arcelin 1979 ceramique a vernis noir tardif en provence occidental

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  • 5/16/2018 ARCELIN 1979 Ceramique a Vernis Noir Tardif en Provence Occidental

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    NOTE SUR LES CERAMIQUES A VERNIS NOIR TARDIVESEN PROVENCE OCCIDENTALE

    par Patrice ARCELIN

    1. En abordant les ceramiques a vernis noir de Provence, il nous faut constater Ie peu d'etudes existant acejour, tant pour les fouilles terrestres que pour les epaves cotieres (1). II nous semble cependant utile d'esquisser au-jourd'hui une premiere vue d'ensemble des importations et des productions regionales au ler s. av. J .C. dans lesBouches.cJuRh6ne et dans Ie Vaucluse. De quels documents disposons-nous pour cette perlode ? Ceux-ci sont devaleur archeoloqique fort differente et, de plus, irrequlierernent dissernines (fig. 1) :- A Marseille rnerne (fouilles de la vieille ville et du quartier de la Bourse), les decouvertes de ceramiques ~vernis noir tardives sont importantes, mais n'ont fait I'objet d'aucune publication. II est bien evident que nous sommesprives d'une documentation tres riche non seulement sur les importations proprement dites, mais aussi sur les irni-tations locales qui semblent represantees en tres grand nombre, .- La region de l'Etang de Berre tournit par contre des documents plus precis, Si les fouilles du site de SaintBlaise n'offrent qu'un materiel hors de tout contexte stratigraphique (21, de merne que Ie petit gisement, aujourd'huidisparu, de la Roque d'Odor, a Fos (3), nous pouvons nous appuyer davantage sur les fouilles recantes du Castell as deRognac (41 ou du village fortif ie de la Cloche, aux Pennes-Mirabeau (51.

    - Plus a I'Est, I'oppidum du Baou-Houx, a Bouc-Bel-Air (61 peut fournir un etat des importations a vernisnoir dans Ie dernier quart du lie siecle. Au Nord d'Aix-en-Provence , les fouilles d'Entremont ont mis au jour unegrande quantite de cerarnique ~ vernis noir. Malheureusement, celles-ci n'ont jamais fait l'objet d'etude serieuse. II estpourtant bien evident que la publication de cette cerarnique, entre autres, servirait de point de repere pour Ie milieu etIe troisierne quart du lie s. avoJ.-C_ (71.- Dans Ie Vaucluse, nous utiliserons les donnees des puits et fosses de la colline Saint-Jacques, a Cavaillon(8). Ceux-ci se placent pour la plupart a la fin du ler 5., voire aux premieres annees de notre ere. De la meme periods.nous avons etudie un depotoir au Beaucet, pres de Carpentras (9).

    1. - II faut cependant mentionner les etudes de :'Benoit 1961,71-99; Bats 1976,63-80 ; Arcelin 1973,91-189.2. - Nous avons pu consulter sommairement la cerarnique is vernis noir de ce site grace a l'amahilita de M. Fr. Salviat. Uno Muded'ensemble doit etre reprise ulterieurernent. Tout en n'ignorant pas certains problarnes poses par la numismatique, nous

    pouvons, en nous appuyant sur l'etude du materiel ceramique (modele et tournel, avancer uno date d'abandon du siteau plus tard au debut du ler s. av, J.-C. La datation de 49 proposes par H. Rolland nous semble un peu trop basso d'aumoins un quart is un derni-siecle (cette discussion sera reprise dans notre these sur la cerarnique rnodelee du ler s. avoJ .-C. ,fin 1978). Voir les articles de H. Rolland: Fouilles de Seint-Btsise (Bouches-du-Bhonel, Suppl : a Gettis, II, Paris, 1951 ;La stratigraphie de Saint-Blaise, CRAI, 1963, p. 81-89 ; Fouilles de Saint-Blaise 1951-1956, Suppl 8 Gstlis, VII, Paris,1956, p. 54.

    3. - La publication du materiel recueilli sur ce site avant son arasemer.t lors de l'amenaqernent de la zone industrielle de Fos. est enpreparation. Ce gisement semble abandonne dans la premier.' rnoitie du ler s. avo J .-C. Ce site a ete signale par F. Benoit:Carte Archeolopiqu de la Gaule romaine, 5, Boucbes-du-Rhone, Paris, 1936, nO 290.

    4. - Fouille et publie par L. Chabot: Le Castellas de Rognac et l'Etang de Berre a l'epoque prerornaine, RSL, 34, 1968 (Hommago aF. 8enoit, 1972), p. 151-215. Les datations trop haut es de cet article om ete corrigees ulteriaurement par t'suteur : i l fautplacer I'occupation de ce site entre 50/40 et 20/10 avo J.-C. : L. Chabot, La circulation moneraira auteur de l'Etang deBerre et Ie monnayage massaliete au ler 5. a vo J.-C.RAN, 8, 1975, p, 139, note 1, Grace is I'obligeance de notre amiL. Chabot, nous avons pu voir l'Inteqtalite du materiel exhume dans les 25 premieres cases. et effectuer une {!tude statis-tique dont nous nOU5servons ici.

    5. - Ce site est actuellement en cours de fouilles par L.Chabot et son equipe. II n'a fait I'objet que de notes d'ensemble et d'etudes surles bijoux et la numismatique : L. Chabot, L'oppidum de La Cloche aux Pennes-Mirabeau, Livret-Guitie C 3, U.I.S.P.P.,IXe Congres de Nice, 1916, p. 39-43. La destruction brutale du site semble se placer vers Ie milieu .du 1er S. avo J.-C. Lesrenseignements sur la cerarnique is vernis noir nous ont ete communiques fort aimablement par L. Chabot.

    6. - Nous avons pu, grace a I'obligeance de M. J.P. Tennevin, faire I'inventaire de la ceramique 8 vernis noir du site. Voir de cet au-teur : Le Bsou-Roux, oppidum calto-ligure, Aix-en-Provence, 1972.7. - Une etude serait prevue sur ce materiel. Nous avons pu avoir quelques indications par MM. Fr. Salviat et G. Congas, que nousremercions vivement. Voir F. Benoit, Resultats historiques des fouilles d'Entremont (1946-19671, Gal/ ia , 26, 1968, p. 1-31.8. - A. Dumoulin, Les.puits et les fosses de la colline Saint-Jacques, II Cavaillon (Vaucluse), Gallie, 23, 1965, p. 1-85.g. - p, et Ch. Arcelin, R. Caillet, Un dspotoir prerornain au lieu-dit La Baume (Le Beaucet, Vaucluse) I. Etude archeoloqique, 8

    paraitre dans Documents d'Archeologie Meridiona/e, I,1978,- 105-

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    - La zone des Alpilles est celie qui, f J ce jour, apporte Ie plus de renseignements sur les c eram iq ue s ~ vernisnoir tardives. Non seulement elle possede plusieurs necropoles de cette periode ( a Saint-Rernv, a Eyguieres, a Mouries,aux Baux) (10), mais aussi nous avons pu fouiller ces dern ie r e s annees, aux B a ux -d e-P ro ve nc e , d 'u ne part un depotoird'habitat du milieu du siecle (II), mais encore un ensemble de couches, ainsi qu'un puits-citerne, que l'on peut dateravec precision entre 5 avo J.C. et 5/10 ap. J.C. (12). La cite antique de Glsnum, a Saint-Rernv, a fourni beaucoupde cerarnique a vernis noir, encore inedite dans son ensemble (13). D'apres l'etude des cerarniques rnodelees qui prou-vent une occupation intense au milieu et dans la seconde rnoitie du siecle , no us sommes persuades que Ie materiel avernis nair tardif do it etre tres bien represents.

    Ce rap ide tour d'horizon des principaux gisements de la fin du lie S. et du Ier S. avo J.-C. montre surtout quebeaucoup de travail reste a faire sur la cerarnique a vernis noir tardive. En consequence, nous n'avons nullement lapretention d'avoir tout dit sur cette periode. mais seulement d'avoir rente de faire Ie point sur les connaissancesactuelles.

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    Fig. 1 . - Carte des principaux sites de Provence Occidentale des lie et ler s. avo J.C.. .avant fourni des csramiques fl vernis noir : 1, Fos (La Roque dOdor) ; 2, Saint-Mitre-Ies-Remparts (Saint-Blaise) ; 3, Les Pennes-Mirabeau (La Cloche) ; 4,Rognac (Le Castel las) ; 5. Bouc-Bel-Air (Bacu-Roux} ; 6, Aix-en-Provenca(Entrernont] ; 7, Eygui~res (necropol e de la Roche de Nadal) ; 8, Las Baux-de-Provence (necropote de La Catalane, depotoir de La Vay~de, habitat desTremaiel: 9, Le Paradou (necropote de I' Arcoule) ; 10, Saint-Remy-de-Pro-vence (fouilles de Glanum et necropoles) ; 11, Cavail lon (cotline Saint-Jacques) ;12, Le Beaucet (habitat de La Baurne) .

    P. et Ch. Arcelin, Les sepultures prerornaines de Saint-Remv de Provence [Bouches-du-Hbone), RAN, 8,1975, p. 67-135.P. et Ch. Arcelin, Une necropole prerornaine a Eygui~res (Bouches-du-Rh6ne), a paraitre dans Ie Bulletin ge rfcole An-tique de Nimes , 11, 1976. P. de Brun, Le cimetiere gallo-grec de Servane pres de Mourith (Bouches-du-Rh6ne), Provincia,13,1933, p. 149-162. Arcelin 1973,91-189.

    11. - Fouilh\ en 1974, en cours de publication. II s'agit d'un depot de dechets d'habitat, manifestement constitue en quelques annees,Nous avons ado pte une datation large, entre 60 et 30 avo J.-C.

    10. -

    12. - Fouille de 1977, sondage nO 1. Nous avons pu fouiller l'arnanaqernent d'un puits-citerne installe dans un ancien front d'ex-traction de pierres, en bon etat de conservation, ainsi que les couches Ie recouvrant apras son abandon. La datation de cettestructure se base, entre autres. sur un as de la colonie de Nimes et sur la pr~sence de sigillee italique.

