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L‘ACTUALITÉ DU HANDICAP ET DE L‘EMPLOI OCT. / DÉC. 2020 HAUT POTENTIEL : LE POINT SUR LES IDÉES REÇUES PORTRAIT JEAN D ALBI : MUSICIEN ET CHEF D ORCHESTRE PLAN DE RELANCE : QUELLES MESURES ?

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Page 1: CHEMIN-INSERTION-Oct/Dec Mise en page 1 · 2020. 10. 9. · le point sur les idées reçues P. 12 ART Jacques Coulais ou la chaise des utopies P.14 ÉDITO LA PAROLE À PHILIPPE BÉLAVAL,

L‘ACTUALITÉ DU HANDICAPET DE L‘EMPLOI

OCT. / DÉC. 2020

HAUT POTENTIEL :LE POINT SUR LES IDÉES REÇUES

PORTRAITJEAN D’ALBI : MUSICIENET CHEF D’ORCHESTRE

PLAN DE RELANCE :QUELLES MESURES ?

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Page 2: CHEMIN-INSERTION-Oct/Dec Mise en page 1 · 2020. 10. 9. · le point sur les idées reçues P. 12 ART Jacques Coulais ou la chaise des utopies P.14 ÉDITO LA PAROLE À PHILIPPE BÉLAVAL,

La France se relève peu à peu du choc causé par la COVID­19modifiant nos modes de pensée. Avec la pandémie, notre visiond’un monde moderne et idéalisé a volé en éclats.

Notre vision du bonheur aussi...

Vieil idéal dans la culture occidentale, le bonheur est affaire, nousle verrons ici, d’idéologie et d’époque.

Dans l’essai « Happycratie » analysé dans nos pages, les auteurs Eva Illouz et Edgar Cabanas,dénoncent la tyrannie d’un bonheur illusoire pour l’homme, en quête d’un moi intérieur :un bonheur devenu une marchandise ordinaire, loin de la conception d’Aristote qui vantait« la vie bonne », fondée sur les vertus.

La crise a mis l’accent sur l’essentiel et a écarté le superflu de nos vies. Nous avons touché deprès ce qui nous liait les uns aux autres (inter­dépendance matérielle, affective, relationnelle).Elle nous a appris à ne pas nous voir comme des femmes et des hommes isolés mais commedes membres indissociables d’une société. Une prise de conscience collective qui peut êtreannonciatrice d’une société plus humaine et plus solidaire...

La crise a aussi entraîné un changement de doctrine. « Nous sommes passés d’un monde danslequel le marché devait être totalement libre et l’État réduit à une portion congrue, à unmonde où l’État garantit la protection des salariés et des entreprises » soulignait le ministrede l’Économie, des Finances et de la Relance, Bruno Le Maire, lors de la présentation du plande relance. Un plan de 100 milliards d’euros pour relancer l’économie, que nous évoquons ici.

Enfin, nous mettons à l’honneur, le musicien et chef d’orchestre non­voyant Jean d’Albi. Endépit de son handicap, il a suivi la voie de son désir tout comme l’artiste peintre tétraplégiqueJacques Coulais. Malgré son immobilité, il a décidé un jour que les roues de son fauteuilseraient ses pinceaux.

Ces deux artistes nous montrent, par leur témoignage et leur parcours de vie, que tout restepossible pour qui est porté par son désir profond !

Cécile Tardieu­GuelfucciDirectrice de rédaction et de publication

PORTRAITJean d’ALBIP. 3

SOCIETE GENERALE :une nouvelle loi, un nouvel accordP. 4

ECONOMIE Plan de relanceP. 5

SOCIETEA la recherche du bonheurP. 6/7

FOCUSExposition : Henri II

ATIMIC :au coeur de l’insertion en entrepriseP. 8

INSERTIONCREDIT DU NORD :Une Mission HandiCAP engagéeP.9

TEMOIGNAGEDr François Rossignol :un autre regard sur le handicapP.10

INSTITUTIONNELLe ministère des Armées recrutedes agents civilsP.11

ENTRETIENHaut potentiel, surdoué(e)le point sur les idées reçuesP. 12

ARTJacques Coulais ou la chaise des utopiesP.14

ÉDITO

LA PAROLE À PHILIPPE BÉLAVAL,PRÉSIDENT DU CENTRE DES MONUMENTS NATIONAUX

Parmi toutes les activités culturelles, celles qui ont pour objet laconservation et la mise en valeur du patrimoine sont sans doute celles quicontribuent le mieux à donner à nos contemporains des repères dans letemps, dans l’espace et dans la société.

Dans le temps, puisque le patrimoine se forme par l’accumulation pro­gressive du produit de l’activité créatrice de l’Humanité, depuis les originesles plus lointaines jusqu’aux périodes les plus récentes. Découvrir etapprendre à aimer le patrimoine, c’est mieux comprendre l’enchaînementdes époques et l’héritage collectif reçu en partage.

Dans l’espace, dans la mesure où les monuments n’ont jamais étéimplantés par hasard et où ils ont aussi contribué à façonner les paysages ruraux ou urbains qui lesentourent.

Dans la société enfin, parce que les monuments sont des lieux de rencontre et de partage deconnaissances et d’émotions grâce à leur beauté propre ou aux activités qui y sont organisées.

Rien d’étonnant, dès lors, à ce que les personnes qui éprouvent, pour telle ou telle raison, desdifficultés à se situer par rapport au monde qui les entoure et à s’y insérer soient parmi les publics prio­ritairement visés par une politique patrimoniale active.

Parmi ces personnes, les personnes porteuses d’un handicap bénéficient d’une attention particulièrede la part du Centre des monuments nationaux, qui gère pour le compte de l’Etat plus de centmonuments répartis sur l’ensemble de la France : tandis que l’accessibilité des personnes à mobilitéréduite est intégrée à tous les grands chantiers de restauration, des dispositifs de médiation sontproposés aux personnes mal­voyantes ou mal­entendantes dans les parcours de visite. En 2019, unegrande exposition a rendu hommage au Panthéon, où repose déjà Louis Braille, aux personnalités quiont marqué la longue conquête de leurs droits.

Au travers de ces démarches, culture et citoyenneté se rejoignent pour contribuer ensemble àl’avènement d’une société authentiquement juste et tournée vers l’avenir.

LE CHEMIN Vers L’INSErtion

DANS CE NUMÉRO

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6, rue Paul Escudier ­ 75009 ParisTél.: 01 44 63 96 16Mail : contact@chemin­insertion.comwww.chemin­insertion.com

Directrice de publication :Cécile Tardieu­GuelfucciRédactrice : Victoire StuartSecrétaire de rédaction : Hervé RostagnatConception & réalisation : Laura Chouraki

Chemin N°26Octobre / Décembre 2020

Photo de couv : © Chemin vers l’insertion Editeur : sarl Tard.ieu communicationISSN 2257­7289

Dépôt légal à parution

Imprimé en France ­ Groupe PRENANT

Ce produit est issu de forêts géréesdurablement et de sources contrôlées.

Publication gratuiteNe pas jeter sur la voie publique

Toute reproduction d’articles ou photossans le consentement de l’éditeur est interdite.

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JEAN D’ALBI : « QUAND J’AI DÉCOUVERTQUE L’OREILLE ME GUIDAIT » A la fois organiste, chanteur et chef d’orchestre,Jean d’Albi a consacré sa vieà la musique sacrée et profane.

