education comparée portugal - université de fribourg - … · 2015-05-27 ·...
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Master 2014-‐2015
Education comparée : approche thématique
Christophe Baechler
Allison Lanz
Sébastien Riedo
Céline Savarioud
Le Portugal
Table des matières
Introduction ...................................................................................................................................... 1
1 Choix du thème .......................................................................................................................... 1
2 Système éducatif portugais ................................................................................................... 2
3 Evolution de 1974 à aujourd’hui : l’influence des tests PISA ..................................... 4
4 Fréquentation et abandon scolaires .................................................................................. 6
5 Redoublement et aide accordée aux élèves ..................................................................... 8
5.1 En cas d’échec scolaire .................................................................................................................. 9 5.2 Pourquoi tant de moyens mis en œuvre ? .............................................................................. 9
6 « Nouvelles opportunités » : diplôme pour adultes ................................................... 10
Conclusion ...................................................................................................................................... 13
Bibliographie ................................................................................................................................. 14
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Introduction Ce travail présente le système éducatif portugais dans sa globalité ainsi que certaines de
ses particularités. Dans un premier temps, nous allons justifier le choix du Portugal pour
ce travail d’éducation comparée. Ensuite, nous présenterons la structure du système
scolaire portugais. Dans un troisième temps, nous développerons quelques spécificités
du pays telles que l’évolution de 1974 à aujourd’hui, la fréquentation et l’abandon
scolaires, le redoublement et l’aide apportée aux élèves, ainsi que les « Nouvelles
Opportunités » proposées aux adultes souhaitant reprendre des études de base.
1 Choix du thème
En tant que futurs enseignants au secondaire I dans les Cycles d’Orientation
fribourgeois, il nous est apparu comme une évidence de choisir le Portugal pour ce
travail d’éducation comparée. La raison est simple : la majeure partie des classes dans
lesquelles nous enseignerons comportera des élèves d’origine portugaise. En effet, après
la Suisse, le Portugal est le pays le plus représenté dans les écoles fribourgeoises, devant
les pays d’Ex-‐Yougoslavie, la France et l’Italie. Durant l’année scolaire 2013-‐2014, les
adolescents originaires du Portugal représentaient le 9,1% des élèves au Cycle
d’Orientation, par rapport au 78,1% venant de Suisse, 1,3% d’Ex-‐Yougoslavie, 1,7% de
France, 0,8% d’Italie, 0,6% d’Allemagne et 7,4% d’autres pays (Etat de Fribourg - SStat,
2015).
Un approfondissement de nos connaissances dans le scolarité au Portugal ne nous sera
certes pas forcément utile vis-‐à-‐vis des élèves d’origine portugaise qui, établis en Suisse
depuis longtemps -‐ voire toujours -‐ ne sont pas concernés par le système portugais.
Cependant, nous y trouverons un avantage lors de nos échanges avec les parents de
ceux-‐ci, habitués au système de leur pays, ainsi qu’avec les élèves nouveaux arrivants.
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2 Système éducatif portugais
Au Portugal, l’éducation est gérée par le Ministère de l’éducation et des sciences et
financée par le gouvernement. Selon le site Eurydice (Eurydice, 2015), l’école obligatoire
est d’une durée de 12 ans, allant de l’âge de 6 à 18 ans. Le tableau suivant représente le
système éducatif portugais, divisé en quatre niveaux séquentiels : le primaire,
comportant trois cycles, et le secondaire.