    13,- J,P. Morel nous a signale son intention de publier un catalogue de celle-ci. Nous ne pressnterons dans cette etude que quelquespieces d'imitation de cerarnique IIvernis noir tres tardive (fig, 7, nO 2,4,7),

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    2 . L ES IMPORTAT IONS .Notre but n'sst pas, dans ces quelques lignes, de faire un inventaire exhaustif des formes lrnportees en Pro-

    vence Occidentale, ni de reprendre toutes les definitions de tel ou tel groupe (14). Nous souhaitons seulement mettreen evidence les caracteristiques principales concernant notre region, et nous n'aborderons des points tres polerniquesque dans la mesure ou ils concernent directement celle-ci.2.1. La ceramique de type A (fig. 2,3,4,9, nO 1 a 4 ; 10, nO 1)

    2.1.1. Ce que I'on appelle cerarnique de type A tardif n'est pas une cateqorie en soi. Elle represents revolu-tion ultime apres la fin du lie S. de la production debutant a la fin du Ille S. dans la region napolitaine,La pate de cette cerarnique tardive est visuellement identique aux series de A classique, mais de couleur plusrose. Dans un milieu peu corrosif, les cassures restent franches, et I'enduit noir est alors d'assez bonne qualite, a defautd'avoir la ngularite de celui du lie S. IT recouvre toute la peterie. L'aspect est luisant, voire brillant (aspect rnetallise)

    rneme parmi les importations les plus recentes, Les traces de doigts sont courantes autour des pieds (vases enduits partrempage). A partir du milieu du ler S. avo J.-C., ces enduits ont de plus en plus tendance a devenir partiellement outotalement marrons, plus ou moins rouqeatres. II est bien evident que nous n'avons pas affaire a un groupe different,mais que nous assistons a une perte de qualite dans la recherche du noir profond qui etait de rigueur anterieurernent.Ce fait doit-il etre lie a une production intense destinee a l'exportation, et ceci aux depends de la qualite, ou s'agit-iltout simplement de signes avant-coureurs de la decadence de ces ateliers?

    Une des caracteriatiques de la cerarnique A tardive est son peu de resistance aux terrains tres acides : lescassures des tessons s'ernoussent alors facilement, la pate devient friable, et I'enduit est frequemment mat. Les pro-ductions du Ier 5. peuvent se definir aussi par un facoimaqe netternent moins soigne' des pieces. Le tournage semblede plus en plus rapide et rudimentaire, c'est-a-dire que Ie potier faconne des formes simples qui sont destinees a etreractifiees au tournassage. Celui-ci est egalement tres vite execute; non seulement les stries, les arrachernents. les gorgessont de plus en plus nombreuses surtout a l'exterieur des vases, au fur et a mesure que I'on avance dans Ie siecle, maisaussi Ie profil des parois devient de plus en plus anguleux, avec des differences depaisseur parfois tres importantesd'un point a I'autre du vase (fig. 2, nO 2,7,9 ; 9, nO 3). D'une rnaniere generale, les parois sont plus epaisses qu'a laphase precedente. En un mot, nous sommes en presence d'une cerarnique de tres qrande production, vivant sur lesacquls technologiques des siecles anterieurs, ce qui doit lui assurer rnalqre tout une certaine qualite d'aspect aux yeuxdes populations locales.

    2.1.2. Les formesAu ler S. avo J.-C., Ie repertoire se limite a quelques formes essentielles, issues pour la plupart de celles enusage durant la peri ode precedente. En schematisant. no us les limiterons a quatre principales :- la forme 27c de grand diametre (22 a 25 ern) (fig. 2, nO 4 et 5 ; 9, nO 4) continue une des formes lesplus rspresentees au lie s. A present, Ie flanc est legerement convexe ou presque rectiligne, Ie bard superieur est degagedu flanc par un coup de tournassin qui engendre un angle vif (fig. 2, nO 4) ou une simple concavite (fig. 2, nO 5), IIarrive que Ie potier ne reprenne merne pas Ie bord de l'ebauche. Cette forme est bien representee sur tous les gisementsjusqu'a la fin du siecle (15),- la forme 31 (fig. 3, nO 8), frequents au lie S. en Provence Occidentale, est toujours presents au sieclesuivant. Elle est assez commune dans I'habitat de la Cloche dans la premiere partie de ce siecle (16), mais a presquedisparu dans Ie troislerne quart au Castellas de Rognac (17). Elle est par contre presque totalement absente dans lazone des Alpilles et dans Ie Vaucluse, au milieu et dans la seconde moitie du ler S. avo J.-C. (18).- la forme 5 (fig. 2, nO 10), mais surtout la forme 5/7 et sa variante plus carenee 5 1 7 a (fig. 2, nO 6 a 9 ;9, nO 3), rapresente par excellence Ie plat caracteristique du Ie r s. Elle se retrouve dans tous les gisements [usqu'a lafin des importations (19). .- la forme 28c ,(fig. 2, nO 1 a 3 ; 9, nO 1 ; 10, nO 1), comme la forme 5 1 7 a , peut etre considsree comme Iefossile-directeur de cette phase tardive. Ses parois evasees sont Ie plus souvent legerement concaves. Moins frequentsapparemment dans les regions voisines (20), en Provence Occidentale elle figure toujours parmi les formes les plus

    14. - Nous avons tres largement utilise dans les publications sur les necropoles de Saint-Remy-de-Provence (P. at Ch. Arcelin, op.cit.,1975) et des Baux (Areelin, 1973) les references essentielles sur la cerarnique II vernis noir. Nous renvoyons II ces deuxarticles sans y revenir ici. IIfaut consulter aussi I'article de Morel, a paraltre.c15. - Dans Ie depotoir d'habitat du Col de La VayEldeaux Baux (vers 60-30), la forme 27e represents 15.8 % du materiel de type A;au Castellas de Rognac (50 - 20/10) : 25 %. Elle est par contre moins frequente,dans les gisements septentrionaux de laseconde moitis du siecle (voir par exemple Iepuits 7 de Cavaillon, A. Dumoulin, op. cit., 1965, p. ~-29).16. - Renseignements L. Chabot.17. - Elle ne represente plus que 4,7 % des ceramlques a vernis noir de type A.18. - Presente seulement par quelques exemplaires isoles sur la coiline Saint-Jacques de Cavailton (A. Dumoulin, op. cit., 1965, p. 79,fig. 88a) ou d.ansledepotoir du Beaucet (P.etCh. Areelin, R:Caille( op, cit., I I pa r a lt r e , fig.3,'nO 10).19. - Pourcentages dans la cersrnique a vernis noir de type A :vers 60-30 [aux Baux) : 13,1 % ; vers 50 . 20/10 ( s Rognacl : 17,2 % ;vers 30 avoJ.-C. et Iechangement d'ere (Puits 7 de Cavaillon) : 23 %.20. - Voir Ierecent article de Py 1976,,601, tableau 2. La forme 28c est presque totalement absente de La Vaunage.

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    representses (21). Dans la region des Alpilles et dans Ie Vaucluse, elle semble meme etre la forme dominante ~ partirdu milieu du siecle (22).

    Ces quatre formes principales (23) sont toujours accornpaqnees, dans les habitats comme dans les depotsfuneraires, par d'autres formes qui, bien que moins representees, reviennent eependant assez frequemrnent :- la forme 25/27 (fig. 3, nO 1,2,7) a generalement une ouverture entre 8,5 et 10 em (nO 2), ou plus rarement,jusqu'a 15 cm (nO 1 et 7) (24). Assez frequemment, a l'exterieur et pres de la levre,.un coup de tournassin cree unecarene vive, amincissant par la rnerne, la levre (fig. 3, nO 2). Cette variante de petite taille, qui semble se devslopper apartir du dernier quart du lie s. (25), est presente dans tous les gisements du ler s.

    - la forme 6 (fig. 3, nO 5 et 6) continue, elle aussi, une forme du lie s.. mais son bord se modifie : il estmoins pendant, souvent horizontal et, dans quelques cas, legerement redresse. Elle devient tres proche des typesLamb. B6a ou B6b. Elle reste en usage durant tout Ie siecle. mais se rarefie , du moins dans la zone septentrionale dela Provence Occidentale, dans la seconde rnoitie (26).- la forme 36 (fig. 3, nO 3 et 4) accompagne tres souvent la forme precedents et son evolution est tres paral-lele. Au ler s., Ie bord concave est assez large, et il a tendance a se redresser pour atteindre I'horizontale. La forme 36semble, elle aussi, disparaitre lentement a partir du milieu du siecle (27).Nous constatons que Ie repertoire de la cerarnique a vernis nair de type A se limite a sept formes principales,dont quatre essentielles, toutes ouvertes. II faut ajouter a ces formes courantes les lampes tournees a enduit noir (2B).Nous n'aborderons pas en detail ici Ie problerne des formes nettement moins representees, au rnerne connues a ce jour

    a un seul exemplaire (forme 34b e ll la Cloche, forme 33b aux Baux, formes 49 et 82a dans la necropole de La Ca-talane) .D'une rnaniere generale, toutes les formes du ler s. av.J.-C. sont des vases a pied peu eleve dont Ie tournassageest' assez caracteristlque ; Ie pied est trapezoidal, avec une couronne d'appui encore large; la paroi externe est verti-

    cale, voire leglkement rentrante ; une gorge forrnee par la pointe du tournassin entame parfois Ie pied au Ie flanc(fig. 2, nO 7 ; 3, nO 6).2.1.3. Les decorsAu peu de variete dans les formes repond une grande pauvrete dans Ie decor. La plupart des pieces sontdecorees a l'interieur de la vasque, de sillons simples ou multiples, generalement par paire. lis sont faits au tour,tres rapidement, souvent en continu, sans lever I'instrument, ce qui engendre une spirale. Ces sillons ont une largeurde 0,5 a 2 mm (fig. 2 et 3). lis sont tres frequents sur les formes 6,5/7, 27c, 28c et 36, quoique ces formes puissent

    parfois etre non decorees (fig. 2, nO 7 et 8; 3, nO 3). Les petits bois 25/27 sont presque toujours inornes (fig. 3, nO 1et 2). Le decor de sillons, sans palmettes ni guillochis, se developpe a partir du 3e quart du lie s. (29), et a toutesles chances d'avoir ete inspire par Ie decor des vases des groupes B et C (30). Le decor traditionnel de guillochis dis-parait des Ie debut du ler s. et l'on ne peut en citer que de tres rares exemples ensuite (31). II en est de merna pourles decors estarnpes de rosette unique au de palmettes divergentes, Dans les petits bois 27b Ie decor de rosette centraleest connu en plusieurs exemplaires sur I'oppidum de la Cloche (fig. 3, nO 7). Ce decor, qui ne semble pas depasser Iemilieu du siecle (32)", n'est, pour Ie moment, connu que dans la region marseillaise. Un decor de palmettes divergentes

    21. - Sur I 'oppidum de La Cloche (Les Pennes-Mirabeau) ou au Castellas de Rognac (15,6 % du type A).22, - Dans Ie cepotoir de La Vavede, aux Baux (6030 avo J.-C.) : 30 % du type A ; dans Ie puits 7 de Cavaillon (3 0 avoJ.-C. et Ie

    changement d'ere) : 75 % ; et dans Iedspotcir contemporain de La Baume, au Beaucet : 47 %.23. - A titre d'exemple, dans Iedepotoir des Baux cite ci-dessus, ces quatre formes regroupent 74 % du materiel de type A.24. - Elle pourrait se rapprocher de la forme 113 (Morel 196B, 5B et fig. 5, nO 2 a 6) mais celie-ci est a i llvre arrondie. M. Py (1976,

    573) la qualifie de A 25b. En realite les formes de la fig. 3, nO 1 et 7 representant I'aboutissement du bol A 27b a rosettecentrale, tandis que la forme de la fig. 3, nO 2, avec un petit bord legerement biseauta, serait une variante apparue a la findu lie s. II est diffic ile de les classer en deux types differents, attendu que tous les interrnedjaires existent.

