aquaculture volume 8 issue 2 1976 [doi 10.1016%2fs0044-8486%2876%2980072-5] j. person-le ruyet --...

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elevage dùartemia salina

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  • Aquaculture, 8 (1976) 157--167 157 Elsevier Scientific Publishing Company, Amsterdam -- Printed in The Netherlands

    ELEVAGE LARVAIRE D'ARTEMIA SAL INA (BRANCHIOPODE) SUR NOURRITURE INERTE: SPIR ULINA MAXIMA (CYANOPHYCEE)

    J. PERSON-Le RUYET

    Centre Oc~anologique de Bretagne, Brest 29273 (France)

    Contribution No. 420 du D~partement Scientifique du Centre Oc~anologique de Bretagne

    (Re~u le 6 octobre, 1975; r~vis~ le 8 decembre, 1975)

    ABSTRACT

    Person-Le Ruyet, J., 1976. Rearing of Artemia salina (Branchiopoda) larvae on inert food: Spirulina maxima (Cyanophycea). Aquaculture, 8:157--167 (in French).

    A technique for the intensive rearing of Artemia salina larvae (Branchiopoda) of I -- 4 mm using the blue-green algae, Spirulina maxima (Cyanophycea) in dry powder form is described. Experimentation was carried out in a small volume (20 l) and techniques were simplified whenever possible to enable minimal handling (i.e. water is not renewed). The system is therefore easily applicable to medium and large volumes. The production requirements of Artemia salina for larval aquaculture at Centre Oc~anologique de Bretagne have been ful- filled by this technique since 1974 in 450-1 volumes. Growth and survival rates have been satisfactory to date.

    Up to a certain threshold and within a given age group, the amount of food introduced influences mean population size. Under optimal conditions it is possible to rear larvae of 1 mm in 2 days, 2 mm in 4 days and 3.75 mm in 6 days. The minimal food supplies required to obtain these figures are respectively 600 mg, 1 800 mg and 4 300 mg of Spirulina pow- der for 10 000 larvae at the ages of 2, 4 and 6 days. These rapid growth rates are achieved by overfeeding the larvae, which results in a reduction in the size of the installations and in time demanded for culture maintenance. The use of an optimal feeding regime gives a growth rate very close to the maximum and diminishes production costs only slightly.

    Consequently, an optimal larval concentration per unit volume is the most economically feasible choice for a production unit. The maximum larval concentration which gave good growth and survival rates was established for an average food quantity (3 200 mg/10 000 larvae). Larval densities may reach 13 to 14 2-day-old larvae (1 mm), five 4-day-old larvae (2 mm) and two 6-day-old larvae (3.75 ram) per ml of water. To regulate the concentration of Artemia, fixed volumes of the culture are removed regularly, thus considerably increasing the production of a given tank. The weekly production of a 450-1 tank is approximately 75 g of dry matter.

    RI~SUMI~

    Person-Le Ruyet, J., 1976. l~levage larvaire d'Artemia salina (Branchiopode) sur nourriture inerte: Spirulina maxima (Cyanophyc~e). Aquaculture, 8: 157--167.

    Une technique d'~levage intensif de larves d'Artemia salina (Branchiopode) de 1 - - 4 mm a ~t~ d~velopp~e ~ partir d'une poudre d'algue: Spirulina maxima (Cyanophyc6e). D~finie

  • 158

    petite ~chelle (20 1), la technique est simplifi~e au maximum, demande un minimum de main d'oeuvre (absence de renouvellement d'eau) et est donc ais~ment utilisable moyenne comme ~ grande ~chelle. La production d'Artemia pour les besoins de l'aqua- culture larvaire est int~gralement assur~e, au Centre Oc~anologique de Bretagne, depuis 1974 et en moyen volume (450 l) selon cette technique. La croissance tout comme la survie sont satisfaisantes.

