ghost estates, valerie anex

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When the Irish housing bubble burst in 2008, activity on building sites suddenly stopped. Still now, the Irish landscape is covered by over three thousand unoccupied housing estates. Valérie Anex turns her camera towards the walls, the hedges, the fences and the advertising signs of these vestiges of wealth. She pays close attention to the architecture and its direct links with land development policies. The composition and repetition in the photographs, as well as the sequence of the images and their interaction with the text, make Ghost Estates a book that documents the process by which new houses become empty husks, left behind like debris. The book thus evokes the dynamic that leads from consumer fetishism to the collapse of an economic system. Whilst in the past, a ghost town was an abandoned one, the ghost towns of today have never been inhabited. “Ghost Estates” may not reveal any haunting specter at work, however it allows the reader to reflect on our livable world.

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Ghost EstatEs

Ghost EstatEs

ValériE anEx

Uqbar

© Valérie anex et les éditions d‘Uqbar, 2012

association Uqbar, 28-30, avenue Ernest-Pictet, 1203 Genève.

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irlande, 2011

l’institut national de recherche irlandais pour l’analyse spatiale et régionale (national institute for regional and spatial analysis, nirsa) a défini comme ghost estate (quartier fantôme), un quartier de plus de 10 maisons dont plus de la moitié est inoccupé ou inachevé. En octobre 2010, selon les chiffres officiels, on dénombrait 2846 ghost estates et plus de 350 000 logements inoccupés dans toute la répu-blique d’irlande. les ghost estates se répartissent sur tout le territoire du pays. Mais le plus grand nombre d’entre eux se situent dans les régions rurales du centre et de l’ouest du pays, dans les countys de leitrim, roscommon, longford et Cavan que j’ai visités.

la présence de ces quartiers fantômes irrite les habitants de ces régi-ons. leur vue nargue les passants, vestiges prématurés évoquant une époque révolue, faste mais brève. la crise se fait sentir de partout - chômage, dettes, coupes budgétaires, fuite des capitaux étrangers - mais elle prend aussi forme dans le paysage. Elle est visible partout sur le territoire.

souvenirs amers laissés par la nature spectrale et passagère de la bul-le immobilière, les ghost estates sont le symbole de l’effondrement du marché de la propriété en irlande, une topologie de la désintég-ration économique du pays.

Ces coquilles vides, fantasmes d’une vie rêvée avortée au bord des routes, sont également la preuve de la faillite des politiques et d’une logique économique qui a, durant des années, semblé opérer des miracles. En effet, le Celtic tiger avait complètement transformé le pays, brassant ressources et énergie, créant emplois et richesses, atti-rant de l’extérieur investissements financiers et nombre d’immigrants. Pourtant, depuis la crise financière de 2008, la prospérité a depuis fait place au désastre et à la dépression.

souvenirs amers laissés par la nature spectrale et passagère de la bul-

le immobilière, les ghost estates sont le symbole de l’effondrement du marché de la propriété en irlande, une topologie de la désintég-ration économique du pays.

le paysage irlandais est aujourd’hui le reflet de cette situation, mais également le miroir d’une crise beaucoup plus globale.

Ces maisons sont là, désertes. Elles attendent, qu’on les habite ou qu’on les termine.

l’institut national de recherche irlandais pour l’analyse spatiale et régionale (national institute for regional and spatial analysis, nirsa) a défini comme ghost estate (quartier fantôme), un quartier de plus de 10 maisons dont plus de la moitié est inoccupé ou inachevé. En octobre 2010, selon les chiffres officiels, on dénombrait 2846 ghost estates et plus de 350 000 logements inoccupés dans toute la répu-blique d’irlande. les ghost estates se répartissent sur tout le territoire du pays. Mais le plus grand nombre d’entre eux se situent dans les régions rurales du centre et de l’ouest du pays, dans les countys de leitrim, roscommon, longford et Cavan que j’ai visités.

souvenirs amers laissés par la nature spectrale et passagère de la bul-le immobilière, les ghost estates sont le symbole de l’effondrement du marché de la propriété en irlande, une topologie de la désintég-ration économique du pays.

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Irlande, 2011

De grandes pancartes décrépies au bord des routes nationales, recou-vertes par plusieurs couches de bandeaux affichant des baisses de prix, signalent l’existence de banlieues résidentielles érigées au milieu de la campagne. Les pneus de ma voiture crissent sous la caillasse des routes et chaussées inachevées qui y mènent. Sur place, dans la lumière hivernale de ce mois de février 2011, nulle trace de vie humaine au milieu de ces vastes rangées de bâtiments immaculés. Parfois, au loin, une camionnette qui disparait aussitôt après mon arrivée sur les lieux. Sans doute un ou deux loubards venus dérober quelques matériaux récupérables ayant de la valeur. Ce sont les seules personnes que j’aie pu croiser dans ces quartiers censés respirer la vie familiale. Au lieu de cela, il y règne une atmosphère de désolation et de vide absolu.