    25. - Elle est dejll presente au Baou-Roux , Au ler S., elle represente de 5 a 12 % du materiel a vernis noir de type A, selon les gise-ments.

    26. - Dans Ie depotoir de La Vayede, aux Baux : 2,6 % du type A ; 1,5 % au Castelias de Rognac. La forme 6 disparait totalement desdepotoirs trss tardifs du puits 7 de Cavaillon et de la Baume, au Beaucet.

    27. - Inexistante aux Baux, elle represents 4 % du type A, a Rognac. Elle est egalement absente a Cavaillon (puits 7) et au Beaucet,a la fin du siecle.

    2B. - Ces lampes apparaissent au lie s. et semblent rester en usage jusque vers Ie milieu du 1er s.29. - Deja presents sur I'oppidum du Baou-Roux (2 exernplaires}. voir aussi les remarques de M. Py pour la Vaunage (op, cit.. 1976,

    p.579). .30, - Nous avons aussi avance l'hvpothese, vu Ie peu de qualita de ces cercles, d'un reperaqe destine a I'empilage (Arcelin, 1973,

    p. 114). La presence de groupes de cercles espaces (fig. 2, nO 40u 10) nous.fait aujourd'hui davantage penser 11une in-fluence stylistique des autres categories de ceramique a vernis noir, d'autant que, comme nous Ie verrons plus loin. il y a defortes chances qu'une partie des vases du groupe B proviennent d'ateliers de Campanie.

    31. - Par exernple la forme 5/7 de la tombe IV de Saint-Rernv (P. et Ch. Arcelin, op. cit., 1975, p. 105, fig. 9, nO 6).32. - Un fond avec rosette a .ete decouvert au Caste l ias de Rognac (L. Chabot, op. cit., 1968, p. 186, fig. 63v). Nous avons cependant

    la preuve qu'il existe quelques vestiges tres fraqmentes d'une occupation anterieure au 3e quart du 1er S. Ce fond appartientpeut-etre ~ de tels vestiges, de merna que re s deux exemples de palmettes divergentes.

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    Fig. 2. - C~ramique a vernis noir de type A tardive :formes 28c (nO 1 a 3). 27c (nO 4&t 5), 5 (nO 10, 5/7 (h08), 5/78 (nOS6, 7,9).

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    - -et de guillochis a ere trouve tl la Cloche, egalement. Dans la zone des Alpilles nous ne connaissons que deux exemplesde decor estarnpe sur cerarnique tl vernis noir de type A : u n fond isole provenant de la fouille des Trernaie, aux Baux(fig. 4, nO 2), et un plat de la necropole d'Evquieres (fig. 4, nO 1) (33). Dans un contexte de la seconde rnoitie dusiecle, un autre exemplaire a ete trouve sur I'oppidum de Constantine (34), Entin, il ne taut pas oublier la decorationpeinte qui apparait sous forme de bandes ou de filets blancs. En Provence Occidentale, ce type de decor ne sembleconnu que sur la forme 31 : les bandes se situent ~ l'lnterleur de la vasque, pres du bord et aussi autour du fondinterne. Elles sont isolees ou qroupees par deux (fig, 3, nO 8),

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    Fi9 3. - Cerarnique a vernis noir de type A tardive: Formes 6 (nOS5 et 6), 25/27 (nOS1, 2 et 7), 31 (nO 8), 36 (nOS3 et 4),

    33. - Lexemplaire das Trernaie est dans un contexte bien date entre 5 avo J.-C. et Ie changement d'ere. Le plat d'Eyguieres provientd'une collection ancienne at se trouve aujourd'hui hors de tout contexte, mais I 'ensemble du mobilier de cette necropo!ese place dans la deuxierna moitie du 1er S. avo J .-C. Les palmettes de ces deux exemples ont un dessin tres fruste (fig, 4,nO 1) ou totalement confus (fig. 4, nO 2).

    34. - Materiel inedit depose au Musee Barely.

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    Fig. 4. - Cerarnique a vernis nair detype A tardive.

    2.2. La ceramique du groupe B (fig. 5; 9, n O 5 et6 ; 10, n O 21.Si la ceramlque fI vernis noir de type A est assez hornoqene du point de vue des pates, de I'enduit ou du modede tournassage, il n'en va pas de me me pour les cerarniques que nous allons examiner. Elles se rattachent fI ce que nous

    preterons appeler un groupe plutot qu'un type, car, ~ la suite de recherches recentes (35), il est maintenantevident que nous sommes en presence de plusieurs origines possibles pour cette production. La csramlque de type Bdefinie par J.P. Morel represents un facies d'Etrurie maritime, et plus precissment, de Cosa (36). La definition de cettememe csramique par N. Lamboglia est plus caracteristique d'un autre rameau, en Campanie (37). .

    2.2.1. Definition du groupe BTout essai de definition des csrarniques du groupe Best difficile ~ aborder. Les pates ont une texture visuelle-ment proche de celles de type A tardif (38). Meme dans un mauvais milieu de conservation, les tessons gardent unmeilleur aspect que ceux du groupe A, et les cassures s'ernoussent difficilement. La teinte de la pate est variable d'unepiece ~ I'autre, mais toujours dans les tons chamois ~ beige rose (39). Ces variations se rencontrent egalement dans lesenduits. Certains sont d'un beau noir requlier, lisse, voire legerement bleute, mais la plupart sont plus irrequliers dansla teinte, avec des passees tirant sur Ie mar ron ou sur l'olivatre. Ce dernier cas resulte de I'application d'un enduit plusflu ide que Ie precedent. Si certaines pieces presentent un aspect mat, les plus nombreuses sont plutot satinees. ou, plusrarement, avec des reflets metallises. De toute maniere , I'enduit du groupe Best toujours lisse, tres adherent, et l'ecail-lage, lorsqu'il existe, n'affecte que de petites plaques. Cet enduit a ete applique par trempage ; Ie dessous du pied restesou vent reserve.

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    35. - Voir Morel a paraitre c, paragraphe2.3.36. - Morel 1963, 17)Morel 1965 a, 15.37. - Lamboglia 1952 a, 140.38. - Definition optique apresexamen a la loupe binoculaire dansArcelin, 1973, p. 129.39. - Voir les analysesde M. Picon sur les groupesA et 8: M. Picon, M. Vichy, G.Chapotat, Note sur lacomposition descerarniques

    campaniennes de type A et B, Rei Cretariae Romanae Fautorum, Acra, 13, 1971, p. 8288. Les pates du groupe 8 sontnettement pluscalcaires,d'ou cet aspect plusclair.

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    Sommesnous en presence d'une evolution chronologique entre la fin du lie s. et la fin du steele suivant, end'autres termes, la premiere cateqorie d'enduit estelle rernplacee par la seconde ? Cette hypothese nous semble peuplausible car des enduits du deuxie rne type existent dans Ie materiel de Saint-Blaise, par exemple (40). Faut-il alors

    . p enser que des ateliers ditferents ont alirnente la Provence Occidentale, et dans ce cas, s on t- il s i m pl an te s dans la rnerneregion d'origine, ou au contraire dans des regions differentes ? Si les premiers enduits peuvent se comparer a la B deCosa qui sert de definition pour une ' vraie B , les seconds representent-ils les exportations du rameau campanien ?Nous ne pourrons repondre que Ie jour ou toutes les pieces de Provence seront etudiees d'un point de vue morpho-logique, et apres des series d'analyses chimiques indispensables (41). Aujourd'hui, il eonvient de rester prudent, et dese contenter de parler simplement d'importations italiques (42).. Les formes de la cerarnique de groupe B sont assez correctement tournassees, mieux que celles du type A :les stries, les gorges et les arrachements sont rares ; les arrondis du profil sont faits soigneusement, par tous petits

    rneplats successifs. Les potiers du groupe B apportent plus de soins aux finitions de ces cerarniques, pourtant produiteselles aussi en grandes series, que ne Ie font ceux des officines napolitaines.2.2.2. l.es formes.Le groupe B a exports en Provence Occidentale surtout des formes ouvertes. Les gisements du Ier s. avo J.-C.en fournissent trois, essentiellement :- la forme B5 (fig. 5, nO 7 et 8 ; 9, nO 6) est la plus frequents. Elle do it son succes a sa tres forte ressem-

    blance avec la forme A 5 1 7 etudiee plus haut, et son utilisation doit etre analoque. Elle s'en difterencie par une vasquesouvent plus plate et un rebord frequemmant non carene a l'exterieur (des pieces carenees existent cependant] (431.Dans quelques cas, Ie flanc interne remonte It~gerement au centre de la piece (44). Le pied est tres caracteristique :parfois un peu eleve (fig. 5, nO 8), il est Ie plus souvent bas et trapu, avec une large couronne d'appui et un bourreletarrondi, saillant it l'exterieur ; plus rarement, un sillon circulaire occupe Ie centre de la couronne d'appui. A I'ouver-ture , Ie diarnetre de la piece est tres variable, et peut depasser 30 a 35 em (fig. 5, nO 7) ; d es exemplaires atteignant54 cm ont ete retrouves dans l'epave de I'ile Plane.