    La ration alimentaire modifie, jusqu'~ un certain seuil, la taille moyenne d'une popula- tion d'une classe d'~ge donn~e. I1 est possible d'obtenir, au mieux, des larves de 1 mm en 2 jours, de 2 mm en 4 jours et de 3,75 mm en 6 jours. Les rations alimentaires minimales correspondantes sont de 600 mg, 1 800 mg et 4 300 mg de poudre de Spirulina pour 10 000 larves de 2, 4 et 6 jours. Ces vitesses de croissance sont obtenues en suralimentant les larves ce qui correspond ~ un gain de temps, et ~ une r~duction du volume des installa- tions, mais ~ une d~pense accrue en nourriture. L'utilisation d'un r~gime alimentaire "optimum", donnant une croissance tr~s proche du maximum, diminue, tr~s largement, le cofit de la production.

    De m~me l'utilisation d'une concentration optimale de larves par unit~ de volume rentabilise au mieux une installation donn~e. La concentration maximale de larves, compatible avec une bonne croissance et une bonne survie, a ~t~ d~termin~e pour un r~gime alimentaire moyen (3 200 mg/10 000 larves). La densit~ des larves peut atteindre 13 ~ 14 larves de 2 jours (1 mm), cinq larves de 4 jours (2 ram) et deux larves de 6 jours (3,75 mm) par ml d'eau. Des pr~l~vements r~guliers permettent de diluer les Artemia dans le milieu d'~levage et d'accro[tre ainsi sensiblement la production d'un bac donn~. La production hebdomadaire d'une cuve de 450 1 est d'environ 75 g de mati~re s~che.

    INTRODUCTION

    Pour les besoins de l 'aquaculture marine larvaire des crustac~s et surtout des poissons, il est n~cessaire de disposer en grande quantitY, de proies bien calibr~es, p~ch~es ou g~n~ralement produites. Dans la gamme de taille 0,50--8 mm se trouve un Branchiopode facile ~ ~lever, ~ croissance rapide et suppor- rant de fortes concentrat ions unitaires: Artemia salina. En mati~re de produc- t ion de masse, ce crustac~ a ~t~ jusqu'~ present surtout ~lev~ sur algues vivantes, soit en grand volume, en "eaux vertes", soit en petits et moyens volumes partir de cultures d'algues. En culture intensive tout particuli~rement, les besoins en algues sont importants et le cofit de la product ion d'Artemia ~lev~, d'ofi la n~cessit~ de rechercher des aliments de remplacement ~ bas prix. Diff~rents types de levures ont ~t~ test~s, tout particuli~rement au Japon (Shimaya et al., 1967) ainsi qu 'une nourr iture artificielle ~ base de farine et de d~chets de soja (Anonymous, 1964, dans Sorgeloos et Persoone, 1975). Dans les deux cas la croissance et la survie larvaire sont peu satisfaisantes, et ces aliments n 'ont pu ~tre retenus. Aussi, l 'apparit ion tr~s r~cente sur le march~ des premieres poudres d'algues de type unicellulaire ne peut qu'att i rer l 'attent ion des stations d'aquaculture cherchant ~ produire, ais~ment et pour le moindre cofit, une nourr iture larvaire de qualitY.

    A notre connaissance, deux esp~ces d'algues cultiv~es en eau douce sont actuel lement commercialis~es sous forme de poudre: une Cyanophyc~e du genre Spirulina et une Chlorophyc~e du genre Scenedesmus. La poudre de

  • 159

    Scenedesmus a ~td test~e, en petits volumes, sur Artemia salina ~ l'Universit~ de Gand (Belgique) par Sorgeloos (1973). Au Centre Ocdanologique de Bretagne (France), c'est surtout, et sous diffdrentes presentations, la poudre de Spirulina maxima qui a ~td expdrimentde. En raison des excellents rdsultats obtenus, les Spirulina atomisdes (fournies par l'Institut Fran~ais du Petrole et en provenance du Mexique) sont utilis~es depuis avril 1974 ~ des fins de pro- duction de masse d'Artemia salina. Nous traiterons ici de la mise au point, en volume de 20 l, d'une technique de production intensive d'Artemia de 1--4 mm (correspondant aux besoins actuels du centre) sur Spirulina atomisdes. I1 convient de pr~ciser que des adultes aptes ~ se reproduire peuvent ~tre de m~me ais~ment obtenus avec cette nourriture.

