continuité et rupture des visions issues de la science

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Continuité et rupture des visions issues de la science. La science au moment de ses grandes ruptures apporte une nouvelle façon de voir le monde.

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Continuité et rupture des visions issues de la science

http://www.bruno-jarrosson.com/continuite-rupture-visions-issues-science/ http://www.unishared.com/notes/15-ZWrq18YJ98fmu7VHEHH0221vNmFi75qA0Q97-K-2Q

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Je serai bref

Le récit : « Le Président est mort. Les gardes du corps n’ont pas pu l’empêcher. La police a arrêté deux personnes armées. Le Docteur AZ a déclaré que les dégâts avaient été trop importants, que rien n’aurait pu sauver la vie du Président. « Tout a été tenté », dit-il. »À partir du récit précédent, indiquez si les affirmations suivantes sont vraies, fausses ou si on ne sait pas : 1.Nous savons que le Président a été tué. 2.Rien n’aurait pu sauver la vie du Président. 3.Les blessures du Président étaient importantes. 4.Le Docteur AZ a examiné le Président. 5.Le Docteur AZ a fait une déclaration. 6.Deux hommes ont été arrêtés.

Lincoln et Kennedy

• Tous les deux élus présidents en 60 (Lincoln 1860, Kennedy 1960).

• Tous les deux assassinés. • Tous les deux ont pour successeur le président Johnson (Andrew

Johnson et Lyndon Johnson). • La secrétaire de Kennedy s’appelait Lincoln. • La secrétaire de Lincoln s’appelait Kennedy. • Quand Kennedy a été assassiné, il était dans une Lincoln. • Où était Lincoln quand il a été assassiné ?

Les deux vitesses de la pensée

Un batte et une balle coûtent 1,10 dollar. La batte coûte 1 dollar de plus que la balle. Combien coûte la balle ?

Les trois questions de Kant

• Épistémologie : Q u e p u i s - j e connaître ?

• Morale : Que dois-je faire ?

• Métaphys ique : Q u e m ’ e s t - i l permis d’espérer ?

La séparation du bien et du vraiOn peut connaître le vrai et faire le mal. Le mal est autonome vis-à-vis du vrai. La morale est autonome vis-à-vis de la connaissance. Le «  que dois-je faire ? » est une question d’un autre o r d r e q u e l e «  q u e p u i s - j e connaître ? ». On ne peut déduire une morale de la science. Le progrès de la connaissance ne garantit aucunement celui de la morale. Il faut penser la philosophie morale de manière autonome.

La modernité : Kant contre Platon

En séparant le bien et le vrai, Kant s’oppose à la tradition philosophique, à Platon en p a r t i c u l i e r . I l d é f i n i t l a modernité. La philosophie morale devient une partie de la philosophie i n d é p e n d a n t e d e l a connaissance. «  Agis de telle sorte que la maxime de ton action puisse être érigée en loi universelle. »

La mort de Dieu

Si Dieu est mort en tant que norme s’imposant à tous, la raison devient l’instance de jugement du vrai. Il n’y a plus de normes d’opinions collectives puisque chaque homme est renvoyé à son propre jugement. La raison est devenue un absolu malgré sa fragilité. Le beau n’est pas un guide vers le vrai.

Dire ce qui n’est pas

Ce qui se voit n’a pas besoin d’être dit. Quand le langage dit le faux, on lui attribue néanmoins du sens. Le langage est acte, il est utilisé pour changer le réel plutôt que pour le dire. Le langage permet de passer de la pensée concrète à la pensée abstraite.

«  Il y avait une République fédérale allemande et une République démocratique allemande. Entre la démocratie dans les faits et la démocratie dans les mots, il y avait tout de même l’épaisseur d’un mur. » Gracchus Cassar

Les impasses du mouvement

Le mouvement est par nature impossible parce qu’il est infiniment décomposable. L’être est. Le non-être n’est pas. Donc l’être est immuable (Parménide). Si nous voyons le monde changer alors que l’être ne peut pas changer, c’est que ce que nous voyons n’est pas l’être. On ne peut connaître en se contentant de «  sauver les phénomènes ».

Le problème du jet

«  Zénon  ! Cruel Zénon  ! Zénon d’Êlée ! M’as-tu percé de cette flèche ailée Qui vibre, vole, et qui ne vole pas ! » !L’effet doit se manifester au moment même où se produit la cause. Dans la physique aristotélicienne (F = mv), si la flèche avance c’est qu’à chaque instant elle est poussée. Le jet est un problème physique central.