    - la forme B 1 (surtout la variante B1a) (fig. 5, nO 1 et 2 ; 9, nO 5 ; 10, nO 2) est caracterisee par ses deuxsillons externes, assez larges, incises sous la levre ; un sillon unique a cet endroit est plus rare (fig. 5, nO 2). Le pied,rectiligne, est evase ; la couronne d'appui, plus etroite que pour la forme 5, est parfois reduite a une arete (fig. 5,nO 1). Une petite gorge de tournassage entame souvent Ie flanc au-dessus du pied (fig. 1D, nO 2). La levre est souventaplatie vers lexterieur.- la forme B3a (fig. 5, nO 5 et 6) presente un flanc concave, une levre arrondie ou aplatie. Le pied, s'Il estpeu eleve, est tres saillant en revanche.

    Les-autres formes du groupe B sont baucoup plus rares : B2 Inecropole de la Catalane, aux Baux) (fig. 5,nO 3 et 4), B4 (au Castellet de Fontvieille et dans Ie depotoir de la Vavede, aux Baux). La forme B6, presente dansIe Gard, n'a pas encore ete siqnalee en Provence Occidentale. Dans les epaves de la cote provencale, il existe des formesB 10 Iepaves du Titan, de l'rle Plane, de Planier 3) et aussi des formes B8 et B13.

    Comme nous Ie verrons ci-apres, Ie groupe Best nettement moins represents que Ie type A. " s'avere tresdifficile de donner des pourcentages significatifs sur la frequence de chaque forme car il y a trop peu de pieces danschaque site.

    40. - L'abandon du site doit se placer dans les premieres annaes du 1er s. (voir les considerations en debut d'articJe)_ M. Py, a proposdes cararniquas de la Vaunage (Gard) semble davantage sensible fl cette hypothese (Py 1976, 556 et 5581.41. - Durant CBS journaes du 17 et du 18 Decernbre 1977 a Montpellier, M. Picon a presente des resultats d'analyses sur de la cera-mique de type B de Cosa et d'un groupe de Campanie. Ces deux ensembles sont nettement differents du point de vue deleurs constituants. II nous semble donc qu'une serie d'analyses sur des pieces bien choisies, pourrait repondre deja a notreinterrogation. Par ailleurs, i l semblerait , au vu des caramlcues exposees, que la Campanie ait surtout exports vers IeSudde la France, et J'Etrurie, davantage vers la Catalogne et Ie f!oussillon. Cette hypothese trouve une confirmation possibledans J'abondance de la cerarnique campanienne de type A (yair infra, parag. 41.42. - Cette g~ne dans Ie choix entre une vraie B ou une Boide se ressent nettement depuis quelques annees a travers les publi-cations (voir par exemple, I'avis de Morell 975, 89-91). Si la mise en evidence de la rnultiplicite reetle des ateliers de pro-duction, dans ce cas precis de la ceramtque de type B, nous perrnettra. dans quelques decennies une meilleure compre-hension des courams commerciaux, nous serons, par contre, beaucoup plus reserve aujourd'hui quant a I'existence d'ate-liers provencaux ayant reproduit cette cerarnique (Morel-Perrin 1976, p. 146-148). La presence de ceramique de groupe Bdans les epaves de notre region, charqees par ailleurs de produits italiques que I'on retrouve dans les fouilJes terrestres,serait en faveur d'une origine ex tre-provencate. A vrai dire, nous ne connaissons pas de seriesd'imitation du type B en Pro-vence Occidentale. M. Py a d'ailleurs fait la rnsrne observation pour la region du Languedoc Oriental (Py 1976, 5561.43. - l.equemant-Liou 1976, p. 600-601, fig. 5 et 6. A. Tchernia, Premiers resultats des fouilles de juin 1968 sur l'epave 3 de Planier,

    Erudes-Classiques, 3,1968-1970, p. 51-82.44. - Exemple du nD 40 de La Catalane, aux Baux (Arcelin, 1973, p. 131, fig. 23).

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    Fig. 5. - Cerarnique a vernis noir du groupe B ; formes 1A (nOS 1 et 2), 2 (nOS 3 et 4), 3a (nOS 5 et 6),5 (nOS 7 at 8).

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    2.2.3. Les decors.Comme pour les formes, la rnerne impression de soi n relatif se degage pour les decors, lis sont cependant tressimples et assez specifiques pour chaque forme, Les decors les plus complexes se rencontrent sur la forme B 5 ; Ie plussouvent, ils se composent de cercles concentriques e space s ou q roupes par deux, Ces cercles sont bien faits, et accom-papnes de plusieurs rangees (de 2 a 6) de t r es fins guillochis, parfois a peine marques; ceux-ci sont obtenus par brou-tage sur Ie tour; ils sont courts, et toujours inclines a 450 sur I'axe du vase (fig, 5, nO 8). Les decors de guillochis seulssont plus rares (fig. 5, nO 7). Les estampilles sont encore pratiquement inconnues dans les fouilles terrestres de Pro-vence Occidentale au 1er s. avo J.-C. Nous n'en connaissons que sur des pieces de la fin du lie s. (fouilles des Trernaie.aux Baux). Par contre, l'epave de I'ile Plane, pres de Marseille, a donne plusieurs poteries trss carenees (forme 7),ornees de guillochis et d'estampilles multiples 145). Les vases de forme B 1a sont uniquement decores de cercle isole(fig. 5, nO 2 ; 10, nO 2) ou bien concentriques et par groupes de deux en general (fig. 5, nO 1). La forme B 3 estlnornee. Enfin, on notera que les fouilles sous-marines ont fourni des formes B 8 avec timbre central a losanga (461.

    2.2.4. Dared'eppsrition des cersmiques du groupe B en Provence Occidentale, et leur evolution.Ouoique nous manquons detude d'ensemble sur certains sites de la fin du lie 5., nous pouvons nous faireune premiere idee des dates d'apparition de la cerarnique a vernis noir de groupe B sur les habitats. Tres peu repre-sentee a Entremont (47), elle est a ce jour absente du site du Baou-Roux , a Bouc-Bel-Air. Ces deux sites semblentbien avoir ete detruits par les forces militaires romaines vers 123, ou peu apres. Dans les habitats un peu plus anciens,cette cerarnique, parfois, ri'est representee que par une seule piece (a Teste-Neqre, par exemple) (48) _L'oppidum deSaint-Blaise, bien que proche des circuits du commerce maritime, et rnalqre I 'assez vaste surface fouillee par H_ Rol-

    land depuis 1935, n'a fourni que cinq ou six bords de forme 5 et quelques flancs isoles ! Nous pensons que les pre-mieres importations requlieres et de quelque importance ont du debuter dans Ie troisierne quart du lie s., et resterassez faibles jusqu'au debut du Ier s. Par contre, dims Ie courant de ce siecle , la proportion de cerarnique de groupe Bpar rapport a I'ensemble des pieces a vernis noir importees, augmente mais, comme on Ie verra plus loin, de tacona s s e z d if fe r e nt e selon les regions.II n'est pas facile de savoir si les formes evoluent durant ce siecle d'importation, en Provence Occidentale. Apremiere vue, il semble que l'on puisse repondrs par la negative (49), mais il est difficile d'admettre que quatre ou cinqgenerations de potiers travaillant dans une multiplicite d'ateliers, n'aient pas legerement rnodifie Ie style.

    2.3. La c s r am i qu a de type C (fig. 6 ; 9, nO 7 et 8 ; 10, nO 3).2.3.1. Cette ceramique, elle aussi, pose quelques problernes a l 'archeoloque provencal, En eftet, si la plupartdes chercheurs de la Mediterranee Occidentale s'accordent pour detinir Ie type C a partir des productions de la regionsyracusaine (50), les hesitations sont manifestes dans Ie Sud de la France. Cette cerarnique a tendance, apres un long

    sejour en terrain tres acide, a fondre litteralernent. Elle perd une grande partie de son enduit noir, les cassuressernoussent tres facilement. A cause de cette mauvaise qualite apparente, nous sommes persuades qu'une grandepartie des importations de C siciliote a ete attribuee a des imitations regionales dont, par ailleurs, nous ne nions pasI'existence. Nous insistons sur cette question avant me me de detinir les caracter ist iques de ce type, car ces erreursrisquent de fausser cornpleternent la comprehension des courants commerciaux (51).

    La cerarnique it vernis noir de type C a une pate grise, avec assez frequernment mais pas obligatoirement, unearne brune ou legerement rosee. La texture est plus qrossiere que celie des ceramiques precedentes (52). La pate con-tient de nombreuses particules non plastiques (calcaire blanc, quartz, inclusions rouilles et noires). Dans un mil ieu deconservation neutre, la paroi reste ferme et les cassures peu ernoussees. Nous connaissons dans les necropoles duParadou et des Saux quatre formes 19 (fig. 6, nO 6 et 7) tres proches du type C classique, mais dont la pate est un peudifferente : elle contient moins de quartz et de calcaire et, de plus, elle se delite ou se fele facilement. II peut fort biens'agit d'une variante de pate a l'interieur des importations. De plus, I'enduit de ces pieces est identique a celui desautres vases de type C .

    45. - Lequementliou 1976. Comme I'ont dernontre les auteurs, nous sornrnes en presence d'exportations etrusques d'Arezzo. Maisces pieces etaient-elles destinees a la region marseillaise ou au Languedoc Occidental 7

    46. - Dans !'epave du Titan, par exemple : Tailliez 1961,187, fig. 6.47. - Renseignements fort aimablement communiques par MM. Fr. Salviat et G. Conqes.48. - M. Fr. Gentes nous a siqnale la presence d'une forme B 10 (reoccupation partielle du site, ulter ieurernent a la destruction gene-

    rale de la fin du II le s. 7). Cette forme est aussi presents dans I'epave du Grand Congloue (Benolt 1961,95, pI. XIII, nO 11.49. - Voir dans ce sens las remarques de Morel 1968,60.50. - Nous renvoyons, encore une fois, II !'etude a paraltre de Morel a paraitre c, parag. 3.5 et appendice II.51. - P. Pelagatti, Comrado Aguglia, La cisterna, NSA, 24,1970, p. 465-499.52. - Nous ne sommes guere d'accord avec M. Py [Pv, 1976,590 et note 31qui voit dans les vases du type C de la necropole de La

    Catalane, tres ablrnes par l'acidite du sol, des imitations locales; nous renvoyons aux commentaires de notre article surce site.

