dos à dos. proyecto de creación condicionada. parte primera

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Proyectoi artístico de grupo, mediante procesos de cración condicionada que relacionan prácticas de escritura descriptiva con la capacidad de las artes plásticas para concretar lo imaginario

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Editeurs|Editores : Víctor Borrego, Sophie AlbertDessin et maquettage|Diseño y maquetación: Rocío LaraImpression | Impresión: Agence Repronumérique, Issy-les-MoulineauxISBN 978-2-7466-8148-4Depôt légal | Depósito Legal: juin 2015 | junio 2015

Université Paris-SorbonneUniversidad de Granada

Próject de création conditionnéeProyecto de creación condicionada

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INTRODUCTION

Ce projet est né de la surprise que suscitent l’opacité des objets, leur résistance à toute assimilation de la part du spectateur et les incessantes évoca-tions et errances auxquelles peut mener leur observation attentive. Il a également surgi de la volonté de permettre à des jeunes d’aujourd’hui de s’approprier des objets et des mots venus d’autrefois et d’ailleurs, en les incorporant par l’écriture, par la lecture et par l’image. Percevoir un objet suppose de le fantasmer, de déplier des existences parallèles, de le cristalliser dans des associations et des substitutions multiples. Nous nous sommes proposé de suivre la trace de ces duplications, depuis la réception, la transformation et la mise en récits de dix objets du musée de Cluny par des étudiants-écrivains, jusqu’à leurs diverses recréations visuelles. À travers un jeu de transferts entre le mot et l’image, ce parcours nous a conduits de Paris à Grenade, où il a impliqué un collectif de plus de 45 artistes plasticiens dont les contributions ont convergé dans une œuvre unique. Les objets du musée, par le biais de ces réappropriations successives, ont été à la fois reliques du passé et germes de l’œuvre en devenir.

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INTRODUCCIÓN

Este proyecto surge del asombro ante la opacidad de los objetos, su resistencia a ser asimilados por el espectador y las continuas evocaciones y extravíos que puede llegar a provocarnos su atenta observación. Nace también de la voluntad de permitir a jóvenes de hoy apropiarse objetos y palabras pro-cedentes de otras épocas y de otros lugares, incoporándolos por la escritura, la lectura y la imagen. Percibir un objeto supone fantasearlo, desplegar otras existencias para-lelas, demorarlo en sus múltiples asociaciones y suplantaciones. Nos propu-simos seguir el rastro de estas duplicaciones: desde la recepción, la transfor-mación y la puesta en relatos de 10 objetos procedentes del museo de Cluny por parte de estudiantes-escritores, hasta sus múltiples recreaciones visuales a través de un juego de transferencias entre la palabra y la imagen que nos ha llevado de París a Granada, implicando a un colectivo de más de 45 artistas plásticos confluyendo en una única obra. Los objetos del museo, mediante esas reapropiaciones succesivas, se hicieron a la vez reliquias del pasado y semillas de la obra en marcha.

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DOS À DOS, PARIS - GRENADE

Les textes qui ont servi de base au projet « Dos à dos » ont été composés dans le cadre d’un TD de Licence 3 intitulé « Penser la littérature médiévale », qui prend place dans le parcours Lettres, Edition, Média, Audiovisuel (LEMA) de Paris-Sorbonne. L’enseignante, Sophie Albert, a d’abord proposé aux étudiants la lecture de tex-tes théoriques, lyriques et narratifs autour des conceptions médiévales des cinq sens. L’étude portait notamment sur le De natura et dignitate amoris (1121-24) de Guillau-me de Saint-Thierry, qui relie le schéma des cinq sens aux catégories chrétiennes de l’amour, et sur plusieurs extraits du Roman de la Rose de Guillaume de Lorris et Jean de Meun, parmi lesquels un vaste développement sur la dimension fallacieuse des phé-nomènes optiques et des miroirs. Il s’agissait de montrer comment la poésie et le récit courtois réinterprètent, voire inversent les valeurs que les textes cléricaux accordent aux cinq sens. Le 15 octobre 2014, les étudiants faisaient une visite guidée et commentée au musée national du Moyen Age – Musée de Cluny. Ils avaient reçu préalablement une consigne : prêter une attention particulière aux objets traitant des thèmes ou des schè-mes du double, des cinq sens et du vêtement. Pour la séance suivante, chaque étudiant devait sélectionner, à partir de la page internet du musée ou de la visite proprement dite, quelques objets des collections, et préparer un mini-exposé oral présentant ces objets à la lumière de ces mêmes thématiques. A la fin de cette séance commençait un atelier d’écriture avec la consigne sui-vante : choisir et décrire un objet du musée (ou un objet inspiré de ceux du musée) à la première personne, dans un contexte réaliste ou fictif ; la description devait obligatoire-ment mobiliser au moins deux sens, c’est-à-dire la vue et un autre sens ; elle devait par ailleurs évoquer ou convoquer soit le thème du vêtement, soit celui du double. Après révision et correction, dix textes ont été traduits en espagnol et envoyés à Victor Borrego. Quant à la «bande son» des vidéos, elle a été réalisée grâce à la participation de l’atelier Sorbonne Sonore, qui offre aux étudiants une formation à la lecture à voix haute. Quatre étudiants de l’atelier ont enregistré les textes avec l’aide d’Olivier Jac-quet, responsable technique du Service Culturel, dans un studio mis à disposition par l’université.

SOPHIE ALBERT

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DOS À DOS, PARÍS - GRANADA

Los textos que han servido como base para el proyecto « Dos à dos » fueron compuestos en el marco de un curso de Licenciatura 3º, « Pensar la literatura medieval », que forma parte de un recorrido « Letras, Edición, Media, Audiovisual » (LEMA) de Paris-Sorbonne. La profesora, Sophie Albert, empezó proponiendo a los estudiantes leer unos textos teóricos, líricos y narrativos alrededor de las concepciones medievales de los cinco sen-tidos. El estudio se había enfocado en el De natura et dignitate amoris (1121-24) de Gui-llaume de Saint-Thierry, que relaciona el esquema de los cinco sentidos con las categories cristianas del amor, y en varios extractos del Roman de la Rose de Guillaume de Lorris y Jean de Meun, en los cuales se muestra un largo desarrollo sobre el valor engañoso de los fenómenos ópticos y de los espejos. Se trataba de estudiar cómo la poesía y la narrativa cortés re-interpretan, hasta invertirlos, los valores que los textos clericales dan a los cinco sentidos. El 15 de octubre de 2015, los estudiantes fueron a visitar el museo nacional de la Edad Media – Museo de Cluny, con comentarios explicativos sobre las obras y su contexto. Habían recibido previamente una consigna: dar especial atención a objetos que tratan de los temas o de los esquemas de lo doble, de los cinco sentidos y de la ropa. Para la clase siguiente, cada estudiante debía seleccionar, a partir de la página web del museo o de la propia visita, algunos objetos de las colecciones, y preparar un mini-discurso oral presen-tando esos objetos a la luz de dichos temas. Al final de la clase comenzó un taller de escritura con esta consigna: elegir un solo objeto y describirlo (o describir un objeto inspirado por él) en primera persona, en su contexto realista o ficticio; la descripción debía obligatoriamente reclamar por lo menos dos sentidos, o sea otro sentido además del de la vista ; debía también evocar o convocar o bien el tema del doble, o bien el de la ropa. Después de ser revisados y corregidos, diez textos fueron traducidos al español y enviados a Víctor Borrego. En cuanto al fondo sonoro de los vídeos, fue realizado gracias a la participación del taller Sorbonne Sonore, que ofrece a los estudiantes una formación de lectura en voz alta. Cuatro estudiantes grabaron los textos con la ayuda de Olivier Jacquet, responsable técnico del Servicio Cultural, en un estudio del cual dispone la universidad.

