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.Introduction. Vous êtes sur le point de lire l’histoire du monde telle qu’elle a été enseignée depuis la nuit des temps au sein des sociétés secrètes. Aujourd’hui, ces croyances peuvent paraître insensées, mais sachez qu’un très grand nombre d’hommes et de femmes qui ont fait l’histoire les ont adoptées. Les historiens affirment que depuis le début de la civilisation égyptienne jusqu’à la chute de l’Empire romain, dans des villes comme Thèbes, Éleusis ou Éphèse, les temples publics possédaient des enceintes réservées aux prêtres. Les érudits les appelaient les écoles du Mystère. Dans ces écoles, on enseignait à l’élite politique et culturelle des techniques de méditation. Après plusieurs années de préparation, Platon, Eschyle, Alexandre le Grand, César Auguste, Cicéron et d’autres étaient enfin initiés à la philosophie secrète. Les techniques utilisées variaient selon les époques : on y pratiquait la privation sensorielle, les exercices de respiration, la danse sacrée, le théâtre, la prise de drogues hallucinogènes et différentes façons de canaliser l’énergie sexuelle. Ces techniques visaient à provoquer l’altération de la conscience permettant aux initiés de percevoir le monde autrement. Quiconque révélait à un non-initié ce qu’il avait appris dans ces lieux était exécuté. Le philosophe néoplatonicien Jamblique raconta à deux jeunes gens d’Éphèse ce qu’il avait vécu dans ces écoles. Une nuit, excités par ces rumeurs de fantômes et de pratiques magiques et d’une autre réalité, plus intense et plus flamboyante qu’abritaient ces lieux, les deux jeunes inconscients laissèrent leur curiosité avoir raison de leur prudence et, dans l’épaisseur de la nuit, ils se glissèrent de l’autre côté de l’enceinte. Le charivari qui s’ensuivit résonna dans toute la ville et, au petit matin, leurs corps furent retrouvés devant le portail du temple. Dans ces temps-là, l’enseignement des écoles du Mystère était gardé aussi précieusement que les secrets nucléaires le sont de nos jours. Au IIIe siècle, quand la religion chrétienne prit le pouvoir au sein de l’Empire romain, ces temples furent fermés. Pour éviter qu’ils ne prolifèrent, on décréta que ces rituels étaient hérétiques et quiconque continuait à les pratiquer encourait la peine capitale. Mais, comme nous le verrons plus loin, les membres de cette nouvelle élite au pouvoir, y compris les hauts dignitaires de l’Église, commencèrent à former eux-mêmes des sociétés secrètes. En privé, ils continuèrent donc à enseigner ces secrets anciens. Nous allons explorer dans ce livre les nombreuses preuves qui démontrent qu’une philosophie secrète, très ancienne, née dans les écoles du Mystère, a été préservée et développée pendant des siècles à travers des sociétés secrètes comme les Templiers et la Rose-Croix. Le plus souvent, elle était dissimulée au public et, si parfois on l’exposait aux regards, c’était toujours de manière à n’être comprise que des initiés. Pour ne citer qu’un exemple, le frontispice de L’Histoire du monde que Sir Walter Raleigh publia en 1614 est exposé à la tour de Londres. Les milliers de personnes qui passent devant l’œuvre chaque jour ne voient ni la tête de chèvre, ni les autres messages codés, dissimulés dans le dessin. Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi il n’existe pas dans la civilisation occidentale l’équivalent des scènes de sexe tantrique sculptées dans les murs de nombreux monuments hindous comme celui du temple de Khajuraho, au centre de l’Inde ? Vous serez surpris d’apprendre que son équivalent, la technique kabbalistique de la karezza, est dissimulé dans la majeure partie de l’art et de la littérature occidentale. Nous verrons aussi comment ces enseignements secrets sur l’histoire du monde ont influencé l’administration Bush et la politique américaine en Europe centrale. Le pape est-il forcément catholique ? Eh bien, pas tout à fait de la façon dont vous pourriez l’entendre… Un matin de 1939, un jeune homme de 21 ans marchait dans la rue quand un camion le renvers

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  • JONATHAN

    BLACK

    Lhistoire secrtedu monde

    DOCUMENT

    Traduit de langlaispar Pauline Rebelle

    en collaboration avec Laure Motet

  • Titre original :THE SECRET HISTORY OF THE WORLD

    Quercus Books, 2007

    Pour la traduction franaise :

    ditions Florent Massot, 2009

  • Introduction

    Vous tes sur le point de lire lhistoire du monde telle quellea t enseigne depuis la nuit des temps au sein des socitssecrtes. Aujourdhui, ces croyances peuvent paratreinsenses, mais sachez quun trs grand nombre dhommes etde femmes qui ont fait lhistoire les ont adoptes.

    Les historiens affirment que depuis le dbut de lacivilisation gyptienne jusqu la chute de lEmpire romain,dans des villes comme Thbes, leusis ou phse, les templespublics possdaient des enceintes rserves aux prtres. Lesrudits les appelaient les coles du Mystre.

    Dans ces coles, on enseignait llite politique et culturelledes techniques de mditation. Aprs plusieurs annes deprparation, Platon, Eschyle, Alexandre le Grand, CsarAuguste, Cicron et dautres taient enfin initis laphilosophie secrte. Les techniques utilises variaient selon lespoques : on y pratiquait la privation sensorielle, les exercicesde respiration, la danse sacre, le thtre, la prise de drogueshallucinognes et diffrentes faons de canaliser lnergiesexuelle. Ces techniques visaient provoquer laltration de laconscience permettant aux initis de percevoir le mondeautrement.

    Quiconque rvlait un non-initi ce quil avait appris dansces lieux tait excut. Le philosophe noplatonicienJamblique raconta deux jeunes gens dphse ce quil avaitvcu dans ces coles. Une nuit, excits par ces rumeurs defantmes et de pratiques magiques et dune autre ralit, plusintense et plus flamboyante quabritaient ces lieux, les deux

  • jeunes inconscients laissrent leur curiosit avoir raison deleur prudence et, dans lpaisseur de la nuit, ils se glissrent delautre ct de lenceinte. Le charivari qui sensuivit rsonnadans toute la ville et, au petit matin, leurs corps furentretrouvs devant le portail du temple.

    Dans ces temps-l, lenseignement des coles du Mystretait gard aussi prcieusement que les secrets nuclaires lesont de nos jours.

    Au IIIe sicle, quand la religion chrtienne prit le pouvoir ausein de lEmpire romain, ces temples furent ferms. Pourviter quils ne prolifrent, on dcrta que ces rituels taienthrtiques et quiconque continuait les pratiquer encourait lapeine capitale. Mais, comme nous le verrons plus loin, lesmembres de cette nouvelle lite au pouvoir, y compris leshauts dignitaires de lglise, commencrent former eux-mmes des socits secrtes. En priv, ils continurent donc enseigner ces secrets anciens.

    Nous allons explorer dans ce livre les nombreuses preuvesqui dmontrent quune philosophie secrte, trs ancienne, nedans les coles du Mystre, a t prserve et dveloppependant des sicles travers des socits secrtes comme lesTempliers et la Rose-Croix. Le plus souvent, elle taitdissimule au public et, si parfois on lexposait aux regards,ctait toujours de manire ntre comprise que des initis.

    Pour ne citer quun exemple, le frontispice de LHistoire dumonde que Sir Walter Raleigh publia en 1614 est expos latour de Londres. Les milliers de personnes qui passent devantloeuvre chaque jour ne voient ni la tte de chvre, ni lesautres messages cods, dissimuls dans le dessin.

    Vous tes-vous dj demand pourquoi il nexiste pas dansla civilisation occidentale lquivalent des scnes de sexe

  • tantrique sculptes dans les murs de nombreux monumentshindous comme celui du temple de Khajuraho, au centre delInde ? Vous serez surpris dapprendre que son quivalent, latechnique kabbalistique de la karezza, est dissimul dans lamajeure partie de lart et de la littrature occidentale.

    Nous verrons aussi comment ces enseignements secrets surlhistoire du monde ont influenc ladministration Bush et lapolitique amricaine en Europe centrale.

    Le pape est-il forcment catholique ?Eh bien, pas tout fait de la faon dont vous pourriez

    lentendreUn matin de 1939, un jeune homme de 21 ans marchait

    dans la rue quand un camion le renversa. Il plongea dans uncoma pendant lequel il eut une exprience mystique qui letransforma jamais. Quand il revint lui, il affirma que lestechniques que lui avait enseignes son mentor, le matrerosicrucien moderne Mieczyslaw Kotlarczyk, taient destines lui permettre daccueillir ce type dvnement.

    Bien quil ne sattendt pas le vivre de cette manire. la suite de cette exprience mystique, le jeune homme

    entra au sminaire, devint lvque de Cracovie et plus tard, lepape Jean Paul II.

    De nos jours, apprendre quun des chefs de lglisecatholique a t initi au royaume de lesprit par lesenseignements dune socit secrte nest peut-tre pas aussidplac quautrefois, car la science est devenue lagent ducontrle social et a pris le pouvoir sur la religion. Aujourdhui,cest la science qui dcide ce que nous devons croire et ce quidpasse les limites de lacceptable.

    Pendant lre chrtienne, comme dans des temps plusreculs, la mort tait la sanction qui attendait quiconque

  • sintressait de trop prs la philosophie secrte. Dans notrere postchrtienne, la philosophie secrte est encore entouredapprhension, mais ce quon redoute, cest la mortsociale , pas la pendaison. Croire aux doctrines fondamentalesde cette philosophie, comme le fait que des tres thrspeuvent nous parler, ou que le cours de lhistoire estmatriellement influenc par des cabales secrtes, estconsidr au mieux comme une idiotie, au pire comme unsigne de folie.

    Dans les socits secrtes, on forait les candidats tomberau fond dun puits, se soumettre une preuve de leau, seglisser par une toute petite porte afin de rencontrer desanimaux anthropomorphes avec lesquels il fallait engager desdiscussions absurdes a ne vous rappelle rien ? Lewis Carrollest lun des nombreux auteurs pour enfants, comme les frresGrimm, Antoine de Saint-Exupry, Clive S. Lewis et lescrateurs du Magicien dOz et de Mary Poppins, qui croyait lhistoire et la philosophie secrtes. En mlant savamment lacomprhension littrale quont les enfants et un joyeux chaos,ces crivains ont cherch branler la vision matrialiste de lavie et le sens commun. Ils voulaient apprendre aux enfants penser lenvers, regarder le monde la tte en bas et selibrer des penses arrtes et bien tablies.

    Rabelais et Jonathan Swift font galement partie de cettefamille. Leur oeuvre possde cette particularit dconcertantede ne pas faire grand cas du surnaturel : il y est racont le plussimplement du monde et les objets imaginaires y sont aussianodins que ceux qui peuplent notre quotidien. Ces auteursiconoclastes, satiriques et sceptiques branlent les certitudesde leurs lecteurs et cherchent les loigner de leurcomportement terre terre. La philosophie sotrique nest

  • explicite ni dans Gargantua, ni dans Pantagruel, ni dans LesVoyages de Gulliver, mais il suffit dtre attentif pour quellese manifeste.

