bilan

84
URBANISME Les secrets du dynamisne de la ville de Zurich. P 40 ÉTUDES Les cours en ligne gratuits des grandes écoles. P 65 NUMÉRO 15 – Fr. 6 – EUROS 5,90 DU 05.09 AU 18.09.2012 Une idée d’avance sur l’économie Didier Burkhalter: pourquoi il ne sort jamais sans sa femme. P 20

Upload: tibor-moinat

Post on 22-Mar-2016

236 views

Category:

Documents


13 download

DESCRIPTION

Bilan, le magazine économique suisse

TRANSCRIPT

Page 1: BILAN

BILA

N N

UM

éR

O 1

55

septe

Mb

Re 2

01

2 la

bN

s va

ga

gN

eR

sON

pa

Ri sU

R l’e

UR

O le

dy

Na

MisM

e zU

Rich

Ois sp

écia

l cON

seils d

e p

lace

MeN

t did

ieR

bU

Rk

ha

lteR

, jaM

ais sa

Ns sa

feM

Me «j’a

i deU

x M

étie

Rs»

UrBANIsme Les secrets du dynamisne de la ville de Zurich. P 40

étUdes Les cours en ligne gratuits des grandes écoles. P 65

NU

MéR

O 1

5 –

fr.

6 –

eU

RO

s 5

,90

dU

05.0

9 a

U 1

8.0

9.2

012

Une idée d’avance sur l’économie

Didier Burkhalter: pourquoi il ne sort jamais sans sa femme. P 20

Page 2: BILAN

UN MOMENT PARTICULIER D’UNE RARE BEAUTÉ.

LA NOUVELLE BMW SÉRIE 6 GRAN COUPÉ AVEC xDRIVE, LA TECHNOLOGIE 4 ROUES MOTRICES INTELLIGENTE.

Il existe des moments qui sont faits pour l’éternité. Comme lorsque vous découvrez pour la première fois la nouvelle BMW Série 6 Gran Coupé. Le premier Coupé quatre portes de l’histoire de BMW est fait pour ceux qui apprécient les choses exceptionnelles: son design innovateur, sa sportivité sans compromis et son élégance exclusive sont en parfaite harmonie. Il séduit par des matériaux ultraraffinés dans l’habitacle et un turbomoteur V8 TwinPower BMW à la fois puissant et extrêmement efficace. Plus d’informations chez votre partenaire BMW ou sur www.bmw.ch

La nouvelleBMW Série 6 Gran Coupé

www.bmw.chLe plaisir

de conduire

Page 3: BILAN

CO

UVE

RTU

RE:

CO

RBIS

, KE

YSTO

NE,

SO

MM

AIRE

: KA

KULY

A, B

ÜTT

NER

, AM

ARI,

DR,

CO

RBIS

Nº 15 W W W . B I L A N . C H

DU 05.09AU 18.09.12

FOCUS20 POLITIQUE L’épouse omniprésente

de Didier Burkhalter fait jaser Berne.22 MÉDIAS 24 heures a levé 2 millions

pour son grand spectacle anniversaire.23 TECHNOLOGIE Le boom des tablettes

redonne des couleurs à Logitech. 24 CRÉATIVITÉ Entretien avec la star

de l’urbanisme, Richard Florida. 26 FISCALITÉ Swiss Respect s’indigne des

pratiques «effrayantes» de la Suisse. 28 MÉDIATION La multinationale JAMS

ouvre une antenne à Genève. 29 ÉNERGIE Le scandale de la raffinerie

française de Petroplus. 30 CONSOMMATION Ces entreprises qui

bénéficient de la nostalgie ambiante.

ACTEURS & OPINION31 L’INVITÉ Ce que montre le rapport 2012

du WEF sur la compétitivité.46 INTERVIEW Carole Hubscher,

nouvelle présidente de Caran d’Ache.50 DÉBAT Faut-il verser 14 milliards

aux paysans suisses?

TECHNO68 SCANNER Les brosses à dents

deviennent des outils technologiques.

TALENTS69 MÉTIERS Ils mènent deux carrières très

différentes en parallèle. Témoignages.72 MARKETING Comment l’IMD a aidé

Pandora à cibler sa clientèle. 74 PME Le succès programmé

d’une blanchisserie ultramoderne.75 CARRIÈRES Une foire aux emplois

s’adresse aux conjoints d’expats. 78 LEUR MEILLEUR ÉCHEC Gabrielle

Nanchen, ex-conseillère nationale, raconte son parcours remarquable.

PLAISIRS79 HOBBY Devenir collectionneur,

c’est tout un art. Conseils.

32EN COUVERTUREPourquoi la BNS va gagner son pari sur l’euro.

40DOSSIERLes secretsdu dynamisme zurichois.

65FORMATIONL’EPFL va diffuser des cours gratuits en ligne.

55FINANCE2e pilier, actions, énergie... Nos conseils pour investir.

ORAL BUn concentré d’innovations.

RUBRIQUES

04 ÉDITO06 TOP SECRET08 L’APARTÉ10 ÉCONO-IMAGE12 INDEX 17 IMMO & HORLO18 COMMUNICATIONS52 OPINIONS53 SUR LE MUR68 SCANNER76 PME77 TÊTES 81 ADRESSES82 MON BUREAU

5 septembre 2012 BILAN 3

Page 4: BILAN

Editorial

PHO

TOS:

DR

Je vais essayer d’écrire un papier pour que vous aimiez Zurich. Ok, ok, je sais que je ne pars pas gagnant d’avance. D’abord, parce que moi le premier je trouvais il n’y a pas si longtemps encore qu’il y avait un certain snobisme à trouver «cool» notre Kapital économique. Sympa et Zurich, cela peut sonner comme un oxymore aux oreilles

d’un Romand resté trop longtemps de ce côté-ci de la Sarine. Qui ne s’est pas dit: «Quitte à se mettre trois heures dans un train, autant filer vers Paris?»

Mais Zurich a changé. Le tissu urbain s’est développé - pas figé ou dégradé comme à Genève - grâce à une vision politique qui a guidé cette évolution. Le plus frappant finalement à Zurich: le respect et l’intégration des différences. La ville a toutes les qualités de la Suisse traditionnelle: la propreté, la sécurité, et le civisme de ses habitants. La population établie de longue date effectue

tous les jobs sans que les plus durs ou les plus simples soient uniquement réservés aux derniers migrants arrivés. Un bon mix qui se retrouve dans l’activité économique au centre-ville: il se trouve encore des artisans et des petites industries qui côtoient des cabinets d’avocats, des agences de pub et des cabinets d’esthétique. Pas de ghetto, ni dans la population très multiculturelle, ni dans les secteurs économiques. Richard Florida, la star de l’urbanisme (interview en page 24), semble décrire Zurich quand il parle de l’«importance d’être tolérant envers les entrepreneurs et les créateurs dans tous les domaines».

Et puis, à Zurich, il y a l’avenir qui se construit: A deux pas de la Prime Tower et des containers empilés qui servent de showroom à Freitag, pousse un nouveau quartier avec une pépinière de jeunes entreprises innovantes, des boutiques chics sous un pont CFF et un nœud de communication qui fait que les trains régionaux s’intègrent parfaitement dans le réseau de transport urbain.

Vous pouvez aussi prendre un verre sur ces terrasses de bar aménagées sur des toits d’immeuble en plein centre-ville. Un truc à faire trépasser n’importe quel fonctionnaire genevois ou vaudois des «monuments et constructions qui n’ont rien de spécial mais qu’il faut préserver à tout prix». Et vous pouvez profiter de la vie au bord de l’eau comme ni les quais Gustave-Ador ou d’Ouchy ne le permettent. Cette douceur de vivre constitue un élément crucial pour le bien-être économique de tous. Zurich, une ville qui a compris, comme Richard Florida le dit, que «pour la première fois peut-être dans l’histoire, notre prospérité économique future est liée au développement individuel et à l’utilisation des capacités créatrices de chacun». STÉPHANE BENOIT-GODETRÉDACTEUR EN CHEF

Voir Zurich et revivre

Cristina d’Agostino àla tête de Bilan LUXE Notre supplément tri-mestriel de prestige, publié conjointement avec Finanz und Wirtshaft, est désormais dirigé par Cristina d’Agostino pour son édition romande. Cette journaliste est une plume bien connue des lecteurs de Bilan puiqu’elle contribuait déjà depuis quatre ans à LUXE et à la section plaisirs de notre magazine. Cristina d’Agostino a travaillé de nombreuses an-nées dans le secteur du luxe et de l’édition. Le premier numéro de LUXE qu’elle dirigera sera en kiosque le 26 septembre.

LA CITATION

Le Parle-ment

devrait prendre des mesures en sanctionnant les responsables de cette débâcle au sein du Conseil fédéral!─ FLAVIEN DE MURALT, MEMBRE FONDATEUR DE SWISSRESPECT

LIRE SON INTERVIEW EN PAGE 26

À NOS LECTEURS

4 BILAN 5 septembre 2012

Page 5: BILAN

Fondé en 1890, Julius Baer, groupe suisse leader du private banking, dispose aujourd’hui d’un réseau de 15 succursales en Suisse – Ascona, Bâle, Berne,

Crans-Montana, Genève, Kreuzlingen, Lausanne, Lucerne, Lugano, Saint-Gall, Saint-Moritz, Sion, Verbier, Zoug et Zurich (siège principal).

www.juliusbaer.ch

Mon prénom: Thomas

Ma profession: Entrepreneur

Ma passion: Découvrir le monde

Mon rêve: Voir la tradition

familiale se poursuivre

à travers ma fi lle

Ma banque privée: Julius Baer,

parce qu’elle nous prodigu

e

des conseils éclairés depuis

des générations

135831_213x280_f_K_Thomas_Bilan 1 24.08.12 14:13

Page 6: BILAN

trade anytime, anywhere

testez gratuitement nos 3 plateformes de trading

www.saxobank.ch

20’000 INSTRUMENTS FINANCIERSà 45 MIllES dE GENèvE

TOP SECRET LES EXCLUSIVITÉS DE LA RÉDACTION

PHO

TOS:

DR,

EVA

RD

CYRIL HALIFI PASSE DE L’EAU AU VERRE HAUT DE GAMMEAlors qu’il vient de céder sa société Edelvia, numéro

deux des fontaines à eau en Suisse, Cyril Halifi vient de racheter Glassconcept à Penthalaz. Il s’agit d’une société créée en 2007 par David Cruz et Oliver Lacic, spécialisée dans le verre haut de gamme. Ils sont déjà au break-even et multiplient les références prestigieuses, dont le Grand Hôtel à Gstaad.

LES AMBITIONS DUWORLD ECONOMIC FORUMA l’image de Rolex, le World Economic Forum cultive les vues prospectives. Voilà pourquoi, anticipant sur sa croissance à venir, cet organisme s’est porté acqué-reur de deux parcelles (66 et 68, chemin de Ruth) à Cologny, soit près de 4400 m², pour la somme globale de 24 millionsde francs. Rappelons qu’il emploie prèsde 400 personnes sur Genève.

BIENTÔT UN HÔTEL EXPLOITÉ PAR FOUR SEASONS PRÈS DE MEGÈVEL’autorisation de construire est attendue, mais il est quasiment acquis que le célèbre opérateur hôtelier Four Seasons devrait prochainement gérer un nouvel hôtel qui devrait voir le jour au Mont-d’Arbois. Il s’appelera Palace des Neiges et sera réalisé par le groupe Edmond de Rothschild, déjà propriétaire du fameux «Domaine du Mont-d’Arbois». Si tout va bien, il devrait sortir de terre dans trois ans. L’investisse-ment annoncé est de l’ordre de 35 millions d’euros. On parle d’un établissementde 55 chambres haut de gamme.

L’AÉROPORT INTERNATIONAL DE GENÈVE ACHÈTE UN PARKINGC’est assez insolite: l’aéroport internatio-nal de Genève vient de débourser près de 25,7 millions de francs pour s’emparer du P26, qui propose 800 places de parking de longue durée sous l’Arena au Grand-Sa-connex. Une norme internationale pré-conise 1000 places de parking par million de passagers. Or, l’AIG ne dispose que de 6000 places pour plus de 13 millions de passagers. Bref, il en manque encore 7000!

LE CREDIT SUISSE VA RÉNOVER CONFÉDÉRATION-CENTRE À GENÈVELa grande banque n’a pas encore communi-qué à ce propos, mais Credit Suisse souhaite rénover l’intégralité de Confédé-ration-Centre à Genève dès 2016. La boutique de prêt-à-porter Franck

Namani vient de quitter son arcade au rez pour s’installerau bas de la rue du Mont-Blanc.La boulangerie Brioche Doréeau 1er étage est partie et leslieux n’ont pas été reloués.

SALSADEV LÈVE DES FONDS ET CHANGE DE RAISON SOCIALELes jeunes frères Nicolas et Stéphane Gamard sont en passe de réussir leur pari. Créée en 2009, Salsadev a récemment sorti son nouveau produit intitulé SearchBox et a décidé de changer de raison sociale du même coup. A l’occasion d’une augmentation de capital, Michael Smith (ex-Google) et Debio Management sont entrés dans son capital, de quoi permettre à cette pousse informatique établie à Plan-les-Ouates de se développer. Elle compte déjà dix salariés à plein temps.

IMMOBILIER Le fonds luxembourgeois lancé par Swiss Development Group s’apprête à investir dans deux projets: la construc-tion d’un Nikki Beach Hotel à Porto Heli en Grèce (via une participation prise dans Dol-phin Capital) et la transformation de l’hôtel et restaurant L’Igloo au Mont-d’Arbois. Les deux chantiers doivent s’ouvrir cette année.

80 Millions de dollars. Telle est l’éco-nomie qu’entend réaliser annuel-lement Logitech suite à l’adoption d’un paquet de mesures (dont la

suppression d’un niveau de direction et la sim-plification de l’organisation et des processus).

6 BILAN 5 septembre 2012

Page 7: BILAN

trade anytime, anywhere

testez gratuitement nos 3 plateformes de trading

www.saxobank.ch

20’000 INSTRUMENTS FINANCIERSà 45 MIllES dE GENèvE

Page 8: BILAN

IL EXISTE D’AUTRES TECHNIQUES DE POINTE POUR ÉTENDRE SON PATRIMOINE

A NEW APPROACH TO BANKING

REYL & CIE S.A. www.reyl.com

GENÈVE ZURICH LUGANO PARIS LUXEMBOURG SINGAPOUR HONG KONG

cré

afi

na

nce

.co

m

REYL_AnnMotardBilan213x280.indd 1 24.08.12 07:46

L’APARTÉ DE MYRET ZAKI

PHO

TO:

NIN

GH

ETTO

, IL

LUST

RATI

ON

: FI

RST

LIG

HT/

CO

RBIS

DEVISES

La seule vraie monnaie

Les critiques face au gonflement des réserves d’euros de la Banque nationale suisse (lire notre dossier pages 32 à 38) révèlent un malaise plus général. Une perte de confiance dans la notion même de réserves monétaires, suite au débasement rapide des principales monnaies de réserve (dollar et euro) durant la décennie écoulée, et surtout face aux perspectives de leur débauchage futur. Dans le fond, gager du papier

sur du papier fait de moins en moins illusion. Pour l’heure, les craintes liées à l’euro, qui s’expriment avec véhémence depuis trois ans, ne se sont pas réalisées. Dans ce domaine, la relativité règne: l’euro a plus faible que lui. Et il s’agit du dollar, qui se dévalue le plus vite actuellement. On sait en effet que la Réserve fédérale américaine (Fed) est engagée dans un processus d’incitation au crédit (crédit à la consommation, crédit hypothécaire) désormais permanent, qui l’obligera à déployer encore un «stimulus additionnel» étant donné la croissance anémique du pays. Cela signifie que la Fed va imprimer davantage de billets verts pour acheter de la dette américaine à long terme, en vue de maintenir les taux longs le plus bas possible. S’agissant des taux courts, elle les maintiendra à 0% au moins jusqu’en 2014, voire au-delà. Autant dire que la politique de taux zéro, pourtant extrême, est devenue perpétuelle. C’est pourquoi il est raisonnable de prédire une remontée de l’euro contre le dollar ces prochains mois, ce qui pourrait aider la Banque nationale suisse dans le maintien de son taux plancher de 1,20 franc. Cependant, on sait aussi que la Banque centrale européenne (BCE) a obtenu le feu vert de Berlin pour se livrer à une politique similaire de rachats de dette de la zone euro potentiellement financés par la planche à billets, ce qui promet un affaiblissement de l’euro également, à terme. RETOUR DE L’OR REFUGECes politiques ont un prix, et pas un petit prix: le dollar et l’euro ne peuvent plus prétendre à un statut de monnaies de réserve. Elles ne peuvent être à la fois créées artificiellement pour soutenir la valeur de dettes défaillantes, et servir en même temps de réservoir de valeur. Il faut choisir: soit les papiers dollar et euro servent de

marché acheteur artificiel aux dettes des zones respectives, soit ces monnaies jouent le rôle de devises de réserve mondiales, et doivent dans ce cas impérativement reposer sur des économies gérées avec rigueur, ce qui leur conserverait une valeur élevée et inaltérable.Cette situation explique l’attrait renouvelé pour l’or, désormais perçu comme la seule monnaie de thésaurisation, aux côtés de rares monnaies comme le franc suisse. Les investisseurs privés et les banques centrales, inquiets des perspectives inflationnistes de la Fed et de la BCE, préfèrent donc se réfugier dans les métaux précieux plutôt que dans d’autres monnaies. Les bulls et autres «gold bugs » sont de retour. Deux géants de hedge funds, George Soros et John Paulson, auraient augmenté durant le trimestre

dernier leurs achats d’or, contribuant aussi à relancer le rallye. Ce dernier a démarré en mai dernier, alors que l’or avait perdu 19% en neuf mois depuis son sommet de 2011. Le rebond, qui a vu le métal jaune franchir le seuil psychologique de 1610 dollars l’once, le mène droit vers 1700, et ouvre la voie à un record historique de 2000 dollars l’once en 2013. D’après le World Gold Council, le deuxième semestre 2012 sera propice aux achats d’or car beaucoup de problèmes économiques ont été reportés sur ce semestre, tant aux Etats-Unis qu’en Europe. Les banques centrales achèteront près de 500 tonnes d’or cette année. RÉVOLUTION MONÉTAIRE?Mais l’événement le plus suprenant, c’est sans doute que le Parti républicain aux Etats-Unis ait ramené l’or au centre du débat politique. L’idée d’un étalon-or revient pour la première fois depuis 30 ans, malgré la force du lobby monétariste anti-or. Ce développement couronne de manière inattendue le long travail du parlementaire et ex-candidat à la présidentielle Ron

Paul, auteur de l’ouvrage End The Fed. La «Commission Or» qu’il appelait de ses vœux sera mise sur pied, et les Républicains, dans une prise de conscience bien tardive des effets néfastes de la politique monétaire de la Fed, appellent à un audit de celle-ci. On revient toujours à l’or. La seule vraie monnaie, c’est celle qui ne peut être le jouet du politique. B

MYRET ZAKIRédactrice en chef adjointe

L’or est désormais perçu comme la seule monnaie

de thésaurisation, aux côtés de rares monnaies

comme le franc suisse

RÉAGISSEZ Participez aux forums sur notre site bilan.ch

8 BILAN 5 septembre 2012

Page 9: BILAN

IL EXISTE D’AUTRES TECHNIQUES DE POINTE POUR ÉTENDRE SON PATRIMOINE

A NEW APPROACH TO BANKING

REYL & CIE S.A. www.reyl.com

GENÈVE ZURICH LUGANO PARIS LUXEMBOURG SINGAPOUR HONG KONG

cré

afi

na

nce

.co

m

REYL_AnnMotardBilan213x280.indd 1 24.08.12 07:46

Page 10: BILAN

SC

IEN

CE

OO

OO

OO

O

HAUT

LE

CŒUR

Sant

é Ce

ci e

st u

n cœ

ur a

rtifi

ciel

. Il d

evra

it pr

ocha

inem

ent s

auve

r le

s vi

es d

e ce

ux q

ui

atte

nden

t dés

espé

rém

ent u

ne g

reffe

. Nom

cœur

Car

mat

, il e

st le

frui

t de

quin

ze a

ns

d’ac

harn

emen

t d’u

ne é

quip

e fr

ança

ise,

men

ée p

ar le

pro

fess

eur

Carp

entie

r. Il

fallu

t rés

oudr

e to

utes

les

diffi

culté

s d’

inco

mpt

abili

té s

angu

ine,

et d

imin

uer

ains

i les

ris

ques

de

thro

mbo

se

(cai

llots

san

guin

s). M

ais

égal

emen

t ada

pter

l’or

gane

à la

mor

phol

ogie

hum

aine

, tan

t par

son

po

ids

(900

g) q

ue p

ar s

a ta

ille.

Et y

intr

odui

re l’

élec

tron

ique

néc

essa

ire à

la g

estio

n de

la

pres

sion

et d

e la

rég

ulat

ion

sang

uine

s. S

ans

oubl

ier

une

solu

tion

légè

re p

our

faire

fonc

tionn

er

tout

cel

a, s

oit u

ne p

ile à

com

bust

ible

ass

uran

t dou

ze h

eure

s d’

auto

nom

ie a

u pa

tient

. Res

te à

mon

trer

que

cet

te m

erve

ille

est c

apab

le d

e fa

ire v

ivre

son

por

teur

pen

dant

cin

q an

s au

min

i-m

um, s

oit 2

30 m

illio

ns d

e ba

ttem

ents

. Les

ess

ais

clin

ique

s de

vrai

ent d

ébut

er p

roch

aine

men

t. La

com

mer

cial

isat

ion

pour

rait

inte

rven

ir dè

s 20

13. S

on p

rix: e

nviro

n 16

0 00

0 eu

ros.

[DH

]

PHOTO: CARMAT

EconoImage

Page 11: BILAN

SC

IEN

CE

OO

OO

OO

O

HAUT

LE

CŒUR

Sant

é Ce

ci e

st u

n cœ

ur a

rtifi

ciel

. Il d

evra

it pr

ocha

inem

ent s

auve

r le

s vi

es d

e ce

ux q

ui

atte

nden

t dés

espé

rém

ent u

ne g

reffe

. Nom

cœur

Car

mat

, il e

st le

frui

t de

quin

ze a

ns

d’ac

harn

emen

t d’u

ne é

quip

e fr

ança

ise,

men

ée p

ar le

pro

fess

eur

Carp

entie

r. Il

fallu

t rés

oudr

e to

utes

les

diffi

culté

s d’

inco

mpt

abili

té s

angu

ine,

et d

imin

uer

ains

i les

ris

ques

de

thro

mbo

se

(cai

llots

san

guin

s). M

ais

égal

emen

t ada

pter

l’or

gane

à la

mor

phol

ogie

hum

aine

, tan

t par

son

po

ids

(900

g) q

ue p

ar s

a ta

ille.

Et y

intr

odui

re l’

élec

tron

ique

néc

essa

ire à

la g

estio

n de

la

pres

sion

et d

e la

rég

ulat

ion

sang

uine

s. S

ans

oubl

ier

une

solu

tion

légè

re p

our

faire

fonc

tionn

er

tout

cel

a, s

oit u

ne p

ile à

com

bust

ible

ass

uran

t dou

ze h

eure

s d’

auto

nom

ie a

u pa

tient

. Res

te à

mon

trer

que

cet

te m

erve

ille

est c

apab

le d

e fa

ire v

ivre

son

por

teur

pen

dant

cin

q an

s au

min

i-m

um, s

oit 2

30 m

illio

ns d

e ba

ttem

ents

. Les

ess

ais

clin

ique

s de

vrai

ent d

ébut

er p

roch

aine

men

t. La

com

mer

cial

isat

ion

pour

rait

inte

rven

ir dè

s 20

13. S

on p

rix: e

nviro

n 16

0 00

0 eu

ros.

[DH

]

PHOTO: CARMAT

Page 12: BILAN

Chaque rêve est unique. Chaque passion évoque une histoire originale.Votre patrimoine a une histoire, donnons-lui un avenir.

GENÈVE LAUSANNE LUGANO NEUCHÂTEL NYON YVERDON-LES-BAINS

WWW.PIGUETGALLAND.CH

une histoireun avenir

Piguet9_7835AnAvenir213x280Bilan.indd 1 18.04.12 09:01

INDEX NOMS & ENTREPRISES

AAdrian Day Management 61Aebischer, Patrick 66Aftermedia 77Agassiz, Isabelle 71Akzo Nobel NV 28AIG 28Al Afandi, Ramzi 29Alafandi Petroleum Group 29Amazon 66Anderl, Max 58Antonioli, Noémie 71Apple 23AstraZeneca 16Auberson, Pascal 22Avaloq 77Avenir Suisse 17Avolio, Concetta 75Axel Springer 70Ayer, Laurent 76

BBalet, Jean-Daniel 26Bank of America-Merrill-Lynch-Kraftfood 28 Banque d’Angleterre 38Banque Cantonale de Bâle-Campagne 52Banque Cantonale de Bâle-Ville 52Banque Cantonale de Genève 74Banque Cantonale Vaudoise 22Banque nationale suisse 8,27,32Banque Sarasin 36Ban, Shigeru 44Baker, Bastian 22Berton, Mireille 30Birkenfeld, Bradley 18Bisiaux, Alain 17Blanchisserie des Epinettes 74Blanchisserie du Léman 74Blanke, Jennifer 31Blocher, Christoph et Silvia 21Bloomberg, Michael 45Bobst 16Bonzon, David 72Bordier & Cie 36Brandstorm 48Braun 68Brin, Sergey 66Bron, Roland 56Brooks, David 67Bruni, Carla 21Bundesbank 38Burkhalter, Didier 20Burkhalter, Sabine 20Busscher, Henk 68

CCalmy-Rey, Micheline 20Calvin Klein 47Cancellara, Fabian 21Caran d’Ache 46Centre patronal 22Cerf, Tristan 77Chatelin, Alexandre 76Chevron 61Chipperfield, David 44Christin, Dominique 48Citigroup 34Clerc, Jérôme 17Comina, Marc 21Couchepin, Pascal 78Credit Suisse 63Crevoisier, Jean-Marc 21

DDarrell, Bracken 23Day, Adrian 61Deiss, Joseph et Babette 21Delamuraz, Jean-Pascal 78Déléaval, Cyril 76de Muralt, Flavien 26de Saussure, Jean-François 49Devon Energy 61

Domézon, Jean-Vital 77Doutaz, Alain 76Dow, John 60Draghi, Mario 37Drakkar 17Dussart, François 82

EECA 22Edfors, Johan 17Edwards, Bruce 28Egger, Christian 71Elis 74Ems-Chemie 16Ernst & Young 75Esseiva, Claudine 20Etat de Vaud 77Exxon 61

FFabius, Laurent 29Facebook 30Fenaco 16Finma 56Florida, Richard 24Foursquare 18Fralib 15Frick, André 60Friedman, Thomas 67

GGallegos, Albert 56Ganioz, Xavier 16Gazprom 15Geiger, Hans 36Gilette 68Givaudan 75Glez, Christophe 72Goldman Sachs 27Google 23Goosman, Thomas 77Grier, Patty 72Grübel, Oswald 34Gunvor 15

HHäberli, Christian 51Hallyday, Johnny 52Hässig, Lukas 18Häuptli, Marianne 77Hauser, Sandra 77Hebeisen, Philippe 22Hiler, David 17Hiltpold, Hugues 21Holding Edmond de Rothschild 77Hollande, François 20Hornung, Douglas 26Hôtel d’Angleterre 77Howell 70Hewlett Packard 75Hubscher, Carole 46Hubscher, Jacques 48

IInstagram 30

JJaccard, Luc 77JAMS 28Jobs, Steve 52Jordan, Thomas 38Julius Baer 63Juvet, Michel 36

KKhan, Salman 66Klout 18Kodak 28Koller, Daphne 66Koutaïssoff, Laurent 77Krieger, Mike 30Kügele, Sébastien 76Kuoni Suisse 77

LLack, Jeremy 28Ladurée 16Larsen, Leif Vase 77La Télé 77Lavotel 74Leconte, Pierre 37

Lederberger, Elmar 44Lehman, Bernard 50Lehman Brothers 27Léman bleu 77Leuthard, Doris 20LinkedIn 67Logitech 23Losinger Marazzi 22Loterie Romande 22Lüscher, Christian 21

MMarti Construction 71Marti, Urs 34Masarwah, Ali 59Mauch, Corine 43Mauvais, Denis 74Mauvais, Morgan 74Maznevski, Martha 73McCarty, Paul 45MCH Beaulieu Lausanne 22Meyer, Thierry 22Mikhelson, Leonid 15Micolot, Servais 70Microsoft 23Miffon, Arthur 74Miffon, Claude 74Migros 45Mirabaud & Cie 77Mobilezone 16Montblanc 49Moody’s et Fitch 34Morningstar 59Mottier, Grégoire 70

NNanchem, Gabrielle 78Nestlé 28Netoil 29Ng, Andrew 66Nilles, Délia 43Nomura 34Nova, Nicolas 30Novatek 15NovImmune 28

OObama, Barack 61Obama, Michelle 20O’Day, Daniel 16Odersky, Martin 67Oral B 68Orpus One 21

PPandora 72Paul, Ron 8Pepsico 28Perkins, Kleiner 66Pernollet, Jean-Christophe 77Petroplus 15Pinto, Pedro 67Pittet, Famille 74Pittet, Philippe 74Poggia, Mauro 53Polaroid 28Polman, Paul 15Poser, Jan 36Prandoni, Paolo 67Procter & Gamble 68PX Group 52

RRausis, Emile 74Redebeaud, Laurent 77Reiser, Philippe 48Roche 46Rognon, Thierry 76Romande Energie 22Romney, Ann 20Romney, Mitt 61Roth-Bernasconi, Maria 20

SSager, Vincent 21Salvi, Marco 17Samsung 23Sandoz, Famille 82Santini, Stéphane 77Schindler, Anna 43Schmid, Jean-Bernard 29

Schmoutz, Benoît 76Schoch, Fabrice 21Schuchter, Famille 21Sicpa 49Skype 18Sommaruga, Simonetta 20Soriot, Pascal 46Spillmann, Antoine 26Stanley, Morgan 52Stöhlker, Klaus 42Stoyanov, Kaloyan 26Stroïazzo-Mougin, Bernard 29Subramanian, Sam 60Swatch Group 47Swisscanto 59Systrom, Kevin 30

TTamedia 22Tendon, John 64Thomson Reuters 61Thrun, Sébastian 66Tierny, Laetitia 75Timtchenko, Gennadi 15Tissières, Jean-Paul 26Tobler, Daniela 44Törnqvist, Torbjörn 15Trierweiler, Valérie 20Twitter 67Typesafe 67

UUBS 27UCB 16Ultimate Ears 23Unilever 15Unirisc 70

VValiance 76van Lede, Cees J.A. 28Vaudoise Assurances 22Venture Kick 72Vetterli, Martin 66Volg 16Vontobel 60VZ Vermögenszentrum Suisse romande 56

WWebb, Chris 72Weiwei, Ai 45Westcore 74Widmer-Schlumpf, Eveline 20Williams Companies 61World Economic Forum 31

YYouTube 66

Z Zulauf 34

INDEX DES ANNONCEURSOOOOOO

Arcanys Networks 80Atupri Krankenkasse 14Bär Julius Bank ZH 5BMW 2Copre Fondation GE 75CSS Versicherung LU 29Gesundheitsförderung 25Hewlett Packard 59IAM Independent Asset 84JobUp SA 77Mobiliar Bern 17Piguet Banque GE 13Portes Immobilier 80PostFinance 23PostMail 35,37Reyl & Cie Finance 9Saxo Bank 7Theillard 67UBS 39

En vertu des dispositions relatives au droit d’auteur ainsi qu’à la Loi contre la concurrence déloyale et sous réserve de l’approbation préa-lable écrite de l’éditeur sont notamment interdites toute réimpression, reproduction, copie de texte rédactionnel ou d’annonce ainsi que toute utilisation sur des supports optiques, électroniques ou autres. L’exploi-tation intégrale ou partielle des annonces par des tiers non autorisés, notamment sur des services en ligne, est expressément interdite.

RÉDACTION Rue des Rois 11, 1204 Genève

E-MAIL [email protected]

TÉL. +41 22 322 36 36 Fax +41 22 322 34 50

PUBLICITÉ PRINT

Tamedia Publications romandes SA

SUISSE ROMANDE

Av. de la Gare 331001 Lausanne

TÉL. + 41 21 349 50 50publicite.lausanne@

sr.tamedia.ch

SUISSE ALÉMANIQUE

Mühlebachstrasse 438032 Zurich

TÉL. +41 44 251 33 75publicite.zuerich@

sr.tamedia.ch

GUICHET PHYSIQUE

www.mytamedia.ch

PUBLICITÉ ONLINE

Tamedia Publications romandesCellule produits numériques

TÉL. +41 21 349 40 48Digital.Commercial@

sr.tamedia.ch

IMPRESSION

Stämpfli Publications SA, Berne

ABONNEMENTS

TÉL. 0842 188 188(tarif local)

22 parutions par an+ Hors-séries

SUISSE

1 an: Fr. 119.-1 an «étudiant»: Fr. 64.-

1 an «entreprise»:(dès 2 abonnements)

Fr. 99.-(TVA 2,5% incluse)

ÉTRANGER

1 an éd. électronique(seule): Fr. 70.-

(TVA 2,5% incluse)Toutes nos offres sur

www.bilan.ch

TIRAGE CONTRÔLÉ ET LECTORAT

13 111 exemplaires(REMP 2011)

97 000 lecteurs(Mach Basic 2012-1)

RÉDACTEUR EN CHEF Stéphane Benoit-GodetRÉDACTRICE EN CHEF ADJOINTE Myret Zaki

CHEF D’ÉDITION Inès GirodDIRECTEUR CRÉATIF Ariel Cepeda (conception graphique)

DIRECTEUR ARTISTIQUE Pierre BroquetRÉDACTION PHOTO David Huc

RÉDACTION Dino Auciello, Jean-Philippe Buchs,Fabrice Delaye (correspondant à Paris),

Serge Guertchakoff, Michel Jeannot, Cristina d’Agostino(responsable du hors-série Luxe), Mary Vakaridis (Zurich)

GRAPHISME Charlène Martin

COLLABORATEURS RÉGULIERS Fabienne Bogadi, Luigino Canal,Marc Guéniat, Chantal Mathez de Senger,

Gian Pozzy, Katja Schaer, Rohan Sant, Knut Schwander CHRONIQUEURS RÉGULIERS Pascal Décaillet, Patrick Delarive,

Pierre-Marcel Favre, Stéphane Garelli, Aline Isoz, Frédéric Binggeli

SECRÉTARIAT Sylvie Bernaudon(assistante du rédacteur en chef)

BUSINESS DEVELOPMENT MANAGER Cédric Piaget

MARKETING Dahlia Al-Khudri, Marie-Anne Fourot

ÉDITEUR Tamedia Publications romandes SA

DIRECTEUR Serge Reymond

BILAN SUR IPAD 5 francs pour l’édition courante,4 francs pour les numéros précédents, gratuit pour les abonnés

12 BILAN 5 septembre 2012

Page 13: BILAN

Chaque rêve est unique. Chaque passion évoque une histoire originale.Votre patrimoine a une histoire, donnons-lui un avenir.

GENÈVE LAUSANNE LUGANO NEUCHÂTEL NYON YVERDON-LES-BAINS

WWW.PIGUETGALLAND.CH

une histoireun avenir

Piguet9_7835AnAvenir213x280Bilan.indd 1 18.04.12 09:01

Page 14: BILAN

Atupri Caisse-maladieClientèle entreprisesZieglerstrasse 29 3000 Berne 65Tél. 031 555 09 11 [email protected]

Atupri propose aussi des prestations de qualité à la clientèle des entreprises. Elle est une caisse-maladie leader pour l’assurance collective d’indemnités journalières, des soins, la couverture complémentaire en cas d’accident et la maternité.

atupri.ch

Nina Jordi Directrice générale adjointe RailAway SA

« Pour le choix de notre assurance d’indemnités

journalières en cas de maladie,

nous faisons attention au prix

et à la qualité élevée du service. »

SMARTPHONES FABRICANTS EN DANGER

ZTESamsung21,6% 19,9% 6,9% 4,3%

Nokia Apple

La condamnation de Samsung à un milliard de dollars fait trembler les autres fabricants de smartphones: HTC, LG, Sony, Motorola, Huawei, ZTE. Apple pourrait aussi les attaquer pour violation de brevets et rendre ainsi la vie plus dure au système d’exploitation Android. Le combat ne fait que commencer. JPB

Part de marché en volume au 2e trimestre 2012:

PHO

TOS:

MAU

RIZI

O G

AMBA

RIN

I/KE

YSTO

NE,

DR

Dider Burkhalter, jamais sans sa femmePAGE 20

Précarité Le géant anglo-néerlandais de l’agroalimentaire et des cosmétiques Unilever va vendre des produits en petits conditionnements et moins chers en Europe, comme il le fait dans les pays en développement. Car Unilever voit la pau-vreté y revenir. Ainsi, les Espagnols ne dépensent plus que 17 euros pour leurs courses et ne vont pas consacrer les trois quarts de leur budget à un paquet de lessive. Dans ce climat de crise, le bras de fer entre Paul Polman et Fralib, l’usine des infusions Eléphant de Gemenos (Bouches-du-Rhône), prend une dimension emblématique. Face aux syndi-cats qui s’opposent à la fermeture de l’usine, le CEO d’Unilever tonne dans la presse qu’une éventuelle intervention du gouver-nement socialiste serait une menace pour l’implantation d’entreprises en France. [MV]

GRANDE CONSOMMATION

Unilever voit l’Europe s’appauvrir

UNILEVERLe groupe est leader mondial dans les glaces

et les thés.

1000 milliards de dollars: les investisse-

ments des grandes compagnies pétrolières et gazières en 2012.

MENU ENTREPRISES 16 HORLO & IMMO 17 COMMUNICATION 18 URBANISME 24 FISCALITÉ 26

Energie C’est une première. Novatek, le principal producteur indépendant de gaz russe, va li-vrer l’allemand EnBW. Un contrat de dix ans estimé à 6 milliards d’euros. Jusqu’ici seul le géant d’Etat Gazprom était autorisé à exporter du gaz naturel. Le groupe Novatek est détenu par Leonid Mikhelson (24,8%), la société française Total (15%) et Gennadi Timtchenko (23%). Ce dernier est devenu, en quelques années, un acteur majeur dans le domaine de l’énergie. Finlandais d’origine russe, il a fondé avec le Suédois Torbjörn Törnqvist la société de trading Gunvor. Ces deux milliardaires résident à Genève. Gunvor est désormais un leader mondial qui traite près de 20% du

UN RÉSIDENT GENEVOIS CASSE LE MONOPOLE DU GAZ RUSSE

pétrole brut russe exporté par voie maritime. Il a réalisé 86 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2011 avec un bénéfice net proche des 400 millions. Gunvor vient de racheter deux raffineries, en Alle-magne et en Belgique, du groupe zougois en faillite Petroplus.A cela s’ajoutent des participa-tions dans des mines de charbon en Afrique du Sud, en Russie et aux Etats-Unis. [LC]

FOCUS

PAUL POLMANEconduit par Nestlé

pour le poste de CEO, le Néerlandais

dirige Unilever depuis 2009.

Page 15: BILAN

SMARTPHONES FABRICANTS EN DANGER

ZTESamsung21,6% 19,9% 6,9% 4,3%

Nokia Apple

La condamnation de Samsung à un milliard de dollars fait trembler les autres fabricants de smartphones: HTC, LG, Sony, Motorola, Huawei, ZTE. Apple pourrait aussi les attaquer pour violation de brevets et rendre ainsi la vie plus dure au système d’exploitation Android. Le combat ne fait que commencer. JPB

Part de marché en volume au 2e trimestre 2012:

PHO

TOS:

MAU

RIZI

O G

AMBA

RIN

I/KE

YSTO

NE,

DR

Dider Burkhalter, jamais sans sa femmePAGE 20

Précarité Le géant anglo-néerlandais de l’agroalimentaire et des cosmétiques Unilever va vendre des produits en petits conditionnements et moins chers en Europe, comme il le fait dans les pays en développement. Car Unilever voit la pau-vreté y revenir. Ainsi, les Espagnols ne dépensent plus que 17 euros pour leurs courses et ne vont pas consacrer les trois quarts de leur budget à un paquet de lessive. Dans ce climat de crise, le bras de fer entre Paul Polman et Fralib, l’usine des infusions Eléphant de Gemenos (Bouches-du-Rhône), prend une dimension emblématique. Face aux syndi-cats qui s’opposent à la fermeture de l’usine, le CEO d’Unilever tonne dans la presse qu’une éventuelle intervention du gouver-nement socialiste serait une menace pour l’implantation d’entreprises en France. [MV]

GRANDE CONSOMMATION

Unilever voit l’Europe s’appauvrir

UNILEVERLe groupe est leader mondial dans les glaces

et les thés.

1000 milliards de dollars: les investisse-

ments des grandes compagnies pétrolières et gazières en 2012.

MENU ENTREPRISES 16 HORLO & IMMO 17 COMMUNICATION 18 URBANISME 24 FISCALITÉ 26

Energie C’est une première. Novatek, le principal producteur indépendant de gaz russe, va li-vrer l’allemand EnBW. Un contrat de dix ans estimé à 6 milliards d’euros. Jusqu’ici seul le géant d’Etat Gazprom était autorisé à exporter du gaz naturel. Le groupe Novatek est détenu par Leonid Mikhelson (24,8%), la société française Total (15%) et Gennadi Timtchenko (23%). Ce dernier est devenu, en quelques années, un acteur majeur dans le domaine de l’énergie. Finlandais d’origine russe, il a fondé avec le Suédois Torbjörn Törnqvist la société de trading Gunvor. Ces deux milliardaires résident à Genève. Gunvor est désormais un leader mondial qui traite près de 20% du

UN RÉSIDENT GENEVOIS CASSE LE MONOPOLE DU GAZ RUSSE

pétrole brut russe exporté par voie maritime. Il a réalisé 86 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2011 avec un bénéfice net proche des 400 millions. Gunvor vient de racheter deux raffineries, en Alle-magne et en Belgique, du groupe zougois en faillite Petroplus.A cela s’ajoutent des participa-tions dans des mines de charbon en Afrique du Sud, en Russie et aux Etats-Unis. [LC]

FOCUS

PAUL POLMANEconduit par Nestlé

pour le poste de CEO, le Néerlandais

dirige Unilever depuis 2009.

5 septembre 2012 BILAN 15

Page 16: BILAN

WHeureusement que la Mobilière propose aussi des assurances vie.

Une solution de prévoyance pour chaque étape de votre vie. www.mobi.ch

PHO

TOS:

DR

Etude Avenir Suisse vient de présenter une étude de 45 pages fort intéressante. Réalisée par Marco Salvi, elle traite du «malaise immobilier genevois : ses causes, ses remèdes». «Faut-il réduire l’attrait de Genève pour pouvoir résoudre le problème du logement, comme le proposait il y a peu le conseiller d’Etat écologiste David Hiler?», interroge l’étude. Elle démontre que le système foncier genevois «obsédé par la tentative, vouée d’emblée à l’échec, d’impo-ser un «juste prix» des terrains et des loyers, décourage la construc-tion et le bon fonctionnement du marché immobilier». Avenir Suisse propose quelques pistes : «En abandonnant le concept de juste prix au profit du loyer de marché, on encourage d’un côté les intervenants à construire en leur donnant une incitation écono-mique réelle et on décourage de

IMMOBILIER

Sortir de la pénuriel’autre la surconsommation de ter-rains et d’espaces construits. Mais il ne s’agit pas d’abandonner les plus défavorisés. Ainsi une taxa-tion plus lourde de la rente immo-bilière (impôt sur les plus-values) permettrait de dégager des moyens nouveaux pour une politique d’aide au logement mieux ciblée.» Autre piste : «Abolir les freins à la construction et à la rénovation en supprimant la loi sur les démoli-tions (LDTR), en libérant la zone agricole, en élevant la ville, donc en construisant en hauteur comme la loi l’autorise largement.» L’étude propose aussi d’affecter une partie de l’impôt sur les plus-values au cofinancement d’infrastructures communales. «Mais il ne faut pas se faire d’illusions: l’incitation devra être importante, de l’ordre de 5 à 10% du coût des logements, pour permettre de vaincre des résistances parfois tenaces.» [SG]

HORLOGERIE

DRAKKAR A LE VENT EN POUPE

GENÈVELe marché foncier

est le plus régulé de Suisse, mais c’est aussi celui où l’on construit le moins.