SOPHIE ALBERT

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DOS À DOS, GRENADE-PARIS À partir des textes, nous devions à Grenade poursuivre la dérive, en reconvertissant les mots en images.La première phase a consisté à transformer les récits en scénarios visuels sans altérer les textes. Pour ce faire, nous les avons divisés en sections auxquelles nous avons donné une durée équivalente à celle de la lecture de chaque fragment en français. De cette manière, l’ensemble du texte pouvait être interprété comme la description de scènes susceptibles d’être mises en images et filmées. Il s’agissait alors d’expérimenter le potentiel des mots à évoquer des images différentes chez chaque lecteur. Nous avons à cet effet décidé de dupliquer chacun des dix scénarios pour obtenir deux versions distinctes, qui pourraient ensuite être comparées l’une à l’autre. Il était indispensable que les participants ignorent le travail que les autres équipes étaient en train de réaliser ; il fallait surtout éviter tout contact entre les équipes «jumelles». Dans cette perspective, chaque récit générait deux scénarios identiques, nommés A et B, mais auxquels venaient s’ajoutaient, à la marge du texte, des consignes spécifiques : références relatives à des livres, des œuvres musicales, des films, etc., qui devaient être consul-tés au préalable, ou encore contraintes de tournage recherchant des jeux de contrastes (par exemple, si une équipe ne pouvait pas montrer le visage du protagoniste, l’équipe jumelle était obligée de montrer le visage en premier plan aussi souvent que possible). Par ailleurs, les équipes avaient d’autres consignes générales, concernant tous les groupes sans exception ; la plus importante consistait à respecter scrupuleusement les durées indiquées dans les scénarios. Les équipes des groupes A ont été sélectionnées parmi un réseau d’artistes connus et d’anciens élèves, à qui il était proposé de travailler en binômes ; tous ont reçu une invitation formelle par courrier postal. Les équipes des groupes B se sont formées à partir d’un appel à participation ouvert aux étudiants de la faculté des Beaux Arts de Grenade. Chacune des équipes, généralement composée de deux personnes, disposait d’un mois pour mener à bien son travail. Le délai s’achevait au début du mois de février ; en l’espace d’une semaine, nous avons reçu les vingt travaux. La phase suivante consistait à monter, en double écran, les vidéos A et B correspondant à un même scénario, et à y ajouter, en guise de voix off, les lectures en français. La synchronie des durées et des récits mettait en évidence à la fois les coïncidences et les écarts entre les deux versions, en un jeu de complémentarités et de hasards au lyrisme particu-lier. Le geste d’auteur demeure soumis à la mécanique du procédé. Il se dégage du résultat une cohérence mystérieuse, désintéressée et authentique. Au départ, l’idée était que la lecture fût uniquement en français, avec des sous-titres en espagnol : se créait ainsi une nouvelle dualité entre oralité et écriture. Mais la réception de double image, en même temps que de la double narration, s’avérait excessivement compliquée, et ôtait de son intensité au résultat. Aussi avons-nous décidé de procéder à une nouvelle lecture en espagnol avec l’Ecole de Doublage et de Lecture à voix haute que coordonne José Antonio Meca dans l’Ecole Remiendo Théâtre de Grenade. Dans le montage final, chaque pièce audiovisuelle est précédée par un frontispice présentant l’objet original qui a inspiré le récit. Le titre de chaque pièce reprend celui de l’objet, tel qu’il apparaît dans l’inventaire du Musée de Cluny. Comme nous ne pouvions reproduire les photographies du musée, nous avons choisi de dessiner les objets à main levée. Nous avons réalisé dix gravures sur cuivre : elles permettent d’identifier les objets originaux, et en même temps se présentent elles-mêmes comme de nouveaux objets, dans ce labyrinthe de duplications que la démarche n’a cessé de générer. Le titre «Dos à dos» et l’image bifrons de Janus mettent l’accent sur ce jeu de miroirs et, tout à la fois, y participent formellement. Il s’agit d’un message qui peut être lu dans les deux langues, français et espagnol, avec des significations distinctes et complémentaires. En français, il fait référence à l’ignorance mutuelle de personnes qui travaillent en se tournant le dos ; en espagnol, il fait signe vers le thème du double, implicite à chaque phase de la démarche.

VÍCTOR BORREGO

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DOS À DOS, GRANADA-PARÍS A partir de los textos, en Granada, debíamos continuar esa deriva reconvirtiendo las palabras en imágenes.En una primera fase convertimos los relatos en guiones visuales sin alterar los textos, dividiéndolos en “tomas” a las que dábamos una duración equivalente al tiempo que llevase leer ese mismo fragmento en francés. De este modo, el texto en su conjunto era utilizado como una descripción de escenas que podían imaginarse y filmarse. Se trataba ahora de experimentar con el potencial de la palabra para evocar diferentes imágenes en cada lector, de modo que decidimos duplicar cada uno de los 10 guiones para obtener dos versiones distintas que más adelante se pudieran comparar. Era necesario que los participantes ignorasen lo que los otros equipos estaban realizando y, sobre todo, evitar el contacto entre los equipos “gemelos”. De este modo, cada relato ge-neraba dos guiones (que llamamos: A y B) idénticos excepto en ciertos condicionamientos específicos añadidos al margen del texto: referencias relativas a libros, música, películas, etc., que debían consultarse previamente, o pautas de rodaje en las que se buscaban ciertos juegos de contrastes (por ejemplo si un equipo no podía mostrar el rostro del protagonista, su partener se veía obligado a recurrir a primeros planos del rostro, siempre que fuera posible). Por otra parte, se les entregaron otros condicionamientos de tipo general que afectaban por igual a todos los grupos; el más importante era respetar escrupulosamente los tiempos marcados en los guiones. Los grupos A se seleccionaron entre artistas conocidos y antiguos alumnos, a los que se les proponía trabajar por parejas; todos ellos recibieron una invitación formal por correo postal. Los grupos B se organizaron a partir de una convocatoria abierta entre los estudiantes de la facultad de Bellas Artes de Granada. Los equipos, generalmente compuestos por “dos” personas, contaban con un mes para trabajar. El plazo terminaba a princi-pios de febrero, en una semana recibimos los 20 trabajos. La siguiente fase consistía en montar, a doble pantalla, los vídeos A y B correspondientes a un mismo guión, añadiendo, como voz en off, las locuciones en francés. La sincronía de tiempos y de relatos favorecía las coincidencias y al mismo tiempo evidenciaba las diferencias, en un juego de complementariedades azarosas de un peculiar lirismo. La autoría queda sometida a la mecánica del procedimiento. El resultado transmite una misteriosa coherencia, desinteresada y genuina. En un principio, la idea era que la locución fuese únicamente en francés con subtítulos en español, creando así una nueva dualidad entre oralidad y escritura. Pero la doble imagen, al mismo tiempo que la doble narración, resultaba excesivamente complicada y restaba intensidad al conjunto. Decidimos entonces hacer una nueva locución en español con la Escuela de Doblaje y Locución que coordina José Antonio Meca en la Escuela Remiendo Teatro de Granada. En el montaje final, cada pieza audiovisual va precedida por una cabecera en la que se muestra el objeto original del que surgió el relato. El título de cada pieza coincide con el nombre del objeto, tal y como apa-rece en el inventario del Museo de Cluny. Al no poder reproducir las fotografías originales del museo optamos por dibujarlas a mano alzada. De modo que realizamos 10 aguafuertes sobre cobre que servirían para identificar los objetos originales y al mismo tiempo presentarse ellos mismos como nuevos objetos, en este laberinto de duplicaciones que va generando el propio proceso. El título “Dos à Dos” y la imagen bifaz de Jano señalan hacia ese juego de espejos y, al mismo tiempo, participan formalmente en él. Se trata de un mensaje que puede ser leído en las dos lenguas: francés y español, con significados distintos que se complementan. En francés hace referencia al “no saber” de trabajar los unos de espaldas a los otros, en español apunta hacia el tema del doble, implícito en cada fase del proceso.