    En voyageant au fil de cette histoire, vous allez dcouvrirquun nombre impressionnant de personnages clbres ontcultiv la philosophie secrte et fait lexprience dtatsmystiques comme ceux quon enseigne dans les socitssecrtes. Certes, on peut objecter que, vivant une poque omme les plus cultivs ne bnficiaient pas de toutes lesinformations quapporte la science moderne, il est tout faitnormal que Charlemagne, Dante, Jeanne dArc, Shakespeare,Cervants, Lonard de Vinci, Michel-Ange, Milton, Bach,Mozart, Goethe, Beethoven et Napolon aient adhr descroyances aujourdhui dsutes. Certes, mais une priodeplus rcente alors ? Quen est-il de ceux, nombreux, qui ontnourri les mmes croyances et qui ntaient pas de simplesfous, ni des mystiques solitaires, ni des auteurs fantasques,mais bien les fondateurs des mthodes scientifiquesmodernes : les humanistes, les rationalistes, les librateurs, leslaques et les dmolisseurs de superstition, les sceptiques etautres moqueurs. Est-il possible que ceux-l mmes qui ontcontribu le plus activement former la pense matrialiste etscientifique daujourdhui aient secrtement cru en autrechose ? Newton, Kepler, Voltaire, Paine, Washington, Franklin,Tolsto, Dostoevski, Edison, Wilde, Gandhi, Duchamp : est-ilpossible quils aient t initis cette tradition secrte, quilsaient appris croire au pouvoir de lesprit sur la matire etquils aient su communiquer avec les esprits ?

    Les biographies rcentes de certains de ces personnages nementionnent presque pas, si ce nest pas du tout, les preuvesque ces derniers cultivaient ces ides. Le climat intellectuel

  • contemporain fait que, quand on voque ce sujet, ce nest quepour mieux le dnigrer, prtendre que ce ntait quun hobby,une absurdit passagre, une ide amusante avec laquelle cespersonnalits ont pu samuser ou dont elles se sont servies,comme de mtaphores cratives ; mais il nest pas question deprendre cet intrt au srieux.

    Cependant, comme nous le verrons plus loin, Newton taitun alchimiste : il pratiquait son art lge adulte et celui-ci luitenait coeur au point quil le considrait comme son travail leplus important. Voltaire prenait part des crmonies demagie au moment mme o il dominait la vie intellectuelleeuropenne. Washington invoqua le grand esprit dans le ciellorsquil fonda la ville qui porte son nom. Et quand Napolondisait quil tait guid par sa bonne toile, ce ntait passimplement une faon de parler ; il parlait de lesprit qui luimontrait la route et le rendait invulnrable et magnifique.

    Ce livre voudrait, entre autres, dmontrer que loin dtredes lubies passagres ou des excentricits dirresponsables,accidentelles ou sans pertinence, ces ides tranges taient aucoeur de la philosophie de personnes qui ont fait lhistoire et,ce qui est encore plus intressant, cest quelles servaient lemme objectif. Si lon rapproche la vie de ces personnesremarquables, on saperoit qu chaque grand virage delhistoire, linfluence de lancienne philosophie secrte esttoujours l, comme une luciole dans le noir.

    Depuis lpoque de Zarathoustra, dans la statuaire etliconographie anciennes, la connaissance de la doctrine secrtedes coles du Mystre tait signifie par un rouleau deparchemin. Nous verrons que cette tradition a perdur etquaujourdhui, les statues des grandes villes du monderappellent ltendue de cette influence. Nul besoin daller

  • Rennes-le-Chteau, Roslin ou dans les contres recules duTibet pour dcouvrir les signes de cette pratique secrte.

    Au moment de tourner la dernire page de ce livre, lelecteur se sera peut-tre rendu-compte que tout, autour denous, a subi linfluence de ces cultes, que ce soit nosmonuments et nos glises, lart et les livres, la musique, lesfilms, le folklore, les ftes folkloriques, les histoires quonraconte nos enfants et mme les noms des jours de lasemaine.

    Le Pendule de Foucault et le Da Vinci Code [1] sont deux

    romans qui ont vulgaris lide quil y avait une conspirationdes socits secrtes pour prendre le contrle du cours delhistoire. Ces romans sont centrs sur des personnages qui,apprenant des choses intrigantes sur la philosophie secrte,dcident de retrouver sa trace et finissent par se laisserprendre au jeu.

    Cependant, des savants mrites comme Frances Yates, delinstitut Warburg ou Harold Bloom, Sterling Professor enhumanits luniversit Yale ou encore Marsha KeithSuchard, auteur du livre rvolutionnaire Why Mrs Blakecried : Swedenborg, Blake and the Sexual Basis of SpiritualVision, qui ont fait de longues recherches et ont crit deschoses trs importantes dans ce domaine, ont une approche dusujet trs prudente. Si jamais ils avaient t initis par deshommes masqus, emmens dans dautres dimensions etquon leur avait montr le pouvoir de lesprit sur la matire, ilsne le diraient jamais.

    Les enseignements les plus confidentiels des socitssecrtes sont transmis oralement. Ce qui est crit lest demanire dlibrment hermtique, rendant le texte

  • incomprhensible pour les non-initis. Si cela nous tente, nouspouvons essayer de comprendre la doctrine secrte en lisant letrs long et trs obscur livre dHelena Blavatsky, ou les douzevolumes de lallgorie de Georges Ivanovitch Gurdjieff, Detout et du tout : rcit de Belzbuth son petit-fils, ou encoreen simmergeant dans les quelque six cents volumes des livreset confrences de Rudolf Steiner. On peut galement essayerde dcoder les grands textes alchimiques du Moyen ge ou lestextes sotriques des grands initis comme Paracelse, JakobBhme ou Emanuel Swedenborg mais, si on y arrive, cestquon est dj un initi. Ces textes sont crits pour eux seuls etleur prose dissimule autant quelle rvle.

    Cela faisait environ vingt ans que je cherchais un livrecapable de me guider de manire claire et concise dans lesmandres de la doctrine secrte et je suis arriv la conclusionquun tel livre nexistait pas. Jai donc dcid de lcrire moi-mme.

    On trouve des livres publis compte dauteur, ou des sitesInternet qui essayent daborder le sujet. Mais, comme toutchineur en qute spirituelle, jai dvelopp un flair pour le vrai et il me suffit de deux clicks sur ces sites ou defeuilleter quelques pages de certains de ces livres pourmapercevoir quils ne possdent ni lintelligence, ni la volontde guider, ni la profondeur philosophique et quils offrent trspeu dinformation valable. [2]

    Cet ouvrage est laboutissement de vingt annes derecherches. Mes principales sources proviennent de livrescomme Mysterium magnum, un commentaire sur la Gensedu philosophe mystique rosicrucien Jakob Bhme, ainsi quedes ouvrages de ses collgues galement rose-croix, RobertFludd, Paracelse et Thomas Vaughan. Je me suis aussi servi

  • des commentaires de leurs oeuvres par Rudolf Steiner etdautres. Jai prfr les rfrencer tous la fin de louvrage,afin de ne pas alourdir le corps du texte et de le rendre plusclair.

    Mais ce qui ma le plus aid, cest la rencontre avec unmembre de plusieurs socits secrtes ; une personne qui, aumoins dans lune de ces socits, a t initie au plus hautgrade.

    Je travaillais depuis des annes comme diteur dans unedes plus grandes maisons ddition de Londres, publiant deslivres sur des sujets plus ou moins commerciaux, assez divers,et je mintressais galement lsotrisme ; jai donc eu lachance de rencontrer nombre dauteurs importants dans cedomaine. Un jour, un homme est entr dans mon bureau : iltait vident que ctait un tre part. Il me proposa derditer toute une srie de vieux classiques sotriques deslivres dalchimie et autres textes du genre pour lesquels ilvoulait crire de nouvelles introductions. Nous sommesrapidement devenus amis et nous avons pass beaucoup detemps ensemble. Je pouvais lui poser des questions surnimporte quel sujet et il me rpondait ce quil savait, deschoses extraordinaires. Rtrospectivement, je crois quil taiten train de mduquer afin de minitier.

    Jai souvent essay de le persuader de tout crire, derdiger une thorie sotrique du tout, mais il a toujoursrefus en disant que sil le faisait, des hommes vtus demanteaux blancs viendraient [le] chercher . Mais je croissurtout que pour lui, dvoiler ces secrets, ctait rompre unvoeu solennel et terrifiant.

    Je crois bien que jai crit le livre que jaurais voulu quilcrive, bas en partie sur les textes rosicruciens quil ma aid

  • comprendre. Il ma aussi guid vers les sources sotriquesdautres cultures : ce livre est donc travers par les courantskabbalistes, hermtiques et noplatoniciens, qui parcourent laculture occidentale, mais il reflte galement la pense soufieet des ides venant de lsotrisme hindou et bouddhiste, ainsique des parcelles de culture celte.

    Je ne cherche pas mettre laccent sur les similarits quiexistent entre ces diffrentes penses, ni dterminer lesinnombrables faons dont ces innombrables courants se sontconfondus, se diffrenciant et se runissant nouveau travers les ges. Je mattacherai plutt suggrer, ensoulignant les similarits qui apparaissent malgr cesdiffrences, que ces courants portent en eux une vision unifiedu cosmos qui contient une dimension cache et unecomprhension de la vie obissant des lois mystrieuses etparadoxales.

    Les diffrentes traditions sclairent les unes les autres : ilest merveilleux de constater que les expriences dun ermitesur le mont Sina au IIe sicle, ou celles dun mystique auMoyen ge ressemblent celles dun Indien swami du XXesicle. Mais, comme les enseignements sotriques sont plusdissimuls en Occident, jutiliserai souvent des exemplesorientaux pour expliquer lhistoire secrte de lOuest.

    Je ne vais pas non plus aborder les conflits qui peuventexister entre les diffrentes traditions : lindienne met laccentsur la rincarnation alors que la tradition soufie en parle trspeu. des fins narratives, jai choisi de ninclure dans monrcit quun petit nombre de rincarnations des grandspersonnages historiques.

    Jai galement dcid, trs subjectivement, quelles coles depense et quelles socits secrtes sapparentaient la

  • tradition. Ainsi la Kabbale, lhermtisme, le soufisme, lesTempliers, les rose-croix, la franc-maonnerie sotrique, lemartinisme, la thosophie de Mme Blavatsky etlanthroposophie figurent dans cet ouvrage, mais lascientologie, la Science chrtienne de Mary Baker-Eddy et ungrand nombre de penses modernes ny sont pas.

    Cela ne veut pas dire que ce livre cherche esquiver lacontroverse, mais je trouve que les tentatives didentificationdune philosophie perptuelle nont engendr que desplatitudes du type : nous sommes tous semblables sousnotre peau , ou lamour se suffit lui-mme , etc., aveclesquelles il est difficile de ne pas tre daccord. ceux qui sont la recherche de rvlations de ce genre, je prsente dores etdj toutes mes excuses : les enseignements dont je vais parleret qui sont tout fait banals dans les coles du Mystre et lessocits secrtes du monde entier vont offenser beaucoup degens et sauter au visage du sens commun.

    Mon mentor mannona un jour que jtais prt tre initiet quil voulait me prsenter certaines personnes. Javaisattendu ce moment avec une impatience relle, mais ma plusgrande surprise, je dclinai son offre !

    La peur a sans doute compt dans mon refus : je savais queles rites dinitiation comprenaient des preuves daltration deconscience et mme ce quon appelle des expriences de lamort .

    Je refusai aussi car je ne voulais pas quon me donne toutecette connaissance dun coup, je voulais pouvoir mamuser chercher encore et encore.

    Et, surtout, il ntait pas question de faire un voeu quipuisse mempcher dcrire.

  • Cette histoire du monde est structure comme suit.Les quatre premiers chapitres portent sur ce qui sest pass

    au commencement , tel quenseign dans les socitssecrtes, y compris ce que signifient lexpulsion du Paradis etla Chute, dans les enseignements secrets.

    Ces chapitres sont galement destins donner un aperude la vision du monde, tel que le conoivent les socitssecrtes. Comme une paire de lunettes conceptuelles quipermettent aux lecteurs de mieux apprcier ce qui suit.

