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Monsieur Michel Cézard Madame Nicole Coëffic Monsieur Pierre Laulhé Emploi et chômage en avril-mai 1982 In: Economie et statistique, N°151, Janvier 1983. Les filières de production / L'endettement agricole / L'enquête emploi rénovée. pp. 29-40. Citer ce document / Cite this document : Cézard Michel, Coëffic Nicole, Laulhé Pierre. Emploi et chômage en avril-mai 1982. In: Economie et statistique, N°151, Janvier 1983. Les filières de production / L'endettement agricole / L'enquête emploi rénovée. pp. 29-40. doi : 10.3406/estat.1983.4709 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/estat_0336-1454_1983_num_151_1_4709

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Monsieur Michel CézardMadame Nicole CoëfficMonsieur Pierre Laulhé

Emploi et chômage en avril-mai 1982In: Economie et statistique, N°151, Janvier 1983. Les filières de production / L'endettement agricole / L'enquêteemploi rénovée. pp. 29-40.

Citer ce document / Cite this document :

Cézard Michel, Coëffic Nicole, Laulhé Pierre. Emploi et chômage en avril-mai 1982. In: Economie et statistique, N°151, Janvier1983. Les filières de production / L'endettement agricole / L'enquête emploi rénovée. pp. 29-40.

doi : 10.3406/estat.1983.4709

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/estat_0336-1454_1983_num_151_1_4709

RésuméSelon la dernière enquête sur l'emploi, le nombre de chômeurs au sens du Bureau international dutravail était en mai 1982 un peu inférieur à 1.800.000. Ce nombre représente 7,7 % de la populationactive. C'est parmi les jeunes que le taux de chômage reste le plus élevé. La croissance plus rapide duchômage masculin, observée depuis deux ans, se poursuit, en liaison avec la baisse de l'emploiindustriel. L'anal/se du chômage en fonction de la situation dans le ménage montre que l'épouse et lesenfants sont plus fréquemment sans emploi lorsque le mari est lui-même chômeur. Comme en 1975,l'enquête sur l'emploi a été rénovée à l'occasion du recensement de la population. Le nouveauquestionnaire, plus détaillé, permet un enrichissement des analyses de l'emploi. Deux nouveauxdomaines sont étudiés : les emplois précaires et la durée hebdomadaire du travail.

AbstractEmployment and Unemployment in april-may, 1982 The results of the New Survey on Employment -According to the latest employment survey, the number of unemployed in International LaborOrganization terms in May, 1982, was slightly less than 1,800,000. This figure represents 7.7% of thelabor force. The rate of unemployment of young people remained the highest. The more rapid growth ofmale unemployment, observed over the past two years, continued, linked to the decline in industrialemployment. The analysis of unemployment as a function of the situation in the household shows thatthe wife and children are more frequently unemployed when the husband is himself unemployed. As in1975, the employment survey was updated at the time of the population census. The new, moredetailed questionnaire makes possible an enhancement of analyses of employment. Two new fields arestudied: precarious jobs and the number of weekly hours of work.

ResumenEmpleo y desempleo en abríl-mayo de 1982. Resultados de la nueva encuesta relativa a empleo -Según la ultima encuesta relativa a empleo, el número de desocupados, conforme al sentido que le dála Oficina internacional del Trabajo, ascendia, en mayo de 1982, a algo menos de 1 800 000 personas.Estacifra representa un 7,7% de la población activa. La tasa de desocupación juvenil sigue siendo lamás elevada. El incremento más rápido del desempleo masculino observado desde hace dos añosprosigue en relación con el descenso del empleo industrial. El análisis del desocupo en función de lasituación hogareña demuestra que la esposa e hijos carecen con mayor frecuencia de un empleocuando el cabeza de familia se halla desocupado. Al igual que en 1975, la encuesta referente a empleose renovó con motivo del censo de la población. El nuevo cuestionario muy pormenorizado facilita unenriquecimiento de los análisis de empleo. Se estudian dos nuevos campos : los empleos precarios y laduración laboral semanal.

POPULATION ACTIVE

Emploi et chômage

en avril-mai 1982

Les résultats de la nouvelle enquête sur l'emploi

par Michel Cézard, Nicole Coëffic et Pierre Laulhé*

Selon la dernière enquête sur l'emploi, le nombre de chômeurs au sens du Bureau international du travail était en mai 1982 un peu inférieur à 1 800 000. Ce nombre représente 7,7 % de la population active. C'est parmi les jeunes que le taux de chômage reste le plus élevé. La croissance plus rapide du chômage masculin, observée depuis deux ans, se poursuit, en liaison avec la baisse de l'emploi industriel. L'analyse du chômage en fonction de la situation dans le ménage montre que l'épouse et les enfants sont plus fréquemment sans emploi lorsque le mari est lui-même chômeur. Comme en 1975, l'enquête sur l'emploi a été rénovée à l'occasion du recensement de la population. Le nouveau questionnaire, plus détaillé, permet un enrichissement des analyses de l'emploi. Deux nouveaux domaines sont étudiés : les emplois précaires et la durée hebdomadaire du travail»

Le questionnaire de l'enquête sur l'emploi n'avait pas été modifié depuis 1975. Face à l'aggravation du chômage et au développement des emplois précaires, une mise à jour s'imposait.

C'est en 1982, année du recensement de la population, que cette rénovation de l'enquête a été réalisée : le nouveau questionnaire, plus détaillé, analyse de façon plus précise les caractéristiques des chômeurs; il comporte aussi des questions nouvelles sur les emplois précaires, l'horaire hebdomadaire habituel des personnes qui travaillent, les niveaux de formation, etc. Enfin, comme pour le recense* ment de la population de 1982, la nouvelle « nomenclature des professions et catégories

nelles » a été utilisée : l'enquête sur l'emploi de 1982 donne ainsi pour la première fois des informations concernant ces nouvelles catégories socioprofessionnelles K En contrepartie, l'enrichissement du questionnaire rend quelquefois délicates les comparaisons entre les chiffres de 1982 et ceux des années précédentes.

1786000 chômeurs au sens du Bureau international du travail

Comme de 1975 à 1981, le chômage au sens du Bureau international du

Travail est, à l'enquête de 1982 une catégorie construite a posteriori grâce au croisement des réponses à plusieurs questions, dont la principale demeure la question sur l'occupation à la date de l'enquête (question 8, fac-similé page suivante).

* Michel Cézard, Nicole Coëffic et Pierre Laulhé font partie de la division < Emploi » du département « Population et Ménages » de VINSEE.

Les nombres entre crochets, [], renvoient à la bibliographie enfin d'article.