  Paul Valéry 1871 - 1945

Le fou-rire de ParménideL’être est, le non-être n’est pas. Donc l’être est i m m u a b l e c a r p o u r changer, il devrait devenir ce qu’il n’est pas, c’est-à-dire participer du non-être. Pa r m é n i d e p l a c e l a question du changement au cœur et à l’origine de la philosophie.

Le problème de la vitesse instantanée

La vitesse étant la distance parcourue divisée par le temps mis pour la parcourir, en une durée nulle, la notion de vitesse n’a pas de sens. L’espace fini est infiniment divisible (cf. Achille et la tortue). Le mouvement est paradoxal. On ne peut se fier à la sensation pour connaître la réalité.

Des choses derrière les chosesIl y a des choses derrières les choses. !Connaître suppose de prendre de la distance par rapport au monde sensible (cf. le mythe de la caverne). !Connaître suppose de prendre de la distance vis-à-vis du mystère, de l’incompréhensible, des forces occultes, de la vision animiste du monde.

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Le philosophe roi

« La vie de la plupart des hommes est un chemin mort et ne mène à rien. Mais d'autres savent, dès l'enfance, qu'ils vont vers une mer inconnue. Déjà l'amertume du vent les étonne, déjà le goût du sel est sur leurs lèvres - jusqu'à ce que, la dernière dune franchie, cette passion infinie les soufflette de sable et d'écume. Il leur reste de s'y abîmer ou de revenir sur leurs pas. » !François Mauriac

« Sauver les phénomènes »Il faut distinguer la théorie du monde sensible. Il faut observer le m o n d e s e n s i b l e ( o b s e r v a t i o n d u cosmos). La théorie doit rendre compte du monde sensible.

   «  J’ai rencontré un cheval, je n’ai pas rencontré l’Idée du cheval. » Aristote !«  C’est au pied du mur que l’on voit le mieux le mur. » Gracchus Cassar

Principe d’identitéNous ne pouvons penser l ’ ê t r e q u e d a n s s a p e r m a n e n c e , e n l u i attribuant une identité (A = A). Cette identité est un postulat i n d é m o n t r a b l e expérimentalement. Le fondement du principe d’identité est métaphysique. La physique quantique met en difficulté le principe d’identité (cf. : E = mc2).

Principe du tiers excluÀ celui qui pense que le principe du tiers exclu est faux, il est inutile de chercher à démontrer son erreur car pour lui le principe peut être vrai et faux simultanément. Le principe du tiers exclu est nécessaire au débat et à la dialectique. Cela ne prouve pas qu’il soit vrai. Le principe du tiers exclu est mis en échec par des affirmations auto-référentes qui ne peuvent être vraies que si elles sont fausses et fausses que si elles sont vraies. Exemple : « Cette phrase est fausse. »

Le théorème d’incomplétude de Gödel

Dans un système formel un groupe d’axiomes fondateurs f i n i e t c o n s i s t a n t e s t incomplet. C o n s é q u e n c e : l e s mathématiques sont ternaires : les propositions peuvent être vraies (démontrables à partir d e s a x i o m e s ) , f a u s s e s (réfutables à par t ir des axiomes) ou indécidables (ni démontrables, ni réfutables).

Principe de causalité

Il existe quatre types de cause  : la cause matérielle (la matière dont la chose e s t f a i t e ) , l a c a u s e formelle (la forme de la chose), la cause motrice (la force qui produit le mouvement) et la cause finale (la finalité en vue de laquelle la chose est faite). Le principe de causalité donne à chaque chose une raison suffisante.

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La catastrophe platonicienne

Pour Platon, le bien et le vrai ne sont qu’une seule et même chose. !Celui qui fait le mal le fait faute de connaître le vrai. Il n’y a pas de mal par raison morale mais par s imple ignorance (cf . L’Apologie de Socrate). !La morale est assujettie à la connaissance. Il n’y a pas de problèmes de morale, il n’y a que des problèmes de connaissance.

La Renaissance

La façon de connaître le m o n d e p a s s e à l a Renaissance par une rupture dans la façon dont les hommes questionnent la nature. 1.La quantification du réel (Galilée). 2.La normalisation du temps (Newton). 3.La volonté de maîtrise (Descartes).

