 19 septembre 2012.
Voisins du troisième typeParce qu’un de ses collègues du supermar-ché de la ville a été sauvagement assassi-né, Evan crée une milice de surveillance des lieux. Celle-ci découvre que l’assassin est un extraterrestre. Comédie dite pour adultes, cette œuvre, qui surfe sur le succès de Very bad trip, est assez amusante, à défaut d’être délicate. L’interprétation est digne d’éloges, mais le scénario n’est pas toujours à la hauteur. S’il y a des éléments positifs dans cette comédie, la crudité des dialogues et des situations appelle des réserves.
Comédie américaine (2012) de Akiva Schaffer, avec Ben Stiller (Evan), Vince Vaughn (Bob), Jonah Hill (Franklin), Richad Ayoade (Jamarcus), Will Forte (1h38). (Adultes) Sortie le 12 septembre 2012.
CINÉMA
Une plongée savoureusedans les coulissesdes cuisines de l’Élysée
Un film savoureuxpar Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ
L’héroïne affiche uneindifférence réjouissante(
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Les sAVeUrs dU pALAIs
Quelques heures de printempsÀ sa sortie de prison, Alain, 48 ans, retourne vivre chez sa mère, avec laquelle il ne s’entend guère. Cinéaste des non-dits et des relations délicates, Sté phane Brizé filme, avec pudeur et émotion, cette histoire de communication brisée entre une mère et son fils. C’est bouleversant, et l’interprétation est exception-nelle. Mais c’est bien sombre.
Il faudra la tragédie de la maladie et de la mort pour que les deux hérosparviennent à des relations apaisées et aimantes. Sans condamner ni juger, le réalisateur montre les étapes du suicide assisté. Et c’est suffisamment sinistre pour être dissuasif. Cependant, il aborde ce sujet controversé avec le respect et la pudeur qui le caractérisent, et sans esprit militant, en laissant à chaque spectateur sa liberté de conscience.Drame français (2012) de Stéphane Brizé, avec Vincent Lindon (Alain Evrard), Hélène Vincent (Yvette Evrard), Emmanuelle Seigner (Clémence), Olivier Perrier (Monsieur Lalouette) (1h48). (Grands adolescents) Sortie le 19 septembre 2012.
Tout entier dédié à l’espace et à la lumière, le Museum Frieder Burda, conçu par l’architecte Richard Meier, se présente comme un grand cube blanc allégé de verre, posé sur la verte
pelouse de la Lichtentaler Allee. Les volumes importants se prêtent à l’exposition de toiles de grandes dimensions ou de sculptures imposantes autour desquelles il est possible de tourner. Aussi, le rapprochement proposé
entre les œuvres du peintre Fernand Léger et celles du sculpteur Henri Laurens y trouve-t-il naturellement sa place. Plus de 80 œuvres illustrent ce tête-à-tête entre les deux artistes.
Une étroite collaboration s’est ins-taurée depuis 2008 entre le Centre
Pompidou et le Musée Frieder Burda. C’est pourquoi le premier
a consenti le prêt d’une ving-taine de pièces significatives,
dont la monumentale Composition aux deux perroquets (1935-1939) de Léger. Les autres œuvres exposées pro-viennent notamment du
exposiTionsFernand Léger eT Henri Laurens
dialogue entrepeinture et sculpture
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à Baden-Baden, Le Museum Frieder Burda confronteavec bonheur les œuvres deFernand Léger et Henri Laurens.
Fernand Léger est né en 1881, à Argentan. En 1900, il se rend à Paris pour y suivre des cours à l’école des Arts décoratifs et travaille comme dessinateur chez un architecte. En 1909, il s’installe à La Ruche. Durant sa phase cubiste, il recourt à des couleurs affirmées et intitule ses œuvres contrastes de formes. Léger est gazé en 1916 sur le front de Verdun. C’est en référence aux machines de guerre qu’il débute sa période dite mécanique. En 1925, Robert Mallet-Stevens lui confie, ainsi qu’à Laurens et Delaunay, la décoration d’un pavillon pour l’Exposition internationale des Arts décoratifs. La période mécanique passée, Léger s’attache à des œuvres monumentales. Durant la Seconde Guerre mondiale, il travaille à New York où il exerce une influence sur l’art américain. Il emploie désormais des couleurs pures dans ses tableaux. En 1946, le père Couturier lui com-mande une mosaïque pour la façade de l’église d’Assy.
Henri Laurens est né à Paris en 1885. Il reçoit une formation d’art appliqué dans l’atelier d’un sculpteur-décorateur. Il fait la connais-sance en 1911de Georges Braque qui l’initie au cubisme. Comme ses amis Braque et Picasso, il s’en éloigne dans les années 1920 pour reve-nir à la figure humaine et au volume. Les années trente le voient réaliser de grands bronzes massifs mais dynamiques, comme L’Océanide. Il défi-nit sa manière à partir de figures stylisées, tendant vers l’abstraction. Des sculptures comme La Grande Musicienne (1937) ou L’Adieu (1941) révèlent une œuvre à l’unisson d’une époque entre rupture et tradition. Après la Seconde Guerre mondiale, Laurens crée des sculptures, toutes en courbes et en rondeurs, qui exercent jusqu’à nos jours une grande influence sur cet art.
Un langage artistique,à partir d’éléments pris dansla réalité
Henri Laurens,L’Océanide (1932-1933)214 x 107,3 x 111,8 cm,(inkl. Sockel). Bronze.
Fernand Léger,Contraste de formes
(1914),80,7 x 65,2 cm,
Öl auf Leinwand.