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    Fig. 6. - Cerarnique a vernis noir de type C (nO 1 a 5) et variante de pate (nOS6 et 7) : formes 1 (nOS 1at 2), 7 (nOS3 et 4), 19a(nO 5 a 7).

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    -L'enduit est caracteristique : d'un noir profond, tres opaque, luisant, lisse au toucher, mais moins fin que

    I'enduit du groupe B par exemple. II se de ta che tre s facilement par plaques, et laisse appara i tre une surface gris s om -bre. L'enduit a ete applique par trempage des pieces, et recouvre rarement la totalite du flanc externe : il laisse souventen reserv61a partie inferiaurs de la paroi et Ie pied. .

    La qualite du tournassage des vases est variable d'une piece ~ I'autre. Certaines series sont assez bien faiteset rappellent un peu les finitions du groupe B (fig. 6, nO3 ). D'autres plats ont des parois plus qrossieres et pressntent unprofil dont les finitions sont nettement plus anguleuses (fig. 10, nO 3). II est bien evident que plusieurs ateliers ontaliments notre region, sans parler des modifications dues ~ une evolution chronologique.

    2.3.2. l.es formes.Le nombre de formes diffarentes est aussi limite que pour les cerarniques du groupe Bet, com me dans Iecas de eel u l-ei. tres peu representees dans I'ensemble des ceram iques ~ vernis noir (531. E lies ne comprennent que desvases ouverts (54). Les gisements provencaux ont livre trois formes, presqu'exciusivement :- la forme C7 est la plus frequents (fig. 6, nO 3 et 4 ; 9, nO 7 ; 10, nO 3). Comme la forme B5, elle serapproche des plats tres ouverts de type A 5/7. Elle a un diarnetre d'ouverture assez variable, cornpris entre 20 et30 ern, rarement moins (fig. 10, nO 3) ; par contre, les grands plats de 30 ~ 40 em, voire plus, semblent assez frequents(fig.6, nO 3 ; 9, nO 7). Tres aplatie. la forme C7 a un bord presque vertical, separe du flanc par un arrondi assez brus-que (fig. 6, nO3 ) ou, au contraire, par une carene vive (fig. 10, nO 3). La h!vre est arrondie.- la forme C 19a (fig. 6, nO 5 ~ 7 ; 9, nO 8) est egalement repandue. Le diarnetre d'ouverture se situe entre13 et 20 cm environ. Les parois sont Ie plus souvent arrondies, et Ie bord, plus ou moins saillant, est peu replie, pres-

    qu'horizontal. Une rainure circulaire plus ou moins large Ie separe en deux. La levre est arrondie.- la forme Cl (fig.6, nO 1 et 2) est peut-etre un peu moins distribuee en Provence Occidentale que les deuxprecedentes, Le diarnetre d'auverture mesure entre 13 et 16 cm. Sa forme est assez proche de celie du groupe B, maissans doute un peu plus large par rapport a la hauteur totale. La levre est arrondie. Deux sillons sont traces sur la faceexterne, sous.la levre.

    Les autres formes sont tres rares : C2 [necropole de la Catalane) ainsi que de petits vases ferrnes. du type deI'aryballe, connus ~ l'etat de fragments seulement (aux Baux : depotoir de La Vavede, et habitat des Trema ie l (55) etpeut-etre aussi du type guttus, ~ la Cloche.Les vases ouverts sont pourvus de pied assez caracteristiques : ils sont tres bas, verticaux, ou legerementevases ; quelquefois, leur paroi externe donne I'impression d'un leger bourrelet car la pointe du tournassin travaillantIe flanc a cree une petite gorge dans Ie haut du pied (fig. 10, nO 3). La couronne d'appui est assez large et, sur lesformes C 7 ou C 19a, parfois souliqnee par un sillon circulaire (fig. 6, nO 3, 4, 7).2.3.3. Les decors.La decoration interne des vases ouverts de type C est simple, et tres parallele a celie des vases du groupe B,

    avec cependant de h~geres differences. Les formes C 1 et-C 19a sont decorees de sillons concentriques, beaucoup plussoigneusement executes que sur les vases du type A. Ces sillons sont Ie plus souvent par paires et en plusieurs groupes(fig. 6, nO 1,5,7). Dans Ie plat C 7, nous retrouvons Ie rnerne decor, avec frequernment plusieurs groupes de deuxsillons (fig. 6, nO 3). De plus, des guillochis larges, et perpendiculaires a I'axe de rotation du vase, occupent I'espaceentre deux groupes de sillons. lis sont toujours disposes en ranqee unique, et non en petites r an q ee s p ar al le le s etqroupees comme sur les vases du groupe B (fig. 5, nO 7). Dans quelques cas existent cependant deux ranqees de guillochis sepa r e e s par un espace vide (56).

    2.3.4. Dare d'epperit ion des cersmiques du type C en Provence Occidentale, et leur evolution.Dans les sites qui paraissent detruits vers 123 ou peu apres (Entremont, Ie Baou-Roux) nous ne connaissons~ ce jour pas un seul fragment de type C (57). Cette cateqorie est aussi totalement absente du petit site de La Roqued'Odor, detruit sans doute peu apres (fin lie s. ou tout debut du 1er s.l. A Saint-Blaise, nous n'avons retrouve quedeux tout petits fragments de bords de forme C 7 (58). Par contre.'!e type C est atteste par quelques pieces dans Iedeuxierne quart du 1er 5., sur Ie site de la Cloche. II est represents encore en plus grand nombre dans Ie depotoir duCol de La Vavede, aux Baux (vers 60 - 30) (fig. 9, nO 7 et 8). Dans l'etat actuel des recherches, il semble que I'onpuisse situer les premieres importations en Provence Occidentale dans Ie 1er quart du ler s. (59). Levolution des

    53. - Voir la definition optique oonnee pour les vases de la nacropole de LaCatalane, Arcelin, 1973, 134-136.54. - Ce qu I ne nous permet pas de donner ici Ie% reprasente par chaque forme. Nou~verrons cependant qu'il a dli y avoir aussi qual-

    quas rares importations de petits vases terrnes globulaires.55. - Des types de vases fermas sont bien connus dans les fouilles d'Akrai, pres de Syracuse (P. Pelagatti, op.cit., 1970, p. 471, fig. 451.56. - Voir I'exemple du nO47 de la necropcle de laCatalane (Arcelin 1973, p. 135, fig. 251.57. - Ceci semble confirme encore par les dernleres fauilles du site d'Entremont (aimable renseignement Fr. Salviatl ,58. - Fragments signalas avec les quelques tessons de type B dont nous avons daja parte, par H. ROlland,op. cit., Suppl. Galfia,VII,

    1956, p. 54.59. - Les mames constatations ont ete faites.en Vaunage (Py, 1976, 5851.

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    form es e t du de cor sont diffic ile s ~ ce rne r ; il s em ble cependant q u e ce rta ine s de s de rnie re s im porta tions , a la fin dusiecle, soient u n peu plu s qrossieres (paroi plusepalssa, ou bord de la form e C 1 9a m oins evase) (depotoir de LaBaum e, au Be auce t, pa r exem ple ) (fig . 6, nO 2)." n.n I .

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    Fig. 9. - Les Baux-deProvence (dapotoir du Col de La Vavede, vers 6030 avo J.-C.I. Cerarnlque 1Ivernis noir de type A (nO 1 1I4),du groupe B (nOS5 et 61 , et de type C (nOS 7 et 8).

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    - -2,4, Les proportions relatives des categories de c6ramiques a vernis nair importees, et leur i '~partition r~gionale

    Apres avoir rapidement essave de detinir l'aspect. les formes, et les decors de chaque cateqorie de cera-miques it vernis noir irnportees en Provence Occidentale, il est interessant d'examiner dans que lies proportions rela-tives elles ont envahi Ie rnarche local. Nous pouvons prendre quatre exemples dans des habitats de courte occupationou des depotoirs (fig. 11 : .- I'habitat du Castellas de Rognac, occupe entre 50 et 20/10 a v o J.-C. La fouille de vingt-cinq cases et des rues avoisi-nantes a fourni 67 pieces de cerarnique a vernis noir, qui se repartissent ainsitype A 95,5 %type B 1,5 %type C 3,0 %- Ie depotoir de La Baume, au Beaucet, dans Ie Vaucluse peut ihre date entre 40/30 avo J.-C. et 10 ap. environ. II adonne 21 pieces a vernis noir. Bien que Ie nombre total soit trop faible pour une fiabilite statistique, il est interessantde comparer ces chiffres a ceux du depotoir suivant :

    type A 81 %type B 9,5 %type C 9,5 %- Ie puits nO 7 de la colline Saint-Jacques de Cavaillon (couche inferieurs) est tres hornoqene et semble de duree assezlirnitee, tres parallele au Beaucet (vers 30 avoJ .-C. jusque vers Ie changement d'ere}. II contient 62 pieces de cerarniqueit vernis noir :type A 77,4 %type B absenttype C 22,6 %- entin, Ie depotoir de La Vavede, aux Baux (vers 60 - 30 avo J.-C.l a fourni 104 pieces a vernis noir au les troiscategories se repartissent comme suit:type A 73,1 %type B 19,2 %type C 7,7 %De ces quatre exemples, tres ineqaux, nous pouvons cependant tirer quelques premieres conclusions qui,bien entendu, demanderont a etre conflrrnees ou nuancees ulterieurernent par les resultats des fouilles d'autres sites:- la proportion de type A est tres hornoqene au milieu et dans la seconde moitie du siecle autour des Alpilleset dans Ie centre du Vaucluse: elle se situe entre 70 et 80 % . Ces chiffres sont confirrnes par les statistiques effectueessur Ie materiel des necropoles: aux Baux (Catalanel 69,2 %a Eyguieres (Roche de Nadal) 81 %a Saint-Rernv (sepultures dispersees) 82,5 %- Les proportions des types B et C, moins representes, sont forcernent plus fluctuantes d'un site a I'autre.Cependant, nous nous apercevons que ces deux categories sont nettement plus representees dans les Alpilles et dans

    Ie Vaucluse que pres de Marseille (60).