IMMO & HORLO

Nouveautés La jeune marque Drakkar Timepieces s’apprête à dévoiler 8 nouveautés. Tous les développements et les fabri-cations sont réalisés en Suisse. Créée par Alain Bisiaux voilà environ deux ans, cette maison genevoise continue de s’inspirer du milieu du yachting. Reven-diquant un Swiss made à 100%, elle s’est adjoint les services de deux ambassadeurs: Johan Edfors, golfeur professionnel suédois et Jérôme Clerc, talentueux skipper suisse venant de gagner cette année en catamaran D35 la régate classique Genève-Rolle-Genève et le mythique Bol d’or du Léman. En novembre 2011, Drakkar a participé au Grand Prix de l’horlo-gerie de Genève avec son modèle phare Cap Horn, équipé d’un cadran bois ébène et d’un mouve-ment à complication élaboré par Technotime. [SG]

WHeureusement que la Mobilière propose aussi des assurances vie.

Une solution de prévoyance pour chaque étape de votre vie. www.mobi.ch

FOCUSDANS LES ENTREPRISES

ROCHE FAIT MIEUX QUE LE SMI

Source: Swissquote

−4,39%

1,24%

6,86%

12,49%

18,11%

23,73%

29,36%

34,98%

27 août 201228 février 2012

SMI

PHO

TOS:

KEY

STO

NE

Rocades Pascal Soriot, directeur de la pharma chez Roche, quitte son poste pour prendre la tête du concurrent suédo-britannique AstraZeneca. Un départ qui a créé la surprise des marchés et représente une perte pour la firme bâloise. Ancien CEO de la société californienne Genentech (mariée à Roche en 2009), le Français laisse derrière lui une division en excellente forme. D’importants succès dans la recherche ont été enregistrés dans l’oncologie. L’Américain Daniel O’Day (48 ans) lui succède depuis le1er septembre. Ce diplômé en bio-logie a effectué toute sa carrière chez Roche dans la distribution et le marketing. Depuis 2010, il dirige la division Diagnostic. Il sera remplacé à ce poste à l’interne par Roland Diggelmann.

INDUSTRIE

ROCHE PERD SON DIRECTEUR DE LA PHARMA

Le plus grand défi qui attend Daniel O’Day sera de défendre l’Herceptin et le MabThera, deux médicaments contre le cancer, face à la concurrence de produits biosimilaires. Roche devra com-poser avec une pression crois-sante sur les prix. Du côté de la

division Diagnostic, l’exercice en cours a été marqué par l’échec de l’OPA lancée sur la firme améri-caine Illumina au printemps. [MV]

Ems-Chemie bondit de 10%Magdalena Martullo-Blocher,

CEOLe groupe de spécialités chimiques Ems-Chemie a dégagé au 1er semestre un bénéfice net

de 142 millions de francs, supé-rieur de 10% à celui de la même période de 2011. La firme se montre confiante pour la suite de l’exercice sur un marché difficile.

Kuoni reste dans le rougePeter Rothwell, CEO

Le voyagiste Kuoni, numéro un helvétique de la branche, a bouclé le 1er semestre 2012 sur une perte nette de

49,8 millions de francs, après un déficit de 43,5 millions à la même période un an plus tôt. Les ventes ont été notamment soutenues par le service des visas.

Mobilezone progresse au 1er semestre

Bobst peine à reprendre piedJean-Pascal Bobst, CEO

Le fabricant de machines d’em-ballage vaudois Bobst a vu son chiffre d’affaires reculer de 5,2% à 532,9 millions

de francs au 1er semestre 2012, comparé à la même période de 2011. La perte nette s’est aggra-vée, passant à 31,2 millions de francs, contre 27,7 millions.

Allègements fiscaux Le can-ton de Fribourg avait été le seul canton romand incapable d’indiquer avec précision le nombre de sociétés au béné-fice d’allègements fiscaux lorsque Bilan avait posé la question à ses autorités au début de cette année (notre édition du 15 février 2012). Cette lacune est désormais comblée. Mais il a fallu une question du député socialiste Xavier Ganioz auprès du Conseil d’Etat pour que celui-ci se décide cet été à lever le voile. Avec 82 entreprises qui ont pu profiter d’exonérations en 2011, le chiffre est beau-coup plus important que celui qui avait été estimé pour Bilan (entre 30 et 50). Parmi les derniers bénéficiaires figurent Ladurée pour la construction de son unité de production de macarons au pied de Gruyères et le groupe belge UCB pour l’aménagement d’un site de biotechnologie à Bulle. Toutefois, le canton de Fribourg ne publie pas le nombre d’emplois liés à sa politique fiscale. [JPB]

82 entreprises exonérées à FribourgChiffres cantonaux.

IMPÔTS 2011

Magasins de village Entre 50 et 60 ouvertures en Suisse romande au cours des cinq prochaines an-nées: c’est l’objectif du détaillant alémanique Volg, une filiale de la coopérative agricole Fenaco. Pré-sente jusqu’ici seulement outre-Sarine et dans la partie germano-phone du Valais où elle dispose d’un réseau de 540 magasins, la chaîne Volg vient d’inaugurer son

COMMERCE DE DÉTAIL

VOLG S’ÉTEND EN SUISSE ROMANDEtroisième point de vente dans une région francophone au Landeron (NE) après Morgins (VS) et Cour-tepin (commune bilingue du can-ton de Fribourg). Cette expansion s’explique par la forte demande de franchisés d’autres distri-buteurs et de propriétaires de

petites surfaces qui cherchent des repreneurs. Volg est un détaillant spécialisé dans les magasins de village, dont l’assortiment se compose d’environ 2800 pro-

duits. L’an der-nier, ce canal de vente a réalisé un chiffre d’affaires d’un milliard de francs. [JPB]

«Un milliard de francs de chiffre

d’affaires en 2011»

Avec le guide des actions suisses de:

Martin Lehmann, CEOLe prestataire de services de télécommunication zurichois Mobile-zone a accru ses ventes et résultats au 1er semestre.

Le bénéfice net s’inscrit en hausse de 11,5% par rapport à la même période de 2011. Mobilezone emploie quelque 750 personnes et exploite 139 magasins.

16 BILAN 5 septembre 2012

Page 17: BILAN

WHeureusement que la Mobilière propose aussi des assurances vie.

Une solution de prévoyance pour chaque étape de votre vie. www.mobi.ch

PHO

TOS:

DR

Etude Avenir Suisse vient de présenter une étude de 45 pages fort intéressante. Réalisée par Marco Salvi, elle traite du «malaise immobilier genevois : ses causes, ses remèdes». «Faut-il réduire l’attrait de Genève pour pouvoir résoudre le problème du logement, comme le proposait il y a peu le conseiller d’Etat écologiste David Hiler?», interroge l’étude. Elle démontre que le système foncier genevois «obsédé par la tentative, vouée d’emblée à l’échec, d’impo-ser un «juste prix» des terrains et des loyers, décourage la construc-tion et le bon fonctionnement du marché immobilier». Avenir Suisse propose quelques pistes : «En abandonnant le concept de juste prix au profit du loyer de marché, on encourage d’un côté les intervenants à construire en leur donnant une incitation écono-mique réelle et on décourage de

IMMOBILIER

Sortir de la pénuriel’autre la surconsommation de ter-rains et d’espaces construits. Mais il ne s’agit pas d’abandonner les plus défavorisés. Ainsi une taxa-tion plus lourde de la rente immo-bilière (impôt sur les plus-values) permettrait de dégager des moyens nouveaux pour une politique d’aide au logement mieux ciblée.» Autre piste : «Abolir les freins à la construction et à la rénovation en supprimant la loi sur les démoli-tions (LDTR), en libérant la zone agricole, en élevant la ville, donc en construisant en hauteur comme la loi l’autorise largement.» L’étude propose aussi d’affecter une partie de l’impôt sur les plus-values au cofinancement d’infrastructures communales. «Mais il ne faut pas se faire d’illusions: l’incitation devra être importante, de l’ordre de 5 à 10% du coût des logements, pour permettre de vaincre des résistances parfois tenaces.» [SG]

HORLOGERIE

DRAKKAR A LE VENT EN POUPE

GENÈVELe marché foncier

est le plus régulé de Suisse, mais c’est aussi celui où l’on construit le moins.

IMMO & HORLO

Nouveautés La jeune marque Drakkar Timepieces s’apprête à dévoiler 8 nouveautés. Tous les développements et les fabri-cations sont réalisés en Suisse. Créée par Alain Bisiaux voilà environ deux ans, cette maison genevoise continue de s’inspirer du milieu du yachting. Reven-diquant un Swiss made à 100%, elle s’est adjoint les services de deux ambassadeurs: Johan Edfors, golfeur professionnel suédois et Jérôme Clerc, talentueux skipper suisse venant de gagner cette année en catamaran D35 la régate classique Genève-Rolle-Genève et le mythique Bol d’or du Léman. En novembre 2011, Drakkar a participé au Grand Prix de l’horlo-gerie de Genève avec son modèle phare Cap Horn, équipé d’un cadran bois ébène et d’un mouve-ment à complication élaboré par Technotime. [SG]

Page 18: BILAN

PHO

TOS:

DR

Multimédia Pour ceux qui possèdent un grand salon et qui aiment gesti-culer devant leur écran, Samsung propose une télévision géante dotée d’une diagonale de 189 centimètres. La Smart TV ES9080 obéit à des instructions vocales et aux mouve-ments des mains grâce à sa caméra intégrée (escamotable dans le cadre). Le téléspec-tateur peut changer de chaîne, modifier le son ou accéder à des Apps TV sans l’habituelle télé-

QUOI DE NEUF

UNE TV QUI OBÉIT AUX MOUVEMENTScommande. La caméra permet au téléviseur d’identifier son public et chaque membre de la famille peut se connecter rapidement à son compte utilisateur person-nel. Cet appareil 3D se connecte aussi à internet ou à des terminaux (smartphone, laptop, tablette)

pour lire leur contenu (photos, vidéos, musique). Sans oublier la vidéophonie via Skype. Prix offi-ciel de ce bijou: 8999 francs. [LC]

FOCUSCOMMUNICATION

«Je me suis déconnecté pendant un an», «j’ai désinstallé Foursquare», «j’ai décidé de partir une semaine sans mon iPhone», etc. Voilà le genre de témoignages qui fleurissent sur le web. Evidemment, je fais partie des repentis provisoires, ceux qui, dans un élan de conscience, ont décidé de reléguer pour un temps leur doudou virtuel au placard.Du coup, je me suis interrogée sur le sens de la démarche. Bien sûr, «être en ligne» fait partie des maux nécessaires à notre intégration dans le monde d’aujourd’hui. Bien sûr, la pression au travail nous pousse à surconsulter nos appareils. Bien sûr, nos amis et contacts y sont aussi. Bien sûr.Et pourtant… Pourtant, je connais des gens qui connaissent des gens qui n’ont pas de profil Facebook, ni Foursquare, ni Klout, ni Twitter et n’ont pas l’air d’en souffrir. Alors, pourquoi certains d’entre nous sont-ils devenus dépen-dants au point de faire part de leur sevrage sur leur blog, à peine ledit sevrage terminé? Il paraît envisageable qu’il y ait des caractères prédisposés à la dépendance, quelle qu’elle soit, et que si, en prime, un besoin de reconnaissance marqué vient s’ajouter à ce type de caractère, nous tenons là un terreau fertile pour les «virtuelo-manes». Le web est un espace de liberté, et, comme toute liberté, le plus difficile est sans doute de parvenir à la gérer. Bonjour, je m’appelle Aline, j’ai 37 ans, je suis virtuelomane.

Virtuelomanes affichés

DANS MON RÉSEAU SOCIALALINE ISOZ FONDATRICE DE BLACKSWAN

Piratage Le samedi 25 août, le site Insidepa-radeplatz.ch a été victime d’une attaque par déni de service (DOS) qui le rendait toujours inaccessible plusieurs jours plus tard. «Une telle attaque demande des moyens importants. Il faut une motivation sérieuse et c’est déjà la deuxième fois que ça arrive à mon site. J’ai déposé une plainte», déclare Lukas Hässig, auteur du blog et gestionnaire du site.Lancé en novembre dernier, Insideparadeplatz a pour thème la place financière helvétique et se montre volontiers provocateur. A Genève, les banquiers sont de plus en plus nombreux à consulter, en arrivant au bureau, l’article que Lukas Hässig met en ligne chaque jour entre 7 h 58 et 7 h 59. Cité fréquemment par la presse traditionnelle, le site commence à bénéficier d’une certaine résonance médiatique.C’est à celui-ci que Bradley Birkenfeld, à la base des déboires d’UBS aux Etats-Unis, avait an-noncé sa libération le 1er août dernier. L’Améri-cain soulignait lui-même qu’elle avait lieu «iro-niquement le jour de la fête nationale suisse». Insideparadeplatz s’est illustré en démontrant les liens entre les sociétés de révision et les banques. Des relations qui peuvent faire douter de l’objectivité des rapports d’audit. Il a aussi sorti des informations dans l’affaire Hildebrand. «Je suis connecté», commente sobrement Lukas Hässig. Cet ancien de Finanz und Wirtschaft et de la SonntagsZeitung est l’auteur des livres Der UBS-Crash et Paradis perdu sur la fin du secret bancaire.«Mes moyens sont limités. C’est pour cette raison que mon site n’était pas mieux protégé contre les hackers.» Lukas Hässig refuse tou-tefois de spéculer sur les origines de l’attaque

INTERNET

Le blog Insideparadeplatz victime d’une attaque informatique

dont il a été victime. Durant son indisponibilité, Insideparadeplatz a trouvé refuge dans les pages de 20 Minuten online, avec qui Lukas Hässig collabore aussi. [MV]

18 BILAN 5 septembre 2012

Page 19: BILAN

une idée d’avance sur l’économie

Retrouvez LE magazineéconomique sur iPad

Page 20: BILAN

«Conseiller aux Etats, c’est à ses fils qu’il a offert l’accréditation au Parlement»

taire générale des femmes du PLR. Sans tou-cher aux thèmes politiques, elles pourraient s’engager davantage pour une cause ou une autre, et reléguer l’attitude de potiche au passé. Notez que c’est aussi valable pour les époux des conseillères fédérales.» Ironie de l’histoire, c’est Silvia Blocher qui aura été pionnière, considérée comme l’éminence grise de Christoph, qui, lui, ne passait pour-tant pas pour un garçon féministe et sans poigne.

LA FAMILLE D’ABORDD’où vient-il alors que la proximité des époux Burkhalter fasse jaser? Conseiller en communication, Marc Comina tente une réponse: «Les hommes politiques mo-dernes ont à leurs côtés des femmes actives, des femmes de tête, comme une Michelle Obama, intelligente, brillante, qui donne l’image d’un couple contemporain et éga-litaire, ou d’une Carla Bruni artiste, faisant contrepoids. Mais dans le cas Burkhalter, on a affaire à un homme plutôt effacé et à une épouse sans véritable profil.»

Et pour cause: le Neuchâtelois rencontre sa future femme lors d’un voyage à Londres. Il a 23 ans, elle en a 16, née en 1967 dans un petit village du Vorarlberg en Autriche, neuvième enfant de la famille Schuchter. Rapidement, Friedrun Sabine quitte la ferme familiale pour la Suisse, où elle consa-crera l’essentiel de son temps à élever leurs trois fils. Si elle donne aujourd’hui des cours d’allemand dans une école privée, son parcours demeure aux antipodes de ceux des épouses carriéristes qui font

la une des magazines. Marc Comina conclut: «Les Burkhalter renvoient l’image d’un couple intimiste et traditionaliste, un peu à contre-courant de la tendance actuelle.»

A contre-courant peut-être, mais authen-tique certainement. Car les époux Burkhal-ter ne l’ont jamais caché: la famille d’abord. Après son élection au Conseil fédéral, Didier Burkhalter déclarait dans le magazine de l’Eglise protestante Bonne Nouvelle: «Pour moi, la famille joue un rôle essentiel. Sans sa présence constante dans mon cœur, je n’aurais pas la même force de faire de la poli-tique.» Et s’il fallait une preuve supplémen-taire de son attachement aux liens du sang, la voici: lorsqu’il était conseiller aux Etats, c’est à ses fils qu’il a offert l’accréditation de visiteurs permanents au Parlement, et non pas, comme il est d’usage, à des lobbyistes ou des relations politiques.

UN PROTOCOLE RIGIDE«C’est vrai, Didier Burkhalter a toujours fonctionné sur le mode famille avant tout, note le conseiller national libéral-radical ge-nevois Hugues Hiltpold. Et derrière chaque homme politique se cache une femme qui met le couple en relief. Souvenez-vous de Shawn Fielding, l’épouse de l’ambassadeur Thomas Borer! Dans le cas des Burkhalter, madame démontre la complémentarité et

la stabilité.» En effet, rien de commun entre la flamboyante et presque scandaleuse reine de beauté texane et l’élégance un brin «porcelaine de Saxe» de Mme Burkhalter. Si ce n’est une signature individuelle, une vitrine des valeurs chères

aux couples respectifs. Manifestement, celles véhiculées par les Burkhalter plaisent aux libéraux-radicaux: «Sabine Burkhalter est une excellente publicité pour notre pays, estime Christian Lüscher. Elle est collée à son mari, certes, mais intelligente, plurilingue et elle a beaucoup d’allure.» Et le conseiller national de se souvenir du moins chanceux Joseph Deiss aux prises avec les bourdes de son inénarrable Babette.

A ce chapitre, Sabine en serait-elle quitte avec les félicitations du jury? Certaines voix, en privé, ne se privent pas de mentionner les entorses que feraient subir au protocole les mains jointes du couple Burkhalter. Non pas lors de manifestations culturelles ou sportives, comme l’inauguration du Salon du livre à Genève, le soutien à Fabian Can-cellara lors du contre-la-montre à Hamp-ton Court ou encore l’assemblée générale d’Helvetas, mais lors d’événements poli-tiques, rencontres présidentielles ou minis-térielles, voire entretiens avec les chefs de service, où la garde rapprochée exercée par Sabine Burkhalter susciterait le malaise. Des critiques balayées par Jean-Marc Cre-voisier, porte-parole du conseiller fédéral: «Mme Burkhalter ne participe jamais aux séances de travail. Elle est très peu présente au département et, lors des voyages officiels, suit en général le programme spécial pour les épouses qu’elle enrichit parfois de cer-taines rencontres . Quant au protocole, assez rigide, il en instruit les épouses, puis chaque ministre l’interprète à sa manière, avec une certaine marge de manœuvre.»

Alors, Didier Burkhalter, à l’avant-garde ou démodé? Lui dont certains déplorent le manque d’éclat aura réussi à faire parler de lui sur un thème pour lequel les plus grands engagent des bataillons de communicants. Mais il y a fort à parier que le Neuchâtelois, pour sa part, ne se soucie guère de ce que sa romance pastorale fasse sourire les mou-tons. B

FUSIONNELSPas un événement politique, un dîner

ou un voyage officiel sans que le couple ne s’affiche ensemble.

POUVOIR

DIDIER BURKHALTER,JAMAIS SANS SA FEMME

Commençons par une colle: quel président, de France ou de Navarre, rendrait-il compte aux médias de son pays de ses cent jours à l’exé-cutif le nonante-neuvième déjà, au

prétexte que la date butoir tombe sur l’anni-versaire de son épouse? Ne cherchez plus, l’exception est helvète. Au bal des couples de pouvoir, c’est le Neuchâtelois Didier Burkhalter qui, en Suisse, danse le plus ser-ré, formant avec Friedrun Sabine une paire tendre et glamour pour les uns, un aveu de dépendance affective pour les autres. En un temps où les «femmes de» sont à la mode, où Michelle Obama crève l’écran par son intelligence politique, sa force manifeste et son charme, où la concubine Valérie Trier-weiler met à mal la sobriété annoncée de

François Hollande par une manifestation de jalousie dégradante, où Ann Romney, icône de la mère au foyer américaine (5 garçons et 18 petits-enfants) fait un tabac à la conven-tion républicaine, notre ministre des Affaires étrangères offre l’image attendrissante d’un homme qui de la main de son épouse ne sau-rait se passer. Mme Burkhalter est en effet de tous les voyages officiels, de tous les dîners, même des assemblées des délégués du parti, main dans la main, épaule contre épaule.

C’est en tout cas ce que notent nombre d’observateurs, diplomates ou parlemen-taires, de droite comme de gauche, d’un œil mi-touché, mi-agacé. «A Berne, le couple Burkhalter est un sujet de rigolade, résume une conseillère nationale romande, car on se demande qui tient l’autre par la main! On a

l’impression que Didier Burkhalter a besoin d’être rassuré par son épouse et qu’il est per-du sans elle.» Un côté fusionnel qui atten-drirait plutôt la conseillère nationale socia-liste Maria Roth-Bernasconi: «C’est plutôt mignon! Didier Burkhalter montre ainsi qu’un conseiller fédéral est aussi un homme qui a besoin de partager avec sa femme. C’est peut-être le reflet de la nouvelle géné-ration d’hommes au pouvoir.»

Et la socialiste de rappeler que les hommes forts du Conseil fédéral sont aujourd’hui des femmes, qui, elles, ne s’accordent pas les mêmes libertés. Verrait-on Eveline Wid-mer-Schlumpf au bras de son époux? Non. Quand Doris Leuthard se montre en couple, c’est uniquement lors de concerts ou d’expo-sitions décontractées. Pareil pour Simonetta Sommaruga. Quant à l’ancienne conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey, pourtant mariée, mère et grand-mère, elle a soigné son image de boss seul aux commandes.

Autrement dit, se montrer au bras de son épouse serait un luxe que les hommes seuls pourraient se permettre, sans que leur lea-dership ne soit remis en cause. Pour autant que leurs moitiés ne fassent que tapisserie. «Il est dommage qu’en Suisse les épouses de conseillers fédéraux ne fassent pas entendre leur voix, regrette Claudine Esseiva, secré-

Toujours main dans la main. L’image qu’o� rent le conseiller fédéral et son épouse fait jaser la Berne fédérale. Enquête. PAR LAURE LUGON ZUGRAVU

PHO

TOS:

KEY

STO

NE

FOCUSACTU

FRIEDRUN SABINE«On a l’impression

que Didier Burkhalter a besoin

d’être rassuré par son épouse.»

20 BILAN 5 septembre 2012

Page 21: BILAN

«Conseiller aux Etats, c’est à ses fils qu’il a offert l’accréditation au Parlement»

taire générale des femmes du PLR. Sans tou-cher aux thèmes politiques, elles pourraient s’engager davantage pour une cause ou une autre, et reléguer l’attitude de potiche au passé. Notez que c’est aussi valable pour les époux des conseillères fédérales.» Ironie de l’histoire, c’est Silvia Blocher qui aura été pionnière, considérée comme l’éminence grise de Christoph, qui, lui, ne passait pour-tant pas pour un garçon féministe et sans poigne.

LA FAMILLE D’ABORDD’où vient-il alors que la proximité des époux Burkhalter fasse jaser? Conseiller en communication, Marc Comina tente une réponse: «Les hommes politiques mo-dernes ont à leurs côtés des femmes actives, des femmes de tête, comme une Michelle Obama, intelligente, brillante, qui donne l’image d’un couple contemporain et éga-litaire, ou d’une Carla Bruni artiste, faisant contrepoids. Mais dans le cas Burkhalter, on a affaire à un homme plutôt effacé et à une épouse sans véritable profil.»

Et pour cause: le Neuchâtelois rencontre sa future femme lors d’un voyage à Londres. Il a 23 ans, elle en a 16, née en 1967 dans un petit village du Vorarlberg en Autriche, neuvième enfant de la famille Schuchter. Rapidement, Friedrun Sabine quitte la ferme familiale pour la Suisse, où elle consa-crera l’essentiel de son temps à élever leurs trois fils. Si elle donne aujourd’hui des cours d’allemand dans une école privée, son parcours demeure aux antipodes de ceux des épouses carriéristes qui font

la une des magazines. Marc Comina conclut: «Les Burkhalter renvoient l’image d’un couple intimiste et traditionaliste, un peu à contre-courant de la tendance actuelle.»

A contre-courant peut-être, mais authen-tique certainement. Car les époux Burkhal-ter ne l’ont jamais caché: la famille d’abord. Après son élection au Conseil fédéral, Didier Burkhalter déclarait dans le magazine de l’Eglise protestante Bonne Nouvelle: «Pour moi, la famille joue un rôle essentiel. Sans sa présence constante dans mon cœur, je n’aurais pas la même force de faire de la poli-tique.» Et s’il fallait une preuve supplémen-taire de son attachement aux liens du sang, la voici: lorsqu’il était conseiller aux Etats, c’est à ses fils qu’il a offert l’accréditation de visiteurs permanents au Parlement, et non pas, comme il est d’usage, à des lobbyistes ou des relations politiques.

UN PROTOCOLE RIGIDE«C’est vrai, Didier Burkhalter a toujours fonctionné sur le mode famille avant tout, note le conseiller national libéral-radical ge-nevois Hugues Hiltpold. Et derrière chaque homme politique se cache une femme qui met le couple en relief. Souvenez-vous de Shawn Fielding, l’épouse de l’ambassadeur Thomas Borer! Dans le cas des Burkhalter, madame démontre la complémentarité et

la stabilité.» En effet, rien de commun entre la flamboyante et presque scandaleuse reine de beauté texane et l’élégance un brin «porcelaine de Saxe» de Mme Burkhalter. Si ce n’est une signature individuelle, une vitrine des valeurs chères

aux couples respectifs. Manifestement, celles véhiculées par les Burkhalter plaisent aux libéraux-radicaux: «Sabine Burkhalter est une excellente publicité pour notre pays, estime Christian Lüscher. Elle est collée à son mari, certes, mais intelligente, plurilingue et elle a beaucoup d’allure.» Et le conseiller national de se souvenir du moins chanceux Joseph Deiss aux prises avec les bourdes de son inénarrable Babette.

A ce chapitre, Sabine en serait-elle quitte avec les félicitations du jury? Certaines voix, en privé, ne se privent pas de mentionner les entorses que feraient subir au protocole les mains jointes du couple Burkhalter. Non pas lors de manifestations culturelles ou sportives, comme l’inauguration du Salon du livre à Genève, le soutien à Fabian Can-cellara lors du contre-la-montre à Hamp-ton Court ou encore l’assemblée générale d’Helvetas, mais lors d’événements poli-tiques, rencontres présidentielles ou minis-térielles, voire entretiens avec les chefs de service, où la garde rapprochée exercée par Sabine Burkhalter susciterait le malaise. Des critiques balayées par Jean-Marc Cre-voisier, porte-parole du conseiller fédéral: «Mme Burkhalter ne participe jamais aux séances de travail. Elle est très peu présente au département et, lors des voyages officiels, suit en général le programme spécial pour les épouses qu’elle enrichit parfois de cer-taines rencontres . Quant au protocole, assez rigide, il en instruit les épouses, puis chaque ministre l’interprète à sa manière, avec une certaine marge de manœuvre.»

Alors, Didier Burkhalter, à l’avant-garde ou démodé? Lui dont certains déplorent le manque d’éclat aura réussi à faire parler de lui sur un thème pour lequel les plus grands engagent des bataillons de communicants. Mais il y a fort à parier que le Neuchâtelois, pour sa part, ne se soucie guère de ce que sa romance pastorale fasse sourire les mou-tons. B

FUSIONNELSPas un événement politique, un dîner

ou un voyage officiel sans que le couple ne s’affiche ensemble.

5 septembre 2012 BILAN 21

Page 22: BILAN

MULTIMÉDIAS

LE BOOM DES TABLETTES REDONNE DES COULEURS À LOGITECH

Trouver un «Ultra Thin Keyboard», le clavier-boîtier qu’a lancé Logi-tech au printemps dernier pour complémenter l’iPad, relevait de l’exploit cet été. Dans des Media

Markt d’Allemagne et de Suède, on obtenait la même réponse: rupture de stock! Bon. Se pourrait-il qu’après avoir beaucoup tâtonné pour trouver son positionnement dans un monde devenu tactile, l’inventeur de la sou-ris retrouve sa magie vis-à-vis des consom-mateurs? Bracken Darrell, le nouveau CEO, confirme en tout cas qu’effectivement «l’entreprise a eu du mal à répondre à la demande pour ce produit spécifique et a dû mettre en place de nouvelles capacités». Pas

mal pour un accessoire qui n’a pratiquement fait l’objet d’aucune publicité. Mais cela se-ra-t-il suffisant pour redonner du lustre aux résultats financiers de Logitech?

Il est permis de le penser. L’explosion des tablettes est une opportunité unique pour Logitech de remonter dans le TGV de l’éco-nomie numérique. Quand les smartphones tiraient l’essentiel de la demande, l’entre-prise suisse souffrait d’un défaut d’image avec ses accessoires. En dépit de la qualité de ses périphériques audio, Logitech reste avant tout associé aux claviers et aux souris pour PC par les consommateurs.

Avec les tablettes, l’équation change. Souris et clavier sans fil transforment l’écran

en PC portable. Avec l’assaut contre l’iPad d’Apple que préparent Google-Motorola, Samsung ou bien encore Microsoft avec Surface, le marché des périphériques pour tablettes est destiné à une croissance proba-blement aussi phénoménale que celle des ac-cessoires pour smartphones. D’ailleurs, dans ce domaine, Logitech n’a pas dit son dernier mot. L’entreprise vient de se repositionner pour miser sur la nouvelle marque Logitech UE et la réputation de sa filiale Ultimate Ears dans le monde de la musique profession-nelle. Dépassée sur le marché de casques devenus accessoires de mode, l’entreprise prépare une contre-offensive qui va passer par plus de communication. B

La � rme helvétique surfe habilement sur la vague déclenchée par l’iPad. PAR FABRICE DELAYE

Pour votre entreprise, un conseil financier à la carte.Nous vous conseillons là où vos affaires vous appellent, même le soir ou le samedi, chez nous ou chez vous, et vous pouvez nous joindre à toute heure. Pour en savoir plus, contactez-nous au 0848 848 848, 24 h sur 24, 365 jours par an, ou sur www.postfinance.ch

bc5_Kitchen_213x137_f_Bilan.indd 1 02.07.12 12:04

CLAVIER-BOÎTIERL’accessoire pour

iPad de Logitech est un succès auprès

des consommateurs.

JUBILÉ

«24 HEURES» PASSE LE MUR DU SON POUR SES 250 ANS

C’est un anniversaire rare dans le monde des médias. Le quo-tidien vaudois 24 heures fête cette année ses 250 ans, et son équipe dirigeante a décidé de

faire plus que se remémorer les moments forts de son canton dans ses pages. Thierry Meyer, rédacteur en chef, et Fabrice Schoch, directeur marketing, ont emmené leurs équipes depuis deux ans à travailler sur l’idée d’une grande fête populaire et généreuse, en plus de nombreux rendez-vous dans les pages du titre tout au long de l’année. «Dès ma nomination à la tête de 24 heures en 2006, je voyais cette date anniversaire comme un objectif à ne pas rater.» Le quotidien proposera donc les 21 et 22  septembre deux soirées, à l’occasion

du Comptoir Suisse à Lausanne, où sont attendues quelque 20 000 personnes pour assister à un spectacle unique en Europe. Le show, entièrement gratuit, s’articulera au-tour d’une prouesse technologique: un mur du son et d’images aux dimensions gigan-tesques puisqu’il dépasse en surface celui de la Piazza Grande du Festival de Locarno.

Pour en arriver là, il fallait d’abord trou-ver la bonne idée. C’est Vincent Sager, d’Opus One, qui montre un jour à l’équipe de 24 heures une performance qui s’est tenue à Montréal en 2009 avec le fameux mur. Les journalistes et responsables marketing s’emballent… mais le projet nécessite des

fonds importants. Thierry Meyer va alors taper aux portes de sponsors potentiels. Une seule ne s’ouvrira pas: «Sincèrement, cette entreprise avait de bonnes raisons internes pour nous opposer un refus. Mais le fait que quasi tout le monde réponde pré-sent nous a énormément touchés, car nous avons ressenti l’incroyable attachement d’entrepreneurs à leur canton.»

Philippe Hebeisen, CEO de la Vaudoise Assurances, donne son accord par exemple avant même d’avoir vu la vidéo du spec-tacle à Montréal. Mais c’est surtout MCH Beaulieu Lausanne, la société d’exploita-tion du site d’exposition, qui va s’engager le plus dans l’opération, comme partenaire logistique et technique. Le Mur du Son est l’un des plus importants partenariats ja-mais signés par cette institution.

DANS LA PEAU D’UN ENTREPRENEURLes huit partenaires (outre ceux déjà cités, il faut ajouter la Banque Cantonale Vaudoise, le Centre patronal, la Loterie Romande, Romande Energie, Losinger Marazzi et l’ECA), l’éditeur de 24 heures, Tamedia (qui détient aussi Bilan), et les pouvoirs publics soutiennent l’opération pour un montant total de presque 2 millions de francs. Pour le journaliste qu’est Thierry Meyer – l’un des meilleurs de sa génération avec une carrière qui l’a mené auparavant à des postes de correspondant à Londres, Zurich et Berne pour des titres comme le Nouveau Quoti-dien et Le Temps – il a fallu se transformer en intra-entrepreneur. Il a dû lever des fonds, négocier avec tous les partenaires, être diplomate et créatif et surtout mainte-nir le cap pour que la fête soit belle et forte et ne ressemble surtout pas un spectacle folklorique ennuyeux.

De nombreux musiciens, de Bastian Baker à Pascal Auberson, joueront devant le mur qui diffusera des images des mo-ments forts de la vie du canton dans lequel le quotidien s’inscrit depuis 1762. En tout, 240  choristes ainsi qu’un orchestre de 40 musiciens se produiront les deux soirs; 600 nuitées ont été réservées pour accueil-lir toutes les équipes artistiques et tech-niques impliquées dans le projet. Une seule

crainte, cependant: «Nous redoutons une météo défa-vorable qui gâcherait forcé-ment un peu la fête, même si les installations peuvent faire face à de mauvaises conditions.» Rendez-vous au Comptoir. B

Le quotidien vaudois va proposer un grand spectacle gratuit. Zoom sur un projet à presque 2 millions de francs. PAR STÉPHANE BENOIT-GODET

PHO

TO:

DAV

ID C

ANN

ON

«Nous avons ressenti l’incroyable

attachement d’entrepreneurs à leur canton»

FOCUSACTU

PROUESSE TECHNOLOGIQUE

Quelque 20 000 personnes sont

attendues pour un spectacle colossal.

Pour votre entreprise, un conseil financier à la carte.Nous vous conseillons là où vos affaires vous appellent, même le soir ou le samedi, chez nous ou chez vous, et vous pouvez nous joindre à toute heure. Pour en savoir plus, contactez-nous au 0848 848 848, 24 h sur 24, 365 jours par an, ou sur www.postfinance.ch

bc5_Kitchen_213x137_f_Bilan.indd 1 02.07.12 12:04

22 BILAN 5 septembre 2012

Page 23: BILAN

MULTIMÉDIAS

LE BOOM DES TABLETTES REDONNE DES COULEURS À LOGITECH

Trouver un «Ultra Thin Keyboard», le clavier-boîtier qu’a lancé Logi-tech au printemps dernier pour complémenter l’iPad, relevait de l’exploit cet été. Dans des Media

Markt d’Allemagne et de Suède, on obtenait la même réponse: rupture de stock! Bon. Se pourrait-il qu’après avoir beaucoup tâtonné pour trouver son positionnement dans un monde devenu tactile, l’inventeur de la sou-ris retrouve sa magie vis-à-vis des consom-mateurs? Bracken Darrell, le nouveau CEO, confirme en tout cas qu’effectivement «l’entreprise a eu du mal à répondre à la demande pour ce produit spécifique et a dû mettre en place de nouvelles capacités». Pas

mal pour un accessoire qui n’a pratiquement fait l’objet d’aucune publicité. Mais cela se-ra-t-il suffisant pour redonner du lustre aux résultats financiers de Logitech?

Il est permis de le penser. L’explosion des tablettes est une opportunité unique pour Logitech de remonter dans le TGV de l’éco-nomie numérique. Quand les smartphones tiraient l’essentiel de la demande, l’entre-prise suisse souffrait d’un défaut d’image avec ses accessoires. En dépit de la qualité de ses périphériques audio, Logitech reste avant tout associé aux claviers et aux souris pour PC par les consommateurs.

Avec les tablettes, l’équation change. Souris et clavier sans fil transforment l’écran

en PC portable. Avec l’assaut contre l’iPad d’Apple que préparent Google-Motorola, Samsung ou bien encore Microsoft avec Surface, le marché des périphériques pour tablettes est destiné à une croissance proba-blement aussi phénoménale que celle des ac-cessoires pour smartphones. D’ailleurs, dans ce domaine, Logitech n’a pas dit son dernier mot. L’entreprise vient de se repositionner pour miser sur la nouvelle marque Logitech UE et la réputation de sa filiale Ultimate Ears dans le monde de la musique profession-nelle. Dépassée sur le marché de casques devenus accessoires de mode, l’entreprise prépare une contre-offensive qui va passer par plus de communication. B

La � rme helvétique surfe habilement sur la vague déclenchée par l’iPad. PAR FABRICE DELAYE

Pour votre entreprise, un conseil financier à la carte.Nous vous conseillons là où vos affaires vous appellent, même le soir ou le samedi, chez nous ou chez vous, et vous pouvez nous joindre à toute heure. Pour en savoir plus, contactez-nous au 0848 848 848, 24 h sur 24, 365 jours par an, ou sur www.postfinance.ch

bc5_Kitchen_213x137_f_Bilan.indd 1 02.07.12 12:04

CLAVIER-BOÎTIERL’accessoire pour

iPad de Logitech est un succès auprès

des consommateurs.

Page 24: BILAN

mique, les municipalités ou les régions peuvent utiliser comme guide notre modèle 3T: Technologie, Talent et Tolé-rance. Le premier T, c’est la technologie. La capacité de supporter la recherche et l’innovation et le transfert des résul-tats en produits commercialisables et en entreprises qu’on admire sont devenus des éléments absolument essentiels de la croissance économique. Dans notre indice technologique*, la Suisse se classe au 6e rang, derrière des pays comme le Japon et les Etats-Unis mais devant le Canada, le Danemark et la Corée du Sud.

Bilan Et en ce qui concerne les deux autres T?RF Le moteur de toute stratégie écono-mique efficace, ce sont les talents. Or ces derniers, surtout les plus doués, se déplacent beaucoup de nos jours. D’où l’importance de la tolérance. Quand je parle de tolérance, cela signifie un en-droit ouvert aux innovateurs, aux entre-preneurs et aux créateurs dans tous les domaines. Ce climat d’ouverture aux idées nouvelles devient aussi important aujourd’hui que les conditions-cadres pour le business et la compétitivité. Dans notre indice, la Suisse se classe au 20e rang mondial pour la tolérance.

Bilan Tous les gouvernements locaux ou nationaux ont des politiques pour promouvoir la croissance par la créa-tivité. Avez-vous l’impression que ces initiatives sont bien conçues?RF La créativité, «la possibilité de créer de nouvelles choses significatives», est maintenant le moteur du progrès éco-nomique et un avantage concurrentiel déterminant avec un avenir axé sur la connaissance et l’innovation. Nous avons une grande opportunité devant les yeux: pour la première fois peut-être, notre prospérité économique future est liée au développement individuel et à l’utilisa-tion des capacités créatrices de chacun. Mais pour l’exploiter, nous avons aussi besoin de créer de nouvelles institutions qui devront à la fois développer, soute-nir, voire générer de la créativité.

B Comment cela?RF Dans mon livre The Rise of the Crea-tive Class revisited, je lance un appel à l’action, à un «pacte créatif» pour rele-ver ces défis. En particulier, j’examine les moyens que nous devons trouver

«Nous sommesun employeurdistingué.»Reto DahindenCEO SWICAOrganisation de santé

Promotion Santé Suisse a développéle sigle de qualité pour l’évaluationdes conditions de travail:Friendly Work Space®.

Toutes nos félicitationspour la distinction.

Autres entreprises distinguées sous:www.promotionsante.ch/label

pour engager et maximiser la créativité de tous les travailleurs. Nous devons trouver un moyen de rendre créatifs les emplois dans la production et les ser-vices. Nous ne pouvons pas simplement nous contenter de voir ces jobs devenir obsolètes et disparaître. Chaque emploi peut et doit devenir créatif et chaque travailleur doit être entraîné à exploiter sa propre capacité à entreprendre.

B Vous avez récemment été nommé ambassadeur européen pour la créa-tivité et l’innovation. Comment voyez-vous l’Europe et la Suisse sous l’angle de l’émergence d’une classe créative par rapport au reste du monde?RF L’Europe et la Suisse performent très bien en termes d’économie créative. Elles donnent l’exemple de ce que cela signifie que de créer des environnements à la fois ouverts et inclusifs pour les tra-vailleurs créatifs. L’une des choses les plus efficaces et les moins chères qu’un gouvernement puisse faire pour favori-ser l’économie créative, c’est d’encou-rager la tolérance et l’inclusion. Des pays comme la Suisse, le Danemark, la Nor-vège et quelques autres comprennent ce point critique. Et les travailleurs créatifs rejoignent ces environnements ouverts à de nouvelles idées. Si nous voulons atti-rer et soutenir ces travailleurs, nous de-vons accueillir et encourager la diversité et les différences.

B Quelles nouveautés apportent la nouvelle version de votre best-sel-ler?RF The Rise of the Creative Class revisited actualise toutes les statistiques de la version originale et en fournit une foule de nouvelles, fruit d’une décennie des recherches de mon groupe. Je traite aussi les critiques importantes qui m’avaient été adressées. J’ai ajouté cinq chapitres entièrement nouveaux qui couvrent les effets globaux de l’émergence de la classe créative et explore ce qui fait la «qualité d’un lieu» dans nos villes et nos banlieues. Enfin, je présente un contrat social pour notre temps afin de transfor-mer cette économie créative émergente en une société durablement créative. B

* «Le dernier rapport sur la créativité» peut être téléchargé sur http://martinprosperity.org/media/GCI-Report-reduced-Oct%202011.pdf

INNOVATION

«LA SUISSE PERFORME TRÈS BIEN EN TERMES D’EMPLOIS CRÉATIFS»

Après la publication en 2002 de son premier livre The Rise of the Creative Class, qui analy-sait les ressorts géographiques et sociaux de la croissance

économique contemporaine, l’urbaniste américain Richard Florida est devenu un gourou. Véritable entrepreneur intellec-tuel que s’arrachent municipalités, chaînes d’hôtels, promoteurs immobiliers… il publie une version actualisée de son best-seller et ajoute une multitude de données et de pistes originales pour analyser une pro-fonde mutation économique que chacun voit sans toutefois savoir la nommer.

Bilan Vous définissez la nouvelle classe créative en tant que groupe social cohé-rent, partageant des caractéristiques communes d’un pays à l’autre. Pourquoi avoir recours à ce concept de classe sociale?Richard Florida La créativité est le cœur d’une nouvelle économie pilotée par une classe créa-tive. Elle comprend comme traditionnellement les mu-siciens, les artistes et les écrivains mais s’est éten-due pour inclure toutes ces personnes qui gagnent leur

vie en travaillant avec leur esprit, que ce soit dans les sciences, la technologie, le droit, la médecine ou dans les milieux universitaires, des médias, du manage-ment et de la finance. Les emplois de cette classe créative sont désormais le moteur de la croissance dans nos villes. Ce sont ceux qui re-çoivent les revenus les plus élevés. Nous estimons qu’il y a plus de 150 millions de travailleurs créatifs dans le monde. En Suisse, la classe créative comprend plus de 45% de la main-d’œuvre, ce qui fait de votre pays le troisième du monde pour les emplois créatifs derrière les Pays-Bas et Singapour.

B Cette classe créative que vous décrivez est aussi très nomade. Que

peuvent faire des muni-cipalités ou des autorités régionales pour retenir ou attirer ces personnes de talent sur leur territoire?RF Dans le cadre d’une approche globale de leur développement écono-

Star américaine de l’urbanisme, Richard Florida revisite son best-seller L’émergence de la classe créative. Entretien exclusif. PAR FABRICE DELAYE

PHO

TO:

DR

FOCUSACTU

RICHARD FLORIDA«Pour la première

fois, notre prospérité économique future est liée au développement

individuel.»