    Dans les sept chapitres suivants, les personnages mythiquesou lgendaires seront envisags comme des personnageshistoriques. Cest ici quon parle de lhistoire avant que toutetrace crite ne la consigne pour la postrit, telle quelle taitenseigne dans les coles du Mystre et telle quelle est encoretransmise dans les socits secrtes.

    Le huitime chapitre fait une transition vers ce qui estconventionnellement considr comme lhistoire, mais le rcitcontient encore des monstres et des btes extraordinaires, desmiracles, des prophties et des personnages historiques quiconspiraient avec des tres dsincarns pour diriger le coursdes vnements.

    Jespre que le lecteur acceptera avec plaisir les ides que jelui prsenterai, ainsi que la rvlation de lidentit despersonnes qui ont entretenu ces ides. Jespre galement queces dcouvertes tranges auront une rsonance et quebeaucoup de lecteurs penseront Ah, oui, a expliquepourquoi les noms des jours de la semaine sont dans cet

  • ordre Mais, cest pour a que les images de poissons, duporteur deau et de la chvre queue de serpent sontattribues des constellations qui ne leur ressemblent pasvraiment Voil ce quon fte rellement Halloween ! Cestce qui explique que, trangement, les Templiers confessaientvnrer le Diable Je comprends mieux pourquoi ChristopheColomb a dcid dentreprendre ce voyage tellementprilleux Voil pourquoi un oblisque gyptien a t rigdans Central Park, New York, la fin du XIXe sicle aexplique quon ait embaum Lnine

    Ce que je voudrais dire travers ce livre, cest que nouspouvons comprendre les faits les plus lmentaires delhistoire dune manire radicalement diffrente de celle quinous a t apprise de manire conventionnelle. Pour tayermes dires, il me faudrait les trente-deux kilomtres de livresde sciences occultes et dsotrisme qui sont, parat-il,enferms dans la bibliothque du Vatican. Cependant, je vaisessayer de dmontrer dans ce volume unique, que ce point devue alternatif, vu de lautre ct du miroir, tenace etconvaincant, a sa propre logique et prsente lavantagedclairer certaines des expriences humaines inexpliques dupoint de vue conventionnel. Je ferai galement rfrence desspcialistes en la matire dont le travail fait autorit et quipermettront au lecteur passionn de poursuivre sesrecherches au-del de cet ouvrage.

    Quelques-uns de ces savants ont travaill dans la traditionsotrique. Dautres sont des experts dans leur discipline sciences, histoire, anthropologie, critique littraire , desintellectuels dont les conclusions me semblent confirmer lepoint de vue sotrique du monde. Pourtant, je ne sais pas sileur propre philosophie de vie a une dimension spirituelle ou

  • sotrique.Mais surtout et jinsiste sur ce point , jaimerais que vous

    envisagiez cette lecture dune manire indite, que vous lapreniez comme un exercice de limaginaire.

    Je voudrais que le lecteur essaye de se reprsenter ce quecela peut faire de croire exactement loppos de ce que notreducation nous a invits croire, cela demande une sortedaltration de notre tat de conscience et cest exactement cequil faut : au coeur de tous les enseignements sotriques dumonde, il est dit quune forme dintelligence suprieure peuttre atteinte dans un tat de conscience altr. La cultureoccidentale, en particulier, a toujours mis laccent surlimportance de cultiver limagination en pratiquant lavisualisation. Quand on permet notre imaginaire de selibrer, les images travaillent pour nous.

    Bien sr, ce livre peut tre lu comme une compilation decroyances absurdes, comme une fantasmagorie pique, ou unecacophonie dexpriences irrationnelles ; mais jespre quenreposant cet ouvrage, certains lecteurs prouveront une sortede sentiment dharmonie et quils pourront mme apprcier celger vent de contre-courant philosophique suggrant que toutcela est peut-tre vrai.

    videmment, toute thorie valable cherchant expliquerpourquoi le monde est tel quil est, doit aussi pouvoir prvoirce qui va arriver. Le dernier chapitre de ce livre rvle ce quidevrait satisfaire cette curiosit, en admettant toujours que legrand projet cosmique des socits secrtes soit fiable.

    Daprs leurs prdictions, le nouveau grand lan verslvolution natra en Russie. La civilisation europenne vaseffondrer, mais la flamme de la vraie spiritualit brleratoujours en Amrique.

  • Jai ajout des illustrations la fois tranges et troublantesqui, je lespre, stimuleront limaginaire ; certaines nontjamais t vues en dehors des socits secrtes.

    Vous y trouverez galement des images familires delhistoire mondiale et les plus grandes icnes de notre culture le Sphinx, larche de No, le cheval de Troie, la Joconde ainsique Hamlet et son crne car daprs les socits secrtes,chacune dentre elles a une signification trange etsurprenante.

    Pour finir, vous trouverez aussi les illustrations dartistescontemporains europens, tels que Ernst, Klee et Duchamp,ainsi que dAmricains excentriques comme David Lynch.Leur travail est galement ancr dans la philosophie secrte.

    Essayez de vous laisser aller et dapprocher ce livre avecune certaine libert desprit et vous verrez que les histoires lesplus familires revtiront une tout autre signification.

    Dailleurs, il suffit quune seule chose soit vraie dans ce quevous allez lire pour que tout ce qui vous a toujours tenseign par vos professeurs soit remis en question.

    Je suis sr que cette perspective ne vous effraie pas.Comme la dit lun des fidles de la philosophie secrte dans

    une phrase reste clbre :Vous devez tre fou, sinon vous ne seriez pas l.

  • 1Au commencementDieu observe son reflet Lunivers miroir

    En ce temps-l, le temps nexistait pas.Le temps nest que la mesure du changement de position

    des objets dans lespace et, comme tout scientifique, mystiqueou fou le sait parfaitement, au commencement, il ny avait pasdobjets dans lespace.

    Une anne est la mesure du mouvement de la Terre autourdu Soleil, et une journe, la rvolution de la Terre sur son axe.Puisque, comme le disent les auteurs de la Bible, ni la Terre nile Soleil nexistaient au commencement, personne na jamaispu vouloir dire que tout fut cr en sept jours, du moins pasdans le sens quon donne communment au mot jour.

    Malgr cette absence de matire, despace et de temps,quelque chose a bien d se passer initialement, quelque chosequi a mis en route un processus : quelque chose a d arriveravant quil y ait quoi que ce soit.

    Puisqu ce moment-l il ny avait rien, on peut dire sansprendre de risque que cet vnement premier tait assezdiffrent des vnements qui sont habituellement expliquspar les lois de la physique.

    Peut-on envisager que cet vnement ft, par certainsaspects, plus mental que physique ?

    Au premier abord, lide que des vnements mentaux puissent gnrer des manifestations physiques risque de

  • contrarier notre sens commun, mais vrai dire, nous enfaisons lexprience tout le temps. Prenons lexemple de ce quise passe quand je suis travers par une ide comme je naiqu lever le bras et toucher sa joue : une impulsion cre unesynapse dans mon cerveau, un courant lectrique qui parcourtun nerf de mon bras et lui permet de bouger et caresser la jouede la jeune femme qui me plat.

    Un vnement aussi banal peut-il nous apprendre quelquechose sur lorigine du cosmos ?

    Au commencement, cette impulsion a bien d provenir dequelque part, mais do ? Quand nous tions enfants et quenous jouions aux chimistes, navons-nous pas t fascins envoyant des cristaux se prcipiter au fond de lprouvette,comme si une pulsion mystrieuse faisait changer dedimension la solution initiale ?

    Dans cette histoire, nous allons voir que de tout temps,nombreux sont les brillants individus qui ont pens que lanaissance de lunivers, la mystrieuse transformation de lanon-matire en matire na pas dautre explication. Ils ontenvisag un monde n de lexpulsion de la matire dunedimension inconnue, arrivant dans celle que nous connaissons,et ils ont conu cette autre dimension comme tant lesprit deDieu.

    Puisque nous en sommes encore au dbut et avant que vous

    ne perdiez votre temps lire cette histoire, je ferais mieux devous avouer que je vais dployer tout un arsenal dargumentspour vous convaincre de quelque chose qui peut paratreacceptable un mystique ou un fou, mais certainement pas un scientifique. Mais alors, pas du tout.

    Pour beaucoup de penseurs modernes, des universitaires

  • comme Richard Dawkins, le professeur de la comprhensionpublique de la science Oxford et dautres matrialistesmilitants qui rgnent sur la vision de la science dans le mondeet la rgulent, lesprit de Dieu est une ide aussi ridiculeque la reprsentation dun vieil homme barbe blanche quivivrait au-dessus des nuages. Cest, disent-ils, la mme erreurque font les enfants et les tribus primitives qui pensent queDieu leur ressemble. Cest un anthropomorphisme fallacieux,lillusion anthropomorphique. En admettant que Dieu existe,pourquoi diable devrait-il nous ressembler ? Pourquoi Sonesprit serait-il comme le ntre ?

    Cest vrai. Il ny a aucune raison moins que ce soit danslautre sens. moins que la seule raison pour que lesprit deDieu soit semblable au ntre, cest que notre esprit a t conupour tre semblable au sien, [3] cest--dire si Dieu avait faitnotre esprit Son image. Dans ce livre, tout est comme a, cardans cette histoire tout est lenvers.

    Ici tout est dans lautre sens et sens dessus dessous. Dansles pages qui vont suivre, je vais vous exhorter penserprcisment a contrario de la manire de raisonner quedictent les gardiens du consensus. Je vais vous allcher avecdes ides interdites et vous inviter goter des philosophiesque les intellectuels mrites de notre poque considrentcomme hrtiques, stupides ou folles.

    Mais je vous rassure tout de suite, je ne vais pas vousentraner dans une querelle duniversitaires, je ne vais pasessayer de vous persuader force darguments philosophiquesque ces ides interdites sont lgitimes. Vous trouverez nombredarguments pour ou contre ces ides dans des dizainesdouvrages auxquels je fais rfrence dans les notes. Enrevanche, je vais vous demander dlargir votre imaginaire, de

  • ltendre, de vous efforcer de vous reprsenter le monde etson histoire autrement, de changer de point de vue,denvisager quelque chose de trs diffrent de ce que lon vousa enseign

    Une certaine lite intellectuelle est horrifie par ces ides etconseille fermement de ne pas sen approcher. Cette lite adlibrment tent den effacer tout souvenir, toute trace, carelle pense que si on se laisse contaminer, mme trslgrement, on court le risque de se retrouver dans un tat deconscience atavique et primitive, une sorte de bouillie mentaledont lhumanit a mis des millnaires sortir.

    Mais que sest-il pass avant le temps ? Quel a t

    lvnement mental premier ? Dans cette histoire, Dieu aregard Son reflet. Il sest vu dans un miroir imaginaire et il ya vu le futur. Il a imagin des tres semblables Lui-mme. Ila imagin des tres libres et cratifs, capables daimer siintelligemment et de penser avec tellement damour quilspourraient se transformer profondment et transformer leurssemblables. Il a rv des tres qui pourraient dilater leuresprit et embrasser la totalit du cosmos et discerner lessecrets de son fonctionnement le plus subtil.

    Se mettre la place de Dieu voudrait dire se mettre face un miroir et dsirer que limage que nous voyons sy rflchirsanime pour vivre indpendamment de nous. Comme nous leverrons dans les chapitres suivants, dans cette histoire travers le miroir enseigne par les socits secrtes, cestexactement cela que Dieu a fait : son image rflchie leshumains a graduellement, par tapes et sur une trs longuepriode, form et acquis une vie indpendante, nourrie parLui, guide et motive par Lui.