1. Dans le prochain numéro, un article de A. Desrosières, A. Coy et L. Thévenot présentera les nouvelles catégories socioprofessionnelles et les premiers résultats les concernant.

5.

Fac-similé de la question 8 du questionnaire de l'enquête sur l'emploi de 1982

8 Occupation actuelle de M.... Travaille ,

Ne travaille pas (ou plus) actuellement

par exemple exerce une profession, à son compte ou comme salarié, occupe un emploi rémunéré, même à temps partiel, aide un membre de sa famille dans son travail même sans être rémunéré ; est apprenti, stagiaire rémunéré, élève-fonctionnaire, intérimaire, etc.. • Classer ici les personnes pourvues d'un emploi, même si elles sont actuellement

en congé de maladie, de maternité, en congés payés, etc. Ne pas y classer, en revanche, les personnes ayant interrompu leur travail pour une cause telle que service militaire, disponibilité, pré-retraite, invalidité...

2. Inscrit au chômage (auprès d'une Agence locale de l'ANPE ou d'un bureau de main-d'œuvre d'une mairie)

3. Chômeur non inscrit auprès de l'ANPE 4. Étudiant, élève, stagiaire non rémunéré 5. Militaire du contingent 6. Retraité (d'une activité personnelle), bénéficiaire d'une pré-retraite

(payée par les ASSEDIC ou l'entreprise), retiré des affaires (ancien commerçant, ancien agriculteur, etc.)

7. Femme au foyer 8. Autre inactif (y compris les personnes ne touchant qu'une pension de

reversion)

1

2 3 4 5

6 7 8

PARTIE*

FI

La formulation de la question a été changée. La périphrase utilisée jusqu'alors (« est sans emploi et en recherche un ») est remplacée par deux items nouveaux : « inscrit au chômage » et « chômeur non inscrit ». Une modification analogue est aussi introduite dans le bulletin individuel du recensement de 1982 où le vocable « chômeur » apparaît, remplaçant la périphrase qui figurait depuis 1954.

Pourquoi ce choix? D'abord pour éviter les contresens, quelquefois graves, résultant de l'emploi d'une périphrase précise mais plus complexe qu'il n'y paraît. De telles anomalies, portant surtout sur le recensement, avaient été décelées grâce au rapprochement entre les réponses à l'enquête sur l'emploi et au recensement de la population de 1975 [1]. L'adoption des mots chômeurs et chômage a donc pour but de clarifier les situations en utilisant le vocabulaire courant des personnes interrogées. De plus, les chiffres obtenus par cette nouvelle présentation pourront être rapprochés plus facilement des statistiques d'origine administrative, en particulier des demandes d'emplois en fin de mois comptabilisées par l'Agence nationale pour l'emploi (ANPE).

80

En avril-mai 1982, le nombre de chômeurs au sens du Bureau international du travail est de 1786 000 (tableau 1), ce qui représente un taux chômage de 7,7 %. Ce taux situe la France en dessous de nombreux pays occidentaux, comme le Royaume-Uni, la Belgique, les Pays-Bas, l'Italie, les États-Unis, mais au-dessus de l'Allemagne fédérale et du Japon.

Entre mars 1981 et avril-mai 1982, l'évolution du chômage au sens du Bureau international du travail est difficile à apprécier, en raison d'un meilleur décompte de l'une de ses composantes, les personnes à même de travailler immédiatement et ayant trouvé un emploi qui commence ultérieurement. Ces personnes sont classées comme chômeurs, ce qui peut surprendre, mais résulte du choix d'une optique plus économique que sociale du chômage. Elles étaient 29 000 d'après l'enquête de mars 1981. La sous-évaluation était forte puisqu'en avril-mai 1982, l'amélioration du questionnaire fait passer leur nombre à 166 000.

La comparaison est meilleure pour la population sans emploi recherchant effectivement un emploi et disponible immédiatement (chômeurs PSERE).

H s'agit d'ailleurs de la composante principale du chômage au sens du Bureau international du travail. Passant de 1537 000 à 1605 000, le nombre de ces chômeurs PSERE croît de 4,4 %.

Croissance plus forte des demandes en fin de mois

Mais cette augmentation est nettement moins forte que celle des demandes d'emploi en fin de mois qui est de 15 % environ (tableau 2). Cet écart a diverses causes dont il est difficile de quantifier les parts respectives.

H faut d'abord rappeler l'origine administrative de la statistique des demandes d'emploi. C'est un instrument commode car il est détaillé, mensuel et rapidement disponible. Mais il ne mesure pas le chômage selon la définition du Bureau international du travail : les deux populations — demandeurs d'emploi inscrits à l'ANPE et chômeurs PSERE — sont loin de se recouvrir complètement. D'autre part, les demandes d'emploi ont eu tendance à croître un

Tableau 1 Composition du chômage selon l'enquête sur l'emploi de 1982

Chômeurs déclarés (réponse 2 ou 3 à la question 8) 1 Autres personnes ne faisant pas partie de la population active occupée et cher

chant un emploi Moins : personnes ne remplissant pas les conditions pour être classées parmi

les chômeurs (PSERE) 2 Reste : chômeurs PSERE (population sans emploi à la recherche d'un emploi).

Plus : personnes sans emploi ayant trouvé un emploi qui commence ultérieurement (sauf étudiants, militaires du contingent) 3

Plus : salariés n'ayant pas travaillé la semaine précédant l'enquête en raison de la conjoncture économique

Total : chômeurs au sens du BIT (Bureau international du travail)

Hommes

829 000

+ «1000

— 251000 689 000

+ 78000

+ to ooo

777000

Femmes

954 000

+ 340 000

— 378 000 916 000

+ 88 000

+ 5000

1009000

Ensemble

1783 000

+ 451000

— 629 000 1605 000

+ 166 000

+ 15 000

1786 000

1. Voir fac-similé de la question 8, page 30. 2. Ces conditions sont les suivantes : ne pas avoir travaillé la semaine précédant l'enquête; déclarer chercher effectivement un emploi; chercher

un emploi salarié; être disponible pour travailler sous quinze jours; avoir accompli un acte effectif de recherche d'emploi au cours du mois précédant l'enquête.

3. 43 000 étudiants ou militaires 'ont déclaré avoir trouvé un emploi. Considérées en général comme non disponibles immédiatement, ces personnes n'ont donc pas été retenues.