«Les créatifs? Ce sont tous ceux qui gagnent leur vie en travaillant avec leur esprit»

24 BILAN 5 septembre 2012

Page 25: BILAN

mique, les municipalités ou les régions peuvent utiliser comme guide notre modèle 3T: Technologie, Talent et Tolé-rance. Le premier T, c’est la technologie. La capacité de supporter la recherche et l’innovation et le transfert des résul-tats en produits commercialisables et en entreprises qu’on admire sont devenus des éléments absolument essentiels de la croissance économique. Dans notre indice technologique*, la Suisse se classe au 6e rang, derrière des pays comme le Japon et les Etats-Unis mais devant le Canada, le Danemark et la Corée du Sud.

Bilan Et en ce qui concerne les deux autres T?RF Le moteur de toute stratégie écono-mique efficace, ce sont les talents. Or ces derniers, surtout les plus doués, se déplacent beaucoup de nos jours. D’où l’importance de la tolérance. Quand je parle de tolérance, cela signifie un en-droit ouvert aux innovateurs, aux entre-preneurs et aux créateurs dans tous les domaines. Ce climat d’ouverture aux idées nouvelles devient aussi important aujourd’hui que les conditions-cadres pour le business et la compétitivité. Dans notre indice, la Suisse se classe au 20e rang mondial pour la tolérance.

Bilan Tous les gouvernements locaux ou nationaux ont des politiques pour promouvoir la croissance par la créa-tivité. Avez-vous l’impression que ces initiatives sont bien conçues?RF La créativité, «la possibilité de créer de nouvelles choses significatives», est maintenant le moteur du progrès éco-nomique et un avantage concurrentiel déterminant avec un avenir axé sur la connaissance et l’innovation. Nous avons une grande opportunité devant les yeux: pour la première fois peut-être, notre prospérité économique future est liée au développement individuel et à l’utilisa-tion des capacités créatrices de chacun. Mais pour l’exploiter, nous avons aussi besoin de créer de nouvelles institutions qui devront à la fois développer, soute-nir, voire générer de la créativité.

B Comment cela?RF Dans mon livre The Rise of the Crea-tive Class revisited, je lance un appel à l’action, à un «pacte créatif» pour rele-ver ces défis. En particulier, j’examine les moyens que nous devons trouver

«Nous sommesun employeurdistingué.»Reto DahindenCEO SWICAOrganisation de santé

Promotion Santé Suisse a développéle sigle de qualité pour l’évaluationdes conditions de travail:Friendly Work Space®.

Toutes nos félicitationspour la distinction.

Autres entreprises distinguées sous:www.promotionsante.ch/label

pour engager et maximiser la créativité de tous les travailleurs. Nous devons trouver un moyen de rendre créatifs les emplois dans la production et les ser-vices. Nous ne pouvons pas simplement nous contenter de voir ces jobs devenir obsolètes et disparaître. Chaque emploi peut et doit devenir créatif et chaque travailleur doit être entraîné à exploiter sa propre capacité à entreprendre.

B Vous avez récemment été nommé ambassadeur européen pour la créa-tivité et l’innovation. Comment voyez-vous l’Europe et la Suisse sous l’angle de l’émergence d’une classe créative par rapport au reste du monde?RF L’Europe et la Suisse performent très bien en termes d’économie créative. Elles donnent l’exemple de ce que cela signifie que de créer des environnements à la fois ouverts et inclusifs pour les tra-vailleurs créatifs. L’une des choses les plus efficaces et les moins chères qu’un gouvernement puisse faire pour favori-ser l’économie créative, c’est d’encou-rager la tolérance et l’inclusion. Des pays comme la Suisse, le Danemark, la Nor-vège et quelques autres comprennent ce point critique. Et les travailleurs créatifs rejoignent ces environnements ouverts à de nouvelles idées. Si nous voulons atti-rer et soutenir ces travailleurs, nous de-vons accueillir et encourager la diversité et les différences.

B Quelles nouveautés apportent la nouvelle version de votre best-sel-ler?RF The Rise of the Creative Class revisited actualise toutes les statistiques de la version originale et en fournit une foule de nouvelles, fruit d’une décennie des recherches de mon groupe. Je traite aussi les critiques importantes qui m’avaient été adressées. J’ai ajouté cinq chapitres entièrement nouveaux qui couvrent les effets globaux de l’émergence de la classe créative et explore ce qui fait la «qualité d’un lieu» dans nos villes et nos banlieues. Enfin, je présente un contrat social pour notre temps afin de transfor-mer cette économie créative émergente en une société durablement créative. B

* «Le dernier rapport sur la créativité» peut être téléchargé sur http://martinprosperity.org/media/GCI-Report-reduced-Oct%202011.pdf

Page 26: BILAN

«Il faut arrêter d’offrir

ce que personne ne nous

demande!»

«Le Parlement devrait

sanctionner les responsables

de cette débâcle»

Delaware ou les îles anglo-normandes. En définitive, nous préférons que les clients décident eux-mêmes de se régulariser et qu’on en reste aux normes de l’OCDE tout en appliquant le «Swiss finish», c’est-à-dire des règles de gestion beaucoup plus élevées que celles des principales places financières.

B Selon vous, quelles étaient les alternatives du Conseil fédéral lors des négociations avec les Etats-Unis?FdM Le Conseil fédéral n’aurait pas dû enfreindre la loi, notamment en utilisant le droit d’urgence à plusieurs reprises et en autorisant une dérogation à l’article 271 du Code pénal. Par ailleurs, il aurait dû être beaucoup plus combatif, au lieu de mettre en danger des citoyens suisses dans l’inté-rêt d’entreprises, pour la plupart étran-gères. Et nous aurions voulu connaître plus en détail les pressions réelles que les conseillers fédé-raux ont bien pu subir. De quelles menaces s’agissait-il concrètement? Là aussi la lumière doit être faite. Notre association estime que le Parlement devrait prendre

des mesures en sanctionnant les respon-sables de cette débâcle au sein du Conseil fédéral!

B Qui sont les responsables de cette crise selon vous?FdM Une part de la responsabilité vient de la Banque nationale suisse (BNS) qui publie depuis 1999, avec grande fierté, les masses sous gestion en Suisse, chaque année plus importantes. Il faut rappeler que beaucoup d’argent est venu des grandes banques étrangères qui se sont installées en Suisse. Cela a attiré beaucoup de convoitises, notamment de banques comme UBS qui ont voulu à leur tour s’engouffrer dans ce marché et devenir leader aux Etats-Unis. Aujourd’hui, les grandes banques sont accusées d’avoir «industrialisé» l’évasion fiscale, mais personne à ce jour ne connaît exactement les charges retenues contre

elles. Il serait temps qu’on nous dise de quoi les banques sont coupables exactement et quelles sont les pressions qu’elles subissent. Si elles sont coupables, elles doivent être punies et ce n’est pas aux employés de payer l’addition!

B Quel est l’avenir pour la place financière suisse?FdM Il faut faire le ménage dans les excès du passé. La Suisse doit profiter de sa bonne réputation et de sa politique stable pour défendre son ordre juridique et pour mettre à profit son expertise dans le do-maine de la finance. La Suisse doit conti-nuer à mettre en avant son savoir-faire, la bonne formation de son personnel, son honnêteté et continuer à offrir des services au monde entier. Par contre, la «Weissgeldstrategie» est un très mauvais terme car il laisse à penser que la Suisse n’a fait qu’attirer de l’agent sale, alors que la Suisse est un pôle d’excellence dans l’asset et le wealth management. Les banques suisses à la base n’étaient jamais des grandes banques de financement interna-tional comme Goldman Sachs ou Lehman Brothers mais étaient toujours spéciali-sées dans la gestion de fortune et le service à la personne! La Suisse a donc encore un grand avenir dans le domaine de la gestion de patrimoine et des services financiers. Il faut juste arrêter dorénavant de trans-former les employés de banque en per-cepteurs d’impôts pour le compte d’Etats tiers! B

FLAVIEN DE MURALT

«Si les banques sont coupables, elles doivent être punies et ce n’est

pas aux employés de payer l’addition!»

FISCALITÉ

«LA SUISSE SE LIVRE DEPUIS PLUSIEURS MOIS À DES PRATIQUES EFFRAYANTES»

Ce fut la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Pour le comité Swiss Respect, livrer les noms des employés de banques aux autori-tés américaines est une violation

du droit suisse. Et c’est pour défendre les intérêts de la Suisse contre les attaques de son ordre juridique que cette association apolitique à but non lucratif a vu le jour, comme le révélait Bilan dans son édition du 9 mai dernier. L’impulsion de départ vient de quatre gérants de patrimoine: Fla-vien de Muralt, Jean-Daniel Balet, Antoine Spillmann et Jean-Paul Tissières. Depuis, près de 200 membres ont rejoint l’asso-ciation, dans laquelle on compte des PME, des avocats, des employés de banque ou encore de simples citoyens. Entretien avec Flavien de Muralt, membre fondateur.

Bilan Quels sont vos moyens d’action, concrètement?Flavien de Muralt Nous avons première-ment publié une lettre ouverte au Conseil fédéral en mai dernier à laquelle nous n’avons jamais reçu de réponse. Par ail-leurs, Maître Hornung, qui nous représente, va prochainement lancer une action en jus-tice à Genève et à Zurich pour faire consta-ter l’illicéité de la transmission des noms d’employés de banque aux Etats-Unis. Il ne s’agit pas d’une plainte à laquelle nous demandons des dommages et intérêts, mais bien d’une demande de constatation de l’illicéité, ce qui nous permettra de faire la lumière sur les vrais enjeux de cette action. Notre prochain combat visera cette étrange demande de la France sur l’imposition de ses citoyens en Suisse (la nouvelle CDI sur les successions, lire ci-contre). SwissRes-pect monte au créneau à chaque fois qu’il y a des décisions politiques dommageables pour le pays. Notre but n’est pas de sauver le secret bancaire, mais de défendre les in-térêts de la Suisse et de ses citoyens!

B Pourquoi votre association soutient-elle le référendum sur les accords Rubik?FdM Nous regrettons que les grands partis ne se prononcent pas plus sur Rubik et sur toutes les pratiques effrayantes auxquelles la Suisse se livre depuis plusieurs mois maintenant. A ce stade, Swiss Respect ne se prononce pas pour ou contre les accords Rubik. Pour l’instant, nous souhaitons juste un débat démocratique sur le sujet. Le référendum a été lancé par l’Association pour une Suisse indépendante et neutre (ASIN) et par les Jeunes Socialistes (JUSO).

Ils ont déjà obtenu près de 35  000 signa-tures. L’association prendra position au moment venu.

B Est-ce que l’avantage premier des accords Rubik n’est pas de faire table rase du passé?FdM Non, pas du tout, Rubik est un moyen de gagner du temps. Les vols de CD et les pressions sur l’échange de données vont continuer. La Suisse est le seul pays à subir des pressions alors que les normes de l’OCDE prévoient l’échange d’infor-mations à la demande. Ces normes ne prévoient pas de prélever des impôts aux ressortissants étrangers qui détiennent des comptes dans les banques en Suisse! Il faut faire sauter le verrou et arrêter d’offrir ce que personne ne nous demande! Nous voulons également la réciprocité, notam-ment avec les paradis fiscaux comme le

Fondé en mai dernier, le think tank Swiss Respect soutient le référendum sur les accords Rubik. PAR CHANTAL MATHEZ DE SENGER

PHO

TO:

ALBA

N K

AKU

LYA

FOCUSACTU

Quelle mouche a piqué Eveline Wid-mer-Schlumpf? Pourquoi avoir signé le 5 juillet une convention contre les doubles impositions des successions avec la France? Y avait-il urgence à parapher cette nouvelle convention qui vient remplacer celle en vigueur depuis 1953? L’avocat et expert fiscal diplômé Kaloyan Stoyanov émet de sérieux doutes en la matière: «D’un point de vue économique glo-bal, la double imposition des successions est sensiblement moins importante que la double imposition des revenus et de la fortune. La France comptait au 1er janvier dernier 128 CDI (conventions de double imposition) en matière de revenus et 12 en matière de successions. Pour la Suisse, il y en avait respectivement 82 et 10.» Et l’expert d’ajou-ter: «Les recettes générées par les impôts sur les successions tant nationales que trans-nationales ne représentent que 0,5% du total des revenus des Etats membres de l’Union

européenne.» En résumé, cette nouvelle convention n’était pas d’un intérêt vital pour notre économie.Autre argument intéressant: les conventions françaises sur les successions (dont certaines couvrent aussi les donations, contrairement aux conventions suisses) datent pour la plupart des années 1950 et 1960. Idem pour la Suisse. «Au regard de ces faits, l’on a beaucoup de peine à com-prendre le communiqué du Conseil fédéral: le texte de 1953 «ne correspond plus à la poli-tique conventionnelle de la France dans ce domaine. Une révision était devenue indispen-sable.» Enfin, les dispositions que la France a imposées à la Suisse sont la reproduction de son droit interne. Or ces dispositions ont été introduites en France le 1er janvier 1999. On a du mal à saisir l’urgence soudaine pour la France d’élargir sa souveraineté au détriment de la Suisse précisément», relève le fiscaliste. [SG]

«La convention sur les successions est inutile»Berne affiche son autosatisfaction d’être parvenue à un compromis avec la France. Pourtant, la Suisse est entièrement perdante.

26 BILAN 5 septembre 2012

Page 27: BILAN

«Il faut arrêter d’offrir

ce que personne ne nous

demande!»

«Le Parlement devrait

sanctionner les responsables

de cette débâcle»

Delaware ou les îles anglo-normandes. En définitive, nous préférons que les clients décident eux-mêmes de se régulariser et qu’on en reste aux normes de l’OCDE tout en appliquant le «Swiss finish», c’est-à-dire des règles de gestion beaucoup plus élevées que celles des principales places financières.

B Selon vous, quelles étaient les alternatives du Conseil fédéral lors des négociations avec les Etats-Unis?FdM Le Conseil fédéral n’aurait pas dû enfreindre la loi, notamment en utilisant le droit d’urgence à plusieurs reprises et en autorisant une dérogation à l’article 271 du Code pénal. Par ailleurs, il aurait dû être beaucoup plus combatif, au lieu de mettre en danger des citoyens suisses dans l’inté-rêt d’entreprises, pour la plupart étran-gères. Et nous aurions voulu connaître plus en détail les pressions réelles que les conseillers fédé-raux ont bien pu subir. De quelles menaces s’agissait-il concrètement? Là aussi la lumière doit être faite. Notre association estime que le Parlement devrait prendre

des mesures en sanctionnant les respon-sables de cette débâcle au sein du Conseil fédéral!

B Qui sont les responsables de cette crise selon vous?FdM Une part de la responsabilité vient de la Banque nationale suisse (BNS) qui publie depuis 1999, avec grande fierté, les masses sous gestion en Suisse, chaque année plus importantes. Il faut rappeler que beaucoup d’argent est venu des grandes banques étrangères qui se sont installées en Suisse. Cela a attiré beaucoup de convoitises, notamment de banques comme UBS qui ont voulu à leur tour s’engouffrer dans ce marché et devenir leader aux Etats-Unis. Aujourd’hui, les grandes banques sont accusées d’avoir «industrialisé» l’évasion fiscale, mais personne à ce jour ne connaît exactement les charges retenues contre

elles. Il serait temps qu’on nous dise de quoi les banques sont coupables exactement et quelles sont les pressions qu’elles subissent. Si elles sont coupables, elles doivent être punies et ce n’est pas aux employés de payer l’addition!

B Quel est l’avenir pour la place financière suisse?FdM Il faut faire le ménage dans les excès du passé. La Suisse doit profiter de sa bonne réputation et de sa politique stable pour défendre son ordre juridique et pour mettre à profit son expertise dans le do-maine de la finance. La Suisse doit conti-nuer à mettre en avant son savoir-faire, la bonne formation de son personnel, son honnêteté et continuer à offrir des services au monde entier. Par contre, la «Weissgeldstrategie» est un très mauvais terme car il laisse à penser que la Suisse n’a fait qu’attirer de l’agent sale, alors que la Suisse est un pôle d’excellence dans l’asset et le wealth management. Les banques suisses à la base n’étaient jamais des grandes banques de financement interna-tional comme Goldman Sachs ou Lehman Brothers mais étaient toujours spéciali-sées dans la gestion de fortune et le service à la personne! La Suisse a donc encore un grand avenir dans le domaine de la gestion de patrimoine et des services financiers. Il faut juste arrêter dorénavant de trans-former les employés de banque en per-cepteurs d’impôts pour le compte d’Etats tiers! B

FLAVIEN DE MURALT

«Si les banques sont coupables, elles doivent être punies et ce n’est

pas aux employés de payer l’addition!»

5 septembre 2012 BILAN 27

Page 28: BILAN

En moyenne les collaborateurs travaillent 8,38 heures par jour.

Assurance

Aucune entreprise ne représente la moyenne. C’est la raison pour laquelle nous proposons des prestations de services taillées sur mesure. Nous vous aidons à améliorer la santé de vos collaborateurs, à réduire les coûts et les absences – et à les éviter.

Pour tout renseignement, téléphonez au 058 277 18 00 ou rendez-vous sur www.css.ch/entreprise. En tous points personnelle.

CSS_INS_Unternehmen_Buero_Bilan_213x137_f_RZ1.indd 1 27.08.12 10:55

PÉTROLE

LE SCANDALE DE LA RAFFINERIE FRANÇAISE DE PETROPLUS

Conséquence de la faillite du groupe suisse Petroplus, la France pourrait voir la raffinerie Petit-Couronne en Seine-Ma-ritime fermer ses portes. Seul

petit espoir: la société Netoil est candi-dat auprès du Tribunal de commerce de Rouen pour racheter pour un euro sym-bolique le site et sauver les 550  emplois. Un deuxième candidat, Alafandi Petro-leum Group (APG), vient de jeter l’éponge. Une demi-surprise, puisque ce groupe est animé par un homme d’affaires américain parti de Genève récemment en laissant de nombreuses casseroles: un certain Ramzi

Al Afandi. D’après nos informations, ce dernier bénéficiait pourtant du soutien du Parti socialiste français. Il faut dire que Laurent Fabius, l’actuel ministre des Affaires étrangères, est également député de Seine-Maritime.

Les syndicats du site de Petit-Couronne soutenaient un homme d’a� aires trouble qui a laissé des ardoises en Suisse. PAR SERGE GUERTCHAKOFF

Ramzi Al Afandi a laissé une ardoise de 56 000 francs dans un cinq-étoiles gene-vois pour un séjour effectué entre 2009 et 2010. A la même époque, il avait été inter-pellé par la police genevoise à la demande du procureur Jean-Bernard Schmid dans le cadre d’une autre plainte. Sans un sou, il dormait un temps dans les locaux d’une société située à la rue du Rhône. Un ingé-nieur français établi à Genève aurait ainsi perdu 800  000  euros pour lui avoir fait trop confiance. Le patron d’APG est re-cherché par l’Unesco à qui il avait promis lors d’un gala organisé à Cologne en mai 2007 de donner 2 millions de dollars en faveur de projets éducatifs.

Sur le site du «groupe Alafandi», il dif-fuse des documents laissant croire qu’il maîtrise la technologie développée par Bernard Stroïazzo-Mougin, PDG de Bio-fuel. «Il n’en est rien. Ce monsieur pré-tendait pouvoir nous amener 200 millions d’euros voilà trois ans pour développer nos produits. Nous n’avons jamais rien vu venir et avons rapidement rompu nos relations», témoigne ce dernier, encore scandalisé. B

ARBITRAGE

LES CRACKS DE LA MÉDIATION COMMERCIALE VIENNENT À GENÈVE

Jeremy Lack est une espèce d’ovni. Polyvalent, plurilingue, curieux, sympathique. Avocat internatio-nal et coprésident de la section romande de la Chambre suisse de

médiation commerciale, il a été CEO de NovImmune et est un spécialiste mondial en propriété intellectuelle… «En 1990, je travaillais à New York sur un énorme litige entre Kodak et Polaroid. Le jugement a donné raison à notre client Polaroid pour un milliard en dommages et intérêts. L’étude a facturé 30  millions d’honoraires. Quelque temps plus tard, le client faisait banque-route. C’est là que j’ai compris que, parfois, et même souvent, gagner au tribunal peut mener droit dans le mur et qu’il vaut mieux s’orienter vers d’autres solutions plus créa-tives pour minimiser temps et investisse-ment de moyens.»

Fruit du hasard, Jeremy Lack rencontre en Autriche le médiateur Bruce Edwards, chairman cofondateur de JAMS. «Cet ex-

pert en négociation trouve des issues paci-fiques à des conflits portant sur des cen-taines de millions de dollars, en moins de deux jours. C’est Edwards qui m’a suggéré de représenter JAMS en Suisse.» Et c’est à Genève que la multinationale a choisi d’ou-vrir une antenne dès ce mois de septembre.

JAMS est la plus grosse entreprise de médiation du monde depuis trente ans. Elle a su commercialiser la notion d’ADR (Alter-native Dispute Resolution), une manière autre de résoudre les différends. Cette mul-tinationale de la médiation et de l’arbitrage occupe le 34e étage du bâtiment du New York Times à Manhattan. Matthew York, fringant jeune directeur de l’antenne new-yorkaise, nous reçoit: «Nous avons ici 30 salles de conférences. L’équipe est composée de plus de 300 juges et avocats spécialisés.»

Mais pour autant, JAMS,

ce n’est pas Emmaüs. Ici, la journée d’un médiateur est facturée entre 4000 et 12  000 dollars la journée. L’an dernier, JAMS a réalisé un chiffre d’affaires de plu-sieurs centaines de millions de dollars. Pour Jeremy Lack, qui figure dans le top 10 de WhosWhoLegal, il n’y a pas photo: «Si on compare, un litige de 1 million de francs peut facilement coûter 70  000  francs sur deux à trois ans, avec tous les frais afférents. Avec la médiation, la même démarche coû-tera moins de 10 000 francs et prendra deux à trois jours. Et le taux de réussite est de 80%.»

DÉFERLANTE EN EUROPE Aux Etats-Unis, 4000 sociétés (Pepsico, AIG, Bank of America-Merrill Lynch,Kraftfood et même Nestlé) se sont déjà en-gagées à recourir à la médiation en cas de litige. Une nouvelle directive européenne vient de mandater l’accès à la médiation dans tous les tribunaux civils et commer-ciaux de l’UE. Le nouveau Code de procé-dure civile suisse reconnaît la médiation comme une démarche judiciaire dont les transactions peuvent être homologuées.

Cees J.A. van Lede, ancien président du conseil d’administration d’Akzo Nobel NV, un ponte de la chimie, pointe un change-ment de paradigme: «La médiation permet de transformer une menace en opportunité commerciale.» Sensible à cette nouvelle tendance, les Chambres de commerce de Bâle, Berne, Genève, Lausanne. Lugano, Neuchâtel et Zurich ainsi que la CCI à Paris

et l’OMPI à Genève offrent dorénavant des prestations de médiation commerciale. B

Le 4e Congrès de la Chambre suisse de médiation commerciale se tiendra les 19 et 20 septembre à Soleure.

Elle règle des litiges à moindre coût et hors des tribunaux. La multinationale américaine JAMS ouvre une antenne en Suisse. PAR PHILIPPE LUGASSY

PHO

TOS:

PL,

HAB

EGG

ER,

AFP

«Elle permet de transformer

une menace en opportunité commerciale»

FOCUSACTU

EXPERTAvocat international,

Jeremy Lack (à droite) représente JAMS en Suisse.

En moyenne les collaborateurs travaillent 8,38 heures par jour.

Assurance

Aucune entreprise ne représente la moyenne. C’est la raison pour laquelle nous proposons des prestations de services taillées sur mesure. Nous vous aidons à améliorer la santé de vos collaborateurs, à réduire les coûts et les absences – et à les éviter.

Pour tout renseignement, téléphonez au 058 277 18 00 ou rendez-vous sur www.css.ch/entreprise. En tous points personnelle.

CSS_INS_Unternehmen_Buero_Bilan_213x137_f_RZ1.indd 1 27.08.12 10:55

28 BILAN 5 septembre 2012

Page 29: BILAN

En moyenne les collaborateurs travaillent 8,38 heures par jour.

Assurance

Aucune entreprise ne représente la moyenne. C’est la raison pour laquelle nous proposons des prestations de services taillées sur mesure. Nous vous aidons à améliorer la santé de vos collaborateurs, à réduire les coûts et les absences – et à les éviter.

Pour tout renseignement, téléphonez au 058 277 18 00 ou rendez-vous sur www.css.ch/entreprise. En tous points personnelle.

CSS_INS_Unternehmen_Buero_Bilan_213x137_f_RZ1.indd 1 27.08.12 10:55

PÉTROLE

LE SCANDALE DE LA RAFFINERIE FRANÇAISE DE PETROPLUS

Conséquence de la faillite du groupe suisse Petroplus, la France pourrait voir la raffinerie Petit-Couronne en Seine-Ma-ritime fermer ses portes. Seul

petit espoir: la société Netoil est candi-dat auprès du Tribunal de commerce de Rouen pour racheter pour un euro sym-bolique le site et sauver les 550  emplois. Un deuxième candidat, Alafandi Petro-leum Group (APG), vient de jeter l’éponge. Une demi-surprise, puisque ce groupe est animé par un homme d’affaires américain parti de Genève récemment en laissant de nombreuses casseroles: un certain Ramzi

Al Afandi. D’après nos informations, ce dernier bénéficiait pourtant du soutien du Parti socialiste français. Il faut dire que Laurent Fabius, l’actuel ministre des Affaires étrangères, est également député de Seine-Maritime.

Les syndicats du site de Petit-Couronne soutenaient un homme d’a� aires trouble qui a laissé des ardoises en Suisse. PAR SERGE GUERTCHAKOFF

Ramzi Al Afandi a laissé une ardoise de 56 000 francs dans un cinq-étoiles gene-vois pour un séjour effectué entre 2009 et 2010. A la même époque, il avait été inter-pellé par la police genevoise à la demande du procureur Jean-Bernard Schmid dans le cadre d’une autre plainte. Sans un sou, il dormait un temps dans les locaux d’une société située à la rue du Rhône. Un ingé-nieur français établi à Genève aurait ainsi perdu 800  000  euros pour lui avoir fait trop confiance. Le patron d’APG est re-cherché par l’Unesco à qui il avait promis lors d’un gala organisé à Cologne en mai 2007 de donner 2 millions de dollars en faveur de projets éducatifs.

Sur le site du «groupe Alafandi», il dif-fuse des documents laissant croire qu’il maîtrise la technologie développée par Bernard Stroïazzo-Mougin, PDG de Bio-fuel. «Il n’en est rien. Ce monsieur pré-tendait pouvoir nous amener 200 millions d’euros voilà trois ans pour développer nos produits. Nous n’avons jamais rien vu venir et avons rapidement rompu nos relations», témoigne ce dernier, encore scandalisé. B

Page 30: BILAN

L’INVITÉ JENNIFER BLANKE

PHO

TO:

DR,

ILLU

STRA

TIO

N:

ROB

CO

LVIN

/CO

RBIS

COMPÉTITIVITÉ

Les impasses politiques nuisent à la propérité

L’Histoire a montré que les pays possédant une combinaison gagnante d’avantages compétitifs sont également les mieux préparés à surmonter les crises économiques et à améliorer durablement le niveau de vie de leurs citoyens. Après cinq années de crise, le court-termisme et les impasses politiques se sont si profondément enracinés dans les discussions nationales et régionales que les écarts en matière de

compétitivité à travers le monde se renforcent au lieu de se resserrer.Un pays qui ne se concentre pas à long terme sur les facteurs décisifs de son succès économique met sa prospérité en danger. Depuis plus de trois décennies, le Rapport global sur la compétitivité du World Economic Forum examine les nombreux facteurs permettant aux économies nationales de progresser en matière de productivité et de croissance économique. Bonne gouvernance, stabilité macroéconomique, efficience des marchés, formation, adoption des changements technologiques ou potentiel d’innovation, tous ces facteurs peuvent améliorer la productivité et la prospérité. Mais pour cela, les pays doivent élaborer une vision à long terme de leurs objectifs en matière de politique économique.A en juger par les résultats de l’édition 2012-2013 du Rapport global sur la compétitivité, cette vision à long terme fait cruellement défaut. Prenons l’Europe. Tandis que ses dirigeants prennent des mesures urgentes pour améliorer la discipline fiscale, rassurer les investisseurs et calmer les marchés financiers, ils négligent un problème latent bien plus fondamental: l’écart sensible entre les différents pays européens au niveau de la compétitivité. Cette année, la Finlande, l’Allemagne et les Pays-Bas sont classés parmi les dix pays les plus compétitifs au monde, tandis que d’autres, en particulier ceux du sud de l’Europe, se situent au bas de l’échelle, à l’exemple de la Grèce qui se trouve au 96e rang. Dans ce contexte, pour éviter une décennie perdue pour la croissance économique, le rééquilibrage fiscal doit être accompagné d’un agenda de réformes rigoureux visant à résoudre les principales faiblesses en matière de compétitivité, comme des marchés du travail rigides et une concurrence quasi inexistante dans certains secteurs. Et ce, tout en préservant les investissements cruciaux dans des domaines tels

que la formation, la R&D et l’innovation. En ce sens, la mise en œuvre Europe 2020, la stratégie de croissance de l’Union européenne, serait un bon début.Une impasse politique similaire menace les Etats-Unis. Certes, ils restent la locomotive mondiale de l’innovation, mais leur recul de deux places, au 7e rang, dans le classement sur la compétitivité 2012-2013, soulève des inquiétudes. Les partis politiques ne parviennent même pas à se mettre d’accord sur des priorités à court terme telles qu’éviter les coupes budgétaires automatiques. Pire encore, les querelles – peu surprenantes en année électorale – détournent l’attention de réformes à long terme fondamentales et de

décisions d’investissement dans des secteurs comme l’infrastructure et la formation, indispensables pour renouer avec une croissance plus robuste.

DES RÉFORMES SONT NÉCESSAIRESLe court-termisme n’est toutefois pas l’apanage des économies avancées. Les divergences en matière de compétitivité entre les différents pays émergents mettent l’accent sur l’importance d’une vision à long terme du développement. La Chine, qui a mené ces dernières décennies des réformes systématiques, s’impose comme l’économie la plus compétitive du BRIC. Le Brésil a également accompli des avancées significatives. Tandis qu’en Inde et en Russie, les réformes stagnent.Les dirigeants tout autour de la planète devraient s’engager dans un débat plus clair et plus rigoureux concernant les réformes à entreprendre pour augmenter la prospérité et garantir des emplois à leurs citoyens. Les réformes politiques nécessaires pour améliorer la compétitivité exigent de la persévérance parce qu’elles prennent du temps avant de

porter leurs fruits. Aujourd’hui, trop de dirigeants sont prêts à sacrifier la prospérité à long terme sur l’autel de leur popularité à court terme. La Suisse, Singapour, la Finande et la Suède, les quatre nations les plus compétitives de l’indice 2012-2013, ne sont pas arrivées là où elles sont sans procéder à des choix impopulaires et à des investissements stratégiques à long terme. Ceux qui ne comprennent pas cette réalité sont condamnés à faire face à un futur incertain. B

JENNIFER BLANKEChef économiste, World Economic Forum

Le Rapport global 2012-2013sur la compétitivité effectué par le WEF montre que les

pays manquent cruellement de vision à long terme

RÉAGISSEZ Participez aux forums sur notre site bilan.ch

CONSOMMATION

LE BOOM DE LA NOSTALGIE

Un milliard de dollars. C’est le montant déboursé par le géant Facebook en avril dernier pour l’achat d’Instagram. L’applica-tion, qui compte plus de 30 mil-

lions d’abonnés, permet de retoucher ses photos avec différents filtres, ajoutant aux clichés un look d’antan. Ses deux fon-dateurs, Kevin Systrom et Mike Krieger, surfent donc sur la vague d’un rétromar-keting qui inonde de nombreux secteurs et qui traduit d’une forte nostalgie chez les consommateurs. Mais d’où peut venir cette envie de revenir en arrière?

A Berlin, Londres, Stockholm ou Genève, la mode est aux magasins seconde main et aux marchés aux puces. Chaque week-end, des hordes de jeunes filles quittent le grenier de grand-maman et partent chiner

en ville. Leur but? Trouver la robe vintage qui balaiera d’un coup de jupon toutes les autres tenues étiquetées du quartier. Pour Mireille Berton, maître assistant à la section de cinéma de l’Université de Lausanne et créatrice du blog La robe de mes rêves, la fièvre rétro se définit en tant qu’«épiphénomène». «L’histoire nous a montré que chaque époque de crise a été marquée par un repli sur le passé comme garant de valeurs meilleures, raconte-t-elle, en précisant que les années 50 et 60 fascinent tout particulièrement parce qu’elles sont relativement proches de nous.»

Au cinéma, les ingrédients du passé font eux aussi le succès de films contempo-

rains. Avec un budget de 9 millions de dol-lars, le long-métrage The Artist (2011), qui rend hommage aux films muets des années 1920, a déjà engendré plus de 133  millions de dollars de recettes. Depuis quelques mois, le retour en force de l’ancien sur le nouveau a aussi été boosté par le carton de séries TV comme Mad Men, dont l’histoire se déroule dans le New York des années 1960, Boardwalk Empire, qui dépeint les débuts de la prohibition aux Etats-Unis, ou encore Les Kennedy.

UN DESIGN AUX ALLURES D’AUTREFOISMême constat dans le domaine de la pu-blicité et du design où la tendance est aux éléments skeuomorphiques. «Le terme de skeuomorph en anglais provient d’une notion utilisée par les archéologues pour décrire des éléments simulant un aspect passé tout en utilisant une technique plus récente», explique Nicolas Nova, cher-cheur à la Haute Ecole d’art et de design de Genève. Et d’ajouter: «Cela se traduit par exemple par des volets de fenêtre pure-ment décoratifs, des chandeliers avec des ampoules en forme de bougie ou plus fré-quemment dans le domaine du numérique: appareil photo faisant un bruit de déclen-cheur, boussole de smartphone en forme de vieille boussole, bibliothèque iBook en imitation bois.»

De nombreuses personnes s’interrogent sur l’impact de la nostalgie dans le mar-ché des médias et son influence au niveau économique. Un colloque* sera d’ailleurs organisé les 13 et 14 septembre prochain à l’Université de Genève sur ce thème. Quant à la longévité de ce rétromarketing, les avis divergent. «Nous pensons que le vintage avec ses coupes des années 60, 70, 80 peut s’essouffler. C’est pourquoi nous travail-lons actuellement sur la création de notre propre marque qui consistera à redessiner des vêtements de seconde main, une ten-dance forte à l’étranger», affirme Sophie Perriaz, directrice de la boutique Les Fri-peuses à Genève. Pour Mireille Berton, «en ce qui concerne le cinéma et la télévision, tant que la crise persiste, on peut penser

que cette tendance va per-durer au travers de produits qui utilisent la référence à l’ancien pour exorciser les angoisses du présent.» B

* Rens.: http://flashbacks 2012.wordpress.com

De nombreux produits s’inspirent du passé. Tour d’horizon d’un rétromarketing qui cartonne. PAR CHRISTOPHE METTRAL

PHO

TO:

HBO

«Un exemple?La boussole

de smartphone en forme de vieille

boussole»

FOCUSACTU

«BOARDWALK EMPIRE»

La série TV, comme beaucoup d’autres,

surfe sur la nostalgie des spectateurs.

30 BILAN 5 septembre 2012

Page 31: BILAN

L’INVITÉ JENNIFER BLANKEPH

OTO

: D

R, IL

LUST

RATI

ON

: RO

B C

OLV

IN/C

ORB

IS

COMPÉTITIVITÉ

Les impasses politiques nuisent à la propérité

L’Histoire a montré que les pays possédant une combinaison gagnante d’avantages compétitifs sont également les mieux préparés à surmonter les crises économiques et à améliorer durablement le niveau de vie de leurs citoyens. Après cinq années de crise, le court-termisme et les impasses politiques se sont si profondément enracinés dans les discussions nationales et régionales que les écarts en matière de

compétitivité à travers le monde se renforcent au lieu de se resserrer.Un pays qui ne se concentre pas à long terme sur les facteurs décisifs de son succès économique met sa prospérité en danger. Depuis plus de trois décennies, le Rapport global sur la compétitivité du World Economic Forum examine les nombreux facteurs permettant aux économies nationales de progresser en matière de productivité et de croissance économique. Bonne gouvernance, stabilité macroéconomique, efficience des marchés, formation, adoption des changements technologiques ou potentiel d’innovation, tous ces facteurs peuvent améliorer la productivité et la prospérité. Mais pour cela, les pays doivent élaborer une vision à long terme de leurs objectifs en matière de politique économique.A en juger par les résultats de l’édition 2012-2013 du Rapport global sur la compétitivité, cette vision à long terme fait cruellement défaut. Prenons l’Europe. Tandis que ses dirigeants prennent des mesures urgentes pour améliorer la discipline fiscale, rassurer les investisseurs et calmer les marchés financiers, ils négligent un problème latent bien plus fondamental: l’écart sensible entre les différents pays européens au niveau de la compétitivité. Cette année, la Finlande, l’Allemagne et les Pays-Bas sont classés parmi les dix pays les plus compétitifs au monde, tandis que d’autres, en particulier ceux du sud de l’Europe, se situent au bas de l’échelle, à l’exemple de la Grèce qui se trouve au 96e rang. Dans ce contexte, pour éviter une décennie perdue pour la croissance économique, le rééquilibrage fiscal doit être accompagné d’un agenda de réformes rigoureux visant à résoudre les principales faiblesses en matière de compétitivité, comme des marchés du travail rigides et une concurrence quasi inexistante dans certains secteurs. Et ce, tout en préservant les investissements cruciaux dans des domaines tels

que la formation, la R&D et l’innovation. En ce sens, la mise en œuvre Europe 2020, la stratégie de croissance de l’Union européenne, serait un bon début.Une impasse politique similaire menace les Etats-Unis. Certes, ils restent la locomotive mondiale de l’innovation, mais leur recul de deux places, au 7e rang, dans le classement sur la compétitivité 2012-2013, soulève des inquiétudes. Les partis politiques ne parviennent même pas à se mettre d’accord sur des priorités à court terme telles qu’éviter les coupes budgétaires automatiques. Pire encore, les querelles – peu surprenantes en année électorale – détournent l’attention de réformes à long terme fondamentales et de

décisions d’investissement dans des secteurs comme l’infrastructure et la formation, indispensables pour renouer avec une croissance plus robuste.

DES RÉFORMES SONT NÉCESSAIRESLe court-termisme n’est toutefois pas l’apanage des économies avancées. Les divergences en matière de compétitivité entre les différents pays émergents mettent l’accent sur l’importance d’une vision à long terme du développement. La Chine, qui a mené ces dernières décennies des réformes systématiques, s’impose comme l’économie la plus compétitive du BRIC. Le Brésil a également accompli des avancées significatives. Tandis qu’en Inde et en Russie, les réformes stagnent.Les dirigeants tout autour de la planète devraient s’engager dans un débat plus clair et plus rigoureux concernant les réformes à entreprendre pour augmenter la prospérité et garantir des emplois à leurs citoyens. Les réformes politiques nécessaires pour améliorer la compétitivité exigent de la persévérance parce qu’elles prennent du temps avant de

porter leurs fruits. Aujourd’hui, trop de dirigeants sont prêts à sacrifier la prospérité à long terme sur l’autel de leur popularité à court terme. La Suisse, Singapour, la Finande et la Suède, les quatre nations les plus compétitives de l’indice 2012-2013, ne sont pas arrivées là où elles sont sans procéder à des choix impopulaires et à des investissements stratégiques à long terme. Ceux qui ne comprennent pas cette réalité sont condamnés à faire face à un futur incertain. B

JENNIFER BLANKEChef économiste, World Economic Forum

Le Rapport global 2012-2013sur la compétitivité effectué par le WEF montre que les

pays manquent cruellement de vision à long terme

RÉAGISSEZ Participez aux forums sur notre site bilan.ch

5 septembre 2012 BILAN 31

Page 32: BILAN

POURQUOI LA BNS VA GAGNER SON PARI SUR L’EURO

SUR CE MÊME SUJET 38 La BNS peut-elle vraiment faire faillite?DOSSIER

POURQUOI LA BNS VA GAGNER SON PARI SUR L’EURO

POLITIQUE MONÉTAIRE

Le gon� ement des réserves de la Banque nationale suisse, accusée

de devenir «un gros hedge fund», inquiète de nombreux acteurs.

Des scénarios catastrophe sont élaborés. Mais les critiques s’avèrent peu fondées.

PAR MYRET ZAKI

PHO

TOS:

ELI

AS A

MAR

I

32 BILAN 5 septembre 2012

Page 33: BILAN

POURQUOI LA BNS VA GAGNER SON PARI SUR L’EURO

SUR CE MÊME SUJET 38 La BNS peut-elle vraiment faire faillite?

5 septembre 2012 BILAN 33

Page 34: BILAN

Si l’euro devient la deuxième monnaie de la Suisse, l’étape

suivante sera l’adhésionPIERRE LECONTE, ÉCONOMISTE ET GÉRANT DE FORTUNE

Ces dernières semaines, que n’a-t-on lu ou entendu sur la Banque nationale suisse (BNS) et ses 450 milliards de réserves, annoncées à fin juillet. «Il semble que la BNS soit en train de devenir un gros hedge fund, avec un petit pays attaché. A pré-sent, la banque nationale a le plus gros bilan comparé au PIB suisse. Cela ne va pas bien finir», écrivait mi-août Urs Marti, un gérant de hedge fund zurichois, ancien de chez Zulauf. «La Suisse est devenue la nouvelle Chine, commentait au même moment le blog Alphaville du Financial Times. Ce sont des

manipulateurs de devises, et cela va déplaire à leurs voisins.» – «En fixant un cours plancher contre «une devise de transfert artificielle», la Suisse endosse les risques qui planent sur la zone euro en raison de l’endettement exagéré de certains pays», s’est inquiété Oswald Grübel, l’ex-patron d’UBS.

DOSSIER POLITIQUE MONÉTAIRE

tion pour l’économie suisse. Les analystes Forex des grandes banques (Citi et Nomu-ra, notamment), qui scrutent de très près le bilan de la BNS, devenue un acteur central du marché des changes, reprochent à l’ins-titution de ne pas avoir cherché activement à diversifier ses euros en faveur d’autres devises au cours du dernier semestre.

DE NOMBREUSES CRAINTESEn réalité, l’exposition de la BNS à l’euro reste raisonnablement sûre, puisqu’il s’agit pour une grande part d’obligations souve-raines allemandes AAA, et pour une petite part d’emprunts d’Etat français (Moody’s et Fitch continuent de les noter AAA). La BNS a choisi de ne pas s’exposer à des em-prunts d’Etat italiens ou espagnols.

La politique du taux plancher (ou «peg», en anglais) est aussi source de nervosité pour la Confédération et les Cantons, qui récupèrent chaque année une partie des bénéfices de la BNS. Les critiques se portent également sur l’effet boomerang potentiel que peut avoir cette opération. «La BNS ne pourra continuer à imprimer des francs pour acheter des euros indéfiniment, écrit le blog Zerohedge. Il viendra un moment où elle devra cesser cette intervention. Que se passera-t-il alors? Le franc s’appréciera jusqu’à atteindre à nouveau la parité contre l’euro. Et c’est alors que la BNS essuiera des milliards de pertes.» Autre spectre agité par les économistes: le risque d’«euro-isation» de la Suisse. C’est la crainte ultime. «Le jour où les réserves totales de la BNS seront en euros, et que l’euro devient la deuxième monnaie de la Suisse, l’étape suivante sera l’adhésion», estime l’économiste et ges-tionnaire de fortune Pierre Leconte.

Pour l’heure, le cours plancher tient bon, ce qui démontre la crédibilité de la BNS. Aucune conséquente négative n’est à relever sur l’économie suisse, qui reste robuste avec une industrie d’exportation qui résiste mieux que prévu. En juin, le Seco a relevé ses attentes de croissance du PIB à 1,4% pour 2012, alors qu’il l’estimait à 0,8% en mars. L’inflation, qu’on craignait de voir progresser rapidement sous l’effet de ces francs suisses imprimés, ne s’est pas manifestée. Bien au contraire, les prix à la consommation sont négatifs depuis le

ACHATS DE DEVISES PAR LA BNS PARTS DES DEVISES AU BILAN DE LA BNS

−20

20

40

60

80

100 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0%

0

Janvier 2009 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012Juillet 2012

Estimation, en milliards de francs

Source: BNS, Bloomberg, Nomura

ACHATS ESTIMÉS DE LA BNS

147 milliardsseptembre 2011

juin 2012

144 milliardsfévrier-mai 2010

DOLLAREUROYEN

STERLING$ CANADIENAUTRES

En pour-cent

Ces critiques sont courantes dans la sphère financière. Cela fait tout juste un an que la BNS a instauré un taux plancher de 1,20 franc face à l’euro, après le sommet de 1,04 touché par le franc le 10 août 2011. Pour défendre ce cours fixe, l’institution a accu-mulé cette année des réserves qui équivau-dront probablement, à fin 2012, à 100% du PIB suisse. Outre la taille des réserves, qui classent la BNS cinquième position der-rière la Chine, le Japon, l’Arabie saoudite et la Russie, c’est la concentration d’euros qui donne des vapeurs aux nombreux euro-sceptiques qu’a fait naître la crise de la zone euro. Le gonflement du bilan de la BNS doit en effet l’essentiel à des achats d’eu-ros et d’obligations souveraines en euros. La monnaie unique représente désormais 60% des réserves helvétiques, soit prèsde 250  milliards de francs à fin juillet.