La quantification du réelLe passage de la qualité à la quantité se fait par la mesure. L a mesu r e d o n n e a ccès à l’objectivité (elle ne dépend pas de celui qui effectue la mesure). Ce passage de la qualité à la q u a n t i t é n ’ e s t p a s u n a p p a u v r i s s e m e n t m a i s u n enrichissement. Une fois que la nature est mesurée, représentée par des nombres, on peut raisonner à son s u j e t e n u t i l i s a n t l e s mathématiques.

« La philosophie est écrite dans cet immense livre qui se tient toujours devant nos yeux, je veux dire l’Univers, m a i s o n n e p e u t l e comprendre si l’on ne s’applique d’abord à en comprendre la langue et à connaître les caractères avec lesquels il est écrit. Il est écrit dans la langue mathématique […] » Galileo Galilei, L’Essayeur

   

Géocentrisme ou héliocentrisme ?

Isaac Newton 1642 - 1727

Tycho Brahe 1546 - 1601

Galileo Galilei 1564 - 1642

Johannes Kepler 1571 - 1630

Nicolas Copernic 1473 - 1543

Le monde selon Tycho Brahé

Tycho Brahé est pour un système mixte : la Lune e t l e S o l e i l tournent autour de la Terre, les p l a n è t e s tournent autour du Soleil.

Le monde selon Kepler en 1597

Kepler imagine un monde où les o r b i t e s d e s p lanètes sont définies à partir des polyèdres réguliers.

Les cinq polyèdres réguliers

Kepler le voleur

« Voici ce que je pense d e T y c h o , i l e s t superlativement riche, mais il ne sait pas se servir de ce qu’il a, comme c’est le cas de la plupart des riches. Donc il faut essayer de l u i d é r o b e r s e s richesses. »

Les lois de Kepler (1)

Première loi (1608) : les trajectoires des planètes sont des ellipses dont le Soleil o c c u p e u n d e s foyers. !Deuxième loi (1608) : les planètes balaient des aires égales en des temps égaux.

Les lois de Kepler (2)

Troisième loi ( 1 6 1 8 ) : l e rapport T2/a3

e s t u n e constante.

Les trois lois de Kepler constituent la première formulation de lois de la nature en langage mathématique.

Galilée convaincu par l’héliocentrisme

«  […] j’ai adopté la doctrine de Copernic il y a des années […] cependant je n’ai pas encore osé publier ouvertement, redoutant le sort de Copernic lui-même, notre maître qui, s’il acquit une gloire immortelle auprès de certains, reste pour une multitude infinie (tel est le nombre des sots) un objet de ridicule et de dérision. » Galilée à Kepler, 1597

La lunette astronomique

En 1609, Galilée se procure une lunette astronomique. Il observe les satellites de Jupiter, les phases de Vénus, les montagnes sur l a Lune , l ’ anneau de Saturne qu’il prend pour une « planète triple ».

Les satellites de Jupiter

Io, Europe, Callisto, Ganymède

L’absence de preuveGalilée ne peut apporter aucune preuve de l’héliocentrisme : • Les satellites de Jupiter ne sont

pas vus par tout le monde dans la lunette.

• Il n’y a pas de parallaxe observable des étoiles fixes.

• La théorie des marées de Galilée ne prévoit qu’une marée par jour.

• Le fait que les oiseaux et les n u a g e s «  s u i v e n t  » l e mouvement de la Terre reste inexpliqué.

La position du cardinal BellarminEn 1616, le cardinal Bellarmin (1542 – 1621) – préfet du Saint-Office - ordonne à Galilée de ne plus enseigner le système de Copernic qui doit rester une simple hypothèse. Ceci p a r c e q u e c e s y s t è m e contredit une phrase de la Bible et que Galilée n’apporte pas de preuve. Bellarmin ne fait qu’appliquer la doctrine de saint Thomas d’Aquin.

Héliocentrisme et principe de l’inertie

«  Et vous, cette expérience, l’avez-vous faite pour en parler avec autant d’assurance ? […] – Et moi, sans expérience, je suis sûr que l’effet s’ensuivra comme je vous le dis, puisqu’il est nécessaire qu’il s’ensuive ; et j’ajoute en plus que vous-même vous savez qu’il ne peut s’ensuivre autrement […]. »

La condamnation de 1633Après la publication en 1632 des Dialogues sur les deux principaux systèmes du monde, le pape Urbain VIII se sent trahi. Galilée est jugé et condamné (abjuration et assignation à résidence) comme relaps. Il n’a pas respecté l’interdiction de 1616.