  • Les scientifiques contemporains vous diront que quand onest dsespr, il ne sert rien dinvoquer les cieux, mme leplus sincrement possible, car on ne trouve aucun secoursdans lazur : les toiles [4] sont indiffrentes ce qui nousarrive. Le travail de lhomme consiste grandir, mrir etapprendre accepter cette indiffrence.

    Lunivers que dcrit ce livre est tout autre : il a t cravec lhomme lesprit. Ici, lunivers est anthropocentrique,chacune de ses particules est tendue vers lhumanit. Pendantdes millnaires, cet univers nous a nourris, bercs et il a aidcette chose exceptionnelle quest la conscience humaine voluer ; il a mme guid chacun de nous, individuellement, travers les moments importants de notre vie. Quand vousvous adressez lunivers, il se tourne vers vous avecsympathie. Quand vous vous trouvez la croise des chemins, un moment crucial de votre vie, lunivers tout entier retientson souffle pour voir quelle voie vous allez emprunter.

    Il arrive que les scientifiques parlent des mystres et desmerveilles de lunivers, de linterconnexion de toutes lesparticules grce la loi de la gravit, ils voquent parfois desaspects incroyables de la vie, comme le fait que chacun dentrenous contienne les millions datomes qui taient autrefois dansle corps de Jules Csar. Il leur arrive mme de dire que noussommes de la poussire dtoiles, mais dans le simple butdaffirmer que les atomes qui nous constituent proviennent delhydrogne dtoiles qui ont explos bien avant la formationdu systme solaire. Quelle que soit leur rhtorique sur cesmystres et ces merveilles, leur univers eux est une forceaveugle.

    Dans lunivers scientifique, la matire a prcd lesprit.Lesprit est un accident de la matire, il nest pas essentiel, il

  • lui est tranger : un scientifique a mme t jusqu lappeler la maladie de la matire .

    Mais dans le monde que dcrit cet ouvrage, cet univers olesprit prcde la matire, le lien entre lesprit et la matireest bien plus intime, cest un lien vivant et dynamique. Danscet univers, un certain degr, tout est vivant et conscient,tout rpond avec intelligence et sensibilit nos besoins lesplus profonds et les plus subtils. [5]

    Dans cet univers de lesprit prcdant la matire, nonseulement la matire a merg de lesprit de Dieu, mais elle at cre de manire rendre possible lexistence de lesprithumain. Lesprit de lhomme est toujours lobjectif delunivers, qui le nourrit et rpond ses besoins. La matire estmue par lesprit humain, peut-tre pas au mme niveau, maisde la mme manire quelle est mue par lesprit de Dieu.

    En 1935, le physicien autrichien Erwin Schrdingerprsenta sa premire grande exprience thorique : le chatde Schrdinger . Cette exprience dcrivait comment lesvnements changent lorsquils sont observs : en ralit, ilnavait fait quappliquer les enseignements des socitssecrtes au monde subatomique.

    Dans notre enfance, certains dentre nous se sont peut-tredj pos la question suivante : est-ce quun arbre qui tombedans une fort lointaine, o personne ne se trouve pourlentendre, fait du bruit ? On peut lgitimement se demandersi un son que personne nentend peut vraiment tre considrcomme un son. Dans les socits secrtes, on enseigne que cegenre de spculation est vrai. Daprs eux, si un arbre tombedans une fort, mme lointaine, cest toujours pour quequelquun quelque part, en soit affect. Il ne se passe rien dansle cosmos qui ne soit en interaction avec lesprit humain.

  • Dans lexprience de Schrdinger, le chat tait enfermdans une bote avec une matire radioactive qui avait 50 % dechances de le tuer. Les deux probabilits, quil soit mort ouvivant, restaient en suspens jusqu ce que lon ouvre la botepour voir ce quil y avait lintrieur : la mort ou la survie duchat ne survenaient qu ce moment-l.

    En le regardant, nous pouvions tuer ou sauver le chat.Les socits secrtes ont toujours dit que notre monde

    fonctionnait de la mme manire.Dans lunivers des socits secrtes, une pice lance en

    lair dans un laboratoire a 50 % de chances de tomber sur pileet 50 % sur face, daprs la loi de la probabilit. Cependant,cette loi ne fonctionne quen laboratoire. En dautres termes, laloi de la probabilit ne fonctionne que si toute objectivithumaine en est dlibrment exclue. Quand nous ne sommespas dans un laboratoire et que le bonheur ou lpanouissementde lhomme dpendent dun lancer de ds, la loi de laprobabilit est modifie. Dautres lois plus profondes entrenten jeu.

    Aujourdhui, dire que notre tat motionnel affecte notrecorps ne nous semble pas une aberration et nous savons aussique, sur le long terme, des tats motionnels profonds peuventnous gurir ou nous rendre malades : ce sont les effetspsychosomatiques.

    Mais dans lunivers que dcrit ce livre, notre tatmotionnel affecte galement ltat de ce qui est en dehors denotre corps. Dans cet univers psychosomatique, lecomportement des objets dans lespace est directement affectpar nos tats mentaux, sans que nous ayons besoin dagir sureux. Nous pouvons bouger la matire par la faon dont nous laregardons.

  • Dans Chroniques, volume I, les mmoires publisrcemment par Bob Dylan, il dcrit ce quil faut pour quunepersonne puisse changer lpoque dans laquelle elle vit : Pour a, il faudrait avoir pouvoir et autorit sur les esprits.Je lai fait une fois, et une fois suffit. Il crit que de telsindividus sont capables de voir les choses dans leur vritvraie et pas de simples mtaphores, mais de les voirrellement, de percer le mtal jusqu le faire fondre, de lesrvler pour ce quelles sont. Avec la rage des mots et unehaine brutale.

    Il insiste sur le fait quil ne sagit pas dune mtaphore. Ilvoque trs clairement une connaissance trs ancienne et trspuissante prserve par les socits secrtes, connaissancedans laquelle ont baign les grands artistes, crivains etpenseurs qui ont faonn notre culture. Au coeur de cetteconnaissance, rside la croyance suivante : la source vitale denotre vie mentale est aussi la source du monde physique. Eneffet, dans lunivers des socits secrtes, toute la chimie estpsychochimie et la faon dont la matire de lunivers rpond la psych humaine est inscrite dans des lois plus profondes,plus puissantes que les lois de la science matrialiste.

    Il faut comprendre que quand on parle de lois , il nesagit pas daccidents semblant rpondre la loi des sries oubien des priodes de veine que les joueurs connaissentbien. Quand les socits secrtes parlent de lois, elles parlentaussi bien des lois qui sont profondment tisses dans chacunede nos vies individuelles que des grands schmas compositesqui ont faonn lhistoire du monde travers leurenchanement providentiel. La thorie de ce livre est quelhistoire a une structure plus profonde et que nousinterprtons mieux les vnements que nous expliquons

  • habituellement en termes de dsastres politiques,conomiques ou naturels, quand on le fait daprs un schmaspirituel.

    Dans cette pense lenvers, du sens dessus dessous et du

    cul par-dessus tte qui est celle des socits secrtes,lesprit a prcd la matire et tout ce qui pourra vousparatre bizarre ou inconcevable dans les pages qui vont suivreprovient de cette croyance. Nous navons quasiment aucunepreuve pour appuyer nos dires, mais ce choix a desimplications colossales sur notre comprhension du monde etsur son fonctionnement. Si nous acceptons que la matire taitl au commencement, il faudra expliquer comment cetassemblage chimique, vritable fruit du hasard, a cr laconscience, ce qui est assez ardu. Dautre part, si nous pensonsque la matire est un prcipit de conscience cosmique, nousaurons tout autant de mal lexpliquer et le dmontrer. [6]

    Depuis les prtres des temples gyptiens jusquaux socitssecrtes daujourdhui, de Pythagore Rudolf Steiner, le grandiniti autrichien qui vcut entre la fin du XIXe et le dbut du XXesicle, ce modle a toujours t conu comme une srie depenses manant de lEsprit cosmique. Au commencementtait le pur esprit : puis ces manations sont devenuesprotomatire, de lnergie qui est devenue de plus en plusdense et sest transforme en une matire thre, plus fineque du gaz, totalement dpourvue de particules. Puis cesmanations se sont changes en gaz, puis en liquide et, pourfinir, en solide.

    Kevin Warwick est professeur de cyberntique luniversit de Reading. Il est lune des minences mondialesen matire dintelligence artificielle. Il travaille en concurrence

  • amicale avec ses contemporains du MIT [7] aux tats-Unis etil a cr des robots capables dinteragir avec leurenvironnement, dapprendre et dajuster leur comportementen fonction de ce dernier. Ces robots ont un niveaudintelligence analogue celui des abeilles. Il affirme que, danscinq ans, ils auront atteint lintelligence des chats et que, dansdix ans, ils seront au moins aussi intelligents que les humains.Il est aussi en train de mettre au point une nouvelle gnrationquil imagine tre capable de dessiner et de manufacturerdautres robots moins performants, qui en produiront leurtour dautres moins performants.

    Daprs les cosmologues dautrefois et les socits secrtes,les manations de lEsprit cosmique doivent tre comprises dela mme manire : comme une hirarchie descendante, depuisles principes les plus gnraux, les plus puissants etomniprsents jusquaux plus particuliers. Et chaque niveaucre et dirige celui qui lui est infrieur.

    Dune certaine manire, ces manations ont toujours tconsidres comme personnifies et donc intelligentes.

    Quand jai assist la prsentation des dcouvertes deKevin Warwick devant ses collgues au Royal Institute en2001, il a t critiqu car il avait affirm que ses robots taientintelligents et par consquent, conscients. Ce qui estindniable, cest que les cerveaux de ces robots se dveloppentdune manire presque organique. Ils ont presque unepersonnalit, ils interagissent avec dautres robots et font deschoix bien plus pointus de ce pourquoi ils ont t programms.Kevin a alors object que si ses robots navaient pas laconscience dun humain, il en tait de mme pour les chiens :les chiens ont une conscience de chiens, et ses robots, a-t-ildclar, ont une conscience de robots. Mais par certains

  • aspects, comme par exemple traiter dimportantes donnesmathmatiques une grande vitesse, les robots ont uneconscience bien suprieure la ntre.

    Nous pourrions envisager la conscience des manations delEsprit cosmique de la mme manire. Il faut savoir que lesmatres spirituels tibtains ont la capacit de former despenses appeles des tulpas par une concentration extrme etpar la visualisation. Une fois ns, ces tulpas, appelons-les destres de Pense, acquirent une vie propre et obissent leurmatre. De mme, on retrouve dans les crits de Paracelse, lemage suisse du seizime sicle, ce quil appelait un aquastor , un tre form par le seul pouvoir delimagination qui avait une vie propre et qui, dans certainescirconstances, pouvait devenir visible ou mme tangible.

    Au plus bas de la hirarchie, daprs lancienne doctrinesecrte de toutes les cultures, ces manations, ces tres dePense de lEsprit cosmique, sont si troitement entremlesquelles peuvent former de la matire solide.

    Aujourdhui, si lon cherchait nommer cet trangephnomne, on pencherait du ct de la physique quantique.Nanmoins, pour les socits secrtes, lentrecroisement desforces invisibles qui crent lapparence du monde matriel atoujours t considr comme un rseau de lumire et decouleur qui, daprs le vocabulaire alchimique, sappelle laMatrice.