Avec une telle quantité d’euros, la BNS fait clairement, même si ce n’est pas son but, un pari massif –  digne d’un hedge fund? – sur la monnaie unique. Une mon-naie que les experts perçoivent comme fon-cièrement instable, source de déstabilisa-

34 BILAN 5 septembre 2012

Page 35: BILAN

Publicité par courrier.Résultat commercial assuré.

Des études le prouvent: la publicité par la Poste a plus de chances d’être lue et

son contenu est recommandé deux fois plus souvent qu’un e-mail. Améliorez votre

succès commercial grâce à notre gamme de produits de marketing direct. Parlons

d’impact ensemble au 058 386 21 21.

C’est l’impact qui fait la différence.

www.poste.ch/impact

Page 36: BILAN

C’est l’impact qui fait la différence.

Quel objectif voulez-vous atteindre? Inspirez-vous des exemples de réussite et voyez comment la lettre peut renforcer l’impact de votre communication:

www.poste.ch/impact

30% de chiffre d’affaires en plus

avec des coupons.

L’expérience le démontre: grâce à un envoi

publicitaire non adressé avec coupon, le chiffre

d’affaires a augmenté de 30% par rapport à

l’année précédente. Une bonne raison pour miser

à nouveau sur la Poste l’année prochaine.

Mark. Et le gouvernement allemand continuerait à payer sa dette. Autre argument rassurant: si l’euro s’effondre, le dollar, qui pèse 22% des réserves de la BNS, aura des chances de s’apprécier forte-ment, compensant une partie des pertes.

Plus généralement, le chef économiste de Sarasin estime que «si la crise européenne se poursuit durant des années et que l’envi-ronnement reste déflationniste, le taux plancher de 1,20 devien-dra alors le juste prix (fair value) du franc, ce qui veut dire que l’économie suisse se sera adaptée à ce taux». Rares sont les voix qui s’élèvent pour défendre la politique de la BNS, qui a pourtant atteint ses objectifs, en une année: «La BNS a chassé les spécula-teurs et les fonds spéculatifs dits «de momentum», à savoir qui travaillent avec les grandes tendances. Elle en est d’autant plus crédible», rappelle Jan Poser.

Mais la partie n’est pas gagnée pour autant, car les investisseurs privés continuent de chercher refuge dans le franc, et certains ins-titutionnels dont le mandat prévoit la détention d’obligations AAA n’ont que très peu de choix et sont littéralement forcés à acheter des titres libellés en francs suisses. Dès lors, la BNS encaisse cette pres-sion à travers l’absorption des euros ainsi vendus sur le marché.

LE DOLLAR DEVRAIT POURSUIVRE SA DÉVALUATIONEt si, au final, cette surexposition à l’euro avait du bon pour la BNS? Ces dernières semaines, la monnaie unique s’est raffermie à plus de 1,25 dollar suite à la confirmation, le 30 août, que la Fed continuait d’envisager un troisième assouplissement monétaire («QE3») aux Etats-Unis, signal clairement baissier sur le dollar en raison des effets inflationnistes de cette politique de monétisation.

Sachant, par ailleurs, que la demande internationale pour les bons du Trésor américain tend à se réduire (la Fed devant désormais se substituer à une partie des achats étrangers et administrer acti-vement le marché des treasuries), le scénario d’une poursuite de la dévaluation du dollar à l’aube d’un nouveau cycle de monétisation reste le plus probable.

D’autres développements laissent penser que le dollar se déva-luera plus vite que l’euro et que la BNS n’aurait pas davantage intérêt à ancrer le franc sur le billet vert. «Il a échappé à la plupart des observateurs des marchés des changes que la Chine a, dès avril 2012, autorisé ses banques et ses entreprises à vendre (short) sans limitation le dollar, ce qui auparavant ne pouvait être effectué qu’au compte-gouttes par la Banque centrale et le Trésor chinois unique-

ment, indique Pierre Leconte. Il en est résulté la constitution d’une importante position short sur le dollar tant de la part des banques que des entreprises chinoises.» Un développement qui présage une évolu-tion baissière du dollar contre le franc suisse, mais aussi contre l’euro.

Reste à savoir s’il y a lieu d’espérer qu’une amélioration de la situa-tion en zone euro soutienne une remontée de l’euro également face au franc suisse. Pour Pierre Leconte, il n’y a plus de danger d’effondre-ment de l’euro car Mario Draghi, président de la Banque centrale eu-ropéenne, a obtenu le feu vert de Berlin pour acheter de façon directe ou indirecte et quasi illimitée les obligations d’Etat des pays périphé-riques. «Le pire est donc passé pour la zone euro.»

Si l’euro devait opérer une solide remontée, au-dessus de 1,20, voire de 1,40, la BNS afficherait des gains de change considérables. Ce scénario n’est pas impossible pour Jan Poser: «Si la crise euro-péenne se calme, les investisseurs jugeront le franc suisse surévalué et reviendront à l’euro. La BNS pourra alors réaliser des profits élevés en revendant ses euros.» Une hausse de la monnaie européenne dimi-nuerait la pression sur la BNS, mais si le dollar devait se déprécier, des investisseurs iraient à nouveau se réfugier dans le franc.

CONTRÔLE DES CHANGES: UNE SOLUTON «INCONCEVABLE»Espérer une remontée de l’euro reste aléatoire. Qu’en est-il des alternatives au taux plancher? Pour dissuader les achats de francs suisses, l’idée d’instaurer un contrôle des changes a été régulière-ment évoquée. Ce type de contrôle peut en théorie prendre la forme

DOSSIER POLITIQUE MONÉTAIRE

PHO

TO:

KEYS

TON

E, A

MAR

I

PORTEFEUILLE DE DEVISES DE LA BNS

Sources: CitiFX, Bloomberg, BNS

Dollar 80 22% 67 28% 13Euro 219 60% 122 51% 97Sterling 11 3% 12 5% −1Yen 29 8% 22 9% 8$ canadien 11 3% 10 4% 1Autres* 15 4% 7 3% 7Total 365 240

* "Autres" inclut le $ australien, les couronnes suédoise et danoise, le won sud-coréen.

EN MILLIARDS DE FRANCS

EN % DES RÉSERVESTOTALES

EN % DES RÉSERVESTOTALES

À FIN MARS 2012

VARIATION MARS-JUIN

début de l’année (-1,1% en juin sur un an). Et depuis septembre, la masse monétaire M3 a progressé de 4,6 %, soit un rythme comparable à celui de l’année précédente. Bref, la BNS peut encore largement justifier sa politique actuelle face à ses détracteurs.

LA BNS AVAIT FAILLI OPTER POUR LE PANIER EURO-DOLLARAu demeurant, y avait-il vraiment des alter-natives? Hans Geiger, professeur de finance émérite à l’Université de Zurich, défendait récemment l’idée d’amarrer le franc au dollar plutôt qu’à l’euro. Il s’en explique: «Le dol-lar, je sais qu’il existera dans cinq ans; l’euro, en revanche, repose sur une construction instable et j’ignore sous quelle forme il survi-vra dans cinq ans.» A fin juin, la BNS déte-nait trois fois moins de dollars que d’euros: le billet vert ne représentait plus que 22% de ses réserves, contre 80% en 1997. D’autres ob-servateurs préféreraient voir la BNS amarrer le franc à un panier euro-dollar, ou même un panier de cinq ou six devises, afin que l’insti-

tut puisse gagner sur une devise ce qu’il perd sur l’autre. «La Russie, par exemple, gère son taux de change par rapport à un panier de devises et plus personne ne joue avec sa monnaie», estime un gérant de hedge fund sous couvert d’anonymat.

Selon les sources de Bilan, la BNS a très sérieusement envisagé l’option d’un panier euro-dollar, à savoir un ancrage à 50% en eu-ros, et à 50% en dollars. Cette solution, d’un point de vue économique, avait tout son sens. Toutefois, d’un point de vue opérationnel, elle s’est avérée plus complexe à communi-quer à la population. «Au final, la vertu de simplicité de l’ancrage à l’euro l’a emporté», nous confie notre source informée.

Pourtant, l’idée d’ancrer le franc sur un panier aurait été plus sûre pour l’économie helvétique, car cela aurait permis à la BNS de garder le contrôle de ses taux d’intérêt. Le principal risque que court à présent l’écono-mie suisse, c’est celui d’une hausse des taux d’intérêt sur la dette allemande. Car, dans ce cas, la BNS devrait aussi relever ses taux, si elle veut éviter que les investisseurs privés du monde entier ne viennent emprunter en francs suisses, pour investir dans des mon-naies à plus haut rendement, ou dans des hypothèques en Pologne ou en Hongrie. Si la BNS devait donc relever ses taux pour s’ali-gner sur les taux allemands, elle perdrait le contrôle de sa politique de taux. Et une re-montée des taux en Suisse exposerait le mar-ché hypothécaire à un gros risque, sachant le gonflement de l’endettement hypothécaire ces dernières années.

PEU DE RISQUES MÊME SI L’EURO S’EFFONDRELe peg sur l’euro a néanmoins ses défen-seurs. «Il était logique d’ancrer le franc à la monnaie qui représente le premier marché d’exportation de la Suisse», réplique Jan Poser, chef économiste à la Banque Sarasin. Quant au risque que court la Banque cen-trale sur la valeur de l’euro, il est limité, selon l’expert de la banque bâloise: si, dans un cas extrême, l’euro s’effondrait, ou même dis-paraissait, ces emprunts seraient convertis dans une autre monnaie, comme le Deutsche

En s’arrimant à une devise artificielle, la Suisse endosse les risques de la zone euro

OSWALD GRÜBEL, ANCIEN CEO D’UBS

La solution des taux d’intérêt négatifs sur les dépôts en francs suisses des non résidents, souvent évoquée, aurait des effets moins brutaux que le contrôle des changes (lire en page 38), estime Michel Juvet, associé de Bordier & Cie. Cependant, le procédé a ses limites. La solution a été tentée au Brésil et en partie au Danemark. «Au Brésil, il a fallu plusieurs mois d’intervention pour que le real se stabilise», rappelle Michel Juvet. Selon lui, la BNS aurait des chances de réussite en

fixant des taux inférieurs à zéro sur les dépôts à vue que les banques détiennent auprès d’elle, solution qui n’a encore pas été testée. Il anticipe que les banques pourraient alors répercuter ces taux négatifs sur leurs clients, y compris ceux désireux d’ouvrir des comptes en francs hors de Suisse. A moins que les banques ne retirent leurs dépôts de la BNS et placent leur trésorerie dans des coffres. Mais dans ce dernier cas, la liquidité à disposition des marchés en serait fortement réduite.

Taux d’intérêt négatifs: une solution à tester

36 BILAN 5 septembre 2012

Page 37: BILAN

C’est l’impact qui fait la différence.

Quel objectif voulez-vous atteindre? Inspirez-vous des exemples de réussite et voyez comment la lettre peut renforcer l’impact de votre communication:

www.poste.ch/impact

30% de chiffre d’affaires en plus

avec des coupons.

L’expérience le démontre: grâce à un envoi

publicitaire non adressé avec coupon, le chiffre

d’affaires a augmenté de 30% par rapport à

l’année précédente. Une bonne raison pour miser

à nouveau sur la Poste l’année prochaine.

Mark. Et le gouvernement allemand continuerait à payer sa dette. Autre argument rassurant: si l’euro s’effondre, le dollar, qui pèse 22% des réserves de la BNS, aura des chances de s’apprécier forte-ment, compensant une partie des pertes.

Plus généralement, le chef économiste de Sarasin estime que «si la crise européenne se poursuit durant des années et que l’envi-ronnement reste déflationniste, le taux plancher de 1,20 devien-dra alors le juste prix (fair value) du franc, ce qui veut dire que l’économie suisse se sera adaptée à ce taux». Rares sont les voix qui s’élèvent pour défendre la politique de la BNS, qui a pourtant atteint ses objectifs, en une année: «La BNS a chassé les spécula-teurs et les fonds spéculatifs dits «de momentum», à savoir qui travaillent avec les grandes tendances. Elle en est d’autant plus crédible», rappelle Jan Poser.

Mais la partie n’est pas gagnée pour autant, car les investisseurs privés continuent de chercher refuge dans le franc, et certains ins-titutionnels dont le mandat prévoit la détention d’obligations AAA n’ont que très peu de choix et sont littéralement forcés à acheter des titres libellés en francs suisses. Dès lors, la BNS encaisse cette pres-sion à travers l’absorption des euros ainsi vendus sur le marché.

LE DOLLAR DEVRAIT POURSUIVRE SA DÉVALUATIONEt si, au final, cette surexposition à l’euro avait du bon pour la BNS? Ces dernières semaines, la monnaie unique s’est raffermie à plus de 1,25 dollar suite à la confirmation, le 30 août, que la Fed continuait d’envisager un troisième assouplissement monétaire («QE3») aux Etats-Unis, signal clairement baissier sur le dollar en raison des effets inflationnistes de cette politique de monétisation.

Sachant, par ailleurs, que la demande internationale pour les bons du Trésor américain tend à se réduire (la Fed devant désormais se substituer à une partie des achats étrangers et administrer acti-vement le marché des treasuries), le scénario d’une poursuite de la dévaluation du dollar à l’aube d’un nouveau cycle de monétisation reste le plus probable.

D’autres développements laissent penser que le dollar se déva-luera plus vite que l’euro et que la BNS n’aurait pas davantage intérêt à ancrer le franc sur le billet vert. «Il a échappé à la plupart des observateurs des marchés des changes que la Chine a, dès avril 2012, autorisé ses banques et ses entreprises à vendre (short) sans limitation le dollar, ce qui auparavant ne pouvait être effectué qu’au compte-gouttes par la Banque centrale et le Trésor chinois unique-

ment, indique Pierre Leconte. Il en est résulté la constitution d’une importante position short sur le dollar tant de la part des banques que des entreprises chinoises.» Un développement qui présage une évolu-tion baissière du dollar contre le franc suisse, mais aussi contre l’euro.

Reste à savoir s’il y a lieu d’espérer qu’une amélioration de la situa-tion en zone euro soutienne une remontée de l’euro également face au franc suisse. Pour Pierre Leconte, il n’y a plus de danger d’effondre-ment de l’euro car Mario Draghi, président de la Banque centrale eu-ropéenne, a obtenu le feu vert de Berlin pour acheter de façon directe ou indirecte et quasi illimitée les obligations d’Etat des pays périphé-riques. «Le pire est donc passé pour la zone euro.»

Si l’euro devait opérer une solide remontée, au-dessus de 1,20, voire de 1,40, la BNS afficherait des gains de change considérables. Ce scénario n’est pas impossible pour Jan Poser: «Si la crise euro-péenne se calme, les investisseurs jugeront le franc suisse surévalué et reviendront à l’euro. La BNS pourra alors réaliser des profits élevés en revendant ses euros.» Une hausse de la monnaie européenne dimi-nuerait la pression sur la BNS, mais si le dollar devait se déprécier, des investisseurs iraient à nouveau se réfugier dans le franc.

CONTRÔLE DES CHANGES: UNE SOLUTON «INCONCEVABLE»Espérer une remontée de l’euro reste aléatoire. Qu’en est-il des alternatives au taux plancher? Pour dissuader les achats de francs suisses, l’idée d’instaurer un contrôle des changes a été régulière-ment évoquée. Ce type de contrôle peut en théorie prendre la forme

Page 38: BILAN

DOSSIER POLITIQUE MONÉTAIRE

de restrictions imposées à tous les achats de francs, qui seraient soumis à l’approba-tion des autorités, ou d’un régime de tauxde change fixe, ou d’une limitation destransactions en francs sur les marchés àterme. Il est toutefois loin de recueillir le sou-tien de la plupart des spécialistes. «Le contrôle des changes serait une moins bonne idée que le pari sur l’euro, car il pénaliserait notre sec-teur financier et nuirait à l’image de marque de la Suisse en la transformant en une sortede marché émergent», estime Jan Poser.

Ce serait donc clairement un retour

en arrière. D’autre part, l’efficacité des contrôles des capitaux reste à démontrer. Les experts conviennent que la solution ne fonctionne que pour un temps limité. Instaurer un contrôle des changes serait même «inconcevable» pour Hans Geiger: «La Suisse a tenté l’expérience dans les années 1970, lorsque c’était beau-coup plus facile qu’aujourd’hui, car il y

avait tout au plus quatre banquiers cen-traux de poids: la Fed, la Banque d’An-gleterre, la Bundesbank et la BNS. Et ces institutions étaient disposées à se coor-donner. Malgré cela, cette solution n’avait déjà pas fonctionné à l’époque.» Depuis, les marchés financiers se sont globalisés, avec une démultiplication des instruments financiers et des participants actifs sur le marché des changes, au point qu’il serait impossible de contrôler les transactions en francs suisses. Les volumes de francs sont traités sur les bourses et hors bourses, sur le marché interbancaire, sur celui des dépôts, sur celui des options et des déri-vés. C’est sur ce dernier marché, celui des contrats à terme (forward), que le prix du franc suisse se détermine, en fonction de la demande des opérateurs.

DIFFICILE DE REVENIR EN ARRIÈREEn outre, en matière monétaire, les banques centrales sont clairement dans un rapport de concurrence, préférant faire cavalier seul. Si bien que la BNS a peu d’in-fluence sur le prix du franc suisse et sur son marché international, qui lui échappe. Elle a seulement prise sur son émission, sur l’approvisionnement en numéraire et la liquidité du marché monétaire; elle ne pourrait, par exemple, décider d’inter-dire tous les contrats forward en francs suisses.

«En cas de contrôle des changes, l’af-flux de capitaux étrangers va s’assécher, explique Michel Juvet, associé de Bordier & Cie. Il y aura beaucoup moins de liqui-dités à disposition, et les taux d’intérêt en Suisse vont se mettre à grimper.» L’éco-nomie helvétique, qui bénéficiait jusqu’ici de taux bas, pourrait alors ralentir, selon l’économiste genevois, car son coût de financement deviendrait plus élevé.

Au final, les experts s’attendent à ce que la BNS poursuive sa politique d’achat d’obligations européennes de qualité. «Il n’y a pas d’alternative à cette politique. La BNS ne peut plus revenir en arrière», conclut Jan Poser. La BNS gagnera-t-elle son audacieux pari? C’est fort probable. B

Entre 2010 et le premier semestre 2011, la BNS a enregistré de lourdes pertes sur ses réserves de devises en raison de la fermeté du franc. L’institut avait acheté d’importantes quantités d’euros lorsqu’il était à 1,40 franc. Les pertes de change ont entraîné une diminution considérable des fonds propres. Depuis lors, la fixation du cours plancher vis-à-vis de l’euro a permis de stabiliser ces fluctuations de valeur, et même de compen-ser une partie des pertes de change. Toutefois, si l’on imagine le pire, à savoir un effondrement de l’euro, qu’adviendrait-il des réserves de la BNS? Le taux plancher volerait en éclats, et l’institut enregistrerait des pertes d’autant plus élevées que ses positions en euros étaient importantes. Les fonds propres de la BNS diminueraient, voire deviendraient cette fois négatifs. En cas de fonds propres négatifs, faudrait-il procéder à une recapitalisation, voire à une mise en faillite, de la Banque nationale? Ce risque a été analysé en détail par Thomas Jordan, l’actuel président de la BNS. «Non, répond-il lors d’un discours en septembre 2011. Une banque centrale ne peut être comparée à une entreprise privée et n’est jamais confrontée à un manque de liquidités, car elle peut créer elle-même ces liquidités.» Même avec des fonds propres négatifs, la BNS n’aurait aucune obligation légale d’assainissement ou de liquidation et conserverait donc sa capacité d’action sans qu’il soit nécessaire d’engager des dé-marches juridiques en vue de la recapitaliser. D’autre part, une banque centrale génère tou-

jours des bénéfices à moyen et long terme. Grâce à ces derniers, elle peut reconstituer, au fil du temps, des fonds propres suffisants après avoir essuyé des pertes. Les banques centrales génèrent toujours des bénéfices, sur la longue durée, car elles se financent quasi gratuitement.Cela dit, admet Thomas Jordan, «un niveau de fonds propres négatif, s’il persiste sur la durée, peut devenir problématique, même pour une banque centrale, car la BNS serait forcée de créer de l’argent, ce qui est géné-rateur d’inflation». Les fonds propres négatifs empêcheraient donc la BNS d’assurer sa pre-mière mission, celle de la stabilité des prix.En résumé, la BNS ne peut pas faire faillite, mais sa politique, à terme, aura des consé-quences sur le pouvoir d’achat, à travers l’inflation. En outre, la BNS ne serait plus en mesure de distribuer des bénéfices à la Confédération et aux Cantons, ce qui se traduirait, au final, par une ponction fiscale au citoyen.

La BNS peut-elle vraiment faire faillite?La Banque nationale ne risque ni recapitalisation ni mise en faillite, même en cas de fonds propres négatifs. Seul risque: l’inflation.

PHO

TO:

DR,

AM

ARI

38 BILAN 5 septembre 2012

Page 39: BILAN

© UBS 2012. Tous droits réservés.

Véri ez votre portefeuille :

Téléphone 0800 868 401

www.ubs.com/portfoliohealthcheck

Votre portefeuille ne nécessite-t-il pas

quelques précautions ?UBS PortfolioHealth Check.

Depuis 1862, la gestion de patrimoine est notre métier.

Avec l‘UBS Portfolio Health Check, nous véri ons dans un premier temps que nous avons bien compris

vos objectifs de placement. Nous les comparons ensuite systématiquement avec le pro l de votre portefeuille a n d’évaluer la qualité de chacune de ses positions.

Simple, rapide et able. Nous eff ectuons régulièrement cette démarche pour que votre portefeuille continue

de répondre à vos besoins au l du temps. Demandez un rendez-vous avec l’un de nos conseillers.

Nous n’aurons pas de répit

135917_213x280_f_K_Wealthmanagement.indd 1 27.08.12 10:39

Page 40: BILAN

DENSITÉPrès de 1,4 million

de personnes habitent à Zurich, le canton le plus peuplé du pays.

DOSSIER

LES SECRETS DU DYNAMISME ZURICHOIS

URBANISME

PHO

TOS:

DO

MIN

IC B

ÜTT

NER

/PIX

SIL.

CO

M

La capitale économique connaît un boom sans précédent. Mais contrairement à l’arc

lémanique, la ville de la Limmat a su développer ses infrastructures à mesure que son économie et sa population croissaient.

PAR MARY VAKARIDIS

Page 41: BILAN

DENSITÉPrès de 1,4 million

de personnes habitent à Zurich, le canton le plus peuplé du pays.

Page 42: BILAN

En 1999, la Ville a fixé l’objectif de 10 000 nouveaux

logements en dix ansANNA SCHINDLER, CHEF DU SERVICE COMMUNAL DU DÉVELOPPEMENT

en 2003. Et il lui a été supérieur en 2010 et 2011», détaille Délia Nilles, directrice ad-jointe de l’institut CRÉA, à Lausanne.

DES AUTORITÉS PRAGMATIQUES«Dans les années 90, la ville était en proie au chômage, à la pauvreté et à la drogue. Les autorités ont alors entrepris un formi-dable travail dont nous récoltons main-tenant les fruits, explique Corine Mauch, maire de Zurich. Bien que le Canton soit à majorité bourgeoise et la Ville à majorité rose-verte, les instances collaborent dans le plus grand pragmatisme (contrairement à ce que l’on constate à Genève). Les autori-tés appliquent une stratégie proactive. Dans leur programme de législature 2011-2015, Canton et Ville ont inscrit comme objectif de diversifier l’économie et de limiter la dé-pendance à la finance. Ce secteur déclinant

avec la fin du secret bancaire représentait encore 25% de la richesse créée en 2010. Les autorités ont défini des domaines porteurs comme les technologies de l’information, les cleantechs ou les sciences du vivant, dont elles vont encourager le développement.

L’attractivité de Zurich est telle que le marché du logement reste tendu, bien que l’on construise à tour de bras. «En 1999, la Ville a fixé l’objectif de 10 000 nouveaux logements en dix ans. Au recensement de 2008, on en était déjà à quelque 13 500. Les bâtiments ont pris place sur les friches in-dustrielles de Zurich qui constituaient des territoires disponibles au centre. Quelques milliers d’appartements supplémentaires doivent encore s’y ajouter d’ici à ce que tous les projets en cours soient terminés», relate Anna Schindler, chef du Service communal du développement.

Les constructions ont été financées à

moitié par des sociétés privées, à un quart par des coopératives, et pour le dernier quart par des institutions comme des fon-dations contrôlées par les autorités. La commune doit pouvoir accueillir encore 150  000  habitants supplémentaires grâce à la densification de l’habitat. Anna Schindler souligne: «La Ville veut faire monter la part des coopératives à un tiers des logements d’ici à 2050, afin de garantir des loyersaccessibles.»

«Aujourd’hui, la région zurichoise s’étire au nord jusqu’à Winterthour et à l’ouest jusqu’à Baden en Argovie. Depuis 2009, Zu-rich et Zoug sont reliées par une autoroute qui ouvre un axe direction sud vers Lucerne, Obwald et Nidwald. Des cantons où les taux d’imposition sont très intéressants. Beaucoup d’actifs pendulent aussi depuis les cantons de Thurgovie et de Saint-Gall, situés à l’est», observe Klaus Stöhlker.

A Zurich, un café coûte en moyenne 4 fr. 27, ce qui le met nettement au-dessus de la moyenne des prix outre-Sarine. Selon le sondage de l’association faîtière alémanique CafetierSuisse, le prix moyen de la tasse s’élève à 4 fr. 04 (il reste en dessous des 4 francs en Suisse romande). Dans certains établissements cotés, il peut atteindre 5 fr.30. En février dernier, une enquête du magazine britannique The Economist sacrait Zurich la ville la plus chère du monde. Un menu de midi coûte en moyenne 23 fr.50. Dans le quartier chic de l’opéra (Seefeld), la barquette de sushis au Globus grimpe au prix exorbitant de 32 francs.Le niveau des salaires se révèle en relation avec celui des prix. Selon les statistiques fédérales, le salaire brut mensuel moyen à Zurich est le plus haut de Suisse, à 6349 francs. Dans la région lémanique, il baisse à 6083 francs. La moyenne helvé-tique s’établit à 5979 francs et le Tessin

ferme la marche avec 5075 francs. Avec un dixième de sa population active dans la finance, Zurich est très tributaire de la santé de ce secteur. Lorsque les banques font de bonnes affaires, les hauteurs stra-tosphériques des bonus font le bonheur des vendeurs de belles voitures.

Le café le plus cher de SuisseLes salaires zurichois sont également les plus élevés.

DOSSIER URBANISME

«Si Zurich peut se développer harmonieu-sement, c’est grâce à un boom des inves-tissements dans les infrastructures. De nouveaux tronçons d’autoroute ont été construits et de nouvelles lignes de trans-ports publics ont été ouvertes. De leur côté, les sociétés immobilières privées ont aussi énormément investi dans la construction de logements et de bâtiments commerciaux», analyse Klaus Stöhlker, conseiller en com-munication à Zurich.

Avec près de 1,4 million d’habitants, le canton de Zurich est le plus peuplé du pays. Ces dix dernières années, la population a crû de 13%, soit de 160  000  personnes. La région lémanique a enregistré une progres-sion du même ordre en pour-cent et endure les problèmes du logement et des transports que l’on sait. «Le taux de croissance de l’arc lémanique a rattrapé le taux zurichois

FESTIVITÉSLa ville connaît

une vie nocturne animée, avec des

bars ouverts jusqu’à 4 heures du matin.

En arrivant à Zurich, le visiteur découvre une forêt de grues érigeant de nouvelles tours le long des voies de chemin de fer. A la gare centrale – première gare terminus d’Europe – c’est l’effervescence. Près de 3000 mouvements par jour charriant 360 000 passagers. Le dynamisme flagrant de la capitale éco-nomique fait écho à son indice de performance des régions établi par l’institut bâlois BAK. Zurich arrive dans les premiers rangs, devançant nettement des régions comme Londres, Paris et aussi le bassin lémanique. Cette vitalité trouve son

illustration dans la métamorphose de l’ancien quartier industriel, le Kreis 5, devenu en quelques années un centre d’affaires prisé et une réussite architec-turale. Dominé par la Prime Tower, le plus haut gratte-ciel du pays, l’endroit fait cohabiter une culture alternative installée dans les derniers vieux entre-pôts avec les cols bleus qui ont investi les nouveaux bâtiments. Et la trans-formation est encore loin d’être terminée. Une vingtaine de grands projets doivent se réaliser cette prochaine décennie. Au programme, des centaines d’appartements, des écoles, des bureaux, des espaces culturels, un centre de congrès et un nouveau stade de football. PH

OTO

S: D

OM

INIC

TTN

ER/P

IXSI

L, K

EYST

ON

E

42 BILAN 5 septembre 2012

Page 43: BILAN

En 1999, la Ville a fixé l’objectif de 10 000 nouveaux

logements en dix ansANNA SCHINDLER, CHEF DU SERVICE COMMUNAL DU DÉVELOPPEMENT

en 2003. Et il lui a été supérieur en 2010 et 2011», détaille Délia Nilles, directrice ad-jointe de l’institut CRÉA, à Lausanne.

DES AUTORITÉS PRAGMATIQUES«Dans les années 90, la ville était en proie au chômage, à la pauvreté et à la drogue. Les autorités ont alors entrepris un formi-dable travail dont nous récoltons main-tenant les fruits, explique Corine Mauch, maire de Zurich. Bien que le Canton soit à majorité bourgeoise et la Ville à majorité rose-verte, les instances collaborent dans le plus grand pragmatisme (contrairement à ce que l’on constate à Genève). Les autori-tés appliquent une stratégie proactive. Dans leur programme de législature 2011-2015, Canton et Ville ont inscrit comme objectif de diversifier l’économie et de limiter la dé-pendance à la finance. Ce secteur déclinant

avec la fin du secret bancaire représentait encore 25% de la richesse créée en 2010. Les autorités ont défini des domaines porteurs comme les technologies de l’information, les cleantechs ou les sciences du vivant, dont elles vont encourager le développement.

L’attractivité de Zurich est telle que le marché du logement reste tendu, bien que l’on construise à tour de bras. «En 1999, la Ville a fixé l’objectif de 10 000 nouveaux logements en dix ans. Au recensement de 2008, on en était déjà à quelque 13 500. Les bâtiments ont pris place sur les friches in-dustrielles de Zurich qui constituaient des territoires disponibles au centre. Quelques milliers d’appartements supplémentaires doivent encore s’y ajouter d’ici à ce que tous les projets en cours soient terminés», relate Anna Schindler, chef du Service communal du développement.

Les constructions ont été financées à

moitié par des sociétés privées, à un quart par des coopératives, et pour le dernier quart par des institutions comme des fon-dations contrôlées par les autorités. La commune doit pouvoir accueillir encore 150  000  habitants supplémentaires grâce à la densification de l’habitat. Anna Schindler souligne: «La Ville veut faire monter la part des coopératives à un tiers des logements d’ici à 2050, afin de garantir des loyersaccessibles.»

«Aujourd’hui, la région zurichoise s’étire au nord jusqu’à Winterthour et à l’ouest jusqu’à Baden en Argovie. Depuis 2009, Zu-rich et Zoug sont reliées par une autoroute qui ouvre un axe direction sud vers Lucerne, Obwald et Nidwald. Des cantons où les taux d’imposition sont très intéressants. Beaucoup d’actifs pendulent aussi depuis les cantons de Thurgovie et de Saint-Gall, situés à l’est», observe Klaus Stöhlker.

A Zurich, un café coûte en moyenne 4 fr. 27, ce qui le met nettement au-dessus de la moyenne des prix outre-Sarine. Selon le sondage de l’association faîtière alémanique CafetierSuisse, le prix moyen de la tasse s’élève à 4 fr. 04 (il reste en dessous des 4 francs en Suisse romande). Dans certains établissements cotés, il peut atteindre 5 fr.30. En février dernier, une enquête du magazine britannique The Economist sacrait Zurich la ville la plus chère du monde. Un menu de midi coûte en moyenne 23 fr.50. Dans le quartier chic de l’opéra (Seefeld), la barquette de sushis au Globus grimpe au prix exorbitant de 32 francs.Le niveau des salaires se révèle en relation avec celui des prix. Selon les statistiques fédérales, le salaire brut mensuel moyen à Zurich est le plus haut de Suisse, à 6349 francs. Dans la région lémanique, il baisse à 6083 francs. La moyenne helvé-tique s’établit à 5979 francs et le Tessin

ferme la marche avec 5075 francs. Avec un dixième de sa population active dans la finance, Zurich est très tributaire de la santé de ce secteur. Lorsque les banques font de bonnes affaires, les hauteurs stra-tosphériques des bonus font le bonheur des vendeurs de belles voitures.

Le café le plus cher de SuisseLes salaires zurichois sont également les plus élevés.

5 septembre 2012 BILAN 43

Page 44: BILAN

le plan culturel, Zurich entrera dès cet au-tomne dans une nouvelle ère, avec l’inaugu-ration de la Löwenbrauareal rénovée. Cette ancienne brasserie, abritant le Musée d’art contemporain de la Migros et des galeries en vue depuis 1996, a été transformée ces deux dernières années en un complexe ultramo-derne. Les façades historiques en briques portent maintenant une de ces nombreuses tours qui façonnent le skyline zurichois.

Car Zurich fait sa place dans le monde de l’art. Conséquence d’une volonté déli-bérée de la Ville qui a créé en 2006 une commission en vue d’enrichir Zurich d’une dimension «créative». Cet été, les rues accueillaient les œuvres d’une quarantaine d’artistes réputés (Ai Weiwei, Paul McCar-ty) dans le cadre d’une opération à trois

millions de francs financée par les pouvoirs publics et des sponsors privés.

L’ART DE VIVRE ZURICHOISEn 1998, les rues zurichoises se vidaient en-core dès la nuit tombée. Les jeunes créaient des bars illégaux dans les sous-sols pour palier l’absence d’adresses branchées. Ce qui a tout changé, c’est la libéralisation de la loi sur les établissements publics. La Ville a étendu l’autorisation de servir les clients jusqu’à 4 heures du matin. Aujourd’hui, il est même possible de rester ouvert toute la nuit. En quinze ans, le nombre d’établis-sements aux horaires prolongées est passé de 40 à 640, rapporte la Neue Zürcher Zei-tung. Les clubs se comptent par dizaines et couvrent tous les genres de musique.

Avec la nouvelle loi, il est devenu pos-sible d’installer des débits de boissons dans les bains publics qui se succèdent sur les rives du lac et de la Limmat. Les beaux soirs d’été, ces «Badis» deviennent des bars pris d’assaut et accueillent séances de cinéma, artistes et DJ.

Le Romand qui débarque au mois d’août est saisi par l’ambiance quasi méditerra-néenne qui émane du centre. «Je suis arrivé un samedi et je suis tombé sur des centaines de baigneurs qui descendaient la Limmat agrippés à des bouées jaunes. Ils se laissaient emporter le long de l’Hôtel de Ville, des banques et du Musée national. Il régnait une gaieté sans rapport avec l’austérité que l’on s’imagine pour la ville de Zwingli», s’étonne ce cadre d’une entreprise genevoise.

Ces nageurs participaient à l’édition 2012 de la «Limmatschwimmen», cette course populaire organisée par les forces élec-triques zurichoises (EWZ). Ce fut l’année de tous les records. Température de l’air 32 degrés, celle de l’eau 24 degrés, et les 4200 billets disponibles vendus en moins de vingt-quatre heures. B

Dans les médias, 2012 a été l’année du duel entre Zurich et un arc lémanique dopé par dix années de croissance supérieure à la moyenne nationale. On s’en rappelle, la Weltwoche, l’hebdomadaire proche de l’UDC, avait ouvert les feux en mars, avec le titre: «Les Romands sont les Grecs de la Suisse.» La riposte fut pleine de dérision. Les Welsches se sont photographiés par centaines un verre de vin à la main et les pieds sur le bureau, parodiant la photo de couverture.Cet été, c’est le magazine Sonntag qui tient les comptes dans un numéro spécial consa-cré à la Suisse romande. Le journal rappelle qu’en novembre 2011 le maire de New York Michael Bloomberg a invité les représentants des 20 cités les plus innovatrices du monde à venir échanger leurs expériences. Parmi elles, trois villes européennes: Stockholm, Glasgow et… Genève. Une gifle pour Zurich, estime l’hebdomadaire argovien.Ravi de tailler des croupières à son arrogant canton voisin, le titre soutient que la roue a maintenant tourné. Locomotive

économique de la Suisse dans les années 1990, Zurich serait en passe de se faire ravir ce statut par la Romandie, portée par l’horlo-gerie, le luxe et les biotechnologies.Toujours en quête de provocation, l’UDC zurichoise s’est engouffrée dans la brèche pour exhorter les autorités à s’inspirer du

Le match Zurich versus l’arc lémaniqueLe statut de locomotive économique de la Suisse pourrait bientôt échoir à la Suisse romande.

Il régnait une gaieté sans rapport avec l’austérité que

l’on s’imagine pour cette ville UN CADRE ROMAND

L'ARC LÉMANIQUE DÉPASSE ZURICH DÈS 2009

ARC LÉMANIQUEVILLE DE ZURICH

−3.0

−2.0

−1.0

0

1.0

2.0

3.0

4.0

5.0

6.0

7.0

1993 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 2011

Taux de croissance du PIB réel (en %), arc lémanique (VD+GE) versus Ville de Zurich

Source: CREA

modèle romand pour dynamiser la crois-sance. Lors d’une conférence de presse remontant à la mi-août, les intervenants ont prôné une pratique plus agressive des exonérations fiscales pour les entreprises étrangères, sur le modèle de la politique des cantons lémaniques.

ART ET ARCHITECTUREZurich capitalise une quantité spectacu-laire de grands chantiers. Tamedia (éditeur de Bilan) construit à son siège un immeuble de prestige du Japonais Shigeru Ban, connu pour ses constructions en bois et en carton. A côté de la gare, le quartier Europaallee sera inauguré en 2019 sur un terrain des CFF. Il abritera une haute école pédagogique avec 2000  étudiants, 6000  places de travail et 400 appartements.

Le Musée national, entre la Limmat et la gare, sera agrandi pour une somme devisée

DOSSIER URBANISME

Non seulement les transports publics zurichois (VBZ) exploitent un des réseaux les plus denses du monde, mais ils se révèlent aussi ponctuels, propres et sûrs. Ces véhi-cules bleu et blanc jouissent d’une popularité exceptionnelle. Même les banquiers de la Paradeplatz prennent le tram. Corollaire, le trafic automobile reste maîtrisable.«Dans les années 1970, la population a refusé la construction d’un métro souterrain. Dans la foulée, les autorités ont débloqué 200 millions de francs pour développer les

transports publics en surface, notamment par la création de voies qui leur sont réser-vées», rappelle Daniela Tobler, porte-parole des VBZ. La priorité aux bus et aux trams a été clairement établie. Les feux de circulation sont même équipés d’un système qui les fait passer au vert lorsqu’une rame arrive à un carrefour.

En 2003, les VBZ ont mis sur pied avec succès un réseau nocturne. Des véhicules circulent toute la nuit vers la couronne afin

Des transports publics d’une qualité inégaléeZurich dispose de l’un des réseaux les plus denses du monde. Il existe même des trams-restaurants.

à 111  millions de francs, dont 5  millions de francs de financement privé. Fin des travaux prévue pour 2016. En 2017, le Kunsthaus sera doté d’une extension à 150 millions de francs, dessinée par le Britannique David Chipperfield, président de la Biennale de l’architecture de Venise 2012.

Comment est-ce possible de bâtir autant, alors que, à Genève, le projet du nouveau Musée d’art et d’histoire de Jean Nouvel n’a toujours pas abouti après quinze ans de tractations? De l’avis général, la prouesse s’explique par un climat de dialogue entre

autorités, promoteurs, propriétaires, in-vestisseurs et habitants. Une réussite qui doit beaucoup à Elmar Lederberger, maire socialiste de Zurich de 2002 à 2008. Dès les années 1970, les enjeux politiques ont paralysé la situation pendant une vingtaine d’années. Mais à la fin des années 1990, un nouveau règlement de planification élaboré par la Ville a permis un boom des construc-tions. La méthode zurichoise repose sur un modèle coopératif impliquant dès le départ les différents partenaires.

C’est le Wall Street Journal qui le dit: sur

de ramener les clubbers. Un service qui contribue beaucoup à l’effervescence de la vie nocturne.

La culture de l’entreprise est pleine d’hu-mour et d’inventivité. L’offre comprend des trams-restaurants où l’on peut déguster une fondue ou des sushis, selon la saison. Les VBZ ont même lancé cet été une page internet de dating. Les passagers peuvent y poster un message pour entrer en contact avec un voyageur remarqué dans le bus.

EFFICACESTrès populaires,les transports

publics zurichois sont ponctuels, propres et sûrs.

PHO

TO:

DO

MIN

IC B

ÜTT

NER

/PIX

SIL

44 BILAN 5 septembre 2012

Page 45: BILAN

le plan culturel, Zurich entrera dès cet au-tomne dans une nouvelle ère, avec l’inaugu-ration de la Löwenbrauareal rénovée. Cette ancienne brasserie, abritant le Musée d’art contemporain de la Migros et des galeries en vue depuis 1996, a été transformée ces deux dernières années en un complexe ultramo-derne. Les façades historiques en briques portent maintenant une de ces nombreuses tours qui façonnent le skyline zurichois.

Car Zurich fait sa place dans le monde de l’art. Conséquence d’une volonté déli-bérée de la Ville qui a créé en 2006 une commission en vue d’enrichir Zurich d’une dimension «créative». Cet été, les rues accueillaient les œuvres d’une quarantaine d’artistes réputés (Ai Weiwei, Paul McCar-ty) dans le cadre d’une opération à trois

millions de francs financée par les pouvoirs publics et des sponsors privés.

L’ART DE VIVRE ZURICHOISEn 1998, les rues zurichoises se vidaient en-core dès la nuit tombée. Les jeunes créaient des bars illégaux dans les sous-sols pour palier l’absence d’adresses branchées. Ce qui a tout changé, c’est la libéralisation de la loi sur les établissements publics. La Ville a étendu l’autorisation de servir les clients jusqu’à 4 heures du matin. Aujourd’hui, il est même possible de rester ouvert toute la nuit. En quinze ans, le nombre d’établis-sements aux horaires prolongées est passé de 40 à 640, rapporte la Neue Zürcher Zei-tung. Les clubs se comptent par dizaines et couvrent tous les genres de musique.

Avec la nouvelle loi, il est devenu pos-sible d’installer des débits de boissons dans les bains publics qui se succèdent sur les rives du lac et de la Limmat. Les beaux soirs d’été, ces «Badis» deviennent des bars pris d’assaut et accueillent séances de cinéma, artistes et DJ.

Le Romand qui débarque au mois d’août est saisi par l’ambiance quasi méditerra-néenne qui émane du centre. «Je suis arrivé un samedi et je suis tombé sur des centaines de baigneurs qui descendaient la Limmat agrippés à des bouées jaunes. Ils se laissaient emporter le long de l’Hôtel de Ville, des banques et du Musée national. Il régnait une gaieté sans rapport avec l’austérité que l’on s’imagine pour la ville de Zwingli», s’étonne ce cadre d’une entreprise genevoise.

