chimie et affordance. perspectives mésologiques
DESCRIPTION
de Jean-Pierre Llored. Exposé fait le vendredi 5 juin 2015 au séminaire "Mésologiques" de l'EHESS (14e séance)TRANSCRIPT
-
Chimie et Affordances :
Perspectives msologiques en philosophie
des sciences
Jean-Pierre LLORED
LINACRE COLLEGE
Universit dOxford, Royaume-Uni
Sminaire de msologie organis par le professeur A. Berque
EHESS (Paris, le 05/06/2015) 1
-
Remerciements
adresss au Professeur Augustin Berque et
toute son quipe.
2
-
Etat desprit du
confrencier
3
-
Au moment o nous apprenons le respect que la thorie
physique nous impose lgard de la nature, nous devons
apprendre galement respecter les autres approches
intellectuelles, que ce soient les approches traditionnelles, des
marins et des paysans, ou les approches cres par les autres
sciences. Nous devons apprendre non plus juger la
population des savoirs, des pratiques, des cultures produites
par les socits humaines, mais les croiser, tablir entre eux
des communications indites qui nous mettent en mesure de
faire face aux exigences sans prcdent de notre poque.
PRIGOGINE, Ilya & STENGERS, Isabelle. La nouvelle alliance, ditions Gallimard, Paris, 1979,
pp. 390-391.
4
-
PLAN DE LA CONFERENCE
1. Rquisits pour penser la chimie : Les apports
dune pistmologie exprimentale
2. Perspectives ouvertes et discussion
5
-
Premire partie
Relations, oprations et relata :
Le corps comme faisceau ouvert et provisoire
de performances
6
-
Stable
Rendement global: 39%
Synthse de la dichloro-s-ttrazine : ENS Cachan
7
-
Dtail dune tape essentielle :
Synthse de la
3,6-bishydrazinottrazine
8
-
Dtail dune deuxime tape essentielle :
La dichloration
Montage ractionnel
9
-
Purification puis purification du produit
Purification sur colonne
Concentration sous pression rduite lvaporateur rotatif
10
-
Procd en mode continu
Ian R. Baxendale, Jon Deeley, Charlotte M. Griffiths-Jones, Steven V. Ley, Steen Saaby and Geoffrey K. Tranmer,
A Flow Process for the Multi-Step Synthesis of the Alkaloid Natural Product Oxomaritidine: a New Paradigm for
Molecular Assembly , Chem. Commun., 2006, pp. 2566-2568.
11
-
12
Relations (ractions chimiques) et relata (corps chimiques) sont clairement
indissociables dans les pratiques des chimistes. Un corps chimique est le
rsultat de purifications successives qui lui permettent dtre isol par
rapport dautres corps. Cette tape de purification fait prolifrer
instruments, verreries, milieux ractionnels, dispositifs et protocoles. Le
corps purifi permet alors de dfinir une classe de composs qui sera
tudie par le biais de ses types de ractions avec dautres composs,
bref, partir des relations de transformation dans lesquelles ce corps se
trouve engag.
La notion de puret est une condition de possibilit ddification des
classifications chimiques et non une proprit intrinsque de la
matire. Elle est le rsultat dune action.
La caf est-il naturel ou artificiel ? La chimie subvertit, sans cesse, la
frontire entre le naturel et lartificiel.
-
Premire partie
Corps actifs et oprations
13
-
Purification par chromatographie colonne de silice :
Les corps sont spars en fonction de leurs interactions avec la colonne
Les corps sont penss comme actifs, dots de capacits agir.
14
-
Corps chimiques hybrides alliant chimie des solutions et chimie des
matriaux
F. Barbette, F. Rascalou, H. Chollet, J.-L. Babouhot, F.Denat, R. Guilard., Extraction of uranyl ions from aqueous solutions
, Anal.chim.Acta, 2004, pp. 502-509.
Pige slectif pour les mtaux lourds
15
-
Dtection de cations
Cation
(CEA-CNRS-INSERM-INRA) : Toxicologie nuclaire
environnementale (2004-2006).
OO
OO
ON
O
O
N
O
N N
NN
BFF
B
FF
16
-
Dfinition opratoire des corps (1)
Si l'on cherche la dfinition du lithium dans un ouvrage de chimie, on trouvera peut-tre qu'il s'agit d'un lment dont le poids atomique est
approximativement de 7. Mais si l'auteur est dou d'un esprit plus logique,
il indiquera que si vous choisissez parmi les minraux vitreux, translucides,
gris ou blancs, trs durs, cassants et insolubles, celui qui donne une
flamme incolore une coloration cramoisie ; si vous mlangez ce minral
avec de la chaux ou de la mort-aux-rats pile et si vous pouvez dissoudre
partiellement ce mlange dans de l'acide muriatique, puis une fois la
solution vapore, aprs avoir extrait le rsidu avec de l'acide sulfurique et
l'avoir dment purifi, si vous pouvez le transformer en un chlorure par la
mthode habituelle, obtenir ce chlorure l'tat solide, le fondre et
l'lectrolyser avec une demi-douzaine d'lments puissants jusqu' ce qu'il
en sourde un globule de mtal argent et rostre qui flottera sur de
l'essence, le matriau rsultant de tout cela serait un spcimen de lithium .