    MI~THODES

    Les larves d'Artemia sont obtenues ~ partir d'oeufs de Californie (Bale de San Francisco) commercialis~s sous la marque "Metaframe". Les nauplius mis en experience proviennent d'incubations faites ~ 27C, en jarre cylindro- conique de 150 1, ~ raison de 1,5 g d'oeuf par litre d'eau. Apr~s 28 h d'incuba- tion, environ 85% des oeufs sont ~clos et il est r~colt~, apr~s d~cantation, environ 400 000 nauplius par 1 d'eau. Les jeunes nauplius n~cessaires l'exp~rimentation sont sitSt r~partis dans des jarres de 20 1 cylindro-coniques (Girin et Devauchelle, 1974). Les ~levages exp~rimentaux sont mends ~ 27C et en lumibre naturelle tr~s att~nu~e. La croissance et la survie des Artemia nourris sur poudre de Spirulina se sont, dans nos conditions exp~rimentales, r~l~v~es meilleures en lumi~re naturelle diffuse qu'en obscurit~ totale.

    Afin d'~viter en renouvellement d'eau tousles 2 ou 3 jours (selon la tech- nique de Sorgeloos, 1973) on augmente progressivement le volume de la jarre par un apport quotidien d'eau fra~che. Ainsi le volume d'eau passe de 5 ~ 20 1 du jour 0 au jour 6 (Fig.lC) et la concentration des larves dans le milieu diminue au cours de leur croissance. Lorsque l'~levage se poursuit au-del~ de 6 jours, il est n~cessaire soit de passer ~ un plus grand volume, soit de renouveler l'eau en utilisant un concentrateur ~ larves (L'Herroux et al., 1974).

    L'a~ration se fait ~ la base de la jarre par cinq arriv~es d'air sous pression. Un bon brassage du milieu est d'autant plus important que l'eau n'est pas renouvel~e et que c'est de la nourriture morte qui est utilis~e. Une a~ration permanente par bullage bien dos~ n'est d'aiUeurs pas traumatisante pour les larves d'Artemia.

    La nourriture test~e est de la poudre de Spirulina. Les algues se pr~sentent sous la forme d'un filament spiral~ blue-vert d'environ 250 ~ de long. Celui-ci doit 8tre dissoci~ pour obtenir des particules de 10--20 p ais~ment retenues par les jeunes larves d'Artemia. Un broyage humide prolong~ au mixer est couramment utilis~ pour preparer la solution nutritive et l'efficacit~ du sys- tSme est satisfaisante. Ainsi, la cha~ne de Spirulina ~tant constitute d'une suite d'~l~ments de 5 7 p, les dimensions (plus pr~cis~ment la plus grande longueur) des particules obtenues aprSs une dissociation pouss~e au mixer se

  • 160

    r~partissent comme suit: 25% de particules de 7 p, 50% de 10--15p, 10% de 15--20 pet 15% de 20--60 U (dont seutement 3% de plus de 40 p). La classe de taille dominante se situe donc aux alentours de 10 p, et la taille moyenne des ~l~ments est de 13 p. Au cours de ce traitement il se forme de la mousse qui est ~cum~e avant de distribuer la nourriture. Une partie des d~chets inclus dans la poudre d'algues est ainsi ~limin~e et l'emploi d'antimousse ~vit~. Deux distributions de nourriture sont faites chaque jour manuellement.