N ous l’avons rencontré dans la charmante ville médiévalede Verneuil­sur­Avre en Normandie, devant l’église dela Madeleine. C’est dans ce lieu propice au recueillement

qu’il officie comme titulaire de l’orgue de l’église depuis 1985. Ilofficie également à la chapelle royale Saint­Louis de Dreux et àSaint­Sulpice de Breteuil.

A quel âge est venue la passion de la musique ?Jean d’ALBI : J’ai commencé vers huit ans le piano. Mais, c’est àl’âge de neuf ans qu’un prêtre m’a fait découvrir l’orgue dans lacathédrale Sainte­Cécile d’Albi. Tout a commencé là...

Comment est survenu votre handicap ?J.d’A.: J’avais neuf ans quand j’ai perdu la vue définitivement à lasuite d’un glaucome, une maladie de l’œil. Mes yeux ont étéremplacés par des prothèses. J’ai accepté ma cécité. Mais, quandon m’a dit plus tard que je ne pourrai pas être chef d’orchestre,ça m’a renforcé dans mon désir de le devenir.

Vous avez suivi un parcours classique ?J.d’A.: Après des études de piano à Toulouse, je suis venu à Parisoù j’ai étudié à l’école des jeunes aveugles (INJA). J’ai aussi faitdu chant car, à l’époque, l’organiste chantait dans les églises et jesuis devenu organiste chantre.

Vous décidez aussi de devenir chef d’orchestreJ.d’A.: Oui contre vents et marées car on ne fait pas confiance àun chef d’orchestre aveugle ! J’ai pris des cours et, à 23 ans, j’aicommencé ma première direction avec quelques musiciens. Puisj’ai dirigé des orchestres comme l’Orchestre philarmonique deRadio France, l’orchestre de la Radio de Lille…

Comment faites­vous concrètement ?J.d’A.: J’ai la chance d’avoir une très bonne mémoire ; je mémorisepar cœur les partitions. En pratique, je sais ou sont placés lesmusiciens et je regarde dans la direction du musicien pour luifaire signe avec ma baguette.

En perdant la vue vous avez aussi développé des qualitésauditives ?J.d’A.: Oui. Quand je lançais un papier qui tombait, je l’entendaiset je me dirigeais vers l’endroit où il tombait pour le ramasser.J’ai découvert que l’oreille me guidait. Quand on marche, il y aune résonnance. Dans la rue, j’entends les voitures venir de trèsloin.

L’ouïe est un peu votre sixième sens ?J.d’A.: Oui, dans les relations humaines, il est très utile d’écouterla voix car elle donne de nombreuses informations sur la personne.La voix ne trompe pas comme la poignée de main non plus.

Une façon de serrer la main, un timbre de voix faux, ça se sent,ça s’entend. Quand ma femme est fatiguée je le sais immédiatementen l’écoutant.

Avec votre hyper­sensibilité, comment avez­vous vécu lapandémie ? J.d’A.: Nous avons été touchés par le COVID ma femme, ma filleet moi­même. Je me sentais très diminué. J’avais une hyper­sensibilité que je ne contrôlais plus. J’avais peur de ne pluspouvoir continuer mon travail, de perdre ma voix, d’avoir desproblèmes de mémoire. Maintenant que je vais mieux je reprendsmon activité. Le confinement a aussi mis en avant la douleur desfamilles endeuillées privées des funérailles. C’est ce soutien quel’on peut apporter aux gens, en tant qu’organiste qui me pousseà continuer.

Vous me disiez qu’on ne vit pas de ce métier J.d’A.: Oui c’est vrai. C’est pour cela que j’ai dû faire une carrièredans des bals populaires, dans des cabarets parisiens comme leDon Camillo, le Doyen....Je jouais de l’orgue électronique, ce qui a permis d’étendre monrépertoire (variétés, jazz, negro spiritual...) J’ai aussi fondé uneécole d’orgue électronique et créé des chorales.

Comment vivez­vous le handicap au quotidien ?J.d’A.: J’ai la chance d’avoir une épouse voyante qui est aussimon accompagnatrice 24h/24. Ce qui me facilite mon quotidien.En tant que non­voyant, je me considère comme n’importequelle autre personne dans la société. Je fais la queue commetout le monde à l’aéroport. Ce que je veux dire, c’est que je netire aucun privilège de ma situation et ne demande aucun passe­droit !

PORTRAIT

DR

■ Jean d'Albi dirige l'orchestre du Pays de Dreux à la Chapelle Royale.

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NOUVEL ENJEU POUR LA MISSIONHANDICAPL’année 2020 a été marquée par la miseen place d’une nouvelle loi. Jusqu’alorsles Missions Handicap mettaient en œuvredirectement leurs actions. Désormais,elles s’orientent avant tout vers une fonctionde conseil et d’accompagnement expertauprès de chaque direction pour intégrerle sujet du handicap dans leurs activités.L’un des changements importants,notamment, est la fin de la promotion

du secteur adapté par les MissionsHandicap. Ces dernières années, le travailréalisé conjointement avec la directiondes achats a permis de développerconsidérablement notre volume d’achatsauprès du STPA. L’enjeu est donc de pour­suivre cette dynamique. L’année 2020est aussi le point de départ d’un nouvelaccord. Cette concordance de calendriernous a permis d’être particulièrementréactifs et de respecter rapidement l’espritde la loi. Ainsi les équipes de recrutementet de maintien dans l’emploi ont étédoublées au sein de la Mission Handicapet l’accompagnement du réseau de Relaisau sein des équipes RH a été renforcé.

RECRUTEMENT Concernant le recrutement, SociétéGénérale va continuer à faire ce quifonctionnait déjà tout en s’appuyant sur lesnouveaux dispositifs comme par exempleles CDD Tremplins. Nous souhaitons autantque possible capitaliser sur le véritablevivier de candidats issus de l’alternanceet des stages car ils connaissent notreenvironnement (Cf. témoignage).Les chargées de recrutement de la MissionHandicap réalisent à la fois un travail desourcing, de pré­sélection important etassurent le suivi quotidien des candidats.Cela permet de rassurer les managers

et les futurs collaborateurs pour unemeilleure intégration.

MAINTIEN DANS L’EMPLOI Les personnes en charge du maintiendans l’emploi ont un rôle pivot auprès ducollaborateur, du médecin du travail etdes Relais RH pour mettre en place lesbesoins de compensation appropriés. Ellesapportent leur expertise tout au long duparcours du collaborateur, ce qui permet,d’une certaine façon, de rassurer tout ensensibilisant le collectif de travail.

ACTIONS DE SENSIBILISATIONN’oublions pas enfin que l’ultime rôle dela Mission Handicap est de faire évoluerle regard. Cela passe par l’expertiseapportée au quotidien aux managers etaux collaborateurs mais aussi par desactions de sensibilisation et de commu­nication spécifiques déployées tout aulong de l’année. Enfin, pour boucler cedispositif, la nouvelle version du blog dela Mission Handicap Société Générale –www.tousuniques.fr – se veut être le plusparticipatif possible et a l’ambition d’aiderau changement de regard sur le handicap.L’actualité du handicap y est abordéesous différents angles et nous ne traitonspas que des sujets propres à SociétéGénérale.

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ENTREPRISESOCIÉTÉ GÉNÉRALE : UNE NOUVELLE LOI, UN NOUVEL ACCORD Société Générale signait en novembre dernier son cinquième accord Handicap. Valérie Fanget, responsable Mission Handicap, évoque la nouvelle stratégie mise en place dans la continuité des actions réalisées.