Education pré-‐primaire (pas obligatoire)
“Cycle 0“ 3-‐6 ans 20-‐25 élèves
Education primaire (obligatoire)
Cycle 1 (4ans)
1ère 2ème 3ème 4ème
6-‐10 ans max. 26 élèves 5h obligatoire par jour : 3h matin + 2h après-‐midi 09 :00-‐16 :00 22,5-‐25 heures/semaine
Cycle 2 (2 ans) 5ème 6ème
10-‐12 ans 26-‐30 élèves env. 23 heures/semaine
Cycle 3 (3 ans) 7ème 8ème 9ème
12-‐15 ans à secondaire I
26-‐30 élèves env. 26 heures/semaine en 7ème env. 25 heures/semaine en 8-‐9ème
Education secondaire (obligatoire)
“Cycle 4“ (3 ans) 10ème 11ème 12ème
15-‐18 ans à secondaire II
26-‐30 élèves
env. 27 heures/semaine en 10ème env. 27 heures/semaine en 11ème env. 18 heures/semaine en 12ème
Ecole primaire
Au cycle 1, l’enseignant est un “enseignant généraliste“ mais peut toutefois être assisté
pour certaines matières. Les branches sont le portugais, les mathématiques (chacune
étant enseignée 7 heures par semaine), les sciences, l’histoire, la géographie et la
religion. Les élèves bénéficient également d’activités d’enrichissement au plan d’études
et de soutien scolaire. Les notes sont intégrées dès la 4ème année et vont de 1 à 5, 3 étant
la moyenne.
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Au cycle 2 et 3, les branches sont regroupées selon un type de discipline et pour chacun
des types, il y a un enseignant spécialisé. Aux branches du cycle 1 s’ajoutent l’anglais,
l’art, la musique et l’éducation physique lors du cycle 2, ainsi qu’une deuxième langue
étrangère (français, allemand ou espagnol) et la physique lors du cycle 3.
Ecole secondaire I (lower-‐secondary)
A l’école secondaire, les notes vont de 0 à 20. Pour réussir la dernière année d’école
secondaire, les élèves doivent avoir pour chaque branche une moyenne minimum de 10.
Ils reçoivent un diplôme qui n’est toutefois pas réellement nécessaire pour accéder au
secondaire II puisque celui-‐ci est obligatoire.
Ecole secondaire II (upper-‐secondary)
L’école secondaire est organisée sous deux axes ayant différents buts : permettre aux
élèves d’accéder à des études supérieures ou les préparer à la vie active. Les élèves ont
le choix entre trois filières:
• Les cours scientifiques-‐humanistiques, destinés aux élèves voulant faire des
études supérieures
• Les cours artistiques spécialisés, débouchant soit sur des hautes études, soit
sur la vie active
• Les cours professionnels et vocationnels, destinés aux élèves entrant
prochainement dans la vie active. Ils recouvrent de nombreux domaines
professionnels (architecture, ingénierie, sports, loi, électricité, hôtellerie,
marketing, santé, etc.)
Il existe aussi des “classes d’éducation récurrente“, permettant aux adultes n’ayant pas
terminé leur scolarité de reprendre un cursus de formation. Ce point sera développé
ultérieurement (Eurydice, 2015).
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3 Evolution de 1974 à aujourd’hui : l’influence des tests PISA
Sous le régime de Salazar jusqu’en 1974, l’accès aux différentes formations
universitaires est limité pour les familles de faible niveau socio-‐économique. Par contre,
de nombreuses écoles de niveaux primaires fleurissent à travers le Portugal, ce qui
permet d’augmenter le taux d’alphabétisation (Candeias & Simões, 1999). La structure de
la loi de 1986 fixe la base des principes de l’éducation actuelle au Portugal. Dans les
années 90, des réformes des plans d’études et des programmes d’enseignement sont
progressivement mises en place :
« Le système d’enseignement a fait l’objet d’une réforme structurelle qui s’est développée autour d’un grand nombre d’aspects. Ils ont concerné les enseignants, à travers la revalorisation salariale, la révision de la structure de la carrière d’enseignant, et les programmes de formation continue. Ils ont aussi concerné les établissements à travers l’introduction d’un nouveau modèle de gestion, et une nouvelle structure des écoles de base et des écoles secondaires. En outre on a assisté à la diversification de l’enseignement technique et industriel. Toutefois, l’une des composantes fondamentales de la réforme a été la révision des plans d’études et des programmes d’enseignement. » (UNESCO-IBE, 2006/07, pp. 1-2)
Un portrait de ces années de restructuration et d’évolution est dressé dans le rapport
sur l’éducation pour Tous sur le Portugal (UNESCO, 1999). Les objectifs fixés dans celui-‐
ci visent à promouvoir une « éducation de qualité pour tous » en agissant sur
l’enseignement de base à court, moyen et long terme. « Il s’agit, en somme, d’un parcours
progressif, mais soutenu, qui considère l’éducation comme un facteur de cohésion sociale,
une condition pour le développement et le progrès du pays, à travers une citoyenneté
active, participative, responsable et solidaire » (UNESCO, 1999).
