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Analyse du traitement par la presse malienne de la protection sociale de janvier 2007 à juin 2017 Scorpion, le 18/10/2011 Fabrice Escot Octobre 2018

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Analyse du traitement par la presse malienne de la protection sociale de janvier 2007 à juin 2017

Scorpion, le 18/10/2011

Fabrice Escot Octobre 2018

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1

Liste des acronymes AG Assemblée générale AMO Assurance maladie obligatoire AMU Assurance maladie universelle Anam Agence nationale d’assurance maladie ASACO/Asaco Association de santé communautaires Assep Association des éditeurs de la presse privée AT/MP Accidents du travail et maladies professionnelles ATT Amadou Toumani Touré BEN-UNTM Bureau national de l’UNTM BIT Bureau international du travail CA Conseil d’administration CAEC Caisses associatives d’épargne-crédit Canam Caisse nationale d’assurance maladie CARES Comité d’analyse et de rencontre syndicale du Mali CDI Centre dentaire infantile CDTM Centrale Démocratique des Travailleurs du Mali CHU Centre hospitalier universitaire CICB Centre international de conférence de Bamako CIPRES/Cipres Conférence interafricaine de la prévoyance sociale CMIE Centre médical inter-entreprises CMSS Caisse malienne de sécurité sociale, voir CNSS CMU Couverture maladie universelle CNPM Conseil national du patronat malien CNSS Caisse nationale de sécurité sociale, voir CMSS CoSES Coordination des syndicats de l’enseignement secondaire CSCom Centre de santé communautaire CSLP Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté CSRéf Centre de santé de référence CSTM Confédération nationale des travailleurs maliens CSU Couverture santé universelle DG Direct.ion.eur.rice général.e Dir.pub. Directeur de publication DNDS Direction nationale du Développement social DNES Direction nationale de l’Economie solidaire DNPSES Direction nationale de la Protection sociale et de l’Economie solidaire DNS Direction nationale de la santé DRDS Direction régionale du Développement social DRH Direction des ressources humaines FAM Fonds d’assistance maladie FAMa Forces armées du Mali FENASCOM Fédération nationale des associations de santé communautaires FLLASH Faculté des lettres, langues, arts et sciences humaines IBK Ibrahim Boubakar Keïta ICP-Mali Initiative d’Information, de Communication et de Plaidoyer IER Institut d’Economie Rurale INPS Institut National de Prévoyance Sociale JCAR Réseau des Journalistes Citoyens Actions pour la République MAHSPA Ministère des Affaires humanitaires, de la Solidarité et des Personnes âgées MDSAHRN Ministère du Développement social, des Affaires humanitaires et de la

Reconstruction du Nord

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MDSSPA Ministère du Développement social, de la Solidarité et des Personnes âgées MES Ministère de l’Enseignement supérieur MSAH Ministère de la Solidarité et de l’Action humanitaire MSARCS Mouvement social pour l’aboutissement des revendications des contractuels

de la santé) MTASH Ministère du Travail, des Affaires Sociales et Humanitaires MTC-Mali Mouvement des travailleurs croyants du Mali Mutec Mutuelle des travailleurs de l’éducation nationale et de la culture NINA Numéro d’identification national NSIA Nouvelle Société Interafricaine d’Assurance OGD Organisme de gestion déléguée OIT Organisation Internationale du Travail OMS Organisation Mondiale de la Santé ORTM Office de radio-télécommunication du Mali PCA Président du conseil d’administration PDDSS Programme décennal de développement sanitaire et social PMI Centre de protection maternelle et infantile PRODESS Programme décennal pour la santé PS Protection sociale Ramed/Ramed Régime d’assurance maladie Secnami Section syndicale des mines et des industries SG/Ségal Secrétaire général SGSP Syndicats des greffiers et secrétaires du parquet SNP Syndicat National de la Police SOTELMA Société de Télécommunications du Mali Sylima Syndicat libre de la magistrature Syltae Syndicat libre des travailleurs des affaires étrangères Synacam Syndicat des cadres médicaux Syneb Syndicat national de l’éducation de base Synesup Syndicat national de l’enseignement supérieur Syntade Syndicat des travailleurs de l’administration d’Etat Syntel Syndicat des télécom (SOTELMA) UDD Union pour le Développement et la Démocratie UEMOA Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine UNHCR Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les Réfugiés UNICEF Fonds des Nations-Unies pour l’Enfance UNTM Union Nationale des Travailleurs du Mali UTM Union Technique de la Mutualité

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Sommaire 1. Présentation de l’étude p.4 1.1. Objectifs et méthodologie p.4 1.2. Contexte politique de la protection sociale p.5 1.3. Profil des six journaux retenus p.6 2. Résultats détaillés p.8 2.1. L’intérêt pour la protection sociale a été inégalement partagé, surtout porté par les grands quotidiens généralistes et largement guidé par l’actualité. p.8 2.2. Un grand nombre d’articles traduisent la volonté d’interpeller le lecteur p.10 2.3. Parmi ses principales fonctions, la presse a plus largement respecté celle de compte rendu de l’actualité institutionnelle. p.11 2.4. Un désir de densité informative, mais un très faible recul par rapport à l’information véhiculée. p.15 2.4.1. L’expression est relativement rationalisée et descriptive p.15 2.4.2. Une intention de pédagogie pour le lecteur, mais qui se heurte à un manque de maîtrise technique du sujet par la presse elle-même. p.16 2.5. La presse a véhiculé une opinion largement en faveur de l’idée même et des programmes de la protection sociale mis en œuvre au Mali, parfois de façon « téléguidée » par les institutions p.23 2.6. Le traitement de la protection sociale varie sensiblement au cours de la période étudiée p.27 2.7. Focus sur les principaux dispositifs de protection sociale p.29 2.7.1. L’AMO : le centre constant des préoccupations à partir de 2011 p.30 2.7.2. Le Ramed : un programme régulièrement abordé mais un regard très peu critique sur le discours des institutions p.44 2.7.3. La mutualité (mutuelles/UTM) : un sujet périphérique, peu impliquant pour la presse et traité de façon diffuse p.49 2.7.4. Les autres volets de la protection sociale suscitent très peu d’intérêt et semblent avoir été sciemment ignorés de 2011 à 2013. p.53 3. Conclusions p.55

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1. Présentation de l’étude 1.1. Objectifs et méthodologie Cette étude visait à comprendre comment la presse malienne avait traité la mise en œuvre du Régime d’assistance médicale, et plus généralement la protection sociale à travers ses principaux piliers (Assurance maladie obligatoire, Ramed, mutuelles). Parmi les dix journaux analysés lors de l’étude menée en 2010 sur le traitement des politiques d’exemption de soins de santé, six ont été retenus car plus contributifs en nombre d’articles (L’Essor, Les Echos, L’Indépendant) ou du fait d’un positionnement spécifique (L’Indicateur du Renouveau, Waati, Scorpion). L’analyse a porté sur les archives 2011-2017 de ces six journaux, dont quatre quotidiens d’information générale : L’Essor, Les Echos, L’indépendant, L’indicateur du Renouveau, et deux hebdomadaires au ton résolument critique ou satirique : Waati et Scorpion. Le dépouillement des archives a été effectué par deux assistants de recherche, et a visé à photographier tous les articles citant au moins une fois l’un des termes suivants : AMO, Canam, Ramed, Indigence/indigents, Anam, Mutuelle de santé, UTM, INPS, Protection sociale, CMU, Jigisèmèjiri. Ce travail de dépouillement des archives a été fait du 25 juin au 25 juillet 2017. Un second travail de dépouillement des archives 2007-2010 a été effectué du 21 mai au 20 juin 2018. 320 articles ont été identifiés, avec des contributions très différentes selon les journaux :

Les Echos L’Essor L’Indépendant L’Indicateur

du Renouveau Waati Scorpion

81 69 57 24 22 67

25% 22% 18% 8% 7% 21%

Le corpus a fait l’objet d’une analyse de contenu par article, et de la création d’une base de données et résultats quantifiés (journal, périodes, types d’articles, sujets et ton). Au-delà des constats préliminaires sur l’attitude globale de la presse vis-à-vis de la protection sociale, le corpus permet des analyses thématiques, notamment sur l’attitude des institutions et l’évolution des concepts de la protection sociale sur la période. Pour compléter l’analyse, quelques entretiens ont été menés au sein de journaux ; les directeurs de publication de quatre journaux de notre corpus ayant produit le plus d’articles (L’Essor, Les Echos, L’Indépendant, L’indicateur du Renouveau) et du journal Mali Infos, également président d’ICP Mali, et deux journalistes travaillant dans le domaine de la santé/protection sociale (L’Essor, L’Indépendant). Certains résultats ont été confrontés à une précédente analyse du discours de la presse réalisée en 2010 sur une autre politique publique, concernant les exemptions de paiement des soins de santé1. Le vocabulaire journalistique utilisé dans le rapport s’est appuyé sur le Vocabulaire de la presse disponible en ligne2, qui cite lui-même comme source principale : Ouvrir mon quotidien, Corinne Chuard,

éd. LEP / CIIP, 2009

1 Revue de presse : le traitement de la question de la gratuité des soins par la presse malienne (2005 – 2009), F.

Escot, 2010 2 https://edu.ge.ch/co/sites/default/files/atoms/files/mi_vocabulaire_de_la_presse.pdf

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1.2. Contexte politique de la protection sociale Cette étude s’inscrivant dans le cadre d’un programme sur le Ramed, institué en 2009 parallèlement à l’AMO), la période de référence a été établie, dans un premier temps de janvier 2011 (année de démarrage des activités de l’Anam et de la Canam) à juillet-2017 (date de réalisation du premier travail de dépouillement des archives). A la lecture des premiers résultats, elle a été élargie aux années 2007-2010 pour inclure, notamment, les « points d’origine » du traitement des deux politiques publiques Ramed et AMO par les journaux considérés. De 2007 à 2017, le Mali a connu des situations politiques et constitutionnelles très différenciées : le second mandat du Président Touré (2007-2012), la crise au nord et le coup d’Etat militaire début 2012, une période de transition 2012-2013 et enfin la tenue d’une élection présidentielle démocratique fin 2013 et le premier mandat du Président Keïta. Nous verrons que ces contextes ont largement influé sur l’intérêt porté par la presse à la protection sociale, en parallèle au développement des différents régimes institués par les politiques publiques. Le ministère en charge de la protection sociale, créé en 2000, était en 2007 celui du Développement Social, de la Solidarité et des Personnes Agées, qui a ensuite pris différents noms au cours de la période étudiée : ministère … de l'Action Humanitaire, de la Solidarité et des Personnes Âgées, début 2012 – fin 2013 ; du Travail, des Affaires Sociales et Humanitaires, fin 2013 – début 2014 ; de la Solidarité, de l’Action humanitaire et de la Reconstruction du Nord, début 2014 – début 2017 ; enfin, depuis début 2017, de la Solidarité et de l'Action Humanitaire. La Politique nationale de protection sociale actuellement en œuvre au mali a été promulguée en 2016. Les attributions du MSAH sont, à date de l’étude, les suivantes3 : il « élabore et met en œuvre la politique nationale dans les domaines de la lutte contre la pauvreté, du développement humain durable, de l'action et de la protection sociale et de la promotion des personnes âgées. A ce titre, il est chargé notamment de :

- l'élaboration et la mise en œuvre des politiques et stratégies appropriées en vue de réduire la pauvreté, de lutter contre l'exclusion sociale et contribuer au développement humain durable ;

- la conception et la mise en œuvre de mécanismes visant à renforcer la participation de la société civile aux actions de solidarité et d'intégration sociales ;

- la mise en place de systèmes de protection sociale en vue d'assurer aux individus et aux familles une couverture contre les risques sociaux ;

- l'élaboration et la mise en œuvre de politiques et mesures de promotion sociale des personnes âgées ;

- la conception et la mise en œuvre des actions de promotion sociale des personnes handicapées ;

- la promotion et le développement de l'économie solidaire, en particulier des coopératives et des mutuelles. »

3 Site officiel du MSAH : http://socialprotection.org/institutions/mali-ministère-de-la-solidarité-et-de-laction-

humanitaire-msah

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Dès 2011, l’Etat a confié au ministère en charge du Développement social, entre autres d’élaborer une stratégie de communication des politiques, AMO surtout. Les institutions en charge de la protection sociale ont créé des organes de communication et des espaces de partenariats avec la presse, de plus en plus sophistiqués (avec l’Assep, JCAR notamment). L’approche des institutions combine trois « outils » rhétoriques :

- Une justification du bien-fondé des politiques par les valeurs « universelles » de la protection sociale (OMS, BIT, droits de l’homme, etc.) couplés à une initiative nationale historique depuis l’indépendance, avec une forte tonalité de plaidoyer ;

- Une qualification positive des institutions et des personnels en charge de la mise en œuvre, motivés, courageux, généreux, etc. et qui franchissent les obstacles, fournissent des « efforts »… L’Anam notamment a très fréquemment recours à cette rhétorique ;

- Une présentation des faits posés comme résultats, toujours à l’avantage des acteurs. 1.3. Profil des six journaux retenus4 Le positionnement et l’audience des journaux maliens est difficile à établir (positionnement globalement généraliste, estimations imprécises des ventes réelles et faible connaissance du lectorat). Parmi les quatre quotidiens : L’Essor est le premier journal malien créé et le seul considéré comme public car partiellement détenu par l’Etat. Il est censé soutenir les politiques publiques, toutefois la littérature montre sa neutralité et notamment l’ouverture de ses tribunes aux opinions d’opposition. Son tirage est estimé à 10 000 exemplaires, et il est classé largement en tête par les études d’audience.

4 Cette section s’appuie sur une analyse de la presse effectuée en 2018 dans le cadre d’une recherche sur la

relation entre la presse écrite et la science, voir Usage par la presse malienne des résultats de la recherche scientifique, Fabrice Escot, 2018

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Les Echos, L’Indépendant et L’Indicateur du Renouveau sont trois quotidiens d’information généraliste. Leur tirage peut être estimé à 4-5 000 exemplaires chacun, mais la part d’invendus reste très difficile à évaluer. Un article de 2016 estime les invendus des Echos à la moitié des exemplaires tirés. Leur audience s’avère, importante et en baisse pour le premier, importante et en hausse pour le second, moins importante pour le troisième. Les Echos se positionne sur une sensibilité de gauche, L’Indépendant sur une neutralité idéologique, la fiabilité des informations et un certain recul par rapport au discours institutionnel, L’Indicateur du Renouveau, auparavant ouvertement en soutien à la majorité présidentielle, aujourd’hui (présidence d’IBK) sur des sujets de société et de proximité. Parmi les deux hebdomadaires, Le Scorpion, satirique, a un tirage relativement important et a pu être cité dans les journaux à forte audience. Waati est plus discrétionnaire et s’affiche comme un journal d’opinion.

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2. Résultats détaillés 2.1. L’intérêt pour la protection sociale a été inégalement partagé, surtout porté par les grands quotidiens généralistes et largement guidé par l’actualité. Le corpus se compose de 320 articles, soit en moyenne 6 articles par journal et par an. 236 sont des rédactionnels (dont quelques communiqués de presse, assez rares néanmoins) parmi lesquels 203 sont liés à des événements et seulement 33 sont des articles « spontanés », rédigés en dehors du traitement de l’actualité. 84 sont des annonces, toutes publiées par la Canam.

Répartition des 320 articles par type

Trois journaux ont fourni la majorité des rédactionnels : Les Echos (34%), l’Essor (26%) et l’Indépendant (16%). Les autres journaux (un quotidien et les deux hebdomadaires) n’ont ainsi fourni à eux trois que le quart des rédactionnels, soit pour chacun, un seul rédactionnel par semestre.

Les Echos L’Essor

L’Indé-pendant

L’Indicateur du

Renouveau Waati Scorpion Total

Total 69 81 57 24 22 67 320

Annonces 1 8 20 6 0 49 84

Rédactionnels 80 61 37 18 22 18 236

Articles liés à événement 62 55 37 17 19 13 203

Articles spontanés 18 6 0 1 3 5 33

Aucun article ne traitant de la protection sociale ou de ses composantes n’a été trouvé sur les années 2007 et 2008, et seulement 20 articles ont été recensés sur les deux années 2009 et 2010. En revanche, 37% des articles (117/320), soit 40% des rédactionnels et 27% des annonces, ont été publiés pendant la seule année 2011, ce qui ne correspond néanmoins qu’à guère plus d’un article par mois par journal au cours de ce « temps fort ». Pour les autres années, on recense seulement une vingtaine d’articles par an. L’apparente « reprise » à partir de 2015 s’explique par la stratégie de communication informative de la Canam sur l’AMO, car dans les faits, le nombre de rédactionnels n’augmente pas de façon significative.

203 33

84 Evénements

Spontanés

Annonces

0

20

40

60

80

Annonces

Spontanés

Evénements

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Répartition des 320 articles selon l’année de publication

Sur les dix années analysées, cinq périodes ont été distinguées, selon deux critères : i. la fréquence de parution et des articles (rédactionnels d’une part, annonces d’autre part) ii. le contenu et l’orientation des rédactionnels. Nous verrons que ce découpage correspond à des contextes politiques différents, au cours desquels l’actualité de la protection sociale, son acception même et l’attitude de la presse vis-à-vis des institutions qui la supportent évoluent graduellement. Evénements-clés de la période, répartition des 320 rédactionnels et annonces, noms des ministères

en charge de la PS et périodes d’attitude de la presse selon le trimestre

0

40

80

120

2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017

0 0 10 9

117

17 25 28

43 53

17

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2.2. Un grand nombre d’articles traduisent la volonté d’interpeller le lecteur Les articles traitant de la protection sociale sont peu fréquents, mais ils ont fait l’objet d’un traitement conséquent : pleine page, demi-page ou tiers de page, avec d’assez nombreuses photographies, l’usage de la couleur pour les photos mais aussi certains titres, dont des gros titres voire des manchettes à la Une.

Les articles publiés inscrivent la protection sociale dans la rubrique « sujets de société ». Les journaux présentent l’actualité dans des rubriques thématiques, sauf L’Essor qui, dans la maquette adoptée depuis 2006, présente l’actualité sous une rubrique uniforme « Mali » (sauf le sport). Les rubriques dans lesquelles la protection sociale est abordée montrent son ancrage dans l’actualité, mais aussi qu’elle s’inscrit dans les sujets de société, les dossiers, voire la politique et l’économie… On notera à ce sujet que les politiques de « gratuité » étudiées sur la période 2005-2009 étaient souvent traitées comme sujet politique. De la même façon, y compris dans les articles très généralistes, les allocations familiales, la retraite, notamment sont traitées comme des revendications sociales (syndicales) et des sujets politiques, mais ne sont que très rarement inscrits comme termes de la protection sociale.

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175 articles (tous sauf L’Essor) classés selon la rubrique du journal*

* Les formulations de rubriques différant parfois selon les journaux, des regroupements ont été effectués

Les titres sont le plus souvent simples et directs, avec une certaine technicité et l’absence d’emphase ou de superflu. Ils traduisent la volonté d’interpeller le lecteur sur le fond du sujet. Le discours du « combat » apparait dans quelques titres : « au secours », « conquiert », « défis », mais globalement, ceux-ci demeurent informatifs et peu exaltés. « Assurance maladie obligatoire : un grand besoin de

communication », L'Essor, le 7/1/2011 « La mutuelle des impôts portée sur les fonts baptismaux »,

L'indépendant, le 8/3/2011 « La mutualité sociale dans l'UEMOA : une règlementation

uniforme en marche », L'Essor, le 14/9/2011 « L'assurance maladie obligatoire : preuve de solidarité

affichée », Scorpion, le 26/10/2011 « Forum sur l'AMO à Koulikoro – L’AMO, la sensibilisation

comme cheval de bataille de la Canam », L'indépendant, le 14/12/2011

« XIVème forum économique de l'Afrique gagnante - L'AMO : une reconnaissance internationale », Les Echos, le 19/7/2012

« Protection sociale des salariés : la Canam et l'INPS signent un partenariat », Waati, le 21/6/2013

L’Indicateur du Renouveau, le 9/02/2011

« Négociations UNTM-Gouvernement - La Bourse du travail soupçonne un coup fourré », L'indicateur du

Renouveau, le 28/10/2014 « L'INPS/Canam face aux défis de la sécurité sociale », Les Echos, le 7/4/2015 « Conseil d'administration de l'Anam - Le Ramed promet de belles avancées pour 2017 », Les Echos, le

7/11/2016

2.3. Parmi ses principales fonctions5, la presse a plus largement respecté celle de compte rendu de l’actualité institutionnelle. La majorité des rédactionnels sont articles d’information, parfois des reportages ou surtout des comptes rendus. Les articles d’analyse sont plus rares.

« Les activités concernant la protection sociale, ce sont vraiment les évènementiels, les conseils d’administration, ou bien si la structure organise des activités donc le journaliste couvre mais mener des enquêtes en tant que tel, non. » Journaliste santé, quotidien

5 Compte rendu, investigation et opinion, selon une journaliste du Monde (France) interviewée en 2011.

63

56

13

12

9 8

8 6

Actualités

Société

Régions

Dossier

Economie

Politique

Investigation

Autres

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33 articles « spontanés » relèvent de l’analyse et ont été publiés à l’instigation des journaux/journalistes eux-mêmes, sans événement particulier. Seulement 5 articles sont fondés sur l’enquête/l’investigation, et la majorité contribue faiblement à une vraie réflexion de fond, soit car les articles reprennent des informations déjà diffusées sans approfondissement ou problématisation, soit ils s’inscrivent dans l’humeur (critiques notamment, dénonciation de malversation ou de dysfonctionnement) et demeurent souvent à un niveau très factuel. Nous avons qualifié chaque article selon une série de critères correspondant à différents aspects de contenu. Un article peut présenter plusieurs aspects.