« Nous utilisons toutes les possibilités dis­ponibles pour sourcer et recruter des col­laborateurs en situation de handicap.Lorsque la campagne d’alternance s’estouverte, et bien que la situation fût par­ticulière puisqu’en pleine crise de la Covid,nous avons mis en place une “taskforce” pour que l’ensemble des DSI s’em­pare du sujet et recrute des alternantsen situation de handicap. En amont, nous avions fait un grand nom­bre de sessions de sensibilisation auprèsdes comités de direction et au plus prèsdes recruteurs. Nous voulions que tousse sentent à l’aise dans cette campagneet que les entretiens soient des occasionsde rencontre avec les candidats qui ainsise sentiraient libres de s’exprimer et devaloriser leurs compétences. Une de leurscompétences, et non la moindre, étant

bien la détermination à réussir ses étudeslorsque l’on est en situation de handicap. Grâce à une sélection extrêmement précisedes CV, réalisée par la Mission HandicapSociété Générale, nous avons sélectionnédes candidats intéressants pour nosmétiers et pour s’assurer de ne pas lesperdre, nous avons souhaité être le plusréactif possible dans le processus de recru­tement. Cette campagne de recrutement s’avèreêtre un réel succès, surtout au regard dela période particulière que nous vivons.Nous espérons que ce succès permettrade convaincre d’autres managers de nousrejoindre pour recruter encore plus decandidats en situation de handicap. »

Anne­Cécile Pensec,responsable Ressources­Humaines de la filière IT Group, Société Générale.

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■ Anne­Cécile PENSEC

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TÉMOIGNAGE

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ÉCONOMIE

CHANGEMENT DE DOCTRINELe plan de relance est la deuxièmephase de réponse à une crise quiest la plus brutale que nous ayonsconnue depuis 1929. Nous avonsfait le choix avec le Président de laRépublique et le Premier Ministredébut mars, d’une interventionimmédiate et massive. Il faut mesurerce que cela représente commechangement de doctrine par rapportaux trente dernières années. Noussommes passés d’un mondedans lequel le marché devait êtretotalement libre et l’État réduit à laportion congrue à un monde oùl’État garantit la protection dessalariés et des entreprises, face àun marché déstabilisé par le coronavirus.Les semaines qui viennent vont être lesplus difficiles de la crise. Il faut maintenirles dispositifs comme nous le faisonss’agissant du chômage partiel dansl’hôtellerie, les cafés, la restauration, laculture, l’évènementiel. Mais il fautprojeter les Français dans ce que peutêtre la France d’après­crise.

L’ÉCOLOGIE, LA COMPÉTITIVITÉET LA COHÉSION : LES TROIS PILIERS DU PLAN

2 TRANSITION ÉCOLOGIQUE : LA RELANCE VERTENous sommes opposés à la décroissancedont il ne peut rien sortir de bon. Si nousvoulons des thérapies ciblées, desmédicaments adaptés à la diversité desmaladies et des cancers, des avions quifonctionnent à l’hydrogène et non plusavec des carburants fossiles, il fautinnover. Près de 7 milliards d’euros serontconsacrés à la rénovation énergétiquedes bâtiments publics et sur les particuliersqui pourront bénéficier du dispositifMaPrimRenov’, auquel sont alloués

2 milliards d’euros, pour engager desprojets de rénovation de leur logement. Nous allons mettre 1,2 milliards d’eurossur la décarbonation de l’industrie notam­ment à celle des sites industriels quiémettent le plus de CO2. Nous engageronsun vaste plan pour les mobilités propres.Quant au secteur ferroviaire, il bénéficierad’un soutien de 4,7 milliards qui permettrad’amortir le choc du Covid sur la SNCF etde relancer le fret ferroviaire. Nousengagerons des mesures en matièred’agriculture biologique. Et enfin, nousvoulons nous doter d’une stratégiehydrogène qui permette à la France d’êtresouveraine : 7 milliards y seront consacrés.

2COMPÉTITIVITÉLa France a trop délocalisé. Elle l’a fait aunom d’idées qui étaient des illusions :l’industrie sans usines ! Elle l’a fait parmanque de courage en refusant detoucher à la fiscalité pénalisante pourl’industrie. Or si l’on conserve une fiscalitéconfiscatoire, il n’y a aucune chance devoir rouvrir une seule usine dans notrepays ! C’est parce que nous assumonsdes choix fiscaux courageux à savoir la

baisse de 10 milliards d’euros desimpôts de production que nousobtiendrons des résultats en matièrede relocalisations industrielles. Nousréduirons de moitié les impôtsfonciers pour 32 000 entreprisesindustrielles.

Investir sur des technologiesd’avenir Nous investirons 11 milliards dansles technologies numériques,la recherche médicale, l’industriede la santé, les énergies décarbo­nées, la souveraineté alimentaire,l ’ense ignement numér ique,l’industrie culturelle et créative.Nous dégagerons 1 milliard d’euros

de subventions aux entreprises indus­trielles pour qu’elles puissent relocaliserdes activités dans notre pays.

2COHÉSION & SOLIDARITÉLa cohésion et la solidarité reposent d’abordsur l’investissement majeur que nous fai­sons dans le cadre du Ségur de la santésur le secteur médico­social, 6 milliardsd’euros qui figure dans le plan de relance.

Dispositif spécifique pour l’emploides jeunes en situation de handicapPour toute embauche en CDI de jeunesde moins de 26 ans et de jeunes ensituation de handicap, l’entreprise verraune diminution de ses charges de 4 000 €.Ainsi que des primes pour l’embauched’apprentis. Nous maintenons les dispo­sitifs très protecteurs sur l’emploi grâceau chômage partiel et à l’activité partiellede longue durée. Nous invitons les entre­preneurs à signer ces accords sans tarder.Pour les plus précaires, nous mettons enplace des mesures comme la majorationde 100 euros de l’allocation de rentréescolaire. Et un soutien de 5 milliardsaux collectivités locales.

PLAN DE RELANCE : « Nous sommes passés d’un monde dans lequel lemarché devait être totalement libre et l’État réduit à la portion congrue àun monde où l’État garantit la protection des salariés et des entreprises »Le 3 septembre dernier, le gouvernement lançait un plan de relance historique de 100 milliards d’euros, dans lacontinuité des mesures de soutien aux entreprises et salariés lancées dès le début de la crise de la Covid­19. Nousétions présents à l’Assemblée Nationale pour écouter Bruno Le Maire, Ministre de l’Économie, des Finances et de laRelance qui présentait, lors de son audition, les axes principaux du plan de relance.

