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UNIVERSITE TOULOUSE III PAUL SABATIER
FACULTÉ DES SCIENCES PHARMACEUTIQUES ANNÉE: 2017 THÈSE 2017 TOU3 - 2051
THÈSE POUR LE DIPLOME D'ÉTAT DE DOCTEUR EN PHARMACIE
SPÉCIALITÉ BIOLOGIE MÉDICALE
Présentée et soutenue publiquement
Par
Barnabé DANIAU
PROFIL IMMUNITAIRE DES PATIENTS
DE RÉANIMATION EN CHOC SEPTIQUE
Le jeudi 21 septembre 2017
Directeur de thèse : Monsieur le Docteur François VERGEZ
JURY:
Président : Madame la Professeure Maha AYYOUB
1er assesseur : Monsieur le Professeur Eric DELABESSE
2ème assesseur : Monsieur le Docteur Stanislas FAGUER
3ème assesseur : Monsieur le Docteur Michaël PERES
PERSONNEL ENSEIGNANT de la Faculté des Sciences Pharmaceutiques de l’Université Paul Sabatier (au17 février 2017)
PERSONNEL ENSEIGNANT de la Faculté des Sciences Pharmaceutiques de l’Université Paul Sabatier (au 17 février 2017)
Remerciements :
À Madame la Professeure Maha AYYOUB, Professeure des Universités à la Faculté des
Sciences Pharmaceutiques de Toulouse.
Vous me faites l’honneur d’accepter la présidence du jury de cette thèse. Je vous remercie de votre
confiance, de l’intérêt que vous avez bien voulu porter à mon travail et vous prie d’accepter mes
considérations les plus respectueuses.
À Monsieur le Professeur Eric DELABESSE, Professeur des Universités – Praticien Hospitalier,
Chef de service du Laboratoire d’Hématologie au CHU de Toulouse.
Je vous remercie de m’avoir permis la réalisation de ce travail en m’accueillant, une nouvelle fois,
dans votre service pour clôturer mon internat. Vous me faîtes maintenant l’honneur d’accepter de le
juger, je vous prie d’accepter l’expression de mon profond respect et de ma sincère reconnaissance.
À Monsieur le Docteur Stanislas FAGUER, Maître de Conférence des Universités – Praticien
Hospitalier dans le service de Réanimation au CHU de Toulouse.
Je te remercie d’avoir accepté d’encadrer ce sujet de thèse en équipe avec François. Merci aussi pour
ta gentillesse et ta disponibilité pour que ce travail avance au mieux et au plus vite. Veuille trouver ici
l’expression de mes sincères remerciements et de mon profond respect.
À Monsieur le Docteur Michaël PERES, Assistant Hospitalo – Universitaire.
Merci encore d’avoir accepté de participer à ce jury de thèse ; une évidence du fait de ta familiarité
avec le sujet et de notre amitié de longue date. Merci aussi pour tes relectures, ta disponibilité et ton
soutien. A tous ces bons moments déjà passés ensemble et à ceux à venir.
À Monsieur le Docteur François VERGEZ, Maître de Conférence des Universités – Praticien
Hospitalier au Laboratoire d’Hématologie au CHU de Toulouse.
Je te remercie de m‘avoir fait l’honneur de me confier et d’encadrer ce sujet de thèse. Merci aussi
pour ta bonne humeur quotidienne, ta réactivité, ta disponibilité à toute épreuve et surtout pour les
dimanches et les nuits passés seul dans le noir à trier des cellules à l’oncopôle. Plus sérieusement,
merci pour tout ce que tu m’as appris au cours de ces deux semestres en Hématologie à Toulouse.
Merci également à Madame Marie-Laure Nicolau-Travers, ingénieur, pour sa patience, sa
compétence et sa disponibilité pour le recueil des données de cytométrie et pour m’avoir soutenu
dans l’interprétation des résultats.
Je remercie tous mes maîtres, biologistes, techniciens, internes que j’ai eu la chance de croiser au
cours de mon internat, que ce soit à Bordeaux (trop nombreux… mais je ne peux pas oublier Julien
qui m’a initié à la Bactério et qui est devenu un ami), à Toulouse en hémato (François, Cécile Demur,
Jill, Véronique, JB, Fred, Sophie, Vincent, Felipe, et de nombreux autres), en Nouvelle Calédonie, à
Cahors (Nathalie, Claire, Lucile) ou à Bayonne (Aguire-papa, Fanny-maman, Yo-bro, David, Anne-
Christine, Marie-Laure, Rémi) grâce auxquels j’ai pu accumuler les connaissance et l’expérience qui
me permettent aujourd’hui d’achever ma formation sereinement et sans regrets. Merci !
Ensuite, procédons chronologiquement.
Merci avant tout à ma mère et mon père qui ont été d’un soutien constant et indispensable au cours
de ces quelques (peut-être interminables) années d’études, et surtout dans les années de concours
parfois difficiles. Merci à Anto et Popo, mes frères et sœurs (sans oublier Marie et Javi) qui ont été
ma joie dans l’enfance et qui le sont toujours dans la vie d’adulte que ça soit ici ou aux confins du
Pacifique. Merci à cette magnifique famille, cousins, cousines, oncles et tantes, grands-parents qui
m’ont permis, toutes ces années, de grandir baigné d’amour et de bonheur. Que ces cousinades à
droite et à gauche ne cessent jamais !
On a dit chronologiquement…
Merci aux amis d’enfance, les mirevalois : Jerem, Vincent, Jean, Paul, Jérome et Seb, Léo, CT, et tous
les autres. Tant de belles années et d’étés inoubliables. De cabanes en films dans les collines, de
répets en concerts de métal dans les garages et enfin de fêtes estivales en soirées mirevaloises ou
toulousaines, on aura tout vécu à toutes les époques. On aura su évoluer sans se perdre de vue
malgré la distance. Que ça dure !
Vient le temps de la fac…
Que de belles amitiés se seront créées sur les bancs de la fac. Indéboulonnables amitiés. Mon vieux
Carlito, à faire des conneries depuis le début, Vincent le potentialisateur, toujours motivé, toujours
présent, le roi des embuscades, et Cécé, le vieux loup de Seb au regard coquin, Gary et notre eurotrip
en amoureux, Arnaud et Auré les rois de la plongée (à quand la croisière ?), Ludo le parrain de
Leucate, Omar la mafia grand maitre des souterrains de la fac et Annek, Claude le kanak, Nicoco la
boite à bruit, et encore Sylvain, sans oublier le basque, Julien, Anne-so, Cathy, Romain, Semsem,
Thibaut, Robin, JB, Nico N, Virgi, La Pouge, Alexis, Titi et Elisa… La liste est longue, j’en passe et des
meilleurs ! Merci pour ces belles années inoubliables (… et les quelques milliers d’heures de soirées
oubliées) !
Puis le temps de l’internat…
Tellement de bons souvenirs ! De belles années de décadence et d’amitié, notamment à la coloc’
bordelaise avec Hugo, Alex et Mimil ! On était vraiment pas mal quand même ! Des voyages à la
roots au Sri Lanka et en Colombie avec Hugo, Flo et Fab et les 6 mois de Calédo avec Hugo et Marie !
Un nombre infini de bouffes, d’apéros, de soirées bordelaises, toulousaines, de férias, un peu de
sport quand même et des virées à droite et à gauche et qui se poursuivent encore. Beaucoup de
belles rencontres à Bordeaux avec Serri, Sylvain, Samy, Marine LB, Marine J, Florence, Carole, Cécile,
Mariya et les chaminous, Chloé, Catoch, Adrien (Professeur), Marion, Clémence, Laure, Lolo et
Morgane, Nono, Anne et Bastien, Pierre B, l’étrange père macquère, Yannick et Ludo (encore !),
Julien… et plein d’autres ! Et le retour à Toulouse avec encore de belles rencontres à l’internat avec
François et Margaux et Margaux, Loic et Quentin les idiots, Caro, Félicien et les autres ! Manu et
Morgane, Julien, Thomas, Agnès, Pierre-Yves, Angèle, Jules et Alice-anne, Louis-Tho, Antho, Cédric,
Etienne, Grégoire, Aurélie et Arnaud… Et des co-internes de talent par milliers ! Merci à vous d’avoir
transformé ces longues années d’étude en une grande fête permanente !
Enfin, le temps de l’Amour…
La constante au cours de toutes ces années, c’est toi ma belle. Merci pour ta patience,
particulièrement pour accepter jour après jour mes animaux empaillés, moustaches, rouflaquettes,
kimono vietnamien et autres excentricités décoratives, capillaires ou vestimentaires.
Toutes ces années avec toi ont été magnifiques et je n’ai aucun doute sur le bonheur que la vie nous
réserve pour les années à venir. Où que ce soit et quelles que soient les possibilités, tu resteras
l’essence même de mon bien-être.
1
Table des matières
Table des matières .................................................................................................................................. 1
Liste des principales abréviations............................................................................................................ 3
Table des figures ...................................................................................................................................... 5
Table des tableaux ................................................................................................................................... 7
Partie 1 : Introduction et généralités ...................................................................................................... 8
1) Etats septiques sévères : sepsis, choc septique .............................................................................. 9
1) a) Épidémiologie .......................................................................................................................... 9
1) b) Définitions ............................................................................................................................. 10
2) Sepsis : physiopathologie de la réponse immunitaire .................................................................. 12
2) a) Conceptions générales .......................................................................................................... 12
2) b) Initiation de la réponse immunitaire .................................................................................... 15
2) c) Rôle des cytokines et autres médiateurs de l’inflammation ................................................. 16
2) d) Réponse cellulaire adaptative : LT CD4+ helpers et régulateurs .......................................... 18
2) e) Réponse cellulaire adaptative : lymphocytes T CD8+ ........................................................... 24
2) f) Lymphocytes T mémoires ...................................................................................................... 26
2) g) Lymphocytes T : phénotypes, facteurs de transcription et fonctions des principales sous-
populations résumés en schémas ................................................................................................. 27
3) Sepsis : déséquilibre immunosuppressif ....................................................................................... 28
3) a) Apoptose et immunosuppression ......................................................................................... 28
3) b) Impact du sepsis sur les cellules immunitaires ..................................................................... 29
3) c) Epuisement lymphocytaire : T cell exhaustion ...................................................................... 33
4) Objectifs de l’étude ....................................................................................................................... 41
Partie 2 : Matériel et méthodes ............................................................................................................ 42
1) Population étudiée ........................................................................................................................ 43
2) Echantillons biologiques ................................................................................................................ 44
3) Cytométrie en flux et notions d’immunophénotypage ................................................................ 44
4) Marquage des échantillons ........................................................................................................... 47
5) Analyse par cytométrie en flux ..................................................................................................... 47
6) Stratégie d’analyse ........................................................................................................................ 48
7) Analyse statistique ........................................................................................................................ 52
Partie 3 : Résultats ................................................................................................................................. 53
1) L’augmentation du nombre de lymphocytes T CD4+ au cours du sepsis est de bon pronostic ... 54
2) Les LT effecteurs CD8+ sont augmentés chez les patients qui évoluent péjorativement ............ 56
3) Expression d’immune checkpoints sur les LT CD8+ ...................................................................... 59
2
3) a) Evolution du pourcentage de LT CD8+ exprimant PD-1, 2B4 ou CD160 au cours des
premiers jours du sepsis ................................................................................................................ 59
3) b) Profils d’acquisition des immune checkpoints sur les LT CD8+ ............................................ 60
3) c) Profil no ICP ........................................................................................................................... 61
3) d) Profil PD-1+ ........................................................................................................................... 62
3) e) Profil 2B4+/PD-1+ .................................................................................................................. 63
3) f) Profil 2B4+/CD160+ ................................................................................................................ 64
3) g) Comparaison des profils d’acquisition d’ICPs sur les LT CD8+ vis-à-vis de l’âge, du nombre
de lymphocytes, de LT, de Tregs et du rapport CD4+/CD8+ ......................................................... 65
4) Expression d’immune checkpoints sur les LT CD4+ ...................................................................... 67
4) a) Evolution du pourcentage de LT CD4+ exprimant PD-1, 2B4 ou CD160 au cours des
premiers jours du sepsis ................................................................................................................ 67
4) b) Profils d’acquisition d’ICPs sur les LT CD4+ ........................................................................... 68
4) c) Profil no ICP ........................................................................................................................... 69
4) d) Profil PD-1+ ........................................................................................................................... 70
4) e) Profil 2B4+ ............................................................................................................................. 71
4) f) Comparaison des profils d’acquisition d’ICPs sur les LT CD4+ vis-à-vis de l’âge, du nombre de
lymphocytes, de LT, de Tregs et du rapport CD4+/CD8+ .............................................................. 72
5) Trois profils immunitaires majeurs distinguent les patients en choc septique ........................... 73
6) Les profils immunitaires des patients en choc septique corrèlent avec différents pronostics .... 75
6) a) L’expression de PD-1 par les LT CD8+ est de mauvais pronostic .......................................... 75
6) b) L’expression de PD-1 par les LT CD4+ n’a pas d’impact sur le pronostic .............................. 76
6) c) Le profil immunitaire 2B4/PD1 sur les LT CD8+ et no ICP sur les LT CD4+ est le plus
défavorable chez les patients en choc septique ........................................................................... 77
Partie 4 : Discussion ............................................................................................................................... 78
Conclusion ............................................................................................................................................. 92
Bibliographie :........................................................................................................................................ 95
Annexes : ............................................................................................................................................. 104
3
Liste des principales abréviations
Ag Antigène
BCR Récepteur des lymphocytes B
BTLA B- and T-lymphocyte attenuator (CD272)
CD Cluster of differentiation
DCs Cellules dendritiques
CLRs C-type lectin receptors
CMH Complexe majeur d'histocompatibilité
CPA Cellules présentatrices de l’antigène
CTL Lymphocytes T CD8+ cytotoxiques
CTLA-4 Cytotoxic T lymphocyte-associated antigen 4 (CD152)
DAMPS Damage associated molecular patterns
Foxp3 Forkhead box P3
FSC Forward scatter
GATA-3 Trans-acting T-cell-specific transcription factor
GITR Glucocorticoid-induced TNF receptor
GM-CSF Granulocyte/monocyte colony stimulating factor
HGMB1 HighMobility Group Box 1
HSP Protéine de choc thermique
ICOS Costimulatory receptor inducible costimulator
ICPs Immune checkpoints (récepteurs co-inhibiteurs + récepteurs co-stimulateurs)
Ig Immunoglobuline
IL Interleukine
INF Inteféron
IRF Interferon regulatory transcription factor
ITIM Immunoreceptor-based inhibitory motif
LAG-3 Lymphocyte-activation protein 3 (CD233)
LTFH Lymphocytes T helpers folliculaires
LTH Lymphocyte T helper
LT naïf Lymphocyte T naïf
LPS Lipopolysaccharide
MDSCs Myeloid-derived suppressor cells
MFI Mean Fluorescence Intensity
NF-κB Nuclear factor-kappa B
4
NK Natural killer
NLRs Nucleotide-binding oligomerization domain–like receptors
NO Monoxyde d’azote
PAM Pression artérielle moyenne
PAMPs Pathogen associatted molecular patterns
PD-1 Programmed cell death protein 1 (CD279)
PD-L1 Programmed cell death receptor ligand-1
PMT Photomultiplicateur
PNN Polynucléaires neutrophiles
PRR Pattern recognition receptor
RLRs Retinoic acid inducible gene 1–like receptors
RORγt Retinoid Orphan Nuclear Receptor
SI Système immunitaire
SNC Système nerveux central
SOFA Sequential [ex Sepsis related] Organ Failure Assessment
SSC Side scatter
STAT Signal transducer and activator of transcription
TCR Récepteur des lymphocytes T
TGF Transforming growth factor
TLRs Toll-like receptors
TNF Tumor necrosis factor
Tregs Lymphocytes T régulateurs (nTreg : Tregs naturels/ iTregs : Tregs induits)
Tex Lymphocytes T épuisés (exhausted)
TIGIT T cell immunoreceptor with Ig and ITIM domains
TIM-3 T-cell immunoglobulin and mucin-domain containing-3
VA Ventilation assistée
5
Table des figures
Figure 1 : Estimation d’incidence et de la mortalité liées au sepsis ........................................................ 9
Figure 2 : Conception classique des réponses pro et anti-inflammatoires lors du sepsis .................... 13
Figure 3 : Réponse de l'hôte au sepsis .................................................................................................. 14
Figure 4 : Propriétés générales des cytokines ....................................................................................... 17
Figure 5 : Principales populations de lymphocytes T helpers et régulateurs ....................................... 18
Figure 6 : Régulation des réponses TH1 et TH2 via les cytokines sécrétées ........................................... 20
Figure 7 : Développement thymique et périphérique des Tregs Foxp3+ .............................................. 21
Figure 8 : Mécanismes conduisant aux fonctions immunosuppressives des Tregs …..……………………….22
Figure 9 : Activation schématique des LTCD8+ ..................................................................................... 25
Figure 10 : Evolution du nombre du taux de LT mémoires et de la susceptibilité à un pathogène au
cours de la vie ........................................................................................................................................ 26
Figure 11 : Impact du sepsis sur les cellules du système immunitaire inné et adaptatif ...................... 31
Figure 12 : Développement progressif de l’épuisement lymphocytaire lié au contact prolongé avec un
antigène ................................................................................................................................................. 34
Figure 13 : Développement de l'épuisement lymphocytaire ................................................................ 35
Figure 14 : Molécules régulatrices et leurs ligands ............................................................................... 36
Figure 15 : Profil d’expression des immune checkpoints au cours d’une infection .............................. 37
Figure 16 : Mécanismes moléculaires induits par les récepteurs co-inhibiteurs et conduisant à
l’épuisement lymphocytaire .................................................................................................................. 39
Figure 17 : Principe de fonctionnement d’un cytomètre en flux .......................................................... 45
Figure 18 : Identification des lymphocytes T en CMF ........................................................................... 48
Figure 19 : Etude des Tregs en CMF ...................................................................................................... 49
Figure 20 : Profil d’expression de marqueurs d’immune checkpoints en CMF sur les LT CD8+ ........... 50
Figure 21 : Différentiation phénotypique entre les LT naïfs/mémoires latents et les LT effecteurs .... 51
Figure 22 : Evolution du nombre (valeur absolue) de lymphocytes totaux, de LT CD4+ et CD8+ et des
Tregs au cours des premiers jours du sepsis. ........................................................................................ 54
Figure 23 : LT effecteurs : exemple d’histogramme 1 ........................................................................... 56
Figure 24 : LT effecteurs : exemple d’histogramme 2 ........................................................................... 57
Figure 25 : LT effecteurs : exemple d’histogramme 3 ........................................................................... 57
Figure 26 : Evolution du pourcentage de LT effecteurs CD4+ et CD8+ au cours des premiers jours du
sepsis ..................................................................................................................................................... 58
Figure 27 : Evolution du pourcentage de LT CD8+ exprimant PD-1, 2B4 ou CD160 au cours des
premiers jours du sepsis ........................................................................................................................ 59
6
Figure 28 : Profils d’acquisition des immune checkpoints sur les LT CD8+ ........................................... 60
Figure 29 : Profil des patients présentant une majorité de LT CD8+ n’exprimant aucun des ICPs
étudiés : profil no ICP ............................................................................................................................ 61
Figure 30 : Exemple d’histogramme de patient avec un profil de LT CD8+ majoritairement sans ICP. 61
Figure 31 : Profil des patients présentant une majorité de LT CD8+ exprimant prioritairement PD-1 :
profil PD-1+ ............................................................................................................................................ 62
Figure 32 : Exemple d’histogramme de patient avec un profil de LT CD8+ prioritairement PD-1+ ...... 62
Figure 33 : Profil des patients présentant une majorité de LT CD8+ exprimant d’abord 2B4 puis PD-1 :
profil 2B4+/PD-1+ .................................................................................................................................. 63
Figure 34 : Exemple d’histogramme de patient avec un profil de LT CD8+ majoritairement 2B4+/PD-
1+ ........................................................................................................................................................... 63
Figure 35 : Profil des patients présentant une majorité de LT CD8+ exprimant d’abord 2B4 puis
CD160: profil 2B4+/CD160+ .................................................................................................................. 64
Figure 36 : Exemple d’histogramme de patient avec un profil de LT CD8+ majoritairement
2B4+/CD160+......................................................................................................................................... 64
Figure 37 : Comparaison des profils d’acquisition d’ICPs sur les LT CD8+ vis-à-vis de l’âge, du nombre
de lymphocytes, de LT, de Tregs et du rapport CD4+/CD8+ ................................................................. 65
Figure 38 : Evolution du pourcentage de LT CD4+ exprimant PD-1, 2B4 ou CD160 au cours des
premiers jours du sepsis ........................................................................................................................ 67
Figure 39 : Profils d’acquisition des immune checkpoints sur les LT CD4+ ........................................... 68
Figure 40 : Profil des patients présentant une majorité de LT CD4+ n’exprimant aucun des ICPs
étudiés : profil no ICP ............................................................................................................................ 69
Figure 41 : Exemple d’histogramme de patient avec un profil de LT CD4+ majoritairement sans ICP . 69
Figure 42 : Profil des patients présentant une majorité de LT CD4+ exprimant prioritairement PD-1 :
profil PD-1+ ............................................................................................................................................ 70
Figure 43 : Exemple d’histogramme de patient avec un profil de LT CD4+ prioritairement PD-1+ ...... 70
Figure 44 : Profil des patients présentant une majorité de LT CD4+ exprimant prioritairement 2B4 :
profil 2B4+ ............................................................................................................................................. 71
Figure 45 : Exemple d’histogramme de patient avec un profil de LT CD4+ prioritairement 2B4+ ....... 71
Figure 46 : Comparaison des profils d’acquisition d’ICPs sur les LT CD4+ vis-à-vis de l’âge, du nombre
de lymphocytes, de LT, de Tregs et du rapport CD4+/CD8+ ................................................................. 72
Figure 47 : Comparaison des 3 profils majoritaires d’acquisition d’ICPs sur les CD4+ et CD8+ vis-à-vis
du nombre de CD4+ /µL et de Tregs /µL ............................................................................................... 74
Figure 48 : Courbes de survie en fonctions des principaux profils d’acquisition d’ICPs sur les LT CD8+
............................................................................................................................................................... 75
7
Figure 49 : Courbes de survie en fonctions des principaux profils d’acquisition d’ICPs sur les LT CD4+
............................................................................................................................................................... 76
Figure 50 : Courbes de survie en fonctions des 3 principaux profils d’acquisition d’ICPs sur les LT CD8+
et CD4+ .................................................................................................................................................. 77
Table des tableaux
Tableau 1 : Score SOFA .......................................................................................................................... 10
Tableau 2 : Quick SOFA.......................................................................................................................... 11
Tableau 3 : Critères identifiant le choc septique. .................................................................................. 11
Tableau 4 : Les PRRs, leurs localisations et leurs ligands ...................................................................... 15
Tableau 5 : Survie à J28 et J90 post-sepsis des patients inclus dans l’étude ........................................ 43
Tableau 6 : Principaux marqueurs cellulaires utilisés dans l’étude, cellules d’expression, fonctions .. 46
Tableau 7 : Tableau descriptif des combinaisons d’anticorps ciblant les marqueurs membranaires .. 47
Tableau 8 : Comparaison des profils majoritaires d’acquisition d’ICPs selon le nombre de patients .. 73
Tableau 9 : Comparaison des profils majoritaires d’acquisition d’ICPs selon la survie......................... 73
Tableau 10 : Tableau comparatif de différents travaux observant les profils immunitaires au cours du
sepsis ..................................................................................................................................................... 90
8
Partie 1 : Introduction et généralités
9
1) Etats septiques sévères : sepsis, choc septique
1) a) Épidémiologie
Les états septiques graves (sepsis et choc septique) représentent un problème majeur de santé
publique, touchant des millions de personnes dans le monde et responsables de la mort du patient
dans plus d’un tiers des cas (1).
Même si l’incidence mondiale réelle est inconnue du fait d’un manque de données, notamment dans
les pays en voie de développement, plusieurs tentatives d’estimation ou d’extrapolation placent les
états septiques parmi l’une des principales causes de morbidité et de mortalité dans le monde. A
titre d’exemple, Adhikari et al. (2) estimaient en 2010 l’incidence mondiale du sepsis entre 15 et 19
millions de cas par an. En 2016, Fleischmann et al. (3) l’estimaient à environ 31,5 millions de cas par
an dont environ 19,4 millions de cas de sepsis sévère (anciennes définitions) et avec potentiellement
5,3 millions de décès annuels.