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Kuns tmuseum de Bâ l e , du musée d’Art moderne de Vienne, de la col-lection nordrhein-W e s t f a l e n d e düsseldorf et de collections parti-culières. La Grande Maternité (1932) et La Mère (1935), de Laurens, sont issues de la collection de Frieder Burda.
en matière d’ex-position, la confron-t a t i on con s t i t ue un genre périlleux ;
même si, en l’occurrence, peinture et sculp-ture sont complémentaires et minimisent le risque. Jean-Louis Prat, commissaire de l’ex-position, n’a donc pas choisi la facilité. La qualité du lieu l’a aidé dans sa tâche. dès la première salle, où la scénographie se met en place autour de l’imposante Composition aux deux perroquets et de la Grand Musicienne, un bronze emblématique, le visiteur sait que le pari est réussi, frappé par l’harmonie entre les œuvres qui se répondent sans s’imiter. Pour Laurens : L’Océanide (1932-1933), L’Adieu (1941), L’Automne (1948), ou une ondulante Table Cariatide de 1938… Pour Léger : la Composition 1 de 1930, la Composition aux trois sœurs de 1952, ou la Partie de campagne de 1954… Fernand Léger (1881–1955) et Henri Laurens (1885–1954) ont traversé la même époque. ils se sont connus en 1910, se sont croisés, ont parfois participé au même courant
– le cubisme – sans pour autant partager une expérience artistique quotidienne. en parcou-rant les salles du musée Frieder Burda, du premier on reconnaît immédiatement les per-sonnages colossaux, hiératiques, murés dans le silence, où se juxtaposent parfois des éléments abstraits. du second, ces formes à la limite de l’abstraction et de la figuration, qui suggèrent plus qu’elles ne décrivent. Léger affirmait : « Pour moi, un tableau c’est le contraire d’un mur, c'est-à-dire l’éclat, du mouvement. Je suis satisfait si dans un appartement mon tableau commande la pièce… ». et l’on doit à Laurens cette remarque : « Il est nécessaire que, dans une sculpture, les vides aient autant d’impor-tance que les pleins. La sculpture est avant tout une prise de possession de l’espace… ».
Au fil des salles, le visiteur découvre deux artistes qui mettent en place un nouveau langage artistique, à partir d’éléments pris dans la réalité, mais transposés sans être étroitement descriptifs. C’est cette prise de possession de l’espace, commune au peintre et au sculpteur, qui fonctionne si bien à Baden-Baden. ■
dialogue entrepeinture et sculpture
par Alain SOLArI
Fernand Léger, La Lecture (1924),113 x 146 cm, Öl auf Leinwand.
Fernand Léger, Le pont du remorqueur 1er état (1920/1921)73 x 92 cm. Öl auf Leinwand.
Henri Laurens,Compotier de raisins,
(1918) 68 x 62 x 47 cmBemaltes Holz und Blech.
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Fernand Légeret Henri Laurens.
Tête-à-tête.Jusqu’au 4 novembre 2012,
Museum Frieder Burda,Lichtentaler Allée, 8b,
Baden-Baden, Allemagne.Du mardi au dimanche
(10h-18h).www.museum-
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Henri Laurens, Tête de femme (1920),35 x 14,5 x 10 cm, Terrakotta.
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Vingt ans après le succès surpre-nant du film à petit budget qui a connu une gloire planétaire grâce à Whoopi Goldberg sa délirante héroïne, Sister Act,
le musical, s’installe à Paris, au théâtre Mogador. Sous la houlette de Stage Entertainment, qui a déjà produit entre autre Cabaret et Mamma mia, ce spec-tacle pêchu dégage aussi un « supplé-ment d’âme » qui rend chacun meilleur.
Créé à Londres en 2009 au London Palladium, il recueille les suffrages d’un million de spectateurs en 600 représen-tations. C’est à Alan Menken, le compo-siteur des mélodies inoubliables de La Belle et la Bête, Aladin ou La Petite Sirène, que l’on doit tous les tubes qui émaillent cette comédie musicale, laquelle marie sans vergogne grégorien, negro-spiritual et disco ! Avec cinq nominations aux Tony Awards et des créations en cours au Japon, en Australie, au Brésil, en Corée du Sud, Sister Act n’a pas fini de bous-culer le ronron compassé de nombre de nos liturgies dominicales.
En soi, l’argument relève du choc improbable entre deux univers destinés à s’ignorer, n’étaient les voies divines aussi « impénétrables » que surprenantes. L’héroïne, la jeune et pulpeuse Dolores Van Cartier (« comme les bijoux ! », un pseudo à la hauteur de ses ambitions !), diva black du disco, tente de percer en chantant dans un bar louche des bas-
fonds de Philadelphie, dans les années 70. Le tenancier des lieux, Curtis (interprété par le très convaincant Barry Johnson), aussi Afro qu’affreux, lui fait miroiter des faveurs à venir tout en profitant dès aujourd’hui des siennes… Témoin d’un règlement de compte sanglant dont ce dernier est l’auteur, la malheureuse cherche refuge au poste de police. Or l’of-ficier qui la reçoit n’est autre qu’un copain de lycée, amoureux transis, affublé du surnom peu glamour de « Teddy la Sueur » tant ses émotions ont d’impact sur ses glandes sudoripares ! L’humour et la farce ne sont jamais loin et font bon ménage avec la gravité des enjeux soulevés par le livret, à savoir, la Foi a-t-elle encore un avenir en ce monde submergé par les vagues de la sécularisation ?
Afin de soustraire son témoin à une vendetta certaine, Teddy a l’idée saugrenue de cacher Dolores dans le couvent voisin de Notre-Dame des Anges. Hélas, en perte de vitesse, la commu-nauté religieuse doit être dissoute sous peu et les murs de l’église vendus à deux membres d’une « autre communauté » moins priante, mais plus gay !
La Mère Supérieure, finement cam pée par Carmen Ferlan, adjure Dieu de faire un miracle pour sauver son petit trou-peau de la dispersion… et c’est Dolores qui sonne à la porte, cuissardes violettes et paillettes à gogo, mettant le feu au couvent en prenant les commandes de
la chorale ! Kania, jeune métisse gironde et vocalement très talentueuse, prête à la pétulante Dolores son énergie et sa spontanéité. « Traînant tous les cœurs après soi », elle devient la bête noire (!) de la Supérieure qui n’arrive pas, dans ce charivari qui bouscule sa conception de la Foi et de la liturgie, à reconnaître en elle « l’ange » envoyé pour sauver son église. Cependant, le succès est tel que les médias s’en mêlent et Dolores, malgré son voile de nonne, est débusquée par l’infâme Curtis…
En puisant pour les décors dans la richesse des vitraux de nos cathédrales et
MUSIQUES
Dans cette rentrée morose, faites une pause ! Courez voir « Sister Act », le musical au succès mondial. Enthousiasmant… c'est-à-dire « plein de Dieu » et plein de joie.