Tableau 2 Évolution de quelques indicateurs du chômage

Catégorie Mars 1981 Avril-mai 1982 Taux de variation

Chômeurs au sens du BIT : Ensemble

Chômeurs PSERE : Ensemble , Hommes Femmes

Chômeurs PSERE inscrits auprès de l'ANPE (d'après l'enquête) : Ensemble Hommes Femmes

Demandeurs d'emploi en fin de mois (DEFM) ': Ensemble Hommes Femmes

1 593 000

1537 000 631000 906.000

1282 000 555 000 727 000

1664 000 802 000 862 000

1786 000

1605 000 689 000 916000

1388 000 626 000 762 000

1928 000 976 000 952 000

+ 4,4 + 9,2 + 1.1

+ 8,3 + 12,8 + 4,8

+ 15,9 + 21,7 + 10,4

1. Ala date moyenne d'enquête. Lors de l'enquête d'avril-mai 1982, cette date moyenne est proche de la fin du mois d'avril.

POPULATION ACTIVE 31

peu plus vite que le chômage au sens du BIT depuis quelques années, même si leurs niveaux sont restés assez voisins jusqu'en 1982 [2]. De mars 1981 à avril-mai 1982, on ne peut exclure une dérive plus forte des demandes d'emploi en fin de mois. Elle pourrait résulter, par exemple, d'une inscription supplémentaire de demandeurs attirés par les emplois créés dans le cadre de la relance économique du second semestre de 1981 et offerts par le canal de l'Agence nationale pour l'emploi.

Rappelons également que l'enquête sur l'emploi opère par sondage, et est donc à ce titre entachée d'erreurs aléatoires. Mais cet effet ne suffit pas, en 1982, à expliquer les écarts constatés dans les évolutions du chômage.

Enfin et surtout, l'amélioration du questionnaire de l'enquête, malgré le maintien à l'identique de la définition des chômeurs PSERE, peut être à l'origine de la moindre croissance de leur nombre. Une frange de personnes qui, auparavant, auraient été classées comme chômeurs ne le sont plus. En particulier le nombre de chômeurs PSERE qui ont répondu à l'enquête qu'ils n'étaient pas inscrits auprès de i'ANPE diminue fortement de 255 000 en mars 1981 à 217 000 en avril- mai 1982. Ceci suggère que ce sont des personnes assez éloignées de l'image courante du chômeur, des cas- limites en quelque sorte, qui ont été exclues de la PSERE.

Graphique I Évolution du taux de chômage selon le sexe et l'âge *

25 r

20

15

10

Femmes de 15 à 24 ans

Hommes de 1 5 à 24 ans

Femmes de 25 à 49 ans Ensemble

Hommes et femmes de 50 ans et plus Hommes de 25 à 49 ans

1975 1976- 1977 1978 1979 1980 1981 1982 * Chômeurs PSERE : Population sans emploi à la recherche d'un emploi.

Source : enquête jur l'emploi.

Vulnérabilité croissante des hommes et des ouvriers

Comme les années précédentes, c'est parmi les jeunes de moins de 25 ans que le taux de chômage est le plus élevé (graphique I). Cependant, de mars 1981 à avril-mai 1982, ce sont les chômeurs masculins adultes, surtout ceux de 50 ans ou plus, dont le nombre augmente le plus vite. Aussi les hommes représentent-ils, en 1982, 43,0 % des « chômeurs PSERE », contre 41,6 % en mars 1981 et 39,4 % en mars 1980; cette progression continue est bien entendu liée à l'aggravation de la situation de l'emploi dans l'industrie [3]. Bien que moins

vent au chômage que les jeunes, les personnes de 50 ans ou plus ont du mal à retrouver du travail, ce qui se traduit par une ancienneté de chômage en moyenne plus élevée : 21,6 mois contre 10,6 pour les jeunes et 13,0 pour les 25-49 ans. Parmi les personnes en chômage depuis plus d'un an la part des 50 ans et plus est près de un quart; elle atteint même 42,5 % parmi les chômeurs très anciens (3 ans ou plus), pourtant les 50 ans ou plus ne représentent que 15,7 % de l'ensemble des chômeurs. Cause principale des recherches d'emploi (un tiers environ), les licenciements affectent surtout les plus âgés : plus des deux tiers des chômeurs

masculins de 50 ans ou plus déclarent avoir été licenciés (tableau 3).

La vulnérabilité au chômage est très différente selon le diplôme. Dans l'ensemble, plus le diplôme déclaré est élevé, plus faible est le taux de chômage (tableau 4). Cependant, en raison du caractère professionnel des diplômes d'enseignement supérieur court (BTS, DUT, diplômes paramédicaux), leurs titulaires sont moins souvent au chômage que ceux possédant des diplômes plus élevés. D'autre part, un diplôme technique de niveau CAP semble mieux protéger les jeunes du chômage que le BEPC, le certificat d'études primaires ou l'absence de diplôme. La situation est différente

88

Tableau 3 Circonstance principale de recherche d'emploi des chômeurs PSERE selon le sexe et l'âge

%

Circonstance de recherche d'emploi Hommes

15 à 24 ans

25 à 49 ans

50 ans et plus Total

Femmes

15 à 24 ans

25 à 49 ans

50 ans et plus Total

Ensemble

Fin des études ou du service militaire. .. Licenciement Démission Fin d'emploi occasionnel Avait cessé toute activité Autre circonstance

Ensemble

41,7 15,5 7,4

27,4 2,7 5.3

4.0 52,4 9.3

20,5 3.2

10,6

69.2 5.2 8,3 5,6

11.7

16.4 42,8 7,8

20,5 3,5 9,0

39,9 11,9 7.4

25,9 8,4 6,5

1,6 29,7 11,4 18.8 27,4 11.1

55,4 6,1 9,5

12,7 16.3

17,7 25,3

9,1 20,6 17,5 9,8

17,1 32,9 8,5

20,6 11,5 9,4

100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0

Source : enquête sur l'emploi de 1982.

Tableau 4 Taux de chômage PSERE par diplôme selon le sexe et l'âge

%

Diplôme déclaré Moins de 25 ans

Hommes Femmes

De 25 à 49 ans

Hommes Femmes

50 ans et plus Ensemble

Certificat d'études primaires ou aucun diplôme déclaré

BEPC seul CAP ou autre diplôme technique de niveau

CAP Brevet, baccalauréat ou diplôme de niveau

technicien Diplôme de niveau bac + 2 Diplôme de niveau bac + 4

19,8 16.8

11.4

11.0 n.s. n.s.

33,4 22,0

21,9

14.9 5,7

n.s.

5.2 2,8

2.5

2,4 1.9 2,2

9.4 5.9

6.6

5.6 2.7 3,7

5.1 4.5

5.7

3,3 n.s. 3,5

8.4 7.7

6,6

5.2 2.6 3,1

n.s. ; non significatif.