De récentes études épidémiologiques menées en France (4)(5), aux Etats-Unis (6) en Australie et en
Nouvelle-Zélande (7)(8) s’accordent à dire que les états septiques graves représentent l’une des
principales causes d’hospitalisation en service de réanimation et de soins intensifs. Ces différentes
études se rejoignent aussi sur le fait que, grâce à une amélioration de leur prise en charge, la
mortalité globale semble avoir diminué au cours des dernières décennies (pour des taux allant de
18% à 42% en fonction des études).
Figure 1 : Estimation d’incidence et de la mortalité liées au sepsis
www.global-sepsis-alliance.org (1)(9)
10
Malgré les progrès thérapeutiques, en particulier dans le traitement de la phase aiguë, le pronostic
reste entravé par une mortalité à long terme élevée due notamment à des infections nosocomiales
secondaires, des réactivations virales, un risque accru d'événements cardiovasculaires, une
persistance de dysfonctions d’organes et des réadmissions hospitalières fréquentes entraînant, par
ailleurs, des coûts de santé accrus (10)(11)(12)(13).
1) b) Définitions
Le sepsis
Le sepsis est défini, selon les recommandations du groupe sepsis-3 de 2016 (14), comme une
dysfonction d’organe menaçant le pronostic vital et causé par une réponse inappropriée de l’hôte à
une infection.
Il existe divers systèmes de score permettant de classer la sévérité des dysfonctions d'organe. Leur
utilisation à conduit à une disparité dans la prise en charge du patient. Le système majoritairement
utilisé dans le monde, et donc le plus représentatif, semble être le score SOFA (Sequential [ex Sepsis
related] Organ Failure Assessment). Les dysfonctions d'organes peuvent être identifiées par une
augmentation rapide du score SOFA ≥ 2 points à la suite de l'infection (Tableau 1). Un score SOFA ≥ 2
entraine un risque de mortalité accru de 10 % par rapport à une population générale de patients
hospitalisés avec une suspicion d’infection ; ce qui justifie une prise en charge adaptée et rapide (14).
Calcul score SOFA
0 points 1 point 2 points 3 points 4 points
Respiration PaO2 / FiO2
> 400 301 à 400 201 à 300 101 à 200 ≤ 100 et VA
Coagulation Plaquettes (G/L)
> 150 101 à 150 51 à 101 21 à 50 ≤ 20
Foie Bilirubine (mg/L)
(mmol/L)
< 12 < 20
12 - 19 20 - 32
20 - 59
33 - 101
60 - 119
102 – 204
> 120 > 204
Cardio-vasculaire Hypotension
PAM ≥
70mmHG
PAM <
70mmHG
Dopamine ≤ 5 ou dobutamine (toute dose)
dopa > 5 ou adrénaline ≤ 0,1 ou noradré ≤ 0,1
dopa > 15 ou adrénaline > 0,1 ou noradré> 0,1
SNC Score de Glasgow
15
13 - 14
10 - 12
6 – 9
< 6
Rein Créatinine (mg/L)
(μmol/L) ou
diurèse
< 12
< 110
12 - 19
110 - 170
20 - 34
171 - 299
35 - 49
300 - 440 < 500 mL/j
> 50
> 440 < 200 mL/j
VA : ventilation assistée. PAM : pression artérielle moyenne [estimée par (PAS + 2 x PAD) / 3]. Amines : dose en µg/kg/min
Tableau 1 : Score SOFA Le SOFA basal est supposé être à zéro en l’absence de dysfonction d’organe, aigue ou chronique, préexistante. Adapté de Vincent et al. (15)
11
Des critères simplifiés, le quick SOFA (qSOFA), ont aussi été proposés pour le dépistage de patients
susceptibles d’avoir un sepsis et pour les services hors réanimation (Tableau 2).
Critères du Quick SOFA (qSOFA)
Pression artérielle systolique ≤ 100 mmHg
Fréquence respiratoire ≥ 22/min
Confusion Tableau 2 : Quick SOFA Score SOFA simplifié : la présence d’au moins 2 critères identifie des patients de mauvais pronostic justifiant une surveillance accrue et/ou un traitement spécifique et/ou la prise d’un avis en réanimation (14).
Le choc septique
Le sepsis sévère n'est plus reconnu dans les définitions du groupe d'étude sepsis-3 de 2016.
Le choc septique est défini comme un sous-groupe du sepsis associé à des anomalies importantes
circulatoires et métaboliques entrainant une mortalité accrue (environ 40%) (14). Il est identifié par
l’association de plusieurs critères (Tableau 3).
Critères du choc septique
Sepsis
Besoin de drogues vasopressives pour maintenir une PAM ≥ 65 mmHg
Lactates > 2 mmol/l (18mg/dl) malgré un remplissage adéquat Tableau 3 : Critères identifiant le choc septique. D'après sepsis-3 (14)
12
2) Sepsis : physiopathologie de la réponse immunitaire
2) a) Conceptions générales
Le sepsis est défini comme une réponse immunitaire inappropriée de l'hôte à une infection.
On constate une diversité considérable dans la réponse inflammatoire et immunitaire à une
infection en relation avec des facteurs liés à l'hôte (âge, co-morbidités, facteurs génétiques et
environnementaux) et des facteurs liés au pathogène (charge, virulence, PAMPs : Pathogen
Associated Molecular Patterns) (16). La composante de la réponse de l'hôte varie probablement aussi
au cours du temps parallèlement à l'évolution clinique.
Conception classique
Dans la conception classique de la physiopathologie du sepsis, la mortalité précoce liée au choc et
aux défaillances d’organes est principalement la conséquence d’une libération massive de cytokines
pro-inflammatoires entrainant une exacerbation inappropriée de la réponse inflammatoire (17)(18).
Grâce à une amélioration de la prise en charge initiale, la plupart des patients survivent désormais à
cet état initial (19). Cependant, des complications et une mortalité plus tardive, souvent à rattacher à
des états infectieux (aggravation de l’infection initiale, apparition d’infections
secondaires/nosocomiales ou réactivations virales), font suggérer une altération profonde des
défenses immunitaires de l’hôte.
En général, on considère que la réaction pro-inflammatoire innée, ayant pour but d'éradiquer le
pathogène, est responsable de dommages tissulaires et de défaillances d'organe précoces. La
réponse anti-inflammatoire (innée et adaptative), est quant à elle essentielle pour contenir une
l'inflammation excessive et limiter les lésions tissulaires locales et systémiques mais peut être
impliquée dans la sensibilité accrue aux infections secondaires (Figure 2 et 3).
13
Figure 2 : Conception classique des réponses pro et anti-inflammatoires lors du sepsis Des réponses pro et anti-inflammatoire se mettent rapidement en place après le début du sepsis. Les cellules composant le système immunitaire inné (SI) comme les polynucléaires neutrophiles (PNN), les monocytes et les cellules dendritiques (DCs) libèrent rapidement de grandes quantités de cytokines pro-inflammatoires (ligne bleue : jour 0 à 3). Les morts précoces liées au sepsis (flèche rouge en haut du schéma, jour 3) sont dus à cet "orage cytokinique" et à la réponse hyper-inflammatoire qui entraine une fièvre, un choc, une acidose et un hyper-catabolisme. La plupart des patients survivent à l’infection initiale grâce à un retour à des réponses immunitaires innées et adaptatives appropriées (homéostasie) (lignes bleues et vertes, J6). Lorsque le sepsis persiste, on peut parfois observer un échec de la régulation des réponses innées et adaptatives conduisant à une immunosuppression profonde. Cet état est à risque d’aggravation de l’infection primaire, d’apparition d’infections nosocomiales secondaires et/ou de réactivations virales responsables de décès plus tardifs (lignes bleues et rouges, après J6). Traduit et adapté de Hotchkiss et al. (18)
Conception alternative
Une hypothèse plus controversée veut que la meilleure façon de décrire la réponse immunitaire lors
du sepsis soit de considérer qu'il existe une inflammation prolongée, entraînée par le système
immunitaire (SI) inné. C’est ce mécanisme qui serait responsable des lésions tissulaires et des
dysfonctions d'organe. Selon cette théorie, l'inflammation liée au système immunitaire inné persiste
malgré la régulation négative de la réponse immunitaire adaptative et c'est cette inflammation qui
est finalement responsable de la morbidité et de la mortalité tardive des patients (20).
Il est probable que des zones de tissu nécrotiques et ischémiques contribuent à la persistance d'une
inflammation locale participant ainsi au dysfonctionnement organique et à la morbi-mortalité chez
certains patients, pouvant rendre cette théorie en partie compatible avec la conception plus
classique de la réponse immunitaire au sepsis (18).
14
Les différentes théories se rejoignent sur le fait que les états septiques déclenchent une réponse de
l'hôte, complexe, variable et prolongée. D’une part, les mécanismes pro-inflammatoires peuvent
contribuer de façon bénéfique à la clairance de l'infection et de façon délétère à l'apparition de
lésions organiques. D’autre part, les mécanismes anti-inflammatoires inflammatoires peuvent
contribuer de façon bénéfique à la réparation des tissus et de façon délétère à l’aggravation de
l’infection initiale et à la survenue d'infections secondaires (Figure 3).
Figure 3 : Réponse de l'hôte au sepsis
Lors du sepsis, l'hôte développe à la fois une réponse inflammatoire excessive (en rouge) et, pour contrôler celle-ci,
une réponse anti-inflammatoire et immunosuppressive (en bleu).
La réponse inflammatoire est initiée par l'interaction entre les PAMPs (Pathogen Associated Molecular Patterns),
motifs moléculaires caractéristiques des micro-organismes, et les PRR (Pattern Recognition Receptors) récepteurs
membranaires des cellules de l'immunité innée.
L'exacerbation de l'inflammation entraine des lésions tissulaires et une nécrose cellulaire libérant des DAMPs
(Damage-associated molecular patterns : protéines de choc thermique (HSP), High Mobility Group Box 1 (HGMB1),
ß-défensines). Ces motifs moléculaires résultant des dégâts cellulaires, ont pour conséquence la prolongation de
l'inflammation en se liant à des PRRs.
Pour contrebalancer cette inflammation excessive une réponse anti-inflammatoire se met en marche rapidement.
Lors d’un contact prolongé avec l’antigène, celle-ci peut conduire à une immunosuppression parfois profonde et
persistante responsable d'une mortalité tardive accrue.
Traduit et adapté du travail de Angus et al. (21)
15
2) b) Initiation de la réponse immunitaire
La réponse immunitaire et inflammatoire à une infection est initiée lors de l'interaction entre les
motifs moléculaires caractéristiques du pathogène en cause et les récepteurs cellulaires de l'hôte. Le
SI inné joue un rôle fondamental lors de l'inflammation aiguë liée au sepsis en étant responsable de
la reconnaissance et de la clairance phagocytaire précoce du pathogène, en permettant l'initiation de
la réponse secondaire adaptative mais aussi en prenant part au développement des mécanismes
conduisant aux lésions tissulaires. Les cellules du SI inné, comme les monocytes/macrophages et les
cellules dendritiques (DCs), ainsi que des cellules non-professionnelles, comme les cellules
épithéliales, les cellules endothéliales et les fibroblastes, sont décisives lors du contact avec le micro-
organisme. Elles expriment des récepteurs (PRRs : Pattern Recognition Receptors) reconnaissant des
structures moléculaires conservées parmi les différents micro-organismes appelées PAMPs
(pathogen-associated molecular patterns). Les PRRs permettent aussi la reconnaissance de motifs
moléculaires endogènes ou signaux de danger (DAMPs : damage associated molecular patterns) dont
la libération résulte de dégâts cellulaires et qui peuvent ainsi provoquer une pérennisation de
l'inflammation (21)(22).
Tableau 4 : Les PRRs, leurs localisations et leurs ligands Toll-like receptors (TLRs) / C-type lectin receptors (CLRs) / retinoicacid inducible gene 1–like receptors (RLRs) / nucleotide-binding oligomerization domain–like receptors (NLRs). Takeuchi O. et Akira S. (22)
Quatre principales familles de PRRs ont actuellement été identifiées (Tableau 4). Leurs localisations
et leurs spécificités vis-à-vis d'un ligand et donc d'un pathogène sont variables d'une famille à une
autre et d'un type de récepteur à un autre.
16
L'interaction entre les PAMPs, les DAMPs et les différents PRRs va entrainer des réactions
intracellulaires en cascade, responsables de l’expression ou de l’inhibition de nombreux gènes
impliqués dans l'inflammation et l’immunité. En fonction de la nature du pathogène et du type de
PRR avec lequel celui-ci va interagir, les voies de signalisation intracellulaire peuvent varier et induire
la régulation de différents gènes de l’inflammation entrainant ainsi des profils de réponse variés.
La cascade de phosphorylation peut entrainer le recrutement de facteurs de transcriptions (NF-κB :
nuclear factor-kappa B ou IRF : interferon regulatory transcription factor) dont la translocation
intranucléaire va permettre une augmentation de l’expression de gènes codant pour des cytokines
ou autres médiateurs de l’inflammation (22).
2) c) Rôle des cytokines et autres médiateurs de l’inflammation
Les cellules de l’immunité innée présentes dans les tissus infectés, telles que les
monocytes/macrophages (cellules phagocytaires), sont les premières cellules activées et sont
responsables de la libération précoce et massive de médiateurs de l’inflammation tels que les
cytokines (interleukines, chimiokines, facteurs de croissance) et autres composés actifs. Les
mastocytes présents dans les tissus, lors du contact avec le pathogène vont aussi initialement libérer
de l’histamine, permettant une augmentation de la perméabilité vasculaire et une vasodilatation
indispensables à l’initiation de l’inflammation locale. Les lymphocytes T (LT), en particulier les TH (T
helpers ou T auxiliaires) seront aussi parmi les principales cellules productrices de cytokines mais de
façon un peu plus tardive car ils nécessitent une présentation de l’antigène par les CPA (cellules
présentatrices de l’antigène comme les macrophages et DCs) et des signaux de co-stimulation.
Les cytokines représentent un groupe diversifié de petites protéines ou glycoprotéines impliquées
dans la régulation des réponses immunitaires innées et adaptatives. Elles permettent la
communication entre les cellules immunitaires en régulant leur activation, leur prolifération, leur
différenciation et leur migration en fonction de la nature du signal détecté. Elles sont aussi capables
de réguler la sécrétion d’autres cytokines ou d’anticorps, de moduler l’expression de divers
récepteurs membranaires (dont les récepteurs aux cytokines ou aux chimiokines) et peuvent
également provoquer la mort programmée par apoptose d’une cellule cible (23).
Le monde des cytokines est constitué tant par des facteurs solubles que par leurs récepteurs et
l’activité d’une cytokine vis-à-vis d’une cellule cible va dépendre de la représentation qualitative et
quantitative en son récepteur à la surface de la cellule. Cette représentation cellulaire est modifiée
en permanence rendant le profil d’expression éphémère. Les récepteurs sont multiples et non
exclusifs (ils peuvent fixer différentes cytokines). En outre, l’activation d’un même récepteur peut
engager des voies de signalisation intracellulaire différentes et par ce biais entrainer l’expression ou
l’inhibition de divers gènes impliqués dans l’inflammation et ainsi provoquer des réponses variées.
17
Une même cytokine peut ainsi recruter
plusieurs voies de signalisation
différentes ; elle peut aussi avoir de
multiples cibles et se fixer sur différents
récepteurs. Elle est par conséquent
capable de présenter diverses actions sur
différents types cellulaires, ce qui définit
sa nature pléïotrope.
Différentes cytokines peuvent également
se fixer sur un même récepteur et
déboucher sur la même fonction, cette
redondance va permettre de limiter le
risque de défaillance. In vivo les cytokines
n’agissent pas isolément mais plutôt au
sein d’un « nuage » de cytokines au
milieu duquel certaines peuvent interagir
entre elles et présenter des effets
synergiques ou antagonistes modulant
ainsi la réponse (Figure 4).
L’action de cytokines sur une ou plusieurs cellules cibles peut entrainer la libération d’autres
cytokines, induisant ainsi une cascade de signaux cellulaires tout en formant un réseau de cytokines
autour de ces cellules immunitaires (Annexe 1) (23).
Au cours des états septiques, la réponse cytokinique, précocement initiée par les cellules de
l’immunité innée, constitue un réseau très complexe orchestrant la réponse cellulaire innée et
adaptative en fonction du pathogène déclenchant. Le monde des cytokines est représenté par une
innombrable variété de médiateurs solubles, de récepteurs et de voies de signalisation intracellulaire
conduisant à une grande diversité de réponses. A titre d’illustration sont présentées dans un tableau
(Annexe 2) quelques cytokines d’intérêt lors de la réponse au sepsis, ainsi que leurs principales
origines et fonctions.
Figure 4 : Propriétés générales des cytokines Pléiotropie, redondance, synergie, antagonisme. Immunologie - 7e édition: Le cours de Janis Kuby (23)
18
2) d) Réponse cellulaire adaptative : LT CD4+ helpers et régulateurs
Les cytokines sont capables d’orienter la réponse lymphocytaire. Les LT helpers ou auxiliaires (LTH ou
TH) peuvent être classés en plusieurs sous-populations, chacune étant responsable du maintien d’un
ensemble de fonctions immunitaires. Ils n’agissent pas directement contre l’agent pathogène mais
indirectement en orchestrant l’action des cellules effectrices de l’immunité innée et adaptative. Les
lymphocytes TH1 et TH2 ont été les premières sous populations à être identifiées (24). Les LTH17 et les
LT régulateurs (Tregs) ont été plus récemment décrites ainsi que d’autres sous populations qui ne
seront pas toutes développées dans ce travail.
Les différentes sous-populations proviennent de la différenciation antigène-dépendante de
lymphocytes T naïfs (LT naïfs) orientée par des signaux de co-stimulation et par un nuage cytokinique
produit par les cellules de l’immunité suite à l’interaction avec un pathogène. Chacune de ces sous-
populations est capable de produire un panel cytokinique particulier. La différenciation et l’activation
de chaque sous-population T est maintenue grâce à différentes combinaisons de cytokines (Figure 5).
Figure 5 : Principales populations de lymphocytes T helpers et régulateurs
Il existe de nombreuses populations lymphocytaires auxiliaires dont la majorité est CD4+. Chacune présente
des particularités d’origine, de phénotype et de fonctions, non-exclusives qui permettent une réponse cellulaire
complexe et adaptée au type de pathogène en cause. Cabrera-Perez et al. (2014) (59)
19
Lymphocytes TH1
La différenciation TH1 est initiée au moment de la présentation par les CPA d’antigènes du non-soi.
Parallèlement à la présentation de l’Ag les CPA activées sécrètent des cytokines et notamment de
l’IL-12 qui activent les NK producteurs d’IFN-γ. L’IFN-γ est la cytokine clé de la polarisation vers la
réponse TH1. La signalisation intracellulaire induite par la fixation de l’IFN-γ sur son récepteur conduit
alors à l’activation par STAT-1 du facteur de transcription T-bet. Ce dernier régule la transformation
du récepteur à l’IL-12 de faible affinité initialement présent sur le LT naïf en récepteur de forte
affinité. L’action de l’IL-12 sur le LT naïf est alors potentialisée et va conduire au recrutement de
STAT-4 qui renforce l’expression de T-bet. Ce dernier régule la sécrétion d’IFN-γ, et l’acquisition par
le LTH1 de ses fonctions effectrices.
Les lymphocytes TH1 ainsi différenciés auront un profil de sécrétion cytokinique particulier : IL-2, IL-3,
IFN-γ, TNF-α.
Ce profil TH1 oriente la réponse immunitaire vers un rôle pro-inflammatoire, une activation
macrophagique et une toxicité cellulaire spécifique médiée par les LT CD8+ cytotoxiques
indispensable dans la lutte contre les pathogènes intracellulaires (Figure 5). (25)(26)
Lymphocytes TH2
Parallèlement à l’internalisation et à la présentation de l’antigène au LT naïf, les CPA activés
produisent aussi de l’IL-4 qui polarise la réponse lymphocytaire vers un profil TH2. La fixation de l’IL-4
à son récepteur membranaire sur le LT naïf, permet le recrutement intracellulaire de STAT-6 et
l’activation du facteur de transcription GATA-3. Cette activation a pour conséquence une inhibition
de la transformation du récepteur de l'IL-12 en récepteur de haute affinité et donc une inhibition de
la différenciation en LTH1. Simultanément, l’activation de GATA-3 entraine une sécrétion accrue d’IL-
4 qui permet, de manière autocrine, la différenciation vers un profil TH2.
Le profil de sécrétion particulier aux LTH2 inclue notamment l’IL-4, l’IL-5, l’IL-10, l’IL-13 et l’IL-25.
La réponse immunitaire TH2 est impliquée dans l’activation cellulaire B (commutation IgG1, IgE) et la
réponse humorale et joue ainsi un rôle particulier dans la défense antiparasitaire et l’allergie (Figure
5). (25)(26)
Chaque sous-population lymphocytaire CD4+ potentialise son développement en inhibant celui de
l’autre grâce à l’action de cytokines (Figure 6).
Lymphocytes TH17
La réponse TH17 est de découverte plus récente. Les CPA après contact avec le pathogène vont aussi
sécréter de l’IL-23, du TGF-β et de l’IL-6 qui, en se fixant sur leurs récepteurs à la surface du LT naïf,
vont permettre le recrutement intracellulaire de STAT-3 qui induit le facteur de transcription RORγt
20
(Retinoid Orphan Nuclear Receptor). L’activation de ce facteur de transcription a pour conséquence
l’inhibition de la transformation du récepteur à L'IL-12 en récepteur de haute affinité (inhibition de la
différenciation en LTH1) et une transformation du récepteur à l’IL-23 en récepteur de haute affinité.
Le profil de sécrétion cytokinique particulier aux LTH17 comprend l’IL-17 (A et F), l’IL-22, le TNF-α et
le GM-CS.
Les fonctions effectrices TH17 consistent principalement en une action pro-inflammatoire via la
sécrétion de cytokines et un rôle de défense anti-infectieuse à travers le recrutement et l’activation
de la lignée neutrophile et des macrophages au niveau du site infectieux, favorisant la formation
d’abcès. La réponse TH17 est aussi impliquée dans le développement de l’auto-immunité (Figure 5).
(27)(28)(29)
Lymphocytes T régulateurs (Tregs)
Les lymphocytes T régulateurs ont un rôle d’immuno-modulation et de maintien de l’homéostasie du
système immunitaire. Ils participent à la tolérance périphérique aux antigènes du soi et préviennent
ainsi les maladies inflammatoires et auto-immunes. Ils permettent aussi de limiter l’inflammation
induite par des pathogènes ou par un trauma.
Figure 6 : Régulation des réponses TH1 et TH2 via les cytokines sécrétées
Les profils de sécrétion cytokinique diffèrent entre les LTH1 et LTH2. Chacune de ces populations va être responsable de la sécrétion de cytokines pouvant avoir un rôle effecteur (bleu) ou inhibiteur (rouge) des fonctions effectrices TH1 et TH2. L’IL-2 et l’IL-4 ont un rôle de facteur de croissance actif de manière autocrine pour les lymphocytes TH1 et TH2, respectivement.
Abbas et al. (25)
21
Différenciation
On distingue les lymphocytes T régulateurs naturels (nTregs) produits dans le thymus, et les
lymphocytes T régulateurs induits ou adaptatifs (iTregs) produits en périphérie.
Le processus du développement thymique des nTregs est peu connu. Cependant, il pourrait reposer
sur la sélection de lymphocytes T dont le TCR a une forte affinité d’interaction avec des complexes
CMH-peptides du soi présentés par les cellules thymiques stromales (30). On ignore toutefois
comment les nTregs échappent à la sélection négative de rigueur lors du développement thymique. Il
semblerait que le micro-environnement thymique favorise l’expression du facteur de transcription
Foxp3 (forkhead box P3) principal régulateur de la fonction suppressive des nTregs (CD4+ CD25+
Foxp3+) (31).
En plus de la tolérance centrale naturelle dans le thymus il existe une tolérance périphérique induite
notamment au niveau des organes lymphoïdes secondaires, aboutissant au développement des
iTreg. La stimulation du LT naïf (CD25-) en présence notamment de TGF-β et d’IL-2 conduit à
l’activation intracellulaire, via STAT-3, du facteur de transcription Foxp3 (32). L’activation de Foxp3
entraine une forte expression membranaire du CD25 (chaîne α du récepteur à l’IL-2) et conduit à une
diminution de la sécrétion d’IL-2 par les Tregs qui seront dépendants de teneur en IL-2 du
microenvironnement pour proliférer. La signalisation induite par l’IL-2 active STAT-5 qui coopère avec
STAT-3 pour induire Foxp3 (32). Les nTregs et les iTregs constituent ainsi la population des Tregs
CD25+ Foxp3+ circulants (Figure 7) et sont phénotypiquement indifférenciables (33).