Ces nageurs participaient à l’édition 2012 de la «Limmatschwimmen», cette course populaire organisée par les forces élec-triques zurichoises (EWZ). Ce fut l’année de tous les records. Température de l’air 32 degrés, celle de l’eau 24 degrés, et les 4200 billets disponibles vendus en moins de vingt-quatre heures. B

Dans les médias, 2012 a été l’année du duel entre Zurich et un arc lémanique dopé par dix années de croissance supérieure à la moyenne nationale. On s’en rappelle, la Weltwoche, l’hebdomadaire proche de l’UDC, avait ouvert les feux en mars, avec le titre: «Les Romands sont les Grecs de la Suisse.» La riposte fut pleine de dérision. Les Welsches se sont photographiés par centaines un verre de vin à la main et les pieds sur le bureau, parodiant la photo de couverture.Cet été, c’est le magazine Sonntag qui tient les comptes dans un numéro spécial consa-cré à la Suisse romande. Le journal rappelle qu’en novembre 2011 le maire de New York Michael Bloomberg a invité les représentants des 20 cités les plus innovatrices du monde à venir échanger leurs expériences. Parmi elles, trois villes européennes: Stockholm, Glasgow et… Genève. Une gifle pour Zurich, estime l’hebdomadaire argovien.Ravi de tailler des croupières à son arrogant canton voisin, le titre soutient que la roue a maintenant tourné. Locomotive

économique de la Suisse dans les années 1990, Zurich serait en passe de se faire ravir ce statut par la Romandie, portée par l’horlo-gerie, le luxe et les biotechnologies.Toujours en quête de provocation, l’UDC zurichoise s’est engouffrée dans la brèche pour exhorter les autorités à s’inspirer du

Le match Zurich versus l’arc lémaniqueLe statut de locomotive économique de la Suisse pourrait bientôt échoir à la Suisse romande.

Il régnait une gaieté sans rapport avec l’austérité que

l’on s’imagine pour cette ville UN CADRE ROMAND

L'ARC LÉMANIQUE DÉPASSE ZURICH DÈS 2009

ARC LÉMANIQUEVILLE DE ZURICH

−3.0

−2.0

−1.0

0

1.0

2.0

3.0

4.0

5.0

6.0

7.0

1993 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 2011

Taux de croissance du PIB réel (en %), arc lémanique (VD+GE) versus Ville de Zurich

Source: CREA

modèle romand pour dynamiser la crois-sance. Lors d’une conférence de presse remontant à la mi-août, les intervenants ont prôné une pratique plus agressive des exonérations fiscales pour les entreprises étrangères, sur le modèle de la politique des cantons lémaniques.

5 septembre 2012 BILAN 45

Page 46: BILAN

BBBBBBEN DATES1967Naissance le 16 avril à Genève.

1989Diplômée de l’Ecole hôtelière de Genève.

1991-1992Stage chez le distributeur de Caran d’Ache à New York.

1992-1997Area manager. Puis direction des ventes internationales chez Caran d’Ache.

1998-1999Program for management development à la Harvard Business School.

2000-2002International marketing manager au sein du Swatch Group pour Calvin Klein.

2002 Entre au conseil d’administration de Caran d’Ache.

2003Devient partenaire de Brandstorm (agence de branding).

2012Nommée présidente du conseil de Caran d’Ache le 1er juin.

CAROLE HUBSCHER«Mon père m’a laissé

le libre choix. Il ne m’a jamais obligé

à venir travailler dans l’entreprise.»PAR SERGE GUERTCHAKOFF PHOTO ALBAN KAKULYA

L’INTERVIEW

«Nous

PAR SERGE GUERTCHAKOFF PHOTO ALBAN KAKULYA

Alors qu’elle vient de succéder à son père à la présidence de la célèbre manufacture suisse de crayons et de stylos Caran d’Ache, CAROLE HUBSCHER nous révèle la nomination d’un nouveau directeur général.

ACTEURS

sommes COMPLÈTEMENT INDÉPENDANTS FINANCIÈREMENT»

46 BILAN 5 septembre 2012

Page 47: BILAN

BBBBBBEN DATES1967Naissance le 16 avril à Genève.

1989Diplômée de l’Ecole hôtelière de Genève.

1991-1992Stage chez le distributeur de Caran d’Ache à New York.

1992-1997Area manager. Puis direction des ventes internationales chez Caran d’Ache.

1998-1999Program for management development à la Harvard Business School.

2000-2002International marketing manager au sein du Swatch Group pour Calvin Klein.

2002 Entre au conseil d’administration de Caran d’Ache.

2003Devient partenaire de Brandstorm (agence de branding).

2012Nommée présidente du conseil de Caran d’Ache le 1er juin.

CAROLE HUBSCHER«Mon père m’a laissé

le libre choix. Il ne m’a jamais obligé

à venir travailler dans l’entreprise.»PAR SERGE GUERTCHAKOFF PHOTO ALBAN KAKULYA

Page 48: BILAN

B Sans parler de votre chiffre d’affaires, estimé à environ 100 millions de francs par les observateurs, comment se répartissent vos ventes entre vos trois univers que sont les produits beaux-arts, les instruments d’écriture et accessoires de luxe, et, enfin, les produits office?CH Nous commercialisons en Suisse toutes nos gammes. En revanche, à l’étranger, nous capitalisons essentiellement sur le premium avec les gammes beaux-arts et haute écriture 100% Swiss made.

B Avez-vous pris des mesures pour limiter les effets du franc fort?CH Oui. D’autant que beaucoup de nos fournisseurs sont en Suisse. Bien avant que la BNS ne prenne la mesure d’un taux plancher, nous avions déjà pris les devants auprès de nos distributeurs européens en leur garantissant un taux de change à 1,20, la différence devant être consacrée à des investissements marketing.

B Quelles sont vos parts de marché, notamment dans les instruments d’écri-ture où Montblanc domine le marché avec une part estimée à 75%?CH Nous avons effectivement quelques concurrents, dont Montblanc. Mais en Suisse, nous avons une très belle part de marché et, au niveau européen, notre part n’est pas négligeable. Au Japon où nous sommes implantés depuis dix ans, nous avons réussi à très bien nous positionner.

S’agissant de la couleur, nous sommes de loin les leaders en Italie et en Suisse.

B Le marché des instruments d’écriture n’est pas à l’abri des évolutions socié-tales. En quoi cela vous impacte-il?CH C’est exact. Il y a de moins en moins de distributeurs spécialisés dans les instru-ments d’écriture. Nous nous retrouvons de plus en plus dans les grands magasins qui ont développé un département écriture. Nous allons entrer aux Galeries Lafayette et au BHV. C’est la raison pour laquelle nous ouvrons de plus en plus de boutiques en propre depuis 2004. Aujourd’hui, nous en sommes à 20  boutiques et à une centaine de shops-in-shops. Notre plus grande boutique se situe à Tokyo. Nous en ouvrirons prochainement une à Shanghaï. Quant à celle de Genève, nous aimerions pouvoir pousser les murs. Ce lieu possède une véritable âme, c’est une bonne alterna-tive à une présence à la rue du Rhône.

B Quel bilan tirez-vous de votre bar à couleurs?CH Ce concept est formidable pour nous. Il nous permet de mettre en avant notre savoir-faire dans les couleurs. L’autre jour, une grand-maman est venue à la bou-tique du Bourg-de-Four avec sa boîte de crayons pour nous demander si nous pou-vions remplacer les couleurs manquantes pour l’offrir à son petit-fils. Le succès que rencontre notre bar à couleurs récemment ouvert chez Harrods nous conforte dans cette voie.

B Pourquoi avoir finalement fermé votre petit site de production français, situé à deux pas de l’usine de Thônex?

CH Nous avons reçu une offre intéressante pour vendre le bâtiment et le terrain. Nous l’avons acceptée et avons rapatrié les sala-riés et les machines ici. Avoir une affaire industrielle en France n’est pas simple.

B Où en êtes-vous dans le processus de remplacement à la direction générale de Philippe de Korodi, parti voilà une année?CH Un Genevois vient d’être engagé. Il s’agit de Jean-François de Saussure, qui travail-lait auparavant au sein de la direction de l’entreprise familiale Sicpa. Il commence en septembre et deviendra directeur géné-ral le 1er janvier 2013. C’est quelqu’un d’ex-trêmement humain. Il aime les gens. Ce qui est crucial dans une entreprise comme la nôtre. Sa solide expérience des ventes et sa parfaite connaissance des marchés inter-nationaux sont d’autres importants atouts. Nos clientèles très différentes nécessitent une grande capacité d’adaptation.

B Caran d’Ache est-il un bon employeur?CH La responsabilité sociale que nous avons en tant qu’entreprise est respectée à tous les niveaux. Nous avons d’ailleurs peu de hiérarchie. Cela contribue au fait que les gens s’y sentent bien – l’ancienneté est en moyenne de treize  ans chez nous. Nous les impliquons dans beaucoup de choses. Avoir, par exemple, intégré les ateliers protégés a fait beaucoup de bien à tout le monde. Cela fait partie de nos valeurs et de nos différences.

B Et la diversification horlogère?CH Mon père avait lancé un modèle trop tôt sans doute. Mais je ne l’exclus pas à nou-veau. Cela nécessiterait d’intégrer des hor-logers. B

Caran d’Ache vient de lever le voile sur son nouvel instrument de haute écriture: Caelo-graph (ce qui signifie «Ecrire le ciel»). Après plusieurs années de recherche et développe-ment, la société familiale propose le premier stylo qui permet de s’informer de la position des étoiles et des constellations à une heure et un jour donnés, par le biais d’un mécanisme de bagues. «Mettre une carte du ciel sur le corps

du stylo représentait un sacré défi. Nous nous sommes fait aider par un astronome, Nicolas Guérin», explique Carole Hubscher. Le corps est finement gravé des 51 constellations et 353 étoiles sur une laque de Chine bleu nuit chargée de particules d’aluminium. Il en existe trois versions: Alpha (revêtue de platine), Sirius (plaquée or et sertie d’un diamant) et Zenith (en or rose massif et décorée de 22 diamants).

Un stylo qui lit la carte du cielCaran d’Ache dévoile le premier instrument d’écriture qui donne la position des étoiles. Grâce à la collaboration d’un astronome.

Mon père avait lancé un modèle horloger trop tôt. Mais

je ne l’exclus pas à nouveau CAROLE HUBSCHER, PRÉSIDENTE DE CARAN D’ACHE

Voilà des années déjà que diverses rumeurs cir-culaient sur l’avenir de la vénérable fabrique Caran d’Ache. L’arrivée à la présidence de Carole Hubscher, qui avait déjà

un pied dans la maison depuis une ving-taine d’années, y met donc un terme atten-du. Son père, Jacques Hubscher aura œuvré au développement de la marque, réussis-sant à maintenir stables les effectifs grâce à l’internationalisation et à l’introduction d’un pôle instruments d’écriture de luxe. L’unique acteur encore indépendant du pays fabrique de surcroît la totalité de sa production toujours en Suisse, à Thônex (GE). Cette société a compris que seule la qualité peut assurer sa pérennité face à la concurrence.

Bilan Vous succédez à votre père, Jacques Hubscher, lequel présidait aux destinées de la société familiale depuis 1980. Pourquoi cette transmis-sion n’intervient-elle que maintenant? Carole Hubscher Ce sont des questions de bon timing. A 76 ans, mon père est toujours en pleine forme. Il continue de pratiquer différents sports, dont le tennis et le golf.

B Quels sont vos premiers souvenirs de l’entreprise familiale? CH J’ai gardé mes premières boîtes de crayons. C’était toujours une grande émo-tion d’en recevoir une, avec ses odeurs. Je me souviens aussi du jour où la cheminée de la première usine rue de la Terrassière a été démolie. Mon père avait décidé que nous devions y assister et nous n’étions pas allées à l’école, ma sœur et moi. On nous avait mis un casque sur la tête. J’avais 10 ans. Il y a aussi toutes nos vacances où nous enprofitions pour aller visiter nos points de vente et rencontrer nos partenaires.

B Comment s’est préparée la succession?CH J’ai eu de la chance. Mon père m’a laissé le libre choix. Il n’a jamais obligé ni ma sœur cadette ni moi-même à venir travailler dans l’entreprise. Ma sœur a très rapidement effectué un autre choix, celui de la voie ban-caire. Moi je suis entrée ici en 1991, à l’âge de 24 ans, pour aller effectuer un stage chez notre distributeur américain.

B Pourquoi en être partie en 1999?CH J’ai voulu faire mes armes ailleurs. Mon

père l’a parfaitement compris. J’ai d’abord débuté par un complément de formation à la Harvard Business School.

B Qu’en avez-vous retiré?CH L’organisation des groupes m’a passa-blement interpellée. Par exemple, quand bien même les marques du groupe Swatch sont très indépendantes les unes des autres, elles génèrent ensemble de tels volumes que cela leur permet de bénéficier d’avantages non négligeables, comme pour les achats de matières premières. Lorsque j’étais en-core active chez Brandstorm (une agence de branding, ndlr), j’ai aussi été frappée par la hiérarchie très pyramidale que l’on trouve dans divers groupes, à l’inverse de Caran d’Ache. J’ai enfin pu être confrontée de près aux stratégies de grandes marques internationales.

B Etes-vous encore active pour Brandstorm?CH J’étais très impliquée dans l’opération-nel jusqu’à ma nomination le 1er juin. Je garde un pied dedans, mais je ne gère plus aucun client en direct.

B Entre temps, vous étiez entrée au conseil d’administration de Caran d’Ache, non?CH En effet, cela fait dix ans que j’y siège et près de trois ans que je suis présente ici au quotidien. J’y passais environ 40% de mon temps.

B Comment se fait-il qu’il n’y ait pas de membres des autres principales familles actionnaires dans la société?CH Dominique Christin et Philippe Reiser siègent tous deux au conseil. Le premier tra-vaille dans son étude d’avocats. Le second est actif dans sa société financière. D’autres étaient venus faire des stages d’été. Nous verrons bien avec la prochaine génération.

B Comment votre famille est-elle entrée au capital de Caran d’Ache?CH Joseph Reiser, le grand-père de Philippe, avait une fiduciaire. Il s’occupait entre autres des affaires de notre famille active

dans le commerce de grain depuis Mar-seille. Le fondateur de Caran d’Ache, Arnold Schweitzer, était un homme de marketing formidable, mais trop optimiste. Il a été contraint de trouver des partenaires finan-ciers, c’est ainsi que plusieurs familles sont entrées dans le capital de Caran d’Ache au début des années 1930. A un moment, nous avons failli ressortir, mais Arnold Schweit-zer ne pouvait pas nous rembourser. Mon grand-père Henri est venu s’installer à Ge-nève après la Seconde Guerre mondiale.

B Est-il exact que votre société génère suffisamment de cash-flow pour ne pas être tributaire des banques?CH Effectivement. Nous sommes complè-tement indépendants et parvenons à nous autofinancer.

B En parlant de chiffres, votre société n’en communique aucun. Avec votre ar-rivée à la présidence, peut-on s’attendre à davantage de transparence?CH Le fait que nous n’ayons pas besoin de publier nos chiffres est un atout. C’est même stratégique vis-à-vis de nos concur-rents.

L’INTERVIEWACTEURS

ÉCRITURE«S’agissant

de la couleur, nous sommes de loin les leaders en Italie

et en Suisse.»

48 BILAN 5 septembre 2012

Page 49: BILAN

B Sans parler de votre chiffre d’affaires, estimé à environ 100 millions de francs par les observateurs, comment se répartissent vos ventes entre vos trois univers que sont les produits beaux-arts, les instruments d’écriture et accessoires de luxe, et, enfin, les produits office?CH Nous commercialisons en Suisse toutes nos gammes. En revanche, à l’étranger, nous capitalisons essentiellement sur le premium avec les gammes beaux-arts et haute écriture 100% Swiss made.

B Avez-vous pris des mesures pour limiter les effets du franc fort?CH Oui. D’autant que beaucoup de nos fournisseurs sont en Suisse. Bien avant que la BNS ne prenne la mesure d’un taux plancher, nous avions déjà pris les devants auprès de nos distributeurs européens en leur garantissant un taux de change à 1,20, la différence devant être consacrée à des investissements marketing.

B Quelles sont vos parts de marché, notamment dans les instruments d’écri-ture où Montblanc domine le marché avec une part estimée à 75%?CH Nous avons effectivement quelques concurrents, dont Montblanc. Mais en Suisse, nous avons une très belle part de marché et, au niveau européen, notre part n’est pas négligeable. Au Japon où nous sommes implantés depuis dix ans, nous avons réussi à très bien nous positionner.

S’agissant de la couleur, nous sommes de loin les leaders en Italie et en Suisse.

B Le marché des instruments d’écriture n’est pas à l’abri des évolutions socié-tales. En quoi cela vous impacte-il?CH C’est exact. Il y a de moins en moins de distributeurs spécialisés dans les instru-ments d’écriture. Nous nous retrouvons de plus en plus dans les grands magasins qui ont développé un département écriture. Nous allons entrer aux Galeries Lafayette et au BHV. C’est la raison pour laquelle nous ouvrons de plus en plus de boutiques en propre depuis 2004. Aujourd’hui, nous en sommes à 20  boutiques et à une centaine de shops-in-shops. Notre plus grande boutique se situe à Tokyo. Nous en ouvrirons prochainement une à Shanghaï. Quant à celle de Genève, nous aimerions pouvoir pousser les murs. Ce lieu possède une véritable âme, c’est une bonne alterna-tive à une présence à la rue du Rhône.

B Quel bilan tirez-vous de votre bar à couleurs?CH Ce concept est formidable pour nous. Il nous permet de mettre en avant notre savoir-faire dans les couleurs. L’autre jour, une grand-maman est venue à la bou-tique du Bourg-de-Four avec sa boîte de crayons pour nous demander si nous pou-vions remplacer les couleurs manquantes pour l’offrir à son petit-fils. Le succès que rencontre notre bar à couleurs récemment ouvert chez Harrods nous conforte dans cette voie.

B Pourquoi avoir finalement fermé votre petit site de production français, situé à deux pas de l’usine de Thônex?

CH Nous avons reçu une offre intéressante pour vendre le bâtiment et le terrain. Nous l’avons acceptée et avons rapatrié les sala-riés et les machines ici. Avoir une affaire industrielle en France n’est pas simple.

B Où en êtes-vous dans le processus de remplacement à la direction générale de Philippe de Korodi, parti voilà une année?CH Un Genevois vient d’être engagé. Il s’agit de Jean-François de Saussure, qui travail-lait auparavant au sein de la direction de l’entreprise familiale Sicpa. Il commence en septembre et deviendra directeur géné-ral le 1er janvier 2013. C’est quelqu’un d’ex-trêmement humain. Il aime les gens. Ce qui est crucial dans une entreprise comme la nôtre. Sa solide expérience des ventes et sa parfaite connaissance des marchés inter-nationaux sont d’autres importants atouts. Nos clientèles très différentes nécessitent une grande capacité d’adaptation.

B Caran d’Ache est-il un bon employeur?CH La responsabilité sociale que nous avons en tant qu’entreprise est respectée à tous les niveaux. Nous avons d’ailleurs peu de hiérarchie. Cela contribue au fait que les gens s’y sentent bien – l’ancienneté est en moyenne de treize  ans chez nous. Nous les impliquons dans beaucoup de choses. Avoir, par exemple, intégré les ateliers protégés a fait beaucoup de bien à tout le monde. Cela fait partie de nos valeurs et de nos différences.

B Et la diversification horlogère?CH Mon père avait lancé un modèle trop tôt sans doute. Mais je ne l’exclus pas à nou-veau. Cela nécessiterait d’intégrer des hor-logers. B

Caran d’Ache vient de lever le voile sur son nouvel instrument de haute écriture: Caelo-graph (ce qui signifie «Ecrire le ciel»). Après plusieurs années de recherche et développe-ment, la société familiale propose le premier stylo qui permet de s’informer de la position des étoiles et des constellations à une heure et un jour donnés, par le biais d’un mécanisme de bagues. «Mettre une carte du ciel sur le corps

du stylo représentait un sacré défi. Nous nous sommes fait aider par un astronome, Nicolas Guérin», explique Carole Hubscher. Le corps est finement gravé des 51 constellations et 353 étoiles sur une laque de Chine bleu nuit chargée de particules d’aluminium. Il en existe trois versions: Alpha (revêtue de platine), Sirius (plaquée or et sertie d’un diamant) et Zenith (en or rose massif et décorée de 22 diamants).

Un stylo qui lit la carte du cielCaran d’Ache dévoile le premier instrument d’écriture qui donne la position des étoiles. Grâce à la collaboration d’un astronome.

5 septembre 2012 BILAN 49

Page 50: BILAN

Bernard Lehmann

Oui, la rémunéra-tion des prestations fournies par les paysans suisses est indispensable!

Vous souhaitez manger des légumes locaux. Vous vous

ressourcez grâce aux paysages cultivés. Vous profitez d’une nature diversifiée, non faite uniquement de routes, de pay-sages urbains et de forêts. Vous appréciez des animaux élevés de manière conforme à leurs besoins et dont le bien-être est encouragé au-delà du standard minimum légal.

Toutes ces prestations sont fournies par les paysans. Comme le marché ne peut fi-nancer à lui seul des biens à caractère public –  prestations environnementales, respect de normes sévères pour la protection de l’environnement et le bien-être animal –, la Confédération apporte les correctifs et suppléments nécessaires là où des lacunes ont été identifiées. Les mesures prévues dans la politique agricole 2014-2017 (ci-après PA 14-17), qui s’élèvent au total à 13,6  milliards de francs, permettront aux exploitations de réaliser un revenu compa-rable à celui de la population active dans les autres secteurs économiques de la même région.

En matière agroalimentaire, la Suisse n’est pas un îlot. La répartition équitable

des denrées alimentaires constitue un défi à l’échelle mondiale, un autre étant le manque de durabilité dans la production alimen-taire. Les tensions issues de ressources naturelles en raréfaction vont s’aggraver. Exploiter le sol, l’eau et la biodiversité de manière aussi intensive qu’actuellement n’est plus possible. Cette thématique ne peut nous laisser indifférents. Si la Suisse dispose d’une agriculture à même d’appro-visionner sa population à raison de 55%, elle est aussi le 14e plus grand pays importa-teur de produits agricoles. Le projet de PA 14-17 est marqué par les enjeux résultant de la croissance de la demande face à la raré-faction des ressources naturelles.

AU BÉNÉFICE DE LA COLLECTIVITÉPour poursuivre son développement sur des marchés agricoles plus ouverts à la concurrence, l’agriculture suisse doit ga-gner en compétitivité par un meilleur posi-tionnement de ses produits sur les mar-chés et par une baisse des coûts réels. Elle doit aussi faire un usage plus efficient des ressources, malgré le dysfonctionnement

structurel du marché et les exigences parti-culières à la Suisse par rapport aux normes internationales. De plus, il faut améliorer la productivité, sans augmenter le stress et la charge de travail des paysans. L’agri-culture s’y emploie par des solutions de partenariat innovatrices. Ce dynamisme en fait un partenaire intéressant pour l’indus-trie de transformation, le commerce et les consommateurs. Enfin, l’agriculture doit répondre aux défis de l’aménagement du territoire, de la protection du paysage et de l’environnement.

L’élément central de la PA 2014-2017 est un système de paiements directs qui sou-tient de manière ciblée les prestations four-nies au bénéfice de la collectivité. Grâce à ces ajustements structurels, la Confé-dération se recentre sur les éléments non commerciaux de l’agriculture tels l’appro-visionnement, le paysage cultivé, les sys-tèmes de production plus «extensifs», la biodiversité, l’efficience des ressources et la qualité du paysage. Toutes ces presta-tions sont demandées aux paysans, il faut donc leur donner les moyens de les fournir.

OUI Pour le directeur de l’O� ce fédéral de l’agriculture, il faut soutenir de manière ciblée les prestations des paysans.

FAUT-IL VERSER 14 MILLIARDS AUX PAYSANS SUISSES?

Le marché ne peut financer à lui seul des biens à caractère public

OPINION LE DÉBAT

PHO

TOS:

DEL

LA V

ALLE

/KEY

STO

NE,

DR

50 BILAN 5 septembre 2012

Page 51: BILAN

FAUT-IL VERSER 14 MILLIARDS AUX PAYSANS SUISSES?

Ces paiements ne feront autre chose que de produire encore

davantage de surplus

Christian Häberli

Ça vous effraie, 14 mil-liards sur quatre ans?

Pour moi, le montant est secondaire, il s’ins-crit dans les dépenses courantes de la Confé-dération qui en a bien vu d’autres, n’est-ce

pas? Mais n’oublions pas le fait que l’agricul-

ture suisse profite, à double titre, du fait que notre pays a aussi les droits de douane les plus élevés du monde. Ces droits que paient en fait les consommatrices qui ne font pas leurs emplettes en France voisine protègent d’abord la production indigène contre la concurrence étrangère. Par un coup de bâton magique, notre Parlement les a mis au frigo pour adoucir un éventuel futur choc de libé-ralisation résultant soit d’un accord de libre-échange agricole avec l’Union européenne, soit à l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Soyons généreux et ne parlons plus d’argent. Ce que je trouve beaucoup plus grave est que ni les législateurs bienveil-

lants ni l’Union suisse des paysans n’ont vu l’impasse dans laquelle s’enfonce l’agricul-ture suisse. Mais regardons d’abord les trois objectifs de la «multifonctionnalité» agri-cole définis à l’article constitutionnel 104: la sécurité de l’approvisionnement, la conser-vation des ressources naturelles et l’entre-tien du paysage rural, et l’occupation décen-tralisée du territoire. En réalité, la durabilité tant environnementale qu’économique ne dépend pas de la production mais du contri-buable. Par ailleurs, la production de sur-plus va bon train: en 2011, 50  000  tonnes de pommes de terre et 14  000  tonnes de froment dégradés en fourrage – et presque 10 000 tonnes de beurre bradé sur les mar-chés étrangers, surtout de pays en dévelop-pement. Des exportations nota bene en vio-lation des obligations de la Suisse à l’OMC et des intérêts des paysannes laitières en Tur-quie et en Egypte qui auraient bien besoin de ce revenu dont elles sont ainsi privées. En outre, la Suisse engraisse son cheptel avec un demi-million de tonnes de fourrage importé chaque année et ne sait plus où aller avec le fumier que produit tout ce bétail en trop.

Les critiques sont souvent contradic-toires et les solutions assurément difficiles, tant il est vrai que la situation de nombreux agriculteurs reste préoccupante. Tout en admettant cette complexité et un contexte politique difficile, je pense néanmoins que le Conseil fédéral va dans la mauvaise direc-tion, même si certains paiements directs deviendront plus «verts». Par exemple, les nouvelles contributions proposées pour la sécurité de l’approvisionnement ne sont autre chose qu’un soutien additionnel aux revenus. Même s’il est vrai que le revenu paysan a de nouveau baissé, ces paiements ne feront autre chose que de produire encore davantage de surplus (un terme qui en réalité indique tout simplement un faux prix).

Ce qui fait défaut sont des perspectives pour les jeunes agricultrices et agriculteurs. Il faut penser plus loin, et cela également au niveau des paiements directs. A mon sens, le soutien public doit exclusivement rémunérer les prestations non marchandes demandées par la société à ceux qui sont le mieux aptes à les fournir, paysans ou non; et il faut dès maintenant préparer l’inévitable fin de la protection à la frontière. A terme, cela veut dire deux choses: appel d’offres pour la production de tous les biens publics et libre marché pour les biens marchands, pour importer tout ce que la Suisse n’a pas la moindre chance de produire sans subven-tions, la voie de l’avenir ne pouvant être que celle de la spécialisation. B

NON La politique agricole s’enfonce dans une impasse, assure le chercheur au World Trade Institute de l’Université de Berne.

5 septembre 2012 BILAN 51

Page 52: BILAN

SUR LE MUR DE BILAN

PHO

TOS:

DR

Les Suisses: un peuple de trouillards

Pascal Dans notre dernier entretien, vous évoquiez à juste titre la paupérisation des classes moyennes. De fait, en Suisse, comment voulez-vous qu’il nous reste grand-chose, une fois que nous avons payé la somme colossale d’assurances dans lesquelles nous sommes engagés? A commencer, bien sûr, par les primes maladie. Osons la question: les Suisses ne sont-ils pas surassurés? Un peuple frileux, timoré, comme si les années difficiles (notre prospérité ne date que de l’après-guerre) mena-çaient de revenir. Assurancetourix aurait aimé ça

Pierre-Marcel Vous avez bien entendu raison, nous sommes couverts de polices d’assurance. Mais cela fait intimement partie de notre «culture». Cela s’explique par notre comportement. Et bien entendu, les sommes qu’il nous faut sortir pour se protéger de la maladie sont de plus en plus effarantes. Nous sommes aussi les cham-pions des coûts hospitaliers, des prix astronomiques des médicaments, etc. Comment changer cela? Je crains que ce ne soit complètement impossible. Pascal Les organisations de consommateurs peuvent et doivent faire plus et mieux pour nous aider. Vous, moi, l’immense majorité de nos lecteurs aussi, ne pre-nons pas assez la peine de faire un bilan annuel de nos portefeuilles d’assurances. On y découvrirait des excès, des doublons, de parfaites inutilités. Nous sommes beaucoup trop timorés, aussi, face aux assureurs, dans la négociation des contrats. La plupart du temps, nous signons n’importe quoi, les yeux fermés. Pierre-Marcel Tout à fait. Nous sommes parfois capables de marchander un achat, mais nous ne faisons guère de comparaisons pour les polices d’assurance qui nous «plombent». Patrick Fischer aurait aimé ça

Pascal En matière d’assurance-maladie, on connaît le combat d’un Mauro Poggia, à la fois avocat et conseiller national. Mais dans les autres secteurs, très peu de voix, juridiques ou politiques, s’élèvent pour informer ou défendre le consommateur. Résultat: je voudrais savoir combien de milliards, chaque année, sont dépensés en pure perte par les Suisses. Pour des polices totalement

inutiles, signées un jour face à un vendeur doué, juste par un mélange de peur et de négligence. Hallucinant. Pierre-Marcel J’abonde. La grande question en corol-laire est l’appréciation des risques. L’audace, qui permet d’entreprendre, alors que nos réflexes consistent à être assurés toujours et pour tout, fait défaut, ne permet plus assez de se lancer dans les affaires, l’innovation. Ainsi nous avons en Suisse un des plus faibles taux de proprié-taires du monde. Cela fait aussi partie de nos peurs. Pascal Sauf en Valais! Mais les gens y deviennent pro-priétaires pour assurer leurs vieux jours, ce qui ne nous sort guère de ce sortilège de peur que vous évoquiez, et qui est à la base de tout. Ce peuple suisse, naguère si inventif (XIXe siècle), serait-il devenu un repaire de trouillards? Pierre-Marcel Nous ne cessons de nous vanter parce que nous résistons à la crise mieux que les autres. Mais, en vérité, pour combien de temps? Notre relative prospé-rité nous endort, alors qu’il nous faut absolument, plus que jamais, nous mettre en dispositif d’alerte! Pascal Les générations d’après-guerre ont grandi dans l’idée trompeuse que la prospérité suisse était acquise. Elles n’ont pas eu à se battre pour la conquérir! Elles sont incapables d’imaginer que ce bien-être est le fruit d’un immense effort. Mitt Romney aurait aimé ça

Pierre-Marcel On ne doit jamais être content de son sort. L’esprit d’entreprise est une remise en question permanente. Nicolas Hayek aurait aimé ça

Pascal Cette nécessaire insatisfaction, ce combat contre les habitudes devraient être enseignés dans les écoles.

Mel Gibson aurait aimé ça

Pierre-Marcel L’école? On ne peut guère compter sur elle pour ce type de démarche. On en est plutôt au laxisme tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, plutôt qu’à l’esprit combatif, indispensable à la survie, dans un contexte toujours plus, hélas ou non, compétitif. Xavier Comtesse aurait aimé ça

PIERRE-MARCEL FAVREEditeur

PASCAL DÉCAILLETJournaliste

Note: les personnes citées sous la rubrique «j’aime» ont été choisies par la rédaction sans être consultées.

NEUCHÂTEL SOIGNE SES MULTINATIONALESA propos de «La Suisse a mal à ses multinationales», Bilan du 22 août 2012. Durant près de trente ans, avec le système des exonérations, Neuchâtel a été l’un des cantons les plus agressifs en matière fiscale. Pour compenser la perte d’emplois liée à la crise horlogère, la politique cantonale préconisait l’utilisation de l’arrêté Bonny. Cela a permis de reconstituer une grande partie du tissu économique cantonal. Mais un constat implacable a remis en cause cette politique fiscale: le calcul de la nouvelle péréquation intercantonale. Ce dernier a démontré que seuls 50% des béné-fices des personnes morales présentes sur le territoire neuchâtelois étaient soumis à l’impôt.Il s’est agi alors de mettre fin à une inégalité fiscale qui provoquait des tensions auprès des entre-prises endogènes. C’est le choix de l’abaissement général pour tout qui a été préconisé, permet-tant une égalité de traitement entre acteurs endogènes et exogènes. De plus, la nouvelle fiscalité neuchâteloise a le grand avantage d’être eurocompatible, garantissant ainsi une stabilité pour les entreprises et nous rendant très compétitifs sur le plan international. Sa mise en œuvre complète est prévue d’ici à 2016 (en particulier la baisse de moitié de l’impo-sition du bénéfice), mais les premiers résultats sont réjouissants avec l’inscription de près d’une trentaine de nouvelles holdings au Registre du commerce, sans parler de l’augmentation impor-tante des recettes générée par une assiette fiscale plus large. Ce système amène de la transpa-rence auprès de tous les entrepreneurs neuchâtelois. Il est compris aussi bien par nos interlocu-teurs locaux que par la population qui l’a plébiscité en votation.En outre, dans le contexte du franc fort, la baisse de la charge fiscale permet aux PME du secteur industriel, qui exportent la grande majorité de leur production, de dégager des fonds pour inves-tir dans l’innovation, domaine très concurrentiel pour notre région. C’est donc dans un esprit de compréhension mutuelle entre acteurs et de clarté que le canton de Neuchâtel soigne ses multinationales.

– Thierry Grosjean, conseiller d’Etat du canton de Neuchâtel,chef du Département de l’économie

APPEL AUX LECTEURSCet automne, Bilan publiera plusieurs articles consacrés au gaspillage de l’argent public en Suisse romande. Si des dépenses ou subven-tions à venir ou déjà effectuées vous ont parti-culièrement frappé, nous vous remercions de nous en faire part à l’adresse suivante:Rédaction Bilan, Gaspi d’or, rue des rois 11,1204 Genève ou par mail à [email protected] gaspillage le plus choquant se verra remettre le prix du Gaspi d’or.

RECTIFICATIFSBilan N°14 du 22 août 2012. Le Top secret sur «Les stars de la chanson peinent à remplir les stades» parlait de 22 000 places vendues pour le concert de Johnny Hallyday à Genève, alors qu’il a en réalité écoulé 28 000 billets. Par ail-leurs, dans notre enquête sur «La traque aux employés de banque», ce n’est pas la Banque Cantonale de Bâle-Campagne qui a livré des informations aux autorités américaines, mais bien la Banque Cantonale de Bâle-Ville.

UN QUIZ RÉUSSIA propos du quiz de l’été (Bilan 13 du 4 juillet

2012). Je tiens à féliciter les concepteurs du quiz de l’été et à les remercier de m’avoir tenu en haleine pendant de nombreuses heures (si, si!). C’est ce qu’on appelle «se prendre au jeu», et c’est ma foi bien agréable. Grâce à vous, j’ai appris énormément de choses. Une remarque concernant la question «A quelle date remonte la dernière dévaluation du franc?». Vous eussiez pu mentionner 2011 comme date de dernière dévaluation. Même s’il n’en porte pas le nom, l’arrimage du cours de l’euro à la barre de 1,20 franc constitue de fait une dévaluation de notre monnaie. Mais c’est bien en 1936 que la Banque nationale a officiellement dévalué notre franc pour la dernière fois. – Pierre-Alain Rime

ET LES APPRENTIS?A propos de l’interview de Pierre-Olivier Chave

(Bilan 14 du 22 août 2012). Au niveau du re-crutement, le fondateur de PX Group ne parle pas de la formation des apprentis. Si chaque entreprise de l’arc jurassien formait 10% de son effectif de production, cela comblerait le manque de main-d’œuvre.

– Jorge Manuel Fernandes

Les pommiers ne grimpent pas au ciel

La guerre des brevets entre Apple, l’entreprise à la plus grande capitalisa-tion boursière du monde, et Samsung, celle qui a le plus grand chiffre d’af-faires, s’est conclue sur la victoire provisoire de la première. Passons sur la compétence discutable d’un jury de neuf citoyens

californiens pour évaluer des technologies aussi sophistiquées – Samsung va de toute façon faire appel – pour tenter de cerner les conséquences financières de cette condamnation.A court terme, la firme à la pomme encaisserait l’amende d’un milliard infligée à son concurrent et pourrait surtout l’empêcher de vendre certains smartphones aux Etats-Unis. Le titre Samsung a immédiatement perdu près de 10% tandis que celui d’Apple gagnait encore 2% pour atteindre le record de 633 milliards de valeur en bourse (100 milliards de plus que le PIB de la Suisse!). Les analystes de banque comme Morgan Stanley évoquent la barre du trillion (mille milliards) de dollars. Désolé, mais les arbres, même les pommiers, ne grimpent pas jusqu’au ciel. Le tribunal n’est pas le marché. Avec 246 millions (en juillet dernier) de smartphones vendus, Samsung commençait à combler son retard sur Apple (253 millions). Et l’interdiction de vendre certains modèles aux Etats-Unis ne concernerait pas le modèle phare du coréen, le Galaxy S3, qui a déjà converti une clientèle jeune à laquelle les problèmes d’autono-mie de l’iPhone 4S n’avaient pas échappé. A moyen terme, l’agressivité d’Apple à défendre ses brevets est aussi de nature à forcer ses concurrents à innover radicalement plutôt qu’à suivre. C’est dangereux pour une firme désor-mais privée du flair de son fondateur Steve Jobs. L’iPhone 5, qui arrive, devrait prolonger encore un peu le momentum de l’action Apple. Mais le risque est encore plus grand qu’une décep-

tion ne provoque une gigantesque prise de bénéfice. Conclusion? Vendre, comme on ne le dit presque jamais dans les notes d’analyse financière.

ÉCRIVEZ-NOUSBilan, rue des Rois 11, 1204 Genève. Ou par e-mail à [email protected]

«C’est dangereux pour

Apple, désormaisprivée du flair

de Steve Jobs»

FABRICE DELAYEJournaliste

CommentaireOpinionOPINIONCOMMENTAIRE

52 BILAN 5 septembre 2012

Page 53: BILAN

SUR LE MUR DE BILANPH

OTO

S: D

R

Les Suisses: un peuple de trouillards

Pascal Dans notre dernier entretien, vous évoquiez à juste titre la paupérisation des classes moyennes. De fait, en Suisse, comment voulez-vous qu’il nous reste grand-chose, une fois que nous avons payé la somme colossale d’assurances dans lesquelles nous sommes engagés? A commencer, bien sûr, par les primes maladie. Osons la question: les Suisses ne sont-ils pas surassurés? Un peuple frileux, timoré, comme si les années difficiles (notre prospérité ne date que de l’après-guerre) mena-çaient de revenir. Assurancetourix aurait aimé ça

Pierre-Marcel Vous avez bien entendu raison, nous sommes couverts de polices d’assurance. Mais cela fait intimement partie de notre «culture». Cela s’explique par notre comportement. Et bien entendu, les sommes qu’il nous faut sortir pour se protéger de la maladie sont de plus en plus effarantes. Nous sommes aussi les cham-pions des coûts hospitaliers, des prix astronomiques des médicaments, etc. Comment changer cela? Je crains que ce ne soit complètement impossible. Pascal Les organisations de consommateurs peuvent et doivent faire plus et mieux pour nous aider. Vous, moi, l’immense majorité de nos lecteurs aussi, ne pre-nons pas assez la peine de faire un bilan annuel de nos portefeuilles d’assurances. On y découvrirait des excès, des doublons, de parfaites inutilités. Nous sommes beaucoup trop timorés, aussi, face aux assureurs, dans la négociation des contrats. La plupart du temps, nous signons n’importe quoi, les yeux fermés. Pierre-Marcel Tout à fait. Nous sommes parfois capables de marchander un achat, mais nous ne faisons guère de comparaisons pour les polices d’assurance qui nous «plombent». Patrick Fischer aurait aimé ça

Pascal En matière d’assurance-maladie, on connaît le combat d’un Mauro Poggia, à la fois avocat et conseiller national. Mais dans les autres secteurs, très peu de voix, juridiques ou politiques, s’élèvent pour informer ou défendre le consommateur. Résultat: je voudrais savoir combien de milliards, chaque année, sont dépensés en pure perte par les Suisses. Pour des polices totalement

inutiles, signées un jour face à un vendeur doué, juste par un mélange de peur et de négligence. Hallucinant. Pierre-Marcel J’abonde. La grande question en corol-laire est l’appréciation des risques. L’audace, qui permet d’entreprendre, alors que nos réflexes consistent à être assurés toujours et pour tout, fait défaut, ne permet plus assez de se lancer dans les affaires, l’innovation. Ainsi nous avons en Suisse un des plus faibles taux de proprié-taires du monde. Cela fait aussi partie de nos peurs. Pascal Sauf en Valais! Mais les gens y deviennent pro-priétaires pour assurer leurs vieux jours, ce qui ne nous sort guère de ce sortilège de peur que vous évoquiez, et qui est à la base de tout. Ce peuple suisse, naguère si inventif (XIXe siècle), serait-il devenu un repaire de trouillards? Pierre-Marcel Nous ne cessons de nous vanter parce que nous résistons à la crise mieux que les autres. Mais, en vérité, pour combien de temps? Notre relative prospé-rité nous endort, alors qu’il nous faut absolument, plus que jamais, nous mettre en dispositif d’alerte! Pascal Les générations d’après-guerre ont grandi dans l’idée trompeuse que la prospérité suisse était acquise. Elles n’ont pas eu à se battre pour la conquérir! Elles sont incapables d’imaginer que ce bien-être est le fruit d’un immense effort. Mitt Romney aurait aimé ça

Pierre-Marcel On ne doit jamais être content de son sort. L’esprit d’entreprise est une remise en question permanente. Nicolas Hayek aurait aimé ça

Pascal Cette nécessaire insatisfaction, ce combat contre les habitudes devraient être enseignés dans les écoles.

Mel Gibson aurait aimé ça

Pierre-Marcel L’école? On ne peut guère compter sur elle pour ce type de démarche. On en est plutôt au laxisme tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, plutôt qu’à l’esprit combatif, indispensable à la survie, dans un contexte toujours plus, hélas ou non, compétitif. Xavier Comtesse aurait aimé ça

PIERRE-MARCEL FAVREEditeur

PASCAL DÉCAILLETJournaliste

Note: les personnes citées sous la rubrique «j’aime» ont été choisies par la rédaction sans être consultées.

5 septembre 2012 BILAN 53

Page 54: BILAN

PHO

TO:

TETR

A IM

AGES

/CO

RBIS

John Tendon: «Les investissements alternatifs peuvent aider les caisses de pension» PAGE 64

Finance

Nos conseils pour investir> 2e pilier: l’heure est plus aux rachats qu’aux retraits P 56

> Les meilleurs fonds actions et leurs tarifs P 58

> Miser sur le come-back énergétique de l’Amérique P 60

> L’Afrique, nouvelle frontière de l’investissement P 62

> Choisir son courtier en ligne P 63

Page 55: BILAN

PHO

TO:

TETR

A IM

AGES

/CO

RBIS

John Tendon: «Les investissements alternatifs peuvent aider les caisses de pension» PAGE 64

Finance

Nos conseils pour investir> 2e pilier: l’heure est plus aux rachats qu’aux retraits P 56

> Les meilleurs fonds actions et leurs tarifs P 58

> Miser sur le come-back énergétique de l’Amérique P 60

> L’Afrique, nouvelle frontière de l’investissement P 62

> Choisir son courtier en ligne P 63

Page 56: BILAN

parce que l’impôt est progressif, c’est-à-dire que les déductions fiscales sont parti-culièrement avantageuses pour les tranches de revenus les plus hautes. Par exemple, un rachat de 100 000 francs étalés sur cinq ans à raison de 20 000 francs par an, pour un revenu imposable de 150 000 francs par an, permettrait une économie fiscale net-tement plus élevée que si les 100 000 francs étaient rachetés d’un coup.