    2.5. La question de I'arrilt des importations en Provence Occidentale,II faut avouer que nous touchons la a un point qui souteve bien des controverses parmi les chercheurs.Posons clairement Ie problema : il est generalement adrnis, et particulierernent dans les stratigraphies de la peninsulaitalique, que l'arret de la production des cerarniques it vernis noir se place aux alentours de 50 avo J.-C. (61). Or,I'observation de stratigraphies d'habitats ou de celles de sepultures, nous montre une utilisation des trois types de

    cerarniques jusque vers Ie changement d'ere, Que penser de ce decalape de 40 fl 50 ans ?Nous constatons dans les fouilles une presence tres importante des cerarniques de type A, B, et C au milieudu siecle et dans Ie troisierne quart (dspotolr des Baux, habitat de Rognac) (62) (fig. 9). La fouille recante d'unpuits-citerne et des couches qui I'entouraient aux Trernaie (Les Bauxl durant l'ete 1977., a apporte des documentsencore plus precis. Ce puits, destine a recueillir les eaux de deux sources, a ete arnenaqe dans un substrat d'argilepure, et s'est effondre peu de temps apres sa construction. Son entourage de pierres et sa marge lie ont Me recouvertset volontairement scelles. Or, la construction de ce puits se place indiscutablement entre 5 avoJ.-C. et Ie changementd'ere (63). Entre son effondrement et son recouvrement, il a du servir de depotoir a un habitat proche. Parmi un

    60. - Ces observations semblent conflrrnees par les fouilles en cours de La Cloche (lere moit ie du 1er S. avo J.-C.I ; pres de Marsei lle,Ie type Best cependant mieux represents que Ie C : F. Benoit avait deja note a propos du type B qu'il etait absent ourare dans les sites pre-rornains de la Provence littorale )) (op. cit., Suppl. Gal/ia, XIV, 1961, p. 75).

    61. - Voir la mise au point de Morel il paraitre c, paragraphe 3.2. 3.5 et 3.7.62. - Nous Ie verrons dans notre conclusion, les vases ouverts il vernis noir ainsi qu'un faible pourcentage de cerarnique commune

    tournae italique. remplacent presque totalement a cette epoque les vases ouverts rnodeles traditionnels dans ces deuxsites qui peuvent s'approvisionner facilement. Plusieurs epaves, datables du milieu du slscle, contiennent toujours de lacerarnlque a vernis noir (Planier 3 , epave de la Madrague de Giens , pres d'Hveresl.

    63. - Cette datation se base sur la chronologie des ceramiques aretines llsses contenues dans les couches autour du pu lts, ainsi quesur I'indication fournie par un as de Nimes (B.N. 2778) de la 2e emission.

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    materiel divers, il contient trois pieces en cersmique iI vernis noir, cassees en plusieurs gros fragments et dont l'etatde conservation montre qu'elles ont ete brisees tres peu de temps avant leur- enfouissement (fig. 10). Nous admettonstr~s volontiers que nous sommes Iii en presence des toutes dernieres pieces encore en utilisation dans la region (641.De toute maniere, il nous parait bien hasardeux de voir dans ces pieces des objets de collection . prscieusernentconserves un derni-siecle apres I'arret des importations. Nous affirmons que ces vases iI vernis noir n'avaient qu'un rolestrictement utilitaire, donc une probabilite de bris aussi elevee qu'une autre ceramique (651.

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    Fig. 10. - Les Baux-de-Provence (habitat des Trernai'a, materiel du puits-ci terne, sandage 1.1977, vers 5 avo J.-C. et Ie changementderel. Ceramique a vernis nair de type A (nO 11 , du groupe B (nO 21 et de type C (nO 31 .

    D'aurs part, ces memes stratigraphies de la fin du siecle ne nous montre pas d'importations massives deceramique ayant pu supplanter les series a vernisnoir. Un exemple : les cerarniques siqil lees italiques jusque vers15/10 avo J.-C. au Castellas de Rognac -ne ferment que 2,3 % des cerarniques du site, contre 19,8 % 3UX vernis noird'importation. Ce chiffre est rn sr ne ra rn en e a 1,2 % dans Ie depotoir de la Baume au Beaucet. Dans les necropolesde la seconde rnoitie du siecle autour des Alpilles, la sigilh~e italique est tres peu representee. D'une rnaniere generale,dans Ie Sud de la France, les importations de sigillee italique ne semblent prendre une reel I e importance qu'apres15/10av. J.-C. (661. .'Enfin, il ne faut pas voir dans les productions regionales que nous allons aborder ci-apres, un complementtres important a la disparition des importations. Ces remargues sont bien entendu valables ,Pour la zone septentrionale(Alpilles, Vaucluse), car a Marseille rnerne et dans sa region immediate, il y a toujours eu une forte tradition d'imiterles importations. Malheureusement, ces series d'imitations sont encore inedites. Cependant, apres 49, il semble quecelles-ci alent beaucoup decline, si I'on en juge par Ie mobilier de Rognac ou elles ne representant que 2,6 % de toutela ceramique du site (fig. 7, nO 5 et 6).II nous semble, dans l'etat actuel des recherches, que l'on puisse envisager un arret dans les importationsde ceramiques a vernis noir des trois types vers 30/20 avo J.-C., et une utilisation dans les habitats jusque vers 10 avoJ.-C. et Ie changement d'ere (671.

    64. - Ainsi, une petite tosse-depotoir ~ Saint-Laurent-de-Pelissanne, qui a du etre scellee a la m~me epoque, ne contient pas de cera-.mique II vernis noir, mais uniquement des imitations regionales du type A (aimable renseignement J. Proust, depot de.'Pelissannel.

    65. - Les reparations a I'aide d'agrafes en plomb ne peuvent servir serieusernent d'argument prouvant la rarete de ce rnateriau : lacerarnique modelee locale presents tout autant de reparations I66. - Voir les travaux de J.L. Fiches, La ceremique aretine en Languedoc medlterreneen, Memoire de Maitrise, Montpellier, 1970,67. - Observations tres sirnllaires dans Ie Gard (Py, 1976, 5941.

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    3. lES PRODUCTIONS RJ:GIONAlESDes etudes recentes sur Ie Gard et la Vaunage montrent sur la rive Ouest du Rhone une apparition d'imi-

    tations de cerarnlque, a vernis noir des Ie ler quart du ler s., et surtout, dans Ie 2e quart (68). Dans la region mar-seillaise ou les productions locales tournees sont importantes depuis Ie Vie s., il est certain que les cerarniques avernis nair ant dO susclter de nombreuses imitations depuis leur apparition au Ille s. Mais, nous I'avons deja indique,aucune etude, surtout pour la periods qui nous interesse, n'a ete faite a ce jour. Nous ne savons merna pas si lesproductions de la cite phoceenne ont largement depasss ses murs. Des travaux sur les series recentes de Saint-Blaiseet de I'oppidum de la Cloche permettront de repondrs pour la fin du lie s. et pour la premiere rnoitie du suivant.Les imitations du type A sont, en tout cas, presqu'inexistantes dans Ie dernier quart du lie s. au Baou-Roux. LeCaste lias de Rognac est un ternoin pour la periode qui commence apres la chute econornique de Marseille: les pro-ductions locales inspirees directement des cerarniques a vernis noir irnportees ne representent que 2,6 % de I'ensembledu materiel, ou 11,8 % des vases de type campanien .Ou'en est-il pour les regions septentrionales, particulierernent pres de la chaine des Alpilles ? Le manquede documents publies pour la premiere rnoitie du 1er s. ne peut, evidemment. pas nou s permettre de savoir si lescerarniques a vernis noir d'importation sont accornpaqnees par des imitations marseillaises ou peut-etre locales (69).Nous connaissons cependant a Glanum un fond de petit bol en pate jaune clair avec enduit brun rouge, portant undecor de rosette unique estarnpea (fig. 7, nO 7). En tout cas, I'analyse du materiel cerarnique du depotoir de LaVavede, aux Baux, montre I'absence totals. vers 60 , 30 avoJ .C. de toute imitation. Par contre, celles-ci apparaissentdans les niveaux du dernier quart du siecle et dans les premieres annees de notre ere. Dans Ie puits 7 de Cavaillon,elies representent de 3 a 5 % des cerarniques de type eampanien ; elles sont presentes dans un depotoir de Pelissaneou dans les couches contemporaines des Trernaie. Plus au Nord, dans Ie centre du Vaucluse, au Beaucet, Ie dapotoirde merna epoqua en contient 19,2 % . Dans la tombe du point B de la Catalans. aux Baux, un exernplairs aurait etetrouve avec un bol de siqillee italique dont la forme apparait vers 20-av. J.-C.II semble done que dans la region des Alpilles, et peut-etre aussi dans Ie Vaucluse (?), les imitations deceramiqus a vernis noir n'apparaissent quere dans la vaisselle des villages avant 30 - 20 avo J.C. Or, nous I'avons vu,nous pensons que cette date est aussi celle de l'arret des importations. II y aurait done volonte de remplacer unevaisselie usuelle en voie de disparition, qui aurait ete, a une date anterieura, suffisante a la consommation locale.Com me on Ie verra ci-apres, ces imitations sont tres vite tournses et tournassees. sans aucun soin, preuve d'une pro-duction tres hiltive pour un rnarche deja existant.

    Pour la region des Alpilles et celie du Vaucluse, no u s pouvons diviser ces productions en trois groupes :3.1. las imitations inspir6es directement du type A (fig. 7)

    Ce groupe de vases est caracterise par:- une pate assez fine et peu resistante, de couleur jaune pale.- un enduit d'aspect tres variable, semi-vitrifie ou non, de couleur marron sombre a brun rouge vito Cette couleur estvariable d'un point a I'autre d'une marne piece, ce qui indique une application de I'enduit fort peu soignee. II s'ecaillefacilement, en general.- une forme presquexclusive, qui est la 28c, mais presque toujours plus protonde que celie de la ceramique d'irnpor-tation. II existe cependant des imitations d'autres formes, comme Iii A 5/7a (puits 7 de Cavaillon).- Ie tournassage de cette forme 28c est tres grossier a l'inter ieur et surtout a l'exterieur, avec des gorges profondes,des arrachements, des stries. -La finjtion des details. du profil (pied par exemple) laisse des sillons et de nombreuxrneplats. C'est un travail sans aucune recherche de qualite.- Ie decor reprend aussi celui de la csramique A tardive: des cercles coneentriques, quelques fois tres grossierementfaits (fig. 7, nO 4). Un fond isole du puits 7 de Cavaillon est decore de quatre gi'oupes de trois petits cercles concert-triques (70).II est difficile de preciser si tous ces vases proviennent d'un merne atelier, et encore plus, d'indiquer sonemplacement, Nous"connaissons aussi des formes 28e en partie oranqees. avec un enduit franchement rouqeatre(71 ~. Nous avons dresse une premiere carte des sites avant fourni des vases ou des fragments de ce groupe(fig. 11).