Type/tonalité de l’article

Nombre d’articles

concernés %

Articles « spontanés » 36 15%

Compte-rendu d’événement

200 85%

Factuel (fait « brut ») 73 31%

Enquête 4 2%

Pédagogie 79 33%

Réflexion 49 21%

Critique 42 18%

Satisfecit 46 19%

Plaidoyer 71 30%

Les articles factuels, sans commentaire d’opinion, sont pour la plupart des comptes rendus d’événements inscrits dans le débat social autour de l’AMO. 86% des articles rédactionnels ont été suscités par des événements qui s’inscrivent dans le débat public, institutionnel ou de la société civile, autour de la protection sociale. Dès 2011, le ministère en charge de la protection sociale et les structures en charge de la mise en œuvre des différents programmes (la Canam surtout, de façon moins marquée l’Anam, l’INPS et la CMSS) ont clairement défini une stratégie de communication avec la presse, qui implique la présence de journalistes dans certains événements. Cette relation entre les institutions de la protection sociale et la presse se traduit ainsi à de multiples occasions, les journalistes s’en faisant eux-mêmes l’écho, dans le corps voire dans les titres des articles. Les événements où la presse rencontre l’institutionnel sont de nature très diverse selon la période et les thématiques, et peuvent être regroupés en cinq types :

- Des manifestations officielles/institutionnelles comme les forums où se rencontrent Etat, la société civile, les OGD : conseils d’administration, ateliers, des événements organisés par de grandes ONG internationales, symposiums, etc. Ces événements ont été très fréquents tout au long de la période étudiée.

o En juillet 2011, une rencontre organisée au CICB par l’INPS, avec le Secrétaire général du MDSSPA, le directeur général de la Canam, le président du conseil d’administration de l’INPS et d’autres officiels pose la nécessité d’une « campagne d’information et de sensibilisation afin de susciter l’adhésion des sceptiques ». [« Assurance maladie obligatoire : l'INPS vient en renfort dans la sensibilisation », L’Essor, le

01/08/2011]

o En août 2011, le ministre de tutelle se rend auprès de tous les acteurs institutionnels impliqués dans la « réforme » de la protection sociale, dont la Canam, et au sein de cette dernière son service dédié à la communication et aux relations publiques, ce qui montre dès cette époque les ressources allouées à la communication au sein de cette structure..

4

79

49

42

46

71 Enquête

Pédagogie

Réflexion

Critique

Satisfecit

Plaidoyer

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[« Canam : le ministre Cissé s'imprègne des conditions de travail », Les Echos, le 02/08/2011]

o Le 26 septembre, le ministère organise un forum à Ségou et largement repris par la presse. Il compte la présence de 3 ministres, de nombreuses personnalités et de 200 participants. De très nombreux points sont abordés, et le cahier des charges comporte notamment la nécessité de mieux communiquer. [« Ségou : tous autour de l'AMO », Les Echos, le 28/09/2011, 68] [« Forum d'information et de sensibilisation à Ségou - Objectif : combler le déficit de

communication sur l'AMO », L'indépendant, le 27/09/2011]

- Des événements de l’actualité politique, publique (manifestations de 2011 contre l’AMO ou

la réforme de l’Etat), les prises de positions des divers acteurs, syndicats6 notamment, dans le débat public qu’ont suscité les programmes de la protection sociale. Ce type d’événements est surtout recensé en 2011 – début 2012, lors du lancement officiel de l’AMO et du Ramed.

- Les rencontres pédagogiques à destination des publics-cibles, notamment réfractaires à

l’AMO et qu’il s’agit de convaincre.

- Les visites de structures sanitaires. o Le 28 juillet, l’INPS organise une journée de formation et de sensibilisation, présidée

par le secrétaire général du MDSSPA. L’objectif est entre autres de participer au « renforcement de la sensibilisation afin de susciter une adhésion massive à l’AMO des catégories concernées, qu’elles relèvent de l’INPS ou de la CMSS. » La presse est conviée à cet événement, comme en témoignent les trois articles que cet événement a suscités. [« INPS : un point focal pour l'AMO », Les Echos, le 29/07/2011] [« Journée d'information à l'INPS - Clarifier les rôles de la structure dans le processus de

l'AMO », Waati, le 04/08/2011] [« Septième session des journées d’information et d’échange de l’INPS - Le rôle de l'institut

dans la gestion de l'assurance maladie obligatoire au centre des préoccupations », L’indépendant, le 29/07/2011]

- Les événements à destination purement de communication, conférences de presse ou

événements organisés pour la presse, qui sont minoritaires en nombre, mais deviennent plus fréquents au fil du temps et ont suscité des articles importants, en taille et en contenu pédagogique pour le lecteur.

o Le 2 juillet 2011, lors de la journée nationale d’information et de sensibilisation sur le rôle de la CMSS dans la gestion de l’AMO, et une conférence de presse est donnée à Djenné par le département du DSSPA. [« Djenné - La CMSS muscle la sensibilisation sur l'AMO », Les Echos, le 5/7/2011]

o L’événement de communication dit des « Soroké d’or » inclut dans ses thématiques la réalisation d’un reportage radio sur l’AMO.

[« La 5ème édition des ‘’sorokés d'or’’ prévue le 17 décembre - les meilleurs articles sur l'AMO, l'emploi des jeunes, les élections, le tourisme et le sport seront primés », L'indépendant, le 02/08/2011]

o Fin janvier 2012, le MSARCS (Mouvement social pour l’aboutissement des

revendications des contractuels de la santé) organise en partenariat avec, entre autres, la Canam, des journées de consultations gratuites pour la presse. « Ces consultations médicales gratuites à l’intention des professionnels de la presse et de leurs familles seront organisées avec le soutien des sociétés Sotelma-Malitel et

6 Ce qui nous a amenés à comptabiliser la référence aux syndicats dans les articles, car ils sont omniprésents

dans le débat social de 2011 notamment.

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Orange-Mali et de la Canam. ». L’association de la Canam avec des structures privées de téléphonie, elles-mêmes largement communicantes, traduit bien la dimension très institutionnelle de la stratégie de la Canam. [« Santé : consultation gratuite pour la presse », L'Essor, le 25/01/2012]

o En juillet 2012, la Canam organise une journée de visite sur le terrain, entre autres pour des journalistes, événement qui inaugure la stratégie de communication et de relation avec la presse de cette structure

[Assurance maladie obligatoire : la couverture fonctionne bien dans la pratique » L'Essor, le 6/7/2012]

o Le 25 avril 2015, ICP-Mali organise en partenariat avec la Canam une journée d’échanges sur l’AMO : « Rôle et place de la communication dans les questions de protection sociale au Mali : cas du régime d’assurance maladie obligatoire ». Le rôle de la presse est posé comme facteur de réussite de l’AMO via l’image qu’elle va en véhiculer. ICP-Mali est présentée comme « une association regroupant des professionnels de la communication provenant de différentes formes de médias en vue de renforcer la communication et de privilégier la bonne information autour de l’ancrage d’une meilleure politique de protection sociale au Mali ». A cette occasion, on annonce la création « dans les jours à venir » d’un bimensuel spécialisé dans l’information sur la protection sociale. La vocation de ce magazine est présentée comme « éclairer davantage sur les questions de sécurité sociale dans notre pays. »7

[« Sélingué – L'AMO expliquée aux journalistes », Les Echos, le 28/04/2015]

o Le 18 mai 2017 se tient à Sélingué la 2ème édition du partenariat entre la Canam et JCAR. L’objet est une « formation des journalistes pour renforcer leur capacité sur son nouveau produit », soit la nouvelle carte d’assuré de la Canam.

[« Canam - JCAR Sélingué 2017 - la carte biométrique, une alternative contre la fraude », L'indicateur du Renouveau, le 23/05/2017]

o Les 7 et 8 juillet 2017, dans le cadre du partenariat entre la Canam et l’Assep, une caravane est organisée en direction de Kayes et Kolokani pour organiser des échanges avec les médecins des CSref sur les services de l’AMO. La presse est clairement posée en soutien à l’AMO, et joue son rôle de partenaire.

[« Système biométrique de la Canam - des journalistes outillés », L'indicateur du Renouveau, le 11/07/2017]

Qu’il s’agisse de traiter l’actualité ou de participer à la communication, le discours de la presse a très largement été influencé par celui des institutions, de trois façons au moins. Pour rendre compte de l’actualité, elle a dû présenter des faits qui sont eux-mêmes souvent des discours descriptifs. Du point de vue technique, vu la complexité des systèmes de PS et la difficulté d’en rendre compte simplement (cf. réactions négatives du public à des présentations type PowerPoint de l’AMO et du Ramed à Ségou en 2011) et l’absence apparemment d’investigations ou recherches spontanées, elle a souvent reproduit les informations délivrées par les acteurs eux-mêmes. Du point de vue de la relation de type partenarial engagée par la Canam surtout, elle s’est graduellement mise en position de partenaire plus que de commentateur, avec une capacité de sens critique décroissante. Le contenu des articles est fortement conditionné par celui des institutions qui organisent les événements de l’actualité de la PS, notamment via la reprise des communiqués ou autres documents fournis à la presse. Ce mécanisme amène parfois différents journaux à produire des articles très similaires.

« La plupart du temps, on donne des versions imprimées des discours dans les ateliers, et des résumés rédigés spécialement pour la presse, les journalistes repartent avec, et c’est ce qu’ils vont utiliser » Journaliste politique/société, hebdomadaire

7 Il ne semble pas que ce journal ait perduré, à supposer qu’il ait effectivement vu le jour. Il n’y est plus fait

référence par la suite.

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« Ce qu’on appelle les sources officielles, c’est que le ministère qui organise l’évènement, c’est notre principale source. Si c’est la présidence, c’est les services de communication de la présidence, si c’est la primature, les services de la primature sont nos principales sources. Ils nous donnent des supports. Dès fois même, ils nous l’envoient par mail, c’est des supports destinés à la presse, en fait c’est un contenu technique. Si c’est le lancement d’un projet, ils nous expliquent techniquement de quoi il s’agit. Maintenant notre équipe qui se rend sur place, elle prend les discours, qui sont politiques naturellement. Il y a toujours des techniciens que les journalistes peuvent interviewer, pour savoir à quoi ça rime cette histoire. » Dir.pub., quotidien

2.4. Un désir de densité informative, mais un très faible recul par rapport à l’information véhiculée. 2.4.1. L’expression est relativement rationalisée et descriptive La revue de presse menée par Miseli en 2010 avait noté des lacunes rédactionnelles assez transversales. Le corpus étudié est très différent au regard du respect des règles formelles, de syntaxe, d’orthographe. On relève moins de fautes ou « coquilles » et plus de rigueur dans la structure argumentative des articles. Au plan du contenu, les aspects protocolaires et cérémoniaux (la « pompe » institutionnelle) sont peu développés, alors qu’ils occupaient une place centrale dans le corpus précédent. Le lexique « exalté » de l’action politique de l’Etat est également moins présent, même si on retrouve quelques termes du « combat » : les enjeux, les défis, la lutte, dans les titres de l’Essor surtout. Le vocabulaire reste globalement descriptif, et l’expression modérée, rationnelle. Peu de références sont faites aux deux Présidents en exercice sur la période, Amadou Toumani Touré pour 2011 et début 2012, Ibrahim Boubakar Keïta depuis fin 2013. Le registre de la « louange », qui attribue au chef d’Etat le mérite des politiques publiques, et qui était particulièrement perceptible dans les articles sur les exemptions de paiement, est ainsi très peu présent dans le domaine de la protection sociale, même s’il n’est pas totalement absent.

« Assurer une CMU pour tous d’ici 2018 est un défi majeur pour les plus hautes autorités de notre pays. (…) relever le défi de la protection sociale. » [« Assurance maladie obligatoire : le chantier de la couverture maladie universelle », L'Essor, le 26/10/2015]

« La volonté des pouvoirs publics notamment du chef de l’Etat Amadou Toumani Touré de couvrir le risque maladie. » [« Assurance maladie obligatoire : le souci de la prise en charge du risque maladie », L'Essor, le 8/6/2011]

Les titres et le contenu rédactionnel rendent toujours très largement compte au lecteur de l’implication forte des institutions, notamment les ministères successifs en charge de la protection sociale, mais aussi les organes de gestion délégués, les gouverneurs et préfets, les élus, les représentants des ordres professionnels (santé), les organisations professionnelles. Mais ils se limitent le plus souvent à un descriptif informatif des personnalités présentes et de leurs interventions le cas échéant, avec un discours plus technique que protocolaire.

- A Ségou en 2011, la direction régionale du Développement social et la Canam organisent les 17-18 janvier un atelier d’information, de formation et de sensibilisation sur la protection sociale et l’AMO.

« Les directeurs régionaux du développement social, de la Caisse de Retraite et de l’INPS ont pris part aux débats. Ils sont salué l’initiative et justifié son opportunité. Ils ont souhaité que chaque participant soit désormais une source crédible d’information des bénéficiaires des cercles. » [Ségou : la protection sociale et l'AMO en débats, L'Essor, 27/1/2011]

- Ségou accueille en mai 2014 les DG de la Canam et de l’Anam, des personnalités de l’INPS, de la CMSS et de la direction nationale de l’Economie solidaire, en présence du gouverneur de la région.

« Pour sa toute première sortie officielle à l’intérieur du pays, le jeudi 8 mai dernier, le ministre du Développement social, de l’Action humanitaire et de la et Reconstruction du Nord, Hamadoun

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Konaté, est allé s’enquérir dans la capitale du Balanzan, de l’état d’avancement de la mise en œuvre de l’assurance maladie obligatoire (AMO et du régime d’assistance médicale (Ramed). Il s’agissait pour lui de rencontrer les prescripteurs, les dispensateurs de médicaments, les structures en charge de gérer le régime pour relever les avancées et identifier les difficultés. » [« Le ministre du Développement social à Ségou pour s’enquérir de la mise en œuvre de l’AMO et du Ramed – ‘’Le système AMO est une avancée pour le mali. Ensemble, rendons le séduisant’’ dixit Hamadoun Konaté », L'indépendant, le 12/5/2014]

2.4.2. Une intention de pédagogie pour le lecteur, mais qui se heurte à un manque de maîtrise technique du sujet par la presse elle-même Le contenu d’une grande partie des articles se veut informatif, didactique et pédagogique, surtout dans des articles longs, qui pour certains se posent comme des articles de fond. i. L’émergence internationale et nationale de la PS, la contextualisation, l’explicitation et la définition des concepts sous-jacents est abondamment traitée et globalement maîtrisée La presse rappelle l’ancrage de la politique malienne de protection sociale et de la gestion de la maladie dans le droit international, les principes de l’OIT (la protection sociale des travailleurs), de l’OMS (la CSU au niveau national), le droit UEMOA, ce qui fournit aux autorités maliennes un argument de justification des mesures nationales face à leurs détracteurs.

« La convention 102 de l’OIT fait obligation aux Etats d’assurer aux travailleurs la santé, la retraite, les invalidités et les maladies professionnelles. La santé est le premier risque qui doit être couvert. » [« Nouhoum Sidibé, DG de la caisse nationale d'assurance maladie - l'AMO n'a rien de coercitif », Les Echos, le 11/3/2011]

« L’AMO est essentielle au bien-être de nos compatriotes et est inspirée de la convention 102 de l’OIT. » [« Assurance maladie obligatoire : l'information est capitale », L'Essor, le 5/4/2011]

« M. Sidibé a précisé que c’est la Déclaration universelle des droits de l’homme et de l’Organisation internationale du travail (OIT) qui font obligation aux Etats d’assurer la protection de leurs citoyens contre les risques de santé, ce qui n’était jusque-là pas le cas au Mali. » [« Sensibilisation sur l'AMO - les formations sanitaires informées par la tutelle », Les Echos, le 4/4/2011]

« La commission de l’UEMOA en partenariat avec le BIT (…) la règlementation de la mutualité sociale au sein de l’UEMOA qui va déboucher sur une règlementation uniforme « afin d’assurer une saine promotion de la mutualité sociale et d’assurer une gestion rationnelle des risques sociaux, afin d’assurer l’accès aux services sociaux de base… » [« La mutualité sociale dans l'UEMOA : une règlementation uniforme en marche », L'Essor, le 14/9/2011]

« La CSU prend ses racines dans les textes fondamentaux de l’OMS, adoptés en 1948, qui font de la santé un droit fondamental. » (….) « Au Mali, la couverture sanitaire universelle reste toujours un objectif recherché. Ainsi, depuis l’adoption en conseil des ministres, en avril 2002, de la déclaration de politique nationale de protection sociale, notre pays s’est engagé dans l’implantation d’un système de protection sociale efficace, efficient et profitable à l’ensemble de la population. » [« Santé maternelle et infantile : les garanties de la couverture sanitaire universelle », L'Essor, le 1/7/2013]

Elle présente une rétrospective des mesures de PS prévues par la législation malienne depuis l’indépendance, ce qui ancre les politiques dans l’identité nationale et la constitution de l’Etat indépendant. La référence au droit international et à « l’ordre des choses » est ainsi ajustée par une adaptation locale. Ce registre offre une rare occasion d’exaltation et de référence à une fibre patriotique et aux vœux des « fondateurs » du pays.

« Le directeur de la Canam rappelle que les législateurs de 1960 avaient prévu l’instauration d’une assurance maladie. En attendant, un régime de protection contre la maladie avait été instauré à l’INPS » [« Assurance maladie obligatoire : un grand besoin de communication », L'Essor, le 7/01/2011]

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« L’assurance est le dernier risque couvert aux dépens de la pension qui est le premier couvert. (…) A ses dires, depuis les premières années de l’indépendance, il était prévu dans le code de mettre en place l’assurance maladie (…) en attendant la mise en place de l’assurance maladie, un régime de protection sociale sera institué au niveau de l’INPS. Ce régime de protection sociale contre la maladie existait au niveau jusqu’à l’institution de l’AMO. Donc, obligatoire ne veut pas dire que l’Etat oblige les travailleurs à venir s’assurer, mais que l’Etat est obligé d’assurer ses travailleurs contre les risques de santé. Ici, le prélèvement se fait à la source. » [« Sensibilisation sur l'AMO - les formations sanitaires informées par la tutelle », Les Echos, le 4/4/2011]

« Rappelons que notre pays avait initié des réformes, politiques et stratégies de protection sociale depuis des lustres. A titre d’exemple on pourrait citer le Plan stratégique d’extension de la protection sociale 2005-2009, le Cadre stratégique pour la croissance et la réduction de la pauvreté entre autres. Le diagnostic de ces politiques et stratégies de protection sociale a permis de se rendre compte de certaines insuffisances et de la nécessité d’aller vers des améliorations. » [« Régime d'assistance médicale : encore des difficultés », L'Essor, le 4/2/2014]

« Auparavant, le pays avait tenté plusieurs expériences de financement de la santé et des soins. » [« Assurance maladie obligatoire : des pharmaciens à rassurer », L'Essor, le 13/3/2014]

« Selon lui, le gouvernement a déjà posé les jalons de la CSU à travers la politique de protection sociale. L’AMO, le Ramed, les mutuelles de santé et les politiques d’exemption en démontrent largement à suffisance sa détermination. (…) d’éminentes personnalités ont affirmé qu’il n’existe pas de formule universelle pour atteindre la couverture universelle et chaque pays doit tracer sa propre route afin de déboucher à l’autoroute universelle. » [« CSU- Les acteurs de sa mise en œuvre informés et sensibilisés », L'indépendant, le 12/12/2014]

D’une façon générale, la presse tente d’expliciter la notion de protection sociale, les concepts, les principes et les valeurs qui la sous-tendent, leur définition et leurs enjeux. De 2009 à 2011, avec le lancement de la « réforme » AMO - Ramed, la protection sociale est décrite à travers des principes sociétaux : solidarité nationale, cohésion nationale, égalité dans l’accès aux soins, équité (on parle parfois « d’équité sociale »), lutte contre la pauvreté, l’exclusion et la discrimination, respect des droits humains, de la personne humaine. Ceci renvoie à une vision très collective de la PS et à l’égalité des droits face à la maladie, qui s’opposé à la vision plus individualiste promue à partir de 2013. La protection sociale est parfois abordée sous l’angle du capital humain.