PEIRCE, Charles Saunders. The Collected Papers of C. S. Peirce, Harvard University Press, Cambridge,
Massachussets, 1931-1958, Volume 2, paragraphe 330, notre traduction.
17
-
Dfinition opratoire des corps (2)
Cette approche du lithium permet dchapper un discours essentialiste et permet
une dfinition, ouverte et provisoire, de ce corps qui inclut des actes
reproduire, des relations du lithium sur dautres corps, et des degrs de
gnralit par classification.
Selon cette dfinition, le mot lithium reprsente en effet, non pas une
essence, mais lorigine ou le rsultat dune action. La dfinition met laccent
sur la squence des actions accomplir sur et avec le lithium ainsi que sur la
srie des contextes o tout chimiste a dj travaill avec du lithium et doit
sattendre le retrouver une nouvelle fois. Le mot lithium signifie donc
lensemble des rgles procdurales que tout chimiste, en tant quagent, doit
suivre pour former ou identifier ce dernier. Analogie avec la dfinition
opratoire des mtaux propose par Diderot dans lEncyclopdie.
Relation de type S-P-I et non de type S-P pour parler avec Augustin Berque :
ncessit dun raisonnement triadique pour comprendre (cum-prehendere)
les corps chimiques. Le lithium en-tant-que corps ractif pour un chimiste
effectuant une certaine voix de synthse avec tel ou tel objectif. Le lithium
sert dans les piles (source dnergie) qui transforment la vie quotidienne
des gens et notre rapport la Terre ! 18
-
Dfinition opratoire des corps (3)
En effet, alors que la subordination des attributs aux substances peut rester
lidal dune science ontologique qui croit la fois la puissance productive
de la substance et la puissance dductive de la connaissance, il faut en
venir la coordination des attributs entre eux, puis la coordination des
substances entre elles, quand on veut saisir lexprience chimique dans ce
quelle a dessentiellement corrlatif, de mme que la pense thorique
dans ce quelle a dessentiellement inductif .
BACHELARD, Gaston. (1932). Le Pluralisme Cohrent de la Chimie Moderne, Deuxime dition,
Vrin, Paris, 1973, p. 26.
19
-
Relation S-P-I plutt que S-P, disions-nous ?
Quand la leon de choses se donne comme choses, l'acide sulfurique et le sucre,
elle est dj une leon de choses sociales. De mme l'hydrogne et l'oxygne
sont bien des gards, si l'on ose s'exprimer ainsi, des gaz sociaux, des gaz de
haute civilisation ! [] Le matrialisme instruit est insparable de son statut
social , nous rappelle Bachelard (Le matrialisme rationnel, PUF, Paris, 1953,
p. 31).
Les produits de la chimie corps et objets ont des modes dexistence pluriels et
sont, ce titre, indexs la vie quotidienne et, ce faisant, investis de valeurs et
de significations marchandes, sociales et culturelles desquelles leurs usages
dpendent et que ces derniers contribuent, en retour, redfinir.
En sinspirant de Leroi-Gourhan (le Geste et la parole) : Anthropisation de
lenvironnement par les corps et objets chimiques, humanisation de
lenvironnement par les symboles (dont font partie les symboliques
(al)chimiques), et hominisation du corps animal par effet en retour des
symboliques et des corps chimiques !
20
-
Conclusion :
Dfinition ouverte et provisoire dun corps
LEWES, George Henry. Problems of Life and Mind, op. cit, Problem II: The Principles of Certitude,
Chapter 2: Is and appears , Kegan Paul, Trench, Turbner & Co, London, 1874-1879, p. 51,
notre traduction :
Dans une pince de sel de table napparat pas le mtal sodium mou ou le
chlore gazeux lodeur cre, que le regard mental des chimistes voit, et
que toute homme de science dclarerait quils sont rellement l, en
soutenant son affirmation par la prsentation nos sens du mtal et du
gaz. Je maintiens, au contraire, que ni le mtal, ni le gaz ne sont
prsents, et mon affirmation est soutenue par le fait quaussi longtemps
que le sel reste sel, aucune trace de gaz ou de mtal nest perceptible.
Afin de prouver son affirmation que ces lments sont bel et bien l,
sous-jacents aux apparences, le chimiste doit compltement changer le
groupe de relations, et pour ce groupe en substituer un autre, alors, en
effet, le gaz et le mtal rapparaissent.
Possibilit dtendre la notion de chane trajective (A. Berque) aux
corps chimiques dans la mesure o le groupe de relations varie avec les
milieux et permettra de rinterprter la ractivit chimique dun corps
en-tant-quagent dun nouveau genre dans un nouveau contexte ?
21
-
Le rle du milieu ractionnel et
des modes dintervention :
Msologie en philosophie des
sciences !
22
-
Oxydant Dichloromthane Acide actique Dithylazodicarboxylate Trichlorure de fer
Condition(s) Agitation
temprature ambiante l'air pendant 12 jours
Agitation temprature
ambiante pendant 3 heures puis extraction au
dichloromthane et purification par
colonne de chromatographie.
Agitation 40C pendant 3 heures. Le solvant est enlev par
concentration sous pression rduite et
purification colonne de chromatographie.