Figure 7 : Développement thymique et périphérique des Tregs Foxp3+ La population périphérique des Tregs Foxp3+ est composée de nTregs et de iTregs. Les nTregs se développent dans le thymus puis migrent en périphérie. Les iTregs se développent au sein des organes lymphoïdes secondaires à partir de LT CD4+ naïfs et ont donc un répertoire TCR différent des nTregs. (33)
22
Phénotype
Foxp3 représente un bon marqueur phénotypique des Tregs même s’il peut être exprimé
transitoirement par des lymphocytes activés sans pour autant acquérir de fonctions
immunosuppressives (34). Le profil phénotypique des Tregs peut être complété par une expression
faible du CD127 (chaine α du récepteur à l’IL-7), et une forte expression du CD25 (35). Les Tregs
semblent exprimer fréquemment des récepteurs co-inhibiteurs (régulateurs négatifs) comme le
CTLA-4 (cytotoxic T lymphocyte-associated antigen 4), analogue du CD28, transmettant un signal
inhibiteur lors de l’interaction avec le complexe B7 (CD80-CD86) à la surface des CPA (36). D’autres
molécules régulatrices comme PD-1 (CD279 = Programmed cell death protein 1) (37)(38), GITR
(glucocorticoid-induced TNF receptor) (39) ou ICOS (costimulatory receptor inducible costimulator)
(40) semblent aussi pouvoir être exprimées et joueraient un rôle dans la régulation immunitaire.
Fonctions
Avec l’expression de Foxp3, le Treg acquière ses fonctions suppressives (31). De fait, des mutations
sur le gène codant pour Foxp3 sont responsables chez l’homme d’un syndrome d'immuno-
dérégulation, polyendocrinopathie, entéropathie auto-immune lié au chromosome X (IPEX
syndrome) (41).
Les mécanismes qui conduisent à la fonction suppressive des Tregs sont multiples et complexes.
Après stimulation spécifique de leur TCR suite à la présentation antigénique par les CPA, les Tregs
vont inhiber la prolifération et les fonctions des cellules effectrices telles que les LT CD4+ et CD8+,
mais aussi les cellules dendritiques, les macrophages et les LB (Figure 8).
Figure 8 : Mécanismes conduisant aux fonctions immunosuppressives des Tregs. Vignali et al. (42)
23
Un des mécanismes qui semble majeur est la sécrétion de cytokines aux fonctions suppressives
(Figure 8a) telles que l’IL-10, le TGF-β et l’IL-35, qui sont capables d’induire un arrêt du cycle cellulaire
et de conduire à un épuisement lymphocytaire.
De plus, les Tregs semblent présenter des propriétés cytolytiques (Figure 8b) via un contact direct
avec les LT ou les CPA en induisant leur apoptose grâce à la sécrétion de granzymes et de perforines.
La forte expression du CD25 (récepteur à l’IL-2) entraine une consommation massive de l’IL-2 présent
dans le milieu, privant les autres sous-populations de lymphocytes T par compétition d’une cytokine
primordiale pour leur prolifération et leur survie (Figure 8c).
Les Tregs semblent aussi exprimer les molécules membranaires CD39 et CD73 qui auraient une
action enzymatique de transformation de l’ATP extracellulaire en adénosine aux propriétés anti-
inflammatoires (Figure 8c).
Les fonctions suppressives peuvent être également induites grâce à l’expression membranaire de
molécules co-inhibitrices (Figure 8d) telles que le CTLA-4, PD-1 (CD279) ou LAG-3 (CD233) qui agiront
via divers mécanismes. Par exemple, CTLA-4 interagit avec le complexe B7 (CD80/CD86) exprimé à la
surface des DCs et inhibe ainsi le signal de co-stimulation. La capacité des DCs à stimuler les LT naïfs
via le CD28 se trouve diminuée, entrainant une anergie lymphocytaire (état de non réponse lié à un
défaut de co-stimulation). L’action de PD-1 est en partie similaire à celle du CTLA-4. LAG-3 est un
homologue du CD4+ qui se lie avec une forte affinité au CMH II entrainant une inhibition de la
maturation et des fonctions stimulatrices des DCs. D’autres molécules co-inhibitrices peuvent être
exprimées à la surface des Tregs ; mais la liste est non exhaustive et leur connaissance est parfois
approximative. (42)(43).
Autres lymphocytes T CD4+
Les principales catégories de T helpers sont représentés par les TH1/ TH2/ TH17/Tregs mais il existe
d’autres catégories moins décrites et présentant diverses fonctions que nous ne citerons que
rapidement ici.
Les lymphocytes TH3 sont des LT CD4+ Foxp3+/- ayant des fonctions régulatrices via la sécrétion de
TGF-β (44)(29).
Les lymphocytes Tr1 sont des LT CD4+ Foxp3- ayant une activité régulatrice via la sécrétion d’IL-10
(45).
Les lymphocytes TH9 sont des LT CD4+ sécréteurs d’IL-9 jouant un rôle dans l’auto-immunité et
l’immunité anti-helminthique (46).
Les lymphocytes T helpers folliculaires (TFH) représentent une sous-population de LT CD4+ destinés à
assister les lymphocytes B qui ont des fonctions essentielles dans la formation du centre germinatif,
dans la création d’un répertoire BCR de haute affinité et dans le développement de LB mémoires et
24
de plasmocytes sécréteurs d’anticorps de haute affinité. Leur développement implique une
stimulation en particulier par de l’IL-6 et la mise en jeu du facteur de transcription Bcl-6 (B cell
lymphoma 6) (47).
2) e) Réponse cellulaire adaptative : lymphocytes T CD8+
LT CD8+ cytotoxiques
Les lymphocytes T cytotoxiques (CTL) sont des LT CD8+ spécialisés dans l’élimination directe de
cellules infectées (en particulier par des virus), malignes ou dont l’intégrité est altérée. La stimulation
d’un LT CD8+ naïf se fait via la présentation d’un peptide étranger par une molécule de CMH I à la
surface d’une CPA (présentation croisée seulement par les cellules dendritiques). Des signaux de co-
stimulation sont envoyés grâce à la participation de nombreuses molécules membranaires,
notamment par l’interaction du CD40L (CD40 ligand) d’un LT helper avec le CD40 de la CPA puis par
l’interaction du CD28 du LT CD8+ naïf avec le complexe B7 (CD80/CD86) de la CPA. La production de
cytokines pro-inflammatoire et en particulier l’IL-2 par la CPA activée, par le T helper et par le LT
CD8+ stimulé vont permettre une amplification de l’activation et de la prolifération des LT CD8+
(Figure 9) (48).
La reconnaissance d’une cellule infectée par interaction entre le TCR du CTL et le complexe peptide-
CMH de classe I entraine une adhésion étroite à ces cellules. La stabilité de cette « synapse
immunologique » est renforcée par des molécules d’adhérence, notamment des intégrines telles que
LFA-1 exprimées par le CTL par interaction avec leurs ligands ICAM-1. Les CTL activées libèrent alors
par exocytose le contenu de leurs granules : perforines et granzymes. La perforine par polymérisation
va permettre la perméabilisation de la cellule cible et les granzymes libérés dans le cytoplasme vont
entrainer l’apoptose. Les CTL activés expriment aussi une protéine membranaire, le Fas-Ligand (FasL),
qui se lie à un récepteur inducteur de mort, appelé Fas (ou CD95) sur les cellules cibles et entrainent
l’apoptose de celles-ci. En plus de leur capacité cytolytique, les CTL sont capables de sécréter des
cytokines telles que l’IL-2, l’INF-γ, le TNF-α et certaines chimiokines qui permettent une
intensification de la réponse anti-infectieuse. Ces médiateurs à propriétés pro-inflammatoires, vont
permettre le recrutement et l’activation de macrophages et pour certains (l’INF-γ, TNF-α) des
propriétés directement inhibitrices de la réplication virale (49).
A la suite de l’expansion clonale, la grande majorité des LT CD8+ spécifiques de l’antigène rencontré
meurent, laissant derrière eux une petite population de LT CD8+ mémoires à longue durée de vie qui
permettra une réponse plus efficiente lors d’un éventuel nouveau contact avec l’antigène (se
conférer à la partie LT mémoires) (50).
25
Figure 9 : Activation schématique des LTCD8+ L’activation lymphocytaire efficace des LT CD8+ naïfs nécessite différents signaux de stimulation et de co-stimulation :
- Initiation de l’activation lors de la présentation de l’antigène par les CPAs par interaction CMH I – TCR puis transmission du signal intracellulaire via le co-récepteur CD3.
- Signaux de co-stimulation amorcés par le LTCD4+ helper notamment via l’interaction du CD40-L avec le CD40 de la CPA puis par interaction entre le complexe B7 (CD80/CD86) de la CPA avec le CD28 du LTCD8+.
- Sécrétion accrue d’IL-2 et autres cytokines pro-inflammatoire permettant de potentialiser l’activation et la prolifération des LTCD8+ effecteurs cytotoxiques et mémoires.
LT CD8+ régulateurs
Une population régulatrice a aussi été décrite au sein du compartiment lymphocytaire CD8+ (Tregs
CD8+). Ces Tregs CD8+, d’une grande diversité, peuvent être générés dans le thymus ou en
périphérie à partir de LTCD8+ naïfs. Cette population est de phénotype hétérogène et il n’a pas été
mis en évidence de marqueurs spécifiques. Les Tregs CD8+ peuvent cependant partager des
marqueurs phénotypiques communs avec les Tregs CD4+ comme le CD25 ou Foxp3 et peuvent aussi
exprimer des marqueurs comme le GITR, le CTLA-4, le CD103 ou le CD122. Ils sont capables de
produire des cytokines inhibitrices telles que l’IL-10 et le TGF-β et de modifier l’état d’activation des
LT effecteurs et des CPAs. (51)(52)(53).
26
2) f) Lymphocytes T mémoires
Lors d’une infection, la rencontre avec un antigène est marquée par la génération et la persistance
de lymphocytes T mémoires garantissant une immunité protectrice vis-à-vis du pathogène spécifique
tout au long de la vie.
Leur fréquence chez l’homme varie au cours du temps, et on observe trois principales phases (Figure
10) :
- Une phase initiale de génération intense à partir de la naissance et durant les deux premières
décennies de la vie. C’est une période de grande susceptibilité aux infections et de croissance
importante de la population des T mémoires.
- Un plateau est atteint à l’âge de 20 – 25 ans et la fréquence des T mémoires reste stable au
cours de la vie d’adulte. Le taux de T mémoire est maintenu grâce à un turnover
homéostatique. Cette période de la vie est de moindre sensibilité aux infections.
- Une phase d’immuno-sénescence apparait vers 65 – 70 ans, marquée par une décroissance
de la population T mémoire et par une perte progressive de leurs fonctions effectrices.
Figure 10 : Evolution du nombre du taux de LT mémoires et de la susceptibilité à un pathogène au cours de la vie (54)
La fraction de LT circulants représente environ 2 à 2.5% de la totalité des LT présents dans le
corps (circulants et tissulaires). Sa composition varie au cours de la vie. Durant l’enfance et de
l’adolescence, on observe une majorité de LT naïfs circulants. C’est une période de génération
importante de LT mémoires qui vont atteindre un taux d’environ 35% des lymphocytes circulants au
début de l’âge adulte. Au cours de la vie d’adulte le taux de LT mémoires atteint un plateau et
27
augmente progressivement au fil des années jusqu’à atteindre environ 50% des LT circulants. Aux
alentours d’environ 65 ans la proportion de LT mémoires circulants augmente encore (moins de LT
naïfs circulants) mais sont marqués par une perte progressive de leurs fonctions effectrices (54).
Les LT mémoires chez l’homme sont classiquement distingués par l’expression de l’isoforme CD45RO
et l’absence d’expression du CD45RA (CD45RO+ CD45RA-).
Au sein des T mémoires on différencie deux sous-populations en fonction de l’expression du CCR7
(récepteur à une chimiokine qui oriente le lymphocyte vers les ganglions lymphatiques) : CCR7+ pour
les T mémoires centraux (TCM) qui sont plutôt localisés au niveau des organes lymphoïdes
secondaires et CCR7- pour les T mémoires effecteurs (TEM) plutôt localisés au niveau des tissus
périphériques. La L-sélectine CD62L est fortement exprimée sur le TCM et faiblement sur le TEM. Les
deux sous populations expriment le CD127 (IL-7Rα) et l’IL-15R leur procurant une faculté d’auto-
renouvellement en absence d’antigène grâce à l’action de l’IL-7 et de l‘IL-15 (54).
Dans le sang périphérique la plupart des lymphocytes T mémoires CD4+ et CD8+ sont producteurs
d’IFN- γ, d’IL-2 ou de TNF-α (cytokines pro-inflammatoires) après une courte stimulation et seule une
infime partie des LT mémoires CD4+ sont sécréteurs d’IL-4, d’IL-10 ou d’IL-17 (cytokines anti-
inflammatoires).
La spécificité de la réponse adaptative est intrinsèquement liée à la génération et à la persistance de
lymphocytes T mémoires ayant déjà interagit spécifiquement avec l’antigène via le TCR (54).
Les lymphocytes T, par leur capacité à sécréter des médiateurs solubles ou grâce à des mécanismes
mettant en jeu un contact cellulaire direct, jouent un rôle important dans l’immunité. De
nombreuses populations de lymphocytes T ont été décrites et initialement considérée comme des
effecteurs complètement différenciés. Cette différenciation terminale arrêtée est largement remise
en cause depuis plusieurs années et les fonctions et phénotypes des lymphocytes T effecteurs
semblent plutôt présenter une flexibilité ou plasticité au cours du temps. Il semble en effet exister
une grande variété de stades transitoires capables de produire des réponses cytokiniques
hétérogènes et conservant une capacité de différenciation croisée entre différentes sous-populations
lymphocytaires. Cette plasticité pourrait permettre une réponse plus équilibrée et plus adaptée vis-à-
vis de chaque pathogène (55).
2) g) Lymphocytes T : phénotypes, facteurs de transcription et fonctions
des principales sous-populations résumés en schémas
(Annexe 3) (56)
28
3) Sepsis : déséquilibre immunosuppressif
La théorie incriminant l'hyper-inflammation comme principale cause de mortalité chez les patients
atteints de sepsis a longtemps prédominé et orienté la recherche thérapeutique vers des traitements
anti-inflammatoires. L'échec de nombreux essais thérapeutiques allant dans ce sens (anticorps
monoclonal anti-TNF-α et antagoniste de l'IL-1R, blocage des TLR, antagonistes d'endotoxines) ont
conduit à rechercher les causes de ces échecs et à remettre en cause cette théorie (57).
Des études post-mortem chez des patients décédés suite à un sepsis ont apporté de nouveaux
éléments explicatifs et ont permis de mettre en évidence une altération des fonctions immunitaires
de l'hôte. Le rôle central de l'immunosuppression au cours du sepsis a également été mis en
évidence grâce au bénéfice apporté par des essais thérapeutiques visant à restaurer l'immunité chez
ces patients par le biais de thérapeutiques ciblées (58).
Cette phase d'immunosuppression a initialement été perçue comme un mécanisme secondairement
compensatoire de l'hyper-inflammation. Il semblerait en fait que les mécanismes pro-inflammatoires
et immunosuppresseurs soient interdépendants, en concurrence et entrent en jeu plus ou moins
simultanément lors du sepsis. En effet, certaines études menées chez des patients septiques ont
montré que les cellules immunitaires étaient capables de produire rapidement et simultanément des
cytokines pro et anti-inflammatoires, parfois à prédominance anti-inflammatoire. Certains patients
présentaient une insuffisance de production cytokinique globale comparée à des patients non
septiques (58)(59).
3) a) Apoptose et immunosuppression
Une avancée importante dans la compréhension de la physiopathologie du sepsis a été la mise en
évidence d'une déplétion intense en cellules immunitaires consécutive à une mort cellulaire par
apoptose (60)(61).
Cette déplétion a lieu au sein de divers organes, en particulier les organes lymphoïdes primaires et
secondaires et concerne les cellules de l’immunité innée et adaptative, notamment les LT CD4+ et
CD8+, les lymphocytes B et les DCs. La perte considérable en cellules immunitaires conduit
inévitablement à une immunosuppression, mais l'apoptose a aussi un impact sur les cellules
immunitaire survivantes. En effet la phagocytose par les monocytes/macrophages et DCs de cellules
apoptotiques va provoquer un phénomène de tolérance en induisant un état de non réponse
immunitaire et en orientant la réponse lymphocytaire auxiliaire vers un profil Th2. La sécrétion d'IL-
10 et de TGF-β anti-inflammatoires est alors favorisée tandis qu'on observe une diminution de la
production de cytokines pro-inflammatoires comme le TNF-α, l'IL-1 et l'IL-12 (62). Cette
29
hyporéactivité immunitaire entrave alors la clairance efficace du pathogène et engendre une
susceptibilité aux infections secondaires.
3) b) Impact du sepsis sur les cellules immunitaires
Au-delà de la perte quantitative consécutive à l’apoptose massive de cellules immunitaires, le sepsis
est aussi responsable, directement ou indirectement, de l’altération des fonctions de la quasi-totalité
des cellules impliquées dans l’immunité (Figure 11) (18).
Cellules de l’immunité innée
Les polynucléaires neutrophiles (PNN) ont un rôle central dans le contrôle précoce de l’invasion par
un pathogène. A la suite de leur maturation médullaire, ils circulent naturellement quelques heures à
quelques jours avant d’entrer en apoptose et d’être épurés physiologiquement par des cellules
phagocytaires tissulaires. Contrairement à ce que l’on peut observer pour les lymphocytes, le taux de
neutrophiles entrant en apoptose semble diminuer lors du sepsis (63). Cette prolongation de la
durée de vie et un accroissement de leur production médullaire entraine une augmentation du
nombre de PNN et de leurs précurseurs immatures circulants. En dépit de ce nombre augmenté, des
fonctions indispensables à la clairance efficace du pathogène semblent altérées lors du sepsis. La
réponse chimiotactique et donc la migration des PNN semble moins efficace chez des patients
septiques ; ceci pourrait être expliqué par un défaut d’expression de CXCR2 et plus ou moins de
CXCR1 (récepteurs aux chimiokines). Leur faculté phagocytaire semble conservée mais la production
d’agents bactéricides, comme les espèces réactives de l’oxygène, la myéloperoxydase ou la
lactoferrine, parait altérée.
Lors du sepsis, les PNN semblent par ailleurs acquérir une aptitude à inhiber la réponse cellulaire
adaptative en particulier les lymphocytes T, via notamment la sécrétion de cytokines anti-
inflammatoires comme l’IL-10 même si cette hypothèse semble être remise en question chez
l’homme. Des PNN isolés de patients septiques semblent aussi exprimer des molécules inhibitrices
comme le PD-L1 (Programmed cell death receptor ligand-1) qui peut potentiellement induire une
altération des fonctions lymphocytaires (64)(65)(66).
L’observation de ces anomalies à la fois quantitatives et fonctionnelles des PNN semble liée à un
pronostic péjoratif (64).
Les MDSCs (Myeloid-derived suppressor cells) sont une population de cellules immunitaires incluant
les cellules myéloïdes matures et immatures qui semblent jouer un rôle immunosuppresseur au
cours de l’inflammation et du sepsis en altérant particulièrement la réponse lymphocytaire T.
Générés dans la moelle osseuse, ils se différencient rapidement, en situation physiologique, en PNN,
30
monocytes/macrophages et DCs matures. Dans des situations pathologiques comme le sepsis ou le
cancer ils subissent un blocage partiel de leur différenciation résultant en une expansion de cette
population. Dans ce contexte, leur activation entraine l’expression de facteurs immunosuppressifs
comme l’arginase (codées par ARG1) ou comme une production accrue de NO, d’espèces réactives
de l’oxygène ou de peroxynitrite (ONOO-) qui sont responsable d’une inhibition de la prolifération et
de la fonctionnalité lymphocytaire T. Plus récemment des études ont montré la capacité des MDSCs à
induire le développement de novo de Tregs Foxp3+. Leur mise en évidence est associée avec la
survenue d’infections nosocomiales et à un pronostic péjoratif. (67)(68).
Les monocytes et macrophages voient aussi leurs fonctions immunitaires altérées lors du sepsis et
entrent dans une phase de tolérance immunitaire. Au contact du lipopolysaccharide (LPS), ou autres
agonistes des TLR, on observe une diminution de leur capacité à produire des cytokines pro-
inflammatoires comme le TNFα, l’IL-6, l’IL-12, l’IL-1, CCL3, CCL4 ou CXCL10 et une augmentation de la
production de cytokines anti-inflammatoires comme l’IL-10, le TGF-β et l’IL-1Ra (antagoniste au
récepteur de l’IL-1). Ce phénomène de tolérance aux endotoxines « endotoxin tolerance » semble lié
à un changement dans la signalisation intracellulaire. Ce profil de sécrétion cytokinique modifié
oriente la réponse lymphocytaire vers un profil Th2 et une activation des lymphocytes Tregs. Il
conduit aussi à une fonction phagocytaire exacerbée des monocytes/macrophages, associée à une
capacité conservée à détruire les pathogènes phagocytés mais à une perte des fonctions de
présentation de l’antigène. L’exacerbation de la phagocytose semble liée à une expression
augmentée du CD64 (récepteur au fragment Fcγ des Igs) alors que l’altération de la fonction de
présentation de l’antigène semble liée à une diminution importante de l’expression des molécules de
CMH de classe II (HLA-DR) en surface. Lors du sepsis, les monocytes peuvent aussi exprimer en
surface PD-L1 qui en se liant à PD-1, son récepteur lymphocytaire, exacerbe l’altération de la réponse
lymphocytaire T déjà entrainée par le défaut de présentation de l’antigène et la modification du
profil de sécrétion cytokinique. Il a été montré que la diminution et la persistance de la diminution de
l’expression du HLA-DR en surface des monocytes/macrophages était un bon marqueur prédictif de
mortalité et de survenue d’infections nosocomiales. L’expression de PD-L1 par les monocytes semble
aussi être un bon marqueur pronostique lors du sepsis (69)(70)(71)(72).
Les cellules dendritiques subissent aussi de profondes modifications fonctionnelles et quantitatives
lors du sepsis. Les DCs subissent une apoptose massive chez les patients septiques, ce qui a pour
conséquence une perte importante du nombre de DCs circulantes ainsi que de celles retrouvées au
niveau des organes lymphoïdes secondaires. Cette perte semble associée à une survenue majorée
d’infections nosocomiales et à un pronostic péjoratif (73). Outre l’apoptose, le sepsis engendre aussi
de profondes modifications fonctionnelles. Il a été observé une diminution de l’expression
31
membranaire de HLA –DR qui altère directement la fonction de présentation de l’antigène. Le profil
de sécrétion cytokinique apparait aussi aberrent lors du sepsis avec une capacité à produire des
cytokines pro-inflammatoires (TNF-α, IL-1 et IL-12) diminuée alors que des cytokines anti-
inflammatoires (IL-10, TGF β) semblent maintenues voire augmentées. Comme pour les
macrophages, le profil cytokinique anti-inflammatoire et le défaut de présentation antigénique
semblent entrainer une incapacité à stimuler l’activation lymphocytaire T effectrice et favoriser une
prolifération préférentielle des lymphocytes Tregs. On parle alors de DCs dites régulatrices. (18)(74)
Les lymphocytes NK sont aussi affectés lors du sepsis. Il a été observé une diminution significative et
persistante des NK circulants, même si leur localisation préférentiellement tissulaire rend leur étude
difficile. Les fonctions des NK semblent aussi affectées et en particulier leurs fonctions cytotoxiques
et de sécrétion de cytokines. La diminution de production d’IFN-γ accroit notamment la susceptibilité
aux infections et réactivations virales (18).