« Il existe un nombre croissant de preuves dans les pays en développement démontrant que le développement à long terme de programmes de protection sociale peuvent effectivement, accroître la nutrition, la santé et l’éducation des enfants, ainsi que réduire les risques d’abus et d’exploitation. La protection sociale est de plus en plus considérée comme un investissement essentiel dans le capital humain, qui permet de briser les pièges de la pauvreté intergénérationnelle. Ces résultats sont d’autant plus probants lorsque les intérêts des enfants sont pris en compte. » [« Plan d’action national d’extension de la protection sociale 2010-2014 – Bientôt son adoption par le gouvernement », Waati, le 29/04/2010]

« La solidarité, la mutualisation du risque, la contribution, la prise en charge et le conventionnement es partenaires sont des principes de l’AMO. » [« CEN-SYNAC - les administrateurs civils optent pour l'AMO », Les Echos, le 17/5/2011

« Le représentant du ministère du Développement social, de la Solidarité et des Personnes âgées, dans son intervention, a largement accentué les principes fondamentaux de l’AMO à savoir la primauté de la personne humaine ; la non-discrimination ; l’égalité de l’accès aux soins de qualité et la prise collective et solidaires des dépenses de santé. (…) L’institution de l’AMO intervient à l’heure juste où l’humanité est en proie à de grandes mutations socio-économiques et à des défis majeurs. (…) A ce fait il interpelle toute la nation malienne à faire part de leur profonde compréhension au sujet de l’AMO. » [« Journée d'information à l'INPS - Clarifier les rôles de la structure dans le processus de l'AMO », Waati, le 04/08/2011]

« Faut-il souligner que les politiques de solidarité et de protection sociale adoptées par le gouvernement ont bien balisé le terrain en définissant comme priorité le développement socioéconomique et la réduction de la fracture sociale et en plaçant l’homme au cœur des interventions. » [« Maîtrise des outils de prise en charge médicale des indigents. La DNDS et l'Anam engagent la validation du rapport d'enquête sociale », L'indépendant, le29/9/2011]

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« Dans le cadre de la 4ème

semaine du mois de la solidarité, le ministre social Harouna Cissé a procédé lundi au CICB au lancement de l’Agence Nationale d’Assistance Médicale (Anam). Le ministre a plaidé en faveur de l’équité sociale en soulignant que « Nous devons tous avoir les mêmes chances d’accéder aux soins de santé. » [« Mois de la solidarité : lancement officiel de l'Anam - assister médicalement les démunis », Scorpion , le 26/10/2011]

« L’objectif majeur de la mise en place d’un système d’assurance maladie est l’amélioration de l’équité en garantissant l’accès des groupes cibles aux prestations. » [« Forum sur l'AMO à Koulikoro, la sensibilisation comme cheval de bataille de la Canam », L'indépendant, le 14/12/2011]

« (…) le rôle d’un tel instrument dans l’amélioration de notre système de sécurité sociale dont la couverture aujourd’hui est peu significative. » [« l'AMO conquiert la cité du Méguétan », Les Echos, le 14/12/2011]

« Le ministre de la Défense et des Anciens combattants (…) dira ‘’sur le plan mondial la santé a toujours été considérée comme une composante clé dans la lutte contre la pauvreté. Et aujourd’hui elle fait partie des droits fondamentaux. » [« Assurance maladie obligatoire : les prestataires de soins privés signent leur entrée », Waati, le 6/11/2014]

Un article très atypique du corpus traite de la notion même de protection sociale comme élément du discours syndical face aux risques sociaux induits par la mondialisation et l’évolution du travail. Fin 2010, la CSTM et le ministère de Travail, de la Fonction publique et de la Réforme de l’Etat organisent un congrès sur le thème : « une dynamique syndicale bâtie sur une efficiente politique de l’emploi. Gage de la promotion du travail décent et d’une efficace couverture de protection sociale. ». Le discours de la CSTM, qui à cette période entre en conflit avec l’Etat au sujet de l’AMO, reste au niveau de grandes valeurs sociales voire sociétales et est peu concret. Il ne fait notamment aucune mention de l’AMO.

« La crise de l’emploi est devenue aujourd’hui planétaire. Pour permettre aux jeunes d’avoir un emploi décent, les défis que cette crise pose doivent être au centre des préoccupations. Quant à la protection sociale, (le secrétaire général de la CSTM) martèle que la mondialisation a engendré la déréglementation, la précarité et instauré un déficit de protection sociale. De même la crise économique compromet aujourd’hui les mécanismes existants en obstruant toutes possibilités d’élargissement et de renforcement de la couverture sanitaire. » [2

ème congrès de la CSTM –

L’emploi et la protection sociale au menu », Waati, le 16/12/2010]

Quelques articles livrent des statistiques publiques relatives au coût de la santé pour les ménages et dans le budget national. Cette problématique reste néanmoins très peu abordée.

« En 2011, plus de 35 milliards de F CFA seront dépensés dans les ordonnances en République du Mali. L’assurance maladie obligatoire et le Ramed visent l’atténuation de ce coût. » [« AMO et Ramed ! Atténuer le poids des ordonnances médicales », Les Echos, le 25/1/2011]

« Mais des défis majeurs restent toujours à surmonter (…) on peut citer le financement. Selon les comptes nationaux pour l’année 2004, 51% des dépenses de santé étaient supportées par les ménages, 22% par l’Etat, 9% par les collectivités, 14% par les PTF et 4% par les autres privés. (…) un problème récurrent de l’accessibilité et de la qualité des services. » [« Santé maternelle et infantile : les garanties de la couverture sanitaire universelle », L'Essor, le 1/7/2013]

« (…) la nécessité d’augmenter le budget de la santé à hauteur de 15% du budget national conformément aux engagements pris par notre pays. Au cours de la rencontre le gouvernement a été sollicité afin de prioriser le financement de la santé communautaire parce que l’essentiel des décès survient dans les ménages établis dans les villages et hameaux. » [« Couverture sanitaire universelle : le nécessaire engagement des parlementaires », L'Essor, le 18/3/2014]

On note un glissement progressif, à partir de 2013-2014, du paradigme idéologique et éthique vers des fonctions plus matérialistes et économiques de la protection sociale, soit au niveau individuel d’épanouissement personnel (capacités des ménages, résilience, niveau de vie, bien-être), soit à un niveau plus collectif de participation à « l’économie » (émergence, productivité), en tout cas des bénéfices de l’ordre du développement. Ce discours émerge avec la perspective de la CMU et la rhétorique de l’action des filets sociaux, mais également de certaines mutuelles.

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La première référence à la CSU au sein du corpus est délivrée le 1er juillet 2013 par L’Essor, qui lui consacre un article de fond et l’associe à la protection sociale en matière de santé. Ceci, à l’occasion d’un atelier qui rassemble les partenaires de la campagne « Tous et chacun » : la DNS, l’UNICEF, Save The Children, World Vision et Plan Mali. L’objectif est de renforcer leurs capacités sur le concept de la couverture sanitaire universelle au Mali et ses implications. Cet atelier délivre une définition de la CSU et invoque l’aspiration des populations pour la CSU.

« La CSU « consiste à assurer à l’ensemble de la population, l’accès aux services préventifs, curatifs de réadaptation et de promotion de la santé dont elle a besoin, de qualité suffisante pour être efficaces, sans que leur coût n’entraine des difficultés financières pour les usagers. (…) La CSU prend ses racines dans les textes fondamentaux de l’OMS, adoptés en 1948, qui font de la santé un droit fondamental. » (….) « Au Mali, la couverture sanitaire universelle reste toujours un objectif recherché. Ainsi, depuis l’adoption en conseil des ministres, en avril 2002, de la déclaration de politique nationale de protection sociale, notre pays s’est engagé dans l’implantation d’un système de protection sociale efficace, efficient et profitable à l’ensemble de la population. (…) Au Mali, la couverture sanitaire universelle reste toujours un objectif recherché. Ainsi, depuis l’adoption en conseil des ministres, en avril 2002, de la déclaration de politique nationale de protection sociale, notre pays s’est engagé dans l’implantation d’un système de protection sociale efficace, efficient et profitable à l’ensemble de la population. Mais des défis majeurs restent toujours à surmonter (…) on peut citer le financement. Selon les comptes nationaux pour l’année 2004, 51% des dépenses de santé étaient supportées par les ménages, 22% par l’Etat, 9% par les collectivités, 14% par les PTF et 4% par les autres privés. Même si ces chiffres datent (…) problème récurrent de l’accessibilité et de la qualité des services. » [« Santé maternelle et infantile : les garanties de la couverture sanitaire universelle », L’Essor, le 01/07/2013]

La dynamique de la CSU est ensuite largement alimentée par des références aux normes et doctrines internationales : OMS, OIT, UEMOA, qui ancrent la CMU dans les droits humains.

« C’est aujourd’hui que sera célébrée dans notre pays pour la première fois la journées internationale sur la CSU. En prélude à cet événement, les PTF comme Save The Children, World Vision et MDM en partenariat avec le MSAHRN ont organisé une journée d’information et de sensibilisation sur les stratégies de couverture maladie au Mali. » [« CSU- Les acteurs de sa mise en œuvre informés et sensibilisés », L'indépendant, le 12/12/2014]

« Pour mieux faire comprendre la stratégie nationale d’extension de la couverture maladie dans notre pays, les acteurs du domaine ont initié une journée de mobilisation. Il s’agissait ainsi davantage informer les uns et les autres sur la nécessité de promouvoir la protection sociale (…) suite à l’invitation de l’OMS (…) transition vers la couverture universelle (…) tout en veillant à l’amélioration de la qualité. C’est ainsi que sont nés en 2011 l’AMO dont l’organisme gestionnaire est la Canam et le Ramed géré par l’Anam. » [« Protection sociale : une journée de mobilisation bien à-propos », L'Essor, le 30/4/2015]

[« Couverture santé universelle : loin du compte », L'Essor, le 28/9/2015] [« Assurance maladie obligatoire : le chantier de la couverture maladie universelle », L'Essor,

le 26/10/2015]

Cette vision plus individualiste, « moderniste » et plus libérale, mais aussi plus fonctionnaliste de la protection sociale, est notamment portée par l’UTM et le patronat malien, mais aussi les syndicats.

« La protection sociale est indispensable pour la qualité de la survie de la population. « Pour bénéficier d’une émergence économique, il faut nécessairement une émergence sociale » a souligné Issa Sissouma. » [« Protection sociale : une journée de mobilisation bien à-propos », L'Essor, le 30/4/2015]

« En plus de la réduction de la vulnérabilité économique, sociale, alimentaire, nutritionnelle, la protection sociale selon (UTM) constitue également une voie pour promouvoir la productivité des ménages en augmentant leur capacité. » [« Concertation sur la protection sociale : l'Union technique de la Mutualité pour renforcer l'efficacité des différentes actions », L'indépendant, le 29/1/2016]

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« Le fait de garantir aux travailleurs des entreprises des soins médicaux et de fournir des revenus destinés à leur assurer des conditions matérielles d’existence acceptables confère à l’INPS, témoigne le président du CNPM, le caractère d’un organisme de développement dont la ‘’contribution à la couverture des besoins sociaux des populations se répercute incontestablement sur la productivité du travail.’’ » [« Protection sociale - l'INPS à l'écoute de ses partenaires », Les Echos, le 27/4/2016]

« Pour (le directeur général de la Protection civile) la mutuelle a un devoir social, car elle demeure un instrument d’entraide et de solidarité au service du personnel de la PC et de leurs familles, il a encouragé la mutuelle dans ses efforts pour l’épanouissement socio-économique du personnel de la protection civile. » [« 8ème session de la mutuelle de la protection civile : un mouvement ouvert sur les besoins sociaux de ses adhérents », Scorpion, le 01/03/2017]

Le 23 février 2015, lors de la 10ème session ordinaire du CA de la Canam, la protection sociale est clairement associée à la notion d’efficience, non seulement pour les prestataires de santé, mais aussi pour les utilisateurs/usagers du système de santé.

« Les activités de la Canam contribuent à l’atteinte stratégique n°9 du PDDSS 2014-2023 à savoir : ‘’Développer un système de financement permettant une meilleure mobilisation et utilisation des ressources financières pour la santé, une meilleure accessibilité aux services de santé et qui incitent les prestataires et les utilisateurs à être plus efficients’’. » [« 10ème session de la CANAM - la satisfaction des partenaires et clients à l'ordre du jour », Waati, le 26/02/2015]

En mai 2014, à l’occasion de la journée internationale du travail, la Centrale démocratique des travailleurs du Mali (CDTM) « table sur la collaboration du gouvernement pour mieux organiser et mieux structurer le secteur informel ». Elle rappelle que ce secteur est pourvoyeur de plus de 65% des emplois au Mali. Elle organise ainsi au CICB une conférence-débat sur l’AMO et l’INPS. Il s’agit pour la centrale de réfléchir à la prise en charge des travailleurs du secteur informel dans la sécurité sociale, perçue comme « une préoccupation majeure des militants », sachant que comme le rappelle le secrétaire général de la CSTM, ce secteur « n’est pas saisi dans ces opportunités des régimes de l’Assurance maladie obligatoire et l’Institut national de prévoyance sociale. ». Trois ans après les débats de 2011, la position en soutien de la CSTM à l’AMO est à remarquer. La réflexion engagée s’ancre clairement dans une vision de la PS comme un moyen de lutte contre la pauvreté, et la centrale cite les études de la Banque mondiale autour des programmes de « transferts sociaux », ce qui constitue l’une des premières références du regain d’intérêt pour ce pilier de la PS dans la presse étudiée. Le discours de la CDTM pose un concept de protection sociale qui « englobe l’ensemble des mécanismes relatifs à la sécurité sociale, l’action sociale et l’aide sociale ». Le développement des programmes de transferts monétaires, qui relèvent d’autres perspectives que l’assurance maladie ou la prévoyance sociale d’une façon plus large, font plutôt appel aux notions de pauvreté et de « vulnérabilité sociale ». Cette définition de la protection sociale repose sur une vision élargie de la protection sociale comme facteur de résilience et de stabilisation de l’économique. Les responsables des centrales syndicales invitent à cette occasion le gouvernement à « une meilleure collaboration pour le diagnostic institutionnel et organisationnel du secteur informel. »

« Cette masse de travailleurs est ignorée de tout régime de la protection sociale, considéré de plus en plus comme un moyen essentiel de faire reculer la pauvreté dans les pays à faibles revenus, en ajoutant qu’un projet d’étude de la Banque mondiale sur les transferts sociaux au Mali (indique) que la protection sociale touche à de multiples dimensions, souvent complémentaires. (…) La protection sociale assure un minimum de bien-être aux individus en luttant contre la pauvreté. (…) ‘’Avec la croissance économique, la protection sociale demeure un moyen de lutte contre la vulnérabilité sociale. Or, avec l’appui des acteurs, le secteur informel mieux organisé et mieux structuré est sans doute une source de création d’emploi. » [« Protection sociale - la CDTM souhaite l'accompagnement des autorités », L'Indicateur du Renouveau, le 30/04/2014]

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La presse se fait ainsi l’écho des différentes représentations que les acteurs institutionnels se font de la protection sociale, selon les institutions et selon les périodes. ii. Les aspects plus techniques sont mal restitués au lecteur voire font l’objet de méprise La presse a également entreprise une action de pédagogie sur la mise en œuvre de la PS, mais elle peine à rendre compte des aspects les plus techniques et complexes. Les différents régimes de protection sociale, AMO et Ramed en tête, sont posés comme éléments de réponses à la problématique du risque maladie. De ce point de vue, la presse véhicule sans problèmes les argumentations

« L’AMO et le Ramed sont deux dispositifs qui sont appelés à assurer la couverture du risque maladie à une grande partie de la population. » [« AMO - 127 805 personnes déjà immatriculées dont 53 660 assurés principaux – Le démarrage des prestations a commencé le 1

er mai dans les

structures sanitaires », L'indépendant, le 3/5/2011] « Deux dispositifs phares dans la prise en charge du risque maladie » [« l'AMO conquiert la

cité du Méguétan », Les Echos, le 14/12/2011] « C’est pourquoi à la cérémonie qu’il a présidé pour la signature de convention signant l’entrée

des militaires dans la réforme, le ministre Konaté soutiendra que face à la faiblesse de la couverture des risques sociaux, notamment de la maladie, faiblesse plusieurs fois dénoncée par les différentes couches du Mali, le Gouvernement a adopté une déclaration de politique de protection dont les axes sont : l’extension des champs d’application matériel et personnel de la sécurité sociale dont la mise en place de l’AMO constitue une des stratégies, le développement de la mutualité et autres mécanismes de protection sociale basés sur la solidarité et le développement de l’aide et de l’action sociale, dont la mise en place du régime d’assistance médicale. » [« Assurance maladie obligatoire : les prestataires de soins privés signent leur entrée », Waati, le 6/11/2014]

Néanmoins, au-delà des objectifs et des valeurs, le sujet de la protection sociale est complexe, les acteurs eux-mêmes abordent cette complexité via des dispositifs historiques ou émergents, des concepts nouveaux, y compris ceux de protection sociale, couverture maladie, prévoyance sociale. Les différents programmes eux-mêmes font l’objet de controverses et/ou traversent des difficultés techniques, institutionnelles, politiques, surtout dans leur mise en œuvre, que la presse tente de problématiser.

« C’est vraiment des choses qui étaient assez techniques. Le concept était nouveau. » Dir.pub. quotidien 4

Certains énoncés sont assez obscurs et très technicistes, ce qui traduit potentiellement la difficulté des journalistes à intégrer l’information.

« Les participants ont échangé sur l’historique de la protection sociale, les 9 branches de cette protection, les 7 principes directeurs de la sécurité sociale. » [« Ségou : la protection sociale et l'AMO en débats », L'Essor, le 27/1/2011]

« Face à la faiblesse de la couverture des risques sociaux, notamment la maladie, le gouvernement a adopté une déclaration de politique de protection sociale dont les trois axes sont : l’extension des champs d’application matérielle et personnelle de la sécurité sociale, le développement de la mutualité, le développement de l’aide et de l’action sociale dont le développement d’un fonds d’assistance médicale. » [« Maîtrise des outils de prise en charge médicale des indigents. La DNDS et l'Anam engagent la validation du rapport d'enquête sociale », L'indépendant, le 29/9/2011]

Certains articles montrent une connaissance très faible et des erreurs dans le montage institutionnel du Ramed et des responsabilités des différentes parties prenantes. Certains articles des Echos témoignent de critiques infondées par rapport à cet aspect. Un d’entre eux reproche à l’Anam de ne

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disposer… « D’aucun outil, aucune base encore moins de fichier d’identification des indigents. (…) l’Agence semble reléguer au second plan cet aspect des choses. …

« L’Anam ne fait qu’acheter et envoyer des motos, des chaises et d’autres pacotilles d’ordinateurs à ses points focaux au niveau régional et cercle. Ce faisant elle passe à côté de la plaque parce que ses points focaux n’ont aucun élément à leur niveau pour travailler. Certes, les points focaux ont du matériel mais ils n’ont pas de matière ou d’élément d’appréciation sur les indigents au Mali. Il est temps que l’Anam revoie sa copie (…) Selon certaines indiscrétions, l’Anam souffre de manque de personnel qualifié. Et c’est ce manque de techniciens qui est justement à l’origine de l’absence d’’une grille d’identification des indigents. (…) Pourtant, ce ne sont pas les moyens qui lui manquent. Son budget est estimé à plus d’un milliard de F CFA. Un spécialiste de la question confie que « l’Anam fait tout sauf correctement son travail. (…) A ce rythme, les couches qui doivent bénéficier de son assistance ne sortiront pas de sitôt de l’auberge, car elles sont laissées à leur triste sort. » [« Pour la prise en charge sanitaire des indigents, l'Anam navigue à vue » Les Echos, le 22/2/2012]

« Nombreuses sont (les populations) qui souffrent de maladies, de malnutrition, de violences sexuelles, certaines populations ont été contraintes à l’exil, laissant derrière elles, familles, amis et biens acquis au cours de toute une vie de labeur. (…) Si l’on considère que le Ramed, qui est l’un des trois volets du système national de protection sociale contre la maladie, est un dispositif préconisé pour assurer la prise en charge médicale (frais de santé) des personnes indigentes qui sont exclues des dispositifs contributifs d’assurance santé que sont l’AMO, la Mutualité ou les assurances privées, on comprend mal pourquoi l’Anam n’est pas active sur le terrain. Y a-t-il des failles dans le dispositif Ramed ? » [« Prise en charge des réfugiés au Nord: l'Anam face à ses responsabilités », Les Echos, le 6/7/2012]

De façon emblématique, la question des articulations entre les différents régimes n’est pratiquement jamais abordée après 2009-2010, où elle est posée comme un principe fondamental. Elle est ensuite parfois abordée de façon très elliptique et presque « évitée ». Elle émerge de nouveau en 2015 mais n’est posée qu’à travers le discours de quelques acteurs (ONG comme Save The Children, World Vision, le think-tank ICP-Mali, l’UTM qui est toujours très proche de ces mouvements), « La question des passerelles entre les trois piliers de la stratégie de couverture universelle adoptée par le Mali que sont l’AMO, le Ramed et la mutualité, constitue un autre défi majeur. »

« Sur leurs bulletins de paie de novembre et de décembre 2010, les travailleurs ont dû noter que les retenues sur les salaires annoncées au titre de l’AMO ont commencé. L’Assurance maladie obligatoire et le Régime d’assistance médicale sont deux instruments de protection sociale initiés par les autorités en juillet 2009. Ils sont respectivement gérés par la Canam et l’Agence nationale d’assistance médicale (Anam). L’AMO et le Ramed sont complémentaires des autres mesures de protection, d’assistance et de facilités comme le secours dont bénéficient des couches vulnérables. » [« AMO et Ramed ! Atténuer le poids des ordonnances médicales », Les Echos, le 25/1/2011]

« L’architecture institutionnelle et organisationnelle du régime d’assurance maladie universelle est en gestation » [« Assurance maladie obligatoire : le chantier de la couverture maladie universelle », L'Essor, le 26/10/2015]

« Disposer d’une cartographie de l’ensemble des intervenants de la protection sociale au Mali (…) identifier les acteurs qui évoluent dans ce secteur (…) réfléchir sur les synergies possibles des acteurs de la protection sociale. La protection sociale de façon générale est l’ensemble des mesures préconisées par l’Etat pour assurer la prise en charge des risques sociaux de la population. Elle est perçue au plan mondial comme une composante clé dans les stratégies de réduction de la pauvreté. » [« Concertation sur la protection sociale : l'Union technique de la Mutualité pour renforcer l'efficacité des différentes actions », L'indépendant, le 29/1/2016]

Enfin, alors que la presse est largement favorable au caractère obligatoire de l’AMO, elle pend le

parti « moral » de ce dispositif mais ne publie elle-même aucun article de fond et d’analyse pour en

prouver le bien-fondé

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2.5. La presse a véhiculé une opinion largement en faveur de l’idée même et des dispositifs de la protection sociale mis en œuvre au Mali, parfois de façon « téléguidée » par les institutions. Aucun article ne questionne le développement de la protection sociale et de la couverture santé. On note la volonté de convaincre le lecteur de la pertinence voire de la nécessité de la protection sociale et de la pertinence des différents programmes. L’adhésion des journalistes eux-mêmes aux mesures de protection sociale en général et au principe de l’AMO en particulier a induit un effet de « bienveillance », qui se traduit par un souci de pédagogie et de plaidoyer.