COMÉDIE MUSICALE
Une adaptation aussi inattendue que réussie du « Fils prodigue »)
Sister Act, la joie en actes !
32 FRANCECatholique n°3320 21 septembre 2012
FRANCECatholique n°3320 21 septembre 2012 33
par Aymeric NoLLé
dans la variété des couleurs liturgiques, violet, vert, rouge, blanc, or et argent, la mise en scène de Jerry Zaks, (relayée pour la France par Caroline Brouwer), quoique gentiment irrévérencieuse, est cependant profondément respectueuse des valeurs chrétiennes d’accueil et de solidarité. à bien y regarder, ce spectacle est une adaptation aussi inattendue que réussie du « Fils prodigue ». Tandis que les circonstances obligent la « brebis perdue » à revenir à la maison du Père, qui grâce à elle s’emplit de « chants et de danses »(Luc 15, 25), le « Fils aîné »,
sous les traits de la Mère Supérieure, s’indigne de telles manifestations de joie. Car Dolores, qui ne mâche pas ses mots pour montrer son peu de goût pour le fait religieux, finit elle aussi par être touchée par l’amitié et la confiance dont les sœurs l’entourent au point, une fois retournée dans le monde, de revenir vers cette famille devenue la sienne et qu’elle baptise « Sister Act ». à juste raison car les nonnes se dévoueront avec malice et courage — Mère Supérieure incluse — afin de la soustraire à la vindicte de Curtis et de ses sbires.
On assiste ainsi à une mutuelle conversion des cœurs dont le spectateur ressent les effets. Si la standing ovation finale va bien sûr à la troupe si talentueuse et si soudée, elle traduit aussi l’envie qu’on ressent de se laisser aller à cette communion qu’on a éprouvée au rythme irrésistible des negro-spirituals. « Soyez toujours joyeux ! » dit l’apôtre. Sister Act traduit avec brio cette joie en actes ! n
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Au théâtre Mogador - Réservations :- par téléphone : 0 820 88 87 86 (0,12 e la minute)- Sur internet : www.sisteract.fr
Sister Act, la joie en actes !
« Quand m'embrasseras-tu ? »
«Quand m'embrasseras-tu ? » est un spectacle inattendu. Créé à la Maison des métallos, on s'attend à lui trouver un style branché. Il l'est effectivement mais, et c'est là la
bonne surprise, sans superficialité. Au contraire, ce spectacle se caractérise par une vraie poésie et profondeur. Peu importent alors le genre du récital poétique accompagné de musique ou les graffitis en train d'être écrits sur le mur du fond pendant la narration. Car tout est non seule-ment parfaitement synchronisé mais aussi en symbiose. Ce qu'on regrette, paradoxalement, c'est la richesse du spectacle : la densité poé-tique du texte, en particulier, est trop forte pour un spectateur déjà fatigué par une journée de travail. Il nécessite une réelle attention, qu'on lui prête d'autant plus volontiers que si l'auteur ne cache pas son origine palestinienne, il n'en fait pas une croisade, une lamentation ou une source de polémique.
Au contraire, c'est une sensibilité réelle qui s'exprime, qui n'oblitère pas les souffrances de ceux qui sont condamnés par l'Histoire au nomadisme, à prendre le relais du Juif errant. Une sensibilité qui sait transmettre toutes les réjouissances que la nature, sauvage ou humaine, réserve à qui sait ouvrir les yeux et les oreilles. Une sensibilité orientale, qui n'hé-site pas à être par moment déclamatoire. « Une patrie, est-il par exemple dit, c'est savourer le café de sa mère ». On est en plein dans le pro-blème palestinien et en même temps on évite le piège de la réduction politique.
La musique, à connotation sentimentale, porte le texte en se faisant oublier. On arrive à ressentir l'ensemble comme l'expression d'une noble souffrance, qui sait dire les faits sans tomber dans le désespoir ou le ressentiment.
Les graffitis entrent, par contre, en concur-rence avec l'oralité. On ne peut à la fois lire et écouter, avec la même attention. Il y a là quelque chose de dommage dans la mesure où tout est intéressant. Il faudrait voir le spectacle deux fois pour se l'assimiler complètement. Il faut en même temps accepter de voir un spectacle qui utilise des moyens peu conventionnels – graffitis, mais aussi à un moment mégaphone – mais le jeu en vaut la chandelle. Et tout le monde pourra en profiter puisque la tournée qui est partie du festival suisse « Poésie en arrosoir » en juillet der-nier ira jusqu'à Marseille (13) et échirolle (38) en mai prochain. Cinquante-trois dates en tout ! n
théâtre
Mahmoud Darwich est un poète palestinien d'une grande sensibilité. C'est lui que la Compagnie Brozzoni a voulu honorer à travers un spectacle mêlant poésie, musique et peinture. Émouvant.