    68. - B. Dedet, M. Py, Introduction a I'etude de ts protohistoire en LanguedocOriental, Caveirac, 1976, A.R.A.L.O., cahier nO5,p. 90. Py 1976, 590 11592.

    69. - Les nouvelles fouilles d'Arles (Jardin d'hiver) et Iecatalogue des cerarniquss de Glanum seront II ce sujet tres precieux, maisrepr!lsenteront un facies de deux cites carticullerernent rattachees a Marseille. II faudra eviter de generaliser trop hiitive-ment a toute laregion.70. - A. Dumoulin, op. cit., 1965, p. 9 et 10, fig. 12, e. Ce decor se retrouve dans Ie rnerne puits sous un fond de lampe a ailettes.71. - C'sst I 'imitation du type A par excellence de la Vaunage (style 2) (Py 1976, 555 et 593, fig. 16, n O 2 a 4). Maisla forme 28csemble plus ouverte que celie des Alpilles. Nous avons sans doute affaire it des ateliers differents. Voir aussi la classifi-cation anrerieure du meme auteur: Les oppida de Vaunage[Gsrd), foui/les 1958-1968, These dactvloqraphiee, Mont-pellier, 1972, p. 663 (style 4).

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    Fig. 7. - Production regionale inspiree des cerarniques 11vernis noir de type A (groupe 1).

    3.2. Les imitations e ll pate grise et enduit noir.Ce second groupe s'inspire et cherche a reproduire les formes ou la technique de cuisson reductrice desceramiques a vernis noir de type C. Nous n'en connaissons qu'assez peu d'exemples :_ la pate de ces vases est franchement grise, uniforme, plus fine et moins granuleuse que celie de la cerarnique C

    veritable. Elle est peu rssistante._ I'enduit est noir mat, ou h~gerement luisant, tres ecaille, ou presque totalement disparu (fig. 8, nO 1 a 3)._ les formes imitent directement celles du type C (C 7, C 19) (fig. 8, nO 3) ou reprennent la forme A 28c en voguedans Ie type A (fig. 8, nO 1 et 2) (72). Com me pour Ie groupe precedent, Ie tournassage des pieces est tres peu soigne._ I'usure ou la fragmentation de ces vases ne permettent pas toujours de juger avec certitude de la presence ou deI'absence d'un decor. Une partie des pieces semble i nomee .

    Ce groupe semble nettement moins represente que Ie precedent. Nous Ie connaissons dans la tombe X IIIde Saint-Remy, dans Ie depotoir du Beaucet, dans la necropole d'Eyguieres et dans les puits de Cavaillon.

    72. - Deux vases de forme 28c semblables sont signales it Nages (Py 1976, p. 556 et 596, style 31.

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    Fig. 8. - Production regionale inspiree des cerarniques a vernis noir de types A et C :groupe 2 (nO 1 a 3), groupe 3 (nOS4 et 5).

    3.3. Les imitations de type C a pate grise, sans enduit nairII est difficile de parler de groupe pour quelques exemplaires, fragmentaires, provenant du depotoir de laBaume, au Beaucet (fig. 8, no'4 et 5). Cependant, ils precedent, dans les finitions, d'une technique particulisre :

    -ee- la pate est grise, uniforme et serree.- la surface, apres un tournassage assez soigne d'ailleurs par rapport aux deux groupes precedents, n'a pas recu d'en-duit par trempage, mais a ete polie, sans doute sur Ie tour, a l'interieur du va~e et sur la partie superieurs du flancexterne.- nous avons rerrouve aes vases imitant parfaitement la forme C 7, parfois jusque dans Ie detail du sillon sous Ie pied(fig. 8, nO 4). II ya peut-etre aussi un fond de forme C 1 ou C 19.- les decors imitent aussi Ie repertoire des cerarniques irnportees (sillons concentriques et ranqees de guillochis)(fig. 8, nO 5). Le decor du vase de la fig. 8, nO 4, copie exacte du type C, comporte une ranqee de guillochis nonpoint faits au tour, par broutage, comme Ie nO 5, mais traces a la main, trait par trait. .4. CONCLUSIONS

    Au vu de la cargaison des epaves, il peut sembler que la cerarnique ~ vernis noir n'a eu qu'une importancemarginale dans la vie sconomlque et domestique de la Provence Occidentale. Ces navires, en effet, transportaient unfret plus eleve en amphores qu'en vaisselle commune ou a vernis nair (73). Que constatons-nous dans les habitatsindigenes? Dans la seconde rnoitie du Ier 5., en tout cas, pres des zones pouvant sapprovisionner facilement, lavaisselle rnodelee traditionnelle abandonne presque totalement la fabrication des formes ouvertes (plats, coupes,assiettes) (5,7 % des pieces rnodelees a Rognac, 0,5 % aux Baux). Les formes traditionnelles ont disparu regulierementau profit des vases ouverts a vernis nair. Dans ces deux sites, les importations representant 30,8 % de tout Ie mobiliercerarnique aux Baux, et 19,8 % encore a Rognac.

    73. - Voir les remarques de Morel a paraitre c, parag. 4.2.4. Nous semmes d'accord avec lui sur Ie peu de valeur commerciale deces poteries a vernis noir.

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    *3AlP/LLES

    *4*5 *6

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    kmO--10Fig. 11. - Carte de repartition des decouvertes de forme 28c du 9~oupe 1 limitationsdes cerarniques a vernis noir] : 1, Le Beaucet [depotoir de La Baume) ;2 Cavaillon (puits et fosses de la colline Saint-Jacques) ; 3, Salnt-Rarnv(f~uilles de Glanum, et Ie Thor-Blanc] : 4, Les Baux (necropole de 1a Cata-lane et habitat des Trernaie ; 5, Le Paradou (Castillon) ;6 , Mouries (Caissss-de-Saint.Jean) ; 7, Pelissanne (Saint-Laurent) ; 8, Rognac (Le Castellas}.

    Cette vaisselle prend place plus ou mains rapidement dans la vie domestique de la region des la fin duIlle s. (74) et durant Ie lie s, Cependant, si elle semble bien representee a Entremont. elle est loin d'avoir rernplaceroute la vaisselle ouverte au 8aou-Roux, a la merne epooue. C'est avec I'ouverture du rnarche, a la fin du lie s. etsurtout au debut du Ier s., que les principaux habitats du Bas-Rhona adoptent totalement ce type de cerarniquedont la qualite devient inversement proportionnelle a I'importance de sa diffusion. Cette vaisselle importee ne devaitguere avoir de valeur sur les marches pour pouvoir remplacer aussi facilement la vaisselle rnodelee des villages. Lesnegociants italiens devaient I'importer, a cote du fret pecunierernent rentable, pour etre aq r eab le s aux autoch-tones. II faut noter aussi que, parmi les categories de vaisselles importees, celie a vernis noir est de tres loin la plusrepresentee dans les habitats.Nous avons essave de com prendre et de cerner les grands types d'importation. Malgre des points encoreooscqrs. a l'instar de celui pose par exemple par Ie groupe des coupes a anses en boucle (Evquieres, La Cloche) (75),nous pouvons degager les traits suivants :_ la ce r a rn ique de type A est importee en grande qu antite : 70 a 80 % de la vaisselle a vernis nair dans les Alpillesentre 70 et 30 avo J.-C. Ce chiffre est peut-etre merne encore plus eleve pres de Marseille (95 % a Rognac), entre50 et 20 avo J.-C. (76)._ corollairement, les types B et C semblent surtout presents dans Ie Vaucluse et dans les Alpilles (20 a 30 % desceramiques a vernis noir importees). La region marseillaise parait un peu bouder ces deux categories.

    74. - Elle est deja frequente sur Ie site de La Teste-Neqre (M. Chaillan, L'oppidum de La Teste-Neqrs. aux Pennes (d'apres les de-couvertes et reconstitutions de G. Vasseur) , Annales de la Faeulte des Sciences de Marseille, 24, II , 1917).

    75. - Ces coupes sont encore mieux representses dans la region nimoise, voir les considerations de Py 1976, p. 594, fig. 16, nO 5 a 7.Nous abordons ce problsme dans P. et Ch. Arcelin, Une necropota prerornaine a Evguieres, a paraitre dans Ie Bulletin del'Ecole Antique de Nimes . .

    76. - Cette nette dominance du type A se retrouve en Algerie, a Hippone : Morel 1967,123.

    . . . . . . .

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    Entre ces deux regions, des differences legeres s'observent dans Ie choix des formes. Au cours de la pre-miere moitie du ler s. et beaucoup moins dans la seconde rnoitie, la forme A 31 a bandes peintes (fig .. 3, nO 8) estpresents pres de I'etang de Berre. Elle est presque totalement absente des Ie milieu du siecle dans les Alpilles. Maisce ne sont la que des nuances, dues peut-etre au goOt de I'acheteur, ou d'ordre chronologique, car nous ne connais-sons pas de' gisement bien date du debut du siecle dans la seconde de ces regions. Sur la rive droite du Rhone, la forme31 serait toujours bien representee jusqu'a la fin du siecle (771.