Figure 11 : Impact du sepsis sur les cellules du système immunitaire inné et adaptatif Hotchkiss et al. (18)
Cellules de l’immunité adaptative
Comme on l’a vu précédemment, l’apoptose de cellules immunitaires concerne les LT CD4+, les
LT CD8+, les NK et les lymphocytes B. Plusieurs études cliniques ont mis en évidence une
lymphopénie, parfois persistante, chez les patients septiques. La numération des lymphocytes
32
circulants est un paramètre disponible très facilement en routine et il a été montré qu’une
lymphopénie précoce et persistante chez les patients septiques ou en choc septique était associée à
la survenue d’infections nosocomiales, pouvait prédire la mortalité précoce et tardive et constituait
ainsi un bon marqueur d’immunodépression liée au sepsis. (61)(75)(76)
La réponse T CD4+ auxiliaire est profondément modifiée lors du sepsis. Des études récentes
semblent montrer que les sous populations TH1, TH2 et TH17 sont fonctionnellement et
quantitativement altérées. Parmi celles-ci, certaines ont montré une altération de la production
cytokinique concernant à la fois les profils TH1 et TH2. Par exemple, Boomer et al. (77) ont utilisé des
splénocytes issus de 40 patients décédés suite à un sepsis en comparaison avec des lymphocytes de
patients non-septiques puis ont stimulé la réaction lymphocytaire avec des anticorps anti-CD3 et
anti-CD28 ou avec du LPS durant 5 heures. Les sécrétions de TNF-α, d’IFN-γ, d’IL-6 et d’IL-10 étaient
quasi-inexistantes et significativement diminuées par rapport aux contrôles. Ce groupe a aussi étudié
par cytométrie en flux, l’expression de marqueur de surface cellulaire sur les lymphocytes T et les
CPA. Il a été observé l’expression de molécules d’activation sur les LT (CD4+ et CD8+) comme CD69 et
CD25 (récepteur à l’IL-2) ainsi que l’expression diminuée du récepteur de co-stimulation CD28 et du
récepteur à l’IL-7 (CD127) indispensables à l’activation et à la survie lymphocytaire. Ils ont aussi
observé une expression augmentée de récepteurs co-inhibiteurs comme PD-1 (CD279) et CTLA-4
(cytotoxic T-lymphocyte antigen 4 ou CD152). De la même façon que pour les LT, l’expression du
CD86 (ligand de co-stimulation sur le CD28 des LT) était diminuée alors que l’expression de PD-L1
(ligand de PD-1 sur les LT) était augmentée sur les CPAs (macrophages et DCs).
D’autres études ont montré une diminution de l’expression de Tbet, GATA-3 et ROR-γt, facteurs de
transcription régulant l’action des LT CD4+ respectivement TH1, TH2 et TH17, chez des patients
septiques (76)(78). Des modèles murins ont aussi permis de mettre en évidence des méthylations sur
les histones et des remodelages chromatiniens au niveau des régions promotrices de Tbet et GATA-3
lors du sepsis, qui pourraient contribuer à l’épuisement lymphocytaire T CD4+ (79). Des études
portant sur la diversité du répertoire TCR par biologie moléculaire ont été récemment menées et
semblent montrer une diminution précoce de cette diversité chez des patients en choc septique. La
plupart des patients semble récupérer en quelques jours une diversité TCR normale et la non-
récupération de cette diversité de TCR apparait liée à un pronostic défavorable et à la survenue
d’infections nosocomiales et de réactivations virales (80)(81).
Tous ces résultats vont dans le sens d’une fonction lymphocytaire T très altérée lors du sepsis et cet
état est défini par le terme d’épuisement lymphocytaire ou « T cell exhaustion ».
33
3) c) Epuisement lymphocytaire : T cell exhaustion Modèle de l’infection virale chronique
L’épuisement lymphocytaire a été décrit pour la première fois il y a une vingtaine d’années sur des
souris présentant une infection virale chronique et pour lesquelles une altération des fonctions
lymphocytaires T avait été mise en évidence (82)(83).
Depuis, de nombreuses études basées sur des modèles murins et humains ont permis de mettre en
évidence l’épuisement lymphocytaire dans diverses situations d’infections virales, parasitaires,
bactériennes et également dans les processus tumoraux. La durée prolongée du sepsis se caractérise
par une charge importante en antigène et une sécrétion importante de cytokines pro et anti-
inflammatoires qui constituent des bases idéales pour le développement de l’épuisement
lymphocytaire. Cet état est plus décrit pour les lymphocytes CD8+ que pour les CD4+ même si on a
vu précédemment que des phénomènes comparables étaient aussi rapportés pour les LT CD4+.
Physiopathologie de l’« exhaustion »
Lors d’une infection, la réponse cellulaire adaptative se met en place initialement au moment de la
présentation de l’antigène par une CPA. Les LT naïfs alors activés grâce à l’intervention de signaux de
co-stimulation, se différencient en lymphocytes T effecteurs spécifiques de l’Ag dont les lymphocytes
T CD8+ cytotoxiques (CTL). Le pathogène est normalement rapidement éradiqué et la majorité des LT
entrent en apoptose et sont éliminés par des phagocytes. Ne subsistent alors qu’une petite fraction
de ces T effecteurs qui gardent un potentiel d’auto-renouvellement médié par l’IL-7 et l’IL-15 en
dehors de tout contact avec l’Ag. Contrairement aux LT épuisés (Tex : exhausted) ces T CD8+
mémoires polyfonctionnels conservent de hautes capacités fonctionnelles comme les propriétés de
sécrétion de cytokines, la cytotoxicité, un potentiel prolifératif et une résistance à l’apoptose (Figure
12) qui leur permet une réponse plus efficace lors d’un éventuel nouveau contact avec l’Ag
spécifique. Les Tex, quant à eux, exprimeront faiblement le CD127 (récepteur à l’IL-7) et le CD122
(chaine β du récepteur à l’IL-2 et l’IL-15) et perdent ainsi leur capacité d’auto-renouvellement (84).
Lors d’une interaction prolongée avec un pathogène, et dans un contexte d’inflammation, la
différenciation en T mémoires est profondément altérée et les fonctionnalités du LT CD8+ effecteur
semblent être affectées graduellement (Figure 12). Les fonctions de sécrétion d’IL-2, de cytotoxicité
et de prolifération intensive semblent être les premières à être touchées, puis le défaut de sécrétion
de TNF-α à un stade intermédiaire, et enfin la diminution de sécrétion d’INF-γ semble intervenir à un
stade plus sévère. Une charge antigénique élevée ainsi qu’une perte des fonctions auxiliaires des
CD4+ apparaissent corrélées à la profondeur de l’épuisement.
34
Figure 12 : Développement progressif de l’épuisement lymphocytaire lié au contact prolongé avec un
antigène
Lors d’une infection aiguë l’activation d’un LT naïf suite à la présentation de l’antigène et aux signaux de co-
stimulation conduit à la production de LT effecteurs. Après éradication du pathogène, la plupart des LT entrent
en apoptose excepté un contingent qui va persister et constituer une population de LT mémoires. aux capacités
de sécrétion cytokinique, cytotoxiques et un potentiel prolifératif conservés en vue d’une nouvelle exposition à
l’antigène.
Si l’infection persiste, la charge antigénique augmente tandis que les LT perdent progressivement leurs
fonctions effectrices de manière hiérarchique. Parallèlement, les LT vont exprimer à leur surface des récepteurs
co-inhibiteurs ou « immune checkpoint ». Cet épuisement lymphocytaire s’associe à une diminution des
fonctions auxiliaires des LT CD4+ et à une augmentation de la charge antigénique. Wherry (2011) (84)
Il existe une diversité dans l’épuisement lymphocytaire liée à des facteurs comme le type de
pathogène, son tropisme, la localisation et la sévérité de l’infection et l’intégrité des fonctions de
présentation de l’antigène et de l’architecture lymphoïde.
Après moins d’une semaine d’exposition à un Ag il semblerait que l’épuisement lymphocytaire reste
réversible et que les Tex gardent la capacité à se différencier en T CD8+ mémoires polyfonctionnels.
Après 2 à 4 semaines d’exposition à l’Ag, un épuisement plus profond semble s’établir et il apparaît
que les Tex perdent irrémédiablement la capacité à récupérer des fonctions effectrices, même après
éradication du pathogène (85)(84).
35
La physiopathologie de l’épuisement lymphocytaire ne peut être expliquée sans le concours de
signaux inhibiteurs impliquant des médiateurs solubles, l’expression de molécules co-inhibitrices ou
par l'intervention de Tregs, de TCD4+ helpers ou de CPA (Figure 13).
Figure 13 : Développement de l'épuisement lymphocytaire Schéma résumant les mécanismes et signaux qui conduisent à l'épuisement lymphocytaire ainsi que les conséquences physiologiques qui en découlent. SnapShot : T cell Exhaustion : Pauken KE. et Wherry EJ.
Parmi les médiateurs solubles, sont impliquées des cytokines immunosuppressives comme l’IL-10 et
le TGF-β mais aussi des cytokines inflammatoires comme les interférons de type I (IFN-α et β), l’IL-6
et l'IL-27. (84)
Ces lymphocytes T épuisés, plutôt qu’un type cellulaire arrêté, semblent bien représenter un état
distinct de différenciation lymphocytaire et la compréhension des mécanismes qui y mènent, a
permis de déterminer plus précisément leurs fonctions et phénotypes particuliers (85).
Modifications phénotypiques lors de l’épuisement lymphocytaire
Il existe une variété importante de récepteurs co-stimulateurs et co-inhibiteurs à surface des
lymphocytes T (Annexe 4) (86). Aussi connus sous le nom d’« immune checkpoint », ils jouent un rôle
crucial dans l’immunité adaptative à toutes les étapes de la réponse immunitaire, autant dans des
situations physiologiques que pathologiques en permettant de moduler le signal d’activation du TCR.
Chaque type d’immune checkpoint peut avoir préférentiellement des fonctions activatrices ou des
fonctions inhibitrices du système immunitaire. Cependant une même molécule peut exercer des
fonctions opposées (activatrices ou inhibitrices) selon le contexte.
36
Quatre principales familles ont été décrites (87):
- Famille CD28/B7 incluant CD28, CTLA-4 (CD152 : cytotoxic T lymphocyte antigen 4), PD-1
(CD279 : programmed cell death protein 1), ICOS (Inducible T-cell Costimulator) et BTLA
(CD272 : B- and T-lymphocyte attenuator).
- Famille des immunoglobulines incluant TIM-3 (T-cell immunoglobulin and mucin-domain
containing-3), LAG-3 (CD233 : lymphocyte-activation protein 3) et CD160.
- Famille des récepteurs au TNF-α incluant CD27, CD137 (4-1BB).
- Famille de SLAM/CD2 incluant SLAM (Signaling Lymphocyte Activation Molecule), 2B4
(CD244) et CD48.
Chaque molécule co-stimulatrice ou co-inhibitrice interagit avec un ou plusieurs récepteurs différents
exprimés par un ou plusieurs types cellulaires (Figure 14).
Figure 14 : Molécules régulatrices et leurs ligands Localisation préférentielle sur le LT (à droite) ou sur la cellule cible ou CPA (à gauche). Un code couleur détermine l’appartenance à une sous famille : vert pour la famillle B7, bleu pour la famille des immunoglobulines, orange pour la famille SLAM/CD2 et et jaune-orange pour les récepteurs au TNF-α. Vigano et al. (87).
Les récepteurs co-inhibiteurs sont notamment impliqués dans les phénomènes de tolérance au soi et
de prévention des phénomènes auto-immunité. Même s’ils peuvent être exprimés transitoirement
37
lors de l’activation lymphocytaire (Figure 15) et à la surface des cellules effectrices et mémoires, une
expression prononcée et prolongée de plusieurs de ces récepteurs semble être un bon marqueur
d’épuisement lymphocytaire, de même qu'une expression réduite de récepteurs co-stimulateurs (ex:
CD28, CD127 ou IL-7R).
Figure 15 : Profil d’expression des immune checkpoints au cours d’une infection Après infection par un agent pathogène et activation lymphocytaire, différentes molécules co-stimulatrices et co inhibitrices (ICPs) sont exprimées suivant des cinétiques variables et régulent le développement et le devenir des cellules effectrices. Le plus souvent lors d’une infection, l’activation des LT conduit au contrôle de l’infection et à la génération de LT mémoires. Au cours de ce processus des récepteurs co-inhibiteurs sont faiblement exprimés à la surface des LT effecteurs et des LT mémoires. Lorsque l’infection n’est pas contrôlée, la stimulation continue des LT due à la persistance de l’Ag entraine un épuisement lymphocytaire associé à l’expression simultanée de plusieurs molécules co-inhibitrices et à une perte des fonctions inhibitrices. Vigano et al. / Fuertes Marraco et al. (87)(88).
Au cours des dernières années de nombreuses études ont permis de mettre en évidence le lien entre
l’épuisement lymphocytaire et l’expression de divers récepteurs co-inhibiteurs à la surface
lymphocytaire au cours de différentes situations infectieuses (notamment virales) et cancéreuses à la
fois chez des modèles murins et humains (89)(90)(91)(92)(93)(94)(95)(96)(97)(98).
Des travaux de recherche, dont un bon exemple est celui menée par Blackburn et al. (89), ont aussi
montré le lien entre l'intensité ainsi que la multiplicité de l'expression de ces récepteurs co-
inhibiteurs et la sévérité de l’infection. D’autres études murines et humaines, via des stratégies visant
à bloquer ces récepteurs co-inhibiteurs (« immune checkpoint inhibitors »), ont souvent permis de
restaurer les fonctions effectrices des lymphocytes T et de permettre une amélioration dans la survie
à certaines infections ou tumeurs (57)(99)(88)(100). Tous ces travaux montrent que ces récepteurs
co-inhibiteurs ne sont pas seulement de bons marqueurs mais qu’ils ont surtout un rôle crucial dans
la régulation et le développement des dysfonctions lymphocytaires.
38
Impact de l’expression des récepteurs co-inhibiteurs sur les fonctions lymphocytaires
La compréhension des mécanismes par lesquels agissent les récepteurs co-inhibiteurs est primordiale
en vue du développement de thérapeutiques ciblées visant à restaurer les fonctions effectrices des
Tex aussi bien dans les infections chroniques que dans le cancer. Les ligands spécifiques de ces
récepteurs co-inhibiteurs sont généralement présents sur les CPA (monocytes/macrophages/DCs) et
sur les cellules cibles des LT engageant le signal inhibiteur via divers mécanismes.
Le premier mécanisme régulant négativement la réponse immunitaire est l’entrée en compétition
des récepteurs inhibiteurs avec des ligands co-stimulateurs en empêchant ainsi la génération du
signal d’activation (Figure 16). Par exemple le CTLA-4 entre en compétition avec le CD28 pour la
fixation sur leur récepteur commun : B7 (CD80 et CD86). De la même façon PD-L1 (ligand de PD-1)
fixe à la fois B7 et PD-1, empêchant la fixation du CD28 et enrayant le signal d’activation.
Un deuxième mécanisme est l’inhibition intracellulaire des signaux d’activation induits à la fois par la
fixation de l’antigène sur les TCR/BCR et par les récepteurs co-stimulateurs. En ciblant directement
les fractions intracellulaires de ces récepteurs activateurs ou en ciblant les molécules responsables
de la chaine de signalisation intracellulaire, les récepteurs co-inhibiteurs vont atténuer l’expression
de gènes responsables de l’activation lymphocytaire en ayant des effets délétères sur la survie, la
prolifération et le métabolisme cellulaire (Figure 16). Pour moduler les signaux d’activation
intracellulaire, les récepteurs co-inhibiteurs vont également, via leur fraction intracellulaire, activer
des motifs séquentiels dont le plus représentatif est le motif ITIM (immunoreceptor-based inhibitory
motif). Lors de leur activation, ces motifs vont entrainer des réactions intracellulaires en chaîne
conduisant à la déphosphorylation de molécules impliquées dans la signalisation intracellulaire du
TCR/BCR et des récepteurs co-stimulateurs. Ce mécanisme d’inhibition n’empêche pas totalement
l’activation lymphocytaire mais permet de la moduler au cours de diverses situations
physiopathologiques.
Outre ces deux mécanismes, il semblerait que les récepteurs co-inhibiteurs soient capables de
favoriser l’expression de gènes responsables des dysfonctions lymphocytaires et d’inhiber certains
gènes pro-inflammatoires (Figure 16). Chaque type de récepteur co-inhibiteur peut induire une
combinaison variable de ces différents mécanismes. Il est aussi très probable que certains
mécanismes demeurent encore méconnus (101)(84).
39
Figure 16 : Mécanismes moléculaires induits par les récepteurs co-inhibiteurs et conduisant à l’épuisement lymphocytaire Il existe 3 principaux mécanismes : un mécanisme de compétition au niveau de la fixation extracellulaire sur les récepteurs co-stimulateur, un mécanisme de régulation intracellulaire des signaux induits par le TCR/BCR et par les récepteurs co-stimulateur, et la régulation positive de l’expression de gènes impliqués dans les dysfonctions lymphocytaires. Traduit de Wherry and Kurachi (82).
LT CD4+, Tregs et épuisement lymphocytaire
Nous avons précédemment décrit le rôle des Tregs CD4+ CD25hi Foxp3+ CD127low dans la réponse
immunitaire au cours de diverses infections. Les Tregs peuvent moduler la réponse lymphocytaire T
au cours d’infections aiguës ou de la phase aiguë d’infections chroniques mais leur rôle dans le
développement de l’épuisement lymphocytaire reste mal connu.
De nombreuses études ont montré une fréquence augmentée de Tregs circulants aux cours
d’infections virales chroniques ou notamment au cours du sepsis. La plupart des études semblent en
fait montrer une augmentation relative par rapport aux autres fractions de LT CD4+ et non une
augmentation absolue. Ces résultats semblent aller en faveur d’une meilleure résistance à l’apoptose
induite par le sepsis des Tregs par rapport aux autres sous-populations CD4+. Une autre information
intéressante apportée par ces études est que la persistance des Tregs semble être associée à un
pronostic péjoratif (102)(103)(104)(105).
Les Tregs sont capables de sécréter des cytokines immunosuppressives comme l’IL-10, le TGF-β ou
l’IL-35 ; ce qui pourrait probablement suggérer au moins partiellement leur implication dans
l’épuisement lymphocytaire. D’autre part, on a vu que les Tregs pouvaient exprimer à leur surface
40
des récepteurs inhibiteurs et notamment PD-1 et CTLA-4, pouvant aussi constituer un mécanisme
conduisant à l’épuisement.
Une étude récente menée par Penaloza-MacMaster et al. (106) a démontré cette implication des
Tregs dans l’épuisement lymphocytaire sans toutefois pouvoir en élucider les mécanismes. En effet,
sur des souris présentant une infection chronique à LCMV (Lymphocytic Choriomeningitis Virus), la
déplétion expérimentale en Tregs a permis une restauration importante en LT CD8+ effecteurs
spécifiques du LCMV sans toutefois diminuer la charge virale. Elle a aussi permis la potentialisation
du traitement spécifique par blocage de PD-1 en réduisant significativement la charge virale. Une
autre étude intéressante de Venet et al. (103) a aussi montré l’association entre l’augmentation
relative des Tregs et les dysfonctions lymphocytaires, cette fois-ci au cours du sepsis.
Une meilleure connaissance des mécanismes par lesquels les Tregs favorisent l’épuisement
lymphocytaire pourrait être utile au du développement de nouvelles thérapeutiques immuno-
stimulatrices.
Il semble vraisemblable que le manque de stimulation par les LT CD4+ helpers liée au sepsis participe
au développement de l’épuisement lymphocytaire T CD8+ (84). Ce défaut dans les activités auxiliaires
des LT CD4+ est lié à leur perte massive par apoptose lors du sepsis ainsi qu’à une modification
profonde de leurs fonctions.
Ces dysfonctions traduisent un état d’épuisement lymphocytaire CD4+ comparable à celui observé
sur les LT CD8+ même s’ils sont bien moins décrits et que les mécanismes et les marqueurs
phénotypiques et transcriptionnels ne sont pas exactement les mêmes.
On peut observer par exemple une capacité diminuée de sécrétion de cytokines comme l’IFN-γ et le
TNF-α.
On observe aussi l’expression de récepteurs co-inhibiteurs comme PD-1 et CTLA-4. Toutefois le
répertoire de récepteurs inhibiteurs membranaires semble différer entre les Tex CD4+ et CD8+.
D’autres différences ont été observées ; par exemple, les dysfonctions semblent apparaitre plus
rapidement pour les TCD4+ que pour les TCD8+ et les Tex CD4+ gardent le plus souvent leur capacité
à sécréter de l’IL-10 qui aura un effet potentialisateur de l’épuisement lymphocytaire TCD8+
(107)(84).
41
4) Objectifs de l’étude Dans un contexte où les principales causes de mortalité et de complications tardives liées au sepsis
semblent être la conséquence d'un échec du système immunitaire, de nombreuses thérapeutiques
immuno-stimulatrices voient le jour. Il apparait désormais important de mieux comprendre les
mécanismes qui conduisent à cet état d’immunosuppression et de disposer de marqueurs précoces
qui pourraient permettre une prise en charge rapide et une amélioration la survie.
Cette étude a été menée de manière prospective sur une cohorte de 80 patients en choc septique.
L'objectif était d'étudier l'évolution quantitative et phénotypique des populations lymphocytaires T
CD8+, CD4+ et des Tregs dans les premiers jours du sepsis. L'expression membranaire de 3
récepteurs inhibiteurs (PD-1, 2B4 et CD160) a été étudiée sur les LTCD4+ et LTCD8+ et l'expression de
PD-1 sur les Tregs. Un objectif secondaire était de mettre en évidence des marqueurs précoces
d’épuisement lymphocytaire associés au pronostic, et les profils immunitaires ont ensuite été
confrontés à l'évolution clinique des patients.
42
Partie 2 : Matériel et
méthodes
43
1) Population étudiée
Il s’agit d’une étude observationnelle monocentrique prospective non interventionnelle menée dans
un service de réanimation du CHU de Toulouse entre mai 2015 et septembre 2016.
Les patients en choc septique admis en réanimation depuis moins de 36 heures ont été inclus dans
l’étude.
Le protocole de recherche a été validé par le comité d’éthique du CHU de Toulouse.
Les critères de non-inclusion étaient :
- Le refus de participer à l’étude
- Les patients mineurs
- Les patients ayant une hémopathie maligne
- Les patients ayant un cancer solide évolutif ou en rémission depuis moins de 6 mois
- Les patients ayant eu une hospitalisation en réanimation pour sepsis dans les trois mois
précédents
- Les patients ayant reçu un traitement par sérum anti-lymphocytaire dans les 6 mois
précédents
80 patients ont été inclus dans ce protocole de recherche entre mai 2015 et septembre 2016.
La moyenne d’âge était de 63 ans, avec des patients de 21 ans à 85 ans.
34 femmes et 46 hommes ont été inclus.
Parmi eux, 13 étaient greffés (5 patients transplantés rénaux, 4 hépatiques, 3 cardiaques, 1
pulmonaire) et donc possiblement dans un état d’immunosuppression avant même l’inclusion.
80 Patients J28 J90
Vivants 63
79%
57
71%
Décédés 17
21%
21
29%
Perdus de vue 0 2
Tableau 5 : Survie à J28 et J90 post-sepsis des patients inclus dans l’étude
44
2) Echantillons biologiques
Un prélèvement de sang total sur tube EDTA était prélevé dans les 36 heures suivant l’admission en
service de réanimation, puis après 3 jours puis 7 jours quand c’était possible (décès, sorties).
Nous avons pu récupérer les échantillons de 80 patients à J1, 57 patients à J3 et 36 patients à J7.
3) Cytométrie en flux et notions d’immunophénotypage
La CMF ou cytométrie en flux (cyto : cellule ; métrie : mesure) est une technique analytique
permettant la caractérisation simultanée et individuelle de plusieurs caractéristiques physiques sur
chacune des cellules présentes au sein d’une suspension (telles que la taille, la forme et la complexité
et n’importe quel composant ou fonction qui puisse être détecté par un anticorps). Elle utilise la
fluorescence, des moyens fluidiques, optiques et un système informatique pour le traitement des
données.
Les cellules sont entrainées par un flux laminaire continu de très faible diamètre et passent les unes
derrière les autres à grande vitesse à travers un ou plusieurs faisceaux lasers dans une cellule
d’analyse. Les cellules en suspension (en particulier dans les liquides biologiques : sang, moelle
osseuse, liquide céphalo-rachidien etc.) sont analysées grâce aux signaux lumineux qu’elles diffusent
au moment du passage devant les lasers. La diffusion axiale du laser bleu (FSC : forward scatter)
donne des informations sur la taille de la cellule et la diffusion latérale (à 90°) donne des
informations sur sa granularité et sa complexité (SSC : side scatter). Les émissions d’ondes
lumineuses ainsi diffractées sont capturées par des détecteurs électroniques (photodiodes).
L’utilisation de fluorochromes (colorants fluorescent) fixés sur des anticorps permet d’obtenir des
informations complémentaires grâce à un marquage spécifique des structures (ex : CD ou cluster of
differenciation sur les leucocytes) ou des fonctions cellulaires. Les cellules marquées par des
fluorochromes émettent des signaux à différentes longueurs d'onde qui sont triés par des jeux de
miroirs sélectifs (dichroiques) et de filtres (en ligne ou en étoile) puis captés par des
photomultiplicateurs (PMT) de meilleure amplification électronique (Figure 17).
L’intensité des signaux émis est directement dépendante de la taille de l’évènement analysé et de la
densité de molécules marquées, ce qui permet un décompte précis du nombre d’éléments analysés
et une analyse quantitative. Plusieurs signaux peuvent être analysés simultanément ce qui permet
une analyse multiparamétrique de chacune des cellules analysées.