par Pierre François
noble souffrance
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« Quand m'embrasseras-tu ? », de Mahmoud Darwich, avec Abdelwaheb Sefsaf, comédien, Georges Baux et Claude Gomez, musiciens, Thierry Xavier, plasticien.Le calendrier de la tournée : Carros (06) le 11 octobre, Briançon (05) les 19 et 20 octobre, Roanne (42) le 14 novembre, Sorbier (42) le 16 novembre, La Ricamerie (42) le 17 novembre, Chambéry (73) du 20 au 23 novembre, Villejuif (94) le 30 novembre, Noisy-le-Sec (93) le 1er décembre, Champigny-sur-Marne (94) le 2 décembre, Cormeilles (95) le 4 décembre, Vernouillet (28) le 6 décembre, Fosses (95) le 7 décembre, Athis-Mons (91) le 8 décembre, Albertville (73) du 15 au 18 et du 22 au 23 janvier, Thouars (79) le 30 janvier, Orvault (49) le 31 janvier, Bouguenais (44) le 1er février, Saint-Herblain (44) le 5 février, Bruz (35) le 7 février, Redon (35) le 8 février, Lamballe (22) le 9 février, Laval (53) le 12 février, Morlaix (29) le 14 février, Lannion (22) le 15 février, Guingamp (22) le 16 février, Bruxelles (Belgique) du 19 au 21 février, Thonon (74) le 19 mars, Bourg-en-Bresse (01) le 20 mars, Fos-sur-Mer (13) le 22 mars, Château-Arnoux (04) le 23 mars, Lyon (69) du 4 au 6 avril, Thonon (74) du 9 au 11 avril, Cachan (94) le 18 avril, Le Kremlin-Bicêtre (94) le 19 avril, Chevilly-Larue (94) le 20 avril, Épinay-sous-Sénart (91) le 21 avril, Marseille (13) le 7 mai et Échirolles (38) le 14 mai.
C'est une sensibilité réelle qui s'exprime
Lorsque les cinéastes s’inspirent de la réalité, fût-elle la plus dure qui soit, ils tiennent un excellent sujet
de film. À condition, bien sûr, qu’ils aient le talent pour la transformer.
Ils font l’un des métiers les plus durs du monde. Nadine, Fred, Iris, Mathieu, Chrys et les autres sont poli-ciers à la BPM (Brigade de Protection des Mineurs) et ils ont en charge les enfants victimes d’abus sexuels, de violences, abandonnés ou transformés en pickpockets. Si l’équipe est soudée, les uns et les autres ont bien du mal à gérer leur vie privée. Un jour, le minis-tère de l’Intérieur leur envoie Melissa, une photographe qui prépare un livre sur leur activité. Au début, elle est assez mal accueillie, mais, peu à peu, les policiers s’habituent à sa présence.
] À mi-chemin entre docu-mentaire et fiction (la réalisatrice a passé un long moment immergée au sein de ces équipes), cette œuvre-coup de poing laisse le spectateur un peu KO. Avec beaucoup d’habileté, Maïwenn passe du rire aux larmes, d’une scène poignante à une autre irrésistible de drôlerie, sans jamais s’éloigner de l’hu-main. Les comédiens sont tous sensa-tionnels et font bien ressortir la compli-cité qui existe au sein de cette équipe confrontée aux tragédies les plus terribles. Mais il y a quelques longueurs et facilités.
] Toujours centrée sur ses héros, les policiers, ou sur les malheureuses victimes, les enfants, la caméra plonge au cœur de la plus grande des misères humaines. C’est dur, et le langage est forcément très cru, mais c’est aussi d’une profonde humanité. ■
Drame français (2011) de Maïwenn, avec Karin Viard (Nadine), JoeyStarr (Fred), Marina Foïs (Iris), Nicolas Duvauchelle (Mathieu), Maïwenn (Melissa), Karole Rocher (Chrys), Emmanuelle Bercot (Sue Ellen), Frédéric Pierrot (Balloo), Sandrine Kiberlain, Jérémie Elkaïm (2h02). Diffusion le mardi 25 septembre, sur Canal +, à 20h55.
Le funambule
C’est « le crime artistique du siècle ». Le 7 août 1974, le funambule français Philippe Petit, 25 ans, a passé 45 minutes sur un câble tendu (illégalement !) entre les deux tours du World Trade Center, sans sécurité. Ce fascinant documentaire retrace, jour après jour, cet événement aussi éton-nant que poétique. Le réalisateur interroge les différents participants de cet exploit, préparé comme une attaque de banque, conférant au film le suspense d’un film poli-cier. Les images sont magnifiques, et l’ex-ploit conserve toute sa beauté et sa force, surtout depuis la destruction des tours. Mais le héros a perdu, dans l’aventure, son amour et son meilleur ami. Le film a obtenu l’Oscar du meilleur documentaire en 2009.Documentaire britannique (2008) de James Marsh, avec Philippe Petit (1h30). Diffusion le mercredi 26 septembre, sur Arte, à 20h50.
OcéansPour répondre à la question de son fils : « C’est quoi, l’océan ? », Jacques Perrin a réalisé un véritable opéra sauvage, mettant en scène le peuple de l’eau. Lorsque l’on voit ces ballets de requins ou de méduses multicolores, ces étonnantes boules de krills ou de chinchards, quels mots pourraient aider à comprendre que la nature est une merveille d’équilibre et de beauté ? Pour capter cette beauté, Jacques Perrin a bénéficié des dernières technologies. En visitant 54 pays différents et avec l’aide de près de 400 personnes, il a, pendant quatre ans, réalisé un véritable exploit pour nous en mettre plein les yeux. Cette œuvre splendide est une invitation à la contemplation des merveilles de la Création et des responsabilités de l’homme pour sa préservation.Documentaire français (2009) de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud, avec Lancelot Perrin. Musique de B. Coulais (1h40). Diffusion le mardi 25 septembre, sur France 2, à 20h45.
TÉLÉVISION
La famille Flick : Une histoire allemandeNé en 1883, dans une modeste famille, Friedrich Karl Flick a bâti un empire industriel. Chef d’entreprise de génie, mais sans scrupule, il est devenu un rouage essentiel de l’économie allemande, que ce soit celle du IIIe Reich ou celle de l’Allemagne d’après-guerre. Ce documentaire-fiction devrait davantage intéresser les Allemands que les Français, car il traite
d’une histoire familiale inconnue de ces der niers. Mais, sa réalisation soignée, avec de nombreuses reconstitutions et images d’archives, le rend plaisant à regarder. Surtout, cette histoire allemande est, avant tout, un destin humain : la compromission entre pouvoir poli-tique (totalitaire ou démocratique) et pouvoir économique, la difficile transmission d’un héritage industriel, la difficulté pour les enfants de se situer par rapport à leur père, la nécessité pour n’importe quel grand chef d’être bien secondé, l’entreprise qui passe avant la famille et les hommes, etc. Tous ces thèmes sont universels.Documentaire allemand (2010) de Thomas Fischer (2 x 0h52). Diffusion le mardi 25 septembre, sur Arte, à 21h45.