    Ces importations de ceramique a vernis noir s'arretent vers 30/20 avo J.-C., poursuivant ainsi pendant uneou deux decennies, un commerce que la Campanie avait peut-etre deja cesse avec d'autres regions (78l.Nous avons vu que c'est a cette epoque que commencent les imitations regionales du type A ou C dans lazone des Alpilles, et encore, en nombre reduit. Elles n'avaient pas pour but de completer des importations trop peunombreuses pour la demande, mais d'essayer de les remplacer apres leur disparition.1/ ne semble pas que ce soitIe cas dans les regions un peu plus eloiqnees comme la Vaunage ou Ie centre du Vaucluse. Dans la region nimoise,les imitations de tvpe A et C apparaissent des Ie debut du Ier S. (79).Les variations dans la distribution des types B et C nous poussent il l concevoir des points d'approvision-

    nement differents : la region sud doit rester alirnentee par Ie port de Marseille, essentiellement ; par contre, la zonenord doit etre, au moins a partir du milieu du ler S. (mais sans doute deja apres 102) fournie par Ie port d'Arles oupar d'autres points de dabarquernent (Tarascon, Avignon). La zone des Alpilles, a quelques kilometres seulementdu R hone, est tres abondamment servie. Marseille et ses points de relais cotters ont dO perdre quelque peu de leurimportance, dans les relations avec les regions septentrionales, apres I'ouverture (en 102) du canal creuse par lestroupes de Marius. Cette communication plus facile entre la mer et la voie d'eau rhodanienne, a dO, en effet, acce-lerer Ie deplacernent. de la cote vers Ie centre du bas-Rhone, des grands marches commerciaux concernes par lesechanqes avec Ie monde gaulois. Ce mouvement avait deja dO debuter avant I'ouverture de ce canal, au moins desIe lie s. Marseille, tout en multipliant ses comptoirs cotters, a concu la necessite de s'implanter encore plus solide-ment au cceur de la basse valles du Rhone. Elle affermissait ainsi sa penetration economique tout en se rapprochantd'une ou deux [ournees de transport de ses clients gaulois.

    Cette mainmise economique semble setre appuyee sur une alliance politique - voire militaire - avec lespeuples locaux, particulierernent les Cavares. Ces liens seraient rnerne ceux d'une federation entre Marseille et descites indigenes comme Glanum, Cavaillon, Avignon et d'autres encore (80). Ce n'est pas par hasard que Marseillerecoit de Pornpee les territoires tributaires des Volques Arecomiques et des Helviens, c'est-a-dire la rive droite duHhone ta t l.

    Cet essor economlque de la ({ Massalie du Bas-Rhone, renforce encore par les necessites d'approvision-nement des arrnees romaines durant la guerre des Gaules, ne semble pas avoir connu Ie coup d'arret des comptoirscotters apres 49 (Olbia). On ne percoit aucune rupture, par exemple dans Ie materiel des sites de la chaine des Alpilles,durant la seconde moitie du siecle, bien au contraire. Ces cites rhodaniennes, fortement hellenisees, deviennent alorsles meilleurs auxiliaires de I'implantation romaine (82).

    Ouei!e est I'origine de ces vaisselles a vernis noir irnportses ? Le type A vient de la region de Naples, Ie typeC de Sicile (region de Syracuse). Peut-etre une grande partie de groupe B est-elle fabriquee en Campanie (83). Nousavons note la presence d'un timbre a losanga sur une piece B 8 de repave du Titan, identique a des exemplairesde repave de Spargi (La Maddalena) (84). II existe cependant des productions de type B etrusques attestees danscertaines epaves (85). On peut se demander evidemment si ces navires devaient s'arreter en Provence ou se dirigeaientplus a l'Ouest.

    77. - Py 1976, 594 et fig. 18, 599.78. - Nous renvoyons encore une fois 1IMorelli paraitre c, parag. 3.7.79. - II semble que Ie pourcentage de csramlque 1Ivernis noir d'importation soit plus faible 1INages, par exemple, que dans les AI-pilles : ilest de 9,5 % seulement dans ce site au debut du siecle (sond. G) (M. Py, op. cit., 1972, p. 334).80. - Sur ce sujet, on consultera : J. Brunei, Etienne de Byzance et Ie domaine marseillais, REA, 48, 1945, p. 122133 ; M. Clavel-Leveque, Marseille grecque, Marseille, 1977, p. 85-86 ; Chr. Goudineau. Sur un mot de Cleeton, ou Avignon et Iedomainede Marseille,Melanges Heurgon, I, Rome, 27, 1976, p. 325-332.81, - Chr. Goudineau, Le statut de Nimes et des Volques Arecorniques, RAN, 9,1976, p. 105:114.82. - C'est dans les chantiers navals d'Arles que D. Brutus construisit les galeres qui bloquerent les relations maritimes de Marseilleen

    49 et infligerent des detaites 1Isa tlotte. Entre 49 et 44, Cesar fonde, non seulement une colonie de veterans en Aries,maisaccorde Iedroit latin e plusieurs cites autour des Alpilles et chez les Cavares (Pllne, Hist. Nat., 111,4,36 et 37). .83. - Voir I'article de Morel 1965 b, 81-103.84. - Ces pieces de Spargi seraient originaires de Campanie septentrionale, selon Morel a paraitre c, parag. 3,3.85. - Par exemple, Lequement-Liou 1976, 595 ont mis en evidence la commercialisation par voie maritime de fabrication d'Arezzo evernis noir (t\pavede I'lie Plane, pres de Marseille).

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    Fig.41. Eyguieres (necropole, nOM. 257)2. Les Baux (Trernare, nOAE34S0701)

    Fig. 9Les Baux de Provence (Col de La Vayede)1. nO022792. n001483. nO022534. nO023145. nO04155 + 072786. nO064307. nO064478. nO 1469

    II faut considerer enfin qu'une bonne partie des eargaisonsdes epavesdu 1er s. (vaissellecommune tourneeou amphores de type Dressel 1) sont originaires de I'ltalie meridionale. II semble done y avoir des l iens tres privileqiesentre ces anciennes colonies grecques et Ie domaine sconomique marseillais 186\. Nous pouvons litre aussi contortesdans cette idee d'un quasi-monopole en constatant Ie peu de penetration des c era rni qu es e tr us qu es 1 1 vernis rougeavant 15/10 avoJ.-C. (87).

    86. - Ces relations tres fortes continueront pendant au mains deux decennies apres la chute de Marseille et Ia f in de l'Independancede ses territoires. . .87. - La cerarnique siqillee italique n'occupe que 2,3 % du mobilier total a Rognac avant 20/10, et elle n'est pas plus representeeun peu plus tard, dans Ie depotoir du puits 7 de Cavaillon (2,5 %).

    ORIGINE DES ILLUSTRATIONSLa partie graphique de eet article a ete executes conformernent aux normes arretees par la Table-Ronde du7 Avril 1976 de Montpel lier, Normalisation du dessin en ceramoloqie , a para7tre en Supplement a la Revue Archeo-logique de Narbonnaise.

    Fig.21. Les Baux (Catalane, t. XXVII, nO 180)2. satnt-Rernv (necropole. t. III, nOM. 230)3. Saint-Rernv Inecropole, t. I, nOM. 247)4. Saint-Remy (necropole, t. II, nOM. 254)5. Eyguieres (necropole, ancienne colt. 'Perret)6. Le Paradou (Areoule, t. I, nO01)7. Eyguieres (necropole. nO9051 20)8. Le Paradou (Arcoule, t. VIII, nO01)9. Eyguieres(neeropole, nO9051 19)10. salnt-Bernv (necropole, t. VI, nOM. 217)

    Fig_71. Les Baux (Catalane, nO730102)2. Saint-Rernv (Glanum, nO289)3. Le Beaueet (La Baume, nO29)4. Saint-Rernv (Glanum, nO3111)5. Rognac (Castellas, case25)6. Rognac (Castellas, zone 4)7. Saint-Rernv (Glanum, nO 136)

    Fig.31. Eyguieres (necropole, ancienne coil. Perret)2. Le Paradou (Arcoule, t. VIII, nO02)3. Saint-Remv (necropole. t. V, nOM. 229)4. Les Baux (Catalane, nO 15)5. Saint-Remy (necropole, t. V, nOM. 226)6. Les Baux (Catalane, nO16)7. Les Pennes-Mirabeau (La Cloche)8. idem

    Fig.81. Saint-Bernv (necropole, t. XIII, coil. Bancell2. Le,Beaueet (La Baume, nO39)3. Eyguieres (necropole, ancienne coil. Perret)4. Le Beaucet (La Baume, nO 30)5. Le Beaucet (La Baume, nO31)

    Fig.51. Les Baux (Catalane, nO 20)2. Le Beaucet (La Baume, nO28)3. Les Baux (Catalane, nO25)4. Les Baux (Catalane, nO26)5. Les Baux (Catalane, ancienne coil. Blake)6. Le Beaucet (La Baume, nO27)7. Eyguieres (necropole, nO9051 13)8. Salnt-Bernv (necropole, t. VII, nOM. 205)

    Fig. 10Les Baux de Provence (Tremste)1. nOSM022. nOSMOl3. nOSM03

    Fig.61. Les Baux (Catalane,no 19)2. Le Beaucet (La Baume, nO43)3. Eyguieres (necropole, ancienne coil. Perret)4. Salnt-Bernv (necropole, t. II, nOM. 255)5. Saint-Berny (necropole, t. II, nOM. 256)6. Le Paradou (Arcoule, t. I, nO 12)7. Les Baux (Catalane, nO28)

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  • 5/16/2018 ARCELIN 1979 Ceramique a Vernis Noir Tardif en Provence Occidental

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    campanienne A sur les sites les plus anciens. Ensuite, avec !'occupation romaine les courants d'influence semblentchanger. L'absence quasi absolue de campanienne A sur Ie gisement des Sept Fontaines ainsi que dans les phasesrecentes de Bibracte et "absence de campanienne B sur les gisements datant de l'lndependance, paraissent en effetindiquer une dissociation des importations de ces deux types de ceramique. II est ~ noter que I'arret des productionsde type A en Italie est presque contemporain de la Conquete de la Gaule. Duquel de ces deux facteurs, la campanienneB at-lIe beneficie ? Nous ne pouvons Ie dire, mais toujours est-il qu'on ne la rencontre qu'a partir des couches decette epoque, et que sa presence s'intensifie dans les niveaux preauqusteens [usque vers - 30/25 avant J.-C. ou elleest toujours presents.

    Bien des questions restent posees au sujet des importations italiques dans notre region:Y a-t-il une difference chronologique notable avec les gisements mediterraneens ? Pourquoi les cerarniques campa-niennes A et B n'ont-elles pas ete importees slrnultanernent alors que leur production contemporaine pour la periodequi nous preoccupe I'aurait perm is ? Pourquoi les amphores Dressel 1 B sont-elles pratiquement inexistantes alorsqu'elles devraient cotover les Dressel 1 A dans les couches les plus recentes ? Y a-t-il des relations precises entre lesimportations amphoriques et ceramiques, ce qui permettrait de circonscrire du rnsme coup les lieux de productionde ces deux types de materiel?l.'etat actuel de nos connaissances ne permet pas de les resoudre, mais souhaitons que nos travaux futurs,allies a la decouverte de fours de potiers en Italie, contribueront a faire la lumiere sur ce sujet.

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