Agitation temprature
ambiante pendant 2 heures puis la solution est
concentre sous pression rduite, le produit est obtenu
par essorage et purifi par colonne
de chromatographie.
Rsultat Oxydation ne
fonctionne pas. Mthode assez
fiable. Cette voie doxydation
ne fonctionne pas.
Cette mthode ne peut pas tre
retenue.
Dtermination des conditions opratoires dune bonne synthse
23
-
ZnO Les chimistes doivent aujourdhui penser ensemble les ingrdients, le tout, les
parties, le milieu associ et le procd pour lucider une transformation. On est
loin, trs loin, du seul cadre du tout et des parties intrinsques .
pH 5.6 pH 11.2 pH 12.5 2 m
Effets du pH
A. AIMABLE, M. T. BUSCAGLIA, V. BUSCAGLIA, P. BOWEN. (2010). Polymer-assisted precipitation of ZnO
nanoparticles with narrow particle size distribution , Journal of the European Ceramic Society, 30, pp. 591-598.
Les effets du milieu sur le tout et ses parties
24
-
Les effets du milieu sur le tout et ses parties
25
-
20 mm
CaCO3 0.02 mol.L-1
Prcipitation chaotique
Vatrite Calcite
CaCO3 0.02 mol.L-1
Aprs optimisation
20 mm
germes +
Acide polyacrylique
Ca2+ CO32-
0
5
10
15
20
0.1 1 10 100d [m]
Freq
Vo
l [%
]
dv50 = 22 mm dv50 = 22 mm dv50 = 0.4 mm Donnet, M., Bowen, P., Jongen,
N., Lemaitre, J. & Hofmann, H. (2005). Use of Seeds to Control Precipitation of Calcium Carbonate and Determination of Seed Nature , Langmuir, 21, 100108.
Le rle dcisif du milieu ractionnel
Il ny a pas dun ct une formule
chimique CaCO3 , et de lautre des
fragments Ca, C, et 3 O quil sagit
de mettre en rapport une fois pour toute
en termes de nombre, de masse, ou de
localisations spatiales relatives :
lhistoire de lentit et le rle du
milieu doivent tre pris en compte !
(Diffrence entre topos et chra ?) 26
-
Le rle dcisif du milieu ractionnel
Bachelard crivait (La philosophie du non, 1940, p.78) : Pour bien
souligner que la substance est dfinie par un groupe de
dterminations externes agences de telle manire quelles ne
peuvent toutes ensemble se prciser assez pour atteindre un intrieur
absolu, peut-tre pourrait-on retenir le nom dex-stance. 27
-
La structure interne dpend de la taille du cristal qui elle-mme dpend
du procd et du milieu associ.
Oscillation entre diffrentes structures des particules dor
(450 atomes et taille gale 2 nm).
(e), (f), (j) : Octadre tronqu avec des structures cubiques
faces centres.
(a), (d), (i) : Polydre avec une structure face centre et
une macle.
(b), (h) : Icosadre avec diffrentes macles.
Les nergies ncessaires pour passer dune forme une
autre sont trs faibles.
Itjima S., Ichihashi T., Phys. Rev. Lett., 56, (1986), 616.
Ajayan P.M., Marks L.D., Phys. Rev. Lett., 60, (1988), 585.
HRTEM
Liquid
Wulffs polyhedron
Icosahedron
Dodecahedron: Dh
Quasimelting: QM
28
-
RMN (1)
29
-
RMN (2)
30
-
RMN 13C : Les signaux des ensembles de noyaux de carbone chimiquement quivalents dpendent de la connectivit dans la molcule et dun champ magntique extrieur, et ce relativement un corps de rfrence le ttramthylsilane (TMS) pour un solvant donn.
TMS
>CH-
>CCH2
>CH2
CDCl3
>CH2
>CC-Cl
C
C
C
C
C
CC
C
C
C C
C
N
N
N
N
CO Cl
TMS
>CH-
>CCH2
>CH2
CDCl3
>CH2
>CC-Cl
TMS
>CH-
>CCH2
>CH2
CDCl3
>CH2
>CC-Cl
C
C
C
C
C
CC
C
C
C C
C
N
N
N
N
CO Cl
C
C
C
C
C
CC
C
C
C C
C
N
N
N
N
CO Cl
Que signifie le mot partie pour un corps chimique ?
31
-
RMN 1H :
Une autre mthode de RMN implique une nouvelle analyse du tout et des parties
par rapport un milieu chimique et magntique.
CH
CH2CH2
CH
CHCH2 CH2
CH2
CH2
C CH2
C
N
N
N
N
CO Cl
CHCl3 -CH2-
>CH-
>CH2
TMS
H2O
La nature des parties change selon le mode dintervention. Il faut donc considrer
le tout, les parties, le milieu associ et le mode dintervention en mme temps.
O H
32
-
Faisons le point
(1) La nature des ingrdients et les quantits sont les mmes, mais selon milieu
ractionnel associ, le procd et sa dure, le tout form, sa taille, ses parties
et leur agencement, peuvent diffrer. Penser lmergence dun nouveau
corps doit intgrer le fait que le tout, ses parties et le milieu associ
prennent sens ensemble et croissent ensemble (concrescence, cum-crescere).