« Du fait que ça concerne vraiment la population c’est une question d’intérêt national, donc il est vraiment mieux d’ouvrir des colonnes pour en parler. Ça peut même amener la population à adhérer à l’AMO et puis s’il y a des difficultés, ça peut amener les dirigeants à revoir leur système pour améliorer vraiment tout ce qui est fait dans le cadre de l’AMO. Le rôle de la presse c’est le plaidoyer. » Journaliste santé, quotidien

De plus, les journalistes ont parfois eu une attitude conciliante avec des institutions qui participent, via les pratiques d’un journalisme « griotique » ou par leurs budgets publicitaires, à l’économie des journaux et de certains journalistes eux-mêmes. Les recettes publicitaires de certain grands quotidiens proviennent majoritairement des grandes entreprises privées, ce qui les rend moins dépendants économiquement des institutions.

« Il y a des sujets très intéressants à traiter dans le domaine. Quand on parle de l’AMO par exemple, l’application de l’AMO dans certaines structures, des fois ça pose problème. Les gens ont vraiment du mal à bénéficier des avantages de l’AMO dans certains hôpitaux et centres de santé. Vraiment c’est des sujets à dénoncer, mais malheureusement avec l’élan de communication que les structures ont entamé, ça a beaucoup entravé ça. En général, ce que la presse relève, c’est institutionnel, mais le quotidien réel, ce qui se passe dans les hôpitaux, avec l’application des soins de santé, l’AMO, l’INPS, la presse relève peu, à part quelques-uns. Parce que c’est institutionnel. » Dir.pub., Quotidien 3

« Ces structures comme la Canam, très souvent quand ils passent beaucoup d’annonces dans un journal, ce n’est pas une volonté de communiquer, c’est pour qu’on les laisse tranquille. » Dir.pub., Quotidien 2

« Tu sais, madame Z. a tellement maitrisé la communication dans ce pays. Madame Z. était vraiment arrivée à mailler les gens de la presse, avec ses entrées un peu partout. Elle avait ses amis un peu partout. Et elle rendait bien ça aux gens, en réalité. Bon, c’est une dame qui de nature est très gentille. Moi-même je l’ai rencontrée une fois à Abu-Dhabi. J’étais parti en mission avec le Président, elle était avec une mission. On s’est rencontrés là-bas. Elle a cette largesse quoi, elle donne de l’argent aux gens. » Journaliste, quotidien

« On a un contrat avec la Canam, d’environ un million par an. » Dir.pub. quotidien 4

Cette adhésion se traduit par des tribunes largement ouvertes au camp du « pour ».

« UNE BOUFFEE D’OXYGENE- Dans les cas d’hospitalisation, l’assuré paie uniquement 20% des frais. Ce mécanisme de prise en charge des coûts liés à la maladie permet de soulager le Malien moyen dont le portefeuille est pressuré par une conjoncture économique. (…) Comme pour corroborer ce soulagement, la direction générale de la Canam s’est amusée à faire un petit calcul de probabilité. Par exemple, pour la prise en charge du paludisme simple, l’assuré qui déboursait 4 000 à 7 500 avant l’AMO paiera maintenant 1 200 à 2 100 Fcfa. Pour les soins liés à des cas compliqués de paludisme, il devrait payer avec l’assurance 4 500 à 6 000 Fcfa contre 15 000 à 20 000 Fcfa avant l’AMO. Autre exemple de soulagement. La prise en charge du diabète ou de l’hypertension artérielle (HTA), les 10 000 à 15 000 Fcfa par mois deviennent à 13 000 ou 4 500 Fcfa par mois du fait de l’AMO. » [« Assurance maladie obligatoire : le souci de la prise en charge du risque maladie », L’Essor le 8/6/2011]

« L’AMO a été créée pour améliorer la sécurité sociale au Mali. (…) Des « débats parfois houleux » [« Gao : concertation sur l'AMO et le Ramed », L'Essor, le 19/01/2012]

« Après le coup d’Etat du 22 mars, certains avaient conclu à la fin prématurée de l’AMO. Il n’en est rien. Les établissements hospitaliers, les Csref, les officines pharmaceutiques privées et les laboratoires d’analyses conventionnés à l’AMO continuent en effet d’offrir des prestations

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dans le cadre de l’assurance maladie. On se rappelle que cette réforme avait été désavouée par des travailleurs du secteur public (…) notamment de la part de la CSTM. Pour juger l’AMO dans la pratique des structures conventionnées et recenser les difficultés qu’elle connaît, une équipe de la Canam conduite par Aboubakar Cissé, a fait mercredi le tour de quelques structures de santé conventionnées. Dans celles-ci, les assurés immatriculés à l’AMO bénéficient régulièrement des prestations. » [« Assurance maladie obligatoire : la couverture fonctionne bien dans la pratique », L'Essor, le 06/07/2012]

« Un assuré de l’AMO nous rappelle de façon burlesque le paradoxe du Ramed. L’AMO dont la mise en œuvre avait fait des vagues bénéficie d’une adhésion populaire maintenant alors que le Ramed qui ne souffrait d’aucune contestation s’enlise dans les difficultés liées au non-paiement des arriérés que doivent les collectivités à l’Anam. » [« Régime d'assistance médicale : encore des difficultés », L'Essor, le 04/02/2014]

Le plaidoyer reprend les termes de la nécessité de la PS et du soutien à accorder à ses institutions et ses programmes. De très nombreux articles militent clairement en faveur des programmes étatiques, AMO et Ramed en tête. (ex. : l’UTM avec son partenaire belge Santé Mondiale organisent à l’Hôtel Les Colonnes, les 9-10 avril 2014, un atelier de lancement du Réseau national multi acteurs de protection sociale au Mali.

« Les dispositions en cours, dans de cadre de l’AMO aux bénéfices de travailleurs, des retraités et autres adhérents et du Ramed pour les démunis doivent se poursuivre et se renforcer, notamment dans le domaine de la communication. Selon le Ségal Touré, les plus hautes autorités répondant à la quête d’équité, de justice sociale et solidarité, ont, à travers une volonté politique affichée, décidé de la création de l’AMO et du Ramed. Il s’agit d’une réforme majeure, qui doit améliorer l’accès au soin de santé et de qualité des populations. » [(Sans titre par erreur de maquette), Scorpion, le 15/6/2011]

« L’AMO a créé des conditions appréciées d’accès à des soins de qualité dans notre pays. (…) aujourd’hui le dispositif AMO soulage. Il est complété par le Ramed destiné à la prise en charge des indigents reconnus comme tels. Les deux régimes étaient, avec les mutuelles de santé et l’assurance volontaire de l’INPS, au cœur d’une journée de sensibilisation. » [« Sécurité sociale : l'AMO expliquée à l'armée de l'air et à la gendarmerie », L'Essor, le 26/11/2014]

Le plaidoyer est souvent mobilisé pour expliquer voire justifier les résultats insatisfaisants (et l’Anam a largement recours à ce registre, parfois avec des informations mal formulées ou mal comprises par la presse, cf. ci-dessous la référence à l’ODH dans le montage du Ramed).

« A ce jour, ses missions restent peu connues du grand public en raison de son jeune âge. Toutefois, la direction générale de l’Agence est en train de tout mettre en œuvre afin que ses attributions puissent être mieux perçues. En attendant, il est important de savoir que le recensement des indigents devant être pris en charge par l’Anam dans le cadre du Ramed institué par l’Etat, ne relève pas de l’Anam mais plutôt de l’Observatoire de développement Humain (ODH). Mieux, en parcourant la loi portant institution du Ramed dans son article 7, l’on s’aperçoit que « la qualité de bénéficiaire de l’assistance médicale est prononcée à la demande de l’intéressé par le maire après avis des services techniques en charge de la solidarité dans les conditions et selon les modalités fixées (…) De plus, les points focaux de l’Anam dans les régions et au niveau cercle sont des agents du service du développement social qui travaillent pour l’Agence. Ils sont des répondants de l’Agence. Dans les jours à venir et à travers le vaste plan de communication en gestation, l’Anam saura faire ressortir ses modalités d’organisation et de fonctionnement De même que les personnes qui peuvent être bénéficiaires de ses prestations. » [« Assistance médicale - Si l'Anam pouvait se faire connaître », Les Echos, le 24/2/2012]

« L’Anam, cette nouvelle structure entend jouer sa partition dans la prise en charge des couches les plus vulnérables dans notre pays. De ce point de vue, elle mérite une attention accrue et soutenue de la part des décideurs ainsi que des partenaires techniques et financiers. » [« Agence nationale d'assistance médicale : les points focaux outillés », Les Echos, le 18/7/2012]

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Le plaidoyer est enfin largement mobilisé quand, à partir de 2013-2014, la perspective de la CMU émerge.

« Pour que cette CMU soit effective notamment au Mali, il faut informer l’opinion nationale sur les progrès réalisés dans ce domaine, mais aussi et surtout sur les défis et les contraintes de tous ordres qui entravent l’effectivité de cette couverture. » [« Santé maternelle et infantile : les garanties de la couverture sanitaire universelle », L’Essor, le 01/07/2013]

« Le plaidoyer qui sera mené au terme de l’atelier va aider non seulement à assurer une accélération des actions politiques et stratégiques vers la réalisation de la CSU déjà amorcée, mais aussi à veiller à une meilleure intégration et rationalisation des différentes ressources mobilisées, gage d’une plus grande efficacité et d’une pérennité du système. » [« Santé maternelle et infantile : les garanties de la couverture sanitaire universelle », L’Essor, le 01/07/2013]

« Ces organisations ont un plan d’action synergie ‘’action politique’’ (…) conscientes que seules, elles ne peuvent obtenir des changements significatifs et structurels, ces organisations ont décidé de mobiliser les autres acteurs non étatiques travaillant dans le domaine de la protection sociale au Mali. Le Dgé de l’UTM (…) a en outre souligné l’importance du réseau dont les principes fondateurs et le plan d’action seront élaborés et adoptés à l’issue des travaux. Abordant l’accès à la protection, notamment la CMU, il a invité tous les acteurs impliqués à s’investir afin de réussir l’action politique. » [« Protection sociale au Mali : l'UTM et son partenaire Solidarité Mondiale en synergie », Scorpion, le 16/4/2014]

Les registres de la louange et du satisfecit consacrent les bons résultats obtenus, les efforts des acteurs, la clairvoyance des institutions, etc. Les CA, et notamment ceux de l’Anam, sont notamment l’occasion de satisfecit et de congratulation.

« Créée en juillet 2009, l’Agence nationale d’assistance médicale répond au désir des pouvoirs publics de renforcer et d’élargir la protection sociale au Mali. (…) Afin de permettre aux points focaux d’apprendre mieux du Ramed et des missions de l’Anam, l’Agence nationale d’assistance médicale a organisé le lundi 6 juillet 2012 à la Maison des aînés un atelier sur les missions. (…) Les relais de l’Anam sont désormais mieux aptes à accompagner le processus dans leurs différentes localités. Les textes n’autorisant pas l’Anam à créer des structures à l’intérieur du pays, les points focaux constituent leurs répondants. (…) Déterminer les mécanismes de prise en charge des indigents. (…) pour (la DG) l’atelier, dans la pratique, a été d’un apport capital d’autant plus qu’il a permis d’éclairer la lanterne des relais sur comment travailler avec les indigents, les accueillir et les orienter. » [« Agence nationale d'assistance médicale : les points focaux outillés », Les Echos, le 18/7/2012]

« Le retour en grâce de l’AMO est une réalité. Les assurés continuent de bénéficier des soins et des médicaments dans les structures de soins et les officines pharmaceutiques conventionnées à l’AMO. (…). A la DR de la CMSS, les dossiers d’adhésion et de ré-adhésion attestent de ce regain d’intérêt pour l’AMO dans la région. » [« Assurance maladie obligatoire : le bon tempo à Kayes », L'Essor, le 9/7/2013]

« Le ministre ne tarit pas d’éloge face à la prouesse de l’équipe dirigeante de la caisse au vu des résultats engrangés depuis quelques années. » [« Assurance maladie obligatoire : les prestataires de soins privés signent leur entrée », Waati, le 6/11/2014]

« … une réforme qui fait du Mali un des pionniers en Afrique francophone en matière de régime public de couverture maladie. » [« Amélioration de la gestion de l'AMO - un nouveau système bientôt opérationnel », Waati, le 03/09/2016]

« ‘’A bon vin point d’enseigne’’, la maxime sied comme un gant à l’AMO dont la mise en œuvre se poursuit dans la plus grande sérénité. Rarement, il a été autant question de satisfaction et de soulagement, en parlant d’un régime de protection sociale, notamment la prise en charge du risque maladie. » [« Assurance maladie obligatoire : le chantier de la modernisation », L’Essor, le 15/02/2017]

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La critique est globalement peu virulente, pour les raisons précitées de bienveillance ou de conciliation. Seuls les Echos en 2011 – 2012 ont publié des articles de dénonciation, dans le but de « donner l’alerte » envers la CSTM et l’Anam, avec un ton relativement acerbe.

« A cause de l’absence d’une grille d’identification des indigents pour lesquels elle a été créée, l’Agence nationale d’assistance médicale (Anam) a failli dans l’une de ses missions. Au lieu de s’atteler à l’élaboration d’un fichier déterminant le nombre d’indigents au Mali pour leur prise en charge adéquat au plan sanitaire, l’Agence ne fait qu’envoyer des motos, des chaises… à ses points focaux qui passent leur temps à compter les sauts de la puce. Autrement, dit, à ne rien faire. » [« Pour la prise en charge sanitaire des indigents, l'Anam navigue à vue », Les Echos, le 22/02/2012]

Certains articles rendent compte de contestations vs. les tentatives pédagogiques et de communication des institutions

« Plusieurs personnes ont boudé les présentations. Les personnes qui ont quitté la salle parlent d’une perte de temps. Les quelques participants qui ont été attentifs ont néanmoins admis qu’il est plus facile de présenter l’AMO et le Ramed en diapo, mais qu’il serait mieux de faire des dépliants expliquant clairement ce qui sous-tend réellement l’AMO. » [« Sensibilisation sur l'AMO - les formations sanitaires informées par la tutelle », Les Echos, le 4/4/2011]

« Le département de la santé a organisé au CICB, une rencontre d’information sur l’AMO et le Ramed à l’intention de ses travailleurs. Les toubibs syndicaleux qui n’ont pas eu droit à des interventions contradictoires ont tout simplement préféré rester à la maison. Par ce geste, ils entendaient protester contre l’imposition de l’AMO et du Ramed dans le monde du travail par le gofernement. » [« L'AMO et le Ramed posent problème », Scorpion, le 7/4/2011]

Le seul point de désaccord partiel porte sur le caractère obligatoire de l’AMO, de la part de Scorpion, ce qui n’empêche pas ce journal de publier des articles positifs sur de dispositif.

[« L'assurance maladie obligatoire : preuve de solidarité affichée », Scorpion, le 26/10/2011]

Les titres et l’imagerie contribuent le plus souvent à interpeller en faveur des dispositifs de protection sociale et (plus rarement) à en critiquer la mise en œuvre.

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2.6. Le traitement de la protection sociale varie sensiblement au cours de la période étudiée Quatre périodes ont été distinguées selon la fréquence de parution des articles, les thématiques abordées et la tonalité du discours de la presse/des institutions qui s’expriment à travers elle. En termes de fréquence de parution, les quatre périodes se différencient selon le schéma ci-dessous :

% des articles citant les quatre dispositifs les plus traités, selon la période

En 2007 et 2008, aucun article n’aborde la protection sociale, ni ne mentionne un des termes-clés de la recherche. Ceci se recoupe avec la précédente revue de presse, menée par Miseli en 2010 sur la période 2005-2009. Dans ce corpus, les politiques de gratuité des soins n’ont été associées à la notion de protection sociale que dans un seul article, du quotidien Infos-Matin, trouvé en ligne et non daté, mais qui vu la référence à la mise en place de l’AMO et du Ramed n’a pas pu paraître avant fin 2009.

« Le ministre du Développement social, de la Solidarité et des Personnes âgées, Sékou DIAKITE, a rappelé les principaux jalons posés dans notre pays dans le cadre de la protection sociale : réformes imprimées dans le cadre de la sécurité sociale à travers l’amélioration dans la gestion des institutions en charge de ce secteur ; l’évolution normale du processus de mise en place de l’assurance maladie obligatoire (AMO) ; les acquis et efforts en cours dans le domaine de l’aide et de l’action sociale ; les actions en cours pour la mise en place du Régime d’assistance médicale ; la gratuité de la césarienne (…) alimenter l’énoncé de recommandations pertinentes pour renforcer nos politiques sociales et les programmes de protection sociale. Pour le Premier ministre, Modibo SIDIBE, notre système de protection sociale, marqué du sceau de la solidarité, devra intégrer judicieusement des formules contributives et non contributives dans une logique de complémentarité entre les différents mécanismes. » [« Protection sociale au Mali : Balises pour un nouveau plan d’action ! », Info Matin, source web, non daté]

La première période (début 2009 à décembre 2010) est marquée par une très faible présence de la protection sociale dans les tribunes de la presse, avec peu de rédactionnels et aucune annonce. La

0%

25%

50%

75%

100%

1ère période 2ème période 3ème période 4ème période

AMO Ramed Mut./UTM FS, Jigisè

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notion de protection sociale est très présente. Les mutuelles font l’objet d’une partie importante des articles. La deuxième période (1er trimestre 2011 – 1er trimestre 2012) est surtout marquée par le débat social autour de l’AMO qui est très largement prédominant avec les termes qui lui sont associés (Canam, INPS, CMSS, syndicats). Les autres programmes/pilier de la protection sociale de la santé (Ramed, mutuelles, filets sociaux) sont très peu abordés. Le discours syndical est très présent. C’est surtout pendant cette deuxième période que sont publiés les articles « spontanés » (28% des rédactionnels), qui sont moins factuels et plus porteurs de pédagogie, d’analyse voire de critique et plaidoyer que ceux liés à des événements. A partir de la troisième période (2ème trimestre 2012 – 3ème trimestre 2014), les divers programmes sont mentionnés de façon plus équilibrée, la notion de CMU émerge. Les articles sont presque systématiquement liés à des événements, mais également, graduellement, sont mieux commentés. En corollaire, la fréquence des articles à tonalité pédagogique et de réflexion tend à augmenter. La critique côtoie les satisfecit et la louange. Durant la quatrième période (depuis le 4ème trimestre 2014), l’AMO demeure le programme de loin le plus traité, mais de façon moins exclusive. Les termes de protection sociale et de CSU/CMU sont plus souvent employés. Le registre de la critique tend à disparaître, celui du satisfecit remplace peu à peu celui du plaidoyer ; les deux demeurent très souvent mobilisés, dans presque la moitié des articles.

% d’articles citant l’AMO et les termes associés selon la période

% d’articles citant les autres termes d’intérêt selon la période

0%

25%

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75%

100%

1ère période 2ème période 3ème période 4ème période

AMO CANAM INPS CMSS Syndicats

0%

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1ère période 2ème période 3ème période 4ème période

Ramed Anam Mut./UTM FS, Jigisèmèjiri Prot. Soc. CMU

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Type et tonalité des rédactionnels selon la période

2.7. Focus sur les principaux dispositifs de protection sociale Les différents dispositifs sont très inégalement abordés. L’AMO apparaît comme le sujet de focalisation de la presse. Il est abordé dans 185 rédactionnels, soit 78% d’entre eux, de plus il s’agit souvent de grands articles, où l’AMO occupe une place importante. Certains journaux à tonalité très politique (L’Indicateur du Renouveau, Waati, Scorpion) traitent de l’AMO dans pratiquement tous les articles recensés, et accordent une très faible attention aux autres mesures. Le Ramed est abordé dans 64 rédactionnels, soit 27% d’entre eux, et dans certains il est présenté de façon superficielle, voire seulement cité, comme « pendant » de l’AMO. Les mutuelles/la question mutualiste/l’UTM ne sont abordées que dans 31 rédactionnels, soit 13% d’entre eux, de plus il s’agit souvent de petits articles factuels. Les politiques d’exemption de paiement et de filets sociaux/Jigisèmèjiri, ne sont pratiquement jamais abordées (respectivement 4 et 7 occurrences au sein du corpus), et ne sont jamais traitées en tant que sujet mais plutôt mentionnées.