    La croissance des Artemia est suivie par des mensurations quotidiennes sur 10 ou 20 individus par lot. Comme l'a montr~ P. Lucet (communication personelle, 1974), dix mesures sont g~n~ralement suffisantes pour mettre en ~vidence des differences entre traitement. Mais, pour une approche plus fine d'un r~gime optimal nous avons retenu 20 individus. Les mesures sont faites au microm~tre oculaire sur des animaux venant d'etre formol~s: c'est la longueur totale de l'extr~mit~ ant~rieure, au niveau des ocelles, ~ la base de la furca qui est retenue.

    RESULTATS

    Lorsque les facteurs du milieu d~terminant le d~veloppement optimal d'Artemia salina sont respect~s, la croissance est surtout sous la d~pendance des conditions trophiques. De tr~s nombreux travaux de recherches fondamen- tales ont, comme le signale Sorgeloos et Persoone (1975), d~fini les principaux facteurs du milieu influen~ant la croissance larvaire. Pour les oeufs de la Baie de San Francisco, que nous utilisons, la croissance est satisfaisante entre 20 et 30 pour la temperature et 20 et 35%0 pour la salinitY.

    En ne consid~rant donc que le facteur trophique, pour un aliment adaptS, Spirulina, la dose de nourriture distribute par individu modifie, dans certaines limites, la vitesse de croissance. I1 faut cependant rappeler qu'en l'absence de renouvellement de l'eau le milieu d'~tevage est rapidement d~natur~ par une surcharge excessive des bacs, rant en nourriture qu'en animaux. La croissance et la survie des Artemia sont alors perturb~es. L'influence de la ration alimen- taire sur la croissance et la concentration maximale de larves utilisable par unit~ de volume et par classe de taille ont ~t~ d~termin~es en jarre de 20 1.

    Croissance et r~gime alimentaire

    La Fig.1 donne un exemple de quelques r~gime alimentaires test~s (1A) et des courbes de croissance correspondantes (1B). Ces experiences sont menses avec 40 000 larves par jarre de 20 1 recevant chaque jour une quantit~ d'eau d~termin~e (1C). Dans les lots exp~rimentaux des differences de taille entre larves du m~me ~ge apparaissent ~ partir du 4~me jour et semblent essentielle- ment correl~es au r~gime alimentaire. La vitesse de croissance des larves est ainsi sensiblement acc~l~r~e en passant du r~gime a au r~gime c. Ceci se traduit par une taille moyenne allant pour les larves de 6 jours de 3,20--4,20 mm. En. r~gime dun apport suppl~mentaire de nourriture, ~ partir du 4~me jour, s'est

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    Ration journoli;'re { mg/I0000 Iorves )

    1600- @

    1400 _

    1200 _

    I000.

    800 .

    6O0

    400

    200

    e

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    I-

    ~ 0,5- Oours

    2 4 5

    Longueur Volume d'eou (mm) {t.)

    3,5.

    20: /

    jf ,

    I I ! , 2 '3 , ;

    JOUF$

    Fig. 1. Quelques exemples de r~gimes alimentaires (Spirulina maxima) et croissances larvaires correspondantes chez Artemia salina. (A: ration journali~re; B: faille larvaire moyenne (ram); C: volume d'eau de la jarre (1)).

    montr~ inefficace. Lorsque celui-ci est plus pr~coce et plus important (r~gime e) la vitesse de croissance des Artemia est r~duite, le nombre de moribonds s'accentue et le taux de survie d~cro~t tr~s rapidement dans les 24 h qui suivent.

    Nous avons rassembl~ sur les Figs 2 et 3 un ensemble de donn~es sur la taille moyenne des diff~rents lots d'Artemia d'un ~ge donn~ ayant re~u depuis la mise en experience une quantit~ d~termin~e de nourriture. Dans un m~me lot les tailles larvaires sont en g~n~ral assez homog~nes et les coefficients de variation sont le plus souvent de l'ordre de 10%. I1 faut cependant signaler que, toutes conditions ~tant ~gales par ailleurs, on observe parfois d'un lot l'autre des divergences de r~actions assez importantes et difficilement explicables.