Entre documentaire et fiction, Maïwenn signe une œuvre brillante, mais très dure
Polisse par Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ
La caméra plongeau cœur de la plus grande des misères humaines(
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TF120.50 Laurent Gerra se permet tout ! Divertissement présenté par Jean-Pierre Foucault, avec Jean-Pierre Pernaut, Enrico Macias, Patricia Kaas, Guy Marchand, Régis Mailhot, Charles Aznavour, Serge Lama, Vincent Niclo, les Chœurs de l’Armée Rouge, etc.23.20 Les experts. Série avec William Petersen 3.France 220.45 N’oubliez pas les paroles. Divertissement de Nagui, avec Gérald Dahan, Bruno Guillon, Sheryfa Luna, Philippe Lellouche, Mustapha El Atrassi, Christelle Chollet, etc.23.00 On n’est pas couché. Magazine présenté par Laurent Ruquier.France 320.45 Enquêtes réservées : «Piège sur la toile», «Jules 2» GA. Série avec Jérôme Anger, Yvon Back. __] Prenant, mais pas toujours très crédible.22.30 Adresse inconnue «In extremis» GA. Série avec David Brécourt. _ Peu crédible.23.45 Appassionata «Soirée de gala au profit de la recherche sur Alzheimer».Arte
20.45 L’aventure humaine «Expé-dition Mapaoni : L’inaccessible frontière» J. ___ C’est passion-nant, et les paysages sont superbes.23.10 Tracks.23.55 L’atelier Ludwigsburg-Paris fête ses dix ans.M620.50 FBI, duo très spécial : «Robin des bacs à sable», «Le vau-tour», «Vengeance ou justice», «À bout portant». Série avec M. Bomer.Canal +20.55 De force. Policier (2010) de Frank Henry, avec Isabelle Adjani, Éric Cantona, Simon Abkarian, Thierry Frémont (1h34) 2.KTO15.00 Béatification du père Louis Brisson, en direct de Troyes.20.40 VIP Magazine présenté par Emmanuelle Dancourt.21.40 Q.C.M. «Quiz du chrétien en marche». Divertissement.22.15 Opéra «Assassinio nella cat-tedrale (Meurtre dans la cathé-drale)».
TF120.50 Le prix à payer A. Comédie (2007) de Alexandra Leclère, avec Christian Clavier, Nathalie Baye, Gérard Lanvin (1h32) 2. __] Amusant et bien fait, mais c’est une vision très cynique et sombre du couple.22.40 Les experts, Manhattan 3.France 2
20.45 La faille GA. Thriller (2007) de Gregory Hoblit, avec Anthony Hopkins, Ryan Gosling, David Stra-thairn, Rosamund Pike, Billy Burke (1h49) 2. (voir notre analyse ci-contre)22.35 Faites entrer l’accusé «Joseph Messina, mortelle jalou-sie». Magazine présenté par Frédé-ric Lantieri 2.France 320.45 Les enquêtes de Murdoch : «Le trésor des confédérés», «Sur écoute 2», «L’inconnu de Bristol». Série avec Yannick Bisson.23.30 Strip-tease «Fumiers !». Magazine.00.25 Divine. Comédie dramatique en NB (1935) de Max Ophüls, avec Simone Berriau (1h15).Arte20.40 Bienvenue au gîte A. Comé-die (2003) de Claude Duty, avec Marnia Foïs, Philippe Harel (1h43). _] Une petite comédie médiocre qui banalise l’homosexualité.22.25 Pour un panier de truffes J. _ Peu palpitant.23.20 Brésil, des vins à l’accent italien. Documentaire.M620.50 Zone interdite «Business du shit : Les coulisses d’une guerre sans merci». Magazine.22.45 Enquête exclusive «Quartier chic et nuits chaudes : Les secrets du Marais». Magazine.00.15 Zemmour et Naulleau. Canal +20.45 Football «Lille/Lyon».KTO20.40 La foi prise au mot «Israël», avec les pères D. Doré et L. Forestier.21.45 Sel & Lumière : «Mgr Celli», «La religion, porteuse d’espérance».
TF120.50 Camping Paradis «Les jeux de l’amour». Téléfilm avec Laurent Ournac, Jennifer Lauret, Anne Richard.22.40 New York, unité spéciale. Série avec Mariska Hargitay 3.France 220.45 Castle : «L’empreinte d’une arme», «La mort à crédit», «L’enfer
de la mode» GA. Série avec Nathan Fillion, Stana Katic. __ Des épisodes excellents, émouvants et pleins d’hu-mour.22.55 Mots croisés. Maga-
zine présenté par Yves Calvi.France 320.45 Le pensionnat de l’espoir (4, 5 et 6/6) : «Le temps de la découverte», «Le temps des incer-titudes», «L’heure de vérité» J. __] La conclusion est excel-lente, mais c’est trop long.23.35 Tibet, le mensonge chinois. Documentaire.00.30 La case de l’oncle Doc «Requiem pour un champion».Arte
20.50 Police python 357 A. Poli-cier (1975) de Alain Corneau, avec Yves Montand, Simone Signoret, François Perier, Stefania Sandrelli (2h) 2. __] Un remarquable policier. Mais c’est invraisemblable, et les images ne sont pas discrètes.22.50 The spiral (4/5). Série avec Johan Leysen, Lien Van de Kelder.23.45 Ned Kelly. Western (2003) de Gregor Jordan, avec Heath Led-ger, Orlando Bloom, Philip Baranti-ni, Naomi Watts (1h44).M620.50 L’amour est dans le pré. Magazine présenté par Karine Le Marchand.23.00 L’amour est dans le pré «Que sont-ils devenus ?».Canal +20.55 Engrenages (7 et 8/12) A. Série avec Caroline Proust, Grégory Fitoussi, Thierry Godard 2. __] C’est toujours très prenant, mais il y a des images suggestives.KTO20.40 Un amour de mère. Docu-mentaire sur l’ordre des sœurs dominicaines du Cœur Immaculé de Marie.21.45 Un cœur qui écoute. 22.35 Vu de Rome.