Nombre d’articles citant au moins une fois chacun des termes clés de la recherche

0%

25%

50%

75%

100%

Période 1

Période 2

Période 3

Période 4

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2.7.1. L’AMO : le centre constant des préoccupations à partir de 2011 i. Importance accordée à l’AMO Au sein du corpus, 78% des 236 rédactionnels et 100% des 84 annonces recensées abordent l’AMO/la Canam, en thématique principale le plus souvent, ce qui fait de ce dispositif le phare de la presse quant à la protection sociale.

Chronologie des articles rédactionnels faisant au moins une référence à l’AMO Très peu d’articles jusqu’à fin 2010 (un article tous les deux mois) plus élevée en 2011 (plus de la moitié des rédactionnels, une fréquence de deux par semaine), puis un creux en 2012 (7 articles seulement sur l’année), et un peu plus d’un article par mois depuis 2013.

Cette focalisation sur l’AMO s’explique par trois aspects :

- L’innovation réelle représentée par cette mesure au sein du système de PS malien, et le fait qu’elle intéresse l’élite (notamment les fonctionnaires, les cadres du privé… et jusqu’au Président lui-même). A noter que la Canam ne communique pas par le média radio, mais uniquement par la télévision et la presse écrite.

« La Canam a une stratégie très forte avec la presse écrite. Leur cellule de communication est très étoffée et ils ont un budget de communication très important. Comme ils s’adressent aux fonctionnaires, ils utilisent beaucoup les journaux. Ils n’utilisent pas les radios en revanche, ça doit être les seuls à passer uniquement par la télé. » Journaliste politique-société, hebdomadaire

- Les conflits sociaux qu’elle a entraînés en 2011 (prises de positions, manifestations, recul de

l’Etat sur le caractère obligatoire, puis campagne de reconquête de la Canam et ré-adhésions assez massives autour de 2014) a constitué un sujet très politique et une actualité « brûlante », cf. photographies et citations ci-dessous, pp. 37-38.

- Le fait que la Canam ait largement communiqué et associé la presse écrite aux événements,

alors que les autres régimes n’ont pas engagé de réelle stratégie de communication au-delà des événements institutionnels auxquels ils participaient.

« Sur le Ramed, qui est du ressort de l’Anam, celle-ci n’a pas beaucoup communiqué sur ce régime, elle n’a pas été trop active. Je me souviens, à l’époque, c’était madame Zouré, qui était directrice là-bas, je l’ai approchée, j’ai dit Madame, vous gérez un régime extrêmement important, mais vous ne communiquez pas beaucoup sur ce régime. Je souhaiterais faire des choses sur ce régime, j’écris des articles sur ça. Elle me dit que c’est un régime qui prend en charge les indigents, ils n’ont pas à communiquer beaucoup sur ça. Eux s’occupent des indigents reconnus comme tels, et puis point barre. A l’époque ils ont hérité des problèmes financiers, parce que les collectivités ne payaient pas. Il y avait un déficit de communication partout à ce niveau. » Journaliste protection sociale, quotidien

« La communication, elle est interactive. C’est-à-dire nous, on s’intéresse à l’AMO, à l’INPS ou encore à la CANAM parce que c’est aussi des structures qui communiquent beaucoup. Comparé au Ramed, qui communique peu. L’interface à travers laquelle nous on passe pour communiquer avec ces structures est le ministère de l’Action humanitaire. Il nous fournit peu d’informations sur à ces structures-là. » Dir.pub. quotidien

L’AMO a intéressé l’ensemble des journaux étudiés sans exception, ce qui semble normal vu l’ancrage de la réforme à la fois dans la santé, l’actualité politique et sociale, les sujets de société. On

0

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parle de l’AMO surtout dans des articles de pédagogie et de réflexion. 153 articles sur 185, soit 82% sont des articles liés à l’actualité ; 32 sont des articles spontanés, soit tous les articles de ce type sauf un. L’AMO a ainsi été le sujet privilégié de la réflexion journalistique. 80/185 soit 43% des rédactionnels ont une vocation pédagogique et/ou de réflexion.

Journaux et types d’articles rédactionnels ayant cité l’AMO

ii. Contenu technique des articles traitant l’AMO L’AMO apparaît début 2009 dans les tribunes de la presse, dans la perspective du vote par l’Assemblée nationale des textes législatifs portant institution des deux politiques AMO et Ramed. L’Essor annonce en avril que des textes importants doivent être étudiés par la session parlementaire, (une quarantaine au total durant la session) au cours notamment de 5 séances plénières entre 14 mai et 2 juillet.

« Le ministère de M. Diakité a donc de nombreux chantiers à entreprendre. Dès avril, l’Assemblée nationale doit voter une loi pour rendre obligatoire le régime d’assurance au Mali, et c’est l’INPS et la Caisse des retraites qui seront chargées de la mise en œuvre de cet important volet. » [« AMO - Le combat de Sékou Diakité pour un régime », Les Echos, le 09/02/2009]

« Ces textes tractent une petite révolution sociale en termes de sécurité sociale dans notre pays. » [« Assemblée nationale : un planning très chargé », L’Essor, le 10/04/2009]

Dès ces premiers temps du traitement de la protection sociale, l’AMO occupe le devant de la scène, notamment face au Ramed, pourtant formulé et voté selon le même calendrier. Lors d’un forum national sur la pauvreté des enfants, très institutionnel (présence des ministères de la Santé et du DSSPA, des représentants de l’UNICEF en Afrique de l’Ouest et au Mali, de députés, de représentants des corps diplomatiques), la notion de garantie d’effectivité de l’AMO est posée (phase de soumission au vote de l’AN du texte de loi), « Le Mali mesure bien l’enjeu des défis dans le domaine de la protection sociale. ». On ne parle pas du Ramed, alors que le sujet s’y prêterait

« A l’issue des discussions, les participants ont insisté sur la nécessité de développer un système de protection sociale. A cet effet, ils ont recommandé, entre autres, la prise de mesures diligentes pour faire face à la crise en initiant des programmes concrets, l’élaboration d’un plan d’actions 2010-2014 d’extension de la protection sociale et la garantie de l’effectivité des réformes telles que l’AMO. (…) Ainsi, le ministre du DSSPA a rappelé l’exigence de renforcer les politiques sociales. Pour lui, la recherche de stratégies de mobilisation de ressources internes constitue une priorité. (…) Les participants ont insisté sur le développement d’un système de protection sociale performant et innovant et la mobilisation de ressources à cet effet. Reste maintenant à trouver la bonne articulation entre les idées et les actions. » [« Forum sur la pauvreté des enfants - Des idées aux actes », L’Essor, le 18/03/2009]

Les Echos

L’Essor

L’Indé-pendant

L’Indicateur

Waati

Scorpion

Enquête

Pédagogie

Réflexion

Critique

Plaidoyer

Satisfecit

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Le 15 juin, L’Essor encore traite des quatre textes votés le 11 juin, dont la création de l’AMO et de la Canam. L’article leur accorde la plus grande importance : titre, chapeau, la moitié du texte rédactionnel, et présente les éléments suivants :

- Un dispositif concernant 16.3% de la population (1 954 753 personnes) - Budget annuel de 22.4 milliards de Fcfa constitués par les cotisations - Taux des divers parts salariales et patronales - Prestations de 80% en hospitalisation et 70% ambulatoire - Les pathologies non couvertes - Rôle de la Canam par rapport à l’INPS et la CRM - Les contraintes règlementaires et de gouvernance

[« Assemblée nationale : L’assurance maladie obligatoire est votée », L’Essor, le 15/06/2009]

L’adoption des textes à l’Assemblée de l’AMO n’a pas été traitée par les autres grands quotidiens, ce qu’ils expliquent par le manque de communication de l’Etat.

« Je pense que c’est parce qu’ils n’ont pas communiqué. La presse relaie l’information à travers les conférences de presse, à travers le débat, et puis à travers des annonces. Il s’agit des fois dans le cadre d’enquêtes d’initiative nationale. On va relayer l’information s’ils acceptent de coopérer. » Dir.pub. quotidien 4

En février 2010, un atelier regroupe les commissions chargées d’étudier les différents aspects de l’AMO et le ministère pour « appuyer le processus de mise en place de l’assurance maladie » : validation des pathologies couvertes, habilitation des différents niveaux de la pyramide sanitaire à prendre en charge ces pathologies et exécuter des actes médicaux et de biologie. L’article rappelle que « les textes législatifs et règlementaires ont été pris pour créer les deux régimes et les institutions chargées de leur mise en œuvre. (…) trois commissions ont été mises en place : juridique, médico-pharmaceutique et finances. ». Le discours de la presse (et de l’institution) est alors très technique et peu idéologique.

[« Vers la mise en place de deux régimes d’assurance : L’AMO et le RAMED », Waati, le 03/03/2010]

Par la suite, la presse rappellera très fréquemment :

- L’ancrage de l’AMO dans la politique générale de protection sociale engagée au Mali « En 1960, il était dit dans le code de prévoyance sociale, qu’en attendant la mise en place de

l’assurance maladie, le régime de protection sociale est créé au niveau de l’INPS. (…) Nous avions de la chance qu’en 1960 la santé fût gratuite. L’ordonnance et le médicament étaient offerts en même temps dans les dispensaires et hôpitaux. Dans les années 1970, il y a eu un changement de régime politique avec certaines conséquences. Le travailleur s’est trouvé démuni. Il ne pouvait plus faire face à la prise en charge de la santé de sa famille et de lui-même. Il fallait trouver une solution et celle-ci a commencé en 1995. Il y a eu le Programme de développement social et sanitaire (PDSS). A l’époque, Modibo Sidibé, l’actuel Premier ministre, était le ministre de la Santé. Les études réalisées en 1997 par la commission mise en place à cet effet ont recommandé d’inscrire dans le PDSS, le volet assurance maladie obligatoire. En 2000, les réflexions ont été poussées sur la prise en charge de la santé avec la création du ministère de Développement social dirigé par Mme DF Ndiaye, beaucoup de réflexions ont été menées sur l’assurance maladie. On avait même pensé à l’assurance chômage. Nous avions jugé que ce dernier point coûte excessivement cher et il a été abandonné. La prise en charge de la santé des travailleurs et de leurs ayants droits a été considérée comme primordiale. » [« Nouhoum Sidibé, DG de la caisse nationale d'assurance maladie - l'AMO n'a rien de coercitif », Les Echos, le 11/3/2011]

« L’AMO consiste en une prise en charge partielle du panier de soins ambulatoires et en hospitalisation (…) » [« AMO et Ramed ! Atténuer le poids des ordonnances médicales », Les Echos, le 25/1/2011]

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- Le principe, la mission, les valeurs et les fonctions de l’AMO, voire la « philosophie » de la Canam

« Ils ont examiné l’AMO dans toutes ses dimensions, ses principes, les conditions de prise en charge et prestations et garanties sans oublier les incompatibilités. Les missions et outils de mise en œuvre de la philosophie de la Canam tout comme la structure d’appui aux organismes gestionnaires délégués de la protection sociale ont fait également l’objet de débat. » [« Ségou : la protection sociale et l'AMO en débats », L'Essor, le 27/1/2011]

- Le montage institutionnel de l’AMO o La Canam :

La Canam est dotée de projets d’organisation des services, d’accord d’établissement, de règlement intérieur et cadre logique des activités prioritaires.

[« Assurance maladie obligatoire : Toujours des réticences. », L’Essor, le 16/03/2011] Lors de cette 3ème session, le premier budget donné de la Canam est celui de

2011 : 30 536 459 625 875 900 F cfa, dont cotisations : 29 565 959 688 et subventions Etat : 650 000 000. Les dépenses associées sont celles d’acquisition de matériel et de mise en place de l’institution. Le PCA rappelle que ce budget 2011 a été élaboré conformément aux organismes de prévoyance sociale de la zone franc membres de la Conférence interafricaine de la prévoyance sociale (Cipres).

o Les deux OGD : INPS et CMSS « L’INPS gère les retraites, la maternité, les prestations familiales, les accidents de travail et

maladies professionnelles, les invalidités, etc. La Canam ne s’occupe que d’un seul régime : la maladie. C’est une manière, pour l’Etat, de ne pas mettre la maladie avec les différentes caisses. La Caisse de sécurité sociale et la caisse des retraites s’occupent des pensions et allocations. Un autre régime est en train d’être mis en place et va gérer les accidents de travail et maladies professionnelles pour les fonctionnaires. C’est une manière de maîtriser les régimes de maladie en mettant en place une structure qui ne s’occupe que de cela. Dans tous les pays environnants, la tendance est d’aller à la séparation des maladies des autres régimes pour maîtriser les dépenses de gestion. » [« Nouhoum Sidibé, dg de la caisse nationale d'assurance maladie - l'AMO n'a rien de coercitif », Les Echos, le 11/3/2011]

« Rappelons que la CMSS et l’INPS sont des organismes gestionnaires délégués (OGD) de la Canam, la structure chargée de la gestion de l’AMO. » [« Assurance maladie obligatoire : le bon tempo à Kayes », L'Essor, le 9/7/2013]

- Les cotisations salariales et patronales.

o Que ces taux ont été adoptés par l’ensemble des parties prenantes à savoir l’Etat, les organisations syndicales de travailleurs (UNTM et CSTM) et le Patronat. « Nouhoum Sidibé, directeur général de la Caisse nationale d’assurance maladie » (Canam),

organisme en charge de la gestion de l’AMO, donne des précisions. C’est un taux uniforme de 3.6% qui est prélevé sur les salaires des fonctionnaires et autres travailleurs régis par le Code du travail. « Pour les retraités, il est de 0.75% contre 4.48% que l’Etat paie au titre d’employeur. Les autres employeurs du secteur privé mettent aussi la main à la poche. Ils contribuent à hauteur de 3.5% ». Le directeur général de la Canam, précise que ces employeurs paient à l’Institut national de prévoyance sociale (INPS) 2% au titre de la protection contre la maladie, aujourd’hui supprimée. » [« Assurance maladie obligatoire : un grand besoin de communication. », L'Essor, le 7/1/2011]

« La Canam, sous la houlette du ministre du DS de la Sol et des Personnes âgées, est décidée à lancer les prestations de soins de santé aux deux millions d’assurés attendus et à leurs ayant-droit, à partir du 1

er mai 2011. Avant, il est impératif que les fonctionnaires et les salariés du

secteur privé procèdent à leur immatriculation auprès des caisses déconcentrées maliennes de sécurité sociale et les services de l’Institut national de prévoyance sociale (INPS). Les 587 835

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personnes indigentes que le ramed (Ramed) va couvrir devront attendre leur identification par des enquêtes sociales. » [« AMO et Ramed ! Atténuer le poids des ordonnances médicales », Les Echos, le 25/1/2011]

o Fin 2010, le CNPM s’associe avec la Canam, pour rassurer les chefs d’entreprise et leur rappeler que ce régime est partiellement financé par l’Etat et l’assuré, et pèse peu sur l’employeur, « Les chefs d’entreprise fondent beaucoup d’espoir sur la Canam en vue de les soulager de tous les efforts qu’ils ont déployés pour la santé de leurs employés. L’AMO est salutaire pour nous. (…) l’une des grandes révolutions dans le domaine de la protection sociale dans notre pays. ». L’article rappelle que les cotisations ont commencé depuis le premier novembre 2010. « La conférence de presse qui a pris l’allure d’une conférence-débat avec l’intervention des

responsables des ressources humaines de quelques entreprises de la place a laissé en suspens une question relative à la situation des travailleurs qui ont déjà un régime relativement confortable de prestations sociales. Des représentants d’entreprises ont jugé le coût de l’Amo élevé alors que leur santé est prise en charge à 100% par leur service employeur au moment où, expliquent-ils, l’INPS traîne les pieds à payer les allocations familiales et perd souvent les dossiers des clients. M. Traoré a répondu sur ce point que cette préoccupation sera abordée prochainement avec la DG de l’INPS. L’une des spécificités de la Canam est qu’elle n’aura pas de structure propre à elle, mais qu’elle signera des conventions avec des structures publiques et privées pour des prestations médicales. » [« AMO - Le patronat sensibilise les employeurs. Les Echos, le 05/11/2010]

- Les prestations fournies :

o Les types de prescriptions prises en charge, de médicaments conventionnés On rappelle que sont exclues la chirurgie esthétique, la médecine dite douce,

la lunetterie et les prothèses dentaires. Le DG de la Canam explique que ces soins sont chers et sont exclus des droits relatifs à l’AMO dans les autres pays.

« La particularité de l’AMO, c’est que les produits accordés à l’assuré sont des médicaments en dénomination commune internationale (DCI). Aucune spécialité, exception faite de celle qui n’existe pas en DCI, n’est autorisée pour l’assuré. L’assurance couvre les soins préventifs et curatifs, les actes de médecine générale et de spécialités médicales et chirurgicales, les soins relatifs au suivi de la grossesse et l’accouchement. » [« Assurance maladie obligatoire : le souci de la prise en charge du risque maladie », L'Essor, le 8/6/2011]

- La liste des établissements conventionnés : structures de soins de santé, officines

pharmaceutiques. Les modalités de conventionnement des centres privés, « 9 critères : documents de création, situation géographique, infrastructures, équipements

techniques, personnel requis, bilan financier, organisation du service, hygiène, sécurité des locaux. » [« Assurance maladie obligatoire : le souci de la prise en charge du risque maladie », L'Essor, le 8/6/2011]

[« Assurance maladie obligatoire : les prestataires de soins privés signent leur entrée », Waati, le 6/11/2014]

- Les chiffres d’immatriculation/le nombre de bénéficiaires

o Ex. plus de 2 500 ré-adhérents en 2013-2014 après la chute de 2012 « Nous restons convaincus que la réforme de l’AMO, malgré toutes les exigences qui y sont

liées et qui sont le propre de toute entreprise de ce genre pour un pays est un chantier qui amélioration, à coup sûr, nos systèmes de santé et de protection sociale. » [« AMO - 127 805 personnes déjà immatriculées dont 53 660 assurés principaux – Le démarrage des prestations a commencé le 1

er mai dans les structures sanitaires », L'indépendant, le 3/5/2011]

« La CMSS a enregistré un taux important de ré-adhésion à l’AMO des travailleurs des collectivités locales, notamment les enseignants » [« Assurance maladie obligatoire : regain d'intérêt à Sikasso », L'Essor, le 29/7/2013]

« Selon le médecin-chef de l’hôpital de Ségou, de 2013 à maintenant, sa structure a enregistré une large augmentation du nombre de consultations grâce à l’AMO. » [« Le ministre du

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Développement social à Ségou pour s’enquérir de la mise en œuvre de l’AMO et d Ramed – « Le système AMO est une avancée pour le mali. Ensemble, rendons le séduisant » dixit Hamadoun Konaté », L'indépendant, le 12/5/2014]

- Les mécanismes de fraude à l’AMO et les dispositifs de lutte contre la fraude

« Pour éviter tout tentative de fraude, il sera établi une carte d’assuré pour chaque assujetti et chacun de ses ayants droit âgé d’au moins 14 ans et au plus 21 ans. (…) il est nécessaire de rappeler que la carte d’assuré social est une simple carte avec photographie et données d’état civil incrustées en polycarbonate ; matériau offrant à la fois sécurité et durabilité. Elle est délivrée par la Canam à la suite de l‘instruction de la demande d’immatriculation. » [« AMO - 127 805 personnes déjà immatriculées dont 53 660 assurés principaux – Le démarrage des prestations a commencé le 1

er mai dans les structures sanitaires », L'indépendant, le 3/5/2011]

« A Gabriel Touré on évoque également des cas de tricherie. Des assurés qui ont demandé à ne plus adhérer se présentent parfois avec leurs récépissés qui donnent aussi droit aux prestations (puisque tout le monde n’a pas encore reçu sa carte d’assuré). Mais une vérification permet de déjouer la fraude de ces assurés qui se sont retirés eux-mêmes de l’AMO. » [« Assurance maladie obligatoire : la couverture fonctionne bien dans la pratique », L'Essor, le 6/7/2012]

- Les modalités équivalentes sur l’assurance maladie volontaire contractée auprès des mêmes

OGD. « Mais la porte reste entrebâillée pour les personnes affiliées au régime d’assurance

volontaire de l’Institut national de prévoyance sociale (INPS). Il s’agit de travailleurs indépendants ou du secteur informel, déclarés au régime de l’assurance volontaire. Ceux-ci peuvent adhérer à l’assurance maladie s’ils le désirent. Mais ils doivent cotiser à hauteur de 6.56%. Le DG de la Canam explique ce taux par le fait que ceux-ci paient la part patronale de 3.5% (parce qu’ils restent leurs propres patrons) et du travailleur 3.06%. Ce qui justifie le taux élevé de leurs cotisations. » [« Assurance maladie obligatoire : le souci de la prise en charge du risque maladie », L'Essor, le 8/6/2011]

- Les étapes de la mise en œuvre. Par exemple, lors de la 3ème session du CA de la Canam en mars 2011, on évoque 3 axes stratégiques d’activités, avec de multiples activités :

o La poursuite de la mise en place de la Canam par sa dotation en moyens matériels, techniques et humains

o La poursuite de la mise en place de l’AMO par l’élaboration et l’adoption de textes réglementaires et relatifs à l’AMO

o La signature de conventions de délégation de gestion avec l’INPS et la CMSS o La signature de conventions sectorielles avec les prestataires de soins de santé o Le renforcement du système d’information o La mise en œuvre des activités de la communication o La réalisation d’études statistiques et actuariales o Le démarrage effectif des activités de la Canam par l’appui et le contrôle des OGD o La production et la distribution des cartes d’assurés de l’AMO o L’ouverture des droits aux assurés o Le contrôle médical o L’audit et le contrôle de gestion. L’article des Echos introduit à ce sujet la notion

d’indices de gestion : l’indice M (gestion de l’assurance maladie) et de l’indice G (gestion administrative) [« Canam : le budget 2011 de plus de 30 milliards de Fcfa adopté », Les Echos, le 17/03/2011]

- Les données budgétaires de la Canam et des deux OGD. Ces données peuvent être nationales, régionales, pour autant, mis à part certains budgets annuels, de la Canam surtout, le fonctionnement financier de l’AMO entre les trois organismes de prise en charge sont peu documentés.