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■ Bruno LE MAIRE à l’Assemblée Nationale

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DE L’ANTIQUITÉ À NOS JOURS

Pour Aristote, le but de la vie étaitde vivre « la vie bonne » fondéesur la pratique des vertus. Unephilosophie qui contraste avec laconception individualiste du bonheurde nos contemporains.Si jusque dans les années 1970/1980, le bonheur était affairede philosophie, de morale et despiritualité, un changement radicaleut lieu avec « la psychologie posi­tive », vers la fin des années 1980et 1990. Un courant de penséevenu des Etats­Unis qui proposede révéler les clés psychologiquesde l’épanouissement personnelen se focalisant sur les penséespositives. Pour les auteurs, si le bonheur estvécu comme capital dans nos socié­tés, c’est parce qu’il est associé auxvaleurs individualistes et qu’il estutile. « L’idée du bonheur estparvenue à s’imposer en raison deson individualisme sous­jacent, parle truchement d’un discours indivi­dualiste et apolitique, devenu légi­time, qui sépare la vie de l’individude celle de la communauté et quienvisage le moi comme étant àl’origine de tous les comportementshumains. »

LA SUR-RESPONSABILISATIONDE L’INDIVIDU

« Ce livre n’est pas contre le bonheurmais contre la vision réductionniste dubonheur » affichent en préambule lesauteurs, comme pour couper court auxéventuelles critiques de leurs détracteurs.Les auteurs dénoncent l’idée développéepar la psychologie positive selon laquellela richesse et la pauvreté, le succès etl’échec, la santé et la maladie seraientde la responsabilité de l’individu. Ainsiface au chômage, face à la maladie, iln’y aurait pas de problème structurelmais des déficiences psychologiques indi­viduelles. Ce qui produit des chercheursde bonheur continuellement occupés àcorriger leurs défaillances psycholo­giques. »L’individu devient responsable de toutce qui lui arrive, de ses succès commede ses échecs. Le film américain « Lapoursuite du bonheur », l’histoire vraie

de Christopher Gardner, illustre cetteidée. Le personnage central se retrouvesans emploi, un enfant à charge et divorcé.Il est présenté comme le self made manet sa vie comme une lutte darwiniennepour l’ascension sociale. « Le messagedu film est de dire que si la méritocratiefonctionne, c’est parce que la persévéranceet l’effort personnel sont toujours récom­pensés. Et de rappeler que vous seuldécidez de la vie que vous menez, qu’il yva de votre responsabilité. Vous ne pouvezcompter sur personne. »

LE MARCHÉ DU BONHEUR

Le bonheur devient un produit de consom­mation comme un autre, dans un marchéqui propose son cortège de thérapies,coachs, livres, fiches pratiques regorgeantde conseils sur la manière d’instaurer denouvelles habitudes positives dans savie.Dans le marché virtuel du bonheur,

l’application sur les smartphonesHappify propose à son utilisateurde l’aider à réguler son état émo­tionnel en lui expliquant commenttravailler ses émotions et sespensées positives, comment aug­menter son niveau de bonheur,« comment mieux vivre sa situationde parent, « trouver sa vocation »,« construire un mariage plussolide. » etc. « Qu’il soit questionde beauté, de sport, de relationsamicales, de stress, d’affirmationde soi, l’idée sous­jacente est qu’ily a toujours un défaut qui peutêtre corrigé ou une qualité quipeut­être améliorée par un nouveauproduit ou un nouveau service. Nepas vouloir s’améliorer serait ensoi le signe d’une déficiencepsychique. Il y a toujours unnouveau régime à suivre, un viceà abandonner, une habitude plussaine à acquérir, un objectif àatteindre, un besoin à satisfaire,un temps à optimiser. »« Comme le relèvent Carl Cederstromet André Spicer, personne n’estsuffisamment capable, sain etheureux. » Les techniques de soiaussi éclectiques que peu compli­quées empruntent de façon fortsuperficielle aussi bien à la cultureNew Age, à la cure par la parole,au stoïcisme et à une vague culturehumaniste. La marchandise iciproduite et vendue n’est rien d’au­

tre qu’un processus narratif performatifau fil duquel l’individu réorganise sonexpérience en la racontant.

ISOLEMENT ET PATHOLOGIESMENTALES

Aux yeux de Taylor, l’individualisme aprogressivement fragilisé l’ensemble descadres traditionnels qui permettaient auxcitoyens d’entretenir une conceptionélevée de l’intérêt commun, seul horizonlégitime susceptible selon lui de donnerdu sens et une orientation à notre vie.En conséquence, les sources extérieuresà la sphère du moi (société, culturetradition, etc.) se sont gravementappauvries et ont perdu leur pouvoir.« Certains auteurs comme Iris Mauss etses collègues ont remarqué que depuisque le bonheur se mesure à l’aune dessentiments positifs et des acquis person­nels, il y a de fortes chances pour que

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SOCIETEA LA RECHERCHE DU BONHEUR L’idéal du bonheur en tant que tel est un vieil idéal dans la culture occidentale. Au travers d’un essai« Happycratie », les auteurs Eva Illouz et Edgar Cabanas ont cherché à dénoncer « la psychologie positive »qui fait du bonheur une obsession individuelle et qui contribue à l’expansion d’un marché juteuxet d’un mode de vie consumériste.

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partir à sa recherche, aggrave le sentimentde solitude et l’impression d’être détachéd’autrui. D’autres ont constaté unecorrélation directe entre cette conceptiondu bonheur et le narcissisme dont lesmanifestations les plus communes sontl’autoglorification, l’égoïsme, le délire degrandiosité, le repli radical sur soi, autantde symptômes traduisant des désordresmentaux sévères. »

UNE PRESSION SUR LES PLUS JEUNES

« Dans The Happiness Effect, DonnaFreitas analyse l’effet de l’idéologie dubonheur sur les générations les plus jeuneset le rôle décisif joué ici par les réseauxsociaux. Tous les étudiants sans exceptionavaient une seule et même préoccupation,dévorante et massivement relayée parles réseaux sociaux : paraître heureux.Les étudiants ont appris que les manifes­tations de tristesse ou de vulnérabilitésont souvent accueillies par le silence,rejetées ou pire que tout, violemmentraillées. L’importance de paraître heureuxsur les réseaux sociaux, le devoir mêmede paraître heureux y compris lorsquevous êtes gravement déprimé, en proie àl’isolement, est jugé primordial ».

L’HYPER-POSITIVITÉ : UNE NORME

« Positivez » est devenue l’injonction àlaquelle il faut obéir, à défaut de se fairepasser pour quelqu’un de négatif et quirefuse d’avancer dans le bon sens.Il est essentiel de rappeler que les auteursaffirment que « nourrir une idée positive de

soi­même est une bonne façon d’affronterles inévitables difficultés de la vie et n’astrictement rien de problématique en soi.Les problèmes surgissent lorsque lapositivité devient une sorte d’attitudetyrannique permettant d’imputer auxpersonnes, sans aucun souci de justice,la responsabilité de leurs infortunes etde leurs impuissances. Un monde oùchacun est tenu responsable de sasouffrance réserve peu de place à la pitiéet à la compassion. »

UNE DISTINCTION FALLACIEUSE

Pour la psychologie positive, une nettedistinction est établie entre les émotionspositives et négatives. « L’optimisme,l’espoir, l’estime de soi et le bien­êtretémoigneraient ainsi d’une santé mentalecomplète, le pessimisme, le sentimentd’insatisfaction existentielle, témoignanteux d’une santé mentale incomplète. Envérité, il n’y a pas de raison de séparerles émotions positives et négatives. Lavie est faite de sentiments mêlés etambivalents. On pourra être à la foistriste et soulagé de la mort d’un prochequi avait une longue et douloureuse mala­die, visionner un film d’horreur causeraà la fois frayeur et plaisir, etc. »« L’idée selon laquelle les scientifiquesdu bonheur pensent que les émotionspositives permettraient de mieux façonnersa personnalité ne résiste pas aux analyseshistoriques. De la sorte, des émotionsdites négatives sont intrinsèquement liéesaux logiques d’action. » Les révolutionsne se sont pas faites par des motivations

liées à des émotions positives mais bienà des émotions dites négatives comme lahaine, la colère, le sentiment d’injustice.D’autre part, soulignent les auteurs « unepersonne hyper­positive montrera souventune propension au désengagementémotionnel, se révélant dans certainescirconstances peu empathique pour autrui,peu soucieuse d’autrui, peu solidaired’autrui. »

