approche enonciative

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Licence Sciences du Langage, « Médias, Communication, Culture », L1, sem. 2, E21SLMC – Énonciation Laurent FAURÉ, Université de Montpellier III – Paul-Valéry, Enseignement à Distance, METICE L ʼ approche énonciative L ʼ approche énonciative pistes et conseils pour l ʼ pistes et conseils pour l ʼ a nalyse nalyse La méthodologie issue de la théorie énonciative consiste à dégager les différents moyens linguistiques, par lesquels un locuteur : - imprime sa marque à l’énoncé, - s’inscrit dans le message (implicitement ou explicitement) - se situe par rapport à l’énoncé (« distance énonciative ») en l’assumant plus ou moins. On commencera par conséquent par rechercher les marques de la présence du locuteur dans son dire à travers les indices qui attestent de quelle façon il s’inscrit comme sujet d’énonciation dans son énoncé. Il convient donc de se livrer à un premier repérage d’unités linguistiques qui constituent le sous-système de signes appelé « appareil formel de l’énonciation ». Les catégories suivantes feront ainsi l’objet d’un relevé systématique : - embrayeurs (shifters) ; - modalisateurs ; - termes évaluatifs ; - marques de dialogisme, etc. Le principe de base consiste donc à partir des traces formelles de la présence d’un énonciateur et de la façon dont il anime la production de son message. Les données internes à l’énoncé délivrent un certain nombre d’informations sur ses conditions de production qui en constitue le paramétrage. Il faut donc les relever et les classer par catégories de phénomènes linguistiques. Une bonne connaissance de la terminologie et des unités grammaticales est ici un atout (cf. bibliographie pour un manuel adapté). On doit ici distinguer deux niveaux d’analyse, suivant le but visé. Le premier concerne directement la théorie : la méthodologie énonciativiste a permis à la linguistique de progresser en se dotant en particulier de nouveaux objets qui ont permis de repenser notamment la question du sens et de la source. L’approche a ouvert des voies novatrices dans le domaine de l’investigation sur la langue, les langues, le langage. Certaines sont d’ailleurs toujours vivaces et loin d’avoir été entièrement explorées. Une des retombées pratiques touche à l’apprentissage des langues. Le second ressortit plus précisément à l’intérêt pour le corpus lui-même : il s’agit d’opérer une investigation permettant d’en rendre compte, de mieux le comprendre, tout simplement. C’est à ce titre que les apports de la linguistique énonciative ont été intégrés à l’étude des textes et des discours, y compris dans une visée pédagogique. De façon plus systématique, l’analyse de la situation d’énonciation vise à dégager : - le cadre physique et spatio-temporel ; - le canal de transmission (oral/ écrit ; verbal / non verbal) ; - le cadre symbolique (espace discursif et de représentation) et le système de référence ; - la distribution des coénonciateurs ; - les éléments constitutifs de l’environnement tels que peuvent le percevoir les coénonciateurs ; - comment ces derniers, partenaires de la communication, se prêtent mutuellement leurs connaissances. Au-delà des objectifs d’une grammaire énonciative, centrée sur des phénomènes linguistiques, on peut étendre l’étude à des considérants plus sociologiques (que la sociolinguistique s’efforce plus particulièrement de prendre en compte) comme le caractère social (institutionnel ou pas) du site et du rapport entre les interlocuteurs. Cette dimension, essentielle pour la communication étend le questionnement à des considérants plus idéologiques et à la production de sens, indissociable, pour la linguistique contemporaine, des phénomènes formels. Cela nous amène à la partie synthétique du travail qui permet la mise en forme des données recueillies au cours de l’analyse. Il faut mettre celles-ci en relation, ce qui fait souvent apparaître des tendances, des récurrences significatives, en n’hésitant pas à écarter les éléments non pertinents ou faiblement informatifs. Certains phénomènes isolés ont cependant parfois leur importance en raison même du relief que cela peut leur conférer. À jauger, en fonction de la logique émergeant de l’ensemble, donc. Les hypothèses ainsi dégagées permettront de formuler une interprétation liant les marques formelles repérées aux effets de sens constatés et de suggérer éventuellement la teneur d’une stratégie (co-)énonciative recherchée.