VÍCTOR BORREGO

CRUCIFIXION DE SAUVAGNATPanneau de maître-autel peint sur bois , 154 x126 x7 cm

Eglise de Sauvagnat-Sainte-Marthe (Auvergne), XIVe siècle

CRUCIFIXIÓN DE SAUVAGNATPanel del altar pintado sobre madera, 154 x126 x7 cmIglesia Sauvagnat-Sainte-Marthe (Auvernia), siglo XIV

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TEXTEJ’arrivais chez un ami et me retrouvais face à l’œuvre ; mes yeux étaient absor-bés par cette crucifixion. J’avais l’impression que le Christ sortait du tableau.La Vierge et Saint Jean, de chaque côté de la croix, incarnaient en eux-mêmes la douleur. La douleur de la mère, la douleur de l’ami. Si bien que j’en venais moi-même à ressentir cette douleur. D’abord intellectuelle, mais très vite physique. Mon cœur battait à toute allure, je perdais mon équilibre, je ne distinguais plus l’exactitude des traits et pourtant mon regard était absorbé.Le rouge des robes que portaient Saint Jean et la Vierge m’éblouissait. Un drap vert couvrait les jambes du Christ et créait un contraste, donnant une impression de profondeur. Une ligne verte marquait la bordure du tableau, une forme de triangle isocèle relativement arrondi.Cependant, le corps du Christ gardait une noblesse exceptionnelle : pas une goutte de sang, un corps très pâle mais doté d’une brillance noble. Je sentais mon dos frémir.Cette croix en bois sur laquelle était crucifié le Christ avait elle aussi des bordures rouges, un rouge foncé. La croix divisait le tableau en quatre et seul le Christ, par son corps, reliait les deux parties inférieures et avait une main de chaque côté supérieure du tableau. De ce fait, il paraissait bien plus présent que les deux autres personnages sans pourtant être beaucoup plus grand.La froideur du vert s’opposait au rouge des tissus soigneux qui donnaient de la chaleur au tableau. C’était sans doute là ce qui me frappait le plus, la chaleur des tissus et la froideur de la scène.« Bon alors ? »Je revins soudainement à moi et vis mon ami qui me secouait pour que je lui réponde : « Pardon, que disais-tu ?– Qu’est ce que tu en penses alors ? »Je lui dis que j’appréciais beaucoup l’œuvre. Et nous partîmes dîner dans la salle à manger.

Jean Dauptain

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TEXTOLlegué a casa de un amigo y me encontré frente a la obra; mis ojos estaban ab-sortos en esa crucifixión. Tenía la impresión de que Jesucristo se salía del lienzo.A cada lado de la cruz, la Virgen y San Juan encarnaban en sí mismos el dolor: el dolor de la madre, el dolor del amigo. Así que empecé a sentir en mi mismo su dolor, primero intelectualmente, y luego de un modo más físico. Mi corazón latía a toda prisa, perdía el equilibrio, no distinguía apenas la exactitud de los rasgos, y sin embargo mi mirada se mantenía absorta.Me deslumbraba el rojo de los vestidos de San Juan y de la Virgen. Un paño verde cubría las piernas de Cristo, creando un contraste que daba una impre-sión de profundidad. Una línea verde señalaba el borde del marco que tenía la forma de un triángulo isósceles ligeramente redondeado.Mientras tanto, el cuerpo de Cristo conservaba una nobleza extraordinaria, ni una gota de sangre, una piel muy pálida, dotada de un brillo espléndido.Sentí mi espalda estremecerse.La cruz de madera en la cual Cristo estaba crucificado tenía también los bordes rojos, de un rojo sombrío. La cruz dividía el cuadro en cuatro partes y sólo Cristo, con su cuerpo, unía las dos partes inferiores y tenía una mano en cada uno de los lados superiores de la tabla. Parecía por eso mucho más presente que los otros dos personajes, sin ser sin embargo mucho más alto.La frialdad del verde se oponía al rojo de las cuidadas telas que aportaban su calor al lienzo. Probablemente esto es lo que más me impresionaba, la calidez de los vestidos frente a la frialdad de la escena.« ¿Bueno, qué? »De pronto, volví en mí y noté que mi amigo me sacudía para que le contestara: « Perdona, ¿que decías?– ¿Qué es lo que opinas entonces? »Le dije que me gustaba mucho la obra. Y nos fuimos a cenar al comedor.

Jean Dauptain

FERMAIL-RELIQUAIRE À L’AIGLEBijou-reliquaire probablement réalisé à Prague. Il servait à attacher les pans

d’un vêtement d’apparat.Orfèvrerie, 18,5 x 18,5 cm

Bohême, XIVe siècle.

BROCHE-RELICARIO DEL ÁGUILAJoya-relicario probablemente realizada en Praga. Se utilizó para atar las colas

de una prenda ceremonial.Orfebrería, 18,5 x 18,5 cm

Bohemia, siglo XIV.

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TEXTE

En rentrant dans la Cour Impériale, je suis immédiatement subjuguée par les riches vêtements des invités. Une femme vient se présenter à moi, et je ne peux quitter du regard le bijou qui orne sa tenue, tant il est somptueux. Je n’ai qu’une envie, celle de toucher ce sublime objet, afin de sentir l’effet des pierres précieuses sous mes doigts. Tant de luxe dans une si petite chose semble incroyable. Voyant que je regarde le bijou avec envie, la femme me le tend pour que je puisse l’admirer de plus près. Je le saisis avec empres-sement, avide de l’inspecter sous toutes ses coutures.Ce bijou est l’œuvre d’un travail remarquable ; il est constitué d’un losange à l’intérieur duquel est représenté un aigle couronné. Des pierres précieuses sont disposées sur le contour du losange ainsi que sur les ailes ouvertes de l’aigle. Le losange est lui-même à l’intérieur d’une moulure rappelant une fleur, ce qui crée une harmonie entre les formes angulaires et arrondies. La symétrie de l’objet est parfaite, hormis la tête de l’aigle représentée de profil. Ce bijou sert à attacher les pans d’une robe et la complète à merveille.Je demande à la dame où elle a réussi à se procurer un si bel objet. J’aimerais tant avoir le même ! Mais elle me répond qu’il s’agit d’une pièce unique, et que je ne pourrai trouver son double. Du coin de l’œil, je peux voir les autres femmes agiter leurs robes pour attirer mon attention. Et même si leurs tissus sont d’une grande beauté, tous ornés de fils d’or, je n’ai d’yeux que pour le bijou logé dans le creux de ma main.

Alizé Bona

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TEXTO

En cuanto entro en la Corte Imperial, inmediatamente me cautivan las ricas ves-timentas de los invitados. Una mujer viene a presentarse, y no puedo dejar de mirar la joya que adorna su vestido, por lo suntuosa que es. Solo tengo un de-seo, tocar ese sublime objeto, para sentir el efecto de las piedras preciosas bajo mis dedos. Tanto lujo en una cosa tan pequeña parece increíble.Viendo que miro la joya con ganas, la mujer me la da para que la pueda admi-rar más de cerca. La cojo deprisa, ansiosa por inspeccionar todos sus ángulos.La joya es el resultado de un trabajo admirable. Tiene la forma de un rombo en el cual está representada un águila coronada.Las piedras preciosas están dispuestas en el borde del rombo y en las alas desplegadas del águila. El rombo mismo está dentro de una moldura que re-cuerda a una flor, lo que crea una armonía entre formas angulares y redondas. La simetría del objeto es perfecta, salvo la cabeza del águila representada de perfil. Esta joya sirve para atar las diferentes partes de un vestido y lo comple-menta de maravilla.Pregunto a la mujer dónde ha logrado conseguir un objeto tan hermoso. ¡Me gustaría tanto tener uno igual! Pero me contesta que se trata de una pieza única y que no podré encontrar su doble. Con el rabillo del ojo, puedo ver las otras mujeres moviendo sus vestidos para llamar mi atención. Y a pesar de la belleza de sus tejidos, adornados con hilos dorados, no tengo ojos más que para la joya albergada en el interior de mi mano.

Alizé Bona

BOUCLE D’OREILLESPièce non identifiée, imaginée à partir de bijoux du musée.