L’homme a besoin d’espoir pour vivre.Les apôtres de la psychologie positivel’ont compris en apportant des réponsesclé en main, jugées par certains simplisteset difficilement vérifiables sur le planscientifique. Il apparaît ici que la quêtede son moi intérieur, tel qu’il est vendudans nos sociétés industrielles, est vouéeà l’échec, loin du bonheur tant espéré. La raison nous porte à penser qu’unebonne philosophie devrait au contrairenous préparer, sans nous infantiliser, àaffronter les difficultés de la vie et à enassumer tous les aspects à la fois positifset négatifs. A ne pas se voir comme desindividus isolés mais comme des membresindissociables d’une société où nous avonstous un rôle à jouer.« Ce sont la justice et le savoir, non lebonheur, qui demeurent l’objectif moralrévolutionnaire de nos vies. » concluentEva Illouz et Edgar Cabanas dans leuressai. Un livre éclairant sur notre époque,un appel à la raison aussi...

2OUVRAGE : « Happycratie », d’Eva ILLOUZ &Edgar CABANAS, Edition Premier parallèle. Prix :21 €.

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■ Edgar CABANAS

Docteur en psychologie,Professeur à l’université Camilo José Cela de Madrid.

■ Eva ILLOUZ

Directrice d’étudesà l’Ecole des hautes études en sciences sociales, Paris.

Professeur en sociologieà l’université hébraïque de Jérusalem. ©

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FOCUS

Sacré roi de France à Reims en 1547,Henri II n’en demeure pas moins un sou­verain méconnu. Son souvenir a étééclipsé par celui de son père, François 1er

ou celui des femmes qui l’entouraient,Catherine de Médicis, son épouse etDiane de Poitiers, sa favorite.

UN ROI CHEVALIER L’exposition s’articule autour de l’imageriemilitaire au travers de cartes illustrées,d’armures, d’objets d’art de l’époque etévoque les chevaliers de l’ordre de Saint­Michel. Un ordre qu’Henri II décida detransférer vers la demeure royale deVincennes. Créé sous Louis XI, l’objectifde cet ordre de chevalerie était de fidéliserautour du roi des hommes capables dele servir jusqu’à la mort. Parmi les piècesexposées, on peut y admirer le grandcollier et le pendentif de l’ordre de Saint­Michel. Des objets emblématiques quitémoignaient de la fidélité du chevalier

au roi. La politique d’expansion d’Henri IIs’inscrit dans une époque qu’il faut ima­giner. Il rêvait de bâtir un empire chrétien,dans la lignée des rois de France, afinque règne un nouvel Âge d’or. Si Henri IIne participa jamais à une bataille pourdes questions de sécurité, il fut un roiguerrier, provoquant régulièrement desconflits contre ses adversaires anglais ougermaniques, afin de réparer le passé.On loua sa vaillance et son courage,assurant le peuple de France de laréalisation prochaine des prophéties, etdonc de l’avènement du nouvel Âge.

LA SAINTE CHAPELLERestaurée par le Centre des monumentsnationaux, la Sainte­Chapelle est un chefd’œuvre de la renaissance française. Ellesera achevée sous le règne d’Henri II quila consacre le 15 août 1552. Sous lesvoûtes de la chapelle, le visiteur découvrirale monogramme d’Henri II ainsi que le

croissant de lune entrelacé, qu’il pritcomme emblème. Parmi les nombreuxobjets, est exposé un vitrail de la Viergeà l’enfant, aujourd’hui au Louvre qui étaità l’origine placé dans la verrière de laSainte­Chapelle de Vincennes.Témoignagede la piété religieuse sincère d’Henri IIqui l’avait commandé, il est aussi unepreuve de son mécénat religieux.

2 ACCÈS :Tour du Village, Avenue de Paris, Vincennes.Exposition jusqu’au 1er novembre.

EXPOSITION : HENRI II À VINCENNES Le Centre des monuments nationaux propose, au sein de la Sainte­Chapelledu Château de Vincennes, une exposition sur celui que l’on nommeaujourd’hui « le dernier roi chevalier ».

Quelle est la spécificité de votre entreprise ?Pascal UHART : Atimic est une entrepriseadaptée et entreprise de service du numé­rique (ESN). Dotée de cinq antennes enFrance, elle compte 70 collaborateursdans l’informatique.

Vous mettez en avant le nouveau dispo­sitif facilitant l’insertion d’un candidaten situation de handicap ou éloigné del’emploi ?P.U.: Le CDD « Tremplin » est nouveau eta besoin de se faire connaître. L’impactdu CDD « Tremplin » sera plus intéressantavec la réforme qui incite désormais lesentreprises à recruter en parallèle del’appel à la sous­traitance au secteurprotégé. Le CDD tremplin, proposé parles entreprises adaptées (EA) volontaires,doit favoriser la mobilité professionnelledes travailleurs handicapés vers les autresemployeurs privés ou publics. Le contrat ne peut pas excéder 24 mois.Ce CDD « Tremplin » permet aux entre­prises adaptées de compléter la formation,d’accompagner la personne et de lui don­ner une expérience professionnelle avantqu’elle ne rejoigne l’entreprise classique.

Avez­vous mis en place ce dispositif avecdes entreprises ?P.U.: Des grands comptes nous ont sollicitéset nous leur présentons des candidats,

avec un savoir­être, un savoir­faire et deréelles dispositions à s’insérer dans ungrand groupe.

Quelle est l’activité principale d’Atimic ?P.U.: Nous offrons des services infor­matiques réalisés par nos collaborateurs,soit à partir de nos locaux (solution quenous privilégions), soit directement cheznos clients et/ou partenaires. Desservices autour de l’assistance utilisateur,du test et du développement. A partirde nos locaux nous maîtrisons mieuxl’environnement « adapté » dont noscollaborateurs ont besoin pour garantirleur productivité.

Quel type d’accompagnement privilégiez­vous ? P.U.: Un accompagnement bienveillantavant tout ! Une personne avec un handicapest une personne comme n’importe quelleautre, avec juste des besoins différents àgérer et à prendre en compte.

Contact : www.atimic.fr

ATIMIC : AU CŒUR DE L‘INSERTION EN ENTREPRISEATIMIC est une entreprise adaptée spécialisée dans les services en ingénierie informatique. Entretien avec Pascal Uhart, co­fondateur et directeur général.

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■ Pascal UHART

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VALÉRIE HOUZET : GESTIONNAIRERISQUES AU CRÉDIT DU NORD

« En 2005, suite à un œdème rétinien,ma vue a considérablement baissé. J’étaisà l’époque directrice d’agence. J’en aiimmédiatement informé ma direction quia réagi très vite en mettant en place unlogiciel « Zoom texte » et une lampe spé­ciale. Trois ans plus tard, une autre patho­logie, la spondylarthrite ankylosante s’estdéclarée entrainant de la fatigue et desdouleurs permanentes. Là encore, j’aibénéficié d’une écoute et d’une attentionparticulière. Et malgré mon handicap,mon manager m’a proposé d’évoluer surun nouveau poste tout en proposant deme rapprocher de mon domicile pourdiminuer la fatigue. Se déclarer « travail­leur handicapé » n’est pas facile à accepter.