(2) La notion de structure peut devenir, selon le cas, relationnelle.
(3) Le mode dintervention et le milieu prennent activement part la
dfinition et la constitution du corps form.
Notion d ex-stance de Bachelard (Philosophie du non, 1940). Notion d
affordance de Rom Harr. Une affordance est une disposition pour
laquelle la partie conditionnelle fait intervenir directement le corps humain ou
une interaction avec un instrument mis au point par les humains (Varieties of
Realism, 1986). Notion reprise la psychologie de Gibson et adapte
(traduction) au contexte de la philosophie des sciences.
Possibilit dune pertinence des concepts dhistoricit (Heidegger)
et de mdiance (Watsuji, Berque) en philosophie de la chimie ?
33
-
Les relations msologiques entre
niveaux :
ni rduction du tout ses parties
(rductionnisme),
ni rduction des parties au tout
(holisme)
34
-
Relations entre niveaux dorganisation :
Approche des orbitales molculaires (Mulliken)
(HI) = a1 (H) + b1 (I)
a1 et b1 sont dtermins par des mthodes variationnelles (minimisation
dnergie).
Techniquement la dtermination des coefficients a1 et b1 ncessite de faire
appel la molcule toute entire. Au-del de laspect technique, la
justification de cette minimisation fait appel au milieu (molcules,
photons de longueurs donde spcifiques).
Molcule Parties
Le tout interagissant
avec le milieu
associ
Aucune rduction dun niveau par un autre mais une dpendance mutuelle
des niveaux dans un milieu donn. Le tout, ses parties, et le milieu associ
sont ncessaires, en mme temps, la ralisation dun calcul et
laboutissement dun raisonnement. 35
-
Base sur une fonctionnelle de densit lectronique (une fonction dans la variable est une
fonction de lnergie des lectrons).
Espace molculaire : grilles de cubes de taille modulable (approche topologique).
36
Thorie de la densit fonctionnelle
(DFT en anglais)
Structure optimise du complexe n13 au niveau de calcul B3LYP/BS1. Longueur de liaison en .
Jaune : soufre ; bleu : azote ; gris : carbone ; blanc : hydrogne ; rose : bore ; bleu ciel : zinc
D. Picot, G. Ohanessian & G. Frison. (2008). The Alkylation Mechanism of Zinc-Bound Thiolates Depends upon the Zinc
Ligands , Inorganic Chemistry, 47, 8167-8178.
Le calcul utilise une fonctionnelle pour :
chaque atome ;
chaque effet spcifique lintrieur dune molcule ;
le milieu (molcules, champs lectromagntiques, photons) ;
une information sur lentit (structure).
Calcul de variation itratif et auto-cohrent.
-
AIM : La molcule comme somme de ses atomes topologiques ?
La thorie quantique des atomes dans les molcules, QTAIM, dmontre que toute proprit
mesurable dun systme, fini ou priodique, peut tre crite comme la somme des
contributions des atomes qui le composent. BADER, Richard, F. W. Atoms in Molecules: A Quantum Theory, Oxford University Press, Oxford (U.K), (1990), p. 10, notre traduction.
Latome topologique est dfini par lunion de lattracteur-noyau et du bassin associ. Les
atomes sont spars par des surfaces interatomiques dfinies par la nullit du flux du
vecteur gradient de densit en chacun de leur point.
37
-
Le dbat propos des atomes topologiques suit son cours et
oriente les recherches
Nous rappelons que les champs du vecteur gradient tablissent une partition
des molcules en atomes, ce qui signifie que le gradient de la densit taille les
atomes en tant quatomes molculaires et non en tant quatomes libres ou isols.
Ainsi, toute molcule se compose datomes molculaires qui ne se recouvrent
pas. () Chaque type de noyau apparat lintrieur de milliers datomes
molculaires possibles. Il y a en fait des millions datomes (molculaires) de
carbone parce que chaque atome est dcoup partir dautant denvironnements
chimiques molculaires particuliers quil existe de molcules. Dune certaine
faon, chaque atome molculaire est dot de proprits quil hrite de la
molcule de laquelle il est une partie. En dautres termes, les atomes
refltent les caractristiques dun environnement chimique particulier.
POPELIER, Paul. Atoms in Molecules. An Introduction, Prentice Hall, London, (2000), p. 35, notre traduction.
38
-
Premire partie
Clause ceteris paribus en chimie :
Exemple de chimie au service de la sant
39
-
Exemple dun dosage dantibiotiques dans leau
40
-
Le sens de la clause ceteris paribus en chimie
La clause concerne le complexe
{appareil-mthodes-corps-milieu associ}
Un appareil est prpar pour un type et une certaine quantit de corps, par
rapport un milieu donn, et des mthodes particulires. Changer un de ces
ingrdients et tout change. Les chimistes stabilisent un rsultat relatif ce complexe
et qui doit tre contenu dans un certain intervalle de valeurs.
Les chimistes dfinissent un intervalle de confiance qui caractrise la confiance ou la
crdibilit quils peuvent accorder au rsultat de mesure obtenu. Cet intervalle a une
probabilit donne, gnralement 95 % ou 99 %, de contenir la valeur cherche
(contrle qualit).
