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Bernard Lazare. De l'anarchiste au prophète by Jean-Denis BredinReview by: Michael LöwyArchives de sciences sociales des religions, 38e Année, No. 82 (Apr. - Jun., 1993), pp. 257-258Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30118501 .

Accessed: 18/06/2014 17:54

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82.16 BOYER (Alain).

L'Institut musulman de la Mosquie de Pa- ris. Paris, CHEAM-La Documentation fran- gais , 1992, 142 p. (Preface de Philippe Decraene).

En 1920, la France compte 25 millions de sujets musulmans, dont 300 000 ont combattu en 1914-1918 et dont 100000 sont tomb6s pour sa d6fense. iElle d6cide alors, en re- connaissance, d'encourager et de financer par- tiellement la construction i Paris d'un Institut musulman avec mosqude, bibliothbque, salles de confdrence, etc., qui en ferait une << maison de l'Islam >> dans la capitale et une < vitrine de l'Islam frangais > : un ensemble indissocia- blement cultuel et culturel. La Mosqu6e fut inaugurde solennellement en 1926.

L'int6r&t et la n6cessit6 de cette 6tude vient de ce qu'elle clarifie une question 6minemment confuse, oii le flou juridique se marie au flou politique.

Flou juridique : la construction et la gestion furent confi6s i la Soci6t6 des Habous des Lieux Saints de l'Islam, constitude en 1917 pour faciliter le pilerinage & La Mecque des musulmans sous autorit6 frangaise, alors que la France 6tait en guerre avec l'empire otto- man. Double difficult6 qui surgira plus tard: cette Soci6t6 fut d6clar6e A la prdfecture d'Al- ger selon la loi de 1901, mais aussi enregistr6e par le cadi d'Alger ; elle comprenait sept mem- bres fondateurs, sans que rien soit pr6vu pour leur renouvellement. On se trouva ainsi, lors de l'Ind6pendance de l'Alg6rie, devant un vide juridique (le recteur fondateur 6tait d6cdd6 en 1954, sans successeur 16gitime) et une incerti- tude nationale (la Soci6t6 devait-elle rester frangaise ou devenir alg6rienne ?). Longue querelle, encore non rdsolue t ce jour.

Flou politique: depuis 1905, la France vit en r6gime de separation, sous la loi de 1905, aux termes de laquelle << la R6publique ne re- connait, ne salarie ni ne subventionne aucun culte a (art. 2). Comment done pourrait-elle fi- nancer une mosqu6e ? Le Comit6 de patronage fut constitu6 des plus hautes personnalit6s de I'Ltat (on y trouve Briand, mais pas Clemen- ceau), et le Comit6 de direction pr6sid6 par Edouard Herriot. Aucun ne se posa la question. En revanche, on a le sentiment d'un 6cart entre le discours politique et la prudence legislative. Le Parlement vote en 1921 un crddit de 500 000 francs-or pour la construction d'un Institut musulman, allou6 par le Ministbre des Affaires 6trangbres (et non de l'Int6rieur). Mais les hommes politiques parlent avant tout de la Mosqude, de l'affection de la France pour les musulmans et de ses sympathies pour l'is- lam, Herriot parle meme de son << aide spiri- tuelle >> et de l'hospitalit6 offerte << l'ombre pieuse > de la mosqu6e.

Certes, la contribution franCaise fut mo- deste: 2,5 % pour l'Etat, un petit 10 % pour la Ville de Paris qui offrit le terrain; Mais elle fut d6cisive, et surtout elle donnait de la lai'cit6 r6publicaine une image nouvelle, in6dite, qui annonCait une 6volution progressive. Cette pr6- cieuse 6tude fait le point sur l'imbroglio juri- dique. Au-delh, elle invite i une r6flexion positive sur la nature et le devenir de notre la'citd i la frangaise. L'histoire de la Mosqu6e de Paris est le premier d'une longue s6rie de gestes publics, souvent ignords, qui se sont poursuivis jusqu'h nous. Si la lai'cit6 publique prochde bien de l'esprit la'que, elle ne peut se d6velopper historiquement que par l'exercice des libert6s dont elle institue et reconnait le droit. C'est son paradoxe.

Emile Poulat.

BULLETIN DES OUVRAGES

vivons dans < l'bre de la parfaite culpabilit6 >. Le combat prol6tarien contre le capitalisme est charg6 de signification thdologique et r6demp- trice. Dans Histoire et Conscience de Classe, qui se r6frre souvent g W6ber, le prol6tariat apparait comme la force capable de lib6rer la soci6t6 de la cage d'acier de la r6ification et de la bureaucratie.

M~me si telle ou telle interpr6tation propo- s6e par l'A. peu apparaitre comme discutable ou hasardeuse, son livre montre la f6condit6 d'une approche de la pens de Weimar en tant que a postdritd w6b6rienne a.

Michael Ldwy.

82.17 BREDIN (Jean-Denis).

Bernard Lazare. De l'anarchiste au pro- phhte. Paris, Ed. de Fallois, 1992, 428 p.

Cette nouvelle biographie de Bernard La- zare, d'une qualit6 litt6raire certaine, reconsti- tue les principales dtapes de l'itindraire de ce personnage d6rangeant et assez unique dans l'histoire du judaisme frangais. Ecrivain sym- boliste, militant anarchiste, < israL61ite fran- gais > un moment tent6 par l'antis6mitisme, il sera le premier intellectuel 61iever sa voix pour la d6fense du capitaine Dreyfus (1895). C'est au cours du combat dreyfusard qu'il va retrouver son identitd juive et adh~rer, pour un moment, au mouvement sioniste. Cependant,

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

oppos6 h la diplomatie de Herzl, il ddmissionne de celui-ci pour se vouer, au cours de ses der- nitres ann6es, t la d6fense des communaut6s juives opprim6es de Roumanie et de Russie.