TF120.50 Mentalist : «Chasse au témoin», «Le tueur le plus fort 2», «Pur sang» GA. Série avec Simon Baker, Robin Tunney, Tim Kang. __] Le premier épisode est un peu décevant, comme le troisième, mais le second est excellent.23.15 Baby boom. Documentaire.France 2
20.45 Océans T. Documentaire (2009) de Jacques Perrin et Jac ques Cluzaud (1h40). (voir notre analyse page 35)22.30 Infrarouge «Home : Histoire d’un voyage». Documentaire de Yann Arthus-Bertrand.00.50 En cas de malheur A. Drame en NB (1957) de Claude Autant-Lara, avec Jean Gabin, Bri-gitte Bardot, Edwige Feuillère (1h57). __] Un film très bien fait, mais corrosif et un peu lourd.France 320.45 Plus belle la vie «Coup de feu pour Barbara». Série avec Léa François, Pierre Martot.22.30 Plus belle la vie, les secrets de... Barbara et Boher. Documentaire.23.55 Ce soir (ou jamais). Maga-zine présenté par Frédéric Taddeï.Arte20.50 Vatican II «Le concile qui a changé l’Église» GA. __] Inté-ressant, mais avec des interven-tions contestables.21.45 La famille Flick «Une his-toire allemande» GA. (voir notre analyse page 35)23.30 Le maître du logis. Comédie en NB et muette (1925) de Carl Theodor Dreyer (1h37).M620.50 Recherche appartement ou maison. Magazine.23.00 Maison à vendre.Canal +20.55 Polisse A. Drame (2011) de Maïwenn, avec Karin Viard, Joey-Starr, Marina Foïs (2h02) 2. (voir notre analyse page 35)KTO20.40 Les Mardis des Bernardins «Osons la liberté ! Quand l’entre-prise se déchaîne», avec Gilles Ba–binet, J.-C. de Castelbaljac, Jean-Christophe Fromantin, G. Lafont. 21.45 Une église pour l’éternité, abbaye Notre-Dame du Pesquié.22.45 VIP.
Samedi 22 septembre Dimanche 23 septembre Lundi 24 septembre Mardi 25 septembre
téLéviSion
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08h30 Émissions religieuses : «Sagesses boud-dhis tes», «Islam», «Judaïca», «Orthodoxie», «Pré- sen ce protestante» - 10h30 Le jour du Seigneur «À l’école de la parole» (et à 11h40) - 10h45 Messe en l’église Sainte-Croix, à Nantes.
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sur France 2Dimanche 23 septembre à 20h45La faille GARiche et brillant, Ted a tué sa femme lorsqu’il a découvert qu’elle le trompait.___ À partir d’une intrigue policière classique, Gregory Hoblit invite à un surprenant jeu de manipulation opposant un présu-mé coupable rusé et un jeune procureur adjoint. On apprécie l’élégance et la finesse de la mise en scène, l’intelligence du scéna-rio et le jeu inspiré des acteurs. __] Confronté à des choix dif-ficiles, Willy fera preuve d’intégri-té. La violence est modérée.
TF120.50 Esprits criminels : «Sous le signe du zodiaque», «Le voleur d’enfants 3», «Étoiles filantes». Série avec Joe Mantegna 2.23.20 Fringe. Série avec A. Torv 3.France 2
20.45 L’innocent A. Téléfilm avec Patrick Timsit, Frédéric Pierrot, Isa-belle Gelinas, Marie Kremer, Vanessa Larré, Joseph Malerba (1h28). __] Cette histoire d’un simple d’esprit accusé à tort qui découvre les beautés et le pouvoir des mots en prison est émouvante. Mais il y a beaucoup d’invraisem-blances, dont une scène sugges-tive.22.15 Un jour, un destin «Renaud, les raisons de la colère». Magazine présenté par Laurent Delahousse.France 320.45 Football «Coupe de la Ligue : À chaque région son match (1/16e de finale)».23.50 L’ombre d’un doute «Jeanne d’Arc, femme providentielle». Magazine présenté par Franck Ferrand et C. Portier-Kaltenbac.Arte20.50 Le funambule T. Documen-taire (2008) de James Marsh, avec Philippe Petit (1h30). (voir notre analyse page 35)22.20 La main tendue «Les arts de l’islam au Louvre». Documentaire.23.10 Grand bain A. Drame en VO (1970) de Jerzy Skolimowski, avec Jane Asher, John Moulder-Brown (1h35). ___] Ce film brillant et parfaitement maîtrisé, se déroule dans un climat de grande sensuali-té.M620.50 Desperate housewives (3, 4 et 5/23) GA. Série avec Teri Hat-cher, Marcia Cross. __ Très amu-sant.23.30 Belle toute nue. Magazine.Canal +20.55 Le Skylab. Comédie (2011) de et avec Julie Delpy, et avec Lou Alvarez, Éric Elmosnino, Aure Atika, Bernadette Lafont (1h49). KTO20.40 Connaissons mieux saint Vincent de Paul. Documentaire.21.08 Saint Vincent de Paul «L’hé-ritage». 21.45 Églises du monde «Israël». 22.15 Audience générale.