41
-
42
Analyse par chromatographie
-
Stabiliser le complexe (1)
Spcificit : capacit de la mthode permettre une valuation non
quivoque de l'analyte en prsence de composants qui sont susceptibles
d'tre prsents (effet de matrice, solvants, autres composs dune
formulation).
Linarit : capacit , dans un intervalle donn, d'obtenir des rsultats de
dosage directement proportionnels la concentration ou la quantit
d'analyte dans l'chantillon.
Exactitude (dfinie par norme ISO 5725) : troitesse d'accord entre le rsultat
d'essai et la valeur de rfrence accepte.
Justesse : troitesse daccord entre la valeur moyenne obtenue partir de
larges sries d'essais et une valeur de rfrence accepte.
43
-
Stabiliser le complexe (2)
Fidlit : ltroitesse daccord entre une srie de mesures obtenues dans des
conditions prescrites partir de prises dessais multiples provenant dun
mme chantillon homogne et homognis.
Rptabilit : fidlit value dans des conditions opratoires identiques
(mme analyste, mme quipement, mme laboratoire, le fameux ceteris
paribus des philosophes logiciens mais enchss cette fois dans un rseau
de procdures beaucoup plus complexe et bien souvent non sparables) et
dans un court intervalle de temps.
Fidlit intermdiaire : exprime la variabilit intra-laboratoire : jours
diffrents, analystes diffrents, quipements diffrents, etc.
Reproductibilit : exprime la variabilit inter-laboratoires (tudes
collaboratives habituellement appliques la standardisation de la
mthodologie).
44
-
Stabiliser le complexe (3)
On dfinit des limites, un intervalle de validit, une limite de dtection, une
limite de quantification, et une robustesse (stabilit du protocole par
rapport des variations faibles dlibrment introduites dans les paramtres
de la mthode ; la robustesse fournit une indication sur la fiabilit du
protocole dans des conditions normales dutilisation).
C (mol/L) 1,07E-04 8,00E-05 5,33E-05 2,67E-05 1,07E-05 8,00E-06 5,33E-06 2,67E-06 1,07E-06 8,00E-07 5,33E-07 2,67E-07 1,07E-07
835331 639008 381290 130271 57889 39510 24133 9696 3424 4189 2220 1552 597
836077 638324 380750 130056 58057 39405 24234 9709 3528 4167 2168 1524 549
834624 639286 381999 130034 57934 39319 24166 9814 3380 4159 2187 1449 505
835880 638741 381308 129819 58014 39682 24188 9707 3433 4268 2172 1583 541
836260 640046 382113 130027 58310 39907 24280 9955 3455 4195 2220 1528 515
835141 638084 380979 130200 58323 39903 24499 9778 3455 4184 2183 1494 535
Aire
moyenne 835552,17 638914,83 381406,50 130067,83 58087,83 39621,00 24250,00 9776,50 3445,83 4193,67 2191,67 1521,67 540,33
SD 626,645 706,480 545,385 157,235 186,688 251,086 132,473 99,134 48,775 38,872 23,019 46,418 32,266
CV % 0,075 0,111 0,143 0,121 0,321 0,634 0,546 1,014 1,415 0,927 1,050 3,050 5,971
Aires
injections
45
-
Stabiliser le complexe (4)
Lorsque que le complexe {appareil-mthodes-corps-milieu associ} est stabilis, le
facteur changeant est la quantit dterminer. Lexpression Toutes choses tant gales
par ailleurs dsigne linclusion dun rsultat de mesure dans un intervalle avec un
pourcentage de risque derreur donn. Lintervalle est lui-mme le rsultat de la codfinition
des lments qui forment le complexe, sachant que la porte des validations est toujours
limite et soumise de nombreuses contraintes, sachant encore que les parties du corps
peuvent dpendre de linteraction avec lappareil et le milieu associ sous un rapport que
dtermine une mthode donne ou un ensemble de mthodes particulires. Toutes ces
dmarches font correspondre des tests statistiques de conformit, des paramtres et des
critres dacceptation.
46
-
Le sens de la clause ceteris paribus en chimie
La clause ceteris paribus devient davantage un dfi ou un guide quun fondement
des raisonnements ; un point darrive plus quun point de dpart. Elle
acquiert donc un sens pragmatique et devient une condition locale de
possibilit dune validation exprimentale incluse dans un contexte de
production et un milieu chimique, sachant que les critres de normalisation
sont relatifs chaque domaine dactivit.
Le changement de couple {prparation technoscientifique-mtaphysique(s)
associe(s) (dualisme sujet/objet ou msologie} implique une transformation
(traduction), au moins partielle, de ce sur quoi porte la clause ceteris paribus
et, par voie de consquence, de son statut pistmologique dans ce nouveau
contexte de vridiction et dinfrence. Du statut de postulat applicable
quelle que soit la situation in abstracto, la clause ceteris paribus acquiert le
statut de rsultat dune dmarche darticulation et de stabilisation
renvoyant une histoire et un milieu associ.
LLORED, J.-P. Investigating the meaning of the ceteris paribus clause in chemistry, in Philosophy of Chemistry:
Synthesis of a New Discipline, Second Edition, Scerri Eric and Lee McIntyre (Eds.), Boston Studies in the
Philosophy and History of Sciences, Vol. 306, Springer, 2014, pp. 219-233.