Dans les années 2000, l’apparition des tests PISA met le Portugal face à la réalité de ses
lacunes concernant l’enseignement. Malgré des efforts fournis pour tenter d’actualiser le
système d’éducation mis en place, le Portugal garde ses moyennes bien en dessous de la
moyenne de l’OCDE. Pendant près de 10 ans, le Portugal a des résultats relativement
faibles aux tests PISA. Pour la première fois en 2009, les résultats de ce pays se
rapprochent de la moyenne européenne, comme le montre le graphique de la Figure 1 à
la page suivante (OECD, 2015, p. 32).
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Parmi les raisons expliquant cette évolution, il y a le soutien apporté aux élèves faibles,
l’augmentation de l’effectif des élèves fréquentant l’école secondaire et les
investissements fait par le gouvernement dans les écoles afin de les fournir en matériel
technologique. Ce choc amené par les tests PISA a donné l’impulsion au gouvernement
portugais de lancer diverses réformes permettant de développer les capacités des élèves
dans leur scolarité (Brandou, 2010). La formation des enseignants a également été
modifiée comme peut le témoigner l’organe d’évaluation créée en 2004 (UNESCO-IBE,
2006/07). L’OCDE a publié un rapport (OECD, 2015) allant dans le même sens que ces
observations : le Portugal a fait de grands efforts pour renforcer la qualité et l’équité
dans son système éducatif, mais il doit poursuivre ses efforts en développant
notamment plusieurs axes. Même si la performance des élèves portugais s’est nettement
améliorée comme le témoignent les derniers résultats PISA de la Figure 1, celle-‐ci
demeure en dessous de la moyenne de l’OCDE. Le niveau socio-‐économique continue
d’avoir un impact significatif sur leur performance. Le Portugal enregistre un nombre
élevé de décrochage scolaire et le redoublement est encore trop souvent utilisé. L’OCDE
propose de mettre l’accent sur les compétences scolaires et émotionnelles, d’améliorer
les conditions pour le développement professionnel des enseignants et de renforcer les
pratiques d’évaluation formative. Ces efforts sur l’éducation devraient développer
également d’autres compétences comme la compétitivité, la création, l’innovation, le
taux de chômage et bien d’autres encore. Grâce à ce plan d’action, l’OCDE voit un grand
potentiel dans cette nation (OECD, 2015).
Figure 1 : Performance moyenne PISA : OCDE et Portugal
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4 Fréquentation et abandon scolaires
Parmi les pays européens, le Portugal possède en 2010 le taux le plus bas d’adultes
ayant atteint au minimum un degré de scolarité secondaire II, soit environ 15% des 55-‐
64 ans et environ 50% des 25-‐34 ans (Figure 2). Pour ce qui est de l’obtention d’un
diplôme au niveau tertiaire (Figure 3), le Portugal est également classé très bas parmi
les pays de l’OCDE en 2010. Cependant, les améliorations que le Portugal a amenées
dans son système éducatif ces dernières années ont considérablement modifié le taux de
fréquentation de l’école. Sur la Figure 2 ci-‐dessous, on remarque une nette augmentation
(environ 35%) de la fréquentation du secondaire II dans la génération des 25-‐34 ans.
Alors que moins de 10% des 55-‐64 ans est diplômé d’une haute école (Figure 3), la
génération des 25-‐34 ans a fait grimper le taux en dessus de celui des Italiens, des
Autrichiens et des Tchèques.
Figure 2 Population ayant atteint au minimum un degré de scolarité secondaire II en 2010 : (OCDE, 2012)
Figure 3 Population ayant atteint un degré de scolarité tertiaire en 2010. (OCDE, 2012)
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La raison pour laquelle un très faible taux de Portugais ont jusqu’ici obtenu un diplôme
est l’abandon massif des élèves avant la fin de leur scolarisation ou de leur formation.