PENDIENTESPieza no identificada, imaginada a partir de varias joyas del museo.

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TEXTE

Partie me promener dans les bois, je suivais le chemin dessiné dans la terre. Quelque pressentiment me poussa à m’en détourner. Je pris alors à droite du chemin et, tout en observant les arbres qui m’entouraient, j’aperçus au loin une clairière baignée de lumière. Tandis que je m’approchais pour contempler ce paysage magnifique, un éclat attira mon attention.Il s’agissait d’une paire de boucles d’oreille finement ouvragées qui gisaient dans l’herbe. Elles étaient constituées d’un cercle de bronze, entouré d’un fil d’or et deux d’argent. Ils s’entrecroisaient comme une tresse tout en suivant la cou-rbure du cercle, le fil doré mis en valeur par l’argent. En temps normal, peu de personnes les auraient aperçues en raison de leur petite taille, mais le rayon de soleil qui les éclairait les faisait briller de mille feux.Plus le temps passait, moins je parvenais à détacher mon regard de cette mer-veille. Subjuguée par tant de beauté, je ne pus m’empêcher de prendre les bou-cles pour les admirer de plus près. Elles étaient si petites et légères que j’avais l’impression qu’elles pouvaient se casser à tout instant. Quelle douceur, quelle délicatesse ! Jamais je n’aurais pu imaginer cela possible. Leur toucher remplit mon âme d’une immense joie que je ne saurais expliquer. Envahie d’une vague de félicité, je décidai de les ramener avec moi. Elles étaient trop belles pour que je les laisse ici. Jamais je ne pourrai regretter ce choix, car ces boucles d’oreilles furent les augures de mon bonheur.

Aurore Isola

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TEXTO

Fui a pasear por el bosque, siguiendo el sendero trazado en la tierra.Tuve un presentimiento que me impulsó a desviarme. Entonces tomé el camino de la derecha, y mientras observaba los árboles de mi alrededor, advertí a lo lejos un claro bañado por la luz. Al acercarme para contemplar este magnífico paisaje, un resplandor me llamó la atención.Se trataba de un par de pendientes delicadamente trabajados que yacían en la hierba. Formados por un círculo de bronce, rodeado de un hilo de oro y dos de plata. Se entrecruzaban como una trenza, siguiendo la curvatura del círculo. El hilo dorado se veía realzado por la plata. Normalmente, pocas personas lo ha-brían visto debido a su pequeño tamaño, pero el rayo de sol que los iluminaba les hacía brillar con mil destellosCuanto más pasaba el tiempo más difícil se hacía dejar de mirar esta maravilla.Subyugada por tanta belleza, no pude dejar de coger los pendientes para ad-mirarlos más de cerca. Eran tan pequeños y ligeros que tenía la impresión de que se iban a romper en cualquier momento.¡Qué dulzura ! ¡Que delicadeza ! Nunca hubiera imaginado que algo así fue-se posible. Su tacto llenaba mi alma de una inmensa alegría que no sabría explicar. Invadida por una ola de felicidad, decidí llevármelos conmigo. Eran demasiado bellos para dejarlos allí. Nunca me arrepentiré de aquella decisión, porque estos pendientes han sido el presagio de mi felicidad.

Aurore Isola

FRAGMENT DE GISANT: CHIENSFigures animalières disposées aux pieds des gisants.

25 cm x 48 cm, XVe siècle

FRAGMENTO DE ESTATUA YACENTE: PERROSFiguras de animales situados a los pies de una estatua yacente.

25 cm x 48 cm, Siglo XV

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TEXTE

Voilà trois semaines que ma femme fut la victime d’un crime odieux dont l’auteur demeure inconnu. Je décidai de me recueillir sur sa tombe aujourd’hui et pris le chemin du cimetière. La traversée du village s’accompagna des habituels regards et murmures accusateurs ; cela m’était désormais indifférent. Le jour déclinait, je hâtais le pas et fus tantôt arrivé à destination. Je m’étonnai alors d’un fragment de gisant reposant au pied de la stèle : deux chiens veillaient sur ma défunte compagne. La sculpture atteignait environ un quart de mètre, les ani-maux se tournaient le dos, assis, leur longue queue posée sur une patte arrière, la tête levée, le même collier serti de trois pierres rouges scintillantes autour du cou et leur gueule semi-ouverte qui donnait l’impression qu’ils hurlaient. Cela était nouveau et personne ne m’en avait avisé, je contins l’étrange sensation qu’ils m’inspiraient et pris place sur le banc qui leur faisait face. J’entendis un grogne-ment. Je me retournai : un des canidés de pierre s’était posté derrière moi dans une posture menaçante, prêt à me bondir dessus et à déchirer mon visage de ses griffes acérées. Je voyais la bave goutter entre ses crocs, je réfléchissais à un moyen de me sortir de cette situation mal engagée, lorsqu’un aboiement me parvint dans mon dos : son semblable se trouvait de l’autre côté ; j’étais cerné. Les monstres avançaient et la panique m’envahissait quand soudain, je chutai de mon banc. Je m’étais endormi ; j’avais rêvé. La nuit était tombée et l’obscurité complète, un bruit me glaça le sang, le même grognement, celui de mon rêve. Je levai lentement la tête et vis les deux chiens immobiles, revenus dans leur position initiale. Mais leurs yeux d’un rouge flamboyant me perçaient l’âme. Les bêtes infernales venaient pour mon jugement, elles me savaient cou-pable. Je parvins cette fois à leur échapper. Pourtant, en fuyant, je savais que ne m’attendait dorénavant qu’une vie rongée de remords, de peur ; partout me suivraient ces grognements et ces yeux rouges.

Alix Dubussy

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TEXTO

Hace tres semanas que mi mujer fue víctima de un crimen atroz cuya autoría permanece sin esclarecer. Hoy decidí buscar consuelo en su tumba y tomé el camino del cementerio. Al atravesar el pueblo iba acompañado por los usuales murmullos y miradas acusadoras que ya no me afectaban. El día estaba de-clinando, apresuré el paso y llegué a mi destino. Me sorprendió un fragmento yacente reposando al pie de la lápida: dos perros estaban vigilando a mi di-funta esposa. La escultura medía un cuarto de metro, los animales se daban la espalda, sentados, sus largas colas descansando entre sus patas traseras, la cabeza alzada, el mismo collar engastado con tres piedras rojas brillando alre-dedor del cuello y la boca semiabierta que daba la impresión de que estaban aullando. Nadie me había avisado de tal novedad. Reprimí la extraña sensa-ción que los perros me inspiraban y me senté en el banco que estaba frente a ellos. Escuché entonces un gruñido, y me volví. Uno de los canes de piedra se había colocado detrás de mí, en actitud amenazante, dispuesto a abalanzarse sobre mi y desgarrarme la cara con sus afiladas garras. Podía ver la saliva fluyendo entre sus colmillos, y mientras discurría sobre el modo de escapar de esta adversa situación, oí otro ladrido a mi espalda: su compañero se hallaba al otro lado, estaba acercando. Los monstruos avanzaban y el pánico se apo-deró de mí, pero de repente me caí del banco. Me había quedado dormido; estaba soñando. La noche había caído y todo estaba oscuro. Un ruido me heló sangre, era el mismo gruñido de mi sueño. Levanté lentamente la cabeza y vi a los dos perros inmóviles en su posición inicial. Pero sus ojos, de un rojo lla-meante me traspasaban el alma. Las bestias infernales venían para juzgarme, conocían mi culpa. Logré escaparme esta vez, pero mientras huía, sabía que desde ese momento mi vida sería consumida por el horror y el arrepentimiento, que siempre me perseguirían esos gruñidos y esos ojos rojos.

Alix Dubussy

COFFRET: ASSAUT DU CHÂTEAU D’AMOUREnsemble de scènes associées à l’amour courtois.

9,7 x 25,7 x 16,7 cmParis, XIVe siècle

COFRE: ASALTO DEL CASTILLO DEL AMORUn conjunto de escenas relacionadas con el amor cortés.