47
-
Petit bilan de cette pistmologie
exprimentale
48
-
La dfinition, provisoire et ouverte, dun corps dfini par les modes
dintervention et par les oprations quil peut raliser.
La dpendance mutuelle des relations et des relata dans le cadre chimique.
La frontire entre le naturel et lartificiel est sans cesse dplace par la chimie.
Un raisonnement trois niveaux dans lequel le tout, ses parties et le milieu,
prennent sens ensemble. Les niveaux dpendent mutuellement les uns des
autres par rapport un milieu donn, et sont constitus par le mode
daccs.
Changement de statut pistmologique de la clause ceteris paribus en chimie.
Ontologie des corps actifs dots de capacits agir et dont la dfinition est
relative un milieu [affordances ; ex-stance ; mdiance et trajection
(Augustin Berque) ].
Bien avant la physique quantique, la chimie na cess de montrer le rle
constitutif du milieu et des modes dintervention sur les corps chimiques.
49
-
Deuxime partie
Perspectives et discussion
50
-
Du problme de la trivialit du concept
dmergence la dimension politique et
coumnale de ce concept
51
-
Affordance
52
-
Dfinitions de Gibson
The Ecological Approach to Visual Perception. Boston: Houghton Miflin (1979)
An affordance is neither an objective property nor a subjective property; or it is
both if you like. An affordance cuts across the dichotomy of subjective
objective and helps us to understand its inadequacy. It is equally a fact of the
environment and a fact of behavior. It is both physical and psychical, yet
neither. An affordance points both ways, to the environment and to the
observer. (p. 129) relationnelle
The affordances of the environment are what it offers the animal, what it provides
or furnishes, either for good or ill (p. 131) dispositionnelle
53
-
Prliminaire
HARR, Rom. Affordances and hinges: New tools in the Philosophy of Chemistry , in
The Philosophy of Chemistry: Practices, Methodologies, and Concepts, J.-P (Ed.),
Newcastle: Cambridge Scholars Publishing, 2013,580-596.
54
-
Les corps chimiques comme ex-stances ou comme
affordances (1) ?
Le mode dintervention nest plus liminable. Le concept daffordance
prend en charge cette situation. Il a t propos par Rom Harr sur la base
des travaux de Gibson en thorie de la perception et de Bohr en physique
quantique. HARR, Rom. Varieties of Realism. A Rationale for the Natural Sciences, Basic Blackwell, Frome and London, (1986).
Les dispositions sont exprimes sous forme dune proposition conditionnelle :
si je mets un sucre dans leau alors il se dissoudra .
Une affordance est une disposition pour laquelle la partie conditionnelle
fait intervenir directement le corps humain ou une interaction avec un
instrument mis au point par les humains.
Exemple : Le complexe {solution sode-lectrolyseur} afforde le sodium
sous forme mtallique lune des lectrodes.
La dpendance des affordances lappareil permet une prise en compte
dune version pragmatique de la clause ceteris paribus que ne permet pas la
notion simple de disposition.
55
-
Les corps chimiques comme ex-stances ou comme
affordances (2) ?
Linstanciation dune disposition peut aussi tre interprte comme lactualisation
dune potentialit du monde. Dans ce dernier cas, le contexte, le mode daccs,
la contribution de linstrument, sont ignors du point de vue de lindividuation
du corps tudi. Il y a toujours dans la manifestation dune disposition un dj-
prsent qui clignote.
Dans le cas dune ex-stance , nous sommes en prsence dune disposition
extrinsque , qui fait prvaloir le milieu sur lindividu, la logique du prdicat
sur la logique du sujet (Aristote). Ce nest pas satisfaisant non plus !
Passer dune disposition une affordance implique un changement de
mtaphysique sous-jacente (du dualisme sujet/objet la msologie) et un
passage dune logique diadique (S-P) une logique triadique (S-P-I) (Peirce,
Berque). Nous navons plus affaire des corps observables et connus, dcrits
contrafactuellement par lintermdiaire de contextes-miroirs, mais au rsultat
dune interaction entre des corps chimiques, un milieu et un procd (ayant une
certaine temporalit).
56
-
Les affordances en chimie (1)
Nous ne pouvons connatre que des affordances .
The affordances are not the dispositions of the glub itself, the ur-stuff. They
represent what glub affords in the context of a particular physically specified,
material apparatus. We have no idea and could have no idea how they are
ultimately grounded, that is what glub properties ground them. They are ur-stuff
affordances, not occurrent properties of the glub. HARR, Rom. Dispositions and their Groundings , in Varieties of Realism. A Rationale for the Natural Sciences, op. cit., p. 306.
A Davy apparatus does not display a congealed mass of metallic constituents of
salts, but affords a sample of sodium metal. That a block of sodium metal safely
immersed in paraffin is made of constituents of common salt requires an
additional metaphysical principle that may turn out to be hard to find. HARR, Rom. Affordances and hinges: New tools in the Philosophy of Chemistry , in The Philosophy of
Chemistry: Practices, Methodologies, and Concepts, J.-P (Ed.), Newcastle: Cambridge Scholars
Publishing, 2013,580-596.
57
-
Les affordances en chimie (2)
Les affordances sont des proprits du complexe {appareil-monde}.