Les données sont ensuite transmises à l’ordinateur qui les analyse et les retranscrit sous forme
d’histogrammes monoparamétriques ou biparamétriques.
45
L’étude de ces histogrammes nous permet d’apprécier le pourcentage de cellules exprimant un
marqueur et le niveau d’expression de ces marqueurs sur chaque cellule.
Figure 17 : Principe de fonctionnement d’un cytomètre en flux Excitation des cellules par une ou plusieurs sources laser, injection monodispersée de cellules dans le flux laminaire, analyse de la dispersion de la lumière (en ligne FSC et latéralement SSC) par des photodiodes. Capture de la fluorescence émise par les cellules marquées spécifiquement via les PMT après redirection et sélection des longueurs d’onde émises par des miroirs dichroïques et filtres. URCACyt - Plateau technique de cytométrie en flux
Les marqueurs de surface principalement utilisés dans l’identification et la caractérisation des
leucocytes en cytométrie en flux sont les molécules CD. Des anticorps spécifiques de ces marqueurs
combinés à des fluorochromes permettent de réaliser l’immunophénotypage. Une combinaison de
plusieurs marqueurs permet de différencier les populations lymphocytaires.
Dans le tableau suivant (Tableau 6) sont résumés les différents marqueurs cellulaires utilisés dans
notre étude :
46
Antigène CD Expression Fonction
CD45 Leucocytes / cellules souches
hématopoïétiques
CD3 LT matures / thymocytes Transduction du signal du TCR
CD4 LT CD4+ dont T helpers Co-récepteur du TCR se liant au CMH-II
CD8 LT CD8+ dont T cytotoxiques Co-récepteur du TCR se liant au CMH-I
CD25
Chaine α du
récepteur à l’IL-2
LT et LB activés
LT régulateurs (Tregs)
Activation et prolifération des LT, LB, NK
et macrophages
Fonction immunosuppressive à taux élevé
CD127
Chaine α du
récepteur à l’IL-7
Thymocytes, LB immatures, LT
matures
Nécessaire à la survie des LT (auto-
renouvellement)
Régulation négative de son expression
lors de l’activation du LT
CD137
4-1BB : famille des
récepteurs au TNF
LT et LB activés Signal de co-stimulation pour la
différenciation et la survie des LT
effecteurs.
CD152
CTLA-4 (T-
lymphocyte
associated antigen
4) famille des
récepteurs B7
LT régulateurs
LT activés depuis plusieurs jours
Signal d’inhibition après liaison au
CD80/CD86
CD160
Récepteur BY55 :
superfamille des
immunoglobulines
NK et LT activés Liaison au CMH-I avec
immunomodulation cellulaire
CD244
Récepteur 2B4
NK et LT CD8+ Liaison au ligand CD48
Co-récepteur avec une fonction de
stimulation ou d’inhibition
CD279
PD-1 (programmed
cell death 1)
LT activés Récepteur inhibiteur
Induction de la tolérance immunitaire
Tableau 6 : Principaux marqueurs cellulaires utilisés dans l’étude, cellules d’expression, fonctions
47
4) Marquage des échantillons
Les anticorps utilisés pour le marquage des lymphocytes ont été acheté auprès de deux fournisseurs :
BD Biosciences et Beckman Coulter.
FITC PE ECD PerCP 5.5
PC7 APC / AA 647
AA 700
AA 750/ APC-H7
PB/ BV421
KO
Tubes T01 CD3 CD279 CD25 CD4 CD127 CD8 CD137 CD45
T02 CD3 CD160 CD244 CD4 CD279 CD152 CD45
T03 CD3 CD4 CD8 CD45 Tableau 7 : Tableau descriptif des combinaisons d’anticorps ciblant les marqueurs membranaires Sont exposés en ligne les mix d’anticorps ciblant les marqueurs membranaires dans chaque tube (T01, T02, T03) et en colonne les fluorochromes utilisés pour chaque anticorps. (FITC : fluorescein isothiocyanate / PE : phycoérythrine / ECD : Electron Coupled Dye / PerCP : peridinin chlorphyll protein / PC7 : phycoerythrin cyanin 7 / APC : allophycocyanin / AA : Alexa Fluor / APC-H7 : tandem APC-cyanin / PB : pacific blue / BV : brilliant violet / KO : krome orange)
Trois tubes ont été utilisés pour l’immunomarquage direct avec 100µL de sang total dans chacun des
tubes et un volume de mix d’anticorps T01, T02 ou T03 dans chacun des tubes. Le tube 3 sert de
témoin négatif et permet de visualiser la positivité des marqueurs dans les tubes 1 et 2. Le tube EDTA
utilisé est le même que celui utilité pour la numération T, B, NK afin de ne pas avoir de divergences
sur le nombre de cellules /µL entre les deux analyses.
Les tubes ont ensuite été incubés 20 minutes à l’abri de la lumière afin que les anticorps marqués par
un fluorochrome se fixent spécifiquement sur leur antigène à la surface des LT. 2 mL de tampon de
lyse érythrocytaire (BD FACS LysisTM) ont ensuite été ajoutés. Après incubation 15 minutes à l’abri de
la lumière, les tubes ont été centrifugés 5 minutes à 1500 tours/minute à 22°C. Après l’élimination du
surnageant, un lavage des leucocytes par 2mL de PBS CellWash (BD Biosciences) dans chaque tube a
été réalisé puis les tubes ont été remis à centrifuger 5 minutes à 1500 tours/minute à température
ambiante. Le surnageant a ensuite été éliminé puis les cellules ont été remises en suspension dans
250µL de CellWash pour l’analyse au cytomètre.
5) Analyse par cytométrie en flux
L’analyse des échantillons par cytométrie en flux est réalisée dans l’heure qui suit le marquage des
cellules.
Les échantillons marqués ont été analysés sur un cytomètre Navios (Beckman Coulter) 10 couleurs
avec 3 lasers (405 nm, 40 mW ; 488 nm, 22 mW ; 638 nm, 25 mW).
Les données acquises ont ensuite été analysées et représentées grâce au logiciel Kaluza®.
48
6) Stratégie d’analyse
Rappel : l’objectif de l’étude était d’observer l’évolution quantitative et phénotypique des différentes
sous-populations lymphocytaires T de patients en choc septique au cours des premiers jours
d’hospitalisation en réanimation. Un objectif secondaire était de mettre en évidence des marqueurs
biologiques et phénotypiques d’épuisement lymphocytaire potentiellement capables de déterminer
une population de plus mauvais pronostic dans une cohorte de patients en choc septique.
Numération lymphocytes T, B et NK
La première étape était la numération T, B et NK qui consistait à déterminer les pourcentages des
sous-populations lymphocytaires à l’aide de marqueurs membranaires spécifiques. Afin d’établir la
valeur absolue, un étalon interne sous forme de billes fluorescentes était ajouté en quantité connue
à l’échantillon. L’utilisation d’un volume fixe de sang total nous a alors permis de déterminer la
concentration sanguine en lymphocytes.
Identification des populations lymphocytaires d’intérêt
Les lymphocytes ont premièrement été identifiés parmi les leucocytes par leur faible granularité
relative (SSC) et une forte expression du CD45. Les lymphocytes T ont ensuite été sélectionnés grâce
à l’expression du CD3 puis les populations de LT CD4+ et CD8+ ont été séparées (Figure 18).
Figure 18 : Identification des lymphocytes T en CMF a) Identification des lymphocytes parmi les leucocytes : granularité (SSC) en fonction du CD45
b) Identification des lymphocytes T CD3+
c) Séparation des lymphocytes T CD4+ et T CD8+
Le tube 1 a permis l’identification des Tregs grâce à la forte expression du CD25 et l’expression faible
du CD127 sur les LT CD4+ (Figure 19). Nous avons ensuite étudié l’expression de PD-1 (CD279),
récepteur co-inhibiteur participant aux fonctions suppressives des Tregs (38).
49
Figure 19 : Etude des Tregs en CMF a) Identification des Tregs CD3+ CD4+ CD25high CD127low
b) Etude de l’expression du CD279 (PD-1) à la surface des Tregs
Le tube 2 nous a permis d’étudier l’expression d’immune checkpoints à la surface des LT CD4+ et
CD8+ dans le but d’observer le degré d’activation ou d’épuisement lymphocytaire (Figure 20) :
- PD-1 (CD279) : comme on l’a vu précédemment, dans des situations infectieuses (en
particulier des infections virales chroniques) ou tumorales, PD-1 a été associé dans de
nombreuses études à une perte des fonctions effectrices des lymphocytes T et à un
épuisement lymphocytaire.
PD-1 est classiquement exprimé à la surface des LT effecteurs (après activation) et des LT
épuisés (après interaction prolongée avec un pathogène). Il est naturellement peu exprimé à
la surface des LT naïfs et des LT mémoires latents (en absence de pathogène) et donc peu
exprimé chez les sujets sains (88)(108)(109).
- 2B4 (CD244) : 2B4 est un ICP à vocation co-stimulatrice ou co-inhibitrice selon le contexte.
Etudié le plus souvent dans des modèles de viroses chroniques ou de cancer, son expression
associée à l’expression simultanée de plusieurs autres récepteurs co-inhibiteurs semble liée
dans la plupart des études à des fonctions lymphocytaires altérées. Il est naturellement peu
exprimé à la surface des LT naïfs mais est souvent exprimé à la surface des LT mémoires
latents (en absence de pathogène) et peut donc être exprimé chez les sujets sains. Lors de
l’activation lymphocytaire, son expression est accrue à la surface des LT effecteurs ainsi que
sur les LT épuisés après interaction prolongée avec un antigène (91)(88)(110)(111).
- CD160 : l’expression de CD160 semble être un marqueur indépendant de dysfonction
lymphocytaire T et sa co-expression avec PD-1 semble désigner une sous-population de LT
qui présente des signes d’épuisement avancés. Il est naturellement peu exprimé à la surface
50
des LT naïfs et des LT mémoires latents (en absence de pathogène) et donc peu exprimé chez
les sujets sains. Il peut être exprimé à la surface des LT effecteurs (après activation) et des LT
épuisés (après interaction prolongée avec un pathogène) (97)(88)(112).
- La co-expression de ces 3 ICPs semble associée à des signes avancés d’épuisement
lymphocytaire (88)(113)(114).
Figure 20 : Profil d’expression de marqueurs d’immune checkpoints en CMF sur les LT CD8+ a) Représentation de la fluorescence relative du CD279 (PD-1) par rapport à celle du CD244 (2B4) b) Représentation de la fluorescence relative du CD160 par rapport à celle du CD244 (2B4) c) Représentation de la fluorescence relative du CD279 (PD-1) par rapport à celle du CD160 d) Représentation de la fluorescence relative du CD160 par rapport à celle du CD244 (2B4) sur les
lymphocytes T CD8+/PD-1+
51
Sur le tube 1, nous a aussi permis de différencier les LT non activés (LT naïfs et LT mémoires latents)
des LT effecteurs activés (LT naïfs après activation et LT mémoire effecteur après nouveau contact
avec l’antigène) (Figure 21).
Figure 21 : Différentiation phénotypique entre les LT naïfs/mémoires latents et les LT effecteurs Etude de l’expression de PD-1 (récepteur co-inhibiteur exprimé en période d’activation ou d’épuisement lymphocytaire) et du CD127 (récepteur de l’IL-7 : potentiel d’auto-renouvellement à la surface des LT CD4+ et CD8+ (non Tregs). Les LT naïfs et mémoires latents étaient distingués par un fort potentiel d’auto-renouvellement (forte expression du CD127) et une absence d’activation (absence d’expression de PD-1) (Flèche bleue) Les LT activés, mémoires effecteurs et effecteurs de novo, étaient distingués par un fort potentiel d’auto-renouvellement (forte expression du CD127) et une activation lymphocytaire (expression augmentée de PD-1). (Flèches rouges) Les LT activés peuvent ne pas exprimer PD-1 lors de leur activation et exprimer éventuellement d’autres ICPs. Nous pouvons les différencier des LT naïfs/mémoire latents par leur absence d’expression de CD127. (Flèche violette) Les LT épuisés ont perdu leur potentiel d’auto-renouvellement (absence d’expression du CD127) et une forte expression du récepteur co-inhibiteur PD-1. (Flèche verte)
Chez le sujet sain, la population de LT circulants est majoritairement composée de LT naïfs (n’ayant
jamais été en contact avec un antigène) et de LT mémoires latents (54). Ces deux populations, en
dehors de tout contact avec un antigène, expriment peu PD-1 (immune checkpoint à vocation co-
inhibitrice pouvant être exprimé lors de l’activation ou de l’épuisement lymphocytaire). Elles
possèdent toutes deux, un fort potentiel d’auto-renouvellement marqué par l’expression de CD127
(récepteur de l’IL-7).
52
Chez un sujet infecté, l’activation lymphocytaire concerne à la fois les LT naïfs et les LT mémoires
latents qui après activation composeront la population de LT effecteurs : LT mémoires effecteurs + LT
effecteurs de novo. Parallèlement à leur activation, PD-1 sera exprimé progressivement à la surface
des LT.
Les LT activés peuvent très bien ne pas exprimer PD-1 lors de leur activation et exprimer
éventuellement d’autres ICPs. Nous pouvons les différencier des LT naïfs/mémoire latents par leur
absence d’expression de CD127.
Après un contact prolongé avec le pathogène, les lymphocytes peuvent entrer dans un état
d’épuisement lymphocytaire marqué par la perte progressive du potentiel d’auto-renouvellement
(perte de l’expression du CD127) et une forte expression de PD-1 (115).
Pour l’étude statistique, nous avons simplement tenu compte de la différence entre les LT qui n’ont
pas opéré la moindre activation (naïfs + mémoires latents) et les lymphocytes activés quel que soit
leur état d’activation (LT effecteurs + épuisés + effecteurs PD-1 négatifs). Pour obtenir le nombre de
lymphocytes T effecteurs activés nous avons soustrait le nombre de LT naïfs/mémoire latents au
nombre de LT (non Tregs) total.
7) Analyse statistique
Le test statistique utilisé pour traiter la grande majorité des données était le test de Wilcoxon-Mann-
Whitney au risque de 5%.
Le Wilcoxon matched pairs test au risque de 5% a été utilisé pour l’analyse de l’évolution des
paramètres au cours du temps.
53
Partie 3 : Résultats
54
Rappel : l’objectif de l’étude est d’établir des profils immunitaires de patients en choc septique en
analysant l’évolution quantitative et phénotypique des différentes sous-populations lymphocytaires
T au cours des premiers jours d’hospitalisation en réanimation. L’objectif secondaire est de mettre en
évidence des marqueurs biologiques et phénotypiques d’épuisement lymphocytaire potentiellement
capables de déterminer une population de plus mauvais pronostic dans une cohorte de patients en
choc septique.
1) L’augmentation du nombre de lymphocytes T CD4+ au cours du sepsis est de bon pronostic
Figure 22 : Evolution du nombre (valeur absolue) de lymphocytes totaux, de LT CD4+ et CD8+ et des Tregs au cours des premiers jours du sepsis.
Les effectifs disponibles pour l’étude de l’évolution des principaux paramètres étaient de :
- 80 patients à J1 (69 survivants et 21 décédés à J90)
- 57 patients à J3 (44 survivants et 13 décédés à J90)
- 36 patients à J7 (28 survivants et 8 décédés à J90)
55
La majorité des patients de notre cohorte présente une lymphopénie au moment du diagnostic (90%
<1500 lymphocytes/µL, 70% <1000 lymphocytes/µL, 41% <500 lymphocytes/µL), qui se caractérise
par un faible nombre de lymphocytes T CD8+ (moyenne=164/µL) et un ratio CD4/CD8 augmenté
(moyenne=3). Le nombre moyen de Tregs est de 30.9/µL mais présente une grande hétérogénéité au
sein de la cohorte (écart-type=33.6).
Pour ces 4 paramètres (lymphocytose, T CD4+, T CD8+ et Tregs), il n’a pas été observé de différence
significative entre les patients survivants et les patients décédés à J90.
On note toutefois une augmentation du nombre absolu de lymphocytes circulant entre J1
(moyenne=820/µL) et J7 (moyenne=1423/µL) (p<0.0001, Wilcoxon matched pairs test); plus
particulièrement chez les patients survivants (à J1 moyenne=833/µL et à J7 moyenne=1554/µL,
p=0.0005) que chez les patients décédés (à J1 moyenne=784/µL et à J7 moyenne=966/µL, p=0.08).
L’augmentation du nombre absolu de LT CD4+ entre J1 (moyenne=349/µL) et J7 (moyenne=647/µL,
p=0.0002) est plus particulièrement prononcé chez les patients survivants (à J1 moyenne=350/µL et à
J7 moyenne=720/µL, p=0.0011) que chez les patients décédés (à J1 moyenne=347/µL et à J7
moyenne=394/µL, p=0.19).
L’absence de modification du nombre de LT CD8+ au cours des 7 premiers jours du sepsis est
surprenante. Il est possible que le ratio naïf/effecteur des T CD8+ évolue au cours du sepsis sans pour
autant que cela n’impacte la valeur absolue de la population. Nous avons donc regardé le nombre de
LT CD8+effecteurs au cours du sepsis.
Non représentée sur la Figure 22, nous observons une tendance à l’augmentation du pourcentage de
Tregs/LT CD4+ (en moyenne : 9.8% à J1, 12.6% à J3 et 14.3% à J7). Cette tendance à l’augmentation
semble concerner plus particulièrement les patients décédés (en moyenne : 10.3% à J1, 13.6% à J3 et
18.7% à J7) que les patients survivants à J90 (en moyenne : 9.3% à J1, 12.3% à J3 et 13.1% à J7).
56
2) Les LT effecteurs CD8+ sont augmentés chez les patients qui évoluent péjorativement
Pour l’étude, les lymphocytes T effecteurs ont été définis comme exprimant PD-1 (CD279) et/ou
perdant l’expression de l’Il-7R (CD127), nécessaire pour l’auto-renouvellement des lymphocytes T
(Figures 23, 24 et 25).
Figure 23 : LT effecteurs : exemple d’histogramme 1 Patient présentant beaucoup de LT naïfs et mémoires latents (rectangle vert) et peu de LT effecteurs (rectangles rouges) que ça soit sur les LT CD4+ ou CD8+
57
Figure 24 : LT effecteurs : exemple d’histogramme 2 Patient présentant peu de LT naïfs et mémoires latents (rectangle vert) et beaucoup de LT effecteurs (rectangles rouges) que ça soit sur les LT CD4+ ou CD8+
Figure 25 : LT effecteurs : exemple d’histogramme 3 Patient présentant peu de LT CD8+ naïfs et mémoires latents (rectangle vert) et beaucoup de LT CD8+ effecteurs : beaucoup de LT CD8+ effecteurs PD-1 négatifs (rectangle orange) et peu d’effecteurs PD-1+ (rectangle rouge)
58
Figure 26 : Evolution du pourcentage de LT effecteurs CD4+ et CD8+ au cours des premiers jours du sepsis
Nous observons en moyenne 47% de LT CD8+ effecteurs à J1, 48% à J3 et 56% à J7. Les patients
décédés à J90 présentent en moyenne plus de LT CD8+ effecteurs (54% à J1, 58% à J3 et 63% à J7)
que les patients survivants à J90 (45% à J1, 46% à J3 et 53% à J7). Cette différence n’est cependant
significative qu’à J3 (p=0.04). A J1 et J7 on observe la même tendance, mais sans significativité
statistique (p > 0.05).
Nous observons en moyenne 35% de LT CD4+ effecteurs à J1, 37% à J3 et 33% à J7. Concernant le
pourcentage de LT CD4+ effecteurs, nous n’observons aucune différence significative à J1, J3 ou J7
entre les patients décédés et survivants à J90.
L’augmentation du nombre d’effecteur T CD8+ chez les patients qui ne survivent pas après le choc
septique fait poser la question de l’efficacité des populations lymphocytaires effectrices et donc de
leur épuisement. Nous avons donc regardé l’expression de 3 marqueurs d’épuisement (immune
checkpoints) sur les populations T CD8+ et T CD4+.
59
3) Expression d’immune checkpoints sur les LT CD8+
3) a) Evolution du pourcentage de LT CD8+ exprimant PD-1, 2B4 ou
CD160 au cours des premiers jours du sepsis
Figure 27 : Evolution du pourcentage de LT CD8+ exprimant PD-1, 2B4 ou CD160 au cours des premiers jours du sepsis
Les ICPs PD-1, 2B4 et CD160 sont respectivement exprimé par 35%, 65% et 14% des lymphocytes T
CD8+ au moment du diagnostic. Ces valeurs varient peu au cours de la première semaine
(respectivement 36%, 65% et 13% à J7).
L’ICP le plus fréquemment exprimé à la surface des LT CD8+ est 2B4, puis PD-1 et enfin CD160.
Le pourcentage de LT CD8+ exprimant les 3 ICPs étudiés ne montre pas d’évolution significative au
cours des 7 premiers jours du sepsis (5.8% à J1 et 6.0% à J7, p=0.7).
Concernant ces paramètres (pourcentage de LT CD8+ exprimant PD-1 ou 2B4 ou CD160 ou les trois
simultanément), il n’a pas été observé de différence significative entre les patients survivants et les
patients décédés à J90.
Néanmoins, le pourcentage de LT CD8+ exprimant PD-1 a tendance à être plus élevé pour les patients
décédés à J90 que pour les patients survivants (respectivement 41% et 33% à J1, p=0.08 ; 45% et 34%
à J7, p=0.12).
60
3) b) Profils d’acquisition des immune checkpoints sur les LT CD8+
Aucune différence significative n’ayant été mise en évidence en étudiant l’expression isolée
d’immune checkpoints, nous avons décidé d’étudier leurs différents profils d’acquisition.
Figure 28 : Profils d’acquisition des immune checkpoints sur les LT CD8+
Nous avons émis l’hypothèse que les ICPs sont exprimés de façon séquentielle et hiérarchique puis
conservés par les lymphocytes au cours du sepsis. En respectant ce principe, nous avons dressé le
chemin d’acquisition le plus probable des marqueurs d’épuisement pour chaque patient.
Dans notre cohorte, 4 principaux profils d’acquisition d’ICPs par les LT CD8+ ont été observés.
L’acquisition initiale d’ICPs se fait soit par l’expression de 2B4, soit de PD-1. Les LT CD8+/2B4+
peuvent ensuite exprimer soit PD-1 ou soit CD160. Les LT CD8+/PD-1+ acquièrent de leur côté 2B4 en
priorité puis éventuellement CD160. Les 4 principaux profils observés étaient définis selon :
- La présence majoritaire (>50%) de lymphocytes T CD8+ n’exprimant aucun ICP : profil no ICP
qui concerne 17 patients
- L’expression de PD-1 comme 1er ICP : profil PD-1+ observé chez 2 patients
- L’expression majoritaire de 2B4 comme 1er ICP puis de PD-1 : profil 2B4+/PD-1+ que l’on
retrouve chez 49 patients
- L’expression majoritaire de 2B4 comme 1er ICP puis de CD160 : profil 2B4+/CD160+ présent
chez 12 patients
61
3) c) Profil no ICP
17 patients sur 80.
Survie à 28 jours : 88%
Survie à 90 jours : 88%
17 patients présentent une majorité (> 50%) de LT CD8+ n’exprimant aucun des ICPs étudiés.
Figure 30 : Exemple d’histogramme de patient avec un profil de LT CD8+ majoritairement sans ICP. CD279 = PD-1 / CD244 = 2B4
Figure 29 : Profil des patients présentant une majorité de LT CD8+ n’exprimant aucun des ICPs étudiés : profil no ICP
62
3) d) Profil PD-1+
2 patients sur 80.
Survie à 28 jours : 0 %
Survie à 90 jours : 0 %
2 patients présentent une majorité de LT CD8+ exprimant prioritairement PD-1.
Pour ces rares patients, la voie d’expression des ICPs passe prioritairement par l’expression de PD-1.
L’expression de 2B4 semble être majoritairement dépendante d’une expression initiale de PD-1
(Figure 32).
Figure 32 : Exemple d’histogramme de patient avec un profil de LT CD8+ prioritairement PD-1+ (Gris : acquisition de PD-1 / bleu-vert : acquisition de 2B4 via PD-1 / rose : acquisition de 2B4 seul / violet : acquisition de CD160 via 2B4 ou PD-1 / rouge : acquisition de CD160) CD279 = PD-1 / CD244 = 2B4
Figure 31 : Profil des patients présentant une majorité de LT CD8+ exprimant prioritairement PD-1 : profil PD-1+
63
3) e) Profil 2B4+/PD-1+
49 patients sur 80.