Toujours en primauté de cotisations, il peut être intéressant de repousser le plus tard possible les rachats éventuels, surtout si l’institution de prévoyance n’assure que des rendements très faibles. Il pourrait en effet s’avérer plus judicieux d’investir entre-temps sur d’autres instruments financiers, et de procéder aux rachats quelques années avant le départ en retraite. Mais, dans ce cas, pour ceux qui voudraient retirer leur capital, il faudra impérativement effectuer ces rachats au moins trois ans avant cette

La nouvelle est tombée à la fin du printemps, sans crier gare: depuis le 1er juin dernier, les preneurs de crédits hypothécaires doivent, d’une part, fournir au moins 10% de fonds propres qui ne proviennent pas de la mise en gage ou d’un retrait anticipé des avoirs de prévoyance au titre du 2e pilier; d’autre part, la dette hypothécaire devra être amortie de manière à ce qu’elle ne représente plus que deux tiers de la valeur de nantissement de l’immeuble sur une durée maximale de vingt ans.Si la limitation du retrait ou la mise en gage de son 2e pilier va sans doute restreindre la sortie de capitaux des caisses de pension au titre de l’accession à propriété immo-bilière, il ne s’agit en fait que d’un effet indirect. Comme l’indique la Finma, cette décision réduit le risque que les candidats aux moyens modestes mettent «en danger leur capital de prévoyance et donc leur propre rente».C’est un avis que partage Roland Bron: «Nous avons toujours été relativement pru-dents avec les recommandations de prise de son capital de 2e pilier pour l’accession à la propriété. En effet, l’idée à la base est de compenser le trou dans sa prévoyance causé par l’exécution d’un plan d’épargne et de reconstituer son avoir de vieillesse. Or la réalité montre que ce n’est généralement pas le cas, entraînant des problèmes pour l’assuré au moment où il arrive en retraite.»Allant dans le même sens, Albert Gallegos déconseillait l’usage des fonds de son 2e pilier dans ce but depuis longtemps, d’autant plus avec des taux d’intérêt très bas et des prix de l’immobilier qui sont très élevés. En effet, explique le spécialiste: «Si vous videz votre caisse de pension pour acquérir un bien immobilier, vous êtes exposé à un retournement de marché. Si, pour votre malheur, vous êtes victime d’un accident professionnel ou personnel et que vous soyez obligé de vendre à ce moment-là, vous risquez de perdre ce que vous aviez sorti de votre 2e pilier. Vous seriez alors doublement pénalisé.»

L’accession à la propriété limitéeDe nouvelles règles restreignent le retrait ou la mise en gage de son 2e pilier.

échéance, sinon ces fonds pourraient être bloqués et ne plus pouvoir être retirés, selon un récent arrêt du Tribunal fédéral.

Une autre question est de savoir s’il faut racheter la totalité de ses lacunes de cotisa-tions si on en a les moyens. Pas forcément, comme l’explique Albert Gallegos: «Il faut partir du principe qu’il faut racheter le montant nécessaire pour la rente que l’on souhaite recevoir à la retraite. Si l’assuré dispose d’un plafond de rachat plus impor-tant, il doit réfléchir comme un investis-

seur, en comparant les rendements, pour autant qu’il puisse retirer son capital à l’échéance.» B

* Auteur de «Comment financer ses projets de vie et se préparer une belle retraite»

PRÉVOYANCEUtiliser les fonds de son 2e pilier

pour accéder à la propriété peut parfois

être déconseillé.nelle? «Tout d’abord, rappelle notre inter-locuteur, il n’y a pas un 2e pilier en Suisse, mais des centaines de caisses de pension, à la situation très différente. Il faut donc juger au cas par cas. Par ailleurs, la situa-tion globale n’est pas si mauvaise, puisque le taux moyen de couverture est toujours supérieur à 100%. Pour les caisses en défi-cit, nous recommandons la prudence. Si le taux de couverture s’avère inférieur à 95%, un rachat n’est pas conseillé.»

En effet, dans ce cas, les mesures d’assai-nissement qui seraient sans doute prises pourraient consister en une rémunération abaissée, voire nulle, de l’avoir de vieillesse. Il serait donc judicieux de chercher d’autres alternatives de placement en attendant le redressement des comptes de la caisse. Par exemple sous la forme d’un 3e pilier lié.

Mais on ne peut évidemment pas se limi-ter au critère du taux de couverture. Il faut également prendre en compte le niveau de la réserve de fluctuation de valeurs, qui doit servir de coussin en cas de chute des inves-tissements risqués. Pour les caisses qui

«Beaucoup de gens se posent des questions au sujet du 2e pilier», recon-naît Roland Bron, direc-teur de VZ Vermögens-

zentrum Suisse romande. Et la décision de la Finma (lire encadré ci-contre) n’est pas venue rassurer les personnes les plus soucieuses de l’avenir de leur prévoyance. Dans cette perspective, certains craignent de procéder à des rachats quand ils en ont la possibilité. Mais il va falloir bientôt prendre une décision, car «les montants rachetés ne sont parfois pas rémunérés durant l’année: les assurés ont donc intérêt à procéder à cette opération en fin d’année».

JUGER AU CAS PAR CASEn principe, les rachats d’années sont tou-jours recommandés en raison des avantages fiscaux qui leur sont liés, à savoir la déduc-tion fiscale pleine et entière de leur mon-tant. Mais cette opération n’est-elle pas ris-quée en raison des turbulences que traverse actuellement la prévoyance profession-

prennent le plus de risque, le taux de cou-verture doit donc être plus élevé que pour celles qui sont plus prudentes.

Outre ces indicateurs, il faut aussi consi-dérer la structure de l’institution de pré-voyance, ajoute Roland Bron: «La réparti-tion entre personnes actives et retraitées est importante pour évaluer la capacité d’une caisse en déficit à faire remonter son taux de couverture.» En d’autres termes, une caisse qui compte une proportion élevée de retraités, et dont les rentes sont donc fixées jusqu’à leur décès, aura beaucoup de peine à redresser la situation.

PRIMAUTÉ DE COTISATIONS OU DE PRESTATIONSSi les rachats s’avèrent justifiés, encore faut-il choisir le bon échéancier. Mais, au-paravant, il faut distinguer entre primauté de prestations et primauté de cotisations. On rappellera qu’en primauté de presta-tions, la rente est fixée par un taux de pour-centage du dernier salaire, tandis qu’en pri-mauté de cotisations, elle sera calculée par l’accumulation des cotisations et du rende-ment des capitaux.

La différence entre les deux systèmes est cruciale en cas de rachat, explique Albert Gallegos, responsable du conseil patrimo-nial et prévoyance de la Banque Cantonale de Genève: «Les lacunes de cotisations dans les caisses en primauté de prestations deviennent de plus en plus coûteuses au fil du temps, contrairement à celles des caisses en primauté de cotisations. Ce qui s’ex-plique par le fait que la part de rente à rache-ter est définie à l’avance pour le moment du départ en retraite. Ainsi, plus la retraite est éloignée, moins les montants à verser sont élevés. Les assurés dans les caisses à pri-mauté de prestations ont donc avantage à combler leurs lacunes rapidement.»

Il en va différemment dans les caisses à primauté de cotisations, poursuit notre in-terlocuteur: «Le montant racheté est crédi-té sur l’avoir de vieillesse: le coût à la charge de l’assuré est donc identique quel que soit son âge. Mais, évidemment, l’impact des intérêts composés sur ces rachats sera d’autant plus grand qu’ils auront été effec-tués en début plutôt qu’en fin de carrière.»

CALENDRIER DE L’ASSURÉLe principe de base est d’éviter des rachats massifs en une seule fois, mais plutôt de les échelonner sur plusieurs années. Non seulement parce que le versement pourrait dépasser le revenu imposable, mais aussi PH

OTO

: ST

EFFE

N S

CH

MID

T/KE

YSTO

NE

ÉVOLUTION DES TAUX DE COUVERTURE PONDÉRÉS

2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 03/2012 06/2012

115%

110%

105%

100%

95%

90%

85%

80%

75%

70%

Ensemble des caissesCaisses de droit public, capitalisation partielleCaisses de droit privé

Caisses de droit publicCaisses de droit public, capitalisation totale

En fonction de la fortune, de 2004 à juin 2012

110.1

101.7

93.1

71.5

88.6

95.3 96.7

104.8

97.1

102.8

72.8

Source: Swisscanto

PLACEMENTS

Faut-il encore procéder à des rachats de son 2e pilier?Les caisses de pension connaissent une période de turbulences. Racheter des années, pour ceux qui en ont les moyens, reste souvent avantageux, mais à certaines conditions. PAR PIERRE NOVELLO*

FinanceConseils

56 BILAN 5 septembre 2012

Page 57: BILAN

parce que l’impôt est progressif, c’est-à-dire que les déductions fiscales sont parti-culièrement avantageuses pour les tranches de revenus les plus hautes. Par exemple, un rachat de 100 000 francs étalés sur cinq ans à raison de 20 000 francs par an, pour un revenu imposable de 150 000 francs par an, permettrait une économie fiscale net-tement plus élevée que si les 100 000 francs étaient rachetés d’un coup.

Toujours en primauté de cotisations, il peut être intéressant de repousser le plus tard possible les rachats éventuels, surtout si l’institution de prévoyance n’assure que des rendements très faibles. Il pourrait en effet s’avérer plus judicieux d’investir entre-temps sur d’autres instruments financiers, et de procéder aux rachats quelques années avant le départ en retraite. Mais, dans ce cas, pour ceux qui voudraient retirer leur capital, il faudra impérativement effectuer ces rachats au moins trois ans avant cette

La nouvelle est tombée à la fin du printemps, sans crier gare: depuis le 1er juin dernier, les preneurs de crédits hypothécaires doivent, d’une part, fournir au moins 10% de fonds propres qui ne proviennent pas de la mise en gage ou d’un retrait anticipé des avoirs de prévoyance au titre du 2e pilier; d’autre part, la dette hypothécaire devra être amortie de manière à ce qu’elle ne représente plus que deux tiers de la valeur de nantissement de l’immeuble sur une durée maximale de vingt ans.Si la limitation du retrait ou la mise en gage de son 2e pilier va sans doute restreindre la sortie de capitaux des caisses de pension au titre de l’accession à propriété immo-bilière, il ne s’agit en fait que d’un effet indirect. Comme l’indique la Finma, cette décision réduit le risque que les candidats aux moyens modestes mettent «en danger leur capital de prévoyance et donc leur propre rente».C’est un avis que partage Roland Bron: «Nous avons toujours été relativement pru-dents avec les recommandations de prise de son capital de 2e pilier pour l’accession à la propriété. En effet, l’idée à la base est de compenser le trou dans sa prévoyance causé par l’exécution d’un plan d’épargne et de reconstituer son avoir de vieillesse. Or la réalité montre que ce n’est généralement pas le cas, entraînant des problèmes pour l’assuré au moment où il arrive en retraite.»Allant dans le même sens, Albert Gallegos déconseillait l’usage des fonds de son 2e pilier dans ce but depuis longtemps, d’autant plus avec des taux d’intérêt très bas et des prix de l’immobilier qui sont très élevés. En effet, explique le spécialiste: «Si vous videz votre caisse de pension pour acquérir un bien immobilier, vous êtes exposé à un retournement de marché. Si, pour votre malheur, vous êtes victime d’un accident professionnel ou personnel et que vous soyez obligé de vendre à ce moment-là, vous risquez de perdre ce que vous aviez sorti de votre 2e pilier. Vous seriez alors doublement pénalisé.»

L’accession à la propriété limitéeDe nouvelles règles restreignent le retrait ou la mise en gage de son 2e pilier.

échéance, sinon ces fonds pourraient être bloqués et ne plus pouvoir être retirés, selon un récent arrêt du Tribunal fédéral.

Une autre question est de savoir s’il faut racheter la totalité de ses lacunes de cotisa-tions si on en a les moyens. Pas forcément, comme l’explique Albert Gallegos: «Il faut partir du principe qu’il faut racheter le montant nécessaire pour la rente que l’on souhaite recevoir à la retraite. Si l’assuré dispose d’un plafond de rachat plus impor-tant, il doit réfléchir comme un investis-

seur, en comparant les rendements, pour autant qu’il puisse retirer son capital à l’échéance.» B

* Auteur de «Comment financer ses projets de vie et se préparer une belle retraite»

PRÉVOYANCEUtiliser les fonds de son 2e pilier

pour accéder à la propriété peut parfois

être déconseillé.

5 septembre 2012 BILAN 57

Page 58: BILAN

d’Asie, d’Amérique latine, d’Eu-rope de l’Est et d’Afrique. Leurs frais (TER) respectifs s’élèvent à 1,87 et 2,47%.

MORNINGSTARParmi les fonds ayant affiché un profil de risque favorable durant ces trois dernières années, par-ticulièrement turbulentes, la so-ciété indépendante de recherche en investissement classe en bonne position l’Amundi Inter-national Sicav. Plus volatil, mais pour cette même raison suscep-tible de délivrer des rendements plus élevés, le M&G Global Divi-dend est lui aussi bien classé. A noter toutefois des frais plus élevés dans le premier cas, avec un TER de 3,98% contre 1,68% dans le deuxième.

Membre de l’équipe de re-cherche européenne chez Mor-ningstar, Ali Masarwah cite par-mi d’autres exemples de fonds performants, également dispo-

nibles à la vente en Suisse et dis-posant d’un TER inférieur à 2%, Veritas Global Focus, DWS Top Dividende et BL Global Equities (Banque de Luxembourg).

SWISSCANTOChez Swisscanto, on recom-mande également deux produits phares: l’Equity Fund Selection International B (TER 1,85%), pri-mé en 2011 par Morningstar en tant que meilleur fonds «d’ac-tions valeur standard mondiale» et le SmartCore Global Equity B (TER 0,70%), qui est un fonds passif (il se réfère à des indices et n’est pas géré par un gérant, d’où les frais nettement réduits). Lancé cette année au mois de juin, il ne dispose pas encore de classement ou de récompense. Sa valeur définitive sera publiée après le premier bilan de clôture du fonds.

A noter que le premier fonds s’adresse en priorité à des in-

vestisseurs disposant d’un horizon de pla-cement à long terme et prêts à accepter des volatilités importantes et des écarts consé-quents avec l’indice de référence. Avec la possibilité, en contrepartie, de surperformer ce même indice sur le long terme, souligne Swisscanto. Un rappel important puisque, en matière d’appréciation générale des mar-chés, l’entreprise collective des 24 banques cantonales helvétiques estime que la Suisse devrait subir les conséquences de l’affai-blissement de la conjoncture mondiale. Le risque d’une correction dans les prochaines semaines est donc à craindre, selon elle.

C’est pourquoi la prudence reste de mise. La Banque Sarasin table dans l’immédiat non pas sur une reprise cyclique, mais sur un «nouvel accès de faiblesse», le ralen-tissement de la croissance n’affectant pas seulement les Etats-Unis, mais le monde dans son ensemble, Chine, Brésil, Inde et Corée compris. Raison pour laquelle elle conseille de miser sur la sécurité et de cou-vrir les positions en actions. Car la situation paradoxale actuelle d’une hausse des cours des actions et d’une baisse des statistiques économiques ne saurait durer. B

BBBBBBBPERFORMANCESDes fonds mentionnés (au 31.07.12)9,38%Amundi International Sicav.14,75%M&G Global Dividend.10,06%Veritas Global Focus.9.86%DWS Top Dividende.11,67%BL- Global Equities.17,45%CS Equity Fund Global Prestige.8,55%Credit Suisse Equity Fund Global Security.8,11%CS SICAV One Global Equity Dividend Plus.14,15%UBS Equity Fund - Global Opportunity P (au 29.08.12).

ÉVOLUTION DES ACTIONS SUISSES, EUROPÉENNES ET AMÉRICAINES

-44.14 -62.08 -20.36

-7.09

6.19

19.46

32.73

-52.59

-43.11

-33.63

-24.15

-14.67

-5.19

4.29

-28.18

-12.22

3.74

19.70

35.66

51.6285.55

99.10

72.55

59.28

46.01

20121998 20122000 20122002Source: Swissquote

Performances historiques en %

INDICE SMI INDICE EURONEXT100

INDICE DOW JONES

PLACEMENTS

Zoom sur les fonds en actions les plus performants

Après des mois de tumultes, les marchés d’actions peuvent à nouveau souffler. Depuis le plus bas niveau atteint au début du mois de juin, les

principaux indices ont repris des couleurs et progressé de 10 à 15%. Selon une analyse récente de la Banque Sarasin, cette hausse des cours a accompagné une remontée du moral des investisseurs, grâce notamment aux annonces calmantes des banques cen-trales concernant les risques d’escalade de la crise de la dette dans la zone euro.

Cependant, tous les dangers ne sont pas suspendus: les soucis budgétaires des Etats-Unis et le repli de croissance en Chine comptent parmi les facteurs de risques préoccupants ces dernières semaines. Reste que les investisseurs se montrent plutôt optimistes. La Banque Sarasin constate par ailleurs une surpon-dération en actions auprès des gérants de fortune mondiaux. Dans ce contexte, quels fonds de placement en actions glo-bales offrent les meilleures performances pour un investisseur au profil de risque moyen?

CREDIT SUISSE La banque recommande trois produits. L’Equity Fund Global Prestige présente des frais (Total Expense Ratio) de 2,16%. Il investit dans des sociétés ayant des acti-vités dans la production, la distribution ou la vente de produits et de services de luxe (joaillerie, montres, mode, automobile, cos-métiques, spiritueux ou hôtels).

L’Equity Fund Global Security (TER de 2,18%) cible des actions internationales, principalement dans les secteurs de l’infor-matique, de la santé et de l’industrie, ainsi que dans les produits et services relatifs à la sécurité sanitaire et environnementale, la sécurité routière ou la prévention de la cri-minalité.

Enfin, le SICAV One Global Equity Divi-dend Plus (TER 1,86%) investit dans un por-tefeuille largement diversifié à l’échelle mon-diale susceptible de générer, selon la banque, un rendement supérieur à la moyenne.

UBS Pour sa part, UBS met en avant son Equity Fund – Global Opportunity P (TER 2,04%). Cette catégorie de fonds considère en prio-

rité trois sources de création de valeur: les grandes capitalisations vedettes, les PME et une exposition flexible au marché des actions grâce à l’utilisation de produits déri-vés. Les gérants peuvent allouer les actifs se-lon leurs souhaits afin d’exploiter au mieux les potentialités du marché, notamment au travers d’un choix stratégique d’investisse-ments dans les petites et moyennes valeurs.

Comme pour tous les produits qui inves-tissent dans des actions, les fluctuations de valeur peuvent être importantes. C’est pourquoi la banque recommande aux inves-tisseurs potentiels de disposer d’un horizon de placement de cinq ans au minimum et de présenter une propension au risque et une capacité de risque adéquates.

Gestionnaire de portefeuille chez UBS Global Asset Management, Max Anderl reste «prudemment optimiste» en matière d’actions mondiales: «Nous préférons res-ter prudents vis-à-vis des actions amé-ricaines. Selon nous, la crise européenne devrait par ailleurs se poursuivre. C’est pourquoi, en raison de leur politique moné-taire indépendante, nous préférons privi-légier des pays comme le Royaume-Uni et le Japon. Enfin, d’un point de vue sectoriel, nous mettons l’accent sur l’informatique et la santé plutôt que sur le secteur industriel et les télécommunications.»

SARASINLa banque propose deux fonds intéressants: l’EquiSar – International Income lancé en octobre 2010 et l’EmergingSar – Global. Le premier propose un portefeuille d’actions internationales diversifié et cible exclusive-ment les entreprises versant un dividende. Le second investit dans les pays émergents

Les principales agences présentent, pour Bilan, les produits ayant a� ché les meilleurs résultats. Panorama. PAR WILLIAM TÜRLER

PHO

TO:

KEYS

TON

E

FinanceConseils

58 BILAN 5 septembre 2012

Page 59: BILAN

d’Asie, d’Amérique latine, d’Eu-rope de l’Est et d’Afrique. Leurs frais (TER) respectifs s’élèvent à 1,87 et 2,47%.

MORNINGSTARParmi les fonds ayant affiché un profil de risque favorable durant ces trois dernières années, par-ticulièrement turbulentes, la so-ciété indépendante de recherche en investissement classe en bonne position l’Amundi Inter-national Sicav. Plus volatil, mais pour cette même raison suscep-tible de délivrer des rendements plus élevés, le M&G Global Divi-dend est lui aussi bien classé. A noter toutefois des frais plus élevés dans le premier cas, avec un TER de 3,98% contre 1,68% dans le deuxième.

Membre de l’équipe de re-cherche européenne chez Mor-ningstar, Ali Masarwah cite par-mi d’autres exemples de fonds performants, également dispo-

nibles à la vente en Suisse et dis-posant d’un TER inférieur à 2%, Veritas Global Focus, DWS Top Dividende et BL Global Equities (Banque de Luxembourg).

SWISSCANTOChez Swisscanto, on recom-mande également deux produits phares: l’Equity Fund Selection International B (TER 1,85%), pri-mé en 2011 par Morningstar en tant que meilleur fonds «d’ac-tions valeur standard mondiale» et le SmartCore Global Equity B (TER 0,70%), qui est un fonds passif (il se réfère à des indices et n’est pas géré par un gérant, d’où les frais nettement réduits). Lancé cette année au mois de juin, il ne dispose pas encore de classement ou de récompense. Sa valeur définitive sera publiée après le premier bilan de clôture du fonds.

A noter que le premier fonds s’adresse en priorité à des in-

vestisseurs disposant d’un horizon de pla-cement à long terme et prêts à accepter des volatilités importantes et des écarts consé-quents avec l’indice de référence. Avec la possibilité, en contrepartie, de surperformer ce même indice sur le long terme, souligne Swisscanto. Un rappel important puisque, en matière d’appréciation générale des mar-chés, l’entreprise collective des 24 banques cantonales helvétiques estime que la Suisse devrait subir les conséquences de l’affai-blissement de la conjoncture mondiale. Le risque d’une correction dans les prochaines semaines est donc à craindre, selon elle.

C’est pourquoi la prudence reste de mise. La Banque Sarasin table dans l’immédiat non pas sur une reprise cyclique, mais sur un «nouvel accès de faiblesse», le ralen-tissement de la croissance n’affectant pas seulement les Etats-Unis, mais le monde dans son ensemble, Chine, Brésil, Inde et Corée compris. Raison pour laquelle elle conseille de miser sur la sécurité et de cou-vrir les positions en actions. Car la situation paradoxale actuelle d’une hausse des cours des actions et d’une baisse des statistiques économiques ne saurait durer. B

BBBBBBBPERFORMANCESDes fonds mentionnés (au 31.07.12)9,38%Amundi International Sicav.14,75%M&G Global Dividend.10,06%Veritas Global Focus.9.86%DWS Top Dividende.11,67%BL- Global Equities.17,45%CS Equity Fund Global Prestige.8,55%Credit Suisse Equity Fund Global Security.8,11%CS SICAV One Global Equity Dividend Plus.14,15%UBS Equity Fund - Global Opportunity P (au 29.08.12).

Page 60: BILAN

comme la performancebleu> Plus de 170’000 téléspectateurs uniques par semaine

> Taux de notoriété proche de 100%

> Diffusion au cœur du Grand Genève

Pour communiquer sur Léman Bleu, contactez-nous :

022 869 20 50 - [email protected] w w . l e m a n p u b . c h

91_7878_lemanbleu_bilan_213x137.indd 1 12.06.12 12:41

moment opportun d’investir.»Adrian Day, patron d’Adrian Day Mana-

gement à Annapolis, dans le Maryland, par-tage cet avis: «Il faut faire preuve de pru-dence dans ce domaine énergétique, mais je pense que c’est le moment d’investir, car les prix sont bas.» Le gestionnaire évite les placements dans les grands groupes éner-gétiques comme Exxon et Chevron en rai-son de leur structure de coûts notamment. «Exxon reste un placement sûr, mais il n’offre pas les perspectives d’une compa-

gnie comme Devon Energy.» Cette der-nière est l’un des principaux acteurs dans l’extraction du gaz de schiste, tout en tirant une partie importante de ses revenus du pétrole. Autres bénéficiaires du come-back énergétique des Etats-Unis, selon Adrian Day: les compagnies de pipelines, dont Williams Companies.

Parmi les fonds qui parient dans ce sec-teur, on retrouve FBR Gas Utility Index Fund et Vanguard Energy Fund. Le fonds Integrity Williston Basin concentre ses investissements sur les réserves pétro-lières et de gaz de Williston dans le Dakota du Nord et du Sud ainsi que dans le Mon-tana. Selon Lipper, une société du groupe Thomson Reuters qui traque la perfor-mance des fonds, l’Integrity Williston Ba-sin Fund fait partie, aux côtés d’Icon Ener-gy et Ivy Energy, des fonds spécialisés dans les ressources naturelles qui ont enregistré la meilleure performance sur ces cinq der-nières années.

DEUX FACTEURS D’INCERTITUDE«Dans le domaine du gaz de schiste, il est clair que les Etats-Unis mènent le bal et

que les autres pays bénéficient du savoir-faire américain, précise André Frick. Mais quand il s’agit d’investir, il faut bien étu-dier les différents bassins miniers, car tous n’ont pas le même potentiel.» Adrian Day relève deux facteurs d’incertitude pour les investisseurs: la controverse environne-mentale autour de la fracturation du gaz de schiste et le poids toujours plus important des régulations outre-Atlantique: «Cela n’a pas commencé pendant la présidence de Barack Obama, mais ça s’est accéléré ces dernières années.»

Le 23 août dernier, Mitt Romney a pré-senté son programme pour faire des Etats-Unis une nation indépendante au niveau énergétique d’ici à 2020. L’ouverture de nouveaux forages pétroliers et l’allége-ment des régulations sont au cœur de ses propositions. «Il est évident qu’une admi-nistration républicaine serait plus favo-rable aux compagnies pétrolières et de gaz, conclut Adrian Day. Mais je ne pense pas que l’élection présidentielle américaine de novembre bouleversera fondamentalement les perspectives d’investissement dans ce domaine.» B

COURS DE L’INDICE S&P 500

Source: Bloomberg

500

750

1000

1250

1500

1750

L’ÉCONOMIE AMÉRICAINE SUR LE CHEMIN DU REBOND?

20122002

PLACEMENTS

Aux Etats-Unis, c’est le moment d’investir dans l’énergie

Un café gratuit pour promou-voir du gaz naturel pour véhi-cules. C’est l’idée qu’a eue la semaine dernière une coalition de conglomérats énergétiques,

dont fait partie Chesapeake Energy, pour courtiser militants et élus conservateurs présents à la Convention républicaine de Tampa, en Floride. Présenté comme une alternative à l’essence, ce carburant doit permettre aux producteurs américains de gaz naturel d’écouler une partie d’une production actuellement en plein boom outre-Atlantique. Selon l’Energy Infor-mation Administration, une agence gou-vernementale américaine, les Etats-Unis

devraient être en mesure de ne plus impor-ter de gaz naturel d’ici à 2020.

Cette renaissance énergétique améri-caine s’est accélérée ces dernières années avec l’extraction du gaz de schiste, un gaz dont l’exploitation a été considérée comme dangereuse la semaine dernière par 2500  médecins de l’Association santé environnement en France. Aux Etats-Unis, l’approche est radicalement différente. Selon une récente étude de l’agence AP, le gaz de schiste a rapporté 3,5  milliards de dollars de revenus en 2011 rien qu’en Pennsylvanie.

Ainsi, dans cet Etat, à Williamsport, petite ville au cœur du bassin minier du Marcel-lus, le come-back énergétique de l’Amé-rique est évident. Six nouveaux hôtels ont vu le jour et une centaine de compagnies se sont récemment installées dans la cité qui vit au rythme de Chesapeake Energy.

L’intérêt des Etats-Unis pour le gaz de schiste ne suffit pas à faire de compagnies comme cette dernière des candidates rêvées pour les investisseurs. Pour André Frick, analyste chez Vontobel à Zurich, l’équation est plus compliquée. Vontobel a consti-tué en 2008 Future Resources Strategy, un fonds qui investit dans 50 à 70 compagnies mid cap, spécialisées notamment dans la production de ressources énergétiques non conventionnelles comme le gaz de schiste. «Nous préférons avoir des compagnies comme Southwestern Energy dans notre portfolio, parce qu’elles ont une structure de coûts bien moins importante que Chesa-peake, explique-t-il. Chesapeake a investi 12  milliards de dollars dans certains de ses bassins, mais son cash-flow est bien plus faible. Il est forcé de vendre certaines de ses possessions pour financer sa croissance.»

«LE COURS DES TITRES EST À UN NIVEAU HISTORIQUEMENT BAS»Sam Subramanian, éditeur de la newsletter AlphaProfit ETF and Mutual Fund à Hous-ton, suit de près l’industrie énergétique américaine. Il confirme la complexité d’in-vestir dans les compagnies actives dans la fracturation du gaz de schiste: «La forte production de gaz naturel a fait baisser son prix et l’a rendu moins intéressant pour les investisseurs qui cherchent des retours sur investissement à court terme, souligne-t-il. En revanche, sur le long terme, placer des fonds dans des sociétés comme Che-sapeake Energy a un sens.»

Pour Sam Subramanian, First Trust ISE-Revere Natural Gas Index ETF (FCG) et Fidelity Select Natural Gas (FSNGX) sont des fonds offrant de bonnes pers-pectives aux investisseurs pariant sur le come-back énergétique américain. «Le cours des titres dans ce secteur est à un niveau historiquement bas, écrit John

Dow, gestionnaire du fonds Fidelity Select Energy. Le marché considère que le prix du gaz naturel va res-ter bas et que les conditions vont rester défavorables. Je ne suis pas convaincu que c’est le cas. Cela peut être le

Le pays connaît un fort boom de production de pétrole et de gaz naturel. Mais le secteur reste complexe. PAR JEAN-COSME DELALOYE, NEW YORK

PHO

TO:

GEO

RGE

FREY

/REU

TERS

«Le gaz de schiste a rapporté

3,5 milliards de dollars en 2011 à la Pennsylvanie»

comme la performancebleu> Plus de 170’000 téléspectateurs uniques par semaine

> Taux de notoriété proche de 100%

> Diffusion au cœur du Grand Genève

Pour communiquer sur Léman Bleu, contactez-nous :

022 869 20 50 - [email protected] w w . l e m a n p u b . c h

91_7878_lemanbleu_bilan_213x137.indd 1 12.06.12 12:41

FinanceConseils

COLORADOLes Etats-Unis

devraient être en mesure de ne plus importer de gaz

naturel d’ici à 2020.

60 BILAN 5 septembre 2012

Page 61: BILAN

comme la performancebleu> Plus de 170’000 téléspectateurs uniques par semaine

> Taux de notoriété proche de 100%

> Diffusion au cœur du Grand Genève

Pour communiquer sur Léman Bleu, contactez-nous :

022 869 20 50 - [email protected] w w . l e m a n p u b . c h

91_7878_lemanbleu_bilan_213x137.indd 1 12.06.12 12:41

moment opportun d’investir.»Adrian Day, patron d’Adrian Day Mana-

gement à Annapolis, dans le Maryland, par-tage cet avis: «Il faut faire preuve de pru-dence dans ce domaine énergétique, mais je pense que c’est le moment d’investir, car les prix sont bas.» Le gestionnaire évite les placements dans les grands groupes éner-gétiques comme Exxon et Chevron en rai-son de leur structure de coûts notamment. «Exxon reste un placement sûr, mais il n’offre pas les perspectives d’une compa-

gnie comme Devon Energy.» Cette der-nière est l’un des principaux acteurs dans l’extraction du gaz de schiste, tout en tirant une partie importante de ses revenus du pétrole. Autres bénéficiaires du come-back énergétique des Etats-Unis, selon Adrian Day: les compagnies de pipelines, dont Williams Companies.

Parmi les fonds qui parient dans ce sec-teur, on retrouve FBR Gas Utility Index Fund et Vanguard Energy Fund. Le fonds Integrity Williston Basin concentre ses investissements sur les réserves pétro-lières et de gaz de Williston dans le Dakota du Nord et du Sud ainsi que dans le Mon-tana. Selon Lipper, une société du groupe Thomson Reuters qui traque la perfor-mance des fonds, l’Integrity Williston Ba-sin Fund fait partie, aux côtés d’Icon Ener-gy et Ivy Energy, des fonds spécialisés dans les ressources naturelles qui ont enregistré la meilleure performance sur ces cinq der-nières années.

DEUX FACTEURS D’INCERTITUDE«Dans le domaine du gaz de schiste, il est clair que les Etats-Unis mènent le bal et

que les autres pays bénéficient du savoir-faire américain, précise André Frick. Mais quand il s’agit d’investir, il faut bien étu-dier les différents bassins miniers, car tous n’ont pas le même potentiel.» Adrian Day relève deux facteurs d’incertitude pour les investisseurs: la controverse environne-mentale autour de la fracturation du gaz de schiste et le poids toujours plus important des régulations outre-Atlantique: «Cela n’a pas commencé pendant la présidence de Barack Obama, mais ça s’est accéléré ces dernières années.»

Le 23 août dernier, Mitt Romney a pré-senté son programme pour faire des Etats-Unis une nation indépendante au niveau énergétique d’ici à 2020. L’ouverture de nouveaux forages pétroliers et l’allége-ment des régulations sont au cœur de ses propositions. «Il est évident qu’une admi-nistration républicaine serait plus favo-rable aux compagnies pétrolières et de gaz, conclut Adrian Day. Mais je ne pense pas que l’élection présidentielle américaine de novembre bouleversera fondamentalement les perspectives d’investissement dans ce domaine.» B

COURS DE L’INDICE S&P 500

Source: Bloomberg

500

750

1000

1250

1500

1750

L’ÉCONOMIE AMÉRICAINE SUR LE CHEMIN DU REBOND?

20122002

Page 62: BILAN

PLACEMENTS

Ce qu’il faut savoir pour bien choisir son courtier en ligne

Etablir un comparatif des brokers online relève de la même gageure que de le faire pour une assurance-maladie. Les critères appliqués à la tarification varient énormément

d’un établissement à l’autre. Dans cette liste, on trouve pêle-mêle: la fortune du compte, le nombre d’ordres, le chiffre d’affaires men-suel ou annuel, le montant investi par ordre, la place de bourse, le produit choisi, la mon-naie ou la situation géographique du broker. Le choix du broker dépend donc directement du profil du client.

Cependant, on peut distinguer deux sortes d’offres distinctes: les «pure players» et les banques conventionnelles. Les premiers, nés de la révolution internet, ont une offre géné-ralement exempte de conseils, se livrent une concurrence acharnée en offrant des cour-tages fortement réduits. Les seconds sont en général des banques de tradition, qui ont dû adapter leur offre afin d’éviter les fuites de capitaux vers ces nouveaux acteurs agres-sifs. Dans cette période de crise, il faut gar-der à l’esprit qu’une banque universelle offre aussi des gages de meilleure solidité qu’un broker online dont l’activité est, par défini-

tion, plus risquée. Voici donc une liste non exhaustive de quelques acteurs du secteur avec leurs spécificités.

La première catégorie d’acteurs regroupe les banques traditionnelles, y compris les plus prestigieuses, qui offrent à leur clientèle ce service en plus de leurs services habituels. Leurs tarifs sont généralement un peu plus élevés mais conviennent parfaitement à des profils clients qui ne réalisent que quelques opérations par mois. Les tarifs peuvent être dégressifs suivant la taille du client: vous paierez par exemple 25  francs pour une transaction de 1000 francs, si vous disposez de moins de 10 000 francs sur votre compte. Et on ne vous facturera que 10 francs, pour la même transaction, si vous disposez de plus de 100  000  francs sur votre compte. On y trouve les grandes banques, telles UBS ou Credit Suisse, les banques privées (Baer, Vontobel, etc.) ainsi qu’une bonne partie des banques cantonales (ZKB, BCV, BCBE, etc.)

La deuxième catégorie regroupe des «pure players» dont la taille respectable les propulse au rang de «quasi-banque».

Avec des frais légèrement réduits, ils offrent une palette complète à bons coûts pour des traders qui réalisent plusieurs opérations par semaine. On y trouve, par exemple,www.swissquote.ch (le leader suisse du marché offre une plate-forme complète y compris un accès aux places de bourse plus hermétiques telles que DOTS ou SCOATCH) ou www.saxobank.ch (offre aussi un ser-vice complet avec la possibilité d’ouvrir un compte avec un suivi personnalisé).

La dernière catégorie est constituée d’éta-blissements spécialisés dans le day-tra-ding, avec un courtage fortement réduit (environ 5  francs), qui encourage à multi-plier les allers-retours. On y trouve des ac-teurs ancestraux tels que www.etrade.com, www.schwab.com ou www.boursorama.com. Ces offres sont plutôt réservées aux clients très actifs (plusieurs opérations quo-tidiennes).

D’autres acteurs, comme www.activ-trades.ch ou www.plus500.fr, ne facturent pas de courtage mais l’incluent dans l’écart entre demande et offre. Ces sites visent surtout les day-traders et les scalp-traders qui jouent le marché à très court terme. Ces offres sont généralement spécialisées sur un segment de marché tels les changes ou cer-taines places de bourse comme le Nasdaq.

En conclusion, il convient de bien défi-nir l’usage que l’on veut faire d’un compte online sans avoir peur, au besoin, d’ouvrir plusieurs comptes. Il est conseillé de ne consacrer au courtage en ligne que la partie que l’on juge spéculative de son portefeuille, et de garder son fonds de portefeuille auprès d’établissements traditionnels réputés plus solides pendant les tempêtes boursières. B

Les sites qui facturent les frais de courtage les plus sont bas sont généralement ceux destinés aux traders plus expérimentés. PAR RAPHAËL PRONGUE

COMPLEXELes critères

de tarification varient énormément d’un établissement

à l’autre.

PLACEMENTS

Les actions africaines pourraient doubler sur cinq ans

Alors que les marchés émergents font désormais partie inté-grante des portefeuilles, les in-vestisseurs sont à la recherche de nouveaux horizons de pla-

cement. A cet égard, les actions d’Afrique subsaharienne recèlent un potentiel que l’on ne trouve plus dans les actions des marchés plus sophistiqués. Depuis une dizaine d’an-nées, les économies du continent ont connu une croissance de 5 à 6%. Et les produits pour investir dans la région se multiplient, en vue de prendre part à l’essor local des en-

treprises, de l’urbanisation et de la nouvelle classe de consommateurs. Des fonds clas-siques et des hedge funds qui y investissent parviennent à dégager des rendements éle-vés sans devoir recourir à l’effet de levier. Les secteurs se diversifient: on peut investir aussi bien dans les actions de fabricants de biens de consommation courante que dans des sociétés de construction, devenues aussi intéressantes que les traditionnels titres liés au secteur minier africain.

«L’Afrique représente 30% de la popu-lation mondiale, 30 à 35% des ressources mondiales, 3% du PIB mondial, et seule-ment 2% des volumes de négoce en ac-tions», explique Anton Schaad, gérant de l’African Dawn Fund chez Hyposwiss Private Bank. Son fonds gagne 6% depuis le début de l’année, surperformant légè-rement le MSCI Frontier Market Index. Il a été lancé en décembre 2011. A 105  dol-lars l’action, il prélève des commissions de gestion et d’administration de 1,8% par an. Il se concentre sur le Nigeria (32% de l’allocation), le Kenya (23%), l’Afrique du Sud (11%), mais aussi le Botswana, le Ghana et la Zambie. Pour le reste, Anton Schaad prend une exposition à ces pays à tra-vers des actions de sociétés

britanniques et canadiennes très actives sur le continent noir. «Les nouveaux dirigeants d’entreprises en Afrique sont mieux formés et mieux informés», estime le gérant d’Hy-poswiss. Cela, de même que les réformes politiques et économiques que connaissent ces pays, favorise une amélioration des standards de gouvernance.

UN POTENTIEL MAL EXPLOITÉLe potentiel d’appréciation des actions afri-caines se mesure au poids plume de ses mar-chés actions, qui représentent seulement 1% de la capitalisation mondiale, même en incluant l’Afrique du Sud. «Il existe une dis-proportion évidente entre le potentiel de ce continent et les investissements qui y sont faits, estime Anton Schaad. Je pense que les marchés dans lesquels j’investis vont dou-bler (performance de 100%, ndlr) ces cinq prochaines années.»

Les entreprises cotées sont souvent dé-tenues, en majorité ou en minorité, par des multinationales, à l’instar de Nestlé Nige-ria ou de Nigerian Breweries, un brasseur nigérian qui appartient à 52% à Heineken. Anton Schaad évoque une société de mi-crofinance du Botswana détenue par des fonds de pension. «La présence d’un ac-tionnariat privé international garantit aussi des standards de gouvernance proches des pays développés.»

L’Afrique subsaharienne devrait connaître encore une croissance de 5 à 6% par an ces cinq prochaines années. «On estime que la moitié des 25 économies qui croîtront le plus vite ces cinq prochaines années sont afri-caines», écrit Jamie Allsopp, gérant du fonds Insparo Africa Equity Fund, lancé en février 2011 à Londres.

Pour acquérir une exposition à l’Afrique du Sud, on peut acquérir l’ETF de iShare, MSCI South Africa. «Il s’agit d’un tracker de l’in-dice sud-africain», précise Raphael Anchisi, responsable de la sélection des fonds auprès de Bordier & Cie. L’avantage de cet ETF est son faible coût: un TER de 0,74%. Pour une exposition panafricaine, Raphael Anchisi recommande le fonds Ashmore Africa Emer-ging Market, un fonds long only mais avec une liquidité mensuelle (celui d’Hyposwiss a une liquidité quotidienne). Son avantage:

«C’est un fonds qui choisit des titres moins standards que ceux qu’on trouve dans les autres fonds axés sur l’Afrique.» Son TER est en revanche plutôt élevé, avoisi-nant 2% par an. B

Après les BRIC, les marchés d’Afrique subsaharienne attirent les investisseurs pour leur potentiel quasi intact. PAR MYRET ZAKI

PHO

TO:

PIU

S U

TOM

I EKP

EI/A

FP

FinanceConseils

BOURSE DE LAGOS

Les produits pour investir en Afrique

se multiplient.

«L’Afrique représente 30% de la population

mondiale»

HYPOSWISS AFRICAN DAWN

Source: Bloomberg

08/201201/201290

95

100

105

110

115

120

HYPOSWISS AFRICAN DAWN DJ AFRICAN TITAN S&P AFRICAN FRONTIER

Performance depuis le 31 janvier 2012

62 BILAN 5 septembre 2012

Page 63: BILAN

PLACEMENTS

Ce qu’il faut savoir pour bien choisir son courtier en ligne

Etablir un comparatif des brokers online relève de la même gageure que de le faire pour une assurance-maladie. Les critères appliqués à la tarification varient énormément

d’un établissement à l’autre. Dans cette liste, on trouve pêle-mêle: la fortune du compte, le nombre d’ordres, le chiffre d’affaires men-suel ou annuel, le montant investi par ordre, la place de bourse, le produit choisi, la mon-naie ou la situation géographique du broker. Le choix du broker dépend donc directement du profil du client.

Cependant, on peut distinguer deux sortes d’offres distinctes: les «pure players» et les banques conventionnelles. Les premiers, nés de la révolution internet, ont une offre géné-ralement exempte de conseils, se livrent une concurrence acharnée en offrant des cour-tages fortement réduits. Les seconds sont en général des banques de tradition, qui ont dû adapter leur offre afin d’éviter les fuites de capitaux vers ces nouveaux acteurs agres-sifs. Dans cette période de crise, il faut gar-der à l’esprit qu’une banque universelle offre aussi des gages de meilleure solidité qu’un broker online dont l’activité est, par défini-

tion, plus risquée. Voici donc une liste non exhaustive de quelques acteurs du secteur avec leurs spécificités.

La première catégorie d’acteurs regroupe les banques traditionnelles, y compris les plus prestigieuses, qui offrent à leur clientèle ce service en plus de leurs services habituels. Leurs tarifs sont généralement un peu plus élevés mais conviennent parfaitement à des profils clients qui ne réalisent que quelques opérations par mois. Les tarifs peuvent être dégressifs suivant la taille du client: vous paierez par exemple 25  francs pour une transaction de 1000 francs, si vous disposez de moins de 10 000 francs sur votre compte. Et on ne vous facturera que 10 francs, pour la même transaction, si vous disposez de plus de 100  000  francs sur votre compte. On y trouve les grandes banques, telles UBS ou Credit Suisse, les banques privées (Baer, Vontobel, etc.) ainsi qu’une bonne partie des banques cantonales (ZKB, BCV, BCBE, etc.)

La deuxième catégorie regroupe des «pure players» dont la taille respectable les propulse au rang de «quasi-banque».

Avec des frais légèrement réduits, ils offrent une palette complète à bons coûts pour des traders qui réalisent plusieurs opérations par semaine. On y trouve, par exemple,www.swissquote.ch (le leader suisse du marché offre une plate-forme complète y compris un accès aux places de bourse plus hermétiques telles que DOTS ou SCOATCH) ou www.saxobank.ch (offre aussi un ser-vice complet avec la possibilité d’ouvrir un compte avec un suivi personnalisé).