TF120.50 Les experts, Miami : «Vents contraires», «Un tueur parmi nous», «Copies non conformes». Série avec David Caruso, Emily Procter 2.23.15 Vendredi, tout est permis avec Arthur. Divertissement pré-senté par Arthur, avec Amel Bent, Pascal Obispo, Anne Roumanoff, Natasha St-Pier, Claudia Tagbo, Rachid Badouri et Arnaud Ducret.France 220.45 Les petits meurtres d’Aga-tha Christie «Je ne suis pas cou-pable» GA. Téléfilm avec Antoine Dulery, Marius Colucci, Léna Bre-ban, Yannick Choirat (1h39). __] Cet excellent suspense fait revivre l’époque des suffragettes. Mais c’est outrancier, et l’histoire familiale est affreuse.22.30 Vous trouvez ça normal ?! Magazine présenté par Bruce Tous-saint, avec Pierre Lescure, Clémen-tine Autain, Guy Birenbaum, Phi-lippe Tesson, Luc Ferry, etc.00.10 Taratata. Divertissement présenté par Nagui.France 320.35 Faut pas rêver «En Argen-tine». Magazine de Tania Young.23.10 Enquêtes de régions. Arte
20.50 Le troisième œil GA. Télé-film avec Heino Ferch, Nina Proll (1h29). __ Un excellent policier.22.20 Les cinq parties du monde. Téléfilm avec Franck Falise, Franck de La Personne, Marc Barbé, Marie Denarnaud (1h35).M620.50 NCIS, enquêtes spéciales : «Les péchés du père», «Écran de fumée», «Mort au long cours», «Tireur d’élite». Série 2.Canal +20.55 La nouvelle guerre des boutons J. Comédie dramatique (2011) de C. Barratier, d’après Louis Pergaud, avec Laetitia Casta, Guillaume Canet, Clément Gode-froy, Kad Merad (1h36). __] Distrayant, mais rarement drôle et assez empesé.KTO20.40 L’esprit des Lettres. Maga-zine avec Michael D. O’Brien, Michel Dumoulin, C. Guilhamon.22.20 La vie des diocèses «Mgr de Kerimel - Grenoble – Vienne».22.50 Un amour de mère.
TF120.50 Masterchef. Divertissement présenté par Carole Rousseau, avec Yves Camdeborde, Frédéric Anton, Sébastien Demorand et Meryem Cherkaoui.23.10 Masterchef se met à table. Divertissement.France 220.45 Des paroles et des actes «Jean-Marc Ayrault». Magazine présenté par David Pujadas.23.10 Grand public. Magazine pré-senté par Aïda Touihri.France 320.45 Dans la vallée d’Elah GA. Drame (2007) de Paul Haggis, avec Tommy Lee Jones, Charlize Theron (2h) 2. __] Pas mal fait, mais manquant de nuances.23.25 Loin de la terre brûlée A/Ø. Drame (2008) de Guillermo Arria-ga, avec Charlize Theron, Kim Basinger, Joaquim de Almeida (1h45) 2. __]] Ce drame poi-gnant et très maîtrisé, à la construction complexe, est illustré de nombreuses scènes érotiques.Arte20.50 Les Tudors (7 et 8/10) A. Série avec Jonathan Rhys Meyers, Henry Cavill, Sarah Bolger 3. ___] Passionnant, mais assez sensuel.22.30 Le voyage des oiseaux migrateurs «Escale sur la mer Rouge». Documentaire.23.25 Le cœur de Bombay. Docu-mentaire.M620.50 Taken A/Ø. Aventures (2007) de Pierre Morel, avec Liam Neeson, Maggie Grace (1h30) 3. _]] Conventionnel et très violent.
22.30 Panic room GA. Thriller (2002) de David Fincher, avec Jodie Foster, Kristen Stewart, Forest Whitaker, Jared Leto (1h48) 3. ___] Un remarquable sus-pense, mais des violences.Canal +20.55 Homeland (6 et 7/13) A/Ø. Série avec Claire Danes, Damian Lewis 2. __]] Inégal, avec des longueurs et ses habituelles scènes complaisantes.KTO20.40 Face aux chrétiens. 21.45 À la source.22.15 Opéra «(Meurtre dans la cathédrale)».
Mercredi 26 septembre Jeudi 27 septembre vendredi 28 septembre
T : ToutpublicJ : AdolescentsGA: GrandsadolescentsA : AdultesØ : Œuvre(ouscène)nocive_: Elémentpositif]: Elémentnégatif
Repères
FRANCECatholique n°3320 21 septembre 2012 37
RaDioSRadio Notre-DameLundi 24 au jeudi 27 septembre6h03, 7h03, 8h03, 17h57 et 21h : Écoutez la chronique de Gérard Leclerc.RCFSamedi 22 septembre19h30 «Vatican II, Le concile : contexte historique, un événe-ment».23h Halte spirituelle, l’intégrale. «à l’ombre de la tour de Babel», avec Daniel Duigou (prêtre ermite au désert). (Rediffusion, dimanche 23, à 9h.)Dimanche 23 septembre11h30 Repères «Comment exercer sa liberté en conscience ?» avec sœur Marie Christine Bernard (1/2).17h Dialogue «Peut-on prouver l’existence de Dieu ?», avec Jean-Noël Dumont (agrégé de philoso-phie).Lundi 24 septembre12h Souvenirs «Mouloudji». 12h45 Halte spirituelle «Les pauvres sont nos maîtres», la spi-ritualité des Filles de la Charité (1/5, tous les jours, à 12h15, 15h15 et 20h45).Mardi 25 septembre17h Grand Angle «Fascinant Mont-Saint-Michel». (Rediffusion, jeudi, à 19h30.)Vendredi 28 septembre21h Médiagora «Le cinéma fran-çais», par Jean-Michel Frodon.France CultureDimanche 23 septembre10h Messe « 25e dimanche du temps ordinaire », depuis la cathédrale Saint-Vincent, Place St-Vincent, 07720 Viviers. Prédi-cateur : cardinal Sarah.