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- Le fait que l’AMO est fondé sur un principe de mutualisation des risques. « L’AMO est fondée sur les principes de solidarité, de mutualisation des risques et de tiers-

payant. Le nouveau régime va bénéficier à toutes les personnes sans discrimination liées à l’âge, au sexe, à la nature de l’activité, au niveau et à la nature du revenu, aux antécédents pathologiques ou aux zones de résidence. Ainsi bénéficient du régime les enfants à la charge de l’assuré ou les ascendants (père et mère) dépendant totalement de lui et ne bénéficiant pas eux-mêmes du régime. » [« Assurance maladie obligatoire : Explication de textes aux enseignants », L’Essor, le 01/03/2011]

- Le principe de cotisations prélevées à partir de décembre 2010 pour des droits ouverts en mai 2011

« L’AMO doit offrir dans les conditions normales, une possibilité de prise en charge pour les fonctionnaires et autres travailleurs régis par le code du travail. Le directeur de la Canam rappelle que les législateurs de 1960 avaient prévu l’instauration d’une assurance maladie. En attendant, un régime de protection contre la maladie avait été instauré à l’INPS. (…) L’assurance maladie obligatoire (AMO) est une politique de protection sociale contre la maladie. Fonctionnant sur la base de cotisations, elle est obligatoire pour les fonctionnaires et les autres travailleurs régis par le Code du travail. L’Etat et les employeurs du secteur privé paieront une partie des cotisations (…) TICKET MODERATEUR. C’est en mai prochain qu’on ouvrira les droits à l’AMO précise-t-il. Une règle universelle de la sécurité sociale veut, en effet, que les droits ne soient ouverts qu’après 6 mois de cotisation. Concrètement, les assurés ne bénéficieront donc des avantages de la politique qu’en mai. » [« Assurance maladie obligatoire : un grand besoin de communication. », L'Essor, le 7/1/2011]

iii. Traitement du débat public autour du caractère obligatoire de l’AMO La question du caractère obligatoire de l’AMO et son articulation avec les systèmes de prise en charge des soins de santé déjà mis en place dans les entreprises ou hors entreprises ne semble se poser qu’en décembre 2010, quand viennent de débuter les prélèvements sur les salaires. C’est dans ce contexte, et pour renforcer l’adhésion de l’opinion à l’AMO, que le ministère en charge de ces politiques engage une stratégie en direction de la presse. Dès ce moment, le discours sur le Ramed (qui lui ne prête à aucune remise en cause) s’ancre dans une optique de valorisation de l’AMO.

« Pour objectif de permettre la couverture des frais de santé inhérents à la maladie et à la maternité des assurés et des membres de leurs familles en charge. (…) La mise en place de ces mécanismes procède de la volonté du Président de la République et du Gouvernement d’étendre la protection sociale… garantir la sécurité du revenu et garantir l’accès à des soins de santé de qualité acceptable et à un coût raisonnable. (…) une soixantaine de journalistes venus des régions et du District se sont familiarisés avec les contours de ces réformes majeures. Désormais, avec l’avènement de l’assurance maladie obligatoire et du régime d’assistance médicale les difficultés d’accès aux soins des travailleurs et leur famille appartiendront bientôt au passé. » [« AMO et RAMED - Le ministère de la Solidarité lance une campagne de communication », Waati, le 21/10/2010]

[« Les journalistes informés sur les mécanismes de l'AMO et du Ramed » xxx, L’indépendant, le 20/10/2010]

La presse a largement rendu compte du débat social de 2011 opposant les détracteurs de l’AMO (notamment les fonctionnaires, avec en tête de file l’union syndicale CSTM) à ses promoteurs. Parmi les 76 articles qui traitent de l’AMO sans citer la Canam, une majorité s’inscrit dans ce registre.

« L’AMO et le Ramed sont-ils mal accueillis dans le monde du travail ? La FEN (…) les rejette et observe une grève. Au Ministère de la Santé, les syndicats font grise mine même s’ils n’envisagent pas pour le moment de débrayer. » [« L'AMO et le Ramed posent problème », Scorpion, le 7/4/2011]

« Combler un déficit d’information qui a eu pour conséquence, au sein de certaines catégories de travailleurs, la contestation, voire la remise en cause, non pas du principe de l’AMO, mais des

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conditions dans lesquelles elle a démarré. » [« L'AMO conquiert la cité du Méguétan », Les Echos, le 14/12/2011]

« (…) l’AMO au Mali qui dans sa phase d’opérationnalisation après neuf mois de gestation, suscite encore des débats et interrogations auprès des bénéficiaires. » [« Forum sur l’AMO à Koulikoro (l'AMO), la sensibilisation comme cheval de bataille de la Canam », L'indépendant, le 14/12/2011]

Cf. ci-contre deux articles publiés à trois semaines d’écart dans Scorpion en 2011 (la première dans la rubrique « Scorpionnages », le 28/09/2011, la seconde dans la rubrique « Politicailleries », le 18/10/2011, qui expriment à la fois :

- la position du journal (seul à contester le caractère obligatoire de l’AMO tout en étant très favorable à ce programme comme aux autres)

- la dualité du débat public.

« Tous autour de l’AMO »

« Tous contre l’AMO »

Photographies de presse prises lors des marches/manifestations des 5 et 19 avril

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Exemples des éléments rhétoriques plus ou moins populaires/populistes du camp du « contre » « Diktat » (syndicat des enseignants) [L'indicateur du Renouveau, le 09/02/2011] « Un abus, une agression qui relève d’un autre temps » « Le caractère sacré des salaires et pensions » « L’AMO viole les droits des travailleurs. (CSTM) » [« Mise en place de l'AMO - un bras de fer entre l'UNTM et la CSTM », Waati, le 12/05/2011] « Nous disons non à l’obligation de l’assurance maladie. » [« Marche de protestation contre l'AMO - La CSTM et des syndicats affiliés s'agitent », Waati, le 07/04/2011] Slogans de la manifestation du 5 avril « Sur les pancartes on lisait ‘’AMO à bas’’, ‘’Laissez-moi mourir sans l’AMO’’, ‘‘Non à l’arnaque et à l’escroquerie’’, ‘’Protection sociale oui mais avec le consentement des travailleurs’’, ‘‘Diplomates disent non à l’AMO’’. » [« Assurance maladie obligatoire : marche de protestation », L’Essor, le 06/04/2011] Slogans de la manifestation du 19 avril « Ils brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : ‘‘Non à l’obligation de l’AMO’’, ‘‘AMO : Agence de Malversations Obscures’’, ‘‘Nos salaires sont sacrés et personnels’’, ‘’L’AMO soignera vos plaies avec une aspirine’’. ‘’D’autres criaient ‘’Au voleur !’’. » [« Assurance maladie obligatoire : les contestataires ne désarment pas », L’Essor, le 20/04/2011]

L’article ci-dessous témoigne de la verve du clan « anti-AMO », y compris dans une rhétorique de non-conformité religieuse, [« Les humeurs d’un lecteur », Les Echos, le 23/6/2011]

Ce contentieux débouchera sur un recul du gouvernement et la modification de facto du régime AMO comme assurance volontaire. Le 20 avril 2011, le Conseil des ministres décide de prendre en compte la volonté des personnes assujetties qui ne souhaitent pas bénéficier de l’assurance maladie obligatoire. Une partie de la presse, y compris l’Essor, critique ce recul perçu comme une capitulation politique plus que juridique, et une absurdité vu qu’elle crée une assurance obligatoire facultative. L’embarras du camp du « pour », et notamment de la centrale syndicale UNTM (alors que le monde syndical se pose largement dans le camp du « contre), se traduit le 13 mai par un communiqué de presse, signé par le secrétaire général Siaka Diakité, qui avalise la décision gouvernementale mais revendique la reconnaissance officielle de la réunion tripartie (position assez ambigüe de la position du syndicat, qui ne veut pas « être en reste » par rapport à la base, et qui dénonce la politisation de la mesure, la rétractation de l’Etat face à la « base »).

« Le président ATT a, quant à lui, présenté les excuses du gouvernement à ceux qui n’ont pas compris cette réforme ou qui ont été mal informés. « C’est la première fois qu’on me donne une carte d’assuré. Depuis neuf ans, je paye pour me soigner moi, soigner ma femme et mes enfants. Je présente le regret du gouvernement à ceux qui n’ont pas été touchés et qui n’ont pas compris. Ce n’est pas normal qu’on coupe quelque chose sur ton salaire sans que tu n’aies été avisé. C’est ce qui est arrivé à moi-même. Maintenant que les prestations ont commencé, il faut de la patience, l’explication et la communication pour la bonne marche de l’AMO » a déclaré ATT. »

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[« AMO - 127 805 personnes déjà immatriculées dont 53660 assurés principaux – Le démarrage des prestations a commencé le 1

er mai dans les structures sanitaires », L'indépendant, le

3/5/2011]

En 2012, la polémique syndicale autour de l’Amo et la question du retrait des affiliés est absente du discours de la presse, qui communique peu et plutôt, en écho à la stratégie de revalorisation entamée par les institutions en charge de sa mise en œuvre, sur les avantages de la réforme. Il semble d’après les articles des périodes suivantes que cette année, marquée par les troubles politiques liés au coup d’Etat du 22 mars, ait plutôt enregistré des désaffections que des adhésions à l’Amo, et que les acteurs aient pu envisager la « mort » et la suppression de cette politique. Néanmoins, un article de l’Essor stigmatise la mauvaise foi des certains qui tentent de manipuler le système : refus des cotisations mais fraudes aux prestations.

« A Gabriel Touré, on évoque également des cas de tricherie. Des assurés qui ont demandé à ne plus adhérer se présentent parfois avec leurs récépissés qui donnent aussi droit aux prestations (puisque tout le monde n’a pas encore reçu sa carte d’assuré). Mais une vérification permet de déjouer la fraude de ces assurés qui se sont retirés eux-mêmes de l’AMO. » [« Assurance maladie obligatoire : la couverture fonctionne bien dans la pratique », L'Essor, le 06/07/2012]

En novembre 2012, le nouveau directeur général de la Canam, Ankoundio Luc Togo, entreprend une série de visites auprès des partenaires de la Canam, soit les centrales syndicales, le patronat, les syndicats libres et les syndicats autonomes de travailleurs. Le nouveau DG manifeste sa volonté de dialogue et de « faire réussir » la politique Amo.

« Ces visites qui s’inscrivent dans le cadre d’un premier contact avec ces partenaires, ont pour objet de permettre à M. Togo d’insister sur son engagement et celui de ses travailleurs à consolider la réforme de l’Amo, instrument essentiel pour l’extension de la protection sociale dans notre pays. » [« CANAM - Le directeur à la rencontre des partenaires », Les Echos, le 22/11/2012]

Et de fait, M. Togo va devenir une personnalité « historique » de la Canam, qui va marquer les orientations de la structure, et notamment via le renforcement de la relation avec la presse, via notamment les partenariats avec l’ASSEP, JCAR et ICP-Mali à partir de 2015, cf. ci-dessus, pp 14-15.

[« Sélingué – L'AMO expliquée aux journalistes », Les Echos, le 28/04/2015] [« CANAM - la biométrique pour les nuls », Les Echos, le 25/04/2016] [« CANAM - JCAR : vers un partenariat gagnant - gagnant », L’Essor, le 05/05/2016] [« CANAM - JCAR Sélingué 2017 - la carte biométrique, une alternative contre la fraude »,

L'indicateur du Renouveau, le 23/05/2017] [« Système biométrique de la CANAM - des journalistes outillés », L'indicateur du

Renouveau, le 11/07/2017]

A partir de 2013, suite à l’expérience positive de certains assurés et à la stratégie de revalorisation engagée par les institutions, le bien-fondé de l’Amo et ses avantages semblent plus clairement reconnus. Les travailleurs éligibles s’y (ré-)inscrivent de façon relativement massive. Les institutions, et ainsi la presse qui communique leurs discours, vont largement commenter ce phénomène, qui finalement consacre la victoire du « pour », mais aussi la défaite définitive du camp du « contre ». La rhétorique du « retour en grâce » va être assez fréquemment utilisée, par l’Essor surtout. Dans plusieurs de ses articles, l’Essor notamment va utiliser une certaine ironie parfois subtile mais présente, à la fois sur la position de l’Etat et sur les opposants « repentis ». En novembre 2014, via la signature d’une convention entre la Canam et le ministère de la Défense et des Anciens combattants, les forces armées du Mali adhèrent à l’AMO (plus de trois ans après les manifestations de 2011). Après celle des syndicats de fonctionnaires civils et d’enseignants, l’adhésion globale des forces armées à l’Amo consacre la viabilité et la vitalité du régime. Elle sera

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notamment donnée comme l’une des causes de la santé financière et, partant, de la viabilité de la Canam.

« Un tournant décisif dans le processus d’adhésion à l’Amo. » [« CANAM - les services sanitaires des forces de défense et de la sécurité adhèrent à l'AMO », L’Indépendant, le 03/11/2014]

« Le ministre Konaté dira qu’une mission conjointe composée de cadres de son département tient des campagnes d’information et de sensibilisation sur les procédures d’adhésion et les avantages qu’offre l’Amo au sein des garnisons des régions de Koulikoro (Kati), Gao, Tombouctou, Mopti, Sikasso, Ségou, Kayes et près prochainement dans le district de Bamako. » [« AMO - Les FAMa adhèrent à l'AMO », Les Echos, le 03/11/2014]

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L’AMO a fait l’objet de très nombreuses annonces de presse Le corpus comporte 84 annonces. Toutes sans exception ont été publiées par la Canam et sont « signées » par le logo, quasiment toutes sur l’AMO, d’information (contenu technique) et/ou de communication (image). Les annonces sont de six types, des plus « informatif » aux plus « communicationnel » :

- Les modalités d’accès aux prestations de l’AMO - La prévention contre la fraude - Les annonces de forums - Les listes des établissements de soins ou d’officines pharmaceutiques conventionnés, - Des communications de type « corporate » de la Canam

De fait, la Canam a abondamment utilisé la presse comme support de communication, cf. l’introduction sur l’AMO ci-dessus. i. Les modalités d’accès aux prestations de l’AMO Ce sont de loin les plus nombreuses (env. 50/84), sous plusieurs formats, de la pleine page (rare) à des encarts plus réduits, et un contenu plus ou moins détaillé. Elles ont pour fonction de renseigner l’adhérent potentiel du fonctionnement du régime de PS, des modalités d’accès, des cotisations et des prestations.

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ii. La prévention contre la fraude

Parfois présentée aux assurés comme pouvant en être victimes : « Pour lutter contre la fraude à l’assurance

maladie obligatoire, la (Canam) a mis en place un dispositif de vérification des droits prestations de l’AMO. A cet effet, il est demandé à tous les assurés de procéder en cas de besoin à la vérification de leur droit, en appelant au numéro vert suivant : 80005550. »

Parfois de façon très directe (indication des sanctions) : « La Canam rappelle à tous que toute fraude

commise pour accéder aux prestations est punie par les dispositions de la loi N°09-015 du 26 juin 2009. »

La signature des messages est toujours la même : « La Canam sait compter sur la

compréhension de tous. »

S’en prémunir : L’Indicateur, 2013

Le spectre de la sanction : Scorpion, 2017

iii. Les annonces de forums En 2011 surtout. En bandeau en haut de page, parfois la une.

« Journée d'information et de sensibilisation à Ségou - l'AMO expliquée et comprise », L'indépendant, le 28/9/2011, rubrique « Actualités »

« Forum d'information et de sensibilisation sur l'AMO », L'indépendant, le 7/12/2011, à la une

« Forum d’information et de sensibilisation sur l’assurance maladie obligatoire », L'Essor, le 12/12/2011, rubrique « Mali »

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iv. Les listes des établissements de soins ou d’officines pharmaceutiques conventionnés, sur parfois 8 pleines pages

Liste des CSCom conventionnés, L’Essor Liste des pharmacies conventionnées, L’Essor

v. Des communications de type « corporate » de la Canam Six annonces et messages de vœux. des bandeaux ou des encarts, mais le plus souvent édités à la une des journaux, donc avec une forte visibilité.

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2.7.2. Le Ramed : un programme régulièrement abordé mais un regard très peu critique sur le discours des institutions Parmi les autres politiques publiques de protection sociale, seul le Ramed émerge, et d’ailleurs assez faiblement, soit car l’article réfère conjointement aux deux mesures de 2009, soit car le Ramed est utilisé comme « faire-valoir » de l’AMO voire de l’action de l’Etat en matière de protection sociale. Presque la moitié des rédactionnels aborde le Ramed sans citer l’Anam, souvent car il s’agit d’articles sur la protection sociale en général, où on cite le dispositif sans référence à l’organisme de mise en œuvre. En revanche, seuls deux articles traitent l’Anam sans citer le Ramed. Contrairement à la Canam, l’Anam n’a publié aucune annonce. Seul un article (d’ailleurs critique) présente le logo de l’Anam.

Les entretiens montrent qu’une partie des journalistes, y compris certains directeurs de publication, ont une vision assez floue du Ramed (le « programme pour les indigents »), voire deux d’entre eux confondent l’Anam avec la Canam.

Chronologie des articles rédactionnels faisant au moins une référence au Ramed 61 articles traient du Ramed, avec une certaine constance selon les années et deux « pics » en 2011, année du lancement, et 2014. Le rythme de parution est cependant très irrégulier, avec de 0 à 6 articles selon les trimestres.

Le Ramed est surtout traité par les grands quotidiens généralistes (les Echos, L’Essor, L’Indépendant). On note son absence des tribunes de l’Indicateur du Renouveau, et le faible intérêt porté par les deux hebdomadaires. 57 rédactionnels sur 64, soit 90%, sont liés à l’actualité. 7 sont des articles spontanés, dont un seul relève de l’enquête ; de plus, ces articles traitent plutôt de l’AMO voire d’autres termes de la protection sociale. 12, soit 1/5, sont factuels et « sans opinion ». 66% d’entre eux ont une vocation pédagogique et/ou de réflexion. Le Ramed n’a ainsi pas été un réel sujet de réflexion journalistique, mais plutôt un objet de plaidoyer.