Source : enquête sur l'emploi de 1982.

pour les personnes de 50 ans ou plus; ce sont alors les titulaires de CAP ou de diplômes de ce niveau qui sont le plus souvent au chômage; cette dernière observation doit être reliée au chômage industriel, qui touche d'abord les ouvrières et ouvriers. Rappelons qu'auparavant les CAP et les diplômes de même niveau ne préparaient qu'à

des métiers ouvriers, industriels ou artisanaux; ce n'est que récemment qu'ils ont été étendus au secteur tertiaire.

La nature de l'emploi recherché varie selon le sexe et l'âge : près du quart des femmes de 25 ans et au- delà déclarent chercher un emploi

permanent à temps partiel, alors que 5 % seulement des femmes de moins de 25 ans sont dans ce cas. Ce sont surtout les 50 ans ou plus qui déclarent chercher un emploi pour une durée limitée (9 % des femmes et 6 % des hommes). Au total, 85 % des chômeurs PSERE recherchent un emploi permanent à temps complet.

POPULATION ACTIVE 38

Insertion des jeunes dans la vie active :

des chiffres récents

Enquête

sur l'emploi

d'octobre

1981

Dans le domaine de l'emploi, les effets saisonniers sont susceptibles de biaiser l'interprétation correcte de la réalité observée. Pour pallier ces inconvénients, l'INSEE effectue deux fois par an, en mars et octobre, une enquête sur l'emploi. L'enquête d'octobre permet particulièrement de mesurer l'insertion des jeunes au sortir de la scolarité. Les résultats de l'enquête d'octobre 1981 sont présentés selon la définition internationale de l'activité et du chômage. Ce volume publie des données de population active et de population disponible à la recherche d'un emploi (au sens du recensement) selon divers critères. Des informations détaillées sont également fournies concernant la durée du travail, le niveau de formation, les mouvements de population (entrées et sorties d'activité, mobilité).

Les « Collections de l'INSEE», série D « Démographie et emploi » n°89

Un volume broché - format 21 X29J- 176 pages -48 F

CONSULTATION, VENTE : P410 Dans les Observatoires économiques régionaux de l'INSEE (adresses en fin de publication) et les libraires spécialisés.

' institut National de la Slatistlqu» et des Etudes Economique!.

Le chômage dans le contexte familial

Le chômage n'a pas la même signification selon qu'il concerne un jeune qui est encore logé par ses parents, un adulte qui vit seul, ou un père qui a une famille à charge. Or, l'enquête emploi permet d'étudier les chômeurs selon leur place dans le ménage 2 (tableau 5).

Beaucoup de chômeurs peuvent compter sur l'apport financier d'un autre membre du ménage. Ainsi sur 100 chômeurs en avril 1982, 32 habitent encore avec leurs parents, 25 sont des épouses dont le mari travaille. En revanche, d'autres chômeurs ont des conditions d'existence a priori plus difficiles : certains vivent seuls (8 sur 100), d'autres élèvent seuls des enfants (4 sur 100). Parmi les hommes mariés chômeurs — 19 % de l'ensemble des chômeurs — trois sur cinq ont une conjointe inactive ou en chômage; or, beaucoup d'entre eux ont aussi des enfants à charge. Au total, 35 % des chômeurs vivent seuls ou dans un ménage qui ne comprend pas d'actif occupant un emploi, ce qui est loin d'être négligeable.

Qu'une forte proportion des chômeurs soient des « enfants » vivant chez leurs parents est bien sûr lié au fait que le chômage touche de manière prioritaire les jeunes. Mais le fait d'être chômeur n'incite-t-il pas à continuer à loger chez ses parents, ou même à revenir habiter chez eux? Ceci aurait pour conséquence de grossir la part des « enfants » parmi les chômeurs. De fait, à chaque âge, la proportion des jeunes qui vivent encore chez leurs parents est plus élevée parmi les chômeurs que parmi ceux qui sont pourvus d'un emploi. Autre hypothèse : ceux qui sont encore pris en charge par leur famille ont sans doute un besoin moins impérieux de trouver rapidement du travail; ils peuvent se montrer plus sélectifs quant à leur futur emploi et rester plus longtemps chômeurs.

Ainsi le taux de chômage des jeunes chez leurs parents atteint un niveau très élevé : 19,3 % pour les hommes, 31,6 % pour les femmes. A l'autre

extrême, c'est parmi les hommes vivant avec leur épouse que l'on compte la plus faible proportion de chômeurs (3,5 % seulement); ceux d'entre eux qui élèvent au moins un enfant sont encore moins souvent concernés par le chômage : 3,1 % contre 4,4 % pour les autres. En revanche, parmi les hommes vivant seuls, le pourcentage de chômeurs est nettement plus élevé, 8,6 %.

Pour ce qui concerne les femmes, ce sont les mères élevant seules un ou plusieurs enfants qui sont le plus souvent touchées (11,2 %). Les épouses (8,4 %) viennent ensuite. En revanche celles qui habitent seules ont un taux de chômage plus faible : 6,2 %.

Ainsi, le fait d'habiter seul n'a pas la même signification pour les deux sexes. Les hommes isolés sont plus exposés que les autres; par contre les femmes qui logent seules sont moins souvent en chômage que celles vivant dans un autre contexte familial.

La femme et les enfants d'un chômeur sont plus exposés

Parmi les femmes actives, c'est-à- dire celles qui ont un emploi ou qui en recherchent un, les femmes dont le conjoint est chômeur sont beaucoup plus souvent elles-mêmes en chômage que les femmes dont le conjoint travaille : 25,3 % contre 7,8 %. De même, les enfants dont le père est chômeur le sont aussi eux-mêmes plus fréquemment que ceux dont le père a un emploi. Deux explications non exclusives l'une

2. Le ménage, au sens INSEE, est constitué par l'ensemble des personnes qui vivent dans le même logement. Il se peut donc qu'un ménage ne comprenne qu'une seule personne.

34

Tableau 5

Les chômeurs selon leur situation dans le ménage

Ensemble dont :

Hommes vivant seuls Femmes vivant seules Pères d'une famille monoparentale. . . . Mères d'une famille monoparentale Conjoints (hommes) Conjointes (femmes) Enfants (hommes) Enfants (femmes)

Ensemble

Effectifs

1 786 000

87 000 60 000 10 000 69 000

346 000 545 000 282 000 282 000

100

5 3 0 4

19 30 16 16

Taux

7,7

8,6 6,2 8,1

11.2 3,5 8,4

15,5 25,5

Moins de 25 ans

Effectifs

697 000

12000 16000 ns ns 22 000

121 000 220 000 247 000

Taux

20,3

9,5 11,1 ns ns

6,0 20,0 19,3 31,6

25 à 49 ans

Effectifs

820 000

48 000 21 000 ns 48 000

217 000 346 000 59 000 33 000

Taux1

5,7

7,8 4,6

ns 9,9 3,1 7,7 9,3

11,4

50 ans et plus

Effectifs

269 000

27 000 23 000 ns 13000

107 000 78 000 ns ns

Taux1

5,2

10.1 6,3

ns 11,4 4,0 5,7

ns ns

n.s. ; non significatif. 1 . // s'agit du rapport, exprimé en %, du nombre de chômeurs à l'ensemble des actifs (actifs occupés + chômeurs) dans la catégorie considérée.