La dernière catégorie est constituée d’éta-blissements spécialisés dans le day-tra-ding, avec un courtage fortement réduit (environ 5  francs), qui encourage à multi-plier les allers-retours. On y trouve des ac-teurs ancestraux tels que www.etrade.com, www.schwab.com ou www.boursorama.com. Ces offres sont plutôt réservées aux clients très actifs (plusieurs opérations quo-tidiennes).

D’autres acteurs, comme www.activ-trades.ch ou www.plus500.fr, ne facturent pas de courtage mais l’incluent dans l’écart entre demande et offre. Ces sites visent surtout les day-traders et les scalp-traders qui jouent le marché à très court terme. Ces offres sont généralement spécialisées sur un segment de marché tels les changes ou cer-taines places de bourse comme le Nasdaq.

En conclusion, il convient de bien défi-nir l’usage que l’on veut faire d’un compte online sans avoir peur, au besoin, d’ouvrir plusieurs comptes. Il est conseillé de ne consacrer au courtage en ligne que la partie que l’on juge spéculative de son portefeuille, et de garder son fonds de portefeuille auprès d’établissements traditionnels réputés plus solides pendant les tempêtes boursières. B

Les sites qui facturent les frais de courtage les plus sont bas sont généralement ceux destinés aux traders plus expérimentés. PAR RAPHAËL PRONGUE

COMPLEXELes critères

de tarification varient énormément d’un établissement

à l’autre.

5 septembre 2012 BILAN 63

Page 64: BILAN

PHO

TO:

DO

MIN

IC B

ÜTT

NER

MENU

Oral B a transformé nos brosses à dents en concentré de technologiesPAGE 68

OPEN EDUCATION

Demain, nous serons tous étudiants de l’EPFLL’institut lausannois va ouvrir gratuitement des cours en ligne au monde entier. Le début d’une révolution radicale de l’enseignement supérieur. PAR FABRICE DELAYE

SCANNER 68

Techno

DAPHNE KOLLERCofondatrice

de Coursera, c’est elle qui a proposé

à l’EPFL de collaborer à ses cours en ligne.

L’INVITÉ JOHN TENDON

PHO

TOS:

DR,

K.J

. H

ISTO

RIC

AL/C

ORB

IS

INVESTISSEMENTS

Caisses de pension, ne jetez pas l’alternatif!

Les caisses de pension ont toujours plus de difficultés à atteindre leurs objectifs de rendement avec des actions et obligations. D’où l’intérêt des investissements alternatifs, qui peuvent aider à diversifier les risques et à optimiser les rendements.Les caisses de pension suisses investissent majoritairement en actions et obligations. Ce comportement s’explique d’une part par les

exigences réglementaires mais aussi par le manque de connaissance des gestionnaires envers d’autres catégories de placements. Pourtant, la concentration des investissements en actions et en obligations désavantage les caisses et aussi leurs assurés. Ces dix dernières années, elles ont eu des difficultés à dégager les rendements nécessaires avec ces titres. Sans compter que des analyses du risque ont mis en évidence que, dans un portefeuille comportant des obligations et 25% d’actions, ces dernières génèrent 80% des risques.

MATIÈRES PREMIÈRES, TITRES RISQUES, INFRASTRUCTURES?Les gestionnaires peuvent utiliser des placements alternatifs pour résoudre ces problèmes. Bien que le législateur restreigne le recours à cette catégorie d’investissement, les possibilités autorisées sont loin d’être pleinement utilisées. Prenons l’exemple des matières premières. Les investissements dans ces dernières réduisent la dépendance aux actions, assurent une certaine protection contre l’inflation, offrent de bonnes perspectives de rendement, sont liquides et peu corrélés au marché des actions. Cette dernière remarque s’applique également pour les titres risques (ILS ou insurance linked securities) pour lesquels les investisseurs font figure de réassureurs. Les risques d’assurance, par exemple les risques météorologiques, ne présentent aucune corrélation avec les marchés financiers. Bien que les ILS aient des caractères similaires à ceux d’une obligation, leur cours de marché évolue à peine en cas de hausse des taux d’intérêt. C’est là un argument supplémentaire susceptible de convaincre les investisseurs institutionnels.Les investissements dans les infrastructures, qu’elles soient liées à l’énergie renouvelable, aux transports ou aux établissements de santé publique, garantissent une certaine indépendance face aux

cycles économiques, offrent des flux de trésorerie relativement stables et assurent une protection contre l’inflation. Toutefois, les caisses de pension s’exposent à de nouveaux risques – réglementaires, politiques, de contrepartie –, lesquels doivent être considérés de près.

HEDGE FUNDS, PRIVATE EQUITY?Les hedge funds aussi peuvent apporter une solution. Leur réputation a été égratignée ces dernières années, car bon nombre d’entre eux n’ont pas pu tenir leurs promesses, à savoir dégager

des rendements stables même en temps de crise. Mais il ne faut pas oublier que cette catégorie de placement est loin d’être homogène. Elle regroupe des stratégies au profil risque/rendement très différent. Les investisseurs doivent donc réfléchir sérieusement au rôle qu’ils souhaitent attribuer aux hedge funds dans leur allocation. Ils doivent soit opter pour les stratégies capables d’apporter une valeur ajoutée à leur portefeuille global, soit sélectionner un hedge fund qui a déjà prouvé qu’il pouvait générer de la performance tout en garantissant une certaine protection du capital. Le private equity permet quant à lui aux investisseurs institutionnels d’étendre leur univers de placement et d’accroître leurs rendements. Les grandes disparités dans la qualité des titres, leur manque de liquidité et la complexité des procédures de placement sont autant d’obstacles aux engagements dans cette catégorie. De plus, la pratique des «fees on commitment» peut décourager car les frais sont exigibles avant même l’investissement de la somme convenue. Les investisseurs devraient donc veiller à sélectionner des gérants expérimentés qui sauront diversifierles engagements tout en limitant les coûts.

Les caisses de pension auraient intérêt à inclure les investissements alternatifs dans leur stratégie de placement. Ils peuvent apporterle complément de revenu nécessaire, surtout en période defaible taux d’intérêt, tout en réduisant la dépendance aux risques propres aux actions. A condition néanmoins que les gestionnaires analysent chaque placement alternatif dans un contexte globalet contrôlent régulièrement si les stratégies choisies sont en accord avec les objectifs de rendement à long terme et le profil derisque individuel de la caisse. B

JOHN TENDONMembre de la direction, Zurich Fondation de placement

Les investissements dans les matières premières,

par exemple, offrent de bonnes perspectives

de rendement

64 BILAN 5 septembre 2012

Page 65: BILAN

PHO

TO:

DO

MIN

IC B

ÜTT

NER

MENU

Oral B a transformé nos brosses à dents en concentré de technologiesPAGE 68

OPEN EDUCATION

Demain, nous serons tous étudiants de l’EPFLL’institut lausannois va ouvrir gratuitement des cours en ligne au monde entier. Le début d’une révolution radicale de l’enseignement supérieur. PAR FABRICE DELAYE

SCANNER 68

Techno

DAPHNE KOLLERCofondatrice

de Coursera, c’est elle qui a proposé

à l’EPFL de collaborer à ses cours en ligne.

Page 66: BILAN

Google…). Fondée par Sébastian Thrun, le coinventeur de Google Street View, Udacity est soutenue par le géant du web. L’inventeur de la voiture sans pilote de Google, Sergey Brin, intervient d’ailleurs dans le cours d’introduction à la programmation. Pour rendre sexy un enseignement déjà issu des institutions au top du classement de Shanghai, Coursera et Udacity multiplient les possibilités du mul-timédia.

C’est dans ce foisonnement créatif autour de Stanford que se sont retrouvés Martin Vetterli et Patrick Aebischer, président de l’EPFL, en mai dernier. Chacun est là pour des raisons différentes. Mais, en situation de veille depuis les lancements de Coursera et d’Udacity, ils ont eu, en parallèle, l’idée d’ajouter à leur agenda quelques rendez-vous avec les stars émergentes de l’enseignement

«Tout s’est passé à la vitesse lumière d’internet.» Cet été, l’EPFL est devenue la première université du continent européen à rejoindre la plate-forme vedette des cours en ligne: Coursera. A entendre le professeur Martin Vetterli, doyen de la faculté

d’informatique et de communication, raconter ce deal, l’opération ressemble à une guerre éclair. Du point de vue tactique et stratégique.

Coursera a été lancée à fin 2011 par deux profs de Stanford, Daphne Koller et Andrew Ng. Un nombre illimité d’étudiants y suit gratuitement un nombre croissant de cours (119) de niveau univer-sitaire dans des matières aussi variées que la pharmacologie ou le design. Avec plus d’un million d’inscrits en quelques mois, c’est un phénomène qui relance complètement l’enseignement via inter-net. D’aucuns lui prêtent même le pouvoir de transformer radica-lement le «modèle d’affaires» des universités.

MON PROF A COFONDÉ GOOGLEL’idée d’enseigner via internet n’est bien sûr pas neuve. Martin Vetterli se souvient lui-même avoir tenté une expérience restée assez confidentielle en 1995 à Berkeley. En 2001, un article de la revue The American Prospect évoquait une bulle de l’éducation en ligne à cause des milliards investis par Wall Street dans ce qu’on appelait alors E2C, Education to Consumer, emportée comme le reste par l’explosion de la bulle financière.

«La différence, c’est qu’à l’époque YouTube n’existait pas», explique Pedro Pinto, un chercheur qui s’est fait connaître récem-ment avec un algorithme qui trace la source d’une e-rumeur et est responsable du projet Coursera de la faculté d’informatique à l’EPFL. «Aujourd’hui, toutes les technologies nécessaires pour ouvrir massivement l’enseignement via internet sont là.» A cela s’ajoute l’économie. Le coût de la bande passante pour diffuser une vidéo sur le web a diminué d’un facteur 6000 depuis 2000.

Ce changement de situation, exploré par le pionnier Salman Khan (lire son portrait ci-contre), a réveillé les grandes universités. Le MIT et Harvard, rejoints par Berkeley, ont investi 60  millions de dollars dans une plate-forme de cours en ligne, EdX. Surtout, deux initiatives sont parties de Stanford qui ont transformé l’idée en entreprises. Coursera a levé 22 millions de dollars en avril der-nier de l’inévitable capital-risqueur Kleiner Perkins (Amazon,

Il a prononcé le discours de la dernière cérémonie de remise des diplômes du MIT, après avoir été l’une des vedettes de la conférence TED en 2011. La fondation de Bill Gates et Google lui ont confié des millions. Parce qu’en 2004, Salman Khan, un jeune analyste pour un hedge fund, a l’idée d’enseigner les mathématiques à un cousin via Yahoo! puis, en 2006 en se filmant sur YouTube, il est devenu l’enseignant le plus populaire de tous les temps. En 2009, il quitte son job pour créer la première université entièrement en ligne: la Khan Academy. Il a depuis donné plus de 150 millions de leçons quand un prof d’Uni a en moyenne 10 000 étudiants dans toute sa carrière.

L’analyste aux 150 millions de leçons

Techno

PRESTIGIEUX Udacity (ci-dessus)

ou Coursera (ci-contre) difusent les cours de spécialistes reconnus.

66 BILAN 5 septembre 2012

Page 67: BILAN

d’une véritable salle de classe. Mais Martin Vetterli relativise l’ar-gument. «Vous savez, l’interactivité d’un prof face à un amphi de 300 étudiants…» Ces cours sont avant tout une alternative aux cours magistraux et ne remplaceront pas les travaux pratiques. Martin Vet-terli y voit aussi un complément pour les étudiants du campus. «Et c’est un moyen pour un prof de comprendre ce que ses étudiants ont mal assimilé et d’améliorer son cours.»

Reste que la compétition qui va découler de cette éducation en ligne est susceptible d’avoir toutes sortes de conséquences. Les étudiants ne vont-ils pas se tourner exclusivement vers ces plates-formes pour recevoir les cours des meilleures universités au détriment des autres? Cela n’a rien d’hypothétique, dès lors que l’on sait que le modèle d’af-faires de Coursera et d’Udacity est basé sur la possibilité de ne payer qu’un petit 100 dollars lorsque l’on veut passer son examen pour ob-tenir le crédit d’un cours. Par comparaison, l’écolage à Stanford est à 40 000 dollars par an! De même, les prestigieuses universités ne vont-elles pas se servir de ces sites pour repérer les meilleurs étudiants et ga-gner la guerre des talents? Considérant que l’enseignement est un bien public, Martin Vetterli critique cette possibilité. Mais Udacity propose bien à ses étudiants de soumettre leur CV à des entreprises partenaires.

Reste enfin à savoir si cet enseignement sera efficace pour les étu-diants eux-mêmes? Si l’exemple du cours d’intelligence artificielle d’Udacity est une indication, on peut dire que oui. Sur les 160 000 ins-crits de l’automne 2011, 22 000 l’ont suivi jusqu’au bout, 420 obtenant même la meilleure note à l’examen… B

en ligne. C’est la décharge d’adrénaline. A son retour en Suisse, chacun veut expliquer à l’autre ce qu’il a vu, ce qu’il analyse et surtout ce que l’EPFL doit faire. Et vite.

Les annonces autour de Coursera, Udacity et EdX font, en effet, passer le sujet de l’enseignement en ligne du monde des initiés à celui de M. Tout-le-monde. Coup sur coup, deux ar-ticles du New York Times par les éditorialistes vedettes David Brooks et Thomas Friedman rendent le sujet «mainstrean». Le président de Stanford évoque un «tsunami». Pour Patrick Aebischer et Martin Vetterli, l’EPFL doit être la première à sur-fer sur cette vague dans le Vieux-Continent.

MON DIPLÔME POUR 100 DOLLARS?Les circonstances vont les y aider. La cofondatrice de Coursera, Daphne Koller, vient fin juin à l’EPFL pour une conférence. Elle leur apprend que, dans les quinze jours à venir, Coursera annon-cera un nouveau round de cours et d’universités participantes. «Voulez-vous en être?», demande la jeune femme. «Tu y ar-rives?», retourne Patrick Aebischer à Martin Vetterli. «Evidem-ment.»

Reste à trouver des contenus pour ces cours 2.0. Avec son collègue Paolo Prandoni, Martin Vetterli proposera en mars prochain un module sur le traitement de signal tandis qu’est aussi prévu le premier cours en français de la plate-forme (une introduction à la programmation). La présence de Martin Odersky dans le corps enseignant de l’EPFL laisse exploiter plus vite l’opportunité. Inventeur du langage de programmation Scala, un successeur de Java adopté par LinkedIn, Twitter…, Martin Odersky est une star. Sa start-up, Typesafe, vient de lever 14 millions. Plus de 20 000 personnes étaient déjà inscrites à mi-août pour le cours en ligne qu’il démarrera fin septembre.

La gratuité d’enseignements d’un tel niveau explique le dé-marrage foudroyant des nouveaux sites d’enseignement mas-sifs en ligne. Pedro Pinto avance aussi que «l’enseignement y est plus personnalisé puisque chacun avance à son rythme». Inspirés par la culture des réseaux sociaux, les créateurs de ces sites les ont dotés d’outils tels que des forums où les étudiants peuvent poser leurs questions.

Certes, on objectera qu’il manque encore l’interactivité PHO

TOS:

DR,

MAE

DER

/EO

L

ENTHOUSIASTEProfesseur à l’EPFL, Martin Vetterli s’est chargé de trouver

des contenus pour les cours 2.0.

PARCE QUE VOUS

ÊTES SINGULIER

NOUS RENONÇONS

À L’ORDINAIRE

scénographe culinaire

PLUS QU’UN TRAITEURTHEILLARD.COM

Page 68: BILAN

PHO

TO:

CH

ARLY

RAP

PO/A

RKIV

E.C

H

MENU

Gabrielle Nanchen, une vie bien remplie, malgré les échecs PAGE 78

TÉMOIGNAGES

«J’ai deux vies professionnelles»Ils ont décidé de mener deux carrières de front. Deux métiers que, parfois, tout oppose. Comment et pourquoi? Rencontres. PAR CAMILLE DESTRAZ

SOUS LA LOUPE DE L’IMD 72 BLANCHISSERIE 74 EMPLOIS 75 PME 76 TÊTES 77

CHRISTIAN EGGERA la fois diététicien et galeriste, il dit tout programmer

«six mois à l’avance».

TalentsLES CRÉATEURSOOOOOOOO

GILLETTE L’idée de fabriquer des brosses à dents électriques est venue du dentiste californien Robert Hutson en 1963. Il avait créé Oral B treize ans plus tôt pour commer-cialiser des brosses manuelles qui n’abîment pas les gencives. En 1984, Gillette rachète

Oral B en même temps que Braun avec l’idée de se servir des compétences en design industriel du groupe allemand pour améliorer le produit américain. En 2005, le rachat de Gillette fait passer Oral B et son chiffre d’affaires annuel de plus de un milliard de dollars dans l’escarcelle du géant des dentifrices qu’est P&G avec la marque Crest.

PHO

TOS:

DR,

PEP

IJN

VAN

DEN

BRO

EKE

ORAL B La filiale de Procter & Gamble est parvenue à transformer nos simples brosses à dents en un concentré de technologies hyperprofitables. Avec la TriZone, le brossage devient haut de gamme. PAR FABRICE DELAYE L'INNOVATION

OOOOOOOO

PULSATION Fruits de six ans de recherche et de développement et bardés de 150 nouveaux brevets, les nouveaux modèles TriZone ont été conçus pour marier les habitudes du brossage manuel avec les avantages du brossage électrique. Avec jusqu’à 40 000 pulsations par minute, les brins blancs balaient entre les dents tandis que les brins bleus nettoient la surface et que ceux de la pointe nettoient les dents du fond. L’entreprise affirme qu’ainsi le brossage élimine deux fois plus la plaque dentaire.

LE MARCHÉOOOOOOOO

LEADERSHIP Environ 5 milliards de brosses à dents sont vendues chaque année. Les trois quarts des gens (67% des Suisses) utilisent des brosses manuelles en dépit des recommandations de la plupart des dentistes. Dans les années 1990, P&G avait perdu son leadership dans les produits dentaires vis-à-vis de son grand concurrent Colgate Palmolive. Elle l’a retrouvé l’an dernier sur le marché américain, notamment grâce au dynamisme de sa division Oral B.

LA R&DOOOOOOOO

LABORATOIRE SENSORIEL Le centre de recherche d’Oral B est situé à Kronberg près de Francfort. Là, 600 personnes, dont 80% d’universitaires, ont développé un portefeuille de 8000 brevets. Le centre dispose d’un laboratoire sensoriel afin d’étudier les usages des consommateurs et de robots sur lesquels est testée la durée de vie des brosses. L’entre-prise a conduit plus de 125 études cliniques afin de démon-trer la sûreté et l’efficacité de ses brosses électriques.

LA PRODUCTIONOOOOOOOO

MADE IN GERMANY La principale usine de production des brosses Oral B est située à Marktheidenfeld, en Bavière. Sur des chaînes entièrement automatisées, cette manufacture fabrique plus de 140 000 produits par jour pour le monde entier.

TechnoScanner

«Les vibrations acoustiques contribuent à éliminer la plaque dentaire» HENK BUSSCHER, PROFESSEUR D’INGÉNIERIE BIOMÉDICALE À L’UNIVERSITÉ DE GRONINGUE.

68 BILAN 5 septembre 2012

Page 69: BILAN

PHO

TO:

CH

ARLY

RAP

PO/A

RKIV

E.C

H

MENU

Gabrielle Nanchen, une vie bien remplie, malgré les échecs PAGE 78

TÉMOIGNAGES

«J’ai deux vies professionnelles»Ils ont décidé de mener deux carrières de front. Deux métiers que, parfois, tout oppose. Comment et pourquoi? Rencontres. PAR CAMILLE DESTRAZ

SOUS LA LOUPE DE L’IMD 72 BLANCHISSERIE 74 EMPLOIS 75 PME 76 TÊTES 77

CHRISTIAN EGGERA la fois diététicien et galeriste, il dit tout programmer

«six mois à l’avance».

Talents

Page 70: BILAN

très régulière pour ses magasins de chaus-sures. «Six heures par semaine, le soir et le dimanche matin. Je prends aussi huit jours par an pour visiter les salons et choisir de nouveaux modèles.»

Pour lui aussi, les deux mondes sont com-plémentaires. «C’est intéressant de swit-cher, et l’expérience est encore plus folle si on est salarié d’un côté et patron de l’autre.» Côté finances, son entreprise tourne bien et «à la fin de l’année, il y a des résultats. Mais il ne faut pas faire ça pour l’argent, ni croire que la vie sera plus facile!»

NOÉMIE ANTONIOLI› Naturopathe à 30%› Assistante administrative chez Marti

Construction à 50%Voilà une vingtaine d’années que Noémie Antonioli, 37 ans et mère de deux enfants, travaille dans l’administration. Assistante administrative et assistante de direction pour Marti Construction à raison de deux jours et demi par semaine, elle a aussi son propre cabinet de naturopathie à Lonay (VD). «J’ai eu envie de me reformer et d’exercer un métier «passion». Mes études en parallèle du travail ont duré quatre ans. J’ai été transparente avec mes employeurs, qui ont trouvé que c’était un plus. Et ça n’a pas empiété, car je sépare les deux métiers. Je savoure le fait de bien connaître le travail du bureau, puis je savoure ma nouvelle pro-

fession. Chaque expérience est unique.» Noémie Antonioli souligne également avoir renforcé sa capacité de «zapper, savoir dire stop, et savoir déléguer. Cela demande un certain entraînement.»

Autre gros changement: devenir son propre patron. «C’est une tout autre ap-proche! Même si c’est dans le domaine de la santé, il y a un côté business et une plus grande responsabilité. Je comprends mieux mon patron», sourit la jeune femme. Côté finances, la naturopathe est encore en phase d’investissement, le cabinet étant encore tout frais. «Je ne compte pas encore sur ce revenu, mais tout ce qui rentre, c’est du plus.»

CHRISTIAN EGGER› Diététicien, deux jours par semaine à Fribourg› Galeriste à Galerie C, quatre jours

par semaine à NeuchâtelSes deux professions n’ont rien à voir. Les lundis et mardis, Christian Egger s’occupe de personnes touchées par de graves dys-fonctionnements alimentaires (anorexie, boulimie). C’est son métier de base, celui

qu’il a dans les mains depuis l’âge de 20 ans. Et du mercredi au samedi, il gère la Gale-rie C à Neuchâtel, planifie les expositions, s’occupe de la vente des œuvres, contacte les artistes.

Pourtant, pour lui, ces deux univers sont complémentaires, et le fait de jongler entre deux métiers est vital. «J’ai toujours eu ces deux pôles. Je n’ai jamais exercé une seule profession. C’est plus excitant et plus mo-tivant de changer de monde et très stimu-lant intellectuellement. J’ai de l’admiration pour ceux qui ne font qu’un métier à la fois! Là, je suis efficace, concentré, je savoure et je redécouvre à chaque fois. Je suis passion-né par les deux. Avec mes patients, le travail m’interpelle profondément, je suis dans l’authentique. Avec la galerie, je transmets la beauté d’une œuvre.» Sa condition pour garder l’équilibre? «Je programme tout six mois à l’avance, je jongle, j’anticipe.»

Côté chiffres, le cabinet lui apporte un bon revenu régulier, mais la galerie ne lui dégage pas encore de salaire. «Je paie mes employés, c’est la priorité. D’ici à deux ans je pourrai me rémunérer.» Une seule frus-tration: «J’ai des élans de passion, mais je ne peux pas aller plus loin…» BPH

OTO

: O

LIVI

ER E

VARD

Aurons-nous tous bientôt deux métiers? «Cette situation sera de plus en plus fréquente. Si l’un des emplois est encore souvent un emploi «alimentaire», on rencontre de plus en plus de personnes qui choisissent de mener deux vies professionnelles en paral-lèle, par réel intérêt pour ces deux mondes. Il s’agit généralement de s’épanouir dans un ou deux environnements professionnels en accord avec différents intérêts et facettes de la personnalité. C’est un enrichissement personnel important, même si en terme d’organisation, toutes ces vies ne sont pas simples à gérer et concilier.»

Comment expliquer ce choix professionnel?«Il existe plusieurs facteurs influents: la géné-ration Y recherche en priorité du sens et du plaisir, est à l’aise pour travailler sur des acti-vités multiples. Les facteurs sociologiques, liés au fonctionnement en réseau de notre société, multiplient les interactions entre les

différentes sphères d’activité et les gens, renforcent l’attrait et facilitent l’engagement dans ce type de parcours. Parallèlement à ce phénomène d’intensification des relations, on vit une époque où l’individualisme est crois-sant. Chacun apprend à mieux se connaître et à prendre en compte ses aspirations.»

Et pour les employeurs? «La polyvalence et les parcours atypiques sont de plus en plus valorisés par les employeurs. Les connaissances variées permettent de s’intro-duire dans des milieux différents. Cela dit, il y a souvent un décalage entre le discours et la réalité. Les employeurs émettent parfois des réticences à engager un employé ayant ce profil, par peur du manque d’investissement et de flexibilité. Alors que lorsqu’une personne mène deux carrières par choix, et non par dépit, elle s’engage généralement à fond et ces deux activités sont source d’énergie.»

«La polyvalence est de plus en plus valorisée»Isabelle Agassiz, consultante RH senior au cabinet de psychologie du travail Didisheim à Lausanne, analyse le phénomène.

NOÉMIE ANTONIOLI«J’ai eu envie

de me reformer et d’exercer

un métier passion.»

Talents

depuis vingt ans. Employé à 100% par une entreprise genevoise, il gère notamment des programmes d’assurances pour les col-lectivités publiques. Depuis cinq ans, il est également ingénieur du son, une activité qui l’avait toujours attiré et qui est devenue plus accessible matériellement depuis l’arrivée du numérique.

Spécialisé dans l’enregistrement de mu-sique classique, il travaille tantôt en studio, tantôt en salle de concert, et s’occupe de la postproduction chez lui. Mais attention: son job d’assureur lui convient parfaite-ment. «Mon métier de base me plaît à fond! Je ne suis pas frustré. J’ai aussi la possibilité d’être créatif, je mets mon nez dans tous les domaines.» Pour l’instant, il réinvestit tout ce qu’il gagne dans du matériel d’enregis-trement et utilise son temps libre pour vis-ser sa casquette d’ingénieur du son. «Mais le fantasme absolu serait de baisser mon temps de travail à 80%. Là, je n’ai pas assez de temps pour faire tout ce dont j’ai envie!»

SERVAIS MICOLOT› Directeur régional chez Axel Springer

à 100%› Directeur associé d’Howell,

tous les dimanches matin et une partie des vacances

Il est à la fois assureur et ingénieur du son. Elle est assistante de direction et tient un cabinet de naturopathie. Il est diététicien et galeriste. Il est directeur régional pour un groupe de presse et

patron d’une chaîne de magasins de chaus-sures. Et chacun tient mordicus à garder ses deux métiers.

Certaines personnes, à un stade de leur vie, décident d’avoir deux jobs en parallèle pour mieux s’épanouir professionnelle-ment. Quitte à travailler plus que de raison sans forcément augmenter son salaire de manière conséquente. Une tendance qui devrait s’accentuer, selon des psychologues du travail (lire l’encadré).

Pour jongler avec ce type d’emploi du temps, mieux vaut avoir une organisation ultracadrée. Par respect pour soi-même et pour son employeur. Quatre personnes expliquent leurs motivations et leur fonc-tionnement parfois vertigineux.

GRÉGOIRE MOTTIER› Senior account manager

chez Unirisc à 100% › Ingénieur du son les soirs,

les week-ends et les vacancesGrégoire Mottier, 52 ans, travaille dans l’analyse de risques, son métier de base

«Je suis un hyperactif, mais comme je suis bien organisé, ça se passe bien!» Ser-vais Micolot est directeur régional pour le groupe de presse Axel Springer. Un job déjà prenant... Il y a tout juste dix ans, il a monté un commerce de chaussures avec deux as-sociés. «Nous avons des rôles bien définis. Je m’occupe de la partie financière et du choix des modèles.»

Ses règles élémentaires: garder une rela-tion claire avec son employeur, ne jamais travailler pour son commerce pendant son travail principal, et bosser de manière PH

OTO

S: N

ICO

LAS

RIG

HET

TI/R

EZO

, VO

GEL

SAN

G/E

OL

GRÉGOIRE MOTTIER

«Je n’ai pas assez de temps pour faire

tout ce dont j’ai envie!»

SERVAIS MICOLOT

«L’expérience est encore plus folle si on est salarié d’un côté et patron de l’autre.»

70 BILAN 5 septembre 2012

Page 71: BILAN

très régulière pour ses magasins de chaus-sures. «Six heures par semaine, le soir et le dimanche matin. Je prends aussi huit jours par an pour visiter les salons et choisir de nouveaux modèles.»

Pour lui aussi, les deux mondes sont com-plémentaires. «C’est intéressant de swit-cher, et l’expérience est encore plus folle si on est salarié d’un côté et patron de l’autre.» Côté finances, son entreprise tourne bien et «à la fin de l’année, il y a des résultats. Mais il ne faut pas faire ça pour l’argent, ni croire que la vie sera plus facile!»

NOÉMIE ANTONIOLI› Naturopathe à 30%› Assistante administrative chez Marti

Construction à 50%Voilà une vingtaine d’années que Noémie Antonioli, 37 ans et mère de deux enfants, travaille dans l’administration. Assistante administrative et assistante de direction pour Marti Construction à raison de deux jours et demi par semaine, elle a aussi son propre cabinet de naturopathie à Lonay (VD). «J’ai eu envie de me reformer et d’exercer un métier «passion». Mes études en parallèle du travail ont duré quatre ans. J’ai été transparente avec mes employeurs, qui ont trouvé que c’était un plus. Et ça n’a pas empiété, car je sépare les deux métiers. Je savoure le fait de bien connaître le travail du bureau, puis je savoure ma nouvelle pro-

fession. Chaque expérience est unique.» Noémie Antonioli souligne également avoir renforcé sa capacité de «zapper, savoir dire stop, et savoir déléguer. Cela demande un certain entraînement.»

Autre gros changement: devenir son propre patron. «C’est une tout autre ap-proche! Même si c’est dans le domaine de la santé, il y a un côté business et une plus grande responsabilité. Je comprends mieux mon patron», sourit la jeune femme. Côté finances, la naturopathe est encore en phase d’investissement, le cabinet étant encore tout frais. «Je ne compte pas encore sur ce revenu, mais tout ce qui rentre, c’est du plus.»

CHRISTIAN EGGER› Diététicien, deux jours par semaine à Fribourg› Galeriste à Galerie C, quatre jours

par semaine à NeuchâtelSes deux professions n’ont rien à voir. Les lundis et mardis, Christian Egger s’occupe de personnes touchées par de graves dys-fonctionnements alimentaires (anorexie, boulimie). C’est son métier de base, celui

qu’il a dans les mains depuis l’âge de 20 ans. Et du mercredi au samedi, il gère la Gale-rie C à Neuchâtel, planifie les expositions, s’occupe de la vente des œuvres, contacte les artistes.

Pourtant, pour lui, ces deux univers sont complémentaires, et le fait de jongler entre deux métiers est vital. «J’ai toujours eu ces deux pôles. Je n’ai jamais exercé une seule profession. C’est plus excitant et plus mo-tivant de changer de monde et très stimu-lant intellectuellement. J’ai de l’admiration pour ceux qui ne font qu’un métier à la fois! Là, je suis efficace, concentré, je savoure et je redécouvre à chaque fois. Je suis passion-né par les deux. Avec mes patients, le travail m’interpelle profondément, je suis dans l’authentique. Avec la galerie, je transmets la beauté d’une œuvre.» Sa condition pour garder l’équilibre? «Je programme tout six mois à l’avance, je jongle, j’anticipe.»

Côté chiffres, le cabinet lui apporte un bon revenu régulier, mais la galerie ne lui dégage pas encore de salaire. «Je paie mes employés, c’est la priorité. D’ici à deux ans je pourrai me rémunérer.» Une seule frus-tration: «J’ai des élans de passion, mais je ne peux pas aller plus loin…» BPH

OTO

: O

LIVI

ER E

VARD

Aurons-nous tous bientôt deux métiers? «Cette situation sera de plus en plus fréquente. Si l’un des emplois est encore souvent un emploi «alimentaire», on rencontre de plus en plus de personnes qui choisissent de mener deux vies professionnelles en paral-lèle, par réel intérêt pour ces deux mondes. Il s’agit généralement de s’épanouir dans un ou deux environnements professionnels en accord avec différents intérêts et facettes de la personnalité. C’est un enrichissement personnel important, même si en terme d’organisation, toutes ces vies ne sont pas simples à gérer et concilier.»

Comment expliquer ce choix professionnel?«Il existe plusieurs facteurs influents: la géné-ration Y recherche en priorité du sens et du plaisir, est à l’aise pour travailler sur des acti-vités multiples. Les facteurs sociologiques, liés au fonctionnement en réseau de notre société, multiplient les interactions entre les

différentes sphères d’activité et les gens, renforcent l’attrait et facilitent l’engagement dans ce type de parcours. Parallèlement à ce phénomène d’intensification des relations, on vit une époque où l’individualisme est crois-sant. Chacun apprend à mieux se connaître et à prendre en compte ses aspirations.»

Et pour les employeurs? «La polyvalence et les parcours atypiques sont de plus en plus valorisés par les employeurs. Les connaissances variées permettent de s’intro-duire dans des milieux différents. Cela dit, il y a souvent un décalage entre le discours et la réalité. Les employeurs émettent parfois des réticences à engager un employé ayant ce profil, par peur du manque d’investissement et de flexibilité. Alors que lorsqu’une personne mène deux carrières par choix, et non par dépit, elle s’engage généralement à fond et ces deux activités sont source d’énergie.»

«La polyvalence est de plus en plus valorisée»Isabelle Agassiz, consultante RH senior au cabinet de psychologie du travail Didisheim à Lausanne, analyse le phénomène.

NOÉMIE ANTONIOLI«J’ai eu envie

de me reformer et d’exercer

un métier passion.»

5 septembre 2012 BILAN 71

Page 72: BILAN

consommateur final et le convaincre d’ache-ter notre gilet-ordinateur?»

C’est alors qu’ils s’inscrivent au concours IMD Startup Competition, où ils font la connaissance de Martha Maznevski et de son équipe d’étudiants. «Chris Webb avait vraiment besoin d’aide pour définir la meil-leure manière de pénétrer le marché», re-late la professeur en comportement orga-nisationnel et management à l’IMD. Avec une difficulté non négligeable: le marché de SUBA est mondial, donc complexe.

3. La solution de l’IMD«La première question, fondamentale, était de comprendre qui sont les clients finaux de ce produit, relate Martha Maz-nevski. C’est pourquoi notre équipe a passé beaucoup de temps à observer et à défi-nir les meilleurs segments de clientèle.» Pour en conclure que les plus intéressants étaient les segments de niche: profession-nels de la plongée, militaires, instructeurs, photographes et océanographes.

A partir de ce constat, les étudiants de l’IMD ont construit une boîte à outils com-prenant une liste de contacts, des idées pour un nouveau site web, des outils financiers et des approches adéquates pour atteindre le consommateur. «Notamment comment parler à notre clientèle, souligne Chris Webb. Concrètement? Des informations techniques simplifiées et des exemples qui parlent aussi bien à nos revendeurs qu’aux membres des écoles de plongée.» Au-jourd’hui, c’est cette boîte à outils que Pan-dora utilise dans les ateliers de formation qu’elle organise pour ses revendeurs.

4. La Suisse trop chèreLe produit sera lancé en novembre dans des commerces du monde entier. «J’aurais aimé faire fabriquer cet appareil en Suisse, mais cela nous coûte trop cher, déplore Chris Webb. A quoi s’ajoute le problème de la force du franc suisse qui ne nous rend absolument pas compétitifs.» Ainsi, le gilet est-il fabri-qué en Thaïlande et les composants de l’ordi-nateur viennent du monde entier, d’Europe, de Chine et des Etats-Unis. C’est ce que l’on appelle la gestion de la complexité. «La simplification de la complexité, plutôt!», dit Chris Webb en souriant. B

LE PROBLÈME DE PANDORALa jeune start-up cherche à élaborer une approche convaincante en matière de marketing et de vente, explique Chris Webb. Comment arriver jusqu’au consommateur final et le convaincre d’acheter ce gilet-ordinateur?

LA SOLUTION DE L’IMDUne boîte à outils comprenant une liste de contacts intéressants, des idées pour un nouveau site web, des outils financiers et des approches adéquates pour atteindre le consommateur. Et notamment avec des recommandations concrètes sur comment parler à la clientèle, quel est le langage à utiliser pour qu’il soit adapté aux revendeurs et aux écoles de plongée.

ÉQUIPEMENT SPORTIF

Comment Pandora veut conquérir sa clientèle

Plongeur professionnel et ins-tructeur, Christophe Glez pos-sède une longue expérience de la plongée. Voyant que ses élèves rencontraient tous le même pro-

blème, à savoir de la difficulté à contrô-ler leur profondeur, à se maintenir au bon niveau pour ne pas descendre trop bas et à gérer leur remontée en douceur par paliers, il s’est mis à rêver d’un appareil qui les assis-terait dans ces tâches délicates. L’idée? Evi-ter les accidents de plongée, parfois mortels.

En France, par exemple, selon une en-quête de la Fédération française d’études et de sports sous-marins, on compte quelque 450 accidents de plongée par année, dont les trois quarts sont des accidents de dé-compression. L’instructeur parle de ce rêve à un jeune étudiant en microtechnique de l’EPFL, David Bonzon, qui relève le défi

et développe dans le garage de la maison familiale un dispositif ingénieux, dont il construit le premier prototype en 2009.

1. Premier essai réussiBaptisé SUBA, il s’agit d’un système reliant un gilet de plongée à un petit ordinateur de la taille de la paume d’une main. Le gonflage et le dégonflage du gilet que les plongeurs utilisent pour éviter de couler, pour rester au bon niveau ou remonter à la surface, de-viennent automatiques en cas de problème: «Notre ordinateur assiste le plongeur en cas de désorientation et lui permet de re-monter à la surface en respectant les paliers nécessaires», explique Chris Webb, CEO de Pandora Underwater Equipment.

«Ce qui m’impressionne le plus dans cet appareil, c’est la possibilité de programmer l’ordinateur afin que lorsque le plongeur ne dispose plus que du minimum d’oxygène, l’ordinateur le remontera automatique-ment et lentement vers la surface, explique Patty Grier, instructrice de plongée et mé-decin d’urgence. Je connais un plongeur qui serait toujours vivant s’il avait bénéficié d’une telle technique.»

En 2010, David Bonzon et Christophe Glez testent leur invention dans le lac. Une réussite. Forts de ce succès, ils obtiennent un premier financement de Venture Kick. Entre-temps, ils ont rencontré Chris Webb, spécialiste en management et plon-geur passionné, qui leur a amené ce qui leur manquait, à savoir une expérience com-merciale et financière.

2. Le problème de Chris WebbChris Webb leur écrit un business plan selon les règles de l’art et recherche des fonds. Efficacement, puisque, au moment où les trois compères créent Pandora en juin 2011, ils ont déjà levé 900 000 francs. Mais il leur manque un élément, et de taille. «Nous ne savions pas comment élaborer une approche marketing et ventes convaincante, explique Chris Webb. Comment arriver jusqu’au

La start-up basée à l’EPFL cherchait à lancer sur le marché son système permettant d’éviter les accidents de plongée. PAR FABIENNE BOGADI

PHO

TOS:

OLI

VIER

EVA

RD

Talents EN COLLABORATION AVEC L’

BBBBBBEN CHIFFRES30Nombre de collaborateurs prévus fin 2016. 600Nombre des composants de l’ordinateur.28 MILLIONS DE FRANCSRevenu attendu des ventes en 2016.

SUBAUn petit ordinateur,

relié au gilet du plongeur, lui porte

assistance en cas de difficultés.

72 BILAN 5 septembre 2012

Page 73: BILAN

consommateur final et le convaincre d’ache-ter notre gilet-ordinateur?»

C’est alors qu’ils s’inscrivent au concours IMD Startup Competition, où ils font la connaissance de Martha Maznevski et de son équipe d’étudiants. «Chris Webb avait vraiment besoin d’aide pour définir la meil-leure manière de pénétrer le marché», re-late la professeur en comportement orga-nisationnel et management à l’IMD. Avec une difficulté non négligeable: le marché de SUBA est mondial, donc complexe.

3. La solution de l’IMD«La première question, fondamentale, était de comprendre qui sont les clients finaux de ce produit, relate Martha Maz-nevski. C’est pourquoi notre équipe a passé beaucoup de temps à observer et à défi-nir les meilleurs segments de clientèle.» Pour en conclure que les plus intéressants étaient les segments de niche: profession-nels de la plongée, militaires, instructeurs, photographes et océanographes.

A partir de ce constat, les étudiants de l’IMD ont construit une boîte à outils com-prenant une liste de contacts, des idées pour un nouveau site web, des outils financiers et des approches adéquates pour atteindre le consommateur. «Notamment comment parler à notre clientèle, souligne Chris Webb. Concrètement? Des informations techniques simplifiées et des exemples qui parlent aussi bien à nos revendeurs qu’aux membres des écoles de plongée.» Au-jourd’hui, c’est cette boîte à outils que Pan-dora utilise dans les ateliers de formation qu’elle organise pour ses revendeurs.

4. La Suisse trop chèreLe produit sera lancé en novembre dans des commerces du monde entier. «J’aurais aimé faire fabriquer cet appareil en Suisse, mais cela nous coûte trop cher, déplore Chris Webb. A quoi s’ajoute le problème de la force du franc suisse qui ne nous rend absolument pas compétitifs.» Ainsi, le gilet est-il fabri-qué en Thaïlande et les composants de l’ordi-nateur viennent du monde entier, d’Europe, de Chine et des Etats-Unis. C’est ce que l’on appelle la gestion de la complexité. «La simplification de la complexité, plutôt!», dit Chris Webb en souriant. B

LE PROBLÈME DE PANDORALa jeune start-up cherche à élaborer une approche convaincante en matière de marketing et de vente, explique Chris Webb. Comment arriver jusqu’au consommateur final et le convaincre d’acheter ce gilet-ordinateur?

LA SOLUTION DE L’IMDUne boîte à outils comprenant une liste de contacts intéressants, des idées pour un nouveau site web, des outils financiers et des approches adéquates pour atteindre le consommateur. Et notamment avec des recommandations concrètes sur comment parler à la clientèle, quel est le langage à utiliser pour qu’il soit adapté aux revendeurs et aux écoles de plongée.

5 septembre 2012 BILAN 73

Page 74: BILAN

TALENTS

Une foire aux carrières destinée aux conjoints d’expatriés

La principale cause d’échec d’une expatriation, c’est l’absence d’in-tégration du conjoint. Les sites internet spécialisés fourmillent de témoignages en ce sens. Et les

spécialistes le savent: «Les femmes d’ex-patriés, mais souvent les maris aussi, se retrouvent seuls, sans lien social, sans acti-vité, et les dépressions ne sont pas rares, ex-plique Laetitia Tierny, spécialiste de la thé-matique de l’expatriation. Si l’on veut que l’expatriation se passe bien, que les familles aient envie de rester, donc que l’on puisse garder les meilleurs talents en Suisse, il faut leur donner de bonnes raisons de le faire. En proposant aux conjoints, notamment, une intégration par le travail.»

Forte de ce constat, la jeune femme a présidé à la création en 2010 d’Interna-tional Link, un organisme conjoint de la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie (CVCI) et du Développement économique du canton de Vaud (DEV). Son objectif est une meilleure intégration des entités internationales, entreprises et particuliers. International Link a participé, aux côtés de Nestlé et d’Ernst & Young, à la création d’une initiative pour l’intégration des conjoints: l’International Dual Career Network (IDCN). Ce réseau compte parmi ses membres une vingtaine de multinatio-

nales, telles que HP, P&G ou Givaudan, et il propose régulièrement des manifestations et des services. Par exemple, chaque mois, une entreprise membre organise en son sein une présentation de ses activités, avec des ateliers sur comment préparer un CV, se présenter à un entretien d’embauche ou réseauter en Suisse.