    Malgr~ la dispersion des moyennes exp~rimentales, repr~sent~es uniquement pour les larves de 4, 5 et 6 jours, il ressort de la Fig.2 que pour une classe d'~ge donn~e la taille des Artemia croft avec la dose de nourriture reque jusqu'~ atteindre ~ partir d'un certain seuil une valeur maximale. En de~ la croissance est limit~e par une alimentation insuffisante. Au-del~ il y a surcharge du milieu en algues: la croissance larvaire est r~duite et la survie alt~r~e. Cet effet n~faste d'une suralimentation, d~j~ mis en ~vidence par Provasoli et D'Agostino (1969), est ici particuli~rement net le 4~me et le 5~me jour. Les larves d'Artemia de 1 ~ 3 jours atteignent plus ou mains rapidement une taille maximale (Fig.3)

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    Lorlgueur totale ( ram)

    3,5_

    3.

    2,5.

    2.

    1,5.

    I.

    O,g.

    J s t Tallle ;I x J5 Moyonnes oxp~rlmentales J4

    "t d 5 Toil le moyenne J4 ~1 Ecort - type ~ la moyonne th ,o r iqu .

    ...-j~.:" ~ _ . .~ . ." ~~'" " >: I ,/ -'I- , ~

    Paid= total de nourr l ture ( mg / I0000 larves)

    I 000 2000 3000 4000 5000

    Fig. 2. Taille des diff~rentes classes d'~ge d'Artemia en fonction de la quantit~ totale de poudre de Spirulina reque (mg/10 000 larves).

    Toille (ram)

    1,5.

    I tO,

    0,5 ,

    o J3~ ~ Moyenne de moyennes J 2 experimentlos ) x J I I Ecart-type

    o - - .e o e e = {~o ~'e ee ~Peee "~ - o

    o , / J . . " So o 1

    1 ' .

    . .~ . --,.~" 02

    J3

    Poids total de nourriture ( mq / I0000 Artemia)

    , i ' 5100 w , , , I ' ' ' i I I000 1500

    Fig.3. Taille des larves d'Artemia de 1 ~ 3 ]ours en fonction de la quantit~ totale de poudre de Spirulina regue (rag/10 000 larves).

  • 163

    qui se maintient pour les plus fortes doses de nourriture utilis~es tandis que la survie demeure satisfaisante (Fig.2).

    Si y repr~sente la taille des larves (mm), x la dose de nourriture revue depuis la mise en experience (mg/10 000 larves) et al, a2 et a3 des constantes, pour les larves de 6 jours, c'est une ~quation de la forme y = al + a2x + a3x 2 qui traduit le mieux la relation taille--r~gime alimentaire. Sin est le nombre de moyennes exp~rimentales, et r le coefficient de correlation on a:

    y(J6) = 0,80 + 0,13x -- 0,0014x 2 (avec n = 45 et r = 0,93)

    Pour les autres classes d'~ge cette ~quation th~orique n'est que partiellement satisfaisante.

    Ainsi ~ partir d'une certaine dose de nourriture, dire "dose maximale", et dans certains cas dans des limites d~termin~es, la taille moyenne d'une population d'Artemia d'un ~ge donn~ ne peut ~tre am~lior~e. Une dose de nourriture, dite "optimale", permet d'approcher la taille maximale pour un moindre cofit en nourriture. Pour les larves de 4--6 jours on atteint plus ou moins nettement, dans nos conditions exp~rimentales, une dose critique dire "subl~thale". La croissance maximale est obtenue pour les r~gimes inter- m~diaires. La Fig.4A repr~sente les doses de nourriture caract~ristiques et les failles larvaires correspondantes.