Agent, instrument, and context were three components of a hybrid being and all
three components were needed for such a being to be the bearer of an affordance
for a knowledgeable experimenter HARR, R. & LLORED, J.-P., Mereologies and molecules, Foundations of Chemistry, volume 15, n 2, 2013, pp. 127-144.
Cest bien une relation de type S-P-I !
58
-
Les affordances en chimie (3)
Si deux instruments, INST1 et INST2, sont incompatibles, cest--dire ne peuvent
tre pas utiliss en mme temps sur le mme corps, les affordances qui
proviennent du complexe {INST1-corps} et du complexe {INST2-corps} sont
des phnomnes complmentaires, au sens de Bohr.
Le complexe {racteur-corps chimiques} afforde des produits alors que le
complexe {appareil de RMN-corps chimiques} afforde des signaux lis
des parties quivalentes de ces corps et produits.
Une proprit-affordance est mergente par rapport une autre
proprit-affordance . Reste ensuite articuler ces savoirs lis des modes
dintervention diffrents, sachant toutefois que les affordances renvoient aux
pouvoirs causaux du monde (ralisme : policy realism , selon Rom Harr.
59
-
Les affordances en chimie (4)
Cette approche est compatible avec une dfinition ouverte et provisoire dun corps
compris, ds lors, comme le faisceau de ses affordances , seules
connaissables, et rendant possible une dfinition du corps en termes
doprations en fonction de milieu.
Ce qui fait le lien entre les affordances a un sens pragmatique et non pas
ontologique ou mtaphysique. Une matire, active et indiffrencie, peut tre
postule en tant que guide qui permet dinnover et dinventer de nouveaux
modes daccs et donc de manifester de nouvelles affordances . Ce lien
pragmatique permet aussi de classer les corps, de gnrer de nouvelles relations
qui gnrent de nouveaux relata. Le lien vient aprs, il nest pas pos
immdiatement. Ce lien, justement, sera stabilis par le truchement des
dmarches dinter-comparaisons qui permettent la vrit dun relatif en chimie,
sans laquelle rien nest possible en termes dinfrences.
60
-
De la trivialit la dimension politique du concept
dmergence (1)
Si chaque affordance est indite car lie une interaction spcifique entre
un corps et un mode daccs, et si les affordances sont mergentes les
unes par rapport aux autres car les complexes { appareils-mthodes-corps-
milieu associ} sont diffrents et diffremment stabiliss, alors le concept
dmergence perd son pouvoir de discrimination ; pouvoir sans lequel tout
concept perd sa pertinence, sa capacit crer une diffrence, se
situer un carrefour de problmes.
Faut-il renoncer, comme Hilary Putnam, ce concept pour autant ?
61
-
De la trivialit la dimension politique et coumnale du concept
dmergence (2)
Lintroduction des corps chimiques dans le monde gnre une gamme de
possibilits relationnelles qui nous dpasse et qui nest pas sans consquences
sur nos collectifs (au sens latourien). Bref, lmergence relationnelle pose un
problme fondamental en termes des consquences quelle implique pour les
formes de vie et les formes inertes . Le fondamental nest pas derrire, mais
devant.
Les corps chimiques sont dfinis et constitus par leurs modes daccs, leur
historicit et le milieu. Leur dfinition opratoire est toujours ouverte et
provisoire.
Or, ils ont t dissmins partout sans que leurs effets sur la Terre et la sant aient
t tests, sachant en outre que nous commenons peine disposer de
mthodes pour valuer leur cotoxicit relative.
Le concept dmergence, pens en lien avec la chimie, pose donc un problme
politique et a, en ce sens, une dimension politique. Ouverture de pistes
intressantes pour repenser ce concept de faon ontologique, coumnale et
pragmatique, en ayant recours une approche msologique qui tient compte
du rle du milieu dans la dfinition des vivants et non-vivants.
62
-
Mrologie et chimie :
Perspectives msologiques
63
-
Histoires de sodium et deau :
types de mrologie et chimie
Pour pouvoir crire si je place du sodium dans leau alors une raction trs
violente se produit , je considre que le sodium est le sodium et que
leau est leau , avant de penser leur raction.
Je pense la relation partir de relata purifis mais je ncris pas : Le
sodium issu de l'lectrolyse contient des impurets insolubles qui sont
limines par filtration sur un treillis mtallique, cest--dire contenant : (1)
environ 6% de calcium, dont le chlorure est partiellement lectrolys ; (2)
des oxydes de sodium forms par des contacts accidentels avec
l'atmosphre ; (3) des chlorures du bain d'lectrolyse entrans par le flux
de sodium.
L identit du sodium dpend des oprations dlectrolyse et de
purification ; bref du procd et du milieu associ. La logique suppose
une identit formelle llment Na est llment Na ; les sciences
faonnent une identit opratoire. Comment raccorder ces deux
notions pour penser lmergence en lien avec la chimie ?
64
-
Les parties du tout mais selon quel type de mrologie ? (1)
Mrologie C
HARR, R. & LLORED, J.-P. Mereologies as the Grammars of Chemical Discourses , Foundations of
Chemistry, 13, (2011), pp. 63-76.