En 2002 encore, 45% de la population met un terme à son éducation ou sa formation de
manière prématurée. Au début des années 2000, le Portugal entreprend plusieurs
réformes qui visent à élever le niveau de qualification des Portugais. En améliorant le
système éducatif, en allongeant l’école obligatoire de 9 à 12 ans et en mettant en place
un seuil de qualification permettant d’entrer dans le marché du travail avec un niveau
de formation reconnu, le Portugal encourage vivement la nouvelle génération à
poursuivre ses études ou sa formation jusqu’au bout (de Bouttemont, 2003).
La graphique de la Figure 4 représente le taux de la population ayant quitté l’école et la
formation de manière précoce. Entre 2002 et 2014, l’amélioration est drastique, passant
de 45 à 17,4%.
Figure 4 : Jeunes ayant quitté prématurément l'éducation et la formation au Portugal. (Eurostat, 2015a)
Si l’on compare avec le reste de l’Europe, le Portugal était il y a une dizaine d’années un
des pays avec le plus grand pourcentage d’arrêts prématurés en éducation et formation,
devant l’Espagne et Malte. Au fil des années, la population interrompant ses études a
diminué et en 2014, le Portugal se situe après l’Espagne, Malte, la Roumanie, la Turquie
et l’Islande.
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Pays \ Année 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014
UE (28 pays) 17 16 15,3 14,6 13,9 12,6 11,1
France 13,4 12,1 12,4 11,5 12,5 11,5 8,5
Suisse 6,7 9,5 9,6 7,7 6,6 5,5 5,4
Portugal 45 39,3 38,5 34,9 28,3 20,5 17,4
Espagne 30,9 32,2 30,3 31,7 28,2 24,7 21,9
Malte 53,2 49,9 32,2 27,2 23,8 21,1 20,4
Figure 5 : Jeunes ayant prématurément quitté l'éducation et la formation dans divers pays de l'Europe (Eurostat, 2015b)
Le Portugal a fait des progrès considérables en ce qui concerne l’abandon scolaire ces
dernières années. Néanmoins, le pays reste toujours au-‐dessus de la moyenne de l’OCDE.
Le Portugal fait partie des pays de l’OCDE qui, pour 2020, se sont fixé pour objectif
d’atteindre un taux d’abandon scolaire de 10%. Si le pays continue sur sa lancée et
s’appuie sur des programmes contre l’échec et l’abandon scolaire, il a des chances d’y
parvenir (OECD, 2015, p.35).
5 Redoublement et aide accordée aux élèves
A l’école primaire, les branches principales sont les mathématiques et le portugais. Dès
lors, pour pouvoir passer une année scolaire, il faut impérativement avoir au maximum
deux moyennes insuffisantes et une seule dans les branches principales. Si ces dernières
devaient s’avérer les deux insuffisantes, quand bien même les autres moyennes sont
excellentes, l’élève refait son année (de Sousa Santos, 2015).
Pour calculer une moyenne, les enseignants portugais prennent en compte les
évaluations sommatives passées durant l’année. Un petit pourcentage réservé aux
devoirs, au comportement et à l’assiduité des élèves vient la compléter (de Sousa Santos,
2015).
De même, à la fin de chaque cycle du primaire (à savoir la 4ème, la 6ème et la 9ème), les
élèves doivent passer des examens récapitulatifs en mathématiques et en portugais. Ces
examens sont très importants et comptent pour 30% dans leur moyenne annuelle (de
Sousa Santos, 2015).
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5.1 En cas d’échec scolaire
Tout d’abord, il est à noter que la toute première année scolaire ne peut pas être
redoublée, à moins d’avoir manqué beaucoup d’heures durant celle-‐ci (Eurydice, 2011).
Pour les autres années, lorsque l’élève ne remplit pas les conditions de promotion,
plusieurs personnes statuent sur son cas selon le cycle dans lequel il se trouve. En effet,
l’enseignant généraliste (cycle 1) ou le conseil municipal (2 et 3ème cycle) prévoient un
plan d’action doté de stratégies à mettre en œuvre pour soutenir l’apprentissage de
l’élève et éviter le redoublement, notamment par l’intermédiaire de cours de soutien
dans les branches qui posent problème (Eurydice, 2011).