    Si la quantit~ totale de nourriture reque est d~terminante pour la taille des larves d'une classe d'~ge donn~e, elle est de m~me d'autant plus ~lev~e que la distribution est plus ~tal~e dans le temps. A titre d'exemple, lorsque les Artemia reqoivent en 3 jours 3 000 mg de Spirulina pour 10 000 indi~idus, elles atteignent 1,90 mm au 4~me jour alors que r~partie sur 4 ou 5 jours, cette m~me quantit~ de nourriture permet d'obtenir respectivement des larves de 2,6 et 3,5 mm. I1 s'en suit que lorsqu'on accroi't au maximum la vitesse de croissance, route la nourriture offerte n'est pas utilis~e au mieux. Le bilan se traduit par un gain de temps mais une d~pense en nourriture accrue correspondant ~ une suralimentation manifeste. D'ofi la n~cessit~, pour r~duire le cofit de la production journali~re, de bien doser le r~gime alimentaire tout en suralimentant de peu les organismes. Le meilleur apport joumalier th~orique de Spirulina se d~duit de la dose optimale de nourriture correspondant ~ chaque classe d'~ge (Fig.4B -- courbe A). Pour obtenir la taille maximale, il suffit d'augmenter de peu cette ration journali~re:(ourbe B). Au-del~, les pertes de nourriture sont importantes.

    Croissance et concentration en Artemia

    Si, en milieu non renouvel~, la croissance larvaire peut ~tre limit~e par la quantit~ de nourriture distribute par individu, il en est de m~me pour la con- centration des animaux par unit~ de volume. Pour un r~gime alimentaire donn~ (3 200 mg, pour 10 000 animaux de 6 jours), la taille moyenne des: Artemia a ~t~ d~termin~e en volume de 20 1 lorsque leur densit~ dans le milieu, s'accro[t (Fig.5). I1 apparait que jusqu'au 3~me jour, la taille des larves

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    Poidl total de nourriture ( mg / I0 000 Artamia ) @

    6000.

    5000-

    4000-

    3000-

    2000-

    I000-

    / s / B I~ _B I Doses maximal(Is

    1/ / / A~Dose optlrnole

    i /

    S" l 2 ~ 4 5 ; Joura

    Apport jour nolllir (~ ( m g / IOOOO Artamio)

    1500

    I000

    500.

    ~/B Z ~- maximum

    ~, xBI / ~ To,.. (.~)

    /I / .~ A,i-aptimum , // / / l i moximoill .4 , / / i I / 1 t .~'/opt imote / / . . / ,,/. .5

    Fig.4. Ration alimentaire globale et journali~re th6oriques donnant une croissance optimale et maximale chez Artemia salina 61ev6 sur poudre de Spirulina.

    n'est pas like ~ la concentration lorsque celle-ci varie de 2 ~ 24 individus/ml au jour 1 et de 1,5 ~ 17 individus/ml au jour 2. Cependant, au jour 2, c'est- ~-dire 48 h apr~s la mise en route de l'exp~rience, la survie est l~g~rement r~duite (90%) lorsque la concentration atteint 15 Artemia/ml. La concentra- tion maximale utilisable est donc de l'ordre de 13--14 Artemia de 2 jours (1 ram) au ml. De m~me, il est conseill~ de ne pas d~passer 9 larves de 3 jours au ml. Par la suite, et pour une ration alimentaire individuelle donn~e, il appara[t que la taille des larves de 4 jours et plus est like ~ leur concentration clans le milieu. On assiste ainsi ~ un d~placement progressif de la taille maxi- male et de la meilleure survie vers les plus falbles concentration. La taille des Artemia passe ainsi par un maximum lorsque la concentration des animaux

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    Lon ueur totale (ram)

    4.

    3,5.

    3.

    2,5.

    2 .