9,7 x 25,7 x 16,7 cmParís, siglo XIV

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TEXTE

J’entre dans la salle de bain. Un objet attire mon attention. C’est un coffret en ivoire blanc. Il est posé sur une étagère, et juste au dessus se trouve un miroir. Curieuse et intriguée par ce qu’il y a dedans, j’ouvre la boîte. Je découvre alors plusieurs flacons de parfums. Je prends le coffret dans mes mains. Mes yeux parcourent les images : scènes de combat, chevaliers qui rappellent l’œuvre de Chrétien de Troyes.Sur le côté, on peut reconnaître la célèbre scène de Tristan et Iseult au bord de la fontaine. Dans l’eau, on aperçoit le reflet du roi Marc. La symétrie de la scène oppose deux clans : d’un côté, Tristan et Iseult liés par le philtre d’amour et de l’autre, le roi Marc et ses barons. La scène se focalise sur le comportement du roi, qui espionne et observe les amants. Son reflet dans la fontaine perturber leurs retrouvailles. Mais il trahit également sa curiosité et ses soupçons, et permet ainsi aux amants d’échapper au stratagème qu’il a élaboré avec ses barons.Les amants sont entourés de verdures et de fleurs qui évoquent des odeurs de parfums. Quand elle s’ouvre, la boîte dégage une odeur de fleurs et de roses fraîches qui vient rappeler le lieu de la scène, à savoir un jardin. Le jardin flatte les sens : la palette des couleurs, des formes, des volumes, des odeurs, des saveurs, des sonorités est riche et subtile. Au commencement, Dieu créa l’éden, jardin merveilleux, lieu d’une parfaite harmonie entre Dieu, l’homme et les ani-maux, où la peine liée au travail, à l’accouchement, à la mort n’existe pas. Avant d’être chassés pour désobéissance, Adam et Ève vivaient au jardin des délices, un lieu clos à l’abri de tous les dangers. La scène entre Tristan et Iseult vient rappeler la symbolique du jardin dans la bible. En choisissant de se retrouver secrètement dans ce jardin, Tristan et Iseult sont persuadés d’être à l’abri de tous les dangers. Ils sont comme Adam et d’Eve, cependant que le roi Marc pourrait s’apparenter à Satan, image du diable qui tenterait de perturber cette osmose entre les amoureux, mais qui finalement n’y parvient pas.

Camille Gaugeac

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TEXTO

Entro en el cuarto de baño. Un objeto llama mi atención: un cofre de marfil blan-co. Está en un estante, y justo encima hay un espejo.Curiosa e intrigada por su contenido, abro la caja. Entonces descubro varios frascos de perfume. Cojo el cofre en mis manos. Recorro las imágenes con la vista: escenas de combate, jinetes que recuerdan la obra de Chrétien de Troyes.En un lado, se reconoce la famosa escena de Tristán e Isolda al borde de la fuente. En el agua se ve el reflejo del Rey Marcos.Dos clanes se oponen, mediante la simetría de la composición: por una parte, Tristán e Isolda unidos por la poción de amor, y por otra parte, el Rey Marcos y sus barones. La escena se centra en la actitud del Rey, que está espiando y observando a los amantes. Su reflejo en el agua perturba su reencuentro. Pero traicionando su curiosidad y sus sospechas, permite a los amantes escapar de la estratagema que ha elaborado con sus barones.Los amantes están rodeados de hierbas y flores que evocan olores de perfume.Cuando se abre el cofre, desprende un olor a flores y rosas frescas que re-cuerda que la escena se sitúa en un jardín. El jardín despierta los sentidos: la paleta de colores, formas, volúmenes, olores, sabores y sonidos es rica y sutil. Al principio Dios creó el Edén, jardín maravilloso, lugar de una armonía perfecta entre Dios, los hombres y los animales, donde no existe la pena del trabajo, del parto, de la muerte.Antes de ser expulsados por su desobediencia, Adán y Eva vivían en el jardín de las delicias, un sitio protegido de todos los peligros.La escena de Tristán e Isolda recuerda el simbolismo de los jardines en la Biblia.Al decidir reunirse en secreto en este jardín, Tristán e Isolda creen estar a salvo de cualquier peligro. Son como Adán y Eva, sin embargo, el rey Marco puede equipararse a Satán, imagen del Diablo que intenta perturbar la armonía entre los dos amantes pero que finalmente no logra hacerlo.

Camille Gaugeac

ROSE D’OR Cette rose, que le comte de Neuchâtel reçut du pape Jean XXII en 1330, est la plus ancienne rose d’or conservée. Les archives du Vatican ont permis d’identifier

son auteur, l’orfèvre siennois Minucchio.Orfèvrerie, 60 cm

Trésor de la cathédrale de Bâle (Avignon), XIVe siècle

ROSA DE ORORosa que el conde de Neuchâtel recibió del Papa Juan XXII en 1330, es la rosa de oro más antigua que se conserva. Los archivos del Vaticano han identificado

su autor, el orfebre sienés Minucchio.Orfebrería, 60 cm

Tesoro de la Catedral de Basilea (Avignon) , siglo XIV

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TEXTE

Mai est passé avec l’amour. Voici l’automne. Les arbres perdent leurs feui-lles, qui tombent rêches dans les squares. Une nuit, je me couche et songe. Je pousse une porte de cuivre et parviens dans un jardin clos, un paradis artificiel où deux musiciens de bronze interprètent des airs automatiques. Au milieu du jardin, un arbre aux délicates feuilles d’aluminium abrite une foule d’oiseaux aux ailes argentées ; quand on remue les branches, le chœur des oiseaux chante. A son pied sourd une fontaine qui charrie des pierres précieuses. Je m’incline pour contempler ma propre image, tel un Narcisse frelaté dans ce monde de faux-semblants. L’eau révèle le reflet d’une fleur tremblant dans le courant : une rose aux pétales d’or fins comme une peau de vierge. En relevant la tête, je vois devant moi le rosier. De la tige naissent des branches ornées de tendres feuilles, qui s’achèvent en des boutons fer-més sur leurs secrets. Au sommet se déplie une rose bien ouverte, dont le cœur est formé d’un saphir. Je m’éprends de sa beauté. Je m’approche davantage pour admirer la fleur. Deux anges symétriques la préservent des désirs indésirables. Deux visages, quatre oreilles, quatre pupilles et deux pai-res d’ailes : les deux anges surveillent la rose aimable. Je ne peux toucher la fleur ni ses pétales d’or. Je m’approche pourtant, je respire son odeur étran-ge, ferrugineuse comme le sang, douce et sucrée comme le miel. Le parfum m’enivre et me fait vaciller. Sa vertu est si puissante que je tombe enceinte aussitôt. Alors, je me réveille et reconnais mon lit.

Sophie Albert

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TEXTO

Mayo se fue con el amor. Aquí está el otoño. Los árboles pierden sus hojas que caen rugosas en las plazas. Una noche, me acuesto y sueño. Empujo la puerta de cobre y consigo entrar a un jardín amurallado, un paraíso ar-tificial donde dos músicos de bronce interpretan melodías mecánicas. En medio del jardín, un árbol con delicadas hojas de aluminio alberga una gran variedad de aves con alas de plata; cuando uno mueve las ramas, el coro de pájaros canta. A sus pies, surge una fuente que arrastra piedras precio-sas. Me inclino para contemplar mi propia imagen, como un falso Narciso en ese mundo de falsas apariencias. El agua revela el reflejo de una flor, temblando en la corriente: una rosa con finos pétalos de oro, como la piel de una virgen. Al levantar la cabeza, veo ante mí el rosal. Del tallo nacen ramas adornadas con tiernas hojas, que terminan en botones cerrados sobre sus secretos. En la parte superior se despliega una rosa bien abierta, cuyo cora-zón está formado por un zafiro. Quedo prendada de su belleza. Me acerco un poco más para admirar la flor. Dos ángeles simétricos la preservan de deseos indeseables. Dos caras, cuatro orejas, cuatro pupilas y dos pares de alas; los dos ángeles vigilan la rosa adorable. No puedo tocar la flor, ni sus pétalos dorados. Sin embargo, me acerco, respiro su extraño olor, ferru-ginoso como la sangre, suave y dulce como la miel. El perfume me embria-ga y me hace vacilar. Su virtud es tan poderosa que me quedo embarazada inmediatamente. Entonces, me despierto y reconozco mi cama.