Source : enquête sur l'emploi de 1982.

de l'autre peuvent être avancées. Première hypothèse, le chômage du chef de famille, en raison du manque à gagner qu'il représente, incite d'autres membres du ménage à se présenter sur le marché du travail.

Deuxième hypothèse, du fait de leurs liens familiaux, les membres d'un ménage ont souvent des caractéristiques communes, dans le domaine professionnel notamment; et dans la mesure où celles-ci peuvent être un facteur direct ou indirect de

chômage, la probabilité que plusieurs personnes d'un ménage soient chômeurs en même temps n'est pas négligeable. Par exemple, il n'est sans doute pas rare que deux membres d'un même ménage travaillent dans le même établissement; si celui-ci ferme et licencie, le ménage est alors doublement touché. Plus largement, mari et épouse, père et fils peuvent être employés dans le même secteur d'activité, ou avoir la même profession ou le même type de profession : or, certains secteurs, certains métiers

sont plus menacés que d'autres. En outre, les personnes d'un même ménage ont en commun le lieu d'habitation : or certaines régions qui ont un tissu industriel inadapté connaissent des problèmes d'emploi particulièrement aigus.

aussi Cette seconde hypothèse permet

d'expliquer que lorsque leur épouse est en chômage, les conjoints sont eux-mêmes plus souvent chômeurs que lorsque celle-ci est pourvue d'un emploi.

Une meilleure observation des emplois

précaires

La progression du nombre d'emplois précaires est un fait marquant de la période récente. A côté de leurs salariés « permanents », les entreprises ont de plus en plus souvent recours à une main-d'œuvre se trouvant dans

3 677001 P 71

une situation instable : intérimaires, salariés employés avec un contrat à durée déterminée, notamment. On ne pouvait pas ignorer dans l'enquête emploi l'extension de ce phénomène, et le questionnaire mis en place en

avril 1982 a été conçu de manière à mieux le saisir.

L'intérim a commencé à se développe! dès le début des années soixante : une rubrique destinée à isoler les intérimaires à la date de l'enquête avait été introduite dans le questionnaire dès 1975. Cependant, les effectifs mesurés par la série des enquêtes 1975 à 1981 paraissaient sous-estimés. En 1982 des améliora tions ont été apportées au question"

POPULATION ACTIVE 6

35

Tableau 6

Intérimaires et salariés employés avec un contrat à durée déterminée selon le sexe et l'âge *

Ensemble 15 à 24 ans... 25 à 39 ans. . . 40 ans et plus

Hommes 15 à 24 ans... 25 à 39 ans. . . 40 ans et plus

Femmes 15 à 24 ans... 25 à 39 ans. . . 40 ans et plus

Intérimaires

Effectifs

122 000 48 000 49 000 25 000 75 000 29 000 31 000 15000 47 000 19 000 18 000 10000

100 40 40 20

100 39 41 20

100 41 38 21

% par rapport aux salariés1

0,9 2,2 0,8 0,5 0.9 2,4 0,8 0,4 1.0 2,1 0,8 0.5

Salariés employés avec un contrat à durée déterminée

Effectifs

296 000 143 000 109 000 44 000

163 000 76 000 62 000 25 000

133 000 67 000 47 000 19 000

100 48 37 15

100 47 38 15

100 51 35 14

% par rapport aux salariés 2

2,2 6,6 1,8 0,8 1,9 6,1 1,6 0,7 2,7 7,2 2,1 1,0

1. Il s'agit du rapport du nombre d'intérimaires à l'ensemble des salariés de la catégorie considérée. Au numérateur comme au dénominateur, sont exclus les salariés de l'État et des collectivités locales.

2. // s'agit du rapport du nombre de salariés employés avec un contrat à durée déterminée à l'ensemble des salariés de la catégorie considérée. Au numérateur comme au dénominateur, sont exclus les salariés de l'État et des collectivités locales.

* A l'exclusion des salariés de l'État et des collectivités locales.

Source : enquête sur l'emploi de 1982.

naîre dans le but de mieux repérer les intérimaires. Aussi la croissance de leur nombre par rapport à l'année précédente n'est-elle pas significative. Le nombre de travailleurs temporaires évalué en avril 1982 atteignait à cette date 122 000.

La pratique du contrat à durée déterminée est assez ancienne, dans les secteurs où l'activité est discontinue ou soumise à des rythmes saisonniers comme l'hôtellerie, l'agriculture ou le spectacle. Mais ce qui est nouveau, c'est que le recours à ce type de contrat s'est diffusé largement dans les années récentes à des secteurs et sur des postes où l'embauche pour une durée indéterminée était auparavant la norme. Une nouvelle question, qui isole les salariés employés avec un contrat à durée déterminée, a donc

été introduite dans le questionnaire. L'enquête d'avril 1982 permet d'estimer qu'à cette date le nombre de personnes employées avec un tel statut s'élevait à 296000 environ, cet effectif n'incluant pas les stagiaires.

Si on le compare aux évaluations tirées d'autres sources, il n'est pas certain que l'effectif d'intérimaires donné par l'enquête ne soit pas encore sous-évalué. Par ailleurs, isoler dans l'enquête les salariés embauchés avec un contrat à durée déterminée donne des résultats un peu approximatifs [3] : certaines situations professionnelles sont assez mal définies, et par conséquent, difficiles à classer. Néanmoins, malgré ces difficultés, l'enquête emploi doit permettre à l'avenir un suivi régulier de la progression des deux formes d'emploi précaires citées.

On observe que le recours au contrat à durée déterminée concerne maintenant un volume de main-d'œuvre beaucoup plus important que l'intérim. Cette situation est relativement récente [3] : elle résulte d'une progression très rapide du nombre de contrats à durée déterminée, liée à la mise en œuvre d'une législation spécifique en 1979. Il est même possible que l'embauche sur de tels contrats se soit substituée pour certains postes à l'emploi d'intérimaires, ce qui expliquerait que depuis 1981 l'activité des entreprises de travail temporaire ait tendance à diminuer. Au début de 1982, des ordonnances ont restreint les possibilités de recours aux contrats à durée déterminée et à l'intérim. Leurs effets pourront être mesurés par l'enquête de 1983.