    1,5 _

    I_

    0 ,5 -

    Longueur ( mrn ) 90% - - - - - Taux de survie (%)

    ~ 50% J Ecort -type

    r vo,o . 'eou ( t . )

    J6 \

    J4 %~. ,.=. 12 [ 4

    J 2 ~ ~ -i~ 7L J2

    J I - - ~ ' ~ 5L

    ,=~ombre de Ior yes

    ' ~'o 3'o ' ' ' 7'0 ' 9'0 ' ;o ' = I0 40 50 60 80 I00 I f20 x 103

    Fig.5. Taille des larvas par classes d'~ge en fonction de la concentration des Artemia dans le milieu (ration alimentaire de 3 200 mg pour 10 000 larvaires).

    au ml, est comprise entre 3,5 et 5 au 4~me jour, 2 et 3 au 5~me jour et entre 1,5 et 2 au 6~me jour. L'utilisation de densit~s plus importantes n'est b~n~fique ni pour la croissance ni pour la survie. Pour les plus faibles concen- trations, la nourriture tend ~ la limite ~ ~tre trop dispers~e dans le milieu. Les larves doivent alors intensifier leur filtration pour pr~lever une m~me quantit~ de nourriture, d'ofi une d~pense ~nerg~tique accrue. Ces considerations ne sont valables que pour la technologie utilis~e (eau stagnante) et pour un r~gime alimentaire d~fini.

    La charge maximale d'un volume donn~ se d~duit facilement de ces r~sul- tats exp~rimentaux. En jarre de 20 1 par exemple, i lest possible d'obtenir 40 000 Artemia de 4 mm (6 jours), de 70 000--100 000 Artemia de 2 mm (4 jours), et jusqu'~ 300 000 Artemia de 1 mm (2 jours). Pour utiliser au maximum le volume disponible (ici 20 1) il suffit de faire des pr~l~vements r~guliers: au jour 2 des deux-tiers du volume (13 1) ce qui fournit 200 000 larves de 1 mm, soit 1 600 mg de mati~re s~che, et, au jour 4 des trois- cinqui~me du volume (12 1) ce qui fournit 60 000 larves de 2 mm, soit 900 mg de mati~re s~che. Au jour 6 il subsiste alors 40 000 larves de 4 mm par jarre soit 2 800 mg de mati~re s~che.

  • 166

    DISCUSSION

    Cette suite d'exp~riences a permis de mettre au point, en jarre de 20 1, une technique d'~levage intensif d'Artemia salina de 1--4 mm sur une Cyanophyc~e atomis6e: Spirulina maxima. I1 apparMt que la taille d'une population d'une classe d'~ge donn~e d~pend, jusqu'~ un certain seuil (r~gime maximum), de la ration alimentaire; d'ofl l'int~r~t de rechercher un r~gime optimum donnant une croissance tr~s proche du maximum pour un moindre cofit en nourriture (croissance optimale). I1 est possible de travailler sur 6 jours sans renouveler l'eau, ce qui repr~sente par rapport ~ la technique de Sorgeloos (1973) une ~conomie de main-d'oeuvre appreciable pour une m~me production finale. I1 faut n~anmoins diluer les larves au cours de leur croissance par un apport r~gulier d'eau. La charge des jarres par classe de taille a ~t~ d6finie pour les conditions d'~levage pr6conis6es. Sans renouvellement d'eau, elle atteint les valeurs maximales rapport~es par la litt~rature pour les larves de 6 jours (Sorgeloos, 1973). Elle peut ~tre nettement accrue pour les larves de 2 et 4 jours par un pr~l~vement r6gulier d'une fraction de la population. Cette technique peut permettre d'accroitre d'une mani~re appreciable la production d'une jarre d'61evage.