Journaux et types d’articles rédactionnels ayant cité le Ramed

Ramed seul

Ramed et Anam

Anam seule

0

5

10

15

2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017

19

24

11

0 6 4 Les Echos

L’Essor

L’Indé-pendant

L’Indicateur

Waati

Scorpion

Enquête

Pédagogie

Réflexion

Critique

Plaidoyer

Satisfecit

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La presse explicite notamment :

- L’ancrage du Ramed dans la politique générale de protection sociale engagée au Mali « Pour rappel, le ministre social a précisé que le Gouvernement de la République du Mali, en

adoptant en 2002, la déclaration de politique de protection sociale et son plan d’action de la protection sociale, voulait concrétiser la volonté politique, d’assurer une couverture sociale à chaque Malienne et Malien – conformément à notre constitution. « C’est dans le souci de concrétiser davantage (…) une réforme majeure en adoptant la loi n°09-030 du 27 juillet 2009 portant institution du Régime d’Assistance Médicale. » [« Mois de la solidarité : lancement officiel de l'Anam - assister médicalement les démunis », Scorpion , le 26/10/2011]

- Les dispositifs règlementaires essentiels o Lois 09-030/AN-RM et 09-031/AN-RM du 27 juillet 2009 qui instituent le Ramed et

l’Anam

- Le caractère non contributif et les prestations fournies « En fait l’Anam est le contraire de l’AMO qui prend en charge 70% des frais ambulatoires d’un

travailleur malade, 70% des frais de médicaments et 80% des frais d’hospitalisation. A l’opposé, l’Anam doit couvrir à 100% les frais de médicaments, d’hospitalisation et ambulatoires des personnes pauvres. »

« Contrairement à l’AMO, le Ramed n’est pas contributif. C’est une mesure permettant aux personnes indigentes de bénéficiaire d’une prise en charge médicale gratuite lors des épisodes de maladie. (…) L’Etat et les 703 communes financent le Ramed respectivement pour 65% et 35%. En 2011, ces contributions devront s’élever à plus de 5 milliards de F CFA. » [« AMO et Ramed ! Atténuer le poids des ordonnances médicales », Les Echos, le 25/1/2011]

- La définition et l’estimation de la cible bénéficiaire

« Une personne qui n’a aucun moyen de survie ou qui n’a aucun soutien dans la société. Selon des statistiques, les indigents représentent 5% de la population malienne. »

« Selon les études, ce sont 5% de la population du pays, estimé à 587 835 personnes indigentes qui vont bénéficier des fonds du Ramed. L’extension du Ramed est graduelle. Dans un premier temps, ce sont d’abord les personnes malades indigentes des six communes de Bamako et celles des communes de chef-lieu de cercle qui seront couvertes. » [« AMO et Ramed ! Atténuer le poids des ordonnances médicales », Les Echos, le 25/1/2011]

« Il s’agit des personnes démunies appelées indigents et des bénéficiaires de droit que sont certaines catégories de personnes en situation difficile comme les prisonniers, les personnes socialement assistées (les pensionnaires des établissements de bienfaisance qu’ils soient publics ou privés), les personnes sans domicile fixe. » [« Les médecins des régions du nord à l'école de l'Anam », Les Echos, le 1/7/2014]

- Les modes de financement : 65% à la charge de l’Etat, 35% à la charge des collectivités

territoriales « … des questions sur les paniers de soins, - la prise en charge des cas de maladie hors du

territoire ‘Mali’, - l’identification des indigents – la mobilisation des ressources financières au niveau des communes – la participation des collectivités. » [« Ségou : la protection sociale et l'AMO en débats », L'Essor, le 27/1/2011]

- Les processus d’identification et d’immatriculation des bénéficiaires

o La personne fait la demande au maire qui transmet à son service social pour enquête sur la base de critères d’indigence prédéfinis (« habitation habillement et alimentation entre autres »)

o Certificat d’indigence indigent immatriculé au niveau de l’Anam contre récépissé o Carte d’assuré Ramed

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o La loi donne aussi à l’agence la possibilité de mener une contre-enquête dans un délai de 15 jours pour confirmer ou infirmer le statut d’indigent « Il faut rappeler que l’AMO est complétée par le Ramed. Ce dispositif est destiné à la prise en

charge des seuls indigents reconnus comme tels par les collectivités. (…) Le ministre s’est rendu à la DRDS. Cette structure doit mener les enquêtes sociales pour établir l’indigence d’une personne. Cette enquête est effectuée à la demande de la personne auprès des collectivités locales. C’est après que les collectivités peuvent délivrer le certificat d’indigence, afin que la personne bénéficie d’une prise en charge par le Ramed en cas de maladie. » [« Assurance maladie obligatoire : le bon tempo à Kayes », L'Essor, le 9/7/2013]

- La gestion des dossiers de demande de remboursement de prestations

- Le fonctionnement en articulation avec les services de santé

« (…) ce qui reste à faire avant la mise en œuvre de l’assurance maladie (…) mise à niveau des stocks dans les formations sanitaires, information du traitement des dossiers, formation sanitaire proprement dite et le conventionnement des formations sanitaires. » [« Sensibilisation sur l'AMO - les formations sanitaires informées par la tutelle », Les Echos, le 4/4/2011]

- Les résultats, qui fournissent les rares mentions du programme Jigisèmèjiri, via la décision de

transférer les bénéficiaires d’un programme à l’autre. « En 2015, 38 559 personnes ont été immatriculées au registre d’assistance médicale dont

35 628 indigents et 2 772 admis de droit, et 159 ayant doits de victimes de guerre. Au cours de l’année écoulée, 102 505 bénéficiaires ont été immatriculés au Ramed parmi lesquels 15 135 ont bénéficié de prestations gratuites dans les structures publiques et communautaires de soins de santé. Et quelque 71 880 indigents sont en cours d’immatriculation dans les 8 cercles de régions de Sikasso et Mopti en partenariat avec l’Unicef. (…) L’évaluation à mi-parcours du Ramed indique que 65 299 bénéficiaires ont été enregistrés au Ramed au courant de l’année 2016, soit 72% des 90 500 immatriculés. De plus, ajoutera le ministre, 6800 dossiers de prestations ont été remboursés aux structures de soins de santé pour un montant de plus de 132 millions de FCFA. (…)Il a indiqué que pour le programme de « Jigisémé jiri » 65 000 ménages pauvres et leurs ayants droit seront enrôlés au Ramed. » [« 10

ème session ordinaire de son conseil d’administration -

L'Anam enregistre cette année un taux de croissance de 8,75% », L'indépendant, le 8/2/2016] « 38 559 bénéficiaires dont 35 628 indigents, 2 772 admis de droit et 159 ayant doits de

victimes de guerre. (…) 65 000 ménages pauvres et leurs ayants droit seront enrôlés au Ramed dans le cadre du programme « Jigisèmèjiri. (…) Le ministre (…) a loué les efforts faits par l’Etat adoption en conseil des ministres des projets de modification des textes (…) portant essentiellement sur l’extension du bénéfice de la réforme aux blessés à l’occasion de conflits armés et de catastrophes, la diversification des sources de financement du Ramed à travers la contribution des établissements publics et financiers et l’augmentation de la durée d’éligibilité des bénéficiaires. » [« Anam : pas encore le plein régime », L'Essor, le 8/2/2016]

- Les problèmes rencontrés dans la mise en œuvre :

o La faible pro-activité des bénéficiaires et les lacunes dans l’identification/immatriculation par les mairies et les DRDS

o Le fait que les collectivités ne s’acquittent pas de leurs contributions o « la timidité relative des communes à mobiliser les contributions des collectivités

territoriales au financement du Ramed o L’absence de financements « innovants ». o L’insuffisance de ressources humaines, compétences liées à l’absence de ressources

propres o La non disponibilité de certains médicaments au niveau des structures de soins de

santé o La timidité des prestations médicales dans les centres de santé communautaire

[« Régime d'assistance médicale : encore des difficultés », L'Essor, le 4/2/2014], 210

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« Une vaste campagne de communication pour informer et sensibiliser le maximum de bénéficiaires pour un accroissement significatif du volume des immatriculations. » [« Conseil d'administration de l'Anam : le budget 2014 se chiffre à plus de 2 milliards de fcfa », Waati, le 27/3/2014]

« Réforme d’envergure à promouvoir. (…) Le régime d’assistance médicale des personnes en situation difficile… (…) mérite une volonté affichée des plus hautes autorités et un accompagnement sans faille des partenaires, si l’on veut gagner le pari de l’accès de tous aux soins de santé » [« Conseil d'administration de l'Anam : le budget 2014 se chiffre à plus de 2 milliards de Fcfa », Waati, le 27/3/2014]

- Les démarches et événements institutionnels organisés pour améliorer la mise en œuvre - Les CA et les résultats - L’extension des cibles : déplacés du Nord, militaires, Jigi dans le Ramed, voire partenariat

avec l’UNICEF - Les modifications règlementaires

o 1 à 3 ans o Partenariats o Etc.

« Cette session a été l’occasion de rappeler les efforts de l’Etat à travers l’adoption des projets de modification des textes régissant le Ramed et l’Anam. » [« Conseil d’administration de l’Anam - Le Ramed promet de belles avancées pour 2017 », Les Echos, le 7/11/2016]

- Planification selon le cadre 2017 :

o Etendre le Ramed à toutes les régions du Mali et particulièrement aux régions du nord du Mali,

o Renforcer la gestion axée sur les résultats et l’obligation de rendre compte, o D’immatriculer et d’assurer la prise en charge médicales des personnes déplacées

internes retournées et des rapatriés identifiés en situation de précarité. Le Ramed a souvent été utilisé comme faire valoir au principe d’universalité de la protection sociale. Ses fonctions s’inscrivent dans celles de la protection sociale : lutte contre l’exclusion sociale et la pauvreté, cohésion et solidarité.

« Cette situation n’a en rien entamé de la volonté de la direction de l’agence de faire du Ramed un puissant levier de lutte contre l’exclusion sociale et la pauvreté par une prise en charge médicale efficiente des indigents et des bénéficiaires de droit. » [« Conseil d'administration de l'Anam : le budget 2014 se chiffre à plus de 2 milliards de fcfa », Waati, le 27/3/2014]

« Le Ramed est un dispositif public non contributif qui assure la couverture du risque maladie des personnes démunies appelées indigents. De ce fait il constitue véritable instrument de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. » [« Les médecins des régions du nord à l'école de l'Anam », Les Echos, le 1/7/2014]

« Cet élan de solidarité est un facteur de cohésion sociale pour notre pays au sortir d’une crise multidimensionnelle dont les stigmates restent encore visibles. » [« L’Agence nationale d'assurance maladie : s'adapter au contexte social », L'Essor, le 7/11/2016]

Son existence même montre que la politique nationale ne s’intéresse pas qu’aux élites, et que l’Etat finance la prise ne charge du risque maladie pour les indigents.

« L’AMO va de pair avec le Régime d’assistance médicale (RAMED), qui couvre les indigents. A ce niveau la prise en charge est entièrement assurée par l’Etat (65%) et les collectivités (35%). Ce régime de protection sociale complète le tableau. » [« Assurance maladie obligatoire : un grand besoin de communication », L'Essor, le 07/01/2011, 236]

« Avec l’ambition de couvrir plus de 21% de la population, l’Amo et le Ramed sont deux dispositifs qui sont appelés à assurer la couverture du risque maladie à une grande partie de la population malienne. » [« Forum sur l'Amo à Koulikoro (l'AMO), la sensibilisation comme cheval de bataille de la CANAM », L'indépendant, le 14/12/2011, 281]

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« Au cours de ces échanges, le ministre a également apporté des précisions utiles sur l’AMO et le RAMED, en expliquant que la première assurance est un régime contributif de solidarité alors que le second est un régime non contributif financé par l’Etat pour la prise en charge des indigents. » [« Assurance maladie obligatoire : des pharmaciens à rassurer », L'Essor, le 13/03/2014, 211]

De nombreux articles reprennent des discours où le Ramed est utilisé comme élément probatoire du bien-fondé de l’Amo. Les titres de ces articles sont d’ailleurs focalisés sur l’Amo.

- En juin 2011, l’Essor consacre un article pleine page sur le bien-fondé de l’Amo. Le Ramed n’est cité qu’en toute fin et occupe les 7 dernières lignes de la 5ème colonne.

« L’AMO est théoriquement une avancée dans la politique de protection sociale dans notre pays. Elle va de pair avec le Ramed qui couvre les indigents. A ce titre, les contributions sont assurées par l’Etat (65%) et les collectivités (35%). » [« Assurance maladie obligatoire : le souci de la prise en charge du risque maladie », L’Essor, le 08/06/2011]

- Le 17 novembre 2014 au foyer de l’Armée de l’air, le Ramed (avec pour la circonstance une mention aux mutuelles de santé) est cité dans une perspective de persuasion des forces armées de « revenir » dans le giron de l’Amo.

« L’Amo a créé des conditions appréciées d’accès à des soins de qualité dans notre pays. (…) aujourd’hui le dispositif Amo soulage. Il est complété par le Ramed destiné à la prise ne charge des indigents reconnus comme tels. Les deux régimes étaient, avec les mutuelles de santé et l’assurance volontaire de l’INPS, au cœur d’une journée de sensibilisation. (…) la journée visait à obtenir l’adhésion des Forces armées à l’Amo. Elle leur aura permis de s’imprégner du processus du Ramed ainsi que du statut des personnes assujetties à l’Amo. (…) par les différents mécanismes qu’elle met en œuvre, la protection sociale contribue à la réduction de la pauvreté et à la lutte contre l’exclusion sociale grâce à ses fonctions de redistribution des revenus et de prise en charge du point de vue santé. » [« Sécurité sociale : l'AMO expliquée à l'armée de l'air et à la gendarmerie », L'Essor, le 26/11/2014, 217]

Cette association très fréquente de la part des promoteurs/défenseurs) de l’Amo dès 2011 semble même parfois créer une certaine collusion avec ce dispositif, ce qui se traduit notamment dans les termes de la contestation des syndicats.

« L’Amo et le Ramed sont-ils mal accueillis dans le monde du travail ? la FEN (…) les rejette et observe une grève. Au Ministère de la Santé, les syndicats font grise mine même s’ils n’envisagent pas pour le moment de débrayer. (…) Le département de la santé a organisé au CICB, une rencontre d’information sur l’AMO et le RAMED à l’intention de ses travailleurs. Les toubibs syndicaleux qui n’ont pas eu droit à des interventions contradictoires ont tout simplement préféré rester à la maison. Par ce geste, ils entendaient protester contre l’imposition de l’AMO et du RAMED dans le monde du travail par le gofernement. » [« L'AMO et le Ramed posent problème », Scorpion, le 07/04/2011, xxx]

Au final, les articles sur le Ramed permettent assez mal de saisir les enjeux du programme. Ce dernier a bénéficié d’un soutien quasiment inconditionnel de la presse vu sa dimension fortement morale voire émotionnelle (l’aide aux indigents) et a été peu problématisé. Les difficultés de fonctionnement ayant conduit à un très faible taux d’immatriculation ne sont jamais réellement questionnées, ni la question budgétaire (importance respective des fonds alloués par l’Etat et les collectivités, problèmes de mise en œuvre liés au non-paiement par ces dernières), ni la pertinence d’immatriculer les bénéficiaires du programme de filets sociaux jigisèmèjiri.

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2.7.3. La mutualité (mutuelles/UTM) : un sujet périphérique, peu impliquant pour la presse et traité de façon diffuse

Chronologie des articles rédactionnels faisant au moins une référence à la mutualité L’intérêt de la presse a été faible, très irrégulier et est globalement en baisse. Seulement 30 articles mentionnant les mutuelles/la mutualité ont été publiés sur la période, soit moins d’un article par trimestre. De fait la presse a traité ce dispositif en 2009, en 2011 et autour de 2014.

Ce sont essentiellement les trois grands quotidiens généralistes et l’hebdomadaire Scorpion (soit ceux qui ont également le plus abordé le Ramed) qui ont abordé la question des mutuelles. Celle-ci n’est traitée que dans un seul article de L’Indicateur du Renouveau et dans aucun de Waati. De plus, elle est souvent abordée de façon très factuelle, sans réflexion sur la politique ou la question mutualiste même. 85% des rédactionnels sont liés à des événements, et les mutuelles sont très peu développées dans les articles de réflexion, d’investigation, y compris sur la protection sociale en général. Elles y sont, le plus souvent, simplement citées aux côtés des autres politiques.

Journaux et types d’articles rédactionnels ayant cité les mutuelles

Trois types de références à la mutualité : i- Les passerelles entre mutuelles et AMO Lors du lancement de l’AMO, la presse fait écho aux questionnements des assurés déjà couverts par une mutuelle.

« Le Segal de l’UNTM « a développé plusieurs traits ayant lieu à l’amélioration des conditions de vie des travailleurs. (…) L’UNTM est par contre favorable à l’AMO qui est l’aboutissement d’une de ses revendications. Mais elle s’inquiète de la bonne gestion des ressources financières générées par l’AMO et de la qualité des prestations offertes aux assurés. (…) la situation des travailleurs déjà membres de mutuelles a été largement débattue. Siaka Diakité a expliqué que ceux-ci

peuvent bénéficier des avantages de l’AMO tous en restant assurés par leur mutuelle. » [« Le secrétaire général de l'UNTM à Sikasso : utiles explications. », L'Essor, le 02/08/2011]

0

5

10

Les Echos

L’Essor

L’Indé-pendant

L’Indicateur

Waati

Enquête

Pédagogie

Réflexion

Critique

Plaidoyer

Satisfecit

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Ex. le 22 février 2013, une convention de partenariat est signée entre la Canam et la Mutec, mutuelle à forte identité, cf. la présence de deux ministres et de personnalités d’importance. L’article des Echos rappelle que la Mutuelle des travailleurs de l’éducation nationale et de la culture (Mutec) a été créée en 1987, dirigée par le Président Alpha Oumar Konaré. Elle a engendré un centre de santé en 1990 situé au Quartier du Fleuve à Bamako. Il n’explicite pas les termes techniques de la convention, mais en pose plutôt les principes moraux. Il introduit le concept (inédit) de « couverture géo-administrative ».

« Pour développer la solidarité nationale, la Mutuelle des travailleurs de l’éducation et de la culture (Mutec) et la Canam ont signent un partenariat gagnant-gagnant au profit de l’assurance maladie. Un nouveau pas a été franchi dans l’’extension de la couverture ‘’géo-adminitrative’’ de l’assurance maladie vendredi dernier avec la signature avec la signature d’un partenariat qui se veut fonctionnel entre la Mutec et la Canam. (…) Sa création (Mutec) a suscité beaucoup d’espoirs, car elle était restée l’alternative la plus sûre pour les travailleurs de prendre en main leur destin. Mais, malgré sa volonté, la Mutec n’a pas réussi à faire tâche d’huile sur toute l’étendue du territoire national. Sous cet angle, l’AMO tombe comme du pain béni aux yeux de M. Magassa. » [« Solidarité nationale - Mutec et Canam promeuvent l'assurance maladie », Les Echos, le 25/02/2013]

ii- La pédagogie sur la mutualité elle-même, et l’actualité mutualiste (de fait, un nombre très réduits d’articles) La presse donne globalement la définition d’une mutuelle (principe d’association, non normalisé, la tutelle de l’UTM). En 2011 surtout, les mutuelles couvrant d’autres risques que la santé, on parle de mutuelles sociales, avec de multiples fonctions de protection sociale (retraite, chômage, dépenses catastrophiques, etc.).

« La promotion et la bonne gouvernance des mutuelles sociales vont améliorer l’accès des populations aux services sociaux de base » [« Couverture sanitaire universelle : le nécessaire engagement des parlementaires », L'Essor, le 18/3/2014]

Les prestations couvertes sont parfois décrites, sachant que la multiplicité des types de mutuelles fait de chacune d’elle un cas spécifique.

« La participation responsable de tous les membres est indispensable au bon fonctionnement de la mutuelle (qui) est un regroupement d’individus qui cotisent pour faire face à leurs propres problèmes comme la santé, le chômage, la retraite (…) Le président de l’Unafom explique qu’un fonds de solidarité sera disponible mais pour en bénéficier il faut être membre de la mutuelle. La mutuelle dont il est question ne sera pas gérée par son association mais par l’UTM. Pour l’alimenter, les initiateurs pensent d’ores et déjà aux recettes de matches de gala, des contributions des partenaires et autres donateurs. » [« Unafom-UTM : une mutuelle au secours des anciens footballers », Les Echos, le 7/3/2011]

Quelques articles expliquent en 2011 les modalités et procédures de constitution, d’agrément et d’immatriculation des mutuelles sociales et de leurs structures faîtières. Le règlement d’exécution relatif aux règles prudentielles portant sur les risques et les coûts, les mécanismes de garantie et le contrôle de fonctionnement des mutuelles sociales et de leurs structures faîtières. Les contraintes de la viabilité des mutuelles et les modes de financement sont parfois rappelés.

« L’adoption d’un texte communautaire ne suffisant pas à garantir sa mise en œuvre sur le terrain, la commission de l’UEMOA a élaboré un programme d’information et de sensibilisation sur les textes de la mutualité sociale. »… pour que les acteurs s’approprient le contenu. » [« La mutualité sociale dans l'UEMOA : une règlementation uniforme en marche », L'Essor, le 14/9/2011]

« En plus des échanges qui seront menés autour du contenu, les participants sont ainsi appelés à identifier concrètement les actions à entreprendre aussi bien par le gouvernement que par les mutualistes, afin de mettre en place les structures et les outils nécessaires à une gestion

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rationnelle des mutuelles sociales. (…) a estimé que c’est dans un environnement de confiance que les mutuelles s’imposeront comme un facteur d’accessibilité de la majorité de la population aux services sociaux de base. » [« La mutualité sociale dans l'UEMOA : une règlementation uniforme en marche », L'Essor, le 14/9/2011]

« A ce moment UTM « compte plus de 60 000 adhérents et a dépensé plus de 100 millions de Fcfa dans le cadre de l’assurance-maladie. (…) a signé un accord avec plus de 120 pharmacies au mali. Il a expliqué l’assurance maladie volontaire, crée en 1999. » [« Unafom-UTM : une mutuelle au secours des anciens footballeurs », Les Echos, le 7/3/2011]

En 2015, Les Echos citent le cas de la mutuelle de Sana, dans le cercle de Macina, qui compte 250 adhérents pour 677 bénéficiaires. La mutuelle couvre 70% des soins ambulatoires et 80% des soins en hospitalisation et accuse un manque de recouvrement des cotisations (27% des 1.9 millions de Fcfa attendus), face à des dépenses de plus de 500 000 Fcfa pour les adhérents à jour. La dotation de l’Etat et de l’UTM s’élève à 2.9 millions de Fcfa. La mutuelle présente ainsi un bilan financier excédentaire de 1.9 millions de Fcfa, pour autant les responsables mutualistes s’inquiètent de l’impossibilité pour de nombreux adhérents de bénéficier des prestations. La pauvreté d’un milieu agricole marqué par de mauvaises récoltes est citée comme cause du non-paiement des cotisations, ainsi que, rappel, la gratuité des soins pour les enfants de moins de 5 ans, perçus comme une concurrente de la mutualité.