De même, à la fin des deux premiers cycles (4ème et 6ème années), pour les élèves en
situation d’échec scolaire, il y a possibilité de faire un mois supplémentaire d’école avec
son enseignant avant de se présenter aux examens de fin de cycle. Ce mois de rattrapage
est dispensé par l’enseignant de l’élève en difficulté (Eurydice, 2011). Ainsi, au lieu de
terminer les cours en début juin et d’avoir lesdits examens mi-‐juin, le tout est déplacé au
mois de juillet. Il est également possible pour les élèves en fin de cycle en situation
d’échec scolaire de passer des examens dans leurs branches insuffisantes pour remonter
leur moyenne avant de se présenter aux examens de mathématiques et de portugais (de
Sousa Santos, 2015).
5.2 Pourquoi tant de moyens mis en œuvre ?
Avant la réforme scolaire portugaise, le pourcentage de redoublants était très haut (en
2012, 34% des élèves ont redoublé au moins une fois, 12% en moyenne pour le reste
des pays de l’OCDE) (Eurydice, 2011, p. 36). Cela posait un réel problème, car redoubler
coûte extrêmement cher au Portugal. En effet, que ce soit pour l’Etat (qui préférerait
investir cet argent dans des cours d’appui ciblés pour les élèves en difficulté) ou pour les
familles (tout le reste est à leurs frais : fournitures, livres…), faire redoubler un élève est
un investissement qui convainc très peu (Eurydice, 2011, p. 36). De ce fait, il est
inévitable de voir un accroissement des disparités socio-‐économiques (Eurydice, 2011,
p. 36), ce que le Ministère de l’éducation essaie de résorber grâce à ces mesures. Et les
résultats sont probants. En effet, le taux d’élèves redoublants est en chute libre depuis
quelques années (baisse de 38%) (Lobo, 2011). De l’autre côté, outre ces mesures pour
aider les élèves, le Ministère de l’éducation fait son maximum pour que le redoublement
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soit le moins utilisé possible. Une pression est mise sur les enseignants pour qu’ils
évitent d’utiliser cette « méthode » à tout va. Il leur est notamment demandé beaucoup
de justificatifs pour faire refaire une année à un élève. Dès lors, ils préfèrent éviter d’en
arriver là. Il semblerait même que le Ministère de l’éducation voudrait complètement
supprimer les redoublements tout prochainement (de Sousa Santos, 2015).
6 « Nouvelles opportunités » : diplôme pour adultes
L’initiative « Nouvelles Opportunités », en portugais Novas Oportunidades, a été lancée
en 2005 conjointement par le Ministère de l’éducation et le Ministère du travail et de la
solidarité sociale. Ce processus a permis de mettre en place un système de
reconnaissance, de validation et de certification des compétences (RVCC).
L’objectif de cette initiative est de « reconnaître et d’accréditer les acquis de
l’apprentissage antérieur et d’améliorer les compétences des adultes pour les porter à un
niveau de qualification équivalent au secondaire » (UNESCO - UIL, 2010/13). Autrement
dit, c’est un plan stratégique élaboré par le gouvernement pour augmenter, dans la
population, le nombre de personnes ayant les compétences du secondaire et ainsi
permettre au Portugal de recoller à la moyenne européenne dans ce domaine.
D’après Caramelo et Santos (2014), ce programme public vise exclusivement les
personnes adultes à faible niveau de qualification. Les prévisions initiales instaurées par
le gouvernement prévoyaient de toucher un million de Portugais, soit 10% de la
population nationale.
L’aspect financier d’un tel projet est non négligeable. En effet, il a fallu construire des
centres de formation et trouver du personnel encadrant ces lieux. Le Portugal a été aidé
par le Fonds social européen. Six ans après le lancement de l’initiative, le Portugal
comptait 428 centres de formation labellisée « Nouvelles Opportunités », ce qui ouvrait
la porte à 9000 collaborateurs pédagogiques.
Voici un graphique comparant l’évolution du nombre d’inscriptions au secondaire, ainsi
que l’évolution du nombre de certifications entre deux périodes : avant (2000-‐2005) et
après (2006-‐2010) l’initiative « Nouvelles Opportunités ».