36

Les jeunes les plus touchés

Au total, d'après l'enquête, intérimaires et salariés avec un contrat à durée déterminée représentent 3,1 % de l'ensemble des salariés (autres que ceux de l'État et des collectivités locales). Si globalement, les formes d'emploi précaires citées concernent une proportion de salariés assez faible, certaines catégories d'actifs sont exposées de manière sélective : c'est le cas notamment des jeunes (tableau 6). Ainsi parmi les salariés âgés de moins de 25 ans, la part de ceux qui occupent en avril 1982 un emploi sous contrat à durée déterminée atteint 6,6 % alors que pour l'ensemble, tous âges confondus, la proportion est de 2,2 %. Pour l'intérim, les chiffres sont de 2,2 % et 0,9 %.

Bien évidemment, à considérer la part des personnes occupant des emplois précaires parmi l'ensemble des salariés, toutes anciennetés dans l'entreprise confondues, on mesure mal l'impact de ces nouvelles formes d'emploi sur les recrutements récents. On peut s'en faire une meilleure idée en se limitant aux salariés qui en avril 1982 avaient été embauchés depuis un an au maximum : la part d'entre eux qui étaient intérimaires, ou employés avec un contrat à durée déterminée s'élevait à 3,9 % et 11,0 %; parmi les jeunes de moins de 25 ans, ces proportions atteignaient 4,1 % et 13,6 %.

Une autre innovation de l'enquête consiste à isoler les stagiaires en entreprise qui sont rémunérés. Les stages en entreprise se sont multipliés au cours de la dernière période. Des mesures gouvernementales prises dans le cadre des Pactes nationaux pour l'emploi ou du Plan « Avenir Jeunes » visaient à favoriser par ce moyen l'insertion des jeunes dans la vie active. L'enquête emploi d'avril 1982 a dénombré 58 000 stagiaires rémunérés classés en actifs occupés, c'est-à-dire ayant travaillé pendant la semaine précédant l'enquête. Certes, il n'est pas sûr que l'on soit en mesure de bien repérer dans l'enquête, tous les stagiaires en entreprise : la distinction entre stagiaires rémunérés et non rémunérés est difficile à établir; beaucoup de stagiaires peuvent se considérer soit comme étudiants soit comme actifs occupés, et se trouvent à la frontière de l'activité et de l'inactivité.

Tout comme l'intérim et les contrats à durée déterminée, les différentes formules de stages concernent une proportion de jeunes relativement élevés : 1,6 % des salariés de moins de 25 ans se déclarent stagiaires alors que dans l'ensemble ce pourcentage n'est que de 0,4 %.

Enfin selon l'enquête, 175 000 jeunes sont apprentis sous contrat, soit 8,0 % des salariés de la classe d'âge considérée; tous ne sont pas assurés de rester dans leur poste à la fin de leur apprentissage.

La notion de durée hebdomadaire du travail

et les réalités qu'elle recouvre

Autre ajout important dans le nouveau questionnaire, la durée hebdomadaire du travail n'est plus seulement connue pour la semaine précédant l'interview. Cette seule observation pouvait en effet être perturbée par divers événements tels que congés, maladies ou stages. Le questionnaire de l'ancienne série d'enquêtes les répertoriait, mais de façon partielle : il était demandé de préciser les raisons

passagères ou durables, avec une priorité pour les premières, d'un horaire inférieur à 45 heures (horaire moyen en 1975). En particulier pour les causes passagères, seules des raisons minorantes étaient citées; les heure» supplémentaires, par exemple, n'apparaissaient pas. En outre, malgré les consignes données aux enquêteurs, il est probable qu'en cas de simultanéité l'enquêté devait avoir tendance

L'ENQUÊTE SUR L'EMPLOI

L'enquête sur l'emploi est réalisée par sondage auprès des ménages; l'échantillon interrogé (60 000 ménages répondant environ) en fait l'une des plus grasses enquêtes de I' IN SEE. Annuelle depuis 1968 (en mars), semestrielle de 1977 à 1981 (mars et octobre), l'enquête a été décalée en avril-mai 1982 au lieu de mars, la réalisation matérielle du recensement ayant conduit à ce report; pour les années 1982 et 1983, il n'y aura pas d'enquête en octobre, en raison de contraintes budgétaires. Afin d'alléger le coût de la collecte, l'enquête est menée comme par le passé, auprès des ménages et non auprès des individus; ce n'est pas nécessairement la personne concernée qui répond au questionnaire, ce peut être une autre personne du ménage; il en résulte, bien entendu, une certaine perte de précision dans les réponses, en particulier sur la situation professionnelle, les horaires de travail, les conditions de la recherche d'emploi, les diplômes, etc. Rappelons également que l'enquête est limitée à l'ensemble des ménages ordinaires; les personnes vivant en collectivités, comme les élèves internes, les militaires du contingent et les jeunes travailleurs vivant en foyer, ne sont en- quêtées que si elles sont rattachées à un ménage ordinaire. De ce fait, l'enquête sous-estime un peu les effectifs de jeunes et d'étrangers, catégories plus souvent touchées que les autres par le chômage, et par les emplois précaires.

LE QUESTIONNAIRE

Après quelques questions préliminaires, notamment la question-filtre sur l'occupation principale à la date de l'enquête (actifs, chômeurs, inactifs — voir fac-similé de la question 8), le questionnaire comporte, comme avant, quatre grandes parties : — la partie A, activité professionnelle principale, pour les personnes ayant un emploi à la date de l'enquête; — la partie 8, consacrée à la recherche d'emploi des chômeurs et de ceux qui cherchent à changer d'emploi; — la partie C, sur la formation et les diplômes; — la partie D, situation un an avant l'enquête, complétée maintenant par deux questions sur l'origine géographique et sociale des personnes interrogées.

POPULATION ACTIVE 6.