UN BAGAGE DE FORMATION ET D’EXPÉRIENCE TRÈS POINTUAujourd’hui, International Link fait un pas de plus en mettant sur pied, à l’EPFL, une grande foire aux carrières. Intitulée International Career Fair, elle se destine à faciliter la recherche d’emploi pour les partenaires des collaborateurs relocalisés

Aider à l’intégration par le biais du travail, c’est le but d’une manifestation qui se tiendra le 11 septembre à Lausanne. PAR FABIENNE BOGADI

La force de l’équilibre

Prévoyance 2e pi l ier pour les PME

0848 000 488 www.copre.ch

en Suisse. Y seront présentes plus d’une quarantaine d’entreprises internationales et d’institutions liées à l’emploi et la car-rière, qui fourniront des informations sur le marché suisse du travail et informeront les visiteurs sur les opportunités d’emplois à destination des professionnels avec un background multiculturel.

«Je tiens cependant à souligner un élé-ment très important, poursuit Laetitia Tierny. Nous ne faisons aucun favoritisme à l’égard des expatriés. Les Suisses possédant un bagage international et parlant l’anglais sont également les bienvenus. Notre but est que les entreprises aient accès aux pro-fils extraordinaires qui sont là, tout près, et qu’elles n’aient pas besoin d’aller les cher-cher à grands frais à l’étranger.» Désor-mais, ce n’est plus comme pour les généra-tions précédentes où les femmes restaient à la maison pour s’occuper des enfants. Elles ont un bagage de formation et d’expérience aussi pointu que leur partenaire. Toute-fois, parmi ce vivier de talents, il n’y a pas que des femmes. «Nous comptons aussi 40% d’hommes parmi nos membres indi-viduels.»

Selon Concetta Avolio, fondatrice du «Café vivant» qui offre aux conjoints d’expatriés une intégration sociale et cultu-relle, l’expatrié lui-même joue un grand rôle dans sa propre intégration et son bien-être en Suisse: «Tout dépend de la per-sonne même, dit-elle. Elle doit s’investir, pointer le nez hors de chez elle et chercher parmi l’offre existante ce qui lui convient le mieux.» En ce sens, une foire aux carrières est une opportunité à saisir. B

En savoir plus: le mardi 11 septembre, de 10 heures à 15 heures, EPFL, Ecublens.Inscription obligatoire et gratuite à l’adresse www.internationalcareerfair.ch PH

OTO

: D

R

LAETITIA TIERNY

«Les Suisses sont aussi

les bienvenus à l’International Career Fair.»

START-UP

Le succès programmé d’une blanchisserie ultramoderne

«Nous avons signé un bail de vingt ans alors que nous n’avions encore aucune machine et aucun client», raconte avec un sourire

aux lèvres Claude Miffon, à la fois président du conseil d’administration de la Blanchis-serie du Léman et l’un de ses actionnaires. A 62 ans, l’ancien secrétaire général du Dépar-tement genevois de l’économie publique (de 1981 à 1990) et ancien membre de la direc-tion générale de la Société Générale d’Affi-chage n’a pas hésité longtemps avant de se lancer dans cette nouvelle aventure. Lui qui avait repris en qualité d’investisseur la Blan-chisserie des Epinettes voilà vingt ans avec la famille Pittet a «saisi une fenêtre d’opportu-nité», comme il le dit lui-même.

Après avoir quitté le conseil de Lavotel (repreneur des Epinettes au 1er janvier 2006) suite à sa vente au géant français Elis durant l’automne 2010, Claude Miffon a été contac-té par divers clients hôteliers et hospita-liers. «Les grandes cliniques ne voulaient pas investir directement, mais elles étaient intéressées à travailler avec nous.» Outre Claude Miffon, le «nous» concerne Denis Mauvais, 62 ans, ex-patron d’En 5àsec, mais aussi Christian Pittet, 59 ans, ex-directeur des Epinettes et ex-directeur commercial de Lavotel.

900 PIÈCES À L’HEURERestait au trio d’entrepreneurs à trouver un local pouvant supporter une certaine charge au sol. En effet, un tunnel de lavage pèse

16  tonnes. La Blan-chisserie du Léman en a installé deux d’une quinzaine de mètres de long, pour une capacité totale de 25  tonnes par jour. Il faut une hauteur de plafond de 8 mètres, une certaine puis-sance électrique, un accès camion facilité, etc.

La solution se pré-sente sous la forme des halles industrielles de Charmilles Tech-nologies, récemment vidées et rachetées par Westcore. La start-up loue 2700 m² à Meyrin-Satigny. Une fois les locaux déni-chés, le trio, complété par Philippe Pittet, a monté un business plan. Il devait être plutôt convaincant puisque la Banque

Cantonale de Genève a accepté de les aider. Cette dernière finance les équipements. Ce n’est pas rien puisqu’il y a une cinquantaine de machines, toutes allemandes, de marque Kannegiesser, en leasing. Mais grâce au franc fort, elles sont revenues meilleur marché.

La Blanchisserie du Léman se présente comme l’usine la plus moderne de Suisse. Une machine permet par exemple de plier 900  pièces à l’heure. Une autre repasse 1200 draps à l’heure. Une troisième défroisse et sèche 750 pièces. Autant de records qui, au final, permettent une rationalisation maxi-male. Sans cet investissement de l’ordre de 8 millions de francs, la start-up devrait employer une centaine de collaborateurs. Or, elle parvient à fonctionner avec près de la moitié moins de salariés.

«Nous n’avons pas fait de dumping sur les prix. Nous nous sommes juste alignés sur nos concurrents, tout en misant sur la qualité et la proximité», insiste Denis Mauvais, le direc-teur exécutif. Son fils, Morgan, est en charge de la maintenance technique des machines. Tandis que celui de Claude Miffon, Arthur, a réalisé le logo de l’entreprise. Autre avantage de ces infrastructures dernier cri: elles per-mettent d’importantes économies d’énergie et d’eau. «Nous devrions être à l’équilibre au niveau de l’exploitation à fin 2012.» B

Créée voilà un an par les anciens dirigeants des Epinettes, la Blanchisserie du Léman traite déjà 15 tonnes de linge par jour. PAR SERGE GUERTCHAKOFF

PHO

TO:

AM

TalentsNews

SATIGNYL’usine dispose

notamment d’une machine permettant de plier 900 pièces

à l’heure.

BBBBBBEN DATES1994Claude Miffon, la famille Pittet et Emile Rausis reprennent les Epinettes à la Banque Cantonale de Genève.22 DÉCEMBRE 2005Lavotel s’empare des Epinettes (Carouge et Plan-les-Ouates).DÉCEMBRE 2010Achat du groupe Lavotel par le lea-der français Elis.12 MAI 2011Inscription de la Blanchisserie du Léman au Registre du commerce.1ER OCTOBRE 2011Mise en service des machines.27 SEPTEMBRE 2012Inauguration officielle de l’usine à Satigny.

74 BILAN 5 septembre 2012

Page 75: BILAN

TALENTS

Une foire aux carrières destinée aux conjoints d’expatriés

La principale cause d’échec d’une expatriation, c’est l’absence d’in-tégration du conjoint. Les sites internet spécialisés fourmillent de témoignages en ce sens. Et les

spécialistes le savent: «Les femmes d’ex-patriés, mais souvent les maris aussi, se retrouvent seuls, sans lien social, sans acti-vité, et les dépressions ne sont pas rares, ex-plique Laetitia Tierny, spécialiste de la thé-matique de l’expatriation. Si l’on veut que l’expatriation se passe bien, que les familles aient envie de rester, donc que l’on puisse garder les meilleurs talents en Suisse, il faut leur donner de bonnes raisons de le faire. En proposant aux conjoints, notamment, une intégration par le travail.»

Forte de ce constat, la jeune femme a présidé à la création en 2010 d’Interna-tional Link, un organisme conjoint de la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie (CVCI) et du Développement économique du canton de Vaud (DEV). Son objectif est une meilleure intégration des entités internationales, entreprises et particuliers. International Link a participé, aux côtés de Nestlé et d’Ernst & Young, à la création d’une initiative pour l’intégration des conjoints: l’International Dual Career Network (IDCN). Ce réseau compte parmi ses membres une vingtaine de multinatio-

nales, telles que HP, P&G ou Givaudan, et il propose régulièrement des manifestations et des services. Par exemple, chaque mois, une entreprise membre organise en son sein une présentation de ses activités, avec des ateliers sur comment préparer un CV, se présenter à un entretien d’embauche ou réseauter en Suisse.

UN BAGAGE DE FORMATION ET D’EXPÉRIENCE TRÈS POINTUAujourd’hui, International Link fait un pas de plus en mettant sur pied, à l’EPFL, une grande foire aux carrières. Intitulée International Career Fair, elle se destine à faciliter la recherche d’emploi pour les partenaires des collaborateurs relocalisés

Aider à l’intégration par le biais du travail, c’est le but d’une manifestation qui se tiendra le 11 septembre à Lausanne. PAR FABIENNE BOGADI

La force de l’équilibre

Prévoyance 2e pi l ier pour les PME

0848 000 488 www.copre.ch

en Suisse. Y seront présentes plus d’une quarantaine d’entreprises internationales et d’institutions liées à l’emploi et la car-rière, qui fourniront des informations sur le marché suisse du travail et informeront les visiteurs sur les opportunités d’emplois à destination des professionnels avec un background multiculturel.

«Je tiens cependant à souligner un élé-ment très important, poursuit Laetitia Tierny. Nous ne faisons aucun favoritisme à l’égard des expatriés. Les Suisses possédant un bagage international et parlant l’anglais sont également les bienvenus. Notre but est que les entreprises aient accès aux pro-fils extraordinaires qui sont là, tout près, et qu’elles n’aient pas besoin d’aller les cher-cher à grands frais à l’étranger.» Désor-mais, ce n’est plus comme pour les généra-tions précédentes où les femmes restaient à la maison pour s’occuper des enfants. Elles ont un bagage de formation et d’expérience aussi pointu que leur partenaire. Toute-fois, parmi ce vivier de talents, il n’y a pas que des femmes. «Nous comptons aussi 40% d’hommes parmi nos membres indi-viduels.»

Selon Concetta Avolio, fondatrice du «Café vivant» qui offre aux conjoints d’expatriés une intégration sociale et cultu-relle, l’expatrié lui-même joue un grand rôle dans sa propre intégration et son bien-être en Suisse: «Tout dépend de la per-sonne même, dit-elle. Elle doit s’investir, pointer le nez hors de chez elle et chercher parmi l’offre existante ce qui lui convient le mieux.» En ce sens, une foire aux carrières est une opportunité à saisir. B

En savoir plus: le mardi 11 septembre, de 10 heures à 15 heures, EPFL, Ecublens.Inscription obligatoire et gratuite à l’adresse www.internationalcareerfair.ch PH

OTO

: D

R

LAETITIA TIERNY

«Les Suisses sont aussi

les bienvenus à l’International Career Fair.»

Page 76: BILAN

Avez-vous un modèle de management?Comme en télévision, nombreux sont ceux qui pensent détenir la vérité. Beaucoup savent que le management d’aujourd’hui repose sur 4 modes complémentaires: le mode participatif, le mode persuasif, le mode directif et le mode délégatif. Le modèle idéal est sûrement un équilibre savoureux entre ces 4 modes. Rares sont les certitudes en matière de management. La seule à laquelle je crois repose sur la dynamique de groupe qui reste un équilibre fragile qui se nourrit et se consolide chaque jour.

Combien de temps durent les séances que vous dirigez?J’ai naturellement tendance à prendre le temps de m’exprimer et à donner la parole aux autres. Difficile donc de faire des séances courtes. Mais mon objectif reste heureusement l’efficacité de chaque séance. Dans un média comme le nôtre, l’échange et le dialogue est permanent. De la réflexion naît l’action.

Utilisez-vous professionnellement les réseaux sociaux?Les réseaux sociaux s’intègrent désormais dans toutes les ré-flexions. La nouvelle dynamique professionnelle qui est la mienne aujourd’hui doit m’inciter à aller plus loin dans cette direction.

Quel est votre mantra en management?Il est difficile de résumer un management en une seule phrase. Je peux, en revanche, vous avouer le pire mantra qui soit: diviser pour mieux régner.

Quelle est la meilleure idée que vous ayez jamais eue?Lorsque j’ai eu l’idée, à 19 ans, de me lancer dans les médias, je n’ai jamais lâché. J’ai continué dans cette voie qui me passionne toujours. Ma meilleure idée fut donc ma première... celle qui me permet de vivre ma vie professionnelle aussi intensément.

…et la pire?Je suis sans cesse à la recherche d’idées nou-velles. Certaines sont proches du pire... Je les conserve cependant dans un coin de tête pour y repenser parfois et me faire sourire...

Têtes

PHO

TOS:

DR,

KAK

ULY

A

ANNONCEZ Envoyez vos transferts à [email protected]

DANS LES ENTREPRISES

THOMAS GOOSMAN FONCTION

CEO ENTREPRISE

Kuoni Suisse

Arrivé en 2003 chez Kuo-ni, Thomas Goosman a été nommé, début août, CEO du groupe avec effet immédiat. Il reprend ainsi l’une des fonc-tions de Leif Vase Larsen, qui reste directeur de la divison Outbond Europe. Par ailleurs, Marianne Häuptli, respon-sable sales & operations, a quitté le voyagiste.

JEAN-CHRISTOPHE PERNOLLET FONCTION

Directeur financierENTREPRISE

Holding Edmond de Rothschild

Jean-Christophe Pernol-let a quitté son poste de directeur financier d’EFG International pour rejoindre le 3 septembre la Holding Edmond de Rothschild, la société faîtière du groupe du même nom. Il assumera la responsabilité des finances vis-à-vis du régulateur Finma.

SANDRA HAUSER FONCTION

Country manager ENTREPRISE

Avaloq (Suisse)

Elle était jusqu’à présent directrice de l’informatique (CIO) pour la Wealth Division de RBS. Sandra Hauser sera dès le 1er novembre prochain country manager chez Avaloq, fournisseur de solutions bancaires, pour la Suisse et le Liechtenstein.

BBBBBBB EN 4 DATES1997 Rédacteur en chef Léman Bleu Télévision.2000 Directeur général TV8 Mont-Blanc - France.2002 Création société de production Aftermedia.2009Politique à domicile: 1re émission de téléréalité politique en France.

Questions à

STÉPHANE SANTINI, NOUVEAU DIRECTEUR DE LÉMAN BLEU

TRISTAN CERF FONCTION

Directeur de l’information ENTREPRISE

La Télé

Agé de 39 ans, TristanCerf pilotera dès cet automne la rédaction et les équipes magazines de La Télé, qui a annoncé par ailleurs l’installation d’un 4e studio à Meyrin. L’actuel rédacteur en chef adjoint de la Tribune de Genève a aussi dirigé Le Matin Bleu et 20 Minutes.

LAURENT KOUTAÏSSOFF FONCTION

Chef de la communica-tion ENTREPRISE

Etat de Vaud

Directeur de la communi-cation du groupe bancaire Mirabaud & Cie depuis onze ans, Laurent Koutaïssoff, 46 ans, remplacera dès le 1er décembre prochain Laurent Rebeaud à la tête du bureau d’information et de communication de l’Etat de Vaud. L’intérim sera assuré par Luc Jaccard.

JEAN-VITAL DOMÉZONFONCTION

Directeur général ENTREPRISE

Hôtel d’Angleterre

Jean-Vital Domézon a suc-cédé le 1er août à Jacques Favre au poste de directeur général de l’Hotel d’Angle-terre à Genève. Agé de 42 ans et diplômé de l’Ecole hôtelière de Lausanne, il travaille depuis vingt ans dans l’industrie hôtelière de luxe.

En partenariat avec ALPHA.CH, un service de Jobup

PHO

TOS:

MAT

THIE

U S

POH

N,

DR

Primes Qui n’a jamais pesté contre l’augmentation de ses primes d’assurances ou ne s’est jamais senti peu indemnisé lors d’un sinistre? Fort du constat que le monde des assurances est compliqué, Cyril Déléaval (à gauche) et Sébastien Kügele lancent Billiga.ch en octobre dernier. Il s’agit d’une plate-forme qui met les assurances en concurrence afin qu’elles proposent le meilleur tarif. Il suffit de s’inscrire sur le site, de cocher les prestations recherchées, d’indiquer la durée des enchères et d’attendre les offres. «Le site est un système d’enchères fermées à l’envers qui incite les prestataires à faire l’offre la plus basse», pré-cise l’un des cofondateurs. La start-up travaille avec une soixantaine de partenaires en Suisse romande. L’internaute est ensuite libre de contracter ou pas. Par ailleurs, la start-up vient de lancer l’e-magazine billiMAG.ch pour informer au mieux les internautes sur les assurances. [CM] www.billiga.ch

UN PROBLÈME, UNE SOLUTION

QUE LE MEILLEUR ASSUREUR GAGNE

Caoutchouc Benoît Schmoutz est une vraie cen-trale électrique, ce 5 juillet, alors qu’il inaugure à Bienne les nouveaux locaux de Valiance. La société spécialisée dans les bracelets de montres en caoutchouc qu’il a créée en 2009 avec Alain Doutaz et Thierry Rognon connaît une forte croissance. «Nous représentons 10% du chiffre d’affaires dans les bracelets de montres en caoutchouc, avec 2,5 millions de francs de chiffre d’affaires», indique le responsable. L’entreprise bernoise était à l’équilibre dès son deuxième exercice. De cinq personnes à fin 2010, Valiance en emploie une quinzaine aujourd’hui et en occu-pera bientôt une vingtaine. Travaillant à partir d’une base en caoutchouc moulée, Valiance pro-pose également des produits combinés avec du

ZOOM SUR UNE PME

Valiance, success story bernoisecuir ou d’autres matériaux. Elle fournit notam-ment des marques indépendantes mais aussi plusieurs marques des grands groupes horlogers, du milieu jusqu’au haut de gamme. L’entreprise fabrique des bracelets qui peuvent équiper des montres valant entre 1500 francs et plusieurs centaines de milliers de francs, lorsqu’ils sont montés par exemple avec des boîtes en or rose. «Les bracelets en caoutchouc ont dépassé l’effet de mode et sont entrés dans les mœurs, au même titre que le cuir et le métal, constate Benoît Schmoutz. L’avenir est au caoutchouc esthé-tique, avec des décorations personnalisées, et non plus au bracelet noir standard.» Les procédés de Valiance serviront aussi au secteur dentaire et dans la maroquinerie. [MZ]

Accessoires Etudiants à la HEG de Genève et déjà entrepreneurs dans l’âme. Alexandre Chatelain, 22 ans, et Laurent Ayer, 25 ans, ont tenté pendant trois ans de lancer de nombreux projets sur internet, tous tombés à l’eau. La bonne idée? Ils l’ont eue en constatant l’évolution du nombre d’iPhone en Suisse. Ils décident alors de fonder Iphonestyle.ch en avril 2012, une plate-forme qui propose une centaine d’étuis originaux et autres accessoires liés au smartphone d’Apple. Qu’ils soient en plastique, cuir ou silicone, avec les logos de Superman, Hello Kitty ou Mario Bros, le site enregistre déjà une cinquantaine de com-mandes par jour et est rentable depuis peu. Les deux Genevois réfléchissent désormais à s’investir à 100% dans leur entreprise à la fin de leurs études. [CM] www.iphonestyle.ch

Etuis originaux pour iPhone

«JE ME LANCE!»

ALEXANDRE CHATELAIN FONDATEURS DE IPHONESTYLE.CH

LAURENT AYER

CONTACTEZ-NOUS Vous créez votre entreprise ou votre PME a une actualité forte, merci d’écrire à [email protected]

TalentsPetites et moyennes entreprises

FONDATEURSDe gauche à droite:

Thierry Rognon, Benoît Schmoutz et Alain Doutaz.

76 BILAN 5 septembre 2012

Page 77: BILAN

Avez-vous un modèle de management?Comme en télévision, nombreux sont ceux qui pensent détenir la vérité. Beaucoup savent que le management d’aujourd’hui repose sur 4 modes complémentaires: le mode participatif, le mode persuasif, le mode directif et le mode délégatif. Le modèle idéal est sûrement un équilibre savoureux entre ces 4 modes. Rares sont les certitudes en matière de management. La seule à laquelle je crois repose sur la dynamique de groupe qui reste un équilibre fragile qui se nourrit et se consolide chaque jour.

Combien de temps durent les séances que vous dirigez?J’ai naturellement tendance à prendre le temps de m’exprimer et à donner la parole aux autres. Difficile donc de faire des séances courtes. Mais mon objectif reste heureusement l’efficacité de chaque séance. Dans un média comme le nôtre, l’échange et le dialogue est permanent. De la réflexion naît l’action.

Utilisez-vous professionnellement les réseaux sociaux?Les réseaux sociaux s’intègrent désormais dans toutes les ré-flexions. La nouvelle dynamique professionnelle qui est la mienne aujourd’hui doit m’inciter à aller plus loin dans cette direction.

Quel est votre mantra en management?Il est difficile de résumer un management en une seule phrase. Je peux, en revanche, vous avouer le pire mantra qui soit: diviser pour mieux régner.

Quelle est la meilleure idée que vous ayez jamais eue?Lorsque j’ai eu l’idée, à 19 ans, de me lancer dans les médias, je n’ai jamais lâché. J’ai continué dans cette voie qui me passionne toujours. Ma meilleure idée fut donc ma première... celle qui me permet de vivre ma vie professionnelle aussi intensément.

…et la pire?Je suis sans cesse à la recherche d’idées nou-velles. Certaines sont proches du pire... Je les conserve cependant dans un coin de tête pour y repenser parfois et me faire sourire...

TêtesPH

OTO

S: D

R, K

AKU

LYA

ANNONCEZ Envoyez vos transferts à [email protected]

DANS LES ENTREPRISES

THOMAS GOOSMAN FONCTION

CEO ENTREPRISE

Kuoni Suisse

Arrivé en 2003 chez Kuo-ni, Thomas Goosman a été nommé, début août, CEO du groupe avec effet immédiat. Il reprend ainsi l’une des fonc-tions de Leif Vase Larsen, qui reste directeur de la divison Outbond Europe. Par ailleurs, Marianne Häuptli, respon-sable sales & operations, a quitté le voyagiste.

JEAN-CHRISTOPHE PERNOLLET FONCTION

Directeur financierENTREPRISE

Holding Edmond de Rothschild

Jean-Christophe Pernol-let a quitté son poste de directeur financier d’EFG International pour rejoindre le 3 septembre la Holding Edmond de Rothschild, la société faîtière du groupe du même nom. Il assumera la responsabilité des finances vis-à-vis du régulateur Finma.

SANDRA HAUSER FONCTION

Country manager ENTREPRISE

Avaloq (Suisse)

Elle était jusqu’à présent directrice de l’informatique (CIO) pour la Wealth Division de RBS. Sandra Hauser sera dès le 1er novembre prochain country manager chez Avaloq, fournisseur de solutions bancaires, pour la Suisse et le Liechtenstein.

BBBBBBB EN 4 DATES1997 Rédacteur en chef Léman Bleu Télévision.2000 Directeur général TV8 Mont-Blanc - France.2002 Création société de production Aftermedia.2009Politique à domicile: 1re émission de téléréalité politique en France.

Questions à

STÉPHANE SANTINI, NOUVEAU DIRECTEUR DE LÉMAN BLEU

TRISTAN CERF FONCTION

Directeur de l’information ENTREPRISE

La Télé

Agé de 39 ans, TristanCerf pilotera dès cet automne la rédaction et les équipes magazines de La Télé, qui a annoncé par ailleurs l’installation d’un 4e studio à Meyrin. L’actuel rédacteur en chef adjoint de la Tribune de Genève a aussi dirigé Le Matin Bleu et 20 Minutes.

LAURENT KOUTAÏSSOFF FONCTION

Chef de la communica-tion ENTREPRISE

Etat de Vaud

Directeur de la communi-cation du groupe bancaire Mirabaud & Cie depuis onze ans, Laurent Koutaïssoff, 46 ans, remplacera dès le 1er décembre prochain Laurent Rebeaud à la tête du bureau d’information et de communication de l’Etat de Vaud. L’intérim sera assuré par Luc Jaccard.

JEAN-VITAL DOMÉZONFONCTION

Directeur général ENTREPRISE

Hôtel d’Angleterre

Jean-Vital Domézon a suc-cédé le 1er août à Jacques Favre au poste de directeur général de l’Hotel d’Angle-terre à Genève. Agé de 42 ans et diplômé de l’Ecole hôtelière de Lausanne, il travaille depuis vingt ans dans l’industrie hôtelière de luxe.

En partenariat avec ALPHA.CH, un service de Jobup

5 septembre 2012 BILAN 77

Page 78: BILAN

MENU

Dans le bureau du directeur du Beau-Rivage PalacePAGE 82

ART

Comment devenir collectionneurL’idée vous séduit depuis longtemps mais vous ne savez pas par où commencer.Conseils pour trouver sa voie. PAR STÉPHANE DELBERG

PHO

TO:

BRID

GEM

ANAR

T/ T

HE

ROYA

L C

OLL

ECTI

ON

BIEN CHOISIRL’abondance d’œuvres rend leur achat difficile, comme sur ce tableau

de Johann Zoffany (1783).

PlaisirsBONNES ADRESSES 81 MON BUREAU 82

LEUR MEILLEUR ÉCHEC

PHO

TO:

DR,

KEY

STO

NE

GABRIELLE NANCHEN, EX-CONSEILLÈRE NATIONALE, SE RACONTE À BILAN

«Ce qui me pousse à agir? Les échecs»

Nos montagnes recèlent des trésors. J’en ai rencontré un, ou plutôt «une». Gabrielle Nanchen me reçoit dans sa maison perchée sur le coteau d’Icogne. Un village valaisan par lequel on passe sans vraiment le voir, en route vers Crans. Mais qui est Gabrielle Nanchen? Cette femme fine au regard brillant n’est pas n’importe qui. A 28 ans – jeune maman –

elle est élue au Conseil national. C’est intéressant mais banal. Si ce n’est que cette année-là correspond à l’introduction du droit de vote des femmes en Suisse. Avec cette élection, Gabrielle Nanchen devient la première de classe. Une des premières femmes élues à Berne, la première Valaisanne, socialiste. En plus, elle est alors la plus jeune de toute la bande. Imaginez l’onde de choc dans nos alpages!

DES INJUSTICES INSUPPORTABLESComment cette Suissesse étrangère – en Valais – parce que fille d’un père italien et d’une mère française en est-elle arrivée là? L’injustice l’insupporte. 1966. Après s’être vu refuser un job de cadre à l’Etat au profit d’un homme moins qualifié, elle se révolte. Elle milite pour le suffrage féminin, elle qui avait rejoint le Parti socialiste peu après son arrivée en Valais. «Ça bougeait beaucoup quand j’étais à l’Université. Et dans le canton de Vaud, j’avais le droit de vote», relève-t-elle. Lorsqu’elle est sollicitée pour les élections fédérales de 1971, elle accepte tout en souhaitant ne pas être élue! Ce sont 43 voix, sur 15 000, qui changeront son destin. Elle réfléchit et hésite beaucoup. Elle a deux petits enfants en bas âge. «Et Berne était à plus de trois heures de Sion.» Mais sa loyauté envers ses électeurs est plus forte. L’aventure commence et durera huit ans. Vers la fin, c’est avec son plus jeune fils qu’elle se rend à Berne. Elle le confie à une Tagesmutter en dehors des moments où elle s’échappe du Parlement pour l’allaiter. Le week-end, lorsqu’elle rentre, l’attendent son mari, ses deux aînés et… la lessive, le ménage, les devoirs.

Cela ne l’empêche pas d’avoir adoré ces années de «politique politicienne», dit-elle. «Le clivage gauche-droite était moins marqué. L’entente était excellente entre presque tous les Romands.» Celle qui a étudié avec Couchepin et siégé avec Delamuraz a un respect immense pour notre système politique. Elle aimait lancer des idées. Par exemple, celle de l’âge flexible de la retraite. «Mon postulat n’a toujours pas été concrétisé. Mais ainsi va la vie à Berne… c’est parfois si long qu’on en oublie l’origine», dit-elle en souriant.

SAISIR TOUTES LES OPPORTUNITÉSAlors que je m’apprête à prendre congé, elle me dit fermement: «Ma

vie ne s’est pas arrêtée là!» Je me rassieds. Depuis la fin de sa carrière politique, trente-trois années ont passé durant lesquelles elle n’a pas cessé de faire des choses extraordinaires. Un mandat de près de dix ans pour la DDC, le Comité de candidature Sion 2006, l’assemblée du CICR, la rédaction de trois ouvrages sur ses combats, sur les femmes et sur Compostelle. Alors que nous évoquons ce qui la pousse à agir, c’est elle qui me parle spontanément «échec». Elle a déjà fait l’analyse de sa vie. Un mari psy, ça aide… «Toutes les choses intéressantes qui me sont arrivées l’ont été en réaction à des échecs», me dit-elle. Lorsque survient la crise, tous ses capteurs se mettent en éveil pour saisir les opportunités de la vie. Gabrielle Nanchen ne cite pas un échec en particulier. Sa vie en est «jonchée». Le job qu’elle n’a pas eu l’a amenée au Conseil national, le

boycott du Nouvelliste lui a donné le support indéfectible de la radio et de la télévision, la fin de sa carrière politique l’a conduite au Kenya et sur les 2400 km du chemin de Compostelle. Après deux heures d’échanges, je quitte Gabrielle Nanchen avec regrets. Avec elle, on peut parler de tout en passant d’un sujet à l’autre. Elle s’intéresse à tout. Elle est passionnante, vive et claire. Elle est la mémoire vivante du temps qui passe bien. Celui qui fait réaliser que le temps ne passe pas vite, lorsqu’il est de qualité. Je vous souhaite une belle quinzaine et… à tous ceux qui se plaignent: engagez-vous! B

PAR PATRICK DELARIVEHomme d’affaires et chroniqueur

«J’ai adoré les années

de politique politicienne»

78 BILAN 5 septembre 2012

Page 79: BILAN

MENU

Dans le bureau du directeur du Beau-Rivage PalacePAGE 82

ART

Comment devenir collectionneurL’idée vous séduit depuis longtemps mais vous ne savez pas par où commencer.Conseils pour trouver sa voie. PAR STÉPHANE DELBERG

PHO

TO:

BRID

GEM

ANAR

T/ T

HE

ROYA

L C

OLL

ECTI

ON

BIEN CHOISIRL’abondance d’œuvres rend leur achat difficile, comme sur ce tableau

de Johann Zoffany (1783).

PlaisirsBONNES ADRESSES 81 MON BUREAU 82

Page 80: BILAN

PHO

TOS:

DR

Gastronomie Goûter un petit bout d’Italie en plein cœur de Lausanne c’est possible grâce au restaurant Chez Odete. Amoureuse de l’Italie, la propriétaire désirait ouvrir un lieu qui permettrait à chacun de déguster de la cuisine typique sans avoir besoin de s’y rendre. Tagliatelles, spaghettis, tortellinis, la spécialité maison n’est autre que les pâtes fraîches réalisées chaque matin par le chef. La carte, qui se fait et se défait au gré des saisons, est un festival de saveurs avec des antipasti, du risotto et de savoureux desserts comme le tiramisu qui donne l’eau à la bouche. L’ambiance, elle, se veut cosy, accueillante et chaleureuse, à l’image des traditionnelles trattorias. Histoire de se faire plaisir entre amis tout en savourant un brin d’Italie. [LN]Chez Odete, rue Jean-Louis-de-Bons 1, 1006 Lausanne, tél. 021 601 07 50.

RESTAURANT CHEZ ODETE, LAUSANNE

L’ITALIE COMME SI VOUS Y ÉTIEZ

Gourmandises Pour toutes celles et ceux qui cherchent un petit plaisir fondant tout en légè-reté après une journée sportive à la montagne, la nouvelle boutique Ladurée va les combler. Le cinquième point de vente de la marque en Suisse vient d’ouvrir ses portes en plein cœur de Crans-Montana. Esprit boudoir, jeux de miroirs, macarons aux couleurs acidulées, épicerie fine, tout y est pour satisfaire la clientèle. Ceux qui ne raffolent pas des

BOUTIQUE LADURÉE, CRANS-MONTANA

Instants douceurs à la montagnemacarons ne sont pas en reste puisque la boutique propose également des pâtisseries et des chocolats. Pour tous les autres ils se délecteront de la collec-tion «Les Incroyables» dont la ganache du macaron est constituée de guimauve, parfumée à choix à l’amande ou à la fraise. Un seul risque, repartir avec un sac rempli de gourmandises. [LN]Ladurée Crans-Montana, rue Centrale 29, 3963 Crans-Montana, tél. 027 480 45 14, www.laduree.com

Le rendez-vous des branchés change d’adresse et s’agrandit. Particules en Suspension, bou-tique spécialisée dans la vente d’objets design, de créations locales et d’articles humoris-tiques se situe désormais à la rue Etraz, à Lausanne. Et son offre s’élargit, avec des ser-vices complémentaires comme les cadeaux d’entreprises, les conseils en aménagement d’intérieur ou encore de la création graphique. Quant à l’agencement de la boutique, elle mise sur des couleurs pop donnant du dynamisme à l’espace. Bref, le lieu idéal où dénicher des pièces permet-tant d’égayer son intérieur. [LN]Particules en Suspension, rue Etraz 2, 1003 Lausanne, tél. 021 312 62 22, www.particules.ch

Particules en extension

LAUSANNE

AdressesPlaisirs

Vous voulez devenir collection-neur? Vous êtes dans l’air du temps. Je commencerai tout de même par un bémol. Et même deux. D’abord, les collection-

neurs ne sont pas nombreux. Il y a surtout des acheteurs. Ensuite, comme vous l’avez com-pris à mon accord épicène, il s’agit essentiel-lement d’hommes. Je vais malgré tout même indiquer cinq voies pour y parvenir.

VOUS VOULEZ FAIRE PARTIE D’UN GROUPEC’est bien connu. Des marques de costumes à celles de voitures, nous donnons du signe. Il en va logiquement de même pour les œuvres d’art. Depuis une trentaine d’années, le «trend» est au contemporain. Au monu-mental. Au dépouillement. Autant dire qu’il vous faut, pour commencer, une immense villa, ou un appartement kilométrique.

Pour le remplir (mais très peu, comme dans les musées d’art moderne), il suffit d’avoir de bons yeux. Ce qui est à la mode se trouve chez ces riches connaissances que vous appelez imprudemment vos amis. Vous verrez. C’est facile. Il s’agit toujours d’œuvres caractéris-tiques de créateurs connus, et bien sûr chers, qui se détacheront obligatoirement sur un fond blanc. L’ennui, évidemment, réside dans l’absence totale d’originalité. Mais celle-ci ne constitue ici pas le but recherché. Vous achetez pour vous conformer à une norme.

VOUS ALLEZ CRÉER VOTRE FONDATIONLa même chose, à l’échelle supérieure. Je vous préviens tout de suite. Il faudra de très gros moyens, qui ne se verront pas quali-fiés d’investissements. Il faut cette fois pour commencer une énorme quantité d’œuvres. En tout cas 500. Mais il devient ici de bon ton de parler en milliers, en restant dans le vague.

Je vous rassure bien vite. Il n’est pas néces-saire de les acheter à la pièce, puisque vous formez des ensembles.

Les frais ne sont pas terminés au paie-ment des factures. S’imposent bientôt des dépôts et les services d’un (ou d’une) conservateur(trice). Viendra ensuite le bâti-ment. S’ajoutera enfin l’exploitation de la chose, portant votre nom. Publicité. Person-nel. Expositions. A moins d’être milliardaire, oubliez!

VOUS DEVENEZ SPÉCULATEURUn correspondant de Madame de Sévigné assurait déjà que les tableaux tenaient «de l’or en barres». C’est du solide. C’est du concret. Reste cependant à savoir acheter. Pour espérer empocher des bénéfices, il faut des valeurs montantes. Certains artistes sont dits «émergents». Vous ne les trouverez pas chez Marlborough Fine Art ou chez Gago-sian. Ceux-là ont déjà solidement émergé.

Votre vie deviendra une course dans les «off» des grandes foires, à commencer par Art/Basel. Plutôt que de lire les articles abscons d’Artpress, vous suivrez les ventes. Sur la table de votre bureau s’empileront les catalogues, avec les résultats annotés. Une vie d’angoisses vous attend. A côté du mar-ché de l’art, la Bourse reste un long fleuve tranquille. Le monde est plein de tableaux devenus invendables et de noms oubliés… du moins pour le moment.

VOUS CULTIVEREZ UN JARDIN SECRETTout le monde n’a pas envie d’être comme tout le monde. Un collectionneur ne doit pas non plus forcément jouer les exhibitionnistes. Il demeure permis d’exploiter des do- PH

OTO

S: D

R

«A côté du marché de l’art,

la Bourse reste un long fleuve

tranquille»

Plaisirs

maines moins galvaudés. A vous les mon-naies antiques, les costumes anciens ou les tableaux baroques!

Le problème, c’est qu’il s’agit là d’acqué-rir des connaissances, et que cela prend du temps. Comptez une solide décennie avant de vous retrouver adopté par votre petite fa-mille d’élection. Il faudra aussi découvrir les arcanes d’un marché infiniment complexe, des grandes ventes aux brocantes. Il vous permettra parfois de réaliser des bonnes affaires. Celles qui satisfont simultanément l’orgueil et la rapacité financière. Le jardin secret s’adresse aux caractères bien trem-pés. Vous ne collectionnez plus avec les gens vous entourant, mais contre eux. Si le match de boxe doit se jouer en famille, restez céli-bataire.

VOUS VOUS IMPROVISEZ MÉCÈNE LOCALNotre époque fourmille d’artistes. Les écoles spécialisées les dupliquent comme une confiserie industrielle les lapins en chocolat. Il faut des amateurs pour éponger cette pro-duction. La commande publique n’absorbe pas tout. Vous commencez donc à acquérir, pour de petits prix, ce qui vous plaît dans les lieux expérimentaux. Comme vous achetez sans espoir caché de récupérer votre argent, autant se faire plaisir.

La chose vous liera avec certains gale-ristes, qui verront en vous la poire sympa-thique. Vous serez amené à connaître cer-tains artistes. Sachez que vous resterez un

homme (ou une femme) rare, et donc précieux. On parlera de vous. Forcément en bien. Vous pouvez même deve-nir un «people» local. Et qui sait? Un de vos poulains vous revaudra peut-être un jour le coût de votre écurie entière. B

Page 81: BILAN

PHO

TOS:

DR

Gastronomie Goûter un petit bout d’Italie en plein cœur de Lausanne c’est possible grâce au restaurant Chez Odete. Amoureuse de l’Italie, la propriétaire désirait ouvrir un lieu qui permettrait à chacun de déguster de la cuisine typique sans avoir besoin de s’y rendre. Tagliatelles, spaghettis, tortellinis, la spécialité maison n’est autre que les pâtes fraîches réalisées chaque matin par le chef. La carte, qui se fait et se défait au gré des saisons, est un festival de saveurs avec des antipasti, du risotto et de savoureux desserts comme le tiramisu qui donne l’eau à la bouche. L’ambiance, elle, se veut cosy, accueillante et chaleureuse, à l’image des traditionnelles trattorias. Histoire de se faire plaisir entre amis tout en savourant un brin d’Italie. [LN]Chez Odete, rue Jean-Louis-de-Bons 1, 1006 Lausanne, tél. 021 601 07 50.

RESTAURANT CHEZ ODETE, LAUSANNE

L’ITALIE COMME SI VOUS Y ÉTIEZ

Gourmandises Pour toutes celles et ceux qui cherchent un petit plaisir fondant tout en légè-reté après une journée sportive à la montagne, la nouvelle boutique Ladurée va les combler. Le cinquième point de vente de la marque en Suisse vient d’ouvrir ses portes en plein cœur de Crans-Montana. Esprit boudoir, jeux de miroirs, macarons aux couleurs acidulées, épicerie fine, tout y est pour satisfaire la clientèle. Ceux qui ne raffolent pas des

BOUTIQUE LADURÉE, CRANS-MONTANA

Instants douceurs à la montagnemacarons ne sont pas en reste puisque la boutique propose également des pâtisseries et des chocolats. Pour tous les autres ils se délecteront de la collec-tion «Les Incroyables» dont la ganache du macaron est constituée de guimauve, parfumée à choix à l’amande ou à la fraise. Un seul risque, repartir avec un sac rempli de gourmandises. [LN]Ladurée Crans-Montana, rue Centrale 29, 3963 Crans-Montana, tél. 027 480 45 14, www.laduree.com

Le rendez-vous des branchés change d’adresse et s’agrandit. Particules en Suspension, bou-tique spécialisée dans la vente d’objets design, de créations locales et d’articles humoris-tiques se situe désormais à la rue Etraz, à Lausanne. Et son offre s’élargit, avec des ser-vices complémentaires comme les cadeaux d’entreprises, les conseils en aménagement d’intérieur ou encore de la création graphique. Quant à l’agencement de la boutique, elle mise sur des couleurs pop donnant du dynamisme à l’espace. Bref, le lieu idéal où dénicher des pièces permet-tant d’égayer son intérieur. [LN]Particules en Suspension, rue Etraz 2, 1003 Lausanne, tél. 021 312 62 22, www.particules.ch

Particules en extension

LAUSANNE

AdressesPlaisirs

5 septembre 2012 BILAN 81

Page 82: BILAN

MON BUREAU

PHO

TOS:

FRA

OIS

WAV

RE/R

EZO

Situé au rez de l’Hôtel Beau-Rivage Palace, donnant accès direct sur le lobby d’entrée, le bureau de François Dussart est parsemé de souvenirs: une commode Empire pro-venant de la maison de ses grands-pa-rents, des photos de Paris, sa ville natale, ou encore des objets offerts par des proches. Depuis neuf ans à la tête de l’hôtel cinq étoiles, François Dussart compte main-tenir l’établissement lausannois dans le

classement des meilleurs hôtels de Suisse. Pour cela, le Palace qui vient d’inaugurer un nouveau bar à cocktails commencera prochainement la rénovation d’une partie de ses 168 chambres, dont 8 grandes suites. Alors que 2012 a été une année difficile, l’établissement de 400 collaborateurs, dont l’actionnaire majoritaire est la Fondation de famille Sandoz, a enregistré un chiffre d’af-faires de 61 millions de francs en 2011. [CM]

Le palace de François Dussart

BALLON DE RUGBY

Aux couleurs

de l’équipe de l’Ecole

hôtelière de Lausanne

dont il est diplômé.

CHÂLE BLANC

Celui qu’il a présenté

au dalaï-lama

en 2010 lors de

son séjour à l’hôtel.

BONSAÏ

Offert en 2003 par

un administrateur,

le jour de son entrée

en fonction.

82 BILAN 5 septembre 2012

Page 83: BILAN

UN MOMENT PARTICULIER D’UNE RARE BEAUTÉ.

LA NOUVELLE BMW SÉRIE 6 GRAN COUPÉ AVEC xDRIVE, LA TECHNOLOGIE 4 ROUES MOTRICES INTELLIGENTE.

Il existe des moments qui sont faits pour l’éternité. Comme lorsque vous découvrez pour la première fois la nouvelle BMW Série 6 Gran Coupé. Le premier Coupé quatre portes de l’histoire de BMW est fait pour ceux qui apprécient les choses exceptionnelles: son design innovateur, sa sportivité sans compromis et son élégance exclusive sont en parfaite harmonie. Il séduit par des matériaux ultraraffinés dans l’habitacle et un turbomoteur V8 TwinPower BMW à la fois puissant et extrêmement efficace. Plus d’informations chez votre partenaire BMW ou sur www.bmw.ch

La nouvelleBMW Série 6 Gran Coupé

www.bmw.chLe plaisir

de conduire

Page 84: BILAN

Certains Comptent en minutes. nous, en années.

indépendants et spécialistes de la gestion institutionnelle, nous avons le temps et la patience pour éviter le piège de la spéculation. nous préférons compter en années et investir pour les futures générations. www.iam.ch

La perFormanCe De L’ inDépenDanCe

BILA

N N

UM

éR

O 1

55

septe

Mb

Re 2

01

2 la

bN

s va

ga

gN

eR

sON

pa

Ri sU

R l’e

UR

O le

dy

Na

MisM

e zU

Rich

Ois sp

écia

l cON

seils d

e p

lace

MeN

t did

ieR

bU

Rk

ha

lteR

, jaM

ais sa

Ns sa

feM

Me «j’a

i deU

x M

étie

Rs»

UrBANIsme Les secrets du dynamisne de la ville de Zurich. P 40

étUdes Les cours en ligne gratuits des grandes écoles. P 65

NU

MéR

O 1

5 –

fr.

6 –

eU

RO

s 5

,90

dU

05.0

9 a

U 1

8.0

9.2

012

Une idée d’avance sur l’économie

Didier Burkhalter: pourquoi il ne sort jamais sans sa femme. P 20