Marie BIZIEN
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Paris✔ La Semaine thérésienne, aura lieu du 26 septembre au 1er octobre, avec les reliques de Sainte Thérèse, sur le thème «Thérèse et la nouvelle Évan-gélisation». Célébrations, soi-rées de prière, conférences, spectacles… avec Mgr Rey, Mgr Beau, Père Daniel Ange, Michel Cool… et de nombreux témoins. Sanctuaire Sainte-Thérèse, 40, rue Jean de La Fontaine, 75016 Paris, ✆ 01.44.14.75.75.www.semainetheresienne.org✔ Le cardinal André Vingt-Trois (président de la Conférence des Évêques de France – arche-vêque de Paris), Mgr Joseph Doré (directeur de la collection «La grâce d’une cathédrale»), Mgr Patrick Jacquin (recteur-archiprêtre de la cathédrale Notre-Dame de Paris), vous convient en la cathédrale
de Paris, le 6 octobre (14h30), à la présentation du programme des «850 ans de notre-Dame de Paris», et au lancement du livre "notre-Dame de Paris, la grâce d’une cathédrale", aux Éditions La Nuée Bleue avec les Éditions Place des Victoires. De 15h30 à 17h30, grande dédi-cace publique dans la nef avec le cardinal André-Vingt-Trois et les 50 autres auteurs du livre. Rens. : Éd. La Nuée Bleue, ✆ 03.88.15.77.27.✔ L'Association francaise des amis de J.h. Newman, organi-se le 13e colloque international «newman et la Bible», à l'Enclos-Rey, 57 rue Violet, 75015 Paris, les 24 et 25 novembre, avec notamment : Pr. Gordon Campell (University of Leicester) «The King James Bible and its impact on English culture 17th-19th centu-ries», Pierre Gauthier «newman : une exégèse typologique», Alain Thomasset «Écriture et tradi-tion chez newman d’après le Prophetical Office of the Church»,
Christian Lotte «L’Écriture dans la mariologie de newman», Didier Rance «newman et les miracles, surtout bibliques : une étape dans une séculaire querelle bri-tannique», Grégory Solari,... sous la direction scientifique du Père Keith Beaumont. Rens./inscrip-tion, auprès de la secrétaire de l’Association : Pascale Vincette, Missionnaires Identès, 22 rue de Varenne, 75007 Paris, ✆ 06.59.27. 18.84, [email protected]✔ Une retraite à Ars, aura lieu du 7 au 12 octobre, sur le thème «ne sois plus incrédule, sois croyant» (ouverture de l’Année de la Foi), prêchée par l’abbé Olivier Günst horn. Rens. et inscriptions : Maison d’accueil «La Providence», 01480 Ars-sur-Formans, ✆ 04.74.00.71.65, [email protected]✔ Un spectacle "son et lumière"sur la vie de la Vierge Marie «Voici l'annonce d'une bonne nouvelle, une grande joie pour
tous» (Lc 2, 10), sera présenté pour tous, les 27, 28 et 29 sep-tembre (20h30), dans le chœur de la basilique Notre-Dame de Cléry, 45370 Cléry-Saint-André, à l'initiative du Père Leroy (curé de Cléry), encouragé par Mgr Blaquart (évêque d'Orléans), écrit par Olivier Jouin (metteur en scène), interprété par 80 figu-rants. Rens. ✆ 06.29.27.96.13, www.orleans.catholique.frSeine-et-Marne✔ à l’occasion des dix ans de la présence de la communauté aïn Karem à Provins ; avec la parti-cipation de la paroisse et du sec-teur de Provins ; avec des com-munautés nouvelles présentes dans le diocèse de Meaux, Foyer de Charité de Combs-la-Ville, Fraternité de Marie Reine Immaculée... un grand moment de réflexion et de ferveur est proposé, pour renouveler notre élan à tous au service du Christ et de son Église, le 27 octobre «notre responsabilité à tous : L’avenir de la foi en Île-de-
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france» : (9h) accueil à Saint-Quiriace ; (10h) conférence du Père Ronan de Gouvello sur son expérience au service du sanc-tuaire de Rocamadour ; (11h) conférence du Père Michel Gitton «La vocation d’une église canoniale, (c'est-à-dire habitée par la prière d’une commu-nauté)» ; (12h) messe ; (14h30) évocation des saints du diocèse de Meaux ; (15h15) lancement apostolique pour démarrer un temps d’évangélisation, constitu-tion de binômes pour partager la Parole de Dieu avec les visiteurs et les passants, pendant que d’autres prient devant le Saint Sacrement pour la mission... Rens. : ✆ 01.60.58.00.67.yvelines✔ La Compagnie des vincentiens
présente «Vincent Depaul, serviteur des pauvres», les 5 et 6, 12 et 13, 19 et 20 octobre (21h), en l’église Saint-Germain, 2 rue de l’église, 78340 Villepreux,
où il y a quatre siècles Vincent Depaul prêchait. 30 comédiens accompagnés de 5 musiciens racontent dans une fresque his-torique en 12 tableaux la fabu-
leuse histoire de Vincent Depaul, le serviteur des pauvres du XVIIe siècle. Tarif : 12 e, réduit : 8 e, gratuité pour les enfants de moins de 7 ans. Rens. : ✆ 06.74.63.70. 79, http://vdepaul.wordpress.comPape Urbain V✔ Les VIIIe Rencontres Urbain V se dérouleront du 4 au 7 octobre 2012 à Rome. à l’oc-casion de son Assemblée géné-rale, l’association des Amis du Bienheureux Pape Urbain V sera accueillie pour sa Messe d’ouverture par Mgr Bousquet (recteur de Saint-Louis-des-Français et membre du Conseil pontifical pour la Culture). Les visites des jours suivants seront accom-pagnées par Didier Répellin (Inspecteur général des Monuments historiques). Rens. : Général Mer le ✆ 04 .66 .47.70.78, [email protected]èlerinages✔ L'Association Île-Bouchard- Saint Jean organise son 26e pèlerinage à l'Ile Bouchard le samedi 15 décembre 2012 au départ de Paris. Tarifs et rens. au ✆ 05.49.96.76.21 ou [email protected]
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Les voici réédités dans une présentation rénovée.
Le cinquième volume de cette collection est consacré à la correspondance échangée entre sainte Thérèse et sa sœur Marie, Sœur Marie du Sacré-Cœur,
interprétée par Béatrice Corso.L'ensemble est bouleversant.