On y entend le bruissement du vent dans l’herbe des pelouses non entre-tenues et parfois celui d’un chien aboyant au loin. Des chantiers abandon-nés bordent les environs, des monticules de terre retournés ainsi que des déchets de toutes sortes jonchent les sols.

L’Institut National de Recherche Irlandais pour l’Analyse Spatiale et Ré-gionale (National Institute for Regional and Spatial Analysis, NIRSA) a défini comme ghost estate (quartier fantôme), un quartier de plus de 10 maisons dont plus de la moitié est inoccupé ou inachevé. En octobre 2010, selon les chiffres officiels, on dénombrait 2846 ghost estates et plus de 350 000 logements inoccupés dans toute la République d’Irlande. Les ghost estates se répartissent sur tout le territoire du pays. Mais le plus grand nombre d’entre eux se situent dans les régions rurales du centre et de l’ouest du pays, dans les countys de Leitrim, Roscommon, Longford et Cavan que j’ai visités.

La présence de ces quartiers fantômes irrite les habitants de ces régions. Leur vue nargue les passants, vestiges prématurés évoquant une époque révolue, faste mais brève. La crise se fait sentir de partout - chômage, dettes, coupes budgétaires, fuite des capitaux étrangers - mais elle prend aussi forme dans le paysage. Elle est visible partout sur le territoire.

Souvenirs amers laissés par la nature spectrale et passagère de la bul-le immobilière, les ghost estates sont le symbole de l’effondrement du marché de la propriété en Irlande, une topologie de la désintégration économique du pays.

Ces coquilles vides, fantasmes d’une vie rêvée avortée au bord des rou-tes, sont également la preuve de la faillite des politiques et d’une logique économique qui a, durant des années, semblé opérer des miracles. En effet, le Celtic Tiger avait complètement transformé le pays, brassant ressources et énergie, créant emplois et richesses, attirant de l’extérieur investissements financiers et nombre d’immigrants. Pourtant, depuis la crise financière de 2008, la prospérité a depuis fait place au désastre et à la dépression.

Le paysage irlandais est aujourd’hui le reflet de cette situation, mais éga-lement le miroir d’une crise beaucoup plus globale.

Ces maisons sont là, désertes. Elles attendent, qu’on les habite ou qu’on les termine.

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index des photographies

holy Park, leitrim VillageCharlestownoakfield Manor, Kinloughauburn Village, Ballymahon?Baileboro road, VirginiaBattery Court, longfordBattery Court, longfordan Griànan, Drumshambohill Crescent, Ballymahonshantobar, Ballinalee

Forest Park, KinloughForest Park, Kinloughtullan strand road, Bundoranarmada Cottages, Bundoranoakfield Manor, Kinloughtullan strand road, Bundorantullan strand road, BundoranMac oisin Place, DromodForest Park, Kinloughthe Waterways, KeshcarriganUnknown name, KeshcarriganUnknown name, KeshcarriganUnknown name, Keshcarrigan

hawthorn, Baileboroughsilver Birches, longfordUnknown name, DrumshamboUnknown name, BallycadareUnknown name, BallygawleyUnknown name, Dromore WestUnknown name, Charlestown

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roosky lock, rooskyroosky lock, roosky

lismeen hills, Ballyjamesdufflake View, Keshcarrigonlake View, KeshcarrigonCartron road, Keenaghoakfield Manor, KinloughCartron road, KeenaghCartron road, Keenaghthe Waterways, Keshcarrigonthe Waterways, KeshcarrigonBattery Court, longford

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Cet ouvrage, édité par Christian tarabini et laura von niederhäusern, a été achevé d‘imprimer pour le compte des éditions d‘Uqbar par l‘imprimerie noir sur noir à Genève, en décembre 2012. le tirage de l‘édition a été limité à 400 exemplaires.

Dépôt légale: 1er trimestre 2013. numéro isBn

l‘artiste et les éditeurs remercient Camille Decrey, Christian Johan-nes Koch et traductrice/relectrice? pour leur contribution à la réalisa-tion de ce livre.

avec le soutien de la Ville de Genève, de la république et le canton de Genève et de la loterie romande.

imprimé en suisse

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