Survie à 28 jours : 76 %
Survie à 90 jours : 68 %
49 patients présentent une majorité de LT CD8+ exprimant 2B4 puis PD-1. Pour ces patients, la voie
d’expression des ICPs passe prioritairement par l’expression de 2B4. L’expression de PD-1 semble
être dépendante d’une expression initiale de 2B4. L’expression de CD160 est minoritaire (Figure 34).
Figure 34 : Exemple d’histogramme de patient avec un profil de LT CD8+ majoritairement 2B4+/PD-1+ (rose : acquisition de 2B4 / bleu-vert : acquisition de PD-1 via 2B4 / rouge : acquisition de CD160 via 2B4) CD279 = PD-1 / CD244 = 2B4
Figure 33 : Profil des patients présentant une majorité de LT CD8+ exprimant d’abord 2B4 puis PD-1 : profil 2B4+/PD-1+
64
3) f) Profil 2B4+/CD160+
12 patients sur 80.
Survie à 28 jours : 92 %
Survie à 90 jours : 83 %
12 patients présentent une majorité de LT CD8+ exprimant d’abord 2B4 puis CD160. Pour ces
patients, la voie d’expression des ICPs passe prioritairement par l’expression de 2B4. L’expression de
CD160, semble être dépendante d’une expression initiale de 2B4 mais indépendante d’une
expression initiale de PD-1. L’expression de PD-1, minoritaire, semble être dépendante d’une
expression initiale de 2B4 (Figure 36).
Figure 36 : Exemple d’histogramme de patient avec un profil de LT CD8+ majoritairement 2B4+/CD160+ (rose : acquisition de 2B4 / bleu-vert : acquisition de PD-1 via 2B4 / rouge : acquisition de CD160 via 2B4) CD279 = PD-1 / CD244 = 2B4
Figure 35 : Profil des patients présentant une majorité de LT CD8+ exprimant d’abord 2B4 puis CD160: profil 2B4+/CD160+
65
3) g) Comparaison des profils d’acquisition d’ICPs sur les LT CD8+ vis-à-vis de l’âge, du nombre de lymphocytes, de LT, de Tregs et du rapport CD4+/CD8+
Figure 37 : Comparaison des profils d’acquisition d’ICPs sur les LT CD8+ vis-à-vis de l’âge, du nombre de lymphocytes, de LT, de Tregs et du rapport CD4+/CD8+
66
Les différents profils d’acquisition d’ICPs sur les LT CD8+ sont indépendants de l’âge des patients, de
la lymphocytose totale ou de la lymphocytose T ainsi que du nombre de Treg (Figure 37).
Concernant le ratio CD4+/CD8+, nous observons une différence significative (p=0.004) entre le profil
no ICP et le profil 2B4+/CD160+ mais pas de différence significative entre les autres profils. Le ratio
CD4+/CD8+ est significativement plus élevé pour les patients au profil no ICP que pour les patients au
profil 2B4+/CD160+.
67
4) Expression d’immune checkpoints sur les LT CD4+
4) a) Evolution du pourcentage de LT CD4+ exprimant PD-1, 2B4 ou CD160 au cours des premiers jours du sepsis
Figure 38 : Evolution du pourcentage de LT CD4+ exprimant PD-1, 2B4 ou CD160 au cours des premiers jours du sepsis
Les ICP PD-1, 2B4 et CD160 sont respectivement exprimé par 27%, 9% et 1% des lymphocytes T CD4+
au moment du diagnostic. Ces valeurs varient peu au cours de la première semaine (respectivement
25%, 5% et 5% à J7).
L’ICP le plus fréquemment exprimé à la surface des LT CD4+ est PD-1, puis 2B4 et enfin CD160.
Le pourcentage de LT CD4+ exprimant les 3 ICPs étudiés ne montre pas d’évolution significative au
cours des 7 premiers jours du sepsis (0.3% à J1 et 0.3% à J7).
Concernant ces paramètres (pourcentage de LT CD4+ exprimant PD-1 ou 2B4 ou CD160 ou les trois
simultanément), il n’a pas été observé de différence significative entre les patients survivants et les
patients décédés à J90.
68
4) b) Profils d’acquisition d’ICPs sur les LT CD4+
Aucune différence significative n’ayant été mise en évidence en étudiant l’expression isolée
d’immune checkpoints, nous avons décidés d’étudier leurs différents profils d’acquisition.
Figure 39 : Profils d’acquisition des immune checkpoints sur les LT CD4+
Dans notre cohorte, 3 principaux profils d’acquisition d’ICPs par les LT CD4+ ont été observés.
L’acquisition initiale d’ICPs se fait soit par l’expression de PD-1, soit de 2B4. Les LT CD4+/PD-1+
peuvent ensuite exprimer 2B4. Les LT CD4+/2B4+ acquièrent de leur côté PD-1. Le CD160 est très
rarement exprimé.
Les 3 principaux profils observés sont définis selon :
- La présence majoritaire (>70%) de lymphocytes T CD4+ n’exprimant aucun ICP : profil no ICP
qui concerne 48 patients
- L’expression de PD-1 comme 1er ICP : profil PD-1+ observé chez 29 patients
- L’expression de 2B4 comme 1er ICP : profil 2B4+ que l’on retrouve chez 3 patients
69
4) c) Profil no ICP
48 patients sur 80.
Survie à 28 jours : 79 %
Survie à 90 jours : 70 %
48 patients présentent une majorité (> 70%) de LT CD4+ n’exprimant aucun des ICPs étudiés (profil
no ICP).
Figure 41 : Exemple d’histogramme de patient avec un profil de LT CD4+ majoritairement sans ICP CD279 = PD-1 / CD244 = 2B4
Figure 40 : Profil des patients présentant une majorité de LT CD4+ n’exprimant aucun des ICPs étudiés : profil no ICP
70
4) d) Profil PD-1+
29 patients sur 80.
Survie à 28 jours : 76 %
Survie à 90 jours : 76 %
Parmi les patients ayant moins de 70% de LT CD4+ sans ICPs, 29 patients présentent une majorité de
LT CD4+ exprimant prioritairement PD-1. Pour ces patients, la voie d’expression des ICPs passe par
l’expression de PD-1. L’expression de 2B4 semble dépendante de cette expression initiale de PD-1.
L’expression du CD160 sur les LT CD4+ est rare (Figure 43).
Figure 43 : Exemple d’histogramme de patient avec un profil de LT CD4+ prioritairement PD-1+ (Gris : acquisition de PD-1 / bleu-vert : acquisition de 2B4 via PD-1) CD279 = PD-1 / CD244 = 2B4
Figure 42 : Profil des patients présentant une majorité de LT CD4+ exprimant prioritairement PD-1 : profil PD-1+
71
4) e) Profil 2B4+
3 patients sur 80.
Survie à 28 jours : 100 %
Survie à 90 jours : 100 %
Parmi les patients ayant moins de 70% de LT CD4+ sans ICPs, 3 patients présentent une majorité de
LT CD4+ exprimant 2B4 en premier. Pour ces rares patients, la voie d’expression des ICPs passe
prioritairement par l’expression de 2B4. L’expression de PD-1 semble indépendante de cette
expression initiale de 2B4. Il n’a pas été observé d’expression du CD160 sur les LT CD4+ de ces
patients (Figure 45).
Figure 45 : Exemple d’histogramme de patient avec un profil de LT CD4+ prioritairement 2B4+ (rose : acquisition de 2B4 / bleu-vert : acquisition de PD-1 via 2B4 / gris : acquisition de PD-1 seul) CD279 = PD-1 / CD244 = 2B4
Figure 44 : Profil des patients présentant une majorité de LT CD4+ exprimant prioritairement 2B4 : profil 2B4+
72
4) f) Comparaison des profils d’acquisition d’ICPs sur les LT CD4+ vis-à-vis de l’âge, du nombre de lymphocytes, de LT, de Tregs et du rapport CD4+/CD8+
Figure 46 : Comparaison des profils d’acquisition d’ICPs sur les LT CD4+ vis-à-vis de l’âge, du nombre de lymphocytes, de LT, de Tregs et du rapport CD4+/CD8+
Concernant l’âge, le nombre de lymphocytes, de LT et le rapport CD4+/CD8+, nous ne retrouvons pas
de différence significative entre les différents profils d’acquisition d’ICPs sur les LT CD4+ (Figure 46).
Concernant le nombre absolu de Tregs, nous observons une différence significative (p=0.0025) entre
le profil no ICP et le profil PD-1+ mais pas de différence significative entre les autres profils.
Le nombre de Tregs circulants en valeur absolue est significativement plus élevé pour les patients au
profil no ICP que pour les patients au profil PD-1+.
73
5) Trois profils immunitaires majeurs distinguent les patients en choc septique
Patients Profil T CD8+
no ICP PD-1+ 2B4+/PD-1+ 2B4+/CD160+
Profil T
CD4+
no ICP 14 0 29 5
PD1+ 3 2 20 4
2B4+ 0 0 0 3
Tableau 8 : Comparaison des profils majoritaires d’acquisition d’ICPs selon le nombre de patients
Survie à J90 (%)
Profil T CD8+
no ICP PD-1+ 2B4+/PD-1+ 2B4+/CD160+
Profil T
CD4+
no ICP 85 - 63 60
PD-1+ 100 0 75 100
2B4+ - - - 100
Tableau 9 : Comparaison des profils majoritaires d’acquisition d’ICPs selon la survie
A noter que ces observations ne représentent que des tendances. Les groupes observés sont trop
restreints pour permettre des associations significatives.
- La plupart des patients n’exprimant aucun des ICPs étudiés sur les LT CD8+ (n = 17), ne
semblent pas non plus exprimer d’ICP sur les LT CD4+. La survie semble plutôt bonne
d’autant plus lorsque les LT CD4+ expriment majoritairement PD-1.
- Les rares patients (n = 2) exprimant PD-1 en premier sur les LT CD8+, expriment aussi PD-1
sur les LT CD4+ et leur survie semble médiocre (2 décès).
- La plupart des patients (n = 49) présentent une majorité de LT CD8+ exprimant 2B4 puis PD-
1. Ces patients sont répartis de façon homogène entre les profils no ICP et PD-1+ des LT
CD4+. Ce groupe de patients semble montrer une survie plutôt mauvaise.
74
- Les 3 profils d’expression d’ICPs des LT CD4+ sont retrouvés seulement parmi les patients qui
présentent une majorité de LT CD8+ exprimant 2B4 puis CD160 (n = 12). La survie semble
diminuée uniquement pour les patients exprimant aucun ICP sur les LT CD4+.
- Parmi les profils des LT CD8+, nous montrons à nouveau que les patients qui expriment PD-1
tendent vers un plus mauvais pronostic. Il apparait aussi que l’absence d’expression d’ICP par
les LT CD4+ assombrit le pronostic dans chaque profil CD8+.
Trois profils sont surreprésentés:
- Ceux qui associent la présence majoritaire (>50%) de LT CD8+ n’exprimant aucun ICP et de LT
CD4+ (>70%) n’exprimant aucun ICP : profil no ICP/no ICP qui concerne 14 patients
- Ceux qui associent la présence majoritaire de LT CD8+ exprimant 2B4 puis PD-1 et la
présence majoritaire de LT CD4+ (>70%) n’exprimant aucun ICP : profil 2B4/no ICP observé
chez 29 patients
- Ceux qui associent la présence majoritaire de LT CD8+ exprimant 2B4 puis PD-1 et la
présence majoritaire de LT CD4+ exprimant prioritairement PD-1 : profil 2B4/PD-1 que l’on
retrouve chez 20 patients
Nous avons comparé ces 3 profils majoritaires entre eux (Figure 47).
Figure 47 : Comparaison des 3 profils majoritaires d’acquisition d’ICPs sur les CD4+ et CD8+ vis-à-vis du nombre de CD4+ /µL et de Tregs /µL
Nous observons une diminution significative du nombre de LT CD4+ et de Tregs pour le profil
2B4/PD-1 (majorité de LT CD8+ exprimant 2B4 puis PD-1 et une majorité de LT CD4+ exprimant
prioritairement PD-1) par rapport aux deux autres groupes.
Les patients ayant une majorité de LT CD4+ exprimant prioritairement PD-1 ont significativement
moins de LT CD4+ et de Tregs, quel que soit le profil des LT CD8+.
75
6) Les profils immunitaires des patients en choc septique corrèlent avec différents pronostics
6) a) L’expression de PD-1 par les LT CD8+ est de mauvais pronostic
Figure 48 : Courbes de survie en fonctions des principaux profils d’acquisition d’ICPs sur les LT CD8+
L’étude des courbes de survie nous permet d’observer diminution significative (p = 0.01) de la survie
pour les patients présentant une majorité de LT CD8+ exprimant PD-1 (profil 2B4/PD-1 et profil PD-1)
par comparaison aux 2 autres profils.
Pour ces profils la survie est inférieure à 70% après un an de suivi.
La survie est sensiblement identique pour les profils no ICP (LT CD8+ n’exprimant majoritairement
aucun ICP) et 2B4/CD160 (LT CD8+ exprimant prioritairement 2B4 puis CD160).
Quel que soit le profil, l’essentiel des décès surviennent dans les deux premiers mois suivant le choc
septique.
76
6) b) L’expression de PD-1 par les LT CD4+ n’a pas d’impact sur le pronostic
Figure 49 : Courbes de survie en fonctions des principaux profils d’acquisition d’ICPs sur les LT CD4+
L’étude des courbes de survie ne nous permet pas d’observer de différences significatives entre les
profils majoritaires d’acquisition d’ICP sur les LT CD4+.
Nous pouvons cependant observer que les patients exprimant prioritairement PD-1 sur les LT CD4+
ont tendance (p = 0.39) à présenter une meilleure survie (survie supérieure à 70% à 1 an) que les
patients dont les LT CD4+ n’expriment majoritairement aucun ICP (survie inférieure à 70% à 1 an).
Les patients exprimant prioritairement 2B4 sur les LT CD4+, ont tendance à présenter une meilleure
survie (100% de survie à 1 an) que les deux autres profils.
Pour ces profils, l’essentiel des décès sont survenus dans les deux premiers mois suivant le choc.
77
6) c) Le profil immunitaire 2B4/PD1 sur les LT CD8+ et no ICP sur les LT CD4+ est le plus défavorable chez les patients en choc septique
Figure 50 : Courbes de survie en fonctions des 3 principaux profils d’acquisition d’ICPs sur les LT CD8+ et CD4+
L’étude des courbes de survie ne nous permet pas d’observer de différence significative de survie
entre les 3 profils majoritaires d’acquisition d’ICP sur les LT CD4+ et CD8+.
Nous pouvons cependant observer que les patients qui n’expriment majoritairement aucun ICP ni sur
les LT CD4+ ni sur les LT CD8+ ont tendance (p = 0.19) à présenter une meilleure survie (survie
supérieure à 80% à 1 an). Il semble aussi que le profil des LT CD4+ impacte le taux de survie des
patients de profil LT CD8+ 2B4/ PD-1 (survie proche de 80% à 1 an lorsque les T CD4+ expriment PD1
contre une survie inférieure à 60% à 1 an lorsque les LT CD4+ n’expriment aucun ICP).
Pour ces 3 profils, l’essentiel des décès sont survenus dans les deux premiers mois suivant le choc
septique.
78
Partie 4 : Discussion
79
La plupart des études récentes (18) se rejoignent sur l’existence d’un état d’immunosuppression au
cours du sepsis et du choc septique.
L’épuisement lymphocytaire, décrit dans de nombreuses situations infectieuses, notamment virales,
ou tumorales, semble jouer un rôle central dans cet état d’immunosuppression lié au sepsis. Dans
ces situations, l’état d’épuisement semble marqué par l’expression progressive à la surface des LT, de
multiples immune checkpoints (ICPs) à vocation co-inhibitrice (ou récepteurs co-inhibiteurs) tels que
PD-1, 2B4 ou CD160, observés dans l’étude (18)(57).
L’état d’immunosuppression induit par le sepsis semble aussi être marqué par l’apoptose massive de
cellules immunitaires, y compris de lymphocytes et certaines études ont pu mettre en évidence une
diminution significative du nombre de lymphocytes circulants (18).
Par ailleurs, une augmentation relative du nombre de Tregs a été rapportée comme prenant part à
cet état d’immunosuppression (18).
En étudiant l’évolution quantitative et phénotypique des LT au cours des premiers jours de choc
septique de 80 patients admis en réanimation, nous avons voulu étayer et compléter ces
observations, en vue d’établir des profils immunitaires pronostiques.
Notre étude présente des différences significatives avec les principaux travaux explorant les profils
immunitaires de patients en sepsis.
Premièrement, toutes les études existantes comparent une cohorte de patients en sepsis ou choc
septique avec un effectif de sujets sains. L’étude de Guignant et al. (108), en plus des sujets sains,
compare aussi les profils immunitaires de patients hospitalisés pour choc septique avec des patients
hospitalisés pour trauma. Dans notre travail, nous n’avons pas utilisé de cohorte témoin. D’abord
parce que nous avons considéré que l’étude des profils immunitaires de sujets sains ne présente
qu’un intérêt limité. Il est en effet plus que probable que les LT de patients en sepsis présentent des
profils différents des LT de sujets sans contact avec un pathogène. Un tel groupe contrôle ne permet
pas vraiment de montrer qu’il existe une réaction immunitaire inappropriée, inefficace ou un
épuisement lymphocytaire spécifique (87). L’objectif de notre étude était avant tout d’étudier la
diversité des profils immunitaires de sujets en état de choc septique afin d’expliquer les évolutions
cliniques différentes entre ces patients.
Une autre différence importante est notre approche de l’expression des ICPs. La plupart des études
existantes sur le sujet étudient simplement l’expression isolée d’un seul ICP à la surface des LT afin
d’évaluer son impact pronostique (Tableau 10). Dans notre travail, nous montrons que l’acquisition
d’ICPs parait se faire de façon progressive (84) et par divers chemins, ce qui nécessite l’analyse
simultanée de plusieurs ICPs sur les LT CD8+ mais aussi sur les LT CD4+.
80
Evolution du nombre de lymphocytes totaux/µL, de LT CD4+ et CD8+/µL et de Tregs/µL
Pour ces 4 paramètres, nous rapportons plusieurs résultats intéressants (Figure 22).
Premièrement, nous observons une lymphopénie inférieure à 1500 lymphocytes/µL chez 90% des
patients, inférieure à 1000 lymphocytes/µL chez 70% des patients et inférieure à 500 lymphocytes
chez 41% des patients dès l’admission en réanimation.
Nous rapportons également une augmentation significative du nombre de lymphocytes circulants
entre J1 et J7. Cette augmentation est significativement plus importante chez les patients survivants
que chez les patients décédés à J90 (Figure 22). Alors que les LT CD4+ augmentent significativement
entre J1 et J7 et de manière plus importante chez les patients survivants, les LT CD8+ ne montrent
pas d’augmentation significative. Les LT CD8+ semblent pourtant varier dans leur composition et les
patients décédés montrent un taux de LT effecteurs plus important que les patients survivants à J90
(Figure 26).
Nos observations vont dans le même sens que plusieurs études.
La grande majorité des études rapportent une lymphopénie profonde dès l’admission en réanimation
(61)(75)(76)(81)(116). Cette lymphopénie semble concerner toutes les sous populations
lymphocytaires et ne pas subir d’évolution au cours des premières 48 heures (76). Le Tulzo et al. (61)
montrent dans leur étude que la lymphopénie profonde est associée à des marqueurs phénotypiques
d’apoptose et que sa persistance à J6 est associée à un pronostic péjoratif. L’étude de Drewry et al.
(75) sur une cohorte conséquente (335 patients en sepsis) associent eux aussi la persistance de la
lymphopénie à J4 à un pronostic péjoratif à J28 et à un an. Dans cette étude, un nombre de
lymphocytes inférieur à 600/µL à J4 est associé à la survenue d’infections nosocomiales. Boomer et
al. (116) rapportent aussi une tendance à l’augmentation entre J1 et J7 chez 24 patients en choc
septique sans association au pronostic tandis que Tomino et al. (81) ne rapportent pas d’évolution de
la lymphopénie entre J1 et J7.
Dans notre étude, la grande majorité des patients présentent une lymphopénie dès l’admission. Les
patients survivants à J90 présentent augmentation significative du nombre de lymphocytes
circulants, notamment CD4+, par comparaison aux patients décédés et ces résultats sont donc assez
concordants avec les observations existantes.
Expression d’ICPs sur les LT CD8+
Nous avons tout d’abord, comme la plupart des études, étudié simplement l’expression isolée des
ICPs (2B4, PD-1 et CD160) à J1, J3 et J7 (Figure 27). Nous ne retrouvons aucune différence
significative concernant le pourcentage de LT CD8+ exprimant PD-1, 2B4 ou CD160 entre les patients
81
survivants et les patients décédés à J90. L’ICP le plus fréquemment exprimé à la surface des LT CD8+
est 2B4 suivi par PD-1 puis CD160. Nous n’observons pas d’évolution au cours des 7 premiers jours
du choc septique.
Cette étude de l’expression isolée d’ICPs à la surface des LT CD8+ nous parait insuffisante et nous
avons donc déterminé les profils d’acquisition progressive d’ICPs par les LT CD8+ (Figure 28).
Différentes voies d’acquisition d’ICPs sont observées :
- La plupart des patients (n=49) présentent une majorité de LT CD8+ exprimant prioritairement
2B4 puis PD-1
- 12 patients présentent une majorité de LT CD8+ exprimant prioritairement 2B4 puis CD160
- Seulement 2 patients présentent une majorité de LT CD8+ exprimant PD-1 en premier
- 17 patients présentent une majorité de LT CD8+ n‘exprimant aucun ICP
Sachant que les ICPs même à vocation co-inhibitrice peuvent être exprimés de manière transitoire
lors de l’activation lymphocytaire au cours d’une infection (Figure 15) (87)(88), il semble prématuré
d’associer systématiquement l’expression de ces ICPs à l’épuisement lymphocytaire.
La moyenne d’âge de notre cohorte est de 63 ans et à cet âge-là les LT mémoires peuvent
représenter jusqu’à 50% des LT circulants (54). On sait aussi que même à l’état latent (en absence
d’activation), les LT CD8+ mémoires peuvent exprimer faiblement des ICPs tels que 2B4 (87) qui
présente à la fois des propriétés co-stimulatrices et co-inhibitrices (110). PD-1 et CD160 au contraire,
sont rarement exprimés sur les LT mémoires latents et leur expression dépend le plus souvent d’une
activation lymphocytaire (87)(88). Ces observations peuvent expliquer pourquoi 2B4 est l’ICP le plus
exprimé sur les LT CD8+ dans notre étude. Dans ces conditions il est difficile d’affirmer quelle part de
l’expression de 2B4 est dépendante de l’activation lymphocytaire liée au sepsis et quelle part
représente l’expression physiologique sur les LT mémoires latents circulants. Au cours de leurs
travaux sur le sepsis, ni Spec et al. (117) ni Chen et al. (118) ne retrouvent d’expression accrue de
2B4 sur les LT CD8+ comparé aux sujets sains (tableau 10). Nous avons peu de détails dans le travail
de Spec et al. mais Chen et al. (12 patients en choc septique d’une moyenne d’âge de 52 ans / 13
sujets sains d’une moyenne d’âge non connue) rapportent une forte proportion de LT CD8+/2B4+ à la
fois chez le sujet sain (45%) et chez le patient septique (47%). Ces résultats sont en faveur d’une
absence d’évolution de l’expression de 2B4 sur les LT CD8+ au cours du choc septique.
Lors de notre étude des profils d’acquisition progressive d’ICPs, nous remarquons que l’expression de
PD-1 et de CD160 est dépendante d’une expression initiale de 2B4 sur les LT CD8+. Ces observations
nous permettent d’émettre l’hypothèse que l’activation lymphocytaire T CD8+ lors du sepsis semble
se faire principalement à partir de LT mémoires latents 2B4+. Ces LT CD8+ mémoires 2B4+
82
acquerraient alors progressivement PD-1 et CD160 lors de leur activation, voire de leur épuisement
en cas d’interaction prolongée avec le pathogène.
On peut observer que les rares patients (n=2) dont les LT CD8+ expriment PD-1 sans passer par
l’expression de 2B4 (pour qui l’activation ne se fait donc pas à partir de LT mémoires latents 2B4+)
sont tous les deux décédés à J90. L’activation lymphocytaire dans ces 2 cas, se fait donc soit à partir
de LT naïfs soit à partir de LT mémoires 2B4-. Ce profil est évidemment trop peu fréquent pour
prouver toute association significative.
Une étude de l’expression de 2B4 sur les LT CD8+ de sujets sains ou chez les patients de notre
cohorte, à distance du choc septique aurait pu permettre de confirmer l’expression pérenne de 2B4
sur les LT mémoires latents circulants et l’absence d’augmentation de son expression chez les
patients septiques.