    Le plus grand scientifique se demande : la vie nest-elle

    quun rve ?Voil la une du Sunday Times en fvrier 2005.Sir Martin Rees, lastronome britannique de Sa Majest,

    disait : Les ordinateurs sont passs, en quelques dcennies,

  • de la capacit de simuler des schmas trs simples lapossibilit de crer des mondes avec plthore de dtails. Sicette tendance se poursuit, on peut imaginer des cerveauxlectroniques capables de simuler des mondes aussicompliqus que celui dans lequel nous pensons vivre. Celasoulve la question philosophique suivante : vivons-nous nous-mmes dans une simulation et se pourrait-il que ce que nouspensons tre lunivers soit simplement un genre de votecleste, et non la ralit ? En fait, nous pourrions tre unecration lintrieur de cette simulation.

    Plus largement, les scientifiques du monde entier sont deplus en plus fascins par le degr de prcision qui a tncessaire notre volution. Et cela les fait se demander ce quiest vraiment vrai.

    ces rcents dveloppements scientifiques viennentsajouter des romans et des films rcents. Ensemble, ils ontcontribu nous habituer lide que ce que nous prenonscommunment pour la ralit pourrait tre, en fait, une ralit virtuelle . Philip K. Dick, qui fut peut-tre le premiercrivain avoir sem ces ides dans la culture populaire, taitptri de connaissance initiatique pour ce qui est desdimensions et des tats parallles. Son roman, Do AndroidsDream of Electric Sheep ? [8] devint Blade Runner. Dans lamme veine, il existe dautres films comme Minority Report[9], lui aussi tir dun roman de Dick, Total Recall, TheTruman Show et Eternal Sunshine of the Spotless Mind [10].Mais le plus grand reste The Matrix. Dans Matrix, desmchants cachs derrire des lunettes noires rgnent sur lemonde virtuel que nous appelons la ralit afin de nouscontrler, pour servir leurs infmes intrts. Une partie decette histoire reflte avec exactitude les enseignements des

  • coles du Mystre et des socits secrtes : mme si tous lestres qui vivent derrire le voile des illusions font partie deshirarchies des manations de lesprit de Dieu, certains ontune thique douteuse.

    Ce sont les mmes tres que les anciens appelaient leursdieux, leurs esprits ou leurs dmons.

    Le fait que certains grands scientifiques contemporains

    veuillent bien reconsidrer les rponses qui existent dans cettetradition trs ancienne est un signe encourageant. Bien que lasensibilit moderne fasse preuve de peu de patience envers lamtaphysique, ou envers ce qui semble tre un fatrasdabstractions trs sophistiques pour esprits tordus,nimporte quel historien des ides honnte et impartialconviendra que la cosmologie dautrefois tait une machinephilosophique magnifique. En considrant ses embotements,lvolution de ses dimensions, les collisions, les entrelacementset transformations de grands systmes, par son chelle, sacomplexit et son pouvoir dexplication incroyable, elle rivaliseavec la science moderne.

    On ne peut pas se contenter de dire que la physique aremplac la mtaphysique en la rendant redondante. Il existeune diffrence cl entre ces disciplines : elles disent des chosesdistinctes. La science moderne explique ce qui est, alors que laphilosophie ancienne, que nous allons explorer ici, racontepourquoi notre exprience de lunivers est telle quelle est.Pour la science, le grand miracle quil faut expliquer, cestlunivers physique. Pour la philosophie sotrique, cest laconscience humaine.

    Bien sr, les scientifiques sont fascins par lextraordinairesrie dquilibres entre les diffrents facteurs qui a t

  • ncessaire pour rendre la vie sur Terre possible. Mais ils neparlent quen termes dquilibre entre le froid et le chaud,lhumidit et la scheresse, la distance parfaite de la Terre auSoleil (pas plus, pas moins) ou le degr dvolution particulierdu Soleil (ni plus chaud ni plus froid). Ils disent qu un niveauplus fondamental, pour que la matire adhre, la gravit et leschamps lectromagntiques doivent tre chacun dunepuissance particulire (ni plus forts ni plus faibles) et ainsi desuite.

    Du point de vue de la philosophie sotrique, nous voyonsbien quune longue srie de combinaisons, tout aussiextraordinaires, a t ncessaire pour faire de notreconscience subjective ce quelle est ou, si lon veut, pourdonner notre exprience vitale cette structure.

    Mais cela va plus loin.Quand on parle dquilibre, a ne veut pas simplement dire

    tre quilibr comme quand on parle des motions, cest--dire de sant mentale ; on parle de quelque chose de bien plusfondamental, dessentiel.

    Par exemple, de quoi avons-nous besoin pour tisser le rcit,la collection dhistoires qui dfinit le sens profond de notreidentit ? La rponse est, bien sr, la mmoire. Ce nest quenme souvenant de ce que jai fait hier que je peux me dfinircomme la personne qui a fait ces choses-l. Ce qui estimportant, cest que cest dun certain degr de mmoire dontil est question, ni plus ni moins. Le romancier italien ItaloCalvino, un des nombreux crivains modernes avoir suivilancienne philosophie mystique, le dit trs clairement : Lammoire ne compte vraiment pour les individus, lacollectivit, la civilisation que si elle garde tout ensemblelempreinte du pass et le projet du futur, si elle permet de

  • faire sans oublier ce quon voulait faire, de devenir sans cesserdtre, dtre sans cesser de devenir.

    Dautres quilibres sont ncessaires pour nous permettrede penser librement, pour border notre identit de penses.Nous devons pouvoir percevoir le monde extrieur traversnos sens, mais il est tout aussi important de ne pas tresubmerg de sensations qui finiraient par envahir la totalit denotre esprit. Car on ne pourrait ni rflchir, ni imaginer. Cetquilibre-ci est tout aussi extraordinaire que, par exemple, lefait que notre plante ne soit ni trop prs ni trop loin du Soleil.

    Nous avons galement la capacit de dplacer notreconscience dans notre vie intrieure, comme un curseur sur uncran dordinateur. Grce cela, nous sommes libres de choisirnos penses. Sil nexistait pas ce parfait quilibre entrelattachement et le dtachement de nos pulsions, aussi bienque de nos perceptions extrieures, vous nauriez pas cemoment mme le choix de dtourner votre attention de cettepage, ni la libert de penser autre chose.

    De fait, et cest crucial, si les conditions fondamentales de laconscience humaine ntaient pas caractrises par cette sriedquilibres trs subtils, nous ne pourrions pas exercer notrelibert de penser, ni notre libre arbitre.

    Les expriences humaines les plus essentielles, ce que lepsychologue amricain Abraham Maslow appelle les expriences paroxystiques , requirent des quilibresencore plus subtils. Il nous arrive de devoir prendre desdcisions des moments cruciaux de notre vie ; lexpriencehumaine commune, si ce nest universelle, a dmontr que sinous essayons de comprendre quel chemin nous devonsemprunter, en nous servant de toute notre intelligence, que sinous y travaillons de tout notre coeur et si nous sommes

  • capables de patience et dhumilit, nous pouvons tout faitdiscerner ce quil convient de faire. Et aprs avoir pris la bonnedcision, il nous faudra probablement beaucoup de volontpour la mettre en pratique et nous aurons besoin de toutenotre obstination pour russir. Cest le coeur de lexpriencehumaine.

    Que la structure de notre conscience rende possible cettelibert, cette opportunit de choisir les bonnes solutions, degrandir et de devenir bon ou mme hroque, ntait pas unevolution qui allait de soi. moins que vous ne croyiez laProvidence et que vous pensiez que cela devait arriver.

    La conscience humaine est donc une sorte de miracle.Aujourdhui, nous avons tendance la considrer commebanale, mais les anciens taient sidrs par la merveille de sonfonctionnement. Comme nous allons le voir, autrefois lesintellectuels de premier plan traquaient les changementssubtils dans la conscience humaine avec autant de diligenceque les scientifiques modernes traquent les modifications denotre environnement physique. Leurs rcits historiques,ptris dvnements mythiques et surnaturels, tmoignent dela faon dont la conscience humaine a volu.

    La science moderne essaye dimposer sa vision pour lemoins troite et rductrice. Elle essaye de nous convaincre quecertains lments de lexprience humaine, mme ceux qui serptent travers les ges, ne sont pas rels : le pouvoirobscur de la prire, les prmonitions, la sensation dtreobserv, les preuves de tlpathie, les expriences dedcorporation, les concidences et bien dautres choses quellechoisit de balayer et de cacher sous le tapis.

    Mais le plus important, cest que dans sa vision rductrice,la science nie lexprience universelle de lhomme, un sens

  • la vie. Certains scientifiques prtendent mme que cettequestion na aucun intrt.

    Tout au long de cette histoire, nous allons croiser la plupartdes grands cerveaux de lhumanit, tous initis la philosophiesotrique. Il nest srement pas insens de dire que toutepersonne intelligente veut en savoir davantage un momentou un autre de sa vie.

    Il est naturel pour lhomme de se demander si la vie a unsens et la philosophie sotrique possde la pense la plusriche, la plus profonde et la plus dense ce sujet. Il est donccrucial, avant de nous embarquer dans ce rcit, que nousfassions encore une distinction philosophique avec la pensescientifique moderne.

    Parfois les choses vont mal et la vie semble ne pas avoir desens alors qu dautres moments, cest exactement linverse.Quand par exemple, elle prend ce qui ressemble un mauvaisvirage : nous chouons un examen, nous perdons notretravail ou bien une histoire damour se termine ; nous nousrendons compte par la suite que grce ces vnementsngatifs, nous avons enfin trouv notre vraie voie ou notregrand amour. Il arrive ainsi que quelquun dcide de ne pasprendre un avion qui finit par scraser. Quand cela se produit,nous avons la sensation que l-haut , on nous protge ouque nos pas ont t guids. Il nous arrive davoir un sens aigude la fragilit de la vie, nous ralisons que les choses auraientpu se passer diffremment, si ce nest ce coup de ventimperceptible, presque surnaturel, qui nous a fait changer dedirection.

    Une explication bien plus terre terre, manant de notrepart scientifique , nous permet de relier la concidence unfaisceau dvnements qui lont engendre et de lappeler

  • hasard mais au fond, nous suspectons que la concidencenest pas du tout une question de hasard. Les concidencesnous font parfois confusment avoir la preuve, tout faitinsaisissable, que derrire lapparence dincohrence delexprience quotidienne, un schma absolu rvle son senscach.

    Parfois nous dcouvrons que, quand tout semble perdu, lebonheur apparat ou qu lintrieur de la haine se cache legerme de lamour. Pour des raisons que nous examineronsplus tard, de nos jours, la question du bonheur est troitementlie celle de lamour physique : cest souvent le fait detomber amoureux qui nous fait dire cela DEVAIT arriver .

    Rcemment, on a beaucoup dit que dminents scientifiques

    prtendaient que la science tait sur le point de trouver uneexplication un sens tout : la vie et lunivers. Cela causede la thorie des cordes , une thorie exprimentale quienglobe toutes les forces de la nature et qui, pour rsumer,combine la loi de la gravit avec la physique quantique. Nousserons donc capables de relier les lois qui gouvernent les objetsobservables avec des phnomnes du monde subatomique.Quand cette thorie sera formule, nous comprendrons tout cequil y a comprendre sur la structure, lorigine et le futur ducosmos. Nous aurons rpertori tout ce qui existe car, parat-il, il ny a rien dautre.

    Avant de pouvoir pntrer les secrets des initis etcommencer comprendre leurs tranges croyances surlhistoire, il est important de se mettre daccord sur ladiffrence entre le sens tel quon lentend quand on parlede sens de la vie et le sens tel que les scientifiques lecomprennent.

  • Un jeune homme prend rendez-vous avec sa fiance maiselle lui pose un lapin. Il est bless et en colre. Il veutcomprendre ce qui lui est arriv. Quand il la retrouve, illinterroge et il rpte sans cesse le mme POURQUOI ?