Mais grâce à cettereconnaissanceet à la MissionHandicap, j’aipu bénéficierd’aménagementset poursuivremon évolutionde carrière. »

Comment avez­vous vécu votre handicapdans le milieu professionnel ?Eric Gourmelen : Je me suis construitdepuis ma naissance avec un handicapauditif. J’entends très mal de l’oreilledroite et j’ai une oreille gauche extrême­ment sensible. Mais dans mon métier,cela ne m’a pas empêché d’évoluer parceque j’ai osé en parler et ne l’ai jamaiscaché.

Comment le handicap auditif est­il perçu ? E.G.: Il n’est pas stigmatisant. Les genssont bienveillants et s’adaptent volontiersaux contraintes que j’ai exprimées. Je nesuis jamais assis au centre d’une tablede réunion et les personnes sont toutesà ma gauche ! Cela n’a pas toujours étéle cas, plus jeune, j’avais l’impression quej’étais un homme avec quelque chose enmoins. Avec la maturité, je suis passéoutre et j’ai d’ailleurs eu un managerdans la Banque Courtois appareillé commemoi qui m’a encouragé à en parler libre­ment.

Quel message voulez­vous faire passer ?E.G.: Le handicap n’est pas un frein à

une carrière. J’ai côtoyé dans le cadre demon parcours professionnel des personneshandicapées avec des fonctions straté­giques. Cela ne les a pas empêchées des’épanouir et j’ai même constaté chezelles une capacité de travail supérieure àcelle de personnes valides !

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Quel est l’objectif de la Mission HandiCAP ?La Mission HandiCAP du groupe Créditdu Nord, créée à l'occasion de la signaturedu premier accord en faveur de l'emploiet de l'insertion professionnelle despersonnes en situation de handicap, s’estfixé pour objectif de mettre tout en œuvrepour que le handicap ne soit pas unfrein au recrutement ou à l’évolution decarrière.

Quels sont vos besoins en matière derecrutement ?Tous nos postes sont ouverts auxpersonnes en situation de handicap. Nousrecherchons des candidats en CDI, CDD,stages et alternance issus de la filièrebanque/assurance/finance sur de nom­breux métiers de conseillers notammentsur les marchés Patrimoniaux, Profes­sionnels et Entreprises. Si vous êtes ensituation de handicap et que vous postulezau Crédit du Nord, votre candidature

sera examinée sous l’angle des compé­tences (aisance relationnelle, sens de lanégociation, écoute,…) comme pour nosautres candidats.

Pouvez­vous rappeler l'intérêt, pour uncollaborateur atteint d'un handicap,d'obtenir la Reconnaissance de la Qualitéde Travailleur Handicapé (RQTH) ? Ne pas déclarer son handicap, c’est passerà côté d’un accompagnement dédié quiaméliore sa qualité de vie au travail etpermet d’être ainsi plus performant. Uncollaborateur n’ayant pas fait la démarchede reconnaissance peut se retrouver endifficulté sur son poste du fait de sonhandicap sans que nous le sachions. Cettereconnaissance permet d’obtenir un amé­nagement physique de postes de travailou d’horaires, la prise en charge des fraisd’appareillage, diverses aides financières…Lever les freins en amont, en parlerlibrement avec sa DRH ou son manager,

permet au collaborateur de travaillersereinement et de répondre plus facile­ment aux attentes liées à sa fonction.C’est pour lui la possibilité de gagner enconfiance et en estime de soi.2 POUR POSTULER : recrut.credit­du­nord.fr

CRÉDIT DU NORD : UNE MISSION HANDICAP ENGAGÉEDepuis 12 ans, la Mission HandiCAP du groupe Crédit du Nord se mobilise en faveur de l’insertion des personnes ensituation de handicap. Entretien avec Aline Samson Bourdeau, référente handicap.

■ Aline SAMSON BOURDEAU

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■ Eric GOURMELEN

ERIC GOURMELEN :« LE HANDICAP N’EST PAS UN FREIN À UNE CARRIÈRE »

Eric Gourmelen a rejoint le groupe Crédit du Nord en 2008. Actuellement directeur degroupe à la Banque Courtois, il nous fait part de son expérience.

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■ Valérie HOUZET

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TEMOIGNAGEDR FRANÇOIS ROSSIGNOL : UN AUTRE REGARD SUR LE HANDICAP•

Il y a quarante ans, un accident de la voie publiqueinterrompait brutalement le cursus universitaire deFrançois Rossignol. La vocation chevillée au corps, lejeune étudiant deviendra, en dépit d’un pronostic pessi­miste, médecin du travail.

A quel moment est intervenu votre accident ?François ROSSIGNOL : J’étais un jeune étudiant en médecine,interne à l’hôpital et chercheur à l’Inserm* quand je fus victimed’un accident. S’en est suivi un coma profond qui a duré troismois. Peu à peu, j’ai repris conscience. Je parlais avec difficultésmalgré les séances d’orthophonie. C’était difficile de ne pasexprimer mes pensées normalement et il a fallu attendre cinq anspour y arriver. J’ai repris mes études de médecine. Il a fallus’adapter... En public, je m’efforçais de faire des exposés courtspour me faire comprendre.

Vous étiez combatif ?F.R.: Au lieu d’éviter les problèmes, j’ai toujours préféré les affronter.Mes dispositions mentales me le permettaient sûrement. On a dumal à accepter d’être « moins quelque chose ». Je voulais réussirlà où je constatais un déficit. J’ai choisi précisément la médecinedu travail pour me prouver que j’en étais capable. J’ai travaillécomme médecin du travail (EDF, APHP, OHE 75, etc.), puis àl’hôpital de Verneuil/Avre, en Normandie.* Institut national de la santé et de la recherche médicale

En quoi le fait d’être un médecin en situation de handicap modifiele comportement du patient ? F.R.: J’ai constaté rapidement auprès de mes patients qu’ils sesentaient en quelque sorte libérés. Le médecin, de par sa fonction,instaure une relation de supériorité par rapport à son patient. Envoyant un médecin en situation de handicap, la relation n’est plusla même. Mes patients me voyaient au même niveau qu’eux. Larelation que j’instaurais, je la voulais aussi plus humaine.

Comment jugez­vous de l’image que renvoie le handicap ? F.R.: Les gens ont la démarche intellectuelle positive de serapprocher de la personne handicapée mais ils la rejettent dans laréalité ! On demande à la personne handicapée d’apparaître « lemoins handicapé » pour pouvoir travailler mais à l’inverse, « leplus handicapé « pour obtenir la Reconnaissance de la Qualité deTravailleur Handicapé (RQTH). Je trouve cette situation hypocrite.

Que revêt pour vous le mot « handicap » ? F.R.: Je ne me sens pas « handicapé » au sens strict du terme maisen situation de handicap. Le terme « handicap » est trop stigmatisant.Il est vu sous l’angle du déficit uniquement. Il ne faut pas qu’onréduise la personne handicapée à sa lésion ! Je préfère le termeutilisé par les Anglo­Saxons « disability », qui inclut une différenceet non une incapacité. Il faut, pour que cela change, être très tôten contact à des personnes qui ne sont pas dans la norme.

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LE MINISTÈRE DES ARMÉES RECRUTE DES AGENTS CIVILS Le ministère des Armées emploie 206 400 personnels militaires et 61 287 personnels civils. Entretien avec MartineRicard, déléguée nationale du handicap, en charge de la politique handicap et inclusion du ministère des armées.