37

LES «INSCRITS AUPRÈS DE L'ANPE» D'APRÈS L'ENQUÊTE SUR L'EMPLOI

Grâce notamment à la nouvelle formulation de la question 8 (voir le fac-similé), l'enquête sur l'emploi peut, mieux que par le passé, éclairer la situation de ceux qui se déclarent inscrits auprès de l'Agence nationale pour l'emploi (ANPE) qui ne sont pas classés parmi les chômeurs PS ERE (Population sans emploi à la recherche d'un emploi). D'emblée cependant survient une difficulté : qui comptabilise-t-on à l'enquête comme « demandeurs d'emploi »? Ala question 8, « occupation principale à la date de l'en- quête », l'item proposé est « inscrit au chômage (auprès d'une Agence locale de l'ANPE ou d'un bureau de main-d'oeuvre d'une mairie) »; cette question est complétée par une question analogue (« êtes- vous inscrit auprès d'une Agence locale de l'ANPE ou d'un bureau de main-d'œuvre d'une mairie? » : question 33) posée aux personnes concernées par la partie consacrée à la recherche d'un emploi. Si 1 506 000 personnes seulement déclarent à la question 8 « inscrit au chômage » on compte 1 770 000 personnes « inscrites » en faisant la réunion des inscrits de la question 8 et de ceux de la question 33. Mais ces « inscrits » ne sont pas nécessairement répertoriés à l'ANPE parmi les demandeurs d'emploi en fin de mois (catégorie 1)* ; en effet, en plus des demandeurs d'emploi classés en catégorie 1, l'ANPE recense d'autres catégories de demandeurs, demandeurs d'emploi à temps partiel, ou non durable, demandeurs non disponibles, ou déjà pourvus d'un emploi (catégories 2 à 5). Il y a plus : les personnes qui se déclarent inscrites auprès de l'ANPE dans l'enquête sur l'emploi représentent 4/5 des demandeurs masculins de catégorie 1, mais 103,4 % des femmes recensées comme DEFM. Et l'existence des catégories 2 à 5 n'explique probablement qu'en partie cette distorsion par sexe, qui viendrait aussi du comportement de certaines enquêtées déclarant être « inscrites » pour rendre plus cohérente leur attitude de recherche d'emploi en face de l'enquêteur. Au total, les « inscrits auprès de l'ANPE » d'après l'enquête sur l'emploi constituent une population spécifique, qui se rapproche des DEFM mais ne se confond pas avec eux. Sur les 1 770 000 inscrits d'après l'enquête, 1 388 000 soit 78,4 % sont classés parmi les chômeurs PSERE (79,7 % pour les hommes et 77,8 % pour les femmes). Les autres se répartissent entre : — personnes ayant un emploi à la date de l'enquête (8JL %); près des 4/5* de

ces actifs n'ont qu'un emploi d'attente ou craignent de perdre leur emploi actuel ou occupent un emploi à temps partiel; ce qui explique en partie leur inscription auprès de l'ANPE; — personnes ayant trouvé un emploi qui commence ultérieurement (4,0 %); — personnes ne recherchant pas ou plus d'emploi (2,2 %); il s'agit principalement (3/5') de personnes de 50 ans ou plus, sans doute découragées de rechercher du travail; — personnes cherchant un emploi non salarié (1 %); — enfin, personnes non disponibles pour travailler immédiatement (6,2 %). Les principaux motifs de non-disponibilité sont les congés de maternité puis les difficultés tenant à la garde des enfants et les stages de formation pour les femmes, les stages de formation et les « autres raisons » (longue maladie, accident) pour les hommes. Etant donné la différence, déjà évoquée, entre les DEFM et les « inscrits auprès de l'ANPE » d'après l'enquête sur l'emploi, le rapprochement entre ces chiffres et ceux de l'enquête complémentaire de mars 1977 (portant sur un échantillon de demandeurs d'emploi tiré dans les fichiers de l'ANPE) [4] n'est pas aisé; on remarquera cependant que la part des chômeurs parmi les inscrits n'est pas très éloignée : 78,4 % en 1982 contre 76 % en 1977.

1. Les demandeurs de catégorie 1 sont sans emploi et cherchent un emploi à durée indéterminée et à plein temps; ce sont les seuls à faire actuellement l'objet d'une statistique de stock, les DEFM (demandeurs d'emploi en fin de mois); à la fin d'avril 1982, le nombre des DEFM atteignait 1 928 000. Mais à côté de la catégorie 1 existent d'autres catégories : — catégorie 2 : demandeurs d'emploi à temps partiel; — catégorie 3 : demandeurs d'emploi saisonnier ou temporaire; — catégorie 4 : demandeurs d'emploi non disponibles immédiatement; — catégorie 5 : demandeurs d'emploi pourvus d'un emploi.

• Pour les catégories 2 à 5, seules sont actuellement disponibles des statistiques de demandes enregistrées (flux de nouveaux inscrits au cours d'une^période).

à privilégier les causes durables ua détriment des causes passagères; ainsi un travailleur à temps partiel ayant pris une demi-journée de congé ne citait pas cette dernière. Dorénavant, une série de questions permet de préciser la durée du travail effectué au cours de la semaine précédente, la durée habituelle du travail, si elle existe, et quand ces deux durées diffèrent les causes de la divergence. Ce complément d'information donné par la nouvelle série d'enquêtes n'est pas négligeable. Environ 15 % des salariés ont déclaré avoir un horaire habituel différent de l'horaire déclaré pour la semaine de référence, soit une proportion double de celle des personnes qui en mars 1981 avaient déclaré avoir travaillé moins de 45 heures pour une raison passagère.

Auparavant, une durée « hebdomadaire habituelle » du travail était calculée à partir de la durée effective du travail. Ce calcul n'était pas fait pour les personnes qui avaient travaillé moins de 45 heures pour une raison passagère, toujours minorante comme expliqué ci-dessus. Il ressort de ce qui précède que la méthode actuelle d'observation de la durée habituelle du travail est plus complète, mais introduit une rupture de série. Il ne saurait donc être question de commenter les évolutions entre 1981 et 1982. On ne pourra, en particulier, observer par les enquêtes sur l'emploi l'influence du passage de la durée légale de 40 heures à 39 heures, passage réalisé pour la plus grande part au cours du premier trimestre 1982.

Bien qu'atténuée pour l'avenir, au niveau de l'entreprise, par l'ordonnance de janvier 1982 [5], la notion de durée hebdomadaire habituelle du travail déclarée par les individus conservera un intérêt certain. En avril-mai 1982 elle était de 40,6 heures pour l'ensemble des actifs occupés et de 38,6 heures pour les seuls salariés. Ce dernier chiffre, qui peut paraître à priori faible, s'explique par le fait que le calcul intègre les salariés à temps partiel, les enseignants et les gens de maison.

C'est parmi les non-salariés, agriculteurs, artisans, commerçants, chefs d'entreprises et professions libérales, que les durées habituelles moyennes

38

Tableau 7

Répartition des salariés des entreprises privées et du secteur public selon le type d'emploi (temps complet, temps partiel) et la durée hebdomadaire habituelle pour le temps partiel

Salariés des entreprises privées

dont femmes

Salariés du secteur public 1

dont femmes

Total

11762 000 100,0

4 213 000 100,0

5726 000 100.0

2819 000 100,0

A temps complet

10 915 000 92,8

3 510 000 83.3

5 260 000 91,8

2 415 000 85.7

A temps partiel

Total

847 000 100,0

7,2 703 000 100.0 16,7

466 000 100,0

8,1 404 000 100,0 14,3

Moins de 15 heures

113 000 13.4

100 000 14.2

101000 21.7

89 000 22,0

15 i 29 heures

565 000 66,7

476 000 67.7

282 000 60.5

248 000 61,4

30 heures et plus

169 000 19.9

127 000 18,1

83 000 17,8

67 000 16,6

1. // s'agit du secteur public, tel qu'il était défini avant les dernières nationalisations.