    Parce que jai rat le bus ; parce que jai quitt mon travail en retard ; parce que jai t distraite et je nai pas vu lheure ; parce que je suis contrarie par quelque chose.Alors il insiste encore et encore jusqu ce quil obtienne

    (presque) ce quil cherche : parce que je ne veux plus te voir.Quand on demande POURQUOI, cela peut signifier deux

    choses : les premires rponses vasives de la jeune fillerpondent plutt un COMMENT, des rponses qui expliquentune squence de causes et deffets, datomes se heurtant dautres atomes ; ou bien le POURQUOI peut appeler la rponseque veut (presque) entendre le jeune homme, qui est unefaon de comprendre lINTENTION.

    Quand on parle du sens de la vie et de lunivers, cest lamme chose, nous ne demandons pas vraiment COMMENT celasest produit, quelle est la squence de causes et deffets qui afait que les bons lments et les bonnes conditions taientrunis pour former la matire, les toiles, les plantes, lamatire organique et ainsi de suite. Ce que nous voulonssavoir, cest lINTENTION quil y a derrire tout cela.

    Ce qui veut dire que les grandes questions, POURQUOI la vie ?POURQUOI lunivers ? qui sont clairement philosophiques nepeuvent trouver leur rponse chez les scientifiques ou, pourtre plus exact, chez des scientifiques qui se comportentUNIQUEMENT en scientifiques. Si nous demandons POURQUOIsommes-nous l ?, nous risquons dtre dups par une

  • rponse qui, comme celle de la jeune fille, est totalementvalable puisque cest une rponse grammaticalement juste laquestion, mais qui laisse un brin de dception au creux duventre, car elle napporte pas la rponse fondamentale quenous attendions.

    Il se trouve que nous avons tous soif dentendre unerponse au niveau de lI.

    Aussi brillants soient-ils, les scientifiques qui necomprennent pas cette nuance sont, philosophiquement, descrtins.

    Il est vident que nous pouvons donner certaines partiesde notre vie un sens et un objectif. Si je choisis de jouer aufootball, le fait de taper dans le ballon et de marquer est un buten soi. Mais notre vie tout entire, de notre naissance notremort, ne peut avoir un sens que sil existait au pralable unesprit pour le lui donner.

    Il en est de mme pour lunivers.De fait, quand nous entendons les scientifiques parler dun

    univers charg de sens , magnifique ou mystrieux ,nous devons garder lesprit quils peuvent tre en traindutiliser ces termes avec un certain degr de malhonntetintellectuelle. Un univers athe ne peut tre charg desens , merveilleux ou mystrieux , que dune maniresecondaire et assez dcevante, comme on dit dunprestidigitateur quil est magique . Quand on considre lesgrandes questions sur la vie et la mort, toutes les quationsscientifiques ne semblent vrai dire qutre une faon un peuplus difficile et complique de dire : Nous ne savons pas.

    De nos jours, on nous encourage laisser de ct les grandes

    questions sur la vie et la mort. Pourquoi sommes-nous l ?

  • Quel est le sens de la vie ? On nous dit que ces questions nontpas de sens. Continuez vivre, cest tout ! Cest ainsi que nousperdons de vue quel point il est trange dtre en vie.

    Ce livre a t crit avec la croyance quune pense dunetrs grande valeur est menace ; le rsultat, cest que noussommes moins vivants que nous ne ltions autrefois.

    Ce que je suggre, cest que si nous considrions lesfondamentaux de la condition humaine dun autre point devue, nous risquerions de nous rendre compte que la sciencenen sait pas autant quelle veut bien le dire et quelle chouequand il sagit daborder ce quil y a de plus fondamental danslexprience humaine.

    Dans le chapitre suivant, nous allons nous mettre la placedes initis dautrefois et nous allons considrer le monde deleur point de vue. Nous allons examiner la sagesse ancienneabandonne et nous verrons que, de cette perspective, ce quela science moderne nous encourage prendre comme des faitsvridiques tout fait vrifiables ne sont en ralit quunehistoire dinterprtation, peine plus quun jeu dombre et delumire. [11]

  • 2Petite promenade dans une vieille fortSimaginer la place des anciens

    Fermez les yeux et imaginez une table, une belle table, latable sur laquelle vous rveriez de travailler. Quelle est sataille ? De quel bois est-elle faite ? Comment est-elleassemble ? Est-elle huile, vernie ou simplement ponce ? A-t-elle une particularit ? Imaginez-la aussi clairement quepossible.

    Maintenant regardez une vraie table.Laquelle de ces deux tables pensez-vous le mieux

    connatre ?De quoi tes-vous le plus sr, de ce que votre esprit vous

    suggre ou des objets que vos sens peroivent ? De lesprit oude la matire, quest-ce qui est le plus vrai ?

    Ce genre de questions et les dbats quelles dclenchent setrouvent au coeur de toute philosophie.

    La plupart de nos contemporains choisiraient de rpondreque la matire et les objets nous offrent plus de certitudes quelesprit et les ides. Nous avons tendance prendre les objetspour critre de ralit, contrairement Platon, qui appelait lesides la vrit vraie . Dans lAntiquit, les productions delesprit taient considres comme des ralits ternelles etfiables, contrairement la surface extrieure et transitoire dumonde d en dehors . Selon moi, il ne sagissait pas dunchoix conscient, on navait pas soupes diffrents arguments

  • philosophiques pour finalement choisir un monde o lespritprcde la matire. On le comprenait et le ressentait de cettefaon, tout simplement.

    Nos penses sont ternes et floues compares nossensations, alors que pour lhomme de lAntiquit ctait lecontraire. Les gens taient moins en prise avec les objetsphysiques, car ils ntaient pas aussi dfinis quils le sont pournous. Si on regarde limage dun arbre peinte sur les murs duntemple ancien, on saperoit que lartiste na pas vraimentanalys comment les branches se rattachent au tronc.

    Dans ce temps-l, personne ne regardait les objets avec lamme attention que nous.

    Lhomme contemporain a tendance sous-estimer ses

    penses. Nous avons pris lhabitude intellectuelle deconsidrer les penses comme une suite de mots uniquement saupoudrs ici et l dune pointe dmotion, ou accompagnsde quelques images mais, pour nous, seuls les mots ont dusens.

    Cependant, si nous prenons le temps de considrerattentivement cette habitude, nous nous rendons bien compteque cela contredit notre exprience quotidienne. Prenonslexemple dune pense aussi banale que je ne dois pasoublier dappeler ma mre ce soir . Si nous essayonsdanalyser une pense comme celle-ci, mesure quellesinsinue dans notre conscience, si nous essayons delimmobiliser pour lclairer, nous verrions peut-tre quellecomporte une association de mots quun psychanalystepourrait expliciter. En nous concentrant davantage, nouspourrions galement dcouvrir que ces associations sontenracines dans des souvenirs, qui entranent des motions, ou

  • mme des envies, dans leur sillon. La culpabilit que je ressensde ne pas avoir appel ma mre plus tt, comme lapsychanalyse nous la appris, trouve son origine dans un noeudcomplexe dmotions qui remontent lenfance dsir, colre,sentiment de perte et de trahison, dpendance et dsir delibert. Quand je marrte sur ces sentiments, dautresmotions surgissent : la nostalgie du temps o les chosesallaient peut-tre mieux, quand ma mre et moi ne faisionsquun, et cela ractive un vieux schma comportemental. [12]

    Nous pouvons continuer analyser cette penseindfiniment et elle rvlera dautres aspects. Lobserver lamodifie et provoque des ractions, parfois mme des ractionscontradictoires. Une pense nest jamais immobile. Une pensevit et ne peut tre identifie de manire dfinitive au moyendu langage qui, lui, est mort. Cest pour cela queSchopenhauer, un autre grand adepte de la philosophiemystique, dit peu prs que ds quon essaye de mettre unepense en mots, elle cesse dtre vraie .

    Mme les penses les plus tristes ou les plus communespossdent une dimension cache fulgurante.

    Les sages de lancien temps savaient comment travailler surces dimensions et, en plusieurs millnaires, ils ont cr etaffin des images qui ne servaient qu a. Dans les coles duMystre, lhistoire du monde au commencement sapprend travers une multitude de ces reprsentations.

    Avant daborder leur puissant pouvoir vocateur, jevoudrais demander au lecteur dessayer dimaginer comment,dans lAntiquit, un homme qui dsirait tre initi dans unecole du Mystre pouvait ressentir le monde.

    Du point de vue de la science moderne, cette manire devoir les choses est totalement illusoire, mais nous allons

  • dcouvrir, au fil de ce livre, des faits qui tmoignent deladhsion de beaucoup de grands personnages de lhistoire cette conscience ancienne. Nous verrons comment eux-mmesracontent que cela leur a permis de voir le monde tel quil taitrellement et de comprendre comment il fonctionnait : il estindniable que, par bien des aspects, leur discernement taitbien plus pertinent que le ntre.

    Ils ont rapport dans le monde rel des visions qui ontchang le cours de lhistoire, des ides qui nont passimplement inspir les oeuvres dart et de littrature des plusgrands gnies, mais qui ont galement permis les plus grandesdcouvertes.

    Essayons de nous glisser dans lesprit de quelquun quivivait il y a 2500 ans et qui traverse une fort pour se rendre un bosquet ou un temple sacrs, comme celui deNewgrange en Irlande, ou celui dleusis en Grce Pour cettepersonne, la fort et tout ce quelle contient sont vivants. Toutlobserve : des esprits invisibles murmurent dans les branchesdes arbres, la brise caressant sa joue est un geste divin, lclairest lexpression de la volont cosmique qui peut linciter acclrer le pas, ou aller se mettre labri dans une grotte.[13]

    cette poque, quand les hommes pntraient dans unegrotte, ils avaient ltrange sensation dtre dans leur proprecrne, coups du monde et rfugis dans leur propre espacemental. Quand ils montaient en haut dune colline, ils sentaientleur conscience senvoler dans toutes les directions etembrasser lhorizon jusquaux bords de lunivers dans unecommunion parfaite et, la nuit, le ciel tait pour eux lesprit ducosmos.

    Lhomme qui traversait la fort en longeant un sentier avait

  • limpression aigu de suivre sa destine. Parmi noscontemporains, certains se demandent : Mais commentdiable me suis-je retrouv dans cette vie qui a lair si loignede ce que je suis ? Une pense de ce genre tait inconcevablepour un homme vivant cette poque, car chacun taitconscient de la place quil occupait dans le cosmos.

    Tout ce qui arrivait cet homme, mme la vue de grains depoussire dans un rayon de soleil, le bourdonnement duneabeille ou le vol dun moineau devait arriver. Tout lui parlait ;tout tait soit une punition soit une rcompense, unavertissement ou une prmonition. Sil voyait un hibou, centait pas simplement la reprsentation dAthna, ctait ladesse elle-mme quil voyait. Une partie dAthna, peut-treson doigt le mettant en garde, sinvitait dans le mondephysique et par l mme dans la conscience de notre homme.[14]

    Il est important de comprendre la manire trs particulirequavaient les anciens de faire le lien entre les humains et lemonde physique. Ils croyaient que tout ce qui tait lintrieur de nous-mmes avait une correspondance dans lanature. Littralement. Les vers ont, par exemple, la forme denos intestins et ils traitent la matire de la mme manire. Nospoumons, qui nous permettent de bouger librement danslespace, ont la mme forme que des oiseaux. Le mondephysique est lintrieur de lhumain rendu visible lextrieur.Les poumons et les oiseaux sont deux expressions diffrentesdu mme Esprit cosmique.