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INSTITUTIONNEL

Quels est votre objectifen matière de recrute­ment de personnes ensituation de handicap ?Martine Ricard : Notreobjectif est de porternotre taux d’emploi despersonnes en situationde handicap à 6 % en2024. Nos postes, quece soit comme fonction­naires, contractuels enCDD ou CDI, en appren­tissage ou en stage, sontaccessibles, quel que soitle niveau de formationet quel que soit l’âge.

Quel est le processus de recrutement ?M.R.: En plus du recrutement par la voie du concours dans lafonction publique, le recrutement, sans concours, au titre del’obligation d’emploi, institué par l’article 27 de la loi 84­16,constitue une voie dérogatoire. Les personnes handicapées sontsélectionnées par un comité pour évaluer l’adéquation de leurscompétences avec les besoins du ministère. L’agent est ensuiterecruté pour une période probatoire d’un an, sous statut decontractuel, avant d’être titularisé comme fonctionnaire.

Comment se passe la titularisation des bénéficiaires de l’Obligationd’Emploi des Travailleurs Handicapés (OETH), à l’issue d’uncontrat d’apprentissage ?M.R.: C’est à la demande du bénéficiaire que la demande detitularisation est examinée. La détermination du corps s’effectueau regard du diplôme ou du titre préparé. Trois mois avant leterme du contrat d’apprentissage, les personnes qui se portentcandidates à la titularisation adressent à l’autorité de recrutementun dossier. Après étude de ce dossier, une commission auditionneles candidats, au plus tard, un mois avant le terme du contratd’apprentissage. La titularisation est prononcée une fois l’obtentiondu diplôme.

Un décret prévoit, pour les bénéficiaires de l’OETH, des modalitésdérogatoires d’accès par la voie du détachement à un corps decatégorie supérieure ?M.R.: En effet, les fonctionnaires doivent justifier de la durée deservices publics fixée dans le statut particulier du corps dedétachement, exigée pour l’accès à ce corps par la voie duconcours interne. En l’absence de statut particulier, lesfonctionnaires candidats au détachement doivent justifier de 10ans de services publics dans un corps de la fonction publique.Une commission évalue l’aptitude professionnelle du candidat.Ensuite, une période de formation ou d’adaptation à l’emploid’un an est prononcée. A l’issue de cette année, qui permet

d’apprécier l’aptitude professionnelle dufonctionnaire dans son nouvel emploi, sile fonctionnaire est déclaré apte, il est alorsintégré dans le corps de détachement.

Quelles aides proposez­vous aux personnes en situation dehandicap pour favoriser leur mobilité au sein de leur structured’emploi ou en inter­fonction publique ?M.R.: Une mesure récente facilite la mobilité d’une personne ensituation de handicap, qu’elle ait lieu au sein d’un même établissementou en inter­fonction publique. Ainsi, une personne en situationde handicap a la possibilité de conserver le matériel spécifiquequ’elle a obtenu dans le cadre de son aménagement de postelorsqu’elle change d’emploi.

Où trouve­t­on vos offres d’emploi destinées aux personnes ensituation de handicap ?M.R.: Chaque année, le ministère offre environ 3 000 postes àpourvoir dont une quarantaine pour les bénéficiaires de l’obligationd’emploi. Nos offres d’emploi sont consultables sur le site duministère des Armées. Les postes sont basés en France métropo­litaine, en outre­mer et à l’étranger. Quant aux emplois offertsau détachement, ils font l’objet d’un avis d’appel à candidatureet sont aussi publiés sur le site internet. Les postes vacants dansles trois fonctions publiques (territoriale, hospitalière et Etat)sont consultables sur : //place­emploi­public.gouv.fr

2 POUR POSTULER :Ministère des armées/emploi/recrutement/travailleurs handicapes

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■ Martine RICARD

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Raphael, 26 ans, affecté à la DRH/MDau sein du ministère des Armées.« Après un master d’études européennes et internationalesavec une dominante juridique, j’ai passé un concours pourintégrer une école de service public. Parmi les différentesoptions, j’ai choisi le ministère des Armées car c’est un ministèrestimulant et actuellement en développement. J’occupe, depuisseptembre dernier, le poste de contrôleur de gestion. Lesavantages dans le secteur public sont nombreux. Savoir quel’on œuvre pour l’intérêt général au service des Français, par­ticiper à des missions qui ont du sens est enthousiasmant...D’autre part, le ministère permet de découvrir une diversitéde métiers que l’on ne soupçonne pas (métiers en finance,juridique, RH, relations internationales...). Et une diversité deparcours au sens où l’on peut commencer dans une fonction,suivre plus tard une formation pour basculer vers un autremétier. C’est aussi un ministère qui offre de belles opportunitésen France métropolitaine, en outre­mer et à l’étranger. »

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Qu’entend­on par surdoué(e), hautpotentiel intellectuel (HPI)?Monique de Kermadec : Il existeplusieurs formes d’intelligencehumaine. Le test de QI teste l’intel­ligence cognitive qui est liée à lacapacité de raisonnement. Avoirplus de 130 points au test ne peutrésumer la surdouance. Les per­sonnes surdouées ont une penséerapide, un raisonnement assez intuitif.Ce qui peut à l’école poser desproblèmes à l’élève, surtout quandle professeur lui demande dedémontrer son raisonnement.

Et sur le plan émotionnel ?M.d.K.: Les surdoué(e)s sont deshypersensibles qui débordentd’énergie et manifestent des intérêtstrès variés (histoire, langues étran­gères, archéologie, art, astrologie,mathématiques..). Ils se caractérisentpar un sentiment de décalage, ainsiqu’un sentiment d’empathie. Cesont des créatifs qui associent desconcepts que le commun des mortelsn’aurait pas croisés. D’un point devue moral, ce sont des êtres entiers,cohérents, perfectionnistes, sensibles àl’injustice et qui ont besoin de répondreà une quête de sens et de vérité.

Comment les parents doivent­ils réagirà l’annonce du diagnostic de leur enfant ?M.d.K.: Attention à ne pas mettre unpoids énorme sur les épaules de l’enfant.Il pourrait se sentir dévalorisé s’il y atrop d’attentes du côté des parents. Cen’est pas parce qu’on a un enfant avecun QI élevé qu’il va exceller en tout. Ilpeut aussi être en échec scolaire.

Avoir un QI élevé n’est pas forcément unsésame pour la réussite ? M.d.K.: Les adultes surdoués ne réussis­sent pas forcément surtout quand ilsn’ont pas été repérés dès l’enfance. Etnotamment quand l’enfant a vécu dansun contexte qui a refusé la douance, ouqui l’a même critiquée. « Tu es trop sensible,tu te poses trop de questions » desphrases dites pendant l’enfance. On finitainsi par douter de soi. Heureusement,

beaucoup réussissent très bien dans leurvie et s’épanouissent en changeant parfoistotalement de voie professionnelle.

Quels sont les bénéfices de ce test ?M.d.K.: Il sert pour certaines personnesà consolider une confiance en elles, àacquérir une meilleure connaissance desoi. Il met un mot sur une différence quin’est plus vécue négativement. Cequ’attendent la plupart du temps, lesenfants, les adolescents, les adultesc’est de pouvoir parler à d’autres descaractéristiques qui leur sont propres.

Faut­il parler de sa surdouance ?M.d.K.: Avant de le faire, il faut savoirpourquoi on veut en parler et bienconnaître ses motivations. S’agit­il de sevaloriser ou bien de négocier quelquechose avec l’entourage professionnel ?