Regard contemporain

En 1992 , Jean-Paul II a r éhab i l i t é Ga l i l ée e t reconnu que l ’Église l ’ a v a i t f a i t s o u f f r i r injustement. Condamner les juges de G a l i l é e s u p p o s e d e projeter sur le XVIIe siècle les valeurs du XXIe siècle. L’affaire Galilée annonce la modernité kantienne.

L’autonomie de la connaissance

L’affaire Galilée a les conséquences suivantes : • Elle pose la question

l ’ a u t o n o m i e d e l a c o n n a i s s a n c e p a r rapport à la religion.

• E l l e p e r m e t l a d é f i n i t i o n d ’ u n humanisme laïc.

« Les grandes personnes aiment les chiffres. Quand vous leur parlez d’un nouvel ami, elles ne vous questionnent jamais sur l’essentiel. Elles ne vous disent jamais  : « Quel est le son de sa voix  ? Quels sont les jeux qu’il p r é f è r e  ? E s t - c e q u ’ i l collectionne les papillons  ?  » Elles vous demandent  : « Quel âge a-t-il  ? Combien a-t-il de frères  ? Combien pèse-t-il  ? Combien gagne son père  ?  » Alors seulement elles croient le connaître. » Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince

La normalisation du tempsIl existe un temps universel, e x t é r i e u r a u x p h é n o m è n e s , identique partout et s’écoulant uniformément. Le temps métaphysique est plus réel que le temps phénoménologique. On ne peut pas se fier à la sensation du temps. Le temps est connu par la mesure. La mesure du temps (la montre) sert à recaler le temps ressenti sur le « vrai » temps, le temps mesuré. Le temps est un cadre dans lequel s’inscrivent les phénomènes.

La volonté de maîtriseLa connaissance sert à mettre la nature au service de l’homme. La connaissance permet de percer en partie les ténèbres de l’avenir, de rendre le monde moins imprévisible. La réduction de l ’imprévisible débouche sur une poss ib i l i té d’éclairer les décisions par la connaissance. La connaissance permet de mettre la nature au service de l’homme de façon efficace. L’humanisme se définit comme une volonté de donner plus de valeur à l’homme qu’à la nature.  

« Agis de telle sorte que la maxime de ton action puisse être érigée en loi universelle. » Emmanuel Kant   « Dieu est mort. » Friedrich Nietzsche, 1882 « Nietzsche est mort. » Dieu, 1900   «  Dieu est mort, Karl Marx est mort et moi-même je ne me sens pas très bien. » George Bernard Shaw

Pour en finir avec le tempsLa normalisation du temps définit le temps pour mieux nier sa réalité. L a n o r m a l i s a t i o n d u t e m p s s ’ a c c o m p a g n e d ’ u n p r i n c i p e déterministe  : les développements de l’avenir ne dépendent que des données du présent. Dans un monde déterministe, la c o n n a i s s a n c e a p o u r o b j e t d e déterminer l’avenir à partir des données du présent, donc de nier que le temps soit irréductible à autre chose que lui-même. L’imprévisible est l’ennemi de la connaissance et de l’humanisme. Mais il peut être réduit.

« Michele m’a précédé de peu pour quitter ce monde étrange. Mais cela importe peu pour nous autres physiciens convaincus que le temps n’existe pas, qu’il n’est qu’une illusion, même si elle est tenace. » Albert Einstein   «  Dieu est subtil mais il n’est pas malveillant. » Albert Einstein

 

La psychanalyse : première mort de la philosophie

La psychanalyse attribue les pensées du sujet à des pulsions inconscientes. Elle signe donc la mort de sujet conscient et par conséquent la mort sujet philosophe. !L a p s y c h a n a l y s e v a substi tuer la recherche généalogique (recherche de la genèse des pensées) à la recherche de la vérité. Sigmund Freud

1856 - 1939

L’ère du soupçon (deuxième mort)

N o s o p i n i o n s o n t u n e généalogie, elles reflètent ce que nous sommes. L’homme est déterminé, il n’est pas libre. Toutes ses opinions sont soupçonnables. Le sujet autonome est mort. La sociologie et la psychologie supplantent la philosophie. La philosophie du soupçon débouche sur la haine de soi. La culture humaniste est la seule à cultiver la haine de soi.