    La croissance larvaire d'Artemia salina est particuli~rement satisfaisante sur Spirulina maxima puisque !es meilleures vitesses de croissance rapport~es par la litt~rature (sur nourriture vivante ou congel6e) sont atteintes; ceci avec une survie satisfaisante. Des diff~rentes esp~ces d'algues utilis~es au Centre Oc~anologique de Bretagne (Scenedesmus sp. s~ch6s, Tetraselmis suecica congel6s ou lyophilis~s, etc.), Spirulina maxima donne ~ biomasse ~quivalente la meilleure croissance (Person-Le Ruyet, 1976). Elle est plus ais~ment utilisable que Scenedesmus (difficile ~ r~duire en tr~s fines particules) et, pour le moment du moins, c'est la moins on,reuse des algues disponibles dans le commerce ou produites en laboratoire.

    La technique de production de larves d'Artemia salina sur Spirulina maxima d~finie en jarre de 20 1 est ais~ment transposable en grand volume. Ainsi au Centre Oc~anologique de Bretagne la production de masse d'Artemia est assur6e depuis avril 1974 selon ces techniques en cuves de 450 1. La production hebdomadaire de routine d'une cuve de 450 1 est de 1,5 106 larves de 2 jours, de 750 000 larves de 4 jours et de 750 000 larves de 6 jours. Les poids . moyens individuels (poids sec) par classe d'~ge sont de 1,1 pg pour des nauplius de 0,50 mm, 7,8 pg pour des larves de 0.94 mm, 18,3 pg pour des larves de 2,40 ram, 51,3 pg pour des larves de 3,15 mm et 70 pg pour des larves de 3,5 mm, toutes ~tant nourries sur Spirulina. La production hebdomadaire d'une cuve est donc de 75 g de mati~re s6che en partant de 2,7 106 de nauplii (3 g). La biomasse est multipli~e par 15 en 6 jours. Cette production de mati~re s~che correspond ~ l'utilisation d'environ 430 g de Spirulina maxima atomis6es. Pour produire en 6 jours 100 g d'Artemia (de 1--3,5 mm), il faut donc 570 g de Spirulina et le rapport nourriture ing~r~e/production de mati~re s~che

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    avoisine 5,7; ce qui correspond ~ un coeff ic ient de t ransformat ion de la nourr i ture ing~r~e d'environ 18%. La product ion du kilo d'Artemia sec n~cessite dans ces condit ions environ 5 kg de Spirulina (soit, en 1975, FF 50 de nourr iture). En se reportant ~ l ' indice de consommat ion utilis~ par les nutrit ionistes et d~fini comme le rapport ing~r~ sec total par gain de poids frais et en retenant une teneur moyenne en eau des Artemia de 85%, l ' indice de consommat ion serait voisin de 0,90. I1 faut noter que pour les Artemia de 2 jours et les Artemia de 4 jours, la charge des jarres peut ~tre accrue d'une maniSre appreciable selon les besoins du moment .

    I1 appara~t ~vident (Fig.3) qu'en voulant acc~l~rer au max imum la crois- sance des Artemia, on est condui t ~ fournir aux larves de la nourr i ture en exc~s. La c onsommat ion journali~re individuelle devient alors maximale et la d~pense ~nerg~tique li~e ~ l'activit~ de f i l tration minimale. Par contre, route la nourr i ture propos~e n'est pas utilis~e et elle n'est jamais compl~tement assimil~e. La recherche d'une nourr i ture adapt~e ~ bas prix en est d 'autant plus n~cessaire.

    Les Arternia produites sur Spirulina ont assur~ la product ion de larves de bars, turbots et soles en 1974 et 1975. I1 nous para~t ~vident qu'elles doivent ~tre utilis~es ou stock~es rapidement apr~s leur pr~l~vement et non apr~s un jefine plus ou mo:ns prolongS. Dans ce dernier cas, leur valeur calorique diminue rapidement conform~ment aux observations de Paf fenhofer (1967). M~me si ce n'est vraisemblablement pas une nourr i ture larvaire id~ale, d~faut d'autre al iment pr~sentant les m~mes avantages, Artemia salina est largement utilis~. Son grossissement sur nourr i ture inerte permet en se lib~rant de la product ion d'algues vivantes d'en diminuer le cofit.

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