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Don Quichotte était-il juif ?

Décryptage

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En hommage à Madame Dominique Aubier.

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Don Quichotte vint au monde des Lettres il y a

quatre siècles – en 1605 –, temps sombres sur qui pesait la chape de plomb de l’Inquisition, opprimant la pensée. Omniprésent sous forme de menace, le bûcher se dresse dans les âmes, à l’affût de tout soupçon d’hérésie1. Le moine-philosophe Giordano Bruno vient d’être brûlé à Rome – en 1600 –, pour avoir fait sienne – entre autres – la théorie de Copernic… qui professe – contre Ptolémée,… et l’Eglise – que la terre tourne autour du soleil… Ce qui est scientifiquement juste, n’en déplaise au Dogme !…

De son côté, la couronne d’Espagne s’apprête à expulser les « morisques » – en 1609 –, au prix du dépeuplement de l’Andalousie. Convertis de force, les juifs sont devenus les « cristianos nuevos » : nouveaux chrétiens méprisés du qualicatif de « marranos »= porcs, (par allusion à l’interdit alimentaire de leur ancienne foi), tandis qu’un nouvel apartheid basé sur la « pureté du sang » prolonge leur exclusion des charges et prébendes officielles réservées aux « cristianos viejos » : chrétiens de vieille souche. Prototype de ces derniers : le chevalier

1 Du grec « hairesis » : choix personnel (= hors dogme).

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auréolé de la gloire sublimée des Croisades qui – pendant plus de deux siècles (fin du XIe, XIIe, XIII e) – conduisirent la fine fleur de l’aristocratie européenne – et pas mal de gueux – jusqu’aux Lieux Saints de fabuleuse mémoire, y « délivrer » le tombeau du Christ et fonder le royaume franc de Jérusalem – en 1099 –.

Et pour l’Espagne, à ce souvenir grandiose s’ajoute celui tout proche de la croisade nationale – la « Reconquista » –, Reconquête qui, tout au long de quasi huit cents ans de guerres acharnées et de trêves toujours remises en cause, vit à la pointe des piques la marée mauresque qui avait déferlé sur le pays – en 711 –, refluer depuis Covadonga dans les montagnes asturiennes – en 722 – jusqu’à la reprise de Grenade par Isabelle et Ferdinand – dits « Les Rois Catholiques » – le 2 janvier 1492.

Riche de ce passé, la Renaissance exalta la chevalerie dans la mode qui se répandit des romans à sa gloire, et dont le succès se compare à celui de nos polars. Au début du XVIIe siècle, Cervantès en clôtura le cycle par la somptueuse clownerie de son don Quichotte qui, sur la tessiture satirique, éclipsa les illustres « Amadis des Gaules » et « Palmerin d’Angleterre », et conquit une renommée si éclatante dans l’Europe cultivée de son temps, qu’il en devint le personnage littéraire le plus connu (et méconnu) au monde… et pour longtemps.

Car, sa réputation étant faite de généreux illuminé malmené par le sort, on ignora souverainement l’insolite « Don Quichotte prophète d’Israël »2 qui

2 Mme Dominique Aubier, Robert Laffont, éditeur, (1966).

(Livre introuvable hors la Bibliothèque nationale)

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traversa les Lettres telle comète en 1966, tout comme ce singulier météore au titre provocateur : « Le juif don Quichotte de la Manche »3 venu saluer le quatre centième anniversaire de l’hidalgo.

L’essai qui suit est un témoignage de mémoire pour le « prophète d’Israël », et un hommage à Madame Dominique Aubier qui l’exhuma, déchiffrant les subtilités hébraïques d’un texte codé pour initiés. Œuvre de pionnière inspirée à laquelle s’ajoute l’audace de la défricheuse en terrain miné, car devenu le domaine réservé de la « pensée – universitaire – unique ». D’où, – pour honorer son apport à la Littérature –, cette évocation à grands traits du décryptage – auquel Mme Aubier nous convie – de la geste de notre chevalier,… avec le regret que l’Université – barricadée dans ses préjugés – ait tenu son livre hors de son « pré carré » !

3 Signalé par la « Comunidad Hebreos » de Madrid sur son

bulletin du 08 avril 2005, par le rabbin Daniel ben Itzjak.

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