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On constate une nette progression d’inscriptions et de certifications dans la période
2006-‐2010. L’objectif visant un million de Portugais a été atteint par le nombre
d’inscriptions. Mais, nous remarquons également que seulement un tiers des personnes
inscrites ont finalisé leur formation par une certification.
La promesse du programme reposait principalement sur les besoins des apprenants en
respectant leur mode de vie. Ce programme valorise les préconnaissances des
apprenants, améliore leur compétence initiale, fait le lien avec la vie professionnelle et la
perspective future de trouver du travail.
Après quelques années, le Portugal ne compte plus que 200 centres, cette baisse
d’établissements de quasi-‐moitié est principalement due à :
-‐ la pression des résultats en terme de personnes finissant leur certification
-‐ la proximité entre les différents centres créant une compétition entre ceux-‐ci.
Finalement, en mars 2013, le programme sous l’appellation « Nouvelles Opportunités »
interrompait son activité laissant la place aux centres de qualifications et formation
professionnelles (CQEP). Les raisons ne sont pas totalement claires, mais nous
supposons que les éléments suivants ont contribué à l’extinction du programme :
-‐ le changement de gouvernement en 2011
-‐ la crise économique
-‐ les contradiction dans le processus (un temps de formation court, des objectifs
élevés, l’obtention d’un certificat).
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Dans un premier temps, l’initiative « Nouvelles Opportunités » a rencontré beaucoup de
succès, les chiffres présentés ci-‐dessus l’attestent. Par la suite, cette initiative a été
victime de son succès, ceci a affaibli considérablement le processus de formation et a
atteint son image auprès de la population. Finalement, elle s’est effondrée sous l’effet de
décisions politiques, économiques et sociales (Santos, 2013).
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Conclusion
Comme nous l’avons vu à plusieurs reprises, le Portugal a fait des efforts considérables
pour améliorer son système éducatif. Les résultats témoignent de l’efficacité des
mesures prises tout au long de ces dernières années. Nous avons remarqué néanmoins
que de nombreuses lacunes persistent encore et que le Portugal reste en dessous de la
moyenne de l’OCDE. Que ce soit au niveau des performances (PISA), de l’abandon, de
l’échec ou du redoublement scolaires, le pays doit encore déployer de nouvelles
stratégies pour y faire face. Dans son rapport, l’OCDE propulse le Portugal bien au-‐
dessus de la moyenne de l’OCDE pour l’horizon 2034. Ces prévisions positives tiennent
compte de changements radicaux dans différents domaines liés à l’éducation. Nous
l’avons vu, tout au long du texte, la structure du système éducatif portugais reste jeune
et le Portugal a toujours mis en œuvre des modifications en vue de son amélioration.
Grâce à ce travail, nous avons également pu découvrir un système différent du nôtre qui
tente de lutter contre les insuffisances en faisant des progrès remarquables. Les élèves
migrants issus de cette population ont connu ces changements et les parents de ces
élèves ont, pour leur part, vécu « une autre école ». A nous de situer les différents
systèmes afin de pouvoir leur expliquer le système suisse en toute connaissance de
cause.
14
Bibliographie Brandou, M. (2010, décembre 28). PISA 2009 et les pays qui réussissent : comment font-‐ils ? Consulté le mai 16, 2015, sur Education / Recherche: http://www.desideespourdemain.fr/index.php/post/2010/12/28/604-‐pisa-‐2009-‐et-‐les-‐pays-‐qui-‐reussissent-‐comment-‐font-‐ils#.VVdpkWAYKEs
Candeias, A., & Simões, E. (1999). Alfabetização e escola em Portugal no século XX: Censos Nacionais e estudos de caso. Análise Psicológica , XVII, pp. 163-‐194.
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de Bouttemont, C. (2003). Portugal : réorganisation de l’enseignement et décentralisation. Consulté le mai 16, 2015, sur Revue internationale d’éducation de Sèvres : http://ries.revues.org/1560
de Sousa Santos, I. (2015). Interview avec une citoyenne portugaise dont le fils est actuellement en 4ème année au Portugal. (A. Lanz, Intervieweur)
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Lobo, A. (2011). Au Portugal : l'éducation bouge. Cahiers pédagogiques .
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15
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