Sophie Albert

VIERGE DE PIERREFiction littéraire inspirée, entre autres, par la Tenture de la Dame à la licorne.

Tissées aux alentours de 1500, ces six tapisseries, qui arborent les armoiries de la famille Le Viste, représentent les cinq sens que sont le Toucher, le Goût,

l’Odorat, l’Ouïe et la Vue, et un mystérieux sixième sens.311 à 377 x 290 à 473 cm

Château de Boussac, XVIe siècle

VIRGEN DE PIEDRAFantasía literaria inspirada en el Tapiz de la Dama y el Unicornio. Tejidos en torno a 1500, estos seis tapices que llevan las armas de la familia Le Viste representan los cinco sentidos que son tacto, gusto, olfato, oído y vista, y un misterioso sexto

sentido.311-377 x 290-473 cm

Castillo de Boussac, siglo XVI

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TEXTECe que je vais vous raconter dans ces quelques lignes, que je vais vous montrer par mes mots, sachez mes amis que cela existe, et que je vais vous en donner toutes les clés pour que vous éprouviez un sentiment égal au mien lors de ma découverte.C’était un soir d’automne, quand le soleil rejoint sa couche à une heure de moins en moins tardive. Ne doutez pas de mes dires, car malgré la pénombre, mes sens étaient décuplés, et de ce fait, juges parfaits de la scène à venir. Comme je vous disais, la nuit recouvrait la campagne de son long manteau. J’ôtai le mien car j’aime sentir la brise sur ma peau quand le reste du monde me semble assoupi. Solitude enivrante. Silence assourdissant. Je vagabondais à travers les champs, sans destination choisie. C’était alors à mon instinct de me guider où bon lui semblait. Et quel adorable instinct j’ai eu ! En effet, de sentier en sentier, déambulant entre les arbres, guidé par le souffle du vent, je me suis retrouvé devant une ouverture au sein d’une roche. Ici, je l’avoue, j’ai été pris d’une angoisse. Pénétrer ce lieu ne serait-il pas dangereux ? Personne aux alentours si je venais à déranger ses occupants. Mais aussi, amertume dans ma gorge à l’idée de rebrousser chemin sans en connaître le contenu. C’est poussé par ma curiosité que j’entrai dans ces lieux.La fraîcheur de la grotte me fit frissonner, ou est-ce peut-être l’excitation. Le temps que mon œil s’adapte à l’obscurité, j’avançais à tâtons, parcourant les parois du bout de mes doigts. C’est alors que je la vis. Source de fascination… Toute la lumière que je pouvais voir émanait d’elle. La statue d’une femme, à demi accroupie, les mains sur les yeux comme si elle se protégeait de quelque chose. Bien que son visage fût en partie caché, je pus saisir un sentiment : la peur. Que refusait-t-elle de voir ? A la regarder ainsi, il me semblait reconnaître la Vierge. Mais où était donc son enfant ? Le lui avait-t-on arraché des mains ? Si ce fut la raison de son malheur, alors elle refusait de le voir partir, et elle se figea à force de chagrin. Moi, prostré devant elle, en quête de réponse, je l’admirais. Comment une telle beauté pouvait-elle se terrer aussi loin du monde, dans cette grotte humide et recluse ?Alors qu’elle refusait de voir et d’être vue, cette femme de pierre avait réveillé en moi les sens endormis. Ces sens que j’essaie d’agiter en vous, mes amis, au récit de cette aventure qui fait qu’aujourd’hui, je ne resterai plus, soyez-en sûr, jamais de marbre de-vant aucune femme.

Manon Duran

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TEXTOLo que os voy a contar en estas líneas, lo que os voy a enseñar a través de mis pala-bras, existe, que lo sepáis, amigos míos, y os daré todas las claves que os permitirán experimentar los mismos sentimientos que yo sentí al descubrirlo.Fue en un atardecer de otoño, cuando el sol empieza a ponerse más temprano. No dudéis de lo que os cuento: a pesar de la penumbra, mis sentidos permanecían bien despiertos, testigos fiables de la escena que iba a suceder. Como os iba diciendo, la noche cubría el campo con su largo abrigo. Me quité entonces el mío porque me en-canta sentir la brisa en la piel cuando el resto del mundo parece adormecerse. Soledad embriagadora. Silencio ensordecedor. Vagabundeaba por los campos, sin destino. Mi instinto me guiaba a su antojo. ¡Y que adorable instinto tuve! En efecto, de sendero a sendero, deambulando entre los árboles, conducido por el soplo del viento, me hallé delante de una apertura en una roca. Allí, lo confieso, fui presa de la angustia. ¿Pene-trar en ese lugar, no sería peligroso? No había nadie en los alrededores en el caso de que sus ocupantes se molestaran... Pero también, sentía un amargor en la garganta ante la idea de dar marcha atrás sin llegar a saber lo que allí había. Impulsado por la curiosidad me decidí a entrar.El frescor de la cueva me hizo temblar, o quizás la excitación. Mientras mis ojos se acostumbraban a la oscuridad, avanzaba a tientas, recorriendo las paredes con la yema de los dedos. Fue entonces cuando la vi. Fuente de fascinación... Toda la luz que me llegaba emanaba de ella. La estatua de una mujer, en cuclillas, las manos sobre los ojos, como si se estuviera protegiéndose de algo. Aunque su cara estuviera parcial-mente oculta, pude captar un sentimiento: el temor. ¿Qué es lo que se negaba a ver?Al verla así, me pareció reconocer a la Virgen. Pero ¿dónde estaba su niño? ¿Se lo habían arrancado de las manos? Si esa era la razón de su desgracia, entonces ella, negándose a verlo marchar, debió quedar petrificada de dolor. Me postré ante ella en busca de una respuesta, admirando su imagen. ¿Cómo una belleza semejante podía permanecer enterrada, lejos del mundo, recluida en esa húmeda cueva?A pesar de negarse a ver y a ser vista, esa mujer de piedra había despertado en mí sensaciones adormecidas. Sensaciones que trato de remover en vosotros, amigos, al relataros esta aventura que ha hecho que, a partir de ahora, os lo aseguro, nunca más vuelva a quedarme indiferente delante de una mujer.

Manon Duran

REPAS DE FÊTECet ensemble de six tapisseries dépeint la vie en plein air des élites aristocrati-

ques et de leurs serviteurs.253 à 295 x 174 à 372 cm

Nord-Pas-de-Calais (Belgique), XVIe siècle

CENA FESTIVAEste conjunto de seis tapices representa la vida al aire libre de las élites aristo-