Laffirmation Na est Na suppose implicitement que toutes les parties de
lchantillon de sodium sont du sodium, lchantillon Na est la
somme uniforme de tous les Na quil contient et seulement cette
somme. Toute partie du sodium est semblable au tout auquel elle
appartient ! Cette invariance par changement dchelle traduit lide de
puret par rgression homogne.
Cette mrologie est transitive : si latome de sodium est contenu dans un grain
de sodium et que le grain est contenu dans un chantillon plus grand, alors
latome appartient cet chantillon.
65
-
Les parties du tout mais selon quel type de mrologie ? (2)
Mrologie S (pour set : ensemble)
Lorsque jcris leau est leau comme jcris le sodium est le sodium ,
impliquons-nous, pour autant, le mme discours mrologique ?
Locan peut tre considr comme une somme de grands volumes deau, eux-
mmes composs de molcules deau ! Que faire de lentit molculaire
ce point de la rgression ?
Le sodium est sodium, mais leau contient deux lments : lhydrogne et
loxygne.
66
-
Les parties du tout mais selon quel type de mrologie ? (3)
La fusion de tous les chats est compose de tous les chats qui existent, et de
rien dautre, affirme Lewis en posant que : (1) une classe est une partie
dune autre classe si et seulement si elle est une sous-classe de cette
dernire ; (2) nulle classe ne possde de partie qui nest pas une classe ; (3)
la ralit est divise exhaustivement en classes et individus ; (4) nulle
classe ne peut tre une partie dun individu ; et (5) toute fusion dindividus
est un individu.
Lewis suppose que cette mrologie vrifie : (1) la transitivit ; (2) le principe
de composition non limite : ds lors quil existe des choses, il existe des
fusions de ces choses ; et (3) le principe de composition unique reformul
en termes de fusion : il est impossible que des choses identiques donnent
lieu des fusions distinctes. Il introduit par ailleurs la classe singleton .
LEWIS, D. Parts of Classes, Blackwell, Oxford, (1991). Lewis utilise les mots sets, subsets, supersets .
67
-
Les parties du tout mais selon quel type de mrologie ? (4)
Les constituants de leau sont-ils les membres de sous-ensembles singletons
dun ensemble molculaire plus vaste ?
Les atomes et ions de lhydrogne et de loxygne sont-ils des sous-ensembles
de lensemble des molcules deau ?
Si tel est le cas, chaque molcule deau serait alors un sous-ensemble
appartenant au super-ensemble de la matire eau. Cependant, quelle
serait lintension dun ensemble duquel deux ensembles, les deux atomes
dhydrogne et latome singleton oxygne, sont des sous-ensembles ?
Les types de mrologie peuvent varier en fonction des pratiques
chimiques engages, bref du milieu technique, symbolique et
cologique dans lesquels ils se trouvent engags (cela rappelle les jeux
de langage de Wittgenstein et lapproche co-techno-symbolique de
Berque). 68
-
Les parties du tout mais selon quel type de mrologie ? (5)
La codpendance des mrologies C et S en chimie
Si lion H+ et lion O2- sont des sous-ensembles de lensemble des
molcules deau, quelle est la proprit commune qui fait deux les
membres de cet ensemble ?
Celle dappartenir en tant que constituants cette molcule.
Par consquent, lapplication de la mrologie de type S lentit chimique
eau dpend, en dpit de la varit de ses ingrdients, dune mrologie de
type C qui permet de comprendre la relation entre les atomes et les ions
dune part et la molcule desquelles ils sont des parties dautre part.
La tautologie si solitaire devient si solidaire dun corpus de pratiques trs
htrognes qui intgre des oprations de synthse et de purification,
des choix ontologiques et des types de mrologie.
69
-
Erreurs mrologiques et msologie
Attribuer une partie une proprit-caractrisation portant seulement sur
un tout en oubliant le rle des modes daccs et des contextes.
Infrer que les produits obtenus partir dun tout par raction chimique ou
toute analyse fractionnaire sont des parties de ce mme tout, en omettant,
ce faisant, la transformation qui a eu lieu afin de former ces parties dans
un milieu donn.
HARR, Rom & LLORED, J.-P. Molecules and Mereologies , Foundations of Chemistry, Volume 15, Issue 2,
(2013), pp. 127-144. LLLORED J.-P & HARR, R., Developing the mereology of chemistry, in Mereology
and the Sciences, Claudio Calosi and Pierlugi Graziani (Eds.), Springer, (2014), 60-284.
Ne pas oublier la relativit aux modes daccs et la dfinition oprative des
corps pour penser les mrologies chimiques !
La future mrologie chimique doit intgrer, dans sa formulation logique, le
rle du milieu et la temporalit des transformations chimiques : vers une
mrologie mso-logique ? (Article en cours de orparation Harr-Llored) 70
-
Merci de votre attention
71
-
The Philosophy of Chemistry:
Practices, Methodologies, and
Concepts, Cambridge Scholars
Publishing, Newcastle, juin 2013.
La chimie, cette inconnue?,
Hermann, Paris, ouvrage termin,
paratre en novembre 2015.
Connecting Ethics, the Philosophy
of Sciences, and Mesology,
Imperial College Press, London,
en prparation, publication
prvue pour lt 2017.
72