L’expression de 2B4 par les LT CD8+ n’a pas été étudiée dans les travaux de Guignant et al. (108), de
Zhang et al. (109), de Tomino et al. (81) ou de Boomer et al. (116) qui sont focalisés sur l’étude de
l’expression de PD-1, de ses ligands et d’autres ICPs. Parmi ces études, seuls Zhang et al. observent
une augmentation de l’expression de PD-1 en MFI (Mean Fluorescence Intensity) ainsi que du
pourcentage de LT CD8+PD-1+ par rapport aux sujets sains. Spec et al. rapportent seulement une
augmentation du niveau d’expression de PD-1 sur les LT CD8+ (Tableau 10).
Les résultats sont donc discordants entre ces études et l’augmentation de l’expression de PD-1 sur
les LT CD8+ au cours du sepsis ne semble pas faire consensus dans la littérature.
Avec en moyenne environ 35% de LT CD8+ exprimant PD-1 dans notre cohorte (Figure 27), et sachant
que les LT circulants de sujets sains (LT naïfs et mémoires latents) expriment généralement peu de
PD-1 (87), nos résultats se rapprocheraient plutôt des travaux de Zhang et al. et de Spec et al.
A notre connaissance, aucune étude ne retrouve d’association significative entre l’expression d’un
ICP sur les LT CD8+ et la mortalité ou la survenue d’infections nosocomiales (Tableau 10).
L’étude des courbes de survie en fonction des différents profils d’acquisition d’ICPs (Figure 48) nous
permet de démontrer que la survie est significativement diminuée (p=0.01) dans les groupes
exprimant PD-1 à la surface des LT CD8+ (Figure 48). Qu’elle se fasse à partir de LT CD8+2B4+
(probables LT mémoires) ou à partir de LT CD8+2B4- (probables LT naïfs ou mémoires 2B4-),
l’expression de PD-1 sur les LT CD8+ est donc associée dans notre cohorte à une mauvaise réponse
clinique.
A notre connaissance c’est la première fois qu’une telle observation est faite dans le cadre d’une
cohorte de patients en choc septique.
83
A notre connaissance, aucun travail de recherche orienté sur le sepsis n’a étudié l’expression du
CD160 sur les LT CD8+.
Nous avons vu que l’expression simultanée de 2B4, PD-1 et CD160 sur les LT CD8+ est associée à un
état d’épuisement lymphocytaire avancé dans des modèles de viroses chronique ou de cancer
(88)(113)(114).
L’expression simultanée, par les LT CD8+, des trois ICPs étudiés est peu fréquente dans notre cohorte
et le pourcentage de LT CD8+ exprimant les 3 ICPs n’est pas significativement différent entre les
patient décédés et survivants au cours des 7 premiers jours du sepsis. Ces observations peuvent nous
laisser penser que très peu de patients étaient dans un état d’épuisement lymphocytaire avancé au
moment du diagnostic ou que l’épuisement lymphocytaire doit être évalué à partir d’autres ICPs.
Néanmoins, nous pouvons supposer que les patients, ayant été prélevés dans les premiers jours
d’hospitalisation en réanimation, n’avaient probablement pas été assez longtemps en contact avec le
pathogène pour développer un état d’épuisement lymphocytaire avancé, qui devrait être réévalué à
distance du choc.
Lorsque l’on compare les profils d’acquisition d’ICPs sur les LT CD8+ à différentes variables comme
l’âge, le nombre de lymphocytes, de LT ou de Tregs (Figure 37), nous ne retrouvons pas de
différences significatives entre les profils.
Le rapport CD4+/CD8+ est significativement plus élevé chez les patients présentant un profil sans
expression d’ICPs que pour le profil CD8+/2B4+/CD160+. Cette information, difficilement
interprétable en l’état, pourrait correspondre à une augmentation des LT CD4+ ou une diminution
des LT CD8+ ou une addition des deux phénomènes.
Expression d’ICPs sur les LT CD4+
Comme pour les LT CD8+, nous avons tout d’abord étudié simplement l’expression isolée des ICPs
(2B4, PD-1 et CD160) à J1, J3 et J7. Nous ne retrouvons aucune différence significative concernant le
pourcentage de LT CD4+ exprimant PD-1, 2B4 ou CD160 entre les patients survivants et les patients
décédés à J90. Dans notre cohorte, l’ICP le plus fréquemment exprimé à la surface des LT CD4+ est
PD-1 suivi par 2B4. Le CD160 est très rarement exprimé. Nous n’observons pas d’évolution au cours
des 7 premiers jours du choc septique (Figure 38).
Comme pour les LT CD8+, l’étude de l’expression isolée d’ICPs à la surface des LT CD8+ nous parait
peu pertinente et nous avons donc observé les profils d’acquisition progressive d’ICPs par les LT CD4+
(Figure 39).
84
Différentes voies d’acquisition d’ICPs sont observées :
- La plupart des patients (n=48) présentent une majorité de LT CD4+ n’exprimant aucun ICP
- 29 patients expriment PD-1 en premier
- Seulement 3 patients expriment 2B4 en premier
La plupart des études rapportent elles aussi l’expression de PD-1 par les LT CD4+ (Tableau 10).
Guignant et al. (108) ainsi que Zhang et al. (109) observent une augmentation significative de
l’expression de PD-1 en MFI et en pourcentage de LT CD4+/PD-1+ chez les patients septiques par
comparaison aux sujets sains. Boomer et al. (116) observent simplement une tendance des LT CD4+ à
exprimer plus fortement (MFI) PD-1+ chez les patients septiques que chez les sujets sains.
Tomino et al. (81) rapportent un pourcentage de LT CD4+/PD-1+augmenté à J1 et J3 du sepsis en
comparaison aux sujets sains avec un retour à la normale à J7. Seuls les patients décédés conservent
une expression augmentée. Contrairement à ces résultats, nous ne retrouvons pas de variation de
profils d’expression d’ICPs sur les LT CD4+ au cours des 7 premiers jours du choc septique et aucune
différence significative entre les patients survivants et décédés. Au contraire, dans notre étude, les
patients dont les LT CD4+ expriment majoritairement PD-1+ ont un meilleur pronostic que les
patients n’exprimant aucun ICP. Nos résultats sont donc différents de ceux de Tomino et al. qui
associent l’expression d’ICP sur les LT à un mauvais pronostic au cours du sepsis (81).
Les travaux de Spec et al. (117) et Chen et al. (118) s’intéressant à l’expression de 2B4+ sur les LT
CD4+ montrent des résultats discordants. Chen et al. rapportent une augmentation du pourcentage
de LT CD4+/2B4+ chez les patients septiques par comparaison aux contrôles alors que Spec et al. ne
retrouvent pas d’augmentation significative. Dans notre étude, seuls 3 patients sur 80 expriment
prioritairement 2B4 sur les LT CD4+ et 2B4 est en moyenne exprimé par 9% des LT CD4+ au moment
du diagnostic. Même si nos résultats ne sont pas directement et comparables en l’absence de sujets
contrôles, les résultats se rejoignent sur le fait que moins de 10% des LT CD4+ expriment 2B4 lors du
choc septique. Le modèle murin utilisé par Chen et al. met également en évidence une expression
précoce de 2B4 sur les LT CD4+ et CD8+ suivie d’une diminution rapide de son expression à J4 du
sepsis induit par ligature et ponction du caecum. La diminution non significative du pourcentage de
LT CD4+/2B4+ entre J1 et J7 (9% à J1 et 5% à J7 en moyenne) observée dans notre étude est
compatible avec ces observations. L’étude du modèle murin utilisé par Chen et al. semble aussi
mettre en évidence une action plutôt délétère de 2B4 sur les fonctions lymphocytaires et sur le
pronostic au cours du sepsis induit. Toutefois, aucune de ces études ne retrouve de lien entre
l’expression de 2B4 par les LT CD4+ et le pronostic en pathologie humaine.
85
Le CD160 est rarement exprimé par les LT CD4+ dans notre étude (1% des LT CD4+ en moyenne à J1)
et à notre connaissance, aucun autre travail de recherche orienté sur le sepsis n’a étudié l’expression
du CD160 sur les LT CD4+.
Parmi tous ces travaux, seule l’étude menée par Tomino et al. (81) a permis d’associer l’expression
d’un ICP au pronostic. C’est la persistance de l’expression de PD-1 sur les LT-CD4+ qui est associée
dans cette étude à un pronostic défavorable. Nous avons vu que notre étude mettait en doute ces
résultats au vu du poids de notre cohorte plus grande (80 patients en choc septique vs 18 patients en
choc septique). Au contraire, dans notre cohorte, les patients présentant une majorité de LT CD4+
exprimant PD-1 présentent une meilleure survie que les patients aux LT CD4+ n’exprimant aucun ICP
(Tableau 9). Cette tendance suggère la nécessité d’une activation lymphocytaire CD4+, marquée par
l’expression même transitoire d’ICPs sur les LT effecteurs, pour une réponse anti-infectieuse efficace.
En comparant les différents profils d’acquisition d’ICPs sur les LT CD4+ à différentes variables comme
l’âge, le nombre de lymphocytes, de LT ou le rapport CD4+/CD8+, nous ne retrouvons pas de
différences significatives entre les profils. Nous observons cependant une augmentation significative
du nombre de Tregs chez les patients au profil no ICP par rapport aux patients avec un profil PD-1+
(Figure 47).
Ces résultats mettent en évidence un groupe de patients présentant un taux augmenté de Tregs, qui
s’oppose à un autre groupe de patients qui exprime des ICPs sur les LT CD4+. Ces données méritent
d’être mises en rapport avec la fonctionnalité des Tregs dans les 2 groupes de patients ou avec leur
capacité à produire des cytokines immunosuppressives comme le TGF-β et l’IL-10.
Autant pour les LT CD4+ que les LT CD8+, il nous parait prématuré d’associer systématiquement
l’expression d’ICPs en phase aiguë du choc septique à un état d’épuisement lymphocytaire, d’autant
plus lorsque leur expression est faible ou peu diversifiée. Nous avons vu précédemment qu’un état
d’épuisement lymphocytaire était marqué par l’expression multiple et persistante de multiples
récepteurs co-inhibiteurs (88)(113)(114).
Une étude des fonctions lymphocytaires (prolifération, sécrétion de cytokines) pourrait également
être intéressante pour compléter notre étude. Elle pourrait nous permettre d’associer d’éventuelles
dysfonctions lymphocytaires aux profils d’acquisition d’ICPs observés. Les échantillons ayant été
conservés congelés, un complément d’étude allant dans ce sens est toujours possible.
86
Comparaison des profils d’acquisition progressive d’ICPs par les LT CD4+ et les LT CD8+
(Tableau 8 et 9)
La majorité des patients n’exprimant aucun des ICPs étudiés sur les LT CD8+ (n = 17), ne semble pas
non plus exprimer d’ICP sur les LT CD4+. Dans ce groupe, la survie apparait plutôt bonne malgré une
absence d’activation lymphocytaire. La survie est encore meilleure lorsque les LT CD4+ expriment
PD-1. Sous réserve de la faible représentativité statistique de ces résultats, ces observations peuvent
nous faire penser que dans ce groupe, l’évolution clinique des patients en sepsis ne dépend pas de
l’activation lymphocytaire T, notamment CD8+. On sait que l’immunité anti-bactérienne est plutôt
médiée par cellules phagocytaires et, même si elle nécessite une part d’immunité humorale et une
activité CD4+ auxiliaire, l’activité CD8+ cytotoxique entre peu en jeu. Ceci fait penser que les
paramètres myéloïdes (PNN, monocytes) peuvent être de bons marqueurs pronostiques dans ce
groupe de patients.
Les rares patients exprimant principalement PD-1 sur les LT CD8+, expriment aussi PD-1 sur les LT
CD4+ et leur survie semble médiocre (2 décès/2 patients).
Les patients (n = 49) qui présentent une majorité de LT CD8+ exprimant 2B4 puis PD-1 sont répartis
de façon uniforme au niveau du profil d’expression de PD-1 par les LT CD4+. Ce groupe de patients
semble montrer une survie diminuée.
De manière générale, les patients dont l’activation lymphocytaire CD8+ passe par l’expression de PD-
1, soit à partir de LT CD8+ 2B4- (2 patients) soit à partir de LT CD8+ 2B4+ (49 patients) constituent un
groupe de moins bon pronostic.
Les patients qui présentent une majorité de LT CD8+ exprimant 2B4 puis CD160 (n = 12) sont répartis
de façon homogène au niveau du profil d’expression d’ICPs par les LT CD4+. La survie semble bonne
seulement pour les patients exprimant PD-1 ou 2B4 sur les LT CD4+. Les rares patients (n = 3)
exprimant 2B4 sur les LT CD4+ présentent tous une majorité de LT CD8+ exprimant 2B4 puis CD160
et leur réponse clinique semble bonne.
De manière générale, les patients qui présentent une majorité de LT CD4+ exprimant des ICPs (PD-1
ou 2B4) présentent une meilleure survie que les patients n’exprimant aucun des ICPs étudiés. Cette
observation fait penser qu’une activation lymphocytaire CD4+, marquée par l’expression même
transitoire d’ICPs, est nécessaire pour une réponse anti-infectieuse efficace.
Lorsque l’on compare les profils d’acquisition d’ICP sur les LT CD4+ et CD8+, on constate que 3 profils
sont quantitativement majoritaires (Tableau 9) :
- 14 patients présentent une majorité de LT CD4+ et CD8+ n’exprimant aucun ICP
87
- 29 patients présentent une majorité de LT CD8+ exprimant 2B4 puis PD-1 et une majorité de
LT CD4+ n’exprimant aucun ICP
- 20 patients présentent une majorité de LT CD8+ exprimant 2B4 puis PD-1 et une majorité de
LT CD4+ exprimant prioritairement PD-1
L’étude de la courbe de survie sur ces 3 populations (Figure 50) met en évidence les mêmes
tendances (p=0.19) que celles observées dans ce paragraphe sans toutefois apporter de confirmation
statistique.
De manière intéressante, on observe pour le troisième profil, une diminution significative du nombre
de LT CD4+ et de Tregs par rapport aux deux autres profils (Figure 47). La principale différence de ce
profil est l’expression de PD-1 par les LT CD4+.
Cette observation peut faire penser que PD-1 corrèle avec un défaut de prolifération ou un excès de
mortalité des LT CD4+. Cette constatation semble illustrer le rôle de l’expression PD-1 au cours de
l’activation lymphocytaire qui consiste à restreindre la réponse lymphocytaire en vue de limiter les
dommages tissulaires (119). Néanmoins, l’expression de PD-1 par les LT CD4+ a tendance à être
associé à un bon pronostic, soulignant l’ambivalence de l’immunosuppression dans le sepsis. Encore
une fois, une étude des fonctions prolifératives des LT CD4+/ PD1+ ou PD-1- pourrait nous permettre
de clarifier ces observations.
Variation d’expression des ICPs au cours des premiers jours du sepsis
Notre cohorte nous a permis d’observer les profils immunitaires de 80 patients à J1, de 57 patients à
J3 et de 36 patients à J7. Chez ces patients, nous n’avons pas observé de variations significatives des
profils d’expression d’ICP sur les LT CD4+ ou CD8+. Trois autres études ont aussi étudié l’évolution
d’expression au cours des 7 à 10 premiers jours du sepsis (Tableau 10).
Dans l’étude de Guignant et al. (108), l’expression de PD-1 sur les LT a pu être étudiée chez 10
patients sur les 64 initiaux et il n’a pas été montré de variations d’expression de PD-1 sur les LT entre
J1 et J10.
Boomer et al. (116) ne montrent pas d’évolution de l’expression de PD-1 sur les LT CD4+ et CD8+ au
cours des 7 premiers jours du sepsis mais une augmentation significative dans l’expression de CTLA-4
de TIM-3 et de LAG-3 et une diminution d’expression du CD127 par les LT.
Au contraire, Tomino et al. (81) montrent une variation dans l’expression du PD-1 à la surface des LT
CD4+ avec une augmentation de l’expression de PD-1 chez les patients septiques à J1 et J3 puis un
retour à la normale à J7, excepté pour les trois patients décédés. L’expression de PD-1 sur les LT
CD8+ n’a pas été étudiée.
88
En ce qui concerne l’évolution de l’expression des ICPs, nos résultats confirment ceux de Guignant et
al. et de ceux de Boomer et al. qui ne montrent pas de modifications significatives. Notre cohorte
étant bien plus importante que celle présentée dans le travail de Tomino et al. (80 patients en choc
septique vs 18 patients en choc septique) nous pouvons nous permettre de discuter leurs résultats.
Tregs
Nous n’avons pas observé d’évolution significative du nombre de Tregs en valeur absolue au cours
des premiers jours de choc septique dans notre cohorte. Nous n’avons pas non plus observé
d’association significative entre le nombre de Tregs et la survie. Toutefois, nous avons observé une
tendance à l’augmentation progressive du pourcentage de Tregs/LT CD4+ entre J1 et J7, notamment
chez les patients décédés à J90.
Nous rapportons trois études ayant observé le nombre de Tregs ou l’évolution du nombre de Tregs
au cours du choc septique.
Premièrement, Venet et al. (103), montrent une augmentation du pourcentage de Tregs circulants
(augmentation relative) chez 30 patients en choc septique par comparaison à des sujets sains.
Guignant et al. (108) rapportent également une augmentation significative du pourcentage de Tregs
dans leur cohorte de 64 patients en choc septique par comparaison à des sujets sains.
Enfin, Boomer et al. (116) ne montrent pas d’augmentation significative du pourcentage de Tregs
par rapport aux sujets sains à J0 mais une augmentation significative entre J0 et J7.
Il est intéressant de noter que pour ces trois études, une diminution des lymphocytes, notamment T
CD4+ est observée en parallèle de l’augmentation des Tregs. L’augmentation relative (en
pourcentage) du nombre de Tregs est donc soit à mettre sur le compte d’une diminution du nombre
de LT CD4+ soit d’une augmentation réelle du nombre de Tregs, soit des deux. Dans notre étude, on
observait plutôt une augmentation du nombre de LT CD4+ en parallèle d’une augmentation du
pourcentage de Tregs.
Dans tous les cas, tandis qu’au cours du choc septique, il semble exister une diminution des LT
notamment CD4+, probablement par des mécanismes d’apoptose (61), les Tregs ne semblent pas
diminuer mais au contraire augmenter de façon relative. On peut donc penser que les Tregs résistent
mieux à l’apoptose induite lors du sepsis que les LT CD4+ non Tregs (103).
89
Etude Cohorte Paramètres Echantillon / Mortalité
Constats
Guignant et al.
2011 (108)
64 patients en choc
septique
vs 13 trauma
vs 49 sujets sains
contrôles
Expression PD-1,
PD-L1, PD-L2 sur
CD4+ et CD8+ et
monocytes /
Tregs
Etude de la
prolifération
lymphocytaire et
dosage d’IL-10
Prélevés : J1-3 /
J3-5 / J6-10
Mortalité à J28
- % de monocytes PD-1+ ou PD-L1+ ou PD-L2+ augmentés et MFI augmentée sepsis vs trauma vs contrôles - % de CD4+ PD-1+ ou PD-L1+ (mais pas PD-L2) augmentés et MFI augmentée sepsis vs trauma vs contrôles - Pas d’expression accrue de PD-1 sur les LT CD8+ - 10 patients ont été prélevés jusqu’à à J6-10 : pas de variation d’expression de PD-1 sur les lymphocytes et monocytes - J1-3 : expression (MFI) de PD-L1 augmentée sur les monocytes chez les patients décédés -J3-5 : expression (MFI augmentée de PD-1 et PD-L2 sur monocytes chez patients avec infection nosocomiale. - Pas d’association entre l’expression de PD-1 sur les CD4+ et la mortalité ou la survenue d’infections nosocomiales - CD4+ diminués et % Tregs augmentés sepsis vs contrôle
Zhang et al.
2011 (109)
19 patients en choc
septique
vs 22 sujets sains
contrôles
Expression PD-1,
PD-L1 sur CD4+
CD8+, LB et
monocytes.
Etude de
l’apoptose
Prélevés :
premier jour de
l’inclusion
Pas d’étude du
pronostic
- Augmentation de l’expression (MFI) de PD-1 sur les CD4+ et CD8+ et du % de CD4+/PD-1+ et CD8+/PD1+ vs contrôle - Augmentation expression (MFI) PD-L1 sur monocytes et du % de monocytes PD-L1+ vs contrôle - Augmentation des marqueurs phénotypiques d’apoptose chez les patients en choc septique vs contrôle
Boomer et al. 2012 (116)
24 patients en sepsis sévère 12 sujets sains contrôles
Expression de PD-1, CTLA-4, LAG-3, BTLA, TIM-3, CD69, CD127, CD25 Tregs
Prélevés : J0 et J7 Pas d’étude du pronostic
- Pas de différence significative d’expression de PD-1 sur les CD4+ et CD8+ sepsis vs contrôles. Seulement une tendance des CD4+ à exprimer (MFI) plus fortement PD-1 vs contrôle. - Pas de différence significative du % de Tregs vs contrôle à J1 mais augmentation significative à J7 - Diminution du % de CD4+ et tendance à la diminution des CD8+ - Diminution de % de NK et de DCs - Modification du profil d’expression d’ICPs entre J1 et J7
Spec et al.
2016 (117)
17 patients en
sepsis à candida
vs 16 sujets sains
contrôles
Expression PD-1,
PD-L1, CD28,
CD127, 2B4, TIM-
3, BTLA, CD57 sur
CD4+ et CD8+
Prélevés :
< 1-2j après
positivité des
hémocultures
Mortalité à J90
- Expression (MFI) accrue de PD-1 sur les CD8+ mais pas de différence sur le % de CD8+PD-1+ vs contrôle - Pas de différence d’expression (MFI) de PD-1 sur CD4+ sepsis vs contrôle - Expression (MFI) accrue de PD-L1 et % de CD8+PD-L1 augmenté sur CD8+ sepsis vs contrôle - Expression accrue (MFI) de PD-L1 mais pas de différence de % de CD4+/PD-L1+ sur CD4+ sepsis vs contrôle - Pas de différences d’expression de 2B4, BTLA, TIM-3 ou CD57 sur les CD4+ ou CD8+ - Diminution non significative du CD127 sur les CD4+ sepsis vs contrôle
90
Chen et al.
2017 (118)
12 patients en
sepsis
13 sujets sains
contrôles
Expression de 2B4
sur les CD4+ et
CD8+. Expression
de PD-1, BTLA,
CD28 et ICOS sur
les CD4+ 2B4+/-
Prélevés : < 24 h
après le
diagnostic de
sepsis
- Augmentation du pourcentage de CD4+/2B4+ chez patients septiques vs contrôles (1.96% -> 6.04%) - Pas de différences d’expression de 2B4 sur les CD8+ (44.6% -> 47.1%) et NK
Tomino et al. 2017 (81)
18 patients en choc septique ayant un CMV latent 10 sujets sains contrôles
Expression de PD-1 sur les CD4+, du HLA-DR sur monocytes. PCR CMV Diversité du TCR
Prélevés : J1 (diagnostic), J3, J7. Mortalité J28
- Augmentation d’expression de PD-1 sur CD4+ vs contrôles et normalisation à J7 sauf pour les patients décédés. - Diminution expression HLA-DR sur monocytes vs contrôles de J1 à J7 - 3 réactivations CMV pour les 3 patients décédés - diminution de diversité du répertoire TCR à J1 et J3 avec récupération à J7 - lymphopénie patients en choc septique vs contrôles jusqu’à J7
Venet et al. 2009 (103)
30 patients en choc septique 17 sujets sains contrôles
Tregs HLA-DR sur monocytes
Prélevés entre J3 et J7 Pas d’étude du pronostic
- Augmentation significative du % de Tregs circulants vs contrôles. Augmentation corrélée à une diminution de la réponse proliférative au mitogènes des patients septiques - Diminution du nombre de CD4+ /µL vs contrôles -Diminution d’expression du HLA-DR sur les monocytes vs contrôles
Notre étude
2017
80 patients en choc
septique
Pas de sujets sains
inclus
Expression de
PD-1, 2B4 et
CD160 sur CD4+
et CD8+ / Tregs et
expression de
PD-1 sur les Tregs
Prélevés : J1 /
J3 / J7
Mortalité J28 et
J90
- Diminution significative de la survie pour les patients dont les LT CD8+ expriment PD-1 - Tendance à une meilleure survie dans le groupe de patient dont les LT CD4+ expriment PD-1 - Pas dévolution d’expression d’ICPs au cours des 7 premiers jours de sepsis - Augmentation significative du nombre de lymphocytes et de LT CD4+ entre J1 et J7 pour les patients survivants à J90
Tableau 10 : Tableau comparatif de différents travaux observant les profils immunitaires au cours du sepsis MFI (Mean Fluorescence Intensity)
Limites de l’étude
Malgré la cohorte de 80 patients que nous avons testés, le faible effectif de certains profils
immunitaires rend l’analyse statistique non significative pour ces groupes particuliers. Au vu des
profils observés (5-10%), il nous faudrait doubler le nombre de patients pour avoir un effectif
suffisant. Autrement, il nous faudrait sélectionner seulement certains groupes pour l’analyse
statistique.