    Mais le plus significatif pour les enseignants des coles duMystre, cest que, vue du ciel, la disposition des organes ducorps humain refltait le systme solaire.

    Pour les anciens, toute la biologie tait de lastrobiologie.

  • Aujourdhui, nous savons parfaitement comment le soleildonne vie et puissance aux choses vivantes, tirant du sommeilla plante dans sa graine et la caressant de ses rayons pourquelle se dresse. Les anciens disaient aussi que la lune, aucontraire, avait tendance aplatir et largir les plantes. Lesbulbes comme les tubercules, disait-on, en taient trsaffects.

    Le plus tonnant est peut-tre que la forme symtrique desplantes, leur complexit, tait attribue aux dessins queforment les plantes et les toiles se dplaant dans le ciel.

    Comme un de ces corps clestes dont le chemin dessine unlacet, une feuille ou une fleur qui stire en grandissant fait demme. Saturne, par exemple, emprunte un parcours anguleuxcomme les aiguilles des pins : est-ce une concidencedapprendre par la science moderne que les aiguilles de pincontiennent des traces importantes de plomb, mtal que lesanciens disaient tre anims par Saturne ?

    Dans cette vision ancienne, le corps humain tait galementaffect par les motifs que dessinent dans le ciel les toiles et lesplantes : leurs mouvements taient inscrits dans les ctes etdans la lemniscate (en forme de huit), dans les nerfscentriptes.

    La science a invent le mot biorythme pour dcrire lamanire dont la relation entre la Terre, le Soleil et la Lune,marque par les squences des saisons, du jour et de la nuit,est biochimiquement grave dans les fonctions de chaque trevivant, comme dans les cycles du sommeil. Mais, au-del deces rythmes assez vidents, les anciens en reconnaissaientdautres plus complexes mathmatiquement, en relation avecdes vnements bien plus lointains dans le cosmos, qui sontinscrits dans la vie humaine. Nous respirons peu prs 25 920

  • fois par jour, ce qui reprsente le nombre dannes dans lagrande anne platonique (le nombre dannes ncessaires auSoleil pour accomplir le cycle complet du zodiaque). Et lemme nombre de jours constitue la dure de vie moyenne, ou idale de ltre humain : soixante-douze ans. Cette affinitntait pas que physique, elle stendait la conscience.

    Revenons notre homme traversant la fort. Lorsquilvoyait des oiseaux volant lunisson, il lui semblait que tous nefaisaient quun et quils taient mus par une seule et mmepense ; il le croyait vraiment. Si, pris brusquement de peur,les animaux de la fort partaient tous en mme temps, ctait cause de Pan [15]. Notre homme tait sr que ctaitexactement ce qui tait en train darriver, car il tait lui-mmehabit par des esprits qui pensaient travers lui et traversdautres personnes, en mme temps. Il savait que, quand ilarriverait son cole du Mystre et que son matre spirituellinitierait, ainsi que ses compagnons, de nouvelles idestonnantes, ils seraient tous traverss par la mme pense,comme si le matre leur avait montr un objet physique. Enralit, il se sentait plus proche des gens quand il partageaitleur pense quen tant simplement ct deux.

    Nous, hommes et femmes modernes, avons tendance nousconduire comme si nous tions propritaires de nos penses.Nous voulons quon reconnaisse que nous les avons eues toutseuls et nous pensons que notre espace mental est inviolable,quaucune autre conscience ne peut y pntrer.

    Cependant, on saperoit aisment que ces certitudes nersistent pas la ralit. Si nous sommes un tant soit peuhonntes, nous arriverons facilement admettre que nous necrons pas toujours nos penses par nous-mmes. Il ny a pasque les gnies comme Newton, Kepler, Lonard de Vinci,

  • Edison ou Tesla qui racontent que leur inspiration leur estapparue comme un rve ou mme rellement en rve. Cest lecas pour chacun dentre nous : nos penses quotidiennesviennent nous, naturellement. En langage courant, nousdisons : Il mapparat que , Il me vient lesprit que Si vous avez de la chance, vous trouverez un mot desprit quifera se tordre de rire tous vos convives et bien sr, vous serezheureux de jouir de ce moment de gloire. Mais la vrit toutenue, cest que ce mot desprit sest srement envol de voslvres, avant mme que vous nayez eu le temps den prendreconscience.

    La ralit, cest que nos penses arrivent de quelque part etsintroduisent dans ce que nous croyons tre notre espacemental. Les anciens comprenaient ce quelque part commeun quelquun, et ce quelquun tait un dieu, un esprit, ou unange.

    Un individu nest pas toujours port par le mme dieu, lemme esprit ou le mme ange.

    Si aujourdhui nous aimons nous considrer comme destres ayant une conscience individuelle lintrieur de notrecerveau, autrefois les humains pensaient quils avaientplusieurs consciences en dehors de leur tte.

    Nous avons vu prcdemment que les dieux, les anges et lesesprits taient considrs comme des manations du GrandEsprit cosmique, ou comme des tres de pense.

    Maintenant, essayez dimaginer que ces tres de pensesexprimaient travers les gens. Si aujourdhui nousconsidrons que les gens pensent, autrefois ils auraient dit queles penses gentaient !

    Comme nous le verrons plus tard, les dieux, les anges et lesesprits peuvent modifier la destine dune nation tout entire,

  • souvent travers un individu. Nous parlerons, par exemple,dAlexandre le Grand ou de Napolon, qui furent les vhiculesdun grand esprit qui leur permit, pendant un certain temps,daccomplir remarquablement leur destine : personne nepouvait sopposer eux et ils russissaient tout ce quilsentreprenaient. Jusqu ce que le grand esprit ne les lche etque, tout coup, tout commence drailler.

    On rencontre cela galement chez les artistes qui, unmoment de leur vie, deviennent les vhicules de lexpressiondun dieu ou dun esprit. Ils ont lair davoir trouv la voie. Ilscrent chef-doeuvre sur chef-doeuvre, transforment laconscience de toute une gnration, parfois mme la vision detoute une culture. Mais quand lesprit le quitte, lartiste necre plus jamais avec le mme gnie.

    De la mme manire quun esprit sinsinue dans un individupour crer une oeuvre dart, le mme esprit peut tre prsentquand loeuvre est regarde ou coute par dautres. QuandBach joue de lorgue, mme Dieu vient la messe !, a dclarun contemporain du grand compositeur.

    Encore aujourdhui, beaucoup de chrtiens pensent queDieu est prsent dans le pain et le vin lapoge de la messe,pendant leucharistie ; cest un sentiment assez indfinissable,que des sicles de dbats thologiques nont pu expliquer.Quand on lit les liturgies conserves depuis lgypte ancienne,notamment The Book of the Opening of the Mouth [16], ouquand on parcourt les chroniques du temple de Vesta Rome,qui racontent les piphanies , ou apparitions des dieux, ilapparat clairement quen ce temps-l, leur prsence taittoujours attendue lapoge dune crmonie religieuse etdune manire bien plus imposante que dans les serviceschrtiens daujourdhui : la prsence des dieux inspirait un

  • effroi ml dadmiration.Quand lhomme de la fort avait une pense, il se disait quil

    avait t caress par laile dun ange ou la robe dun dieu. Ilsentait une prsence, mme sil ne pouvait pas toujours lapercevoir directement ou la dtailler. Mais une fois danslenceinte sacre, il ne percevait plus simplement laile ou lesvagues de lumire et dnergie de la robe. Il voyait lange ou ledieu en personne, en pleine lumire et il croyait vraiment quectait un tre venant du royaume des esprits.

    Aujourdhui lillumination est perue comme une exprienceintrieure, alors que les anciens la vivaient comme unemanifestation extrieure qui les transperait.

    Notre homme sattendait ce que les tres de pense quilvoyait soient visibles pour dautres. Cest ce que nous appelonsaujourdhui les hallucinations collectives.

    De nos jours, nous ne sommes pas prts pour ce genredexprience ; nous ne savons pas comment rencontrer unesprit, nous ne savons mme pas qui ils sont. Quand nousessayons davoir une exprience spirituelle authentique, ilsemble que nous soyons rarement srs de ce que nousressentons.

    Autrefois, ces expriences taient tellement fortes quepersonne naurait pens nier lexistence du monde desesprits : cela aurait t tout aussi difficile pour les gens decette poque de ne pas les reconnatre que pour nous de nepas croire la table sur laquelle nous dnons, ou au livre quenous tenons en main.

    Aujourdhui, la raret de ces expriences les rend peucrdibles. Dailleurs, lglise nous dit bien que la foi estadmirable parce quelle est difficile. Il semble que pour croire,moins nous avons de preuves, mieux cest. Cet enseignement

  • aurait paru absurde aux hommes et aux femmes dautrefois. Si vous croyez un univers o lesprit prcde la matire, si

    vous croyez, comme les anciens, que les ides sont plus vraiesque les objets, alors les hallucinations collectives sont bien plusfaciles accepter que si vous croyez un univers o la matireprcde lesprit car, dans ce cas-l, elles sont presqueimpossibles expliquer.

    Dans cette histoire, les esprits et les dieux contrlent lemonde matriel et y exercent leur pouvoir. Nous verrons aussicomment, parfois ils sy invitent inopportunment, commequand, par exemple, tout un groupe est possd par despulsions dune sauvagerie sexuelle incontrlable. Ce genredvnement fait que le commerce avec les esprits a toujourst considr comme trs dangereux. Dans lAntiquit, lacommunion avec le royaume des dieux et des esprits taitrserve aux coles du Mystre.

    Robert Temple, qui occupe actuellement les fonctions devisiting professor de lettres, dhistoire et de philosophie dessciences luniversit de Louisville aux tats-Unis et devisiting professor dhistoire et de philosophie des sciences luniversit de Tsinghua Beijing, a dmontr que les culturesgyptienne et chinoise, entre autres, avaient, par bien desaspects, une comprhension de lunivers trs en avance sur lantre. Il a par exemple dcouvert que les gyptiens, loindtre des arrirs en astronomie, savaient que Sirius tait unsystme trois toiles ; ce que la science moderne a dcouvert en 1995 quand, laide de puissants tlescopes,des astronomes franais ont pu dtecter la naine rouge ,quils ont appele Sirius C. Les gyptiens ntaient donc niignorants ni purils, malgr ce que lon peut croire.

  • Une croyance stupide dont nous aimons affubler les anciensest quils vnraient le soleil et le considraient comme un tresensible. Robert Temple a fait dimportantes recherches surles crits dAristote, Strabon et dautres philosophes ethistoriens anciens, qui dmontrent que le soleil tait perucomme une sorte de lentille travers laquelle linfluencespirituelle rayonnait pour pntrer le monde terrestre.Dautres dieux rayonnaient travers dautres astres et, enchangeant de position, le rayonnement des astres clestesinfluait diffremment sur le monde et faonnait lhistoire. [17]

    Retrouvons encore notre homme : nous savons prsentquil sent que lesprit derrire le soleil, la lune et les autresplantes et toiles, a une influence sur certaines parties de soncorps et de son esprit. Ses membres bougent, fluides commeMercure, lesprit de Mars dchane des rivires de fer fondudans le sang bouillonnant de ses veines et ltat de ses reins estaffect par Vnus. La science moderne commence peine comprendre le lien entre les reins et la sexualit : au dbut duXXe sicle, on a dcouvert le rle que jouaient les reins dans lestockage de la testostrone.

    Dans les annes 1980, le pharmacien suisse Weledacommenait une srie dexpriences qui dmontraient que lemouvement des plantes provoque des changementschimiques, visibles loeil nu, sur des solutions de sel demtaux, mme quand ces influences sont si subtiles quelles nesont pas mesurables par des appareils connus ce jour.