Source : enquête sur l'emploi de 1982.

de travail sont les plus fortes : elles se situent aux environs de 50 heures. Si on se limite aux salariés exerçant une profession de type tertiaire dans une entreprise ou dans la fonction publique, en excluant les enseignants, plus on monte dans la hiérarchie socioprofessionnelle, plus les horaires déclarés sont importants. Enfin, parmi les cadres et les employés, ce sont les professions exercées dans les entreprises qui ont les horaires les plus élevés, professions administratives et commerciales, ingénieurs et cadres techniques.

Par contre, chez les ouvriers, l'horaire est en général voisin de 40 heures sauf pour les chauffeurs routiers et les

ouvriers agricoles dont l'horaire habituel déclaré est voisin de 42 heures.

La connaissance de l'horaire habituel permet également de mieux caractériser l'importance de l'activité à temps partiel. Les proportions de salariés travaillant à temps partiel dans les entreprises privées et dans le secteur public sont proches (respectivement 7,2 % et 8,1 %). Il n'en est pas de même de leur répartition suivant l'horaire de travail. Parmi l'ensemble des travailleurs à temps partiel, la proportion de ceux dont l'horaire est inférieur à 15 heures varie du simple au double : 13,4 % dans le privé, 21, 7 % dans le public; la fréquence importante dans le secteur

public s'explique en partie par la présence d'enseignants et des personnels des collectivités locales (tableau 7).

8,6 % des actifs occupés ont déclaré ne pas avoir d'horaire habituel. Cette irrégularité des horaires est bien caractéristique de certaines catégories socioprofessionnelles; chez les non- salariés, selon les catégories, 1/6 à 1/4 des personnes interrogées n'ont pas déclaré d'horaire habituel. Ces proportions sont également atteintes, voire dépassées par trois catégories de salariés : les professions de l'information, des arts et des spectacles, les policiers et militaires et le clergé qui, par convention, est maintenant classé parmi les salariés.

L'activité des femmes continue de progresser

Les tendances dominantes de l'évolution des taux d'activité se sont maintenues. Malgré un contexte économique défavorable, la progression de

l'activité s'est poursuivie chez les femmes de 25 à 49 ans. De 65,5 % en mars 1981, leur taux d'activité est passé à 67,4 % en avril 1982 (tableau 8).

La hausse atteint donc 1,9 point : ce chiffre est supérieur à l'accroissement annuel moyen observé depuis 1975, année depuis laquelle ce taux est calculé selon les normes du Bureau international du travail.

La baisse des taux d'activité aux âges élevés s'est poursuivie. Cet avancement progressif de l'âge de départ

POPULATION ACTIVE 39

Tableau 8

Évolution des taux d'activité par âge *

%

Age atteint au 31 décembre 1982

15 à 19 ans 20 à 24 ans 25 à 49 ans « 50 à 54 ans 55 à 59 ans 60 ans et plus

Ensemble

Avril 1975

Hommes

28,8 71,6 96,7 93,5 83,3 26,1 71,2

Femmes

23,4 67.4 58,3 52.2 43,5 11,4 41,9

Mars 1979

Hommes

24,6 71,0 96,8 92,9 82,3 16,1 69,9

Femmes

19,8 68,5 63,8 53,1 45,9 7,4

43,7

Mars 1981

Hommes

22,4 68,8 96,7 92,4 79,5 16,5 69,1

Femmes

17,1 66,9 65,5 56.7 46.6

7,6 44,2

Avril 1982

Hommes

22,4 69,1 96,7 91,4 75,6 15,8 68,5

Femmes

16,7 67,2 67,4 57,2 45,8 7,2

44,8

* Le taux d'activité est égal à la proportion d'actifs (actifs occupés + chômeurs) dans l'effectif total. Contrairement à ce qui était fait précédemment, les militaires du contingent n'ont pas été ajoutés aux actifs. Source : enquête sur l'emploi de 1982.

à la retraite a été favorisé par des dispositifs conventionnels nationaux (garantie de ressources, allocations spéciales du Fonds national de l'emploi), ainsi que par les accords d'entreprises passés dans certaines branches. Une enquête réalisée par le ministère du Travail sur les sorties d'activité en 1981 [6] indique que les deux tiers des départs en retraite ou préretraite sont le fait des dispositifs conventionnels ou des accords d'entreprise cités ci-dessus.

Par contre, la tendance à la baisse des taux d'activité des jeunes marque un arrêt. Trois raisons peuvent

quer ce phénomène. Il s'agirait tout d'abord d'un phénomène de rattrapage, consécutif à la chute accélérée des taux d'activité des jeunes observée sur la période allant de mars 1980 à mars 1981 : des jeunes avaient, à l'époque, retardé leur sortie du système scolaire ou suivaient des stages de formation du Pacte national pour l'emploi. lis ont depuis lors trouvé un emploi ou sont en chômage, et sont comptés dans la population active. Une évolution semblable s'était produite entre mars 1978 et mars 1979, également après une forte chute des taux d'activité au cours de la période

précédente. En second lieu, par rapport aux enquêtes précédentes, celle de 1982 s'est déroulée six semaines plus tard et s'est poursuivie un peu plus longtemps; il est probable qu'un nombre plus important de stagiaires du Plan Avenir Jeunes avaient déjà achevé leur stage à la date de l'enquête et occupaient un emploi ou en recherchaient un. Il est enfin possible que le changement de questionnaire ait entraîné une légère rupture de série aux âges concernés; les stagiaires rémunérés en entreprise sont maintenant explicitement classés comme actifs.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1J « Les catégories socioprofessionnelles et leur repérage dans les enquêtes », Archives et documents, n° 38, INSEE.

[2] P. Laulhe : « Population active et chômage en mars 1981 », Économie et statistique, n° 137, octobre 1981.

[3] N. Coëffic : « L'ampleur des emplois précaires », Économie et statistique, n° 147, septembre 1982.

[4] « L'enquête emploi de mars 1977 confirme la montée du chômage », Économie et statistique, n° 92, septembre 1977

[5] O. Marchand : « D'un choc pétrolier à l'autre : le point sur le chômage », Économie et statistique, n° 147, septembre 1982.

[6] G. Magnier : « Les sortie de la vie active en 1981 », Statistiques du travail, n° 95, 1982.

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