Une hypothèse évoquée dans notre travail est que l’échantillonnage est peut-être trop précoce pour
permettre l’observation d’un état d’épuisement lymphocytaire avancé. Nous suggérons que
l’exposition au pathogène est probablement trop brève dans la phase aiguë du choc septique pour
induire des dysfonctions lymphocytaires ou l’acquisition d’ICPs. Des études suggèrent qu’un état
91
d’épuisement lymphocytaire profond pouvait être atteint en 2 à 4 semaines d’exposition à un
antigène (84)(85). Il pourrait être intéressant, dans une prochaine étude, d’évaluer le profil
immunitaire des patients 3 semaines ou 1 mois après le début du choc septique.
Il a été montré que les ICPs, qu’ils soient à vocation co-stimulatrice ou co-inhibitrice, peuvent être
exprimés de façon transitoire ou à faible taux, à la surface des LT effecteurs sans pour autant entrer
dans un mécanisme d’épuisement lymphocytaire (87). Pour associer l’expression d’ICPs, ou les profils
d’acquisition d’ICPs, à un état d’épuisement lymphocytaire, il serait intéressant d’étudier les
fonctions lymphocytaires telles que les capacités prolifératives ou de sécrétion de cytokines, comme
il a été fait dans d’autres études. Les échantillons ayant été conservé congelés, il est toujours
possible d’approfondir les recherches dans ce sens.
Une donnée intéressante apportée par l’étude de Tomino et al. (81) est la réactivation systématique
et spécifique du CMV pour les patients décédés qui présentaient une immunité ancienne. Nous
n’avons pas analysé la présence d’une infection ancienne ou d’une réactivation de CMV pour le
moment. Il serait intéressant de voir si les sérologies pour le CMV et autres virus latents, peuvent
être obtenues pour ces patients.
On sait que l’immunité anti-bactérienne est plutôt l’apanage des cellules phagocytaires et, même si
elle nécessite une part d’immunité humorale et une activité CD4+ auxiliaire, l’activité CD8+
cytotoxique entre peu en jeu. Une l’étude parallèle du profil immunitaire des cellules phagocytaires
ou des cellules du système immunitaire inné comme les monocytes/macrophages, les PNN et cellules
dendritiques pourrait être intéressante.
Au moment de la rédaction du manuscrit, il nous manquait encore certaines données cliniques
comme la survenue d’infections nosocomiales, le type et l’espèce des pathogènes en causes. Ces
données seront à compléter pour la suite de l’étude et pourront peut-être permettre de mettre en
évidence de nouveau résultats.
92
Conclusion
93
Cette étude du profil immunitaire des patients de réanimation en choc septique, notamment l’étude
de l’acquisition d’immune checkpoints sur les LT, nous permet plusieurs observations intéressantes.
Premièrement, dans notre cohorte, la grande majorité des patients présentent une lymphopénie dès
l’admission et l’augmentation du nombre de lymphocytes circulants, notamment CD4+, est associée
à un pronostic favorable.
D’autre part, l’activation lymphocytaire T CD8+ semble débuter par l’expression de 2B4 ; peut-être à
partir des LT mémoires 2B4+. Qu’elle se fasse dans de rares cas à partir de LT CD8+ 2B4- (LT naïfs ou
mémoires 2B4-) ou à partir de LT mémoires 2B4+, l’activation lymphocytaire marquée par
l’expression de PD-1 est statistiquement associée à un groupe de patients pour lesquels la survie est
moins bonne ; ce qui n’est pas observé avec l’expression de CD160.
Au contraire, pour les LT CD4+, 2B4 est rarement exprimé et l’activation semble être marquée par
l’expression de PD-1. L’expression d’ICPs par les LT CD4+ corrèle avec un groupe de patients pour
lesquels la survie est meilleure.
Au total l’expression de PD-1 sur les LT CD8+ est statistiquement associée à un mauvais pronostic
alors que l’expression de PD-1 ou 2B4 sur les LT CD4+ a tendance à être de bon pronostic.
Notre étude est la première, à notre connaissance, à mettre en évidence une association significative
entre l’expression de PD-1 par les LT CD8+ et le pronostic dans le choc septique.
L’observation des différents profils d’acquisition d’ICP nous permet d’observer des tendances
intéressantes même si, la plupart du temps, les effectifs des groupes sont trop restreints pour
observer des associations significatives. Une étude sur une cohorte plus large ou de façon
prospective en association avec les services de réanimation pourrait être intéressante.
Que ça soit concernant les LT CD8+ ou les LT CD4+, l’expression simultanée des 3 immune
checkpoints étudiés est rarement majoritaire dans notre cohorte, ce qui peut nous laisser penser que
peu de patients présentent un état d’épuisement lymphocytaire avancé. La précocité de
l’échantillonnage peut expliquer en partie l’absence de signes apparents d’immunosuppression du
fait d’une exposition trop brève à l’antigène. Un échantillonnage plus tardif à 3 semaines ou un mois
de la phase aiguë du choc associé à une étude des fonctions lymphocytaires pourrait peut-être
permettre des observations plus franches. Les échantillons ayant été conservés congelés, une étude
des fonctions lymphocytaires est possible et devrait permettre de compléter ces observations.
Un nombre important de patients n’expriment aucun des 3 ICPs étudiés, que ce soit sur les LT CD4+
ou les LT CD8+, et ne semblent donc présenter aucun signe d’activation lymphocytaire dans les
premiers jours du sepsis, et ce, sans retentissement apparent sur la survie. Cette observation pouvait
concorder avec le fait que la clairance bactérienne lors du sepsis est peu dépendante de l’activation
94
lymphocytaire notamment CD8+. On peut penser qu’une étude parallèle des cellules phagocytaires
et du système immunitaire inné comme les monocytes/macrophages, les PNN et cellules
dendritiques pourrait être intéressante pour compléter ce travail.
Il manquait un certain nombre de données cliniques au moment de la rédaction du manuscrit et leur
connaissance permettra probablement de nouvelles observations.
Enfin, la survie dans le choc septique dépend de nombreuses variables et notamment des
différences de prise en charge, de co-morbidités et de type de pathogène en cause.
Il est important d’interpréter avec précaution la significativité d’un marqueur phénotypique isolé au
sein d’une réponse immunitaire complexe.
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104
Annexes :
Annexe 1 : Complexité du réseau de cytokines autour des cellules de l’immunité innée et adaptative.
Immunologie - 7e édition: Le cours de Janis Kuby (23)
105
Cytokine Origine Fonctions
Interleukines IL-1
Interleukine 1
Immunité innée :
Mono/macrophages, DCs,
C. épithéliales, endothéliales,
LB, NK
Pro-inflammatoire (endothélium vasculaire, induction de
chimiokines). Induit la production de cytokines : IL-2 (LT),
IL-1, 6, 8, TNF, GM-CSF (macrophages). Fièvre (hypothalamus).
Synthèse de protéines de la phase aiguë (foie).
IL-2
Interleukine 2
Immunité adaptative :
Lymphocytes TH1 et NK
Activation et prolifération LT, NK et prolifération LB.
Augmente la cytotoxixité des NK et lyse par macrophages.
Induit l’apoptose : mort cellulaire programmée.
IL-4
Interleukine 4
Immunité adaptative :
LTH2, macrophages et mastocytes
Favorise réponse LTH2/TH1 (diminue synthèse IL-12). Facteur
de croissance et différenciation LB. Augmente le CMH de
classe II. Favorise le switch isotypique IgE et IgG1 et la
synthèse de récepteurs aux IgE.
IL-5
Interleukine 5
Immunité adaptative :
LTH2 et mastocytes
Facteur de prolifération éosinophile et B activés.
Favorise le switch isotypique IgA.
IL-6
Interleukine 6
Immunité innée :
Mono/macrophages, DCs,
C. endothéliales
Influence d’immunité adaptative : favorise prolifération lignée
B et sécrétion d’anticorps. Fièvre (hypothalamus).
Synthèse de protéines de la phase aiguë (foie).
IL-8
Interleukine 8
Immunité innée :
Mono/macrophages, C. endo
Chimiotaxie et activation neutrophiles.
Recrutement PN et LT aux sites infectieux.
IL-10
Interleukine 10
Immunité innée et adaptative :
LTH2 et LB, mono/macrophages
Inhibe réponse Th1 et réponse cellulaire cytotoxique en
général. Diminue l’expression du CMH II et la sécrétion de
cytokines par les mono/macrophages et DCs. Inhibe la
prolifération des LT et favorise la différenciation des LB
IL-12
Interleukine 12
Immunité innée :
Mono/macrophages, DCs, LB
Cytokine essentielle pour la prolifération des TH1. Augmente la production d’IFN-γ par LTH1, TCD8+, LTγδ, NK.
Augmente la cytotoxicité des NK et TCD8+
IL-17
Interleukine 17
Immunité adaptative :
LTH17 (famille de LT helpers)
Interviennent à l’interface de l’immunité innée et adaptative en favorisant la libération de cytokines pro-inflammatoire et
cytokines mobilisant les neutrophiles (IL-6, CXCL-8, G-CSF) IL-17E favorise la réponse TH2 et inhibe la réponse TH17
Interférons
IFN-α et β Interférons α et
β
Immunité innée :
Mono/macrophages, DCs, cellules infectées par des virus. IL-17E
Inhibe la réplication virale dans la plupart des cellules nucléées.
Augment l’expression du CMH de classe I. Activation des NK
IFN-γ Interféron γ
Immunité adaptative :
Lymphocytes TH1, CD8+ et NK
Inhibe certains effets de l’IL-4 et la prolifération des TH2. Induit la différenciation TH1. Inhibe la réplication virale.
Augmente l’expression du CMH de classe I et II. Activation des macrophages et augmentation de la présentation de
l’antigène. Favorise switch isotypique IgG2.
Tumor necrosis factor
TNF-α Tumor necrosis
factor Cachectine
Immunité innée :
Mono/macrophages, mastocytes, DCs, neutrophiles, LTH, NK, CTL
Pro-inflammatoire (endothélium vasculaire, induit la sécrétion de cytokines : IL-1, 6, 8). Synthèse de protéines de la phase aiguë (foie). Anti-tumoral, antiviral, antiparasitaire. Perte
musculaire et graisseuse (cachexie). Apoptose de nombreux types cellulaires. Activation des neutrophiles.
Facteurs de croissance
TGF-β Tumor growth
factor β
Immunité innée et adaptative :
LTet LB, mono/macrophages
Anti-inflammatoire : inhibition de la prolifération et fonction effectrices LT et LB. Inhibe fonctions macrophages. Favorise
switch isotypique IgA. Favorise réparation tissulaire. Pro-inflammatoire : chimiotaxie mono/macrophages.
CSF GM-/G-/M-CSF
Macrophages, c. endo et épithéliales, fibroblastes, mastocytes, stroma MO
Stimulent la croissance, différenciation, prolifération des différents progéniteurs des lignées myéloïdes.
Activation des macrophages
106
Chimiokines
Chimiokines 4 familles : CXC,
CC, CX3C, C.
Immunité innée :
Mono/macrophages, DCs, neutrophiles, fibroblastes, LT,
hépatocytes
Pro-inflammatoire, migration leucocytaire suivant un gradient de concentration : recrutement des cellules circulantes sur le
site inflammatoire. Prolifération cellulaire et angiogenèse.
Annexe 2 : Cytokines d’intérêt, familles, origines et principales fonctions. Il existe de nombreuses
cytokines, et sont listées ici à titre d’illustration certaines des cytokines les plus représentatives.
Chaque cytokine présente de nombreuses fonctions et l’inventaire réalisé dans ce tableau est non
exhaustif. De même seulement les principales cellules sécrétrices de cytokines sont citées ici.
(23)(120).
107
LT naïf
LT CD8+cytotoxique
TCRCD62LCD3
IL-7RCCR7
TCRCD3 CD8
LT naïf (CD4 ou 8) αβTCR
Phénotype :αβTCR / CD3 / CD4 ou 8 / CCR7 / CD62L hi / CD127 (IL-7R)
Facteur de transcription :CD4+ : THPOK / CD8+ : RUNX3
Fonctions :Patrouillent dans les ganglions en attente de la présentation d’un Ag par les CPA puis se différencient en lymphocytes T effecteurs ou mémoires.
LT CD8+ cytotoxique
Phénotype :αβTCR / CD3 / CD8
Facteur de transcription :EOMES, T-bet, BLIMP1
Molécules effectrices sécrétées :Perforine, granzyme, IFNγ.
Fonctions :Cytotoxicité vis-à-vis des cellules infectées ou dénaturées. Immunité anti-infectieuse (virus ++) et anti-tumorale
LT naïf
TCRCD4CD3
LTH1
Phénotype :αβTCR, CD3, CD4, IL-12R, IFNγR, CXCR3
Facteur de transcription :T-bet, STAT4, STAT1
Molécules effectrices sécrétées :IL-2, IFNγ
Fonctions :Immunité cellulaire (contre les pathogènes intracellulaires). Recrutement des macrophages grâce à la sécrétion d’IFNγ. Développement régulé par l’IL-12.
LTH2
Phénotype :αβTCR, CD3, CD4, IL-4R, IL-33R, CCR4, IL-17RB, CRTH2
Facteur de transcription :GATA3, STAT6, DEC2, MAF
Molécules effectrices sécrétées :IL-4, IL-5, IL-13, IL-10
Fonctions :Immunité humorale (extracellulaire, antihelminthique). Rôledans l’allergie et l’asthme. Développement et maintien régulé par IL-4, IL-25 et IL-33
Récepteur chimiokine
Récepteur cytokine
LT helperCD4+
108
LT naïf
TCRCD4CD3
LT helperCD4+
LTH17
Phénotype :αβTCR, CD3, CD4, IL-23R, CCR6, IL-1R, CD161
Facteur de transcription :RORγt, STAT3, RORα
Molécules effectrices sécrétées :IL-17A, IL-17F, IL-21, IL-22, CCL20
Fonctions :Immunité antibactérienne et antimycosique (extracellulaires) à la surface des muqueuses. Rôle dans les maladies auto-immunes et inflammatoires. Générés en présence de TGF-β et IL-6 et/ou IL-21 et maintenus grâce à IL-23 et IL-1.
LTH9
Phénotype :αβTCR, CD3, CD4
Facteur de transcription :PU.1
Molécules sécrétées :IL-9, IL-10
Fonctions :Antihelminthique(extracellulaires)
Récepteur chimiokine
Récepteur cytokine
LTFH
Phénotype : αβTCR, CD3,
CD4, CXCR5, SLAM, OX40L, CD40L, ICOS, IL-21R, PD1
Facteur de transcription :BCL-6, STAT3
Molécules sécrétées :IL-21
Fonctions : Formation des
centres germinatif. Réponse LB
LT naïf
TCRCD4CD3
GITRCTLA-4
CD25
LT régulateurs (n et iTregs)
Phénotype :αβTCR, CD3, CD4, CD25, CTLA4, GITR
Facteur de transcription :FOXP3, STAT5
Molécules effectrices sécrétées :IL-10, TGF-β, IL-35 (nTreg)
Fonctions :Immunosuppression et tolérance via de mécanismes contact dépendant et indépendants. Générés dans le thymus (nTregs) ou en périphérie (iTregs) à partir de LT naïfs sous l’influence du TGF-β et de l’IL-2.
Tr1
Phénotype :αβTCR, CD3, CD4
Facteur de transcription :Pas connu
Molécules effectrices sécrétées : IL-10
Fonctions :Immunosuppression médiée par l’IL-10. Génération à partir de LT naïfs en présence de TGF-β et de l’IL-27
TregCD4+
109
LT naïf
TCRCD4/8CD3
CTLA-4
TregCD4+
LT naïf
TCRIL-7RCD3
TregCD4+
Tex
LT mémoire
LT épuisés (exhausted)
Phénotype :CD3, CD8 (ou4), récepteurs inhibiteurs: PD1, TIM3, 2B4, LAG-3, CTLA-4, etc.
Facteur de transcription :BLIMP-1
Fonctions :Générés en réponse à une stimulation prolongée du TCR à un antigène. Expriment de multiples récepteurs inhibiteurset perdent progressivement leurs fonctions effectrices.
PD-1
LAG-3
Multiples récepteurs inhibiteurs Mémoire effecteur : TEM
Phénotype : CD45ROhi
CD45RAlow, CD62Llow, CD44, TCR, CD3, IL-7R (CD127), IL-15R, CCR7low
Facteur de transcription :BLIMP-1
Molécules sécrétées :Cytokines pro-inflammatoires en grande quantité
Fonctions : Efficience de la
réponse secondaire
Mémoire central : TCM
Phénotype : CD45ROhi
CD45RAlow, CCR7hi, CD44, CD62Lhi, TCR, CD3, IL-7R(CD127), IL-15R
Facteur de transcription :BCL-6, BCL-6B, MBD2, BMI1
Molécules sécrétées :IL-2, CD40L, IL-4, IFNγ, IL-17 en petites quantités
Fonctions : Efficience de la
réponse secondaire
CCR7CD44
Annexe 3 : Lymphocytes T : phénotypes, facteurs de transcription et fonctions des principales sous-
populations résumés en schémas
T cells : the usual subsets. Chen Dong et Gustavo J. Martinez (56)
110
Annexe 4 : Expression de récepteurs co-stimulateurs et inhibiteurs sur les lymphocytes T.
Crawford A. et Wherry EJ. The diversity of costimulatory and inhibitory receptor pathways and the
regulation of antiviral T cell responses.(2009)
111
Name : DANIAU Firstname : Barnabé
Septic shock patients immune profile in french ICU
Toulouse, 21st September 2017
SUMMARY
Background: septic syndromes (sepsis and septic shock) remain one of the leading causes of death in ICU.
Despite improvement in management, complications and later mortality steel persist. Initial infection worsening,
secondary / nosocomial infections or viral reactivation appearance, seem to be related to an immune system
failure.
Immune checkpoint inhibitors, targeted therapeutics whose goal is to restore immune functions, are developed in
both infectious and malignant diseases.
A better understanding of the mechanisms that lead to this immune system failure seems to be essential and
could lead to develop early markers of this sepsis-related immunosuppression which could enable the rapid
introduction of these targeted therapies.
Our hypothesis was that the competence of the immune system had an impact on the clinical course of septic
shock patients. The objective of the study was therefore to draw the immune profile of septic shock patients and
to correlate them with their clinical parameters.
Methods: this study was conducted prospectively, between May 2015 and December 2016, on a cohort of 80
septic shock patients in ICU in Toulouse university hospital. An immune profile of T cells (ICP expression and
lymphocyte populations and Tregs blood count) was determined in each of these patients at day 1, day 3 and day
7 by flow cytometry.
Findings: 2B4 is the main ICP expressed on CD8 T cells described in our study. The co-expression levels of 3
ICPs (2B4, PD1 and CD160) allow to define 4 patient profiles with significantly different survival rates. Especially,
there is a significant decrease in survival for patients who expressed PD-1 (alone or co-expressed with 2B4) on
CD8 T cells activation. PD-1 is the main ICP expressed on CD4 T cells described in our study. The co-expression
levels of 3 ICPs (2B4, PD1 and CD160) allow to define 3 patient profiles. The CD4 T cells profiles do not appear
to correlate either to specific CD8 T cells profiles or to prognosis.
Interpretation: to our knowledge, it is the first time that a significant association between PD-1 expression on
CD8 T cells and a pejorative prognosis is highlighted in a cohort of septic shock patients. Only few patients seem
to show a deep T cell exhaustion and antigen exposure may have been too short to induce lymphocyte
dysfunction at the sampling time. It could be interesting to carry out a similar study on a larger cohort maybe with
a sample taken at least 3 weeks from the shock and associated with a lymphocyte functions study (proliferative
and secretive ability). A parallel study of phagocytic cells and innate immunity, in the first line during sepsis anti-
bacterial response, could also be relevant. ________________________________________________________________________________________ KEY WORDS : SEPTIC SHOCK, T CELL EXHAUSTION, IMMUNE CHECKPOINTS, CO-INHIBITORY RECEPTORS, PD-1, CD160, 2B4, REGULATORY T CELLS __________________________________________________________________________________________ UNIVERSITE PAUL SABATIER, TOULOUSE III, Faculté des Sciences Pharmaceutiques, 35 chemin des maraîchers, 31062, TOULOUSE cedex 09 - France
Supervisor : Docteur François VERGEZ
112
Nom : DANIAU Prénom : Barnabé
Profil immunitaire des patients de réanimation en choc septique
Toulouse, le 21 septembre 2017 Introduction : Les syndromes septiques (sepsis, choc septique) demeurent l’une des principales causes de
mortalité en service de réanimation. Malgré une amélioration de la prise en charge, des complications et une
mortalité tardive persistent. L’aggravation de l’infection initiale, la survenue d’infections secondaires ou de
réactivations virales, semblent être les conséquences d’un échec du système immunitaire. Des inhibiteurs d’immune checkpoints (ICPs), thérapeutiques ciblées visant à restaurer les fonctions
immunitaires, voient le jour tant dans des situations infectieuses que malignes.
Dans ce contexte, il apparait désormais important de mieux comprendre les mécanismes qui conduisent à cet
état d’immunosuppression liée au sepsis et de disposer de marqueurs permettant d’améliorer la prise en charge
de ces patients et la mise en place rapide de ces thérapeutiques ciblées. Notre hypothèse de travail était que la
compétence du système immunitaire avait un impact sur l’évolution clinique des patients en choc septique.
L’objectif de l’étude était donc de dresser le profil immunitaire des patients atteints de sepsis et de le corréler à
leurs paramètres cliniques.
Matériel et méthodes : Cette étude prospective a été menée sur une cohorte de 80 patients admis dans un
service de réanimation du CHU de Toulouse entre mai 2015 et décembre 2016 pour choc septique. Un profil
immunitaire des populations lymphocytaires T (expression d’ICPs, quantification du taux de Tregs) a été établi
chez chacun de ces patients lors du diagnostic de choc septique puis au 3ème et 7ème jour, par cytométrie en
flux. Résultats : 2B4 est l’ICP que l’on retrouve le plus souvent exprimé par les lymphocytes T CD8+ des patients de
notre cohorte. Les niveaux de co-expression de 3 ICPs (2B4, PD1 et CD160) permettent de définir 4 profils de
patients avec des taux de survie significativement différents. Notamment, l’expression de PD1, seul ou associé à
2B4, par les lymphocytes T CD8+ apparait comme un facteur péjoratif. PD1 est l’ICP le plus exprimé par les
lymphocytes T CD4+ des patients de notre cohorte. Les niveaux d’expression de 2 ICPs (PD1 et 2B4) permettent
de définir 3 profils de patients. Les profils T CD4+ ne semblent pas corréler ni à des profils T CD8+ particuliers, ni
à un pronostic. Conclusion : Notre étude est à notre connaissance la première à mettre en évidence une association
significative entre l’expression de PD-1 sur les LT CD8+ et un pronostic péjoratif pour les patients admis pour
sepsis en service de réanimation. Dans notre cohorte, peu de patients semblent présenter un état d’épuisement
lymphocytaire profond et il est possible que l’exposition aiguë à l’antigène ait été trop brève pour induire des
dysfonctions lymphocytaires franches et précoces. Il pourrait être intéressant de compléter notre étude sur une
cohorte plus étendue avec un profilage à distance du choc associé à une étude des fonctions lymphocytaires.
Une étude parallèle des cellules phagocytaires de l’immunité innée, en première ligne de la réponse anti-
bactérienne lors du sepsis, pourrait aussi être pertinente.
________________________________________________________________________________________ Titre et résumé en Anglais : voir au recto de la dernière page de la thèse _____________________________________________________________________________________________________ DISCIPLINE administrative : BIOLOGIE MEDICALE __________________________________________________________________________________________ MOTS-CLES : CHOC SEPTIQUE, EPUISEMENT LYMPHOCYTAIRE, IMMUNE CHECKPOINTS __________________________________________________________________________________________ UNIVERSITE PAUL SABATIER, TOULOUSE III, Faculté des Sciences Pharmaceutiques, 35 chemin des maraîchers, 31062, TOULOUSE cedex 09 - France
Directeur de thèse : Monsieur le Docteur François VERGEZ
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