    Ce qui est encore plus remarquable, cest que cesaltrations surviennent quand la solution de sel de mtal estobserve en relation avec le mouvement de la plante laquelle le mtal en question a traditionnellement t associ.Les sels de cuivre contenus dans les reins sont affects par

  • Vnus, le cuivre tant le mtal qui est traditionnellementassoci cette plante. La science moderne pourrait tre sur lepoint de confirmer ce que les anciens savaient : il estparfaitement juste de dire que Vnus est la plante du dsir.

    Les coles du Mystre enseignaient aussi que, nonseulement notre tte renfermait une conscience, mais notrecoeur galement. Cette conscience du coeur mane duSoleil et entre dans notre espace mental par cet organe.Autrement dit, le coeur est le portail travers lequel le dieuSoleil entre dans nos vies, comme la conscience de nosreins rayonne en nous par Vnus et se rpand dans notreesprit et notre corps par le portail de nos reins. Lesinteractions entre ces diffrentes zones de conscience nousrendent tour tour aimant, en colre, mlancolique, anxieux,courageux, attentif ou autre, formant un tout unique qui estlexprience humaine.

    Par cette influence sur notre tre, les dieux des plantesnous prparent aux grandes expriences et aux grandespreuves que le cosmos veut nous voir traverser. Lesstructures profondes de nos vies sont dcrites par lesmouvements des astres.

    Je suis m par le dsir grce Vnus mais, quand Saturnerevient, je suis mis rude preuve.

    Dans ce chapitre, nous avons commenc faire travailler

    notre imagination comme on le fait dans les enseignementssotriques. Dans le prochain, nous passerons la porte descoles du Mystre, o nous sera cont le commencement delhistoire du cosmos.

  • 3Le jardin ddenLe code de la Gense Larrive du Seigneur noir Les

    gens des fleurs

    Science et religion saccordent pour dire quaucommencement, le cosmos passa du nant la matire. Mais lascience fournit peu dexplications sur cette mystrieusetransition et, globalement, elle est hautement spculative. Deplus, les scientifiques narrivent pas se mettre daccord pourdire si la matire a t cre en une seule fois, ou si leprocessus perdure.

    En revanche, ce qui est surprenant, cest que les prtres delAntiquit taient unanimes. Leurs enseignements secretssont dissimuls dans les textes sacrs des grandes religions.

    Nous allons maintenant dcrypter lhistoire secrte de lacration raconte dans la Gense et voir que certains despassages qui nous sont les plus familiers renferment desunivers extraordinaires, dessinant des espaces infinis pournotre imaginaire.

    Nous verrons aussi comment cette histoire ressemble celle dautres religions.

    Au commencement, une matire impalpable, plus subtile

    que la lumire, fut prcipite du vide et devint un gazexceptionnellement fin. Si un oeil humain avait pu lobserver,laube de lhistoire aurait ressembl une immense brume

  • cosmique.Ce gaz, ou brume, tait la Mre de la Vie et portait en elle

    tout ce qui tait ncessaire sa cration. Au cours de notrehistoire, la desse Mre, comme on lappellera galement, semtamorphosera et prendra dautres noms mais, aucommencement, la terre tait informe et vide .

    Mais voici le premier obstacle que rencontre la vie au coursde cette histoire, la Bible continue ainsi : et il y avait destnbres sur la face de labme . Daprs des commentateursde la Bible travaillant dans la tradition sotrique, cest unemanire de dire que la desse Mre fut attaque par un ventsec et brlant qui menaait tout le potentiel de vie.

    Encore une fois, si lhomme avait pu en tre tmoin, il auraitpeut-tre vu une premire brume, lgre, manantdoucement de lesprit de Dieu, se faire balayer par unedeuxime manation.

    Cela dchana une violente tempte, un de ces phnomnesrares et spectaculaires quobservent parfois les astronomes comme la mort dune grande toile peut-tre sauf qu aucommencement , cette tempte a d tre dune ampleur tout fait considrable et se rpercuter dans lunivers tout entier.

    Cest ce qui serait apparu dans le monde physique si nousavions pu le voir, mais puisque nous ne pouvons quelimaginer, on peut penser que ce grand nuage et cette violentetempte sont peut-tre l pour dissimuler deux gigantesquesfantmes.

    Avant dessayer de donner un sens cette histoire ancienne

    du cosmos, ou de comprendre pourquoi tant desprits brillantsont bien voulu y croire, il est important de tenter de laconsidrer telle quelle aurait t prsente autrefois : comme

  • une srie dimages pour nourrir limaginaire. Laissons cesvisions nous imprgner comme les prtres voulaient quellesimprgnent limaginaire des candidats linitiation.

    Il y a quelques annes, jai rencontr une figure lgendairede la pgre de Londres, un homme qui avait aid un type dunom de Frank Michell, dit the Mad Axeman , svaderdune prison psychiatrique et qui, daprs les rumeurs, taitlui-mme devenu un peu fou. Il tua the Mad Axeman larrire dune camionnette laide dun fusil canon sci, puisse vautra dans son sang en riant. Son souvenir le plus fort,celui quil trouvait le plus horrible, tait un de ses souvenirs lesplus anciens. Ctait une rixe laquelle il avait assist alorsquil navait que 2 ou 3 ans.

    Sa grand-mre stait battue mains nues sur le pav,devant chez elle, dans une alle de maisons victoriennes delEast End de Londres. Il se souvenait des becs de gaz serefltant sur le pav, de la salive qui giclait, de sa grand-mrequi avait lair gigantesque et qui avanait lourdement etcalmement mais qui dgageait une force incroyable. Il sesouvenait aussi de la peau de ses avant-bras massifs, irritepar les lessives quelle faisait pour le nourrir, de ses immensesbras qui frappaient une autre femme sans rpit, mme quandla pauvre victime se retrouva au sol, incapable de se dfendre.

    Lorsque nous regardons ces deux forces primitivescombattre au commencement de tous les temps, nousdevrions essayer dimaginer quelque chose de similaire. Ladesse Mre, quon dpeint souvent comme une figurenourricire, aimante et donneuse de vie, ronde, confortable etdouce, avait galement un aspect terrifiant. Elle tait guerrirequand il le fallait. Les anciens Phrygiens la reconnaissaientdans Cyble, une desse sans merci qui se dplaait sur un

  • char tir par des lions, entranant ses dvots dans un dliresauvage tel quils finissaient par se castrer eux-mmes.

    Son rival tait encore plus terrifiant : grand et noueux, sapeau tait caille et blanche et ses yeux, rouges et brillants.Le Seigneur noir fondait sur la desse Mre arm dune faux,ce qui fournit un indice sur son identit au cas o nous nelaurions pas encore reconnu.

    Car si la premire manation de lesprit de Dieu semtamorphosa en desse Mre, la seconde sexprima travers le dieu de la plante Saturne.

    Saturne traait les limites du systme solaire. Il incarnait leprincipe mme de limitation. Ce quil introduisit dans lacration, cest la possibilit pour des objets individuelsdexister, donc le passage de la substance la forme.Autrement dit, cest grce Saturne quil y a dans luniversune loi de lidentit qui permet quelque chose de ne pas treconfondu avec autre chose. Cest Saturne qui veut quun objetoccupe un certain espace un certain moment, espacequaucun autre objet ne peut occuper, et qui fait que cet objetne peut tre deux endroits ou plus en mme temps. Dans lamythologie gyptienne, Saturne tait incarn par Ptah, quiptrit le monde sur son tour de potier et, dans beaucoup demythologies, Saturne est appel le rex mundi, roi du monde ou prince de ce monde , cause du contrle quil exerce surnotre vie matrielle.

    Si une identit individuelle peut exister dans le temps, ellepeut aussi cesser dexister. Cest pourquoi Saturne est le dieude la destruction, il mange ses propres enfants. Il est parfoisreprsent comme le Temps et parfois comme la Mort elle-mme. Cest cause de Saturne que chaque chose vivantecontient le germe de sa propre fin et cest aussi lui qui fait que

  • ce qui nous nourrit est galement ce qui nous dtruit. La mortest partout dans le cosmos, dans le bleu dun ciel tincelant,dans un brin dherbe, dans les pulsations de la fontanelle dunbb et dans ltincelle qui brille dans les yeux dun amant.Cest Saturne qui rend nos vies difficiles, qui fait que les lamessont double tranchant et que les couronnes ont des pines.Quand nous ne supportons plus nos vies, que nous sommesblesss et que nous implorons les toiles, cest que Saturnenous pousse vers nos limites.

    a aurait pu tre pire. Le potentiel de vie du cosmos auraitpu ne jamais voir le jour. Le cosmos aurait pu rester un endroito la matire morte aurait driv ternellement.

    Nous verrons que Saturne est revenu plusieurs reprises travers lhistoire, sous diffrentes formes, afin de poursuivreson but : momifier lhumanit et lui extirper la vie. la fin dece livre, nous verrons que son intervention la plus dcisive,prdite depuis longtemps par les socits secrtes, devraitsurvenir dans un avenir relativement proche.

    Dans la Gense, la tentative du Malin danantir les plans deDieu ds leur naissance, ce premier acte de rbellion dun trede pense contre lesprit dont il mane, est traite en uneseule et courte phrase mais, comme nous lavons dj dit, laBible ne considre pas le temps lchelle laquelle il estperu aujourdhui. La tyrannie de Saturne envers la TerreMre, ses tentatives assassines visant liminer tout potentielde vie du cosmos se sont poursuivies pendant de longuespriodes, inconcevables pour lesprit humain.

    Au cours de cette bataille primitive, Saturne a fini par trebattu et, mme sil na pas t dtruit, il a t matris etrelgu dans sa propre sphre. La Gense nous le dit par cettephrase : Dieu dit : Que la lumire soit ! Et la lumire fut.

  • La lumire a repouss les tnbres qui planaient sur les eaux.Comment ? Il y a deux versions de la cration dans la Bible.

    La deuxime, au dbut de lvangile selon saint Jean est, bien des gards, plus complte et peut nous aider dchiffrerla Gense.

    Mais, avant de poursuivre, nous devons aborder un sujetsensible. Nous avons dores et dj commenc interprter laGense sous langle de la desse Terre et de Saturne.Quiconque ayant t lev dans une des grandes religionsmonothistes prouvera quelque rsistance, mais cela estnormal. Sommes-nous srs que cette vision polythiste desdieux, des toiles et des plantes nest caractristique que desreligions primitives comme celle de lancienne gypte, desGrecs ou des Romains ?

    Je conseille amicalement aux chrtiens les plusconventionnels de refermer ce livre immdiatement.

    Les glises contemporaines revendiquent un monothisme

    radical et extrme, sans doute d la prdominance de lascience qui laisse si peu de place Dieu. Chez les chrtiensnourris de science, Dieu est devenu une immanenceindiffrencie et indtectable de lunivers et la spiritualit nestrien dautre que le sentiment vague et confus de ne faire quunavec cette immanence.

    Mais le christianisme prend racine dans des religions trsanciennes qui taient toutes polythistes et tournes verslastronomie. Les croyances des premiers chrtiens le refltentclairement : pour eux, la spiritualit signifiait commercer avecles esprits.

    Les glises chrtiennes, depuis la cathdrale de Chartresjusqu la basilique Saint-Pierre de Rome, en passant par de

  • petites glises et chapelles autour du monde, ont tconstruites sur danciens puits ou grottes sacrs, dancienstemples ou coles du Mystre. Tout au long de lhistoire, cesendroits ont t considrs comme des portails pour lesesprits, des failles dans le tissu du continuum espace-temps.

    La science de lastroarchologie a dmontr que ces portails