Hannah Arendt : la banalité du mal

L’humanisme n’a pas tenu sa promesse. Au contraire il a enfanté le mal absolu (la Shoah). Ce mal démesuré a été accompli par des êtres insignifiants (cf. Eichmann à Jérusalem). Les acteurs du mal se sont a p p r o p r i é s l a t e c h n i q u e e t l’organisation (l’art de faire des choses extraordinaires avec des gens ordinaires selon Galbraith). Les deux outils de l’humanisme (la technique et l’organisation) ont permis l’anti humanisme absolu.Hannah Arendt (1906 – 1975)

Ivan Illich : la contre productivité

La technique a des effets contre-productifs : le transport et la vitesse font perdre du temps, l'école abêtit, les communications deviennent si denses et si envahissantes que plus personne n'écoute ou ne se fait entendre, la médecine rend malade, etc. !Ivan Illich propose de substituer à l’outil technique qui rend l’homme serviteur des « outils conviviaux  » des outils d’«  après-développement  » de «  simplicité volontaire  » et de « décroissance soutenable ». Ivan Illich (1926 – 2002)

La relativité du tempsLa science du XXe siècle a signé le grand retour du temps en montrant qu’il n’est pas le contenant des phénomènes mais qu’il est le phénomène lui-même. Le temps est relatif au référentiel (relativité einsteinienne). Le temps et l’espace forment la texture de l’univers (relativité générale). Au n iveau de l ’obser va t ion des phénomènes, le temps n’est pas éliminé par le déterminisme (théorie du chaos). L e t e m p s a u n e f l è c h e (thermodynamique). Le temps est granulaire (physique quantique).

Le déterminisme en difficultéLe déterminisme de la science classique s’est appuyé sur des modélisations qui sont elles-mêmes mises en difficulté. Le déterminisme classique a été associé à une vision corpusculaire du monde. Il est mis en difficulté par l’effondrement de cette vision corpusculaire. Les descriptions de la réalité à partir des concepts du sens commun (position, vitesse) sont limitées en précision par la théorie quantique (inégalités d’Heisenberg). La théorie du chaos enlève au déterminisme classique toute valeur pratique. Le déterminisme n’est pas un modèle heuristique pour la science moderne même s’il peut rester une croyance métaphysique.

Benoît Mandelbrot 1924 - 2010

La lente agonie du principe d’identitéLa transformation de la masse en énergie et vice versa montre qu’il existe des passerelles entre l’objet tel que vu par le sens commun (la masse) et la propriété de l’objet (par exemple sa vitesse). Notre connaissance du monde repose sur le principe d’identité, sur l’attribution d’une permanence dans le temps aux objets. Cette permanence de l’identité dans le temps n’est pas respectée au niveau microscopique. Le niveau microscopique semble difficilement compréhensible à partir des concepts issus du monde macroscopique.

Un monde non localLa physique quantique prévoit que dans certaines situations particulières, l’espace ne sépare pas. L e s s y s t è m e s q u a n t i q u e s réagissent comme un seul système même quand certaines par ties sont séparées dans l’espace. La notion de localité n’est pas toujours pertinente pour décrire le monde microscopique. La science moderne est difficile à comprendre à partir des concepts du sens commun.

«  Ces images, répondit Bohr, ont été déduites ou plutôt, si vous préférez, «  d e v i n é e s  » à p a r t i r d e f a i t s expérimentaux  : elles ne sont pas le fruit de quelconques calculs théoriques. J’espère que ces images décrivent la structure des atomes aussi bien – mais seulement aussi bien – que cela est possible dans le langage visuel de la physique classique. Nous devons nous rendre compte que nous ne pouvons nous servir ici du langage qu’à la manière des poètes qui, eux non plus, ne cherchent pas à représenter les faits de façon précise, mais seulement à créer des images dans l’esprit de leur public, et à établir des connexions sur le plan des idées. » Werner Heisenberg, La Partie et le Tout

Werner Heisenberg 1901 - 1976

Les théories du chaos et le retour du temps

Un système déterministe n’est plus prédictible dès qu’il apparaît une sensibilité infinie aux conditions de départ. Les situations de sensibilité infinie aux conditions de départ sont les plus courantes dans la nature (exemple  : Poincaré et le problème des trois corps). L’univers décrit de façon mécaniste et déterministe est néanmoins imprédict ib le (exemple  : la prévision météorologique).

Henri Poincaré 1854 - 1912

L’humanisme en difficulté

L’humanisme issu de la technique est mis en d i f f i c u l t é p a r l a technique. Il est donc repensé. !La technique apparaît comme l’exaspération de «  l’occultation de l’être au profit des étants ».