« Sans les subventions de l’Etat et de l’UTM, la mutuelle de santé de Saye, le seule de l’inter-fleuve, n’en mènerait pas large. » [« Saye - la mutuelle de santé sous perfusion », Les Echos, le 05/05/2015]

A l’inverse, Scorpion cite le cas de la Mutuelle de la protection civile, qui pour près de 2 000 adhérents a encaissé plus de 70 millions de cotisations (soit environ 3 000 Fcfa par adhérent et par mois), avec des dépenses de 10 millions de Fcfa au titre de décès et de prestations en sucre pour le Ramadan et en nature (100 000 Fcfa pour la Tabaski, Pâques et Noël). La mutuelle envisage un projet lié à l’habitat, ce qui rehausserait les cotisations à 5 000 Fcfa.

[« 8ème session de la mutuelle de la protection civile : un mouvement ouvert sur les besoins sociaux de ses adhérents », Scorpion, le 01/03/2017]

De façon très anecdotique, la presse peut s’intéresser à ces mutuelles particulières, et ce à titre très divers : En janvier 2011 (reprise tel quel d’un article rwandais) sur un exemple rwandais de mutuelle d’éleveurs, en explicitant le fonctionnement mutualiste (cotisation – prestation) et le bénéfice : le fait que cette organisation a abaissé la mortalité animale.

[« Rwanda – Une mutuelle de santé pour les vaches », Les Echos, le 27/01/2011]

En 2013, sur un programme test de 6 mois concernant l’affiliation à une mutuelle de santé de 600 réfugiés de divers pays africains financé par l’UNHCR à hauteur de 4,2 millions de Fcfa, au sein d’autres dispositifs de prise en charge de la santé (populations vulnérables, PVVIH). Les mutuelles d’affiliation ne sont pas citées

« L’UNHCR, l’UTM ainsi que l’Association des anciens volontaires des Nations Unies (AAVNU) ont signé jeudi (…) une convention de partenariat pour l’affiliation de 600 réfugiés urbains à une mutuelle de santé. (…) Il s’agit d’insérer les réfugiés dans la politique nationale de la santé, créer dans l’esprit des réfugiés un sens des responsabilités pour des questions de santé afin de les préparer à se prendre en charge au moment du désengagement du HCR. » [« Mutuelles de santé : 600 réfugiés urbains parrainés par l'UTM et le HCR », L'Essor, le 30/04/2013]

En 2014, sur la mutuelle des enseignants maliens du Gabon (Memag). Un premier article à l’occasion de la création de la mutuelle, qui rappelle que la décision de fondation a été prise suite au décès de l’un d’entre eux et de la nécessité de couvrir les frais de rapatriement du corps. Le second à

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l’occasion de la première AG, 6 mois après sa création. La mutuelle envisage de demander des négociations entre la Canam et son homologue gabonais afin que les retraités puissent bénéficier de leurs droits au Mali. Elle envisage la création de projets.

[« Mutuelle des enseignants maliens du Gabon (Memag) - nos compatriotes décidés à cultiver le vivre-ensemble », L'Indépendant, le 16/01/2014]

« Les enseignants maliens du Gabon, six mois après le création de leur mutuelle, ont tenu leur première AG ordinaire (…) Au cours de cette retrouvaille fraternelle et conviviale, nos compatriotes se sont montrés plus unis et plus solidaires pour construire ensemble une vie digne et prospère, à l’abris des ennuis ou de la peur. » [« Mutuelle des enseignants maliens du Gabon (Memag) - nos compatriotes plus unis et solidaires », L'Indépendant, le 04/07/2014]

Fin 2014, sur les résultats de la Mutuelle de l’aviation

« Au titre de l’année 2013, la Mutuelle de l’aviation a investi dans le volet retraite la bagatelle de 384.3 millions de Fcfa. Quant au volet santé, il a mobilisé 96.2 millions de Fcfa. La Mutuelle est excédentaire de 9.6 millions de Fcfa. (…) Le secrétaire permanent a sollicité l’appui de l’Union technique de la mutualité et de ses partenaires extérieurs, afin de ‘’permettre aux mutualistes de divers horizons que nous sommes de faire face à notre lutte commune contre la pauvreté, la maladie, l’exclusion sociale et le sous-développement ‘ (…) La Mali est le premier pays africain à avoir légiféré dans le domaine de la mutuelle dès février 1996’’. » [« La mutualité sociale dans l'UEMOA : une règlementation uniforme en marche », L'Essor, le 04/11/2014]

iii- L’action de plaidoyer du secrétaire général de l’UTM, Issa Sissouma, souvent présent lors d’événements de réflexion et d’ateliers (ICP-Mali, World Vision), etc. Mais bien que la fonction de cette personnalité au sein de l’UTM soit mentionnée, les plaidoyers concernent la protection sociale dans son ensemble, notamment dans le cadre de la CMU, et les divers dispositifs sont listés sans accent mis sur la mutualité. Même le débat sur l’extension de la PS aux milieux informel et rural met plutôt l’accent sur une évolution de l’AMO que sur la promotion des structures mutualistes. Si un discours pro-mutuelles a été spécifiquement porté par l’UTM, il n’a pas été relayé par la presse. Au final, l’information délivrée sur la mutualité et les mutuelles est très diffuse, très peu politique, souvent de type anecdotique (sauf pour la Mutec, ce qui découle certainement du statut de la mutuelle, cf. les ministres et personnalités présentes lors de la cérémonie marquant la convention avec la Canam), et permet très peu d’appréhender la situation du réseau mutualiste, ses enjeux, le fonctionnement réel des mutuelles et les avantages potentiels pour les lecteurs. Ce qui peut également se comprendre car le lectorat principal des journaux, fonctionnaires et salariés urbains, sont peu (et de moins en moins) concernés par les mutuelles du fait même de leur (ré-)adhésion à l’AMO.

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2.7.4. Les autres volets de la protection sociale suscitent très peu d’intérêt et semblent avoir été sciemment ignorés de 2011 à 2013. En 2009 et 2010, les autres volets de la protection sociale, dont les politiques nationales d’exemption de soins de paiement (qui ont été pratiquement encensées par la presse durant toute la période 2005-2009) et les filets sociaux, ont encore « droit de cité » dans les discours institutionnels et donc de la presse sur la protection sociale.

- Les politiques de gratuité sont détaillées et valorisées dans l’article de l’Essor qui annonce l’adoption du projet de loi portant création de l’AMO à l’Assemblée nationale. En décembre 2010, les contours de la couverture offerte par l’AMO, présentée par la Canam et le CNPM aux chefs d’entreprises privées, tiennent clairement compte des soins déjà pris en charge dans le cadre des exemptions.

« L’institution de ce mécanisme constitue une étape majeure dans le renforcement du système national de protection sociale (…) En dehors de quelques facilités accordées à certaines catégories, on constate une insuffisance notoire en matière de protection sociale contre la maladie en particulier. Aujourd’hui, il existe l’exemption de paiement de 80% du lit d’hôpital pour les salariés, la gratuité de la césarienne, des ARV et de certaines vaccinations chez les enfants et les femmes en état de grossesse, l’instauration du paiement du demi-tarif pour les consultations chez les personnes âgées. » [« Assemblée nationale : L’assurance maladie obligatoire est votée », L’Essor, le 15/06/2009]

Les évacuations sanitaires ne sont pas non plus dans son champ d’action et les maladies traitées ne concernent pas celles déjà prises en charge par l’Etat (césarienne, tuberculose, sida et cancer, etc.). » [« AMO - Le patronat sensibilise les employeurs. Les Echos, le 05/11/2010]

- Le ministre du MDSSPA cite en avril 2010 les programmes de filets sociaux de sécurité, dont les transferts monétaires, le développement des programmes HIMO, les cantines scolaires. En mai, le compte rendu du forum national sur la pauvreté des enfants et la protection sociale au Mali propose encore une vision intégrée de la protection sociale, à travers ses multiples dimensions.

[« Plan d’action national d’extension de la protection sociale 2010-2014 – Bientôt son adoption par le gouvernement », Waati, le 29/04/2010]

« Au cours de cette rencontre de trois jours, les participants échangeront sur des questions de protection sociale à savoir la réduction des frais de l’enseignement primaire, les transferts de revenus aux pauvres, l’assurance maladie, la sécurité sociale. Ce qui constituera une nouvelle étape devant permettre l’engagement des décideurs dans la réduction des inégalités persistantes à travers des initiatives nouvelles pro-pauvres. » [« Pauvreté des enfants et Protection sociale au Mali : Le coup d’envoi des assises donné hier par le Premier ministre Modibo Sidibé », L’Indépendant, le 13/05/2009]

Pour autant, ces deux domaines de la PS vont être absents des discours relayés par la presse au cours des quelques années suivantes. A partir de 2013, les filets sociaux sont à nouveau évoqués dans le cadre de la CMU. Le programme d’Etat Jigisèmèjiri qui les met en œuvre est mentionné en 2016, lors de la décision d’immatriculer les bénéficiaires des transferts monétaires au Ramed.

« Selon le représentant du ministère de la Santé, des résultats encourageants ont été enregistrés dont entre autres, l’instauration d’une AMO (…) l’instauration d’un Ramed ; l’amélioration des institutions classiques de sécurité sociale ; le renforcement des actions de solidarité et de la mutualité et la mise en place des programmes et projets de filets sociaux et le développement de la micro-finance. Il a indiqué que le Mali a souscrit à plusieurs instruments internationaux sur la protection sociale dont la contribution de chacun est nécessaire pour la réalisation des différents objectifs. » [« Concertation sur la protection sociale : l'Union technique de la Mutualité pour renforcer l'efficacité des différentes actions », L'indépendant, le 29/1/2016]

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Les politiques de gratuité réapparaissent également dans les discours en 2013, notamment ceux portées par l’ONG Save The Children. Mais elles sont ignorées par les institutions étatiques, voire elles sont parfois citées comme des mesures contraignantes. Un article semble même renvoyer ces politiques au passé (« auparavant »).

« L’hôpital régional de Sikasso encaisse en moyenne 3 millions de Fcfa sur les consultations, les hospitalisations et les ordonnances des assurés de l’AMO (…) les responsables ont souligné le casse-tête constitué auparavant par la gestion des gratuités. » [« Assurance maladie obligatoire : regain d'intérêt à Sikasso », L'Essor, le 29/07/2013]

« Des efforts ont été entrepris dans ce domaine grâce notamment à la création ainsi qu’à la mise à l’échelle des CSCOM, la prise en charge des traitement du paludisme des enfants de moins de 5 ans et des femmes enceintes. S’y ajoutent la gratuité de la césarienne, la mise en œuvre de l’AMO, le Ramed et l’appui aux mutuelles de santé. » [« Couverture sanitaire universelle : le nécessaire engagement des parlementaires », L'Essor, le 18/3/2014]

« Au chapitre des difficultés, les responsables de la Mutuelle ont dénoncé (…) ou encore la gratuité des soins en cours pour les enfants de moins de 5 ans et aux femmes enceintes, assurés par l’ONG Terre des Hommes, qui a dû siphonner des cibles potentielles, dont les cotisations pour une bonne part n’ont pas été renouvelées. » [« Saye - la mutuelle de santé sous perfusion », Les Echos, le 05/05/2015]

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3. Conclusions La presse est ouvertement favorable aux politiques de protection sociale, à la fois par bienveillance, par intérêt et par des formes d’autocensure. L’adhésion globale de la presse aux politiques de protection sociale se manifeste clairement par la tonalité des articles : le souci de pédagogie, la composante de plaidoyer voire de satisfecit (ton ironique sur le retour des « pénitents » au sein de l’AMO, phrases d’introduction d’articles posant comme autant d’évidences le bien-fondé des politiques), la faible part de la critique. (ex. critiques frontales des Echos). Une partie de la critique est elle-même, au final, en faveur des politiques, puisqu’elle pousse à des évolutions qui sont celles préconisées par les institutions (ex. conventionnement des structures privées par la Canam, élargissement des prestations). Les remises en cause sont très rares, principalement publiées par un quotidien. Le discours journalistique sur la protection sociale est très parcellaire. La presse elle-même produit très peu de discours. Les journalistes maîtrisent relativement mal les aspects techniques de la protection sociale, du fonctionnement des institutions, des contours des politiques. Le contenu est le plus souvent une compilation de données et commentaires fournis par les discours, les communiqués de presse voire les documents de synthèse spécialement préparés pour la presse. Les informations techniques sont ainsi relativement récurrentes au fil des articles et restent souvent factuelles, avec des niveaux d’analyse superficiels et très peu de problématisation. L’adhésion très majoritaire des journalistes aux politiques induit un discours commun et une absence de débat d’opinion. De plus, les journaux engagent très peu d’enquête ou d’investigation. Le compte rendu de l’actualité est conditionné à la publicité de cette dernière, à travers l’organisation d’événements où la presse est invitée voire à destination même des journalistes. La presse a sciemment été utilisée comme canal de communication par les institutions, étatiques surtout (ministère du DSSPA et suivants, Canam), qui ont développé des stratégies de communication élaborées, et tissé des relations étroites avec la presse, jusqu’à en faire des partenaires. Au final, l’information délivrée au lecteur est le plus souvent celle que les institutions ont voulu lui communiquer. La lecture de la presse permet d’apprécier l’évolution de la perception de la protection sociale, ancrée en début de période dans les valeurs humaines et sociales (solidarité, inclusion), en lien avec la lutte contre la pauvreté et les OMD, puis qui évolue vers des fonctions plus individualistes, matérialistes et économiques (performance, efficacité). Au-delà, toutefois, le traitement des différentes composantes de la protection sociale, avec une focalisation sur l’AMO, est symptomatique des clés d’entrée de la presse. L’absence quasi-totale (et parfois les commentaires négatifs) sur les politiques d’exemption de paiement des soins de santé ne peuvent s’expliquer, vu les tribunes dithyrambiques que les mêmes journaux leur avaient réservé en leur temps, que par le fait qu’elles ne bénéficient pas d’une image positive et que, de plus, aucun événement ne leur est associé. D’une certaine façon, on pourrait dire que la presse « met en forme » de façon journalistique une matière fournie par son « sujet », sans travail de fond. La focalisation sur des éléments de discours s’accompagne d’un manque parfois de fiabilité de l’information, soit car trop particulariste/anecdotique, soit car orientée, soit car tronquée. Ce discours est lié aux conditions de sa formulation : événements formels, politiques, protocolaires, mais aussi au désir des institutions de maintenir une attitude de façade au service de l’image d’un pays en marche, en progrès, porté par des acteurs performants. Certains enjeux réels, structurels ou à long terme ont été presque systématiquement ignorés ou minorés, au profit d’éléments immédiats mais positifs, communiqués comme des « victoires » acquises ou prévisibles (par exemple l’acquisition des outils biométriques pour l’AMO, le versement des contributions de trois communes sur 703 à l’Anam). Les échecs sont présentés, soit à travers une reconstruction (et/ou simplification)

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du passé qui permette un « consensus » (ex. déficit de communication sur l’AMO pour expliquer les contestations, en gommant par exemple le rôle de la CSTM dans la mobilisation du mouvement réfractaire, motivée essentiellement par des ambitions politiciennes du SG, déficit de ressources budgétaires pour l’Anam pour expliquer les faibles taux d’immatriculations et de prestations). Chaque dispositif a été traité de façon très spécifique par la presse, en fonction de l’intérêt qu’il représente pour le lectorat, du degré de mobilisation des institutions en soutien et en communication, enfin de son inscription dans l’actualité social et/ou politique voire politicienne. L’AMO a constitué le point d’intérêt principal de la presse sur l’ensemble de la période étudiée. Trois journaux sur six traitent très majoritairement voire exclusivement de cette politique. L’AMO a en effet été caractérisée par une actualité brûlante lors de son lancement, des enjeux institutionnels et sociaux majeurs, des institutions très engagées et déterminées à la défendre, un intérêt pour le lectorat de la presse (majoritairement fonctionnaire et salarié du privé) et une presse favorable. Des six journaux investigués, seul Scorpion questionne la pertinence du caractère obligatoire. Le fait que l’AMO ait été quasiment non fonctionnelle au moment de l’ouverture des droits des bénéficiaires, sa « privatisation » progressive à travers le conventionnement de structures de prestations et d’officines privées, l’extension à des médicaments de spécialités pour la rendre plus attractive, l’absence d’articulation avec les autres politiques normalement effectives dont particulièrement les exemptions, sont autant de questions qui auraient pu faire l’objet d’enquêtes et d’analyses, mais qui n’ont de fait jamais été problématisées. Le Ramed a été régulièrement suivi, mais a peu focalisé l’intérêt : un dispositif très peu opérationnalisé, une institution sur la défensive et une presse mobilisée sur la base d’une adhésion morale. Le traitement du Ramed est symptomatique d’un discours tronqué. Ce dispositif a été relativement négligée par la presse. Certains journalistes admettent leur connaissance très floue du régime et de l’Anam. Le Ramed bénéficie d’une adhésion de principe voire d’une empathie guidée par la morale, de par sa vocation au bénéfice des plus pauvres, renforcée par l’association avec les populations du Nord (victimes). L’Anam, qui pourtant a dès 2011 exposé une stratégie de communication, notamment à destination de la presse, elle-même a très peu communiqué au plan institutionnel. Elle a bénéficié des grands forums et de la communication autour de l’AMO, mais son actualité institutionnelle propre se limite globalement à deux conseils d’administration annuels. Les conditions d’immatriculation, le faible nombre de personnes immatriculées et la complexité du processus d’immatriculation, les refus de contribution des collectivités territoriales ainsi que l’utilisation du budget disponible, le transfert des bénéficiaires de Jigisèmèjiri au Ramed ne sont jamais réellement questionnés. Aucune enquête n’a été menée. De plus, l’Anam, de 2011 à 2016, s’est inscrite dans une posture discours défensif pour expliquer les faibles avancées opérationnelles. Sa directrice générale a itérativement exprimé un combat « héroïque » contre les obstacles à la mise en œuvre de sa mission, qui a su gagner l’adhésion de la presse. Au final, l’information véhiculée sur le Ramed relève plus du discours que de l’action. Dans ce contexte, l’institution, et ainsi la presse ont surinvesti les réalisations : opération Rotaplast, adhésion de trois communes, 87 dossiers envoyés par Ségou sur un an. En revanche, le problème de fond, à savoir que ce régime marqué par les grandes valeurs de solidarité, d’équité, de lutte contre la pauvreté et l’exclusion, etc., est de fait entravé par le manque de volonté d’implication de la part des acteurs (maires, développement social, Anam elle-même), etc., n’est jamais (sauf les deux articles précités en 2011). Seuls deux articles des Echos ont frontalement dénoncé l’Anam en 2011, à chaque fois suivis par un pendant « positif », apparemment suite à dialogue entre le journal et l’institution.

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Les mutuelles constituent un dispositif sans enjeu, avec une faible dimension institutionnelle et une presse mobilisée à l’échelle locale. Le traitement des mutuelles est très constant tout au long d la période, très factuel et d’une certaine façon assez lénifiant. La question mutualiste ne fait pas débat et ne soulève pas de polémique de fond. La mutualité comme pilier de la protection sociale n’est jamais problématisée par la presse (ni par les institutions), mais n’apparaît souvent que comme item au sein de « listes » des mesures mises en œuvre, où de toute façon l’AMO (et rarement, le Ramed) occupent la première place. L’UTM communique peu en tant que chef de file de la mutualité, même si son secrétaire général, via ICP Mali notamment, est porteur de discours lors de certains ateliers importants. L’actualité de la vie mutualiste porte sur des structures qui ne peuvent être chacune qualifiée d’institution (hormis, dans une certaine mesure, pour des raisons statutaires et symboliques, la Mutuelle des Travailleurs de l’Education nationale et de la Culture créée par le Président Konaré). La vie mutualiste se rapproche ainsi d’une actualité très locale, que la presse tend à relayer sous l’angle de la valorisation d’initiative. Les politiques d’exemption de soins de paiement sont emblématiques de la versatilité des acteurs : une politique oubliée, une institution et une presse amnésiques. Les politiques d’exemption sont citées en 2009-2010 comme des piliers de la protection contre la maladie au Mali. En 2009, la presse relayait les satisfecit des instituions sur les bilans de ces mesures. Celles-ci ont certainement souffert du contexte et de la « crise » AMO. En 2009, elles sont citées comme des mesures effectives, dont l’Etat doit tenir compte pour définir les contours de l’AMO. La presse ne les mentionne plus de 2001 à 2013, puis les présente comme des mesures obsolètes, voire de façon péjorative. Le très faible intérêt de la presse traduit celui des institutions, y compris celles chargées de les mettre en œuvre, et une relation très ambiguë. Ce « fer de lance » du développement malien a pu subir, d’une part les effets de la crise politique, d’autre part ceux de l’évolution des doctrines internationales en matière de protection sociale.