Juif non croyant, spinoziste, Bernard Lazare 6tait un adversaire irr6ductible de l'Eglise ca- tholique. Cela ne l'empechait pas de s'int6res- ser h la figure du Christ, sur lequel il avait l'intention d'6crire un grand ouvrage. L'auteur a pu consulter dans les archives les abondantes notes qu'il avait r6dig6es en vue de ce projet. B. Lazare voulait montrer que l'enseignement et la vie de J6sus 6taient l'expression de << ce que le judaisme avait de plus profond et plus universel >>. Son martyre pr6figure celui des Juifs pers6cutds au nom du christianisme.

Le livre est int6ressant, et apporte certains 616ments nouveaux par rapport h l'excellente biographie (plus ancienne) de Nelly Wilson. Mais on a parfois l'impression que l'A. est un peu d6pass6 par son sujet. Par exemple, il a du mal h s'expliquer la rupture de Bernard La- zare avec Herzl (qui avait pour motif l'oppo- sition irr6ductible du socialiste libertaire h ce qu'il consid6rait comme un < sionisme politi- co-diplomatique capitaliste et bourgeois>>), qu'il met sur le compte du caractbre << violent, intraitable, brutal >> de B. Lazare, ou de sa ten- dance a trop id6aliste pour se soumettre aux exigences de l'action >>...

En conclusion de l'ouvrage, I'A. souligne que la seule noblesse que Lazare se soit per- mise a 6t6 << une fidl61it6 titue au rave libertaire que sa vie n'a fait que renforcer. Lazare est obstindment rest6 du c~t6 des vaincus >>.

Michael L6wy.

82.18 BROMLEY (David G.), HAMMOND (Phillip E.) 6d.

The future of New Religious Movements. Macon (Ga.), Mercer University Press, 1987, 278 p.

Un livre d'une grande rigueur, fruit d'un v6- ritable travail collectif. L'introduction pr6cise comment s'est d6roul6 ce travail, i commencer par les conditions du soutien de la New Ecu- menical Research Association au colloque sur l'Avenir des Nouveaux mouvements religieux (NMR) qui est h l'origine du livre (le colloque s'est tenu en 1983). L'organisation scientifique du colloque chercha h se donner r6ellement les moyens de pouvoir appr6cier les chances de succbs - ou d'6chec - des NMR des ann6es soixante et soixante-dix en partant des acquis des recherches sur les anciens NMR. Trois groupes furent retenus, la controverse particu-

librement vive h leur sujet ayant suscit6 de nombreuses recherches: l'Eglise de l'Unifica- tion, la Scientologie, l'International society for Krishna Consciousness (Hare Krishna). Au cours du colloque quelques incursions furent effectu6es du c6t6 d'autres groupes, notam- ment du c6t6 de la Soka Gakkai. R. Stark et B.R. Wilson d6veloppbrent, chacun de leur c6- td, une large systematisation des facteurs ceuvrant au succis (angle d'analyse de R. Stark) ou, au contraire h l'6chec (angle d'ana- lyse de B.R. Wilson) des NMR. Pour l'ouvrage qui devait faire suite au colloque l'un et l'autre ont accept6 de revoir leur communication en tenant compte des apports des intervenants au colloque. Et, h ceux-ci, les 6diteurs de l'ou- vrage ont demand6 des textes analysant pr6ci- s6ment les a facteurs >> mis en avant par Stark et Wilson. On a des analyses en ce sens de W.S. Bainbridge et de R. Wallis sur la Scien- tologie, de J. Lofland et d'E. Barker sur 1'E- glise de l'Unification, de E.B. Rochford et de L.D. Shinn sur l'ISKCON, de D.A. Snow sur la Soka Gakkai. Trois textes - de R. Ellwood, de B. Johnson, de P.E. Hammond - d6velop- pent des mises en perspective g6ndrales. L'ou- vrage comporte aussi deux textes d'adeptes, eux mimes chercheurs en sociologie et en his- toire des religions (M.L. Mickler, S.J. Gel- berg). Un texte s'interroge sur l'avenir du mouvement anti-sectes (D.G. Bromley et A. Shupe). Au total, on a affaire h un ensemble extremement pens6 qui repr6sente une incon- testable avanc6e dans la recherche.

Le modble de Stark, trbs syst6matis6, est ap- paru op6ratoire aux participants et leur apport a pour une bonne part consist6 h pr6ciser le r61e des diff6rents facteurs de r6ussite d'un NMR avanc6s par Stark: - une continuit6 culturelle avec les croyances traditionnelles de la soci6t6 oih le NMR inter- vient ; - un degr6 de tension mod6r6 avec l'environ- nement; - une capacit6 effective de mobilisation des adeptes ; - la capacit6 d'atteindre et de maintenir une r6partition par age et par sexe < normale >>; - un environnement favorable: une 6conomie religieuse d6r6gul6e et la s6cularisation qui gagne du terrain; - la capacit6 h maintenir un r6seau serr6 de relations entre les membres du groupe sans que pour autant celui-ci s'isole de la soci6t6 glo- bale ; - la capacit6 du groupe de r6sister h une s6- cularisation interne ; - une socialisation des jeunes limitant les ten- dances s6cularisatrices et les d6fections.

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