On fait parfois un lien entre le handicapet la surdouance. Quel est votre pointde vue ?M.d.K.: Il y a eu des tentatives de le mettre

dans le champ du handicap mais jene pense pas qu’il faille faire unlien. Le handicap est trop négatifcar il met l’accent sur l’incapacité àfaire quelque chose. Ce qui est sûrc’est qu’il s’agit dans les deux casd’une différence. La personnesurdouée comme la personne,handicapée doit apprendre à vivreavec cette différence de façon aussipositive que possible. Il faut l’aiderà découvrir son talent.

Incitez­vous les personnes quise sentent concernées à se fairediagnostiquer ?M.d.K.: Oui car la surdouance, quin’est pas encore très connue, estun sujet important à ne jamaisnégliger. L’objectif ici est de parlerde cette manière de pensée, danslaquelle beaucoup se reconnaîtrontintuitivement. Le test passé chez unpsychologue peut très vite changerla perception de soi­même et enfinpermettre à la personne des’accepter et d’en parler. Car il s‘agitbien de quelque chose en plus.

Si l’on en croit les chiffres officiels, seule­ment 2,5% de la population serait HPI.Le test de dépistage étant peu pratiqué,il semble évident que ce chiffre soit bienen­dessous de la réalité. Un test simpleà réaliser dont le résultat peut changerla vision de soi !

2 OUVRAGES : « La femme surdouée » et« Adulte surdoué : apprendre à faire simple quand on est compliqué »de Monique de Kermadec,Editions Albin Michel.

MENSA : Une association internationale pourdes adolescents et adultes HPI.

Lieu d’échange, MENSA propose des activités àla fois culturelles, sportives et intellectuelles àses membres. MENSA organise chaque année unévènement ouvert à tous, «l’intelligence Day»sur une thématique spécifique.

Pour s’inscrire : mensa­France.net/nous rejoindre

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ENTRETIENHAUT POTENTIEL, SURDOUÉ(E) :LE POINT SUR DES IDÉES REÇUESParmi les clichés véhiculés, Il persiste l’idée qu’une personne surdouée serait un génie et qu’elle serait inadaptéedans une société normative. La réalité est pourtant toute autre. Monique de Kermadec, psychologue clinicienneet spécialiste des « hauts potentiels » nous en parle.

■ Monique de KERMADEC

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ART•

Personnalité suisse, Barbara Polla a étésuccessivement médecin, directeur derecherche à l’INSERM, députée du cantonde Genève et conseillère nationale,écrivaine et galeriste. Baignant dans laculture dès l’enfance, au côté d’une mèrepeintre, elle développa tôt une sensibilitéartistique et littéraire.

DU HANDICAP À L’AUTONOMIE Suite à une poliomyélite contractée àl’âge de six ans, Jacques Coulais perditl’usage de ses jambes et de ses bras.Mais il lui restait la force pour actionnerde sa main droite le joystick de sa chaiseroulante qu’il appelait « la chaise desutopies ». Barbara se souvient de cettevolonté hors du commun de vouloir resterautonome alors qu’il était assisté pourles gestes du quotidien.Son désir d’autonomie était sans limite.Ne voulant pas accepter de subventionset refusant toute position d’assisté, ilgagnait sa vie grâce à son travail depeintre à l’association des peintres de labouche et du pied.

L’ART COMME VOCATION Elevé à la campagne, dans une famillede huit enfants, rien ne le prédestinait àentamer ce chemin vers l’art. On voulaitqu’il soit comptable, il refusa. Il voulaitêtre peintre, c’était son désir profond... Il commença à peindre en tenant despinceaux dans la bouche puis fut acceptédans une école d’art à Angoulême.Passionné par le travail de Pollock, Ilvoulut élargir son champ du possible

malgré les contraintes duhandicap. Qu’à cela ne tienne,il inventa une nouvelle manièrede peindre avec les roues deson fauteuil ! La toile posée àmême le sol, la peinture étaitcoulée sur une bâche ; les rouesde la chaise y étaient trempées.Il pouvait s’élancer sur la toileen composant des courbes, deslignes sur des œuvres de grandformat. Pour Barbara « Il y avaitune transcendance cosmiquedans ses œuvres, Il voulait fairedes toiles de huit mètres, il voulaitpeindre le ciel.»

UNE PERSONNALITÉ EMBLÉMATIQUEBarbara Polla évoque des souvenirs quelui confiait Jacques Coulais de son enfancepassée dans les institutions pourpersonnes handicapées ; des souvenirspénibles qui semblaient l’avoir profon­dément meurtri et qui probablementfurent à l’origine de cette sensibilité à lasouffrance d’autrui. A Niort, il devint unepersonnalité que l’on côtoyait : « les gensqui n’allaient pas bien allaient le visiter...il consolait tout le monde car il dégageaitune joie de vivre profonde et vive à lafois » rajoute­t­elle.L’écrivain français Paul Ardenne racontedans le livre « Jacques Coulais, PictorMaximus » que Miles Davis, de passagepour un concert à Niort, demanda àl’hôtel à rencontrer quelqu’un. On luiprésenta Jacques Coulais, l’entretien duratrois heures. Celui­ci ne parlait pourtantpas l’anglais, ni Miles Davis le français !

LE CHEMIN DU PEINTREJacques Coulais, filmédans son atelier parmi sesœuvres, aimait parler deson art, de ses figures qu’ilcréait autour du carré,une figure archétypalequ’il associait au sacré, àla puissance. « Le travailde l’artiste est un vrai bon­heur. Ce n’est pas donnéà tout le monde de fairede la peinture pendant 30ans. Il faut en profiter ! »affirmait­il.

UNE EXPOSITION À GENÈVE Alors qu’il se savait condamné par uncancer du colon, un élan de générosités’organisa localement pour qu’il puissese rendre à l’exposition. L’aviation desecours suisse, la REGA, prit en charge lecoût du transport de Niort à Genève etle Mandarin Oriental­hôtel du Rhônel’accueillit gracieusement pendant unesemaine avec ses trois assistants. Lamobilisation de tous autour d’un hommequi se savait condamné, a été un grandmoment d’humanité. « Le vernissage futune apothéose » se souvient la galeriste.

UN MODÈLE POUR TOUSBarbara Polla, en sa qualité de médecin, acôtoyé de près le handicap. « Les personneshandicapées restent des exemples car ellesnous montrent comment développer dessystèmes d’adaptation. Jacques Coulaisque je n’ai jamais vu se plaindre, nousmontre par sa vie que l’on peut êtretétraplégique et trouver la joie dans lapeinture » conclut­elle.

UN ARTISTE AFFRANCHI Libre, Jacques Coulais l’a été toute sa vieen créant sans répit, en dépit de ce corpsqui l’enfermait et qui l’immobilisait. Il asu inventer une autre manière de peindre.Une façon de nous réconcilier avec cetteidée que tout est possible, quand on ledésire vraiment...

2 POUR EN SAVOIR PLUS :https: jacquescoulais.wordpress.com

JACQUES COULAIS OU LA CHAISE DES UTOPIES La rencontre entre Jacques Coulais, artiste français tétraplégique décédé en 2011, et Barbara Polla, galeriste suisse,scella le destin de l’artiste peintre. Devenue sa galeriste et confidente, elle exposa dans sa galerie genevoise lespeintures de celui qu’elle surnomme « son héros. »

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■ Jacques COULAIS et Barbara POLLA

■ Exposition à Genève de Jacques COULAIS.

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