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Approche Enonciative

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Page 1: Approche Enonciative

Licence Sciences du Langage, « Médias, Communication, Culture », L1, sem. 2, E21SLMC – Énonciation 

Laurent FAURÉ, Université de Montpellier III – Paul-Valéry, Enseignement à Distance, METICE 

Lʼapproche énonciativeLʼapproche énonciative pistes et conseils pour lʼpistes et conseils pour lʼaanalysenalyse

La méthodologie issue de la théorie énonciative consiste à dégager les différents moyens linguistiques, par lesquels un locuteur :

- imprime sa marque à l’énoncé, - s’inscrit dans le message (implicitement ou explicitement) - se situe par rapport à l’énoncé (« distance énonciative ») en l’assumant plus ou moins.

On commencera par conséquent par rechercher les marques de la présence du locuteur dans son dire à travers les indices qui attestent de quelle façon il s’inscrit comme sujet d’énonciation dans son énoncé. Il convient donc de se livrer à un premier repérage d’unités linguistiques qui constituent le sous-système de signes appelé « appareil formel de l’énonciation ». Les catégories suivantes feront ainsi l’objet d’un relevé systématique : - embrayeurs (shifters) ; - modalisateurs ; - termes évaluatifs ; - marques de dialogisme, etc. Le principe de base consiste donc à partir des traces formelles de la présence d’un énonciateur et de la façon dont il anime la production de son message. Les données internes à l’énoncé délivrent un certain nombre d’informations sur ses conditions de production qui en constitue le paramétrage. Il faut donc les relever et les classer par catégories de phénomènes linguistiques. Une bonne connaissance de la terminologie et des unités grammaticales est ici un atout (cf. bibliographie pour un manuel adapté).

On doit ici distinguer deux niveaux d’analyse, suivant le but visé. Le premier concerne directement la théorie : la méthodologie énonciativiste a permis à la linguistique de

progresser en se dotant en particulier de nouveaux objets qui ont permis de repenser notamment la question du sens et de la source. L’approche a ouvert des voies novatrices dans le domaine de l’investigation sur la langue, les langues, le langage. Certaines sont d’ailleurs toujours vivaces et loin d’avoir été entièrement explorées. Une des retombées pratiques touche à l’apprentissage des langues.

Le second ressortit plus précisément à l’intérêt pour le corpus lui-même : il s’agit d’opérer une investigation permettant d’en rendre compte, de mieux le comprendre, tout simplement. C’est à ce titre que les apports de la linguistique énonciative ont été intégrés à l’étude des textes et des discours, y compris dans une visée pédagogique.

De façon plus systématique, l’analyse de la situation d’énonciation vise à dégager : - le cadre physique et spatio-temporel ; - le canal de transmission (oral/ écrit ; verbal / non verbal) ; - le cadre symbolique (espace discursif et de représentation) et le système de référence ; - la distribution des coénonciateurs ; - les éléments constitutifs de l’environnement tels que peuvent le percevoir les coénonciateurs ; - comment ces derniers, partenaires de la communication, se prêtent mutuellement leurs connaissances.

Au-delà des objectifs d’une grammaire énonciative, centrée sur des phénomènes linguistiques, on peut étendre l’étude à des considérants plus sociologiques (que la sociolinguistique s’efforce plus particulièrement de prendre en compte) comme le caractère social (institutionnel ou pas) du site et du rapport entre les interlocuteurs. Cette dimension, essentielle pour la communication étend le questionnement à des considérants plus idéologiques et à la production de sens, indissociable, pour la linguistique contemporaine, des phénomènes formels. Cela nous amène à la partie synthétique du travail qui permet la mise en forme des données recueillies au cours de l’analyse. Il faut mettre celles-ci en relation, ce qui fait souvent apparaître des tendances, des récurrences significatives, en n’hésitant pas à écarter les éléments non pertinents ou faiblement informatifs. Certains phénomènes isolés ont cependant parfois leur importance en raison même du relief que cela peut leur conférer. À jauger, en fonction de la logique émergeant de l’ensemble, donc. Les hypothèses ainsi dégagées permettront de formuler une interprétation liant les marques formelles repérées aux effets de sens constatés et de suggérer éventuellement la teneur d’une stratégie (co-)énonciative recherchée.