cráticas y sus siervos.253-295 x 174-372 cm

Norte-Paso de Calais (Bélgica), siglo XVI

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TEXTE

Cela faisait vingt minutes que je marchais dans le froid. Depuis la gare je n’avais pas croisé une seule personne. Les rues étaient désertes. Il faisait trop froid, il faisait trop nuit. Mes pieds étaient gelés par la neige qui avait trempé l’intégralité de mes habits. J’étais extenuée par ce voyage mais heureusement j’apercevais enfin la maison de la personne qui devait m’héberger pour toute la semaine.On m’indiqua une chambre au premier. J’y montai pour déposer mes sacs et me changer. La pièce était presque aussi froide que la rue. Je m’assis sur le lit en contemplant le vide. Quelque chose sur le mur en face de moi attira mon attention. Il s’agissait d’une très grande tapisserie qui représentait une scène familiale sûrement. Au centre, un immense feu. En le regardant je ressen-tis une vague de chaleur m’envahir, comme si ce feu était réellement dans ma chambre. Je me levai pour m’en approcher et à mesure de mes pas je me réchauffais. La cheminée représentée était tout ce qu’il y a de plus banal, en brique. Quatre personnes, autour du feu, semblaient rire et discuter, et à la fois elles regardaient vers moi. Elles tendaient les bras vers moi. Je tendis mes bras vers elles. La tapisserie était toute chaude. Mes doigts frigorifiés se perdaient sur cette texture que je n’avais jamais touchée auparavant. La tapisserie était en relief, d’un tissu très épais qui gênait le bout de mes doigts. Je reculai d’un pas pour mieux contempler la scène. De chaque côté du feu se trouvait un couple. Le binôme se trouvant à gauche de la tapisserie était composé de personnes semblant plus âgées que celui de droite. J’en conclus qu’il s’agissait sûrement des parents et de leurs enfants. Ils étaient tous en train de rire. L’homme à gauche tenait la femme par la hanche et tendait le bras droit. La femme portait un énorme plat de nourriture et souriait de toutes ses dents. Dans le plat j’avais l’impression de voir de la dinde. Je sentais cette odeur de dinde émaner de l’œuvre, les sauces, le jus, la viande. J’avais faim. La jeune fille à droite souriait également. Elle portait la même robe que sa mère, toute bleue avec de longs rubans dans les cheveux. Ses deux bras étaient tendus comme ceux du garçon qui portait simplement une culotte d’époque blanche avec une chemise de la même couleur et une veste cintrée bleue marine qui lui arrivait au niveau des cuisses. Mais de quand pouvaient dater la tapisserie et l’histoire de cette famille ? La prestance et l’élégance du ménage ne laissaient aucun doute quant à sa classe sociale, mais il y avait trop peu de détails, trop peu d’indices pour deviner l’époque.Je n’avais plus froid. L’odeur du feu se dégageait de la tapisserie. Je sentais le bois qui brûle lentement, la fumée qui s’échappe et les braises qui rougissent. J’avais l’impression d’être avec eux. J’avais l’impression d’être chez moi. La pièce dans laquelle se trouvait cette famille était aussi vide que la chambre dans laquelle j’étais. Ils étaient ensemble et j’étais seule. On frappa à ma porte : « Tu viens près du feu ? Je t’ai fait de la dinde, j’espère que tu aimes ça.»

Tafat Pénin

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TEXTO

Ya llevaba veinte minutos andando en el frío. Desde la estación no me había cruzado a una sola persona. Las calles estaban desiertas. Hacía demasiado frío, demasiada oscuridad. Mis pies estaban congelados por la nieve que había empapado por completo mi ropa. Estaba agotada por el viaje, pero afortunadamente por fin pude ver la casa de la persona que iba a alojarme durante toda la semana.Me indicaron una habitación en la primera planta. Subí para soltar mi equipaje y cambiarme. El cuarto estaba casi tan frío como la calle. Me senté en la cama mirando al vacío. Algo en la pared frente a mí captó mi atención. Se trataba de un tapiz muy grande que sin duda represen-taba una escena familiar. En el centro un fuego inmenso. Al mirarlo tuve la impresión de que me invadía una onda de calor, como si el fuego estuviese realmente en la habitación. Me levanté para acercarme a él, y mientras avanzaba, iba entrando en calor. La chimenea representada era sumamente común, hecha de ladrillos. Cuatro personas, alrededor del fuego, parecían reír y charlar, y a la vez me miraban. Me tendían sus brazos. Les tendí los míos. El tapiz estaba muy caliente. Mis dedos helados se perdieron en esa textura que nunca antes había tocado. El tapiz estaba en relieve, era de un tejido muy grueso cuyo tacto molestaba la yema de mis dedos. Di un paso atrás para contemplar mejor la escena. A cada lado del fuego se hallaba una pareja. La que estaba a la izquierda del tapiz estaba compuesta por personas que parecían mayores que las de la derecha. Llegué a la conclusión de que seguramente unos eran los padres y otros sus hijos. Todos estaban riendo. El hombre de la izquierda tenía una mano en la cadera de la mujer y tendía la otra. La mujer llevaba un enorme plato lleno de comida y sonreía mostrando sus dientes. En el plato tuve la impresión de ver pavo. Sentía que el olor del pavo emanaba de la obra, salsas, jugo, carne. Tenía hambre. La chica de la derecha sonreía igualmente. Llevaba el mismo vestido que su madre, todo azul con largas cintas en el pelo. Sus brazos estaban ten-didos como los del chico que simplemente llevaba unos pantalones de la época blancos con una camisa del mismo color y una chaqueta azul marino apretada que le descendía hasta los muslos. ¿Pero cuál era la época del tapiz y la historia de esa familia? Las posturas y la elegan-cia del menaje no dejaba ninguna duda en cuanto a su clase social, pero había muy pocos detalles, muy pocas pistas para adivinar la época.Ya no tenía frío. El olor del fuego se desprendía del tapiz. Sentía la leña consumiéndose lenta-mente, el humo escapándose y las brasas enrojecerse. Tenía la impresión de estar con ellos. Tenía la impresión de estar en mi casa. La estancia en la que se hallaba esa familia estaba tan vacía como la habitación en la que yo me encontraba. Estaban todos juntos y yo estaba sola. Llamaron a mi puerta: « ¿Vienes cerca del fuego? He cocinado pavo, espero que te guste.»

Tafat Pénin

LA VIE SEIGNEURIALE: LE BAINLe bain est l’une des six tapisseries qui représentent la vie à l’air libre des élites

aristocratiques et de leurs serviteurs.253 à 295 x 174 à 372 cm

Nord-Pas-de-Calais (Belgique), XVIe siècle

LA VIDA SEÑORIAL: EL BAÑOEl baño, uno de los seis tapices que representan la vida al aire libre de las élites

aristocráticas y sus siervos.253-295 x 174-372 cm

Norte-Paso de Calais (Bélgica), siglo XVI

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TEXTE

Quand j’entre dans le salon de cette élégante demeure, je me retrouve dans un paysage totalement onirique et irréel. Les murs recouverts de tapisseries, un im-mense vitrail en guise de plafond m’empêchent de me rendre compte qu’il s’agit d’une pièce close, tant les images représentées ouvrent vers un monde para-llèle. Une tapisserie attire particulièrement mon regard par ses couleurs vives et chaleureuses. Sur un fond rempli de fleurs foisonnantes, une jeune fille prend son bain. Rien de plus banal, sans doute, mais cette scène déroulée comme en rêve paraît extrêmement réelle et convoque les sens. Je me sens emportée dans le monde de la tapisserie. Les riches vêtements des personnages contrastent avec la nudité de la jeune fille au centre de l’image. Les toges rouges, les dorures, les coiffes et les bijoux resplendissent. La richesse des parures saute également aux yeux lorsqu’on regarde la demoiselle qui, entièrement nue dans son bain, n’est vêtue que d’un lourd bijou et d’une coiffe. Les cinq personnages qui l’entourent semblent éveiller ses sens autant que le tableau éveille les miens. Tout d’abord, à sa droite, deux personnages lui tendent des plateaux de nourriture. Derrière elle, deux autres éveillent l’ouïe : avec des instruments, ils accompagnent de musique le bain de la demoiselle. L’eau qui l’entoure et le drap qu’elle tient don-nent une impression de légèreté et de douceur, et l’abondance de fleurs laisse imaginer la délicieuse odeur qui plane dans les airs. Mais un seul personnage attire l’attention de notre demoiselle. Debout à sa gauche, il porte un coffre rempli de bijoux par lesquels la jeune fille parait presque hypnotisée. L’eau de son bain s’écoule dans un étang en contrebas, et le clapotis de l’eau emplit autant mes oreilles que les siennes. Quand une voix m’appelle, je sors de ce songe dans lequel l’œuvre m’a plongée et m’en vais rejoindre mon hôte, laissant derrière moi ce monde onirique.

Mathilda Fabri

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Cuando entro en el salón de esta elegante morada, me encuentro en un paisaje totalmente onírico e irreal. Las paredes recubiertas de tapices y una inmensa vidriera como techo, impiden darse cuenta de que se trata de una habitación cerrada. Las imágenes representadas nos abren a un mundo paralelo. Un ta-piz atrae particularmente mi atención con sus colores vivos y cálidos. Sobre un fondo lleno de abundantes flores, una doncella se está bañando. Nada más banal, sin duda, pero esta escena, que se despliega como en un sueño, resulta extremadamente real y reclama a los sentidos. Me siento transportado al mundo del tapiz. Las ricas vestimentas de los personajes contrastan con la desnudez de la joven, en el centro de la imagen. Las togas rojas, los dorados, las cofias y las joyas resplandecientes. La riqueza de los adornos también se evidencia al mirar a la dama que, enteramente desnuda en su baño, se viste solo con un pesado collar y un tocado. Los cinco personajes que la rodean parecen des-pertar sus sentidos tanto como la propia imagen despierta los míos. En primer lugar, a su derecha, dos personajes le tienden bandejas de comida. Detrás de ella, otros dos confortan al oído; con sus instrumentos acompañan con música el baño de la muchacha. El agua que la rodea y la tela que sostiene dan una impresión de ligereza y dulzura, y la abundancia de flores permite imaginar el delicioso olor que flota en el aire. Pero un personaje atrae la atención de nuestra dama. De pie, a su izquierda, porta un cofre lleno de joyas por las que la joven parece casi hipnotizada. El agua de su baño desemboca en un estanque un poco más abajo, y el chapoteo del agua colma mis oídos tanto como los su-yos. Cuando siento una voz que me llama, salgo del sueño en el que la obra me había sumergido y me reúno con mi anfitrión, dejando atrás este mundo onírico.

Mathilda Fabri

ÉPÉEFiction littéraire basée sur une épée légère d’origine allemande.

1144 gr, 120 x 97 x 20 cm.Allemagne, XVIe siècle

ESPADA Fantasía literaria basada en esta espada ligera de origen alemán.

1144 gr , 120 x 97 x 20 cm .Alemania, siglo XVI

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TEXTEAlors que j’errais le long des berges voisines, il me prit l’envie soudaine de m’élancer de tout mon corps dans l’étang qui jouxtait mes pas. Le soleil était rude et je ruisselais sous ses effets. Les chaussures délassées, je sautai donc la tête la première, sans même avoir pris la peine d’ôter le reste de mes habits.L’eau froide rigidifiait mes membres que je laissais s’engourdir sous le poids de cette apesanteur glacée. Même mes yeux ouverts ne me permettaient pas de discerner une quelconque forme, si ce n’est le trouble infini créé par la vase.Je touchai alors le fond de cet étang peu profond, quand sous mon pied gauche, je sentis une matière étrangère aux fonds marins. Puisque je ne pouvais pas voir s’il s’agissait simplement d’une hallucination, je réveillais mes forces physiques pour battre des bras, faire un demi tour sur moi même et plonger mes mains approximativement à l’emplacement de mon pied.Sous les algues et la vase, j’empoignai une grosse masse solide et rejoignis immédiatement la surface avec l’impulsion de mes jambes.De retour sur la rive, le souffle coupé, je vis que ma chemise était déchirée au coude : la remon-tée avait dû lui être fatale. Sur le côté, j’examinai ce que j’avais remonté du fond. Cela ressemblait à un gros chiffon de terre humide. Il s’agissait d’un tissu replié qui avait dû séjourner longtemps à l’endroit où je l’avais trouvé. Je le dépliai, un peu dégoûté par la texture gluante que lui donnait la vase, quand apparut au cœur du vieux chiffon ce qui semblait être une dague d’une autre épo-que. La lame brillante et peu oxydée resplendissait en contraste avec le tissu qui la recouvrait. Les quillons en arc de cercle portaient sur leurs extrémités des joyaux très fins qui dessinaient des croix templières, et ceux-là m’éblouissaient sous le resplendissement du soleil.La chaleur frappait de nouveau le haut de ma tête. La fusée de l’épée, au touché rugueux, avait dû être en cuir, mais il n’en restait plus que quelques traces.Le pommeau lui aussi était merveilleux, décoré de pierres précieuses qui formaient une autre croix templière.Je passai ma main sur le pommeau quand, vous imaginerez ma surprise, celui là tomba d’un coup sec sur le sol. Je le ramassai dans l’herbe : il s’était détaché de la fusée. Ma surprise aug-menta lorsque je me rendis compte que la fusée était creuse et qu’un bout de papier y avait été inséré. Je le sortis : il était intact. Je le dépliai et compris que je venais de découvrir une page de manuscrit illustré d’enluminures, dont la langue ne ressemblait à nulle autre connue.Je me sentis alors au bord de l’insolation, quand je vis que la miniature en haut à gauche de la page figurait un homme debout, pieds nus, une dague dans la main droite, une feuille dans la main gauche et un trou dans la chemise au niveau du coude. La coïncidence était trop forte : mes oreilles se mirent à siffler et je me sentis perdre conscience.

Emilie Picard

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TEXTOMientras paseaba a lo largo de las riberas cercanas, me invadió un repentino impulso de arro-jarme con todo mi cuerpo al estanque que estaba a mis pies. El sol pegaba duro y me sentía sudoroso bajo sus efectos. Desatado el calzado, salté inmediatamente de cabeza, sin moles-tarme ni siquiera en quitarme el resto de la ropaEl agua fría congelaba mis miembros que se hacían rígidos bajo el peso de esa ingravidez he-lada. Aún con los ojos abiertos, no podía distinguir ninguna forma, salvo esa turbulencia infinita provocada por el fango.Alcancé a tocar el fondo del estanque poco profundo, entonces bajo mi pie izquierdo sentí una materia ajena a los fondos marinos. Al no saber si se trataba de una simple alucinación, activé mis fuerzas físicas para sacudir los brazos, di media vuelta sobre mi mismo y hundí las manos hacia el lugar aproximado donde se situaba mi pie.Entre algas y fango, aferré una voluminosa masa sólida y me reincorporé de inmediato a la superficie gracias al impulso de mis piernas.Ya de regreso en la orilla, sin aliento, vi que mi camisa tenía una desgarradura en el codo: en el ascenso debió dañarse. A mi lado, examiné lo que había sacado del fondo. Parecía un trapo grande cubierto de tierra húmeda. Se trataba de una tela plegada que debía llevar largo tiempo en aquel lugar donde la encontré. La desplegué, con cierta aprensión a causa de la textura viscosa que le daba el fango, y del corazón del viejo trapo surgió lo que parecía ser una daga de otra época. La hoja brillante, apenas oxidada, resplandecía en contraste con la tela que la recubría. El guardamano arqueado de la daga llevaba en sus extremos finas joyas que dibuja-ban cruces templarias, que me deslumbraron con el brillo del sol.El calor golpeaba de nuevo sobre mi cabeza. El puño de la espada, de textura áspera, debió estar recubierto de cuero; pero sólo quedaban unos pocos restos.El pomo también era maravilloso, adornado con piedras preciosas que formaban otra cruz templaria.Deslicé mi mano sobre el pomo cuando, imaginen mi sorpresa, se cayó dando un golpe seco en el suelo. Lo recogí en la hierba: se había desprendido del puño. Aun fue mayor mi sorpresa cuando me di cuenta de que el puño estaba hueco y dentro había insertado un pedazo de papel. Lo saqué: estaba intacto. Lo desplegué y comprendí que acababa de descubrir una pá-gina de un manuscrito ilustrado con miniaturas, en una lengua que no se parecía a ninguna otra conocida. Me sentía al borde de la insolación, entonces vi que, en la miniatura, a la izquierda de la página, se representaba a un hombre de pie, descalzo, con una daga en la mano derecha, un papel en la mano izquierda y la camisa desgarrada a la altura del codo. La coincidencia era demasiado fuerte: mis oídos comenzaron a silbar y sentí que perdía el conocimiento.

Emilie Picard

Une idée originale de |Una idea original deSophie Albert y Víctor Borrego

2015