amnesty international · naissance de son dévouement inlassable a la cause des droits de...

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Amnesty International informations mensuelles internationales Vol. VI No 8AoCit 1976 Une mission d'AI en Yougoslavie rencontre des prisonniersadoptés Une mission importante d'AI, qui s'est ren- due en Yougoslavie en juin, a rencontre des membres du gouvernement et vu des prison- niers adoptes par Al. Martin ENNALS, secretaire general d'Al, etait accompagne par les professeurs Frits RCITER et Marius BROEKMEYER, de l'Uni- versite d'Amsterdam, et par Clayton YEO, du Service de la recherche d'A La delegation a ete recue par M. Ivan FRANKO, secrétaire federal a la justice. Des reunions ont ete organisées avec des fonction- naires du secretariat federal et du secretariat des republiques a la justice, avec le procu- reur general federal et avec des avocats. La delegation d'A/ a exprime sa vive inquie- tude au sujet de la legislation aux termes de laquelle sont condamn6s la plupart des prison- niers politiques. Elle a en outre critique un cer- tain nombre d'articles du code penal yougo- slave, notamment l'article 118 («propagande hostile»), qui punit de prison les critiques a l'egard du gouvernement. Parmi les prisonniers dont le cas a ete examine en detail figurait l'ancien chef des tchetniks Djura DJUROVIC et Al a reitere les demandes anterieurement adressees aux autorités les priant de liberer rapidement Djurovie. La delegation d'AI a declare ulterieurement que les entretiens avaient ete «francs et utiles». Lors de leur visite aux prisons de Sremska Mitrovica et de Lepoglava, les delegues d'Al ont parte du traitement des prisonniers avec des responsables de l'administration peniten- tiaire et des fonctionnaires du gouvernement. Au cours de la visite a la prison de Sremska Mitrovica, un delégué d'AI s'est entretenu avec MM. Mihailo MIHAILOV et Sava BANKOVIC. Quatre autres prisonniers poli- tiques ont req.' une courte visite dans leur cellule. A la prison de Lepoglava, les delegués se sont d'abord heurtés a un refus mais ils ont ulterieurement et& autorises a revenir et a s'entretenir avec le prisonnier Sime DJODAN. Al présentera au gouvernement yougoslave ses observations et avis au sujet des questions examinees au cours de la mission. 0 Mission en RDA: Le 28 juin, le professeur Rater s'est rendu dans la Republique democra- tique allemande (RDA), venant de Yougo- slavie, pour s'entretenir avec M. ROEHL, secretaire general de l'Association des avocats de la RDA. Cette visite avait pour objet de faire connai- tre Amnesty International et ses objectifs aux autorites de la RDA et de soulever les proble- mes qui se posent dans ce pays et qui préoccu- pent Al. M. Rater avait également l'intention de demander aux autorités de la RDA de communiquer des renseignements sur la prati- que judiciaire dans la RDA et d'examiner la possibilite d'envoyer ulterieurement une mis- sion d'AI dans ce pays. 11 ne lui a pas ete pos- sible de rencontrer, au cours de sa visite, de representants des pouvoirs publics de la RDA responsables en la matiére. Le Comité exécutif international d'Al a ete saisi d'un rapport et de recommandations au sujet du voyage du professeur Riiter en RDA. 0 AI DEMANDE UNE AMNISTIE POUR LES PRISONNIERS POLITIQUES EN ESPAGNE Le 18 juillet, Al a demand& au roi JUAN CARLOS d'Espagne de clCcreter une amnistie generale pour tous les prisonniers politiques le 25 juillet, jour de la Saint-Jacques. patron de l'Espagne. La revendication d'une amnistie generale est l'une des grandes questions a l'ordre du jour dans les debats politiques en Espagne depuis la mort, l'an dernier, du géneralissime Francisco FRANCO, chef de l'Etat. A 1 a accueilli avec satisfaction l'amnistie partielle que le roi Juan Carlos avait accordee en novembre 1975, a l'occasion de son acces- sion au trône. De nombreux prisonniers poli- tiques furent alors liberes ou obtinrent des remises de peine. Cependant, les arrestations se sont poursui- vies en Espagne depuis lors et un grand nom- bre de prisonniers restent detenus a cause de leurs convictions politiques. Parmi ceux qui sont actuellement en prison se trouvent des dirigeants du parti communis- te, des anarchistes et des séparatistes, ainsi que la plupart de ceux qui ont ete juges par des tribunaux militaires. (suite page 4) MORT D'ERIC BAKER ET D'IVAN MORRIS Eric Baker, president honoraire d'Al et l'un de ses fondateurs, est mort d'une crise cardiaque a son domicile en Angleterre, le 19 juillet. 11 avait 55 ans. M. Baker, qui a ete un pacifiste toute sa vie, a &té le premier directeur d'Al et directeur general par interim de 1967 a 1968. President de la section britannique d'AI de 1965 a. 1971, il a ete egalement membre du Comite executif international de 1968 a 1975. Il a été élu par acclamation president honoraire d'AI au Conseil international de 1975, en recon- naissance de son dévouement inlassable a la cause des droits de l'homme. Membre de la Societe religieuse des Amis depuis 1939, objecteur de conscience pendant la deuxieme guerre mondiale, secretaire adjoint du Centre Quaker a Delhi (Inde) de 1946 a 1948, M. Baker a &teensuite secretaire general du British National Peace Council de 1954 a 1959. Pendant cette periode, il a notamment fond& le Danilo Dolci Trust et a participe a l'organisation de la campagne pour le désarmement nucleaire en 1959. II a organise la campagne pour l'abolition de la torture dans le cadre du mouvement Quaker et au sein d'AL Sean McBride, ancien président du Comite executif international d'A / et actuellement Commissaire des Nations Unies pour la Namibie, a rendu hommage a M. Baker dans les termes suivants : «J'ai eu le privilege de travailler avec Eric Baker pendant plus de 15 ans, a la fonda- tion et au developpernent d'A Travailleur infatigable, il a ete notre guide dans toutes les periodes difficiles. C'etait Eric qui, dans nos conseils, nous gardait toujours sur le droit chemin des principes. 11 etait inebranlable dans son attachement a la tradition et aux ideaux sur lesquels Al est fondee. Ii considerait chaque probleme objectivement, calme- ment et de maniere constructive, et ses vues nous influencaient toujours par leur force persuasive et leur sincerite absolue. Sa fidelite ci la tradition Quaker lui permettait de reconnaitre une injustice sans hesitation. Dans toutes les periodes difficiles, a l'epoque oü j'étais president du Comite executif international, je demandais toujours conseil a Eric. En sa qualite de vice-president du CEI et, plus tard, de president honoraire, il a toujours exerce une influence benefique sur la croissance et le développement d'AI. Sa disparition est une grande perte, non seulement pour sa famille et ses amis, mais pour l'ensemble du mouvement d'Amnesty en Grande- Bretagne et dans le monde entier.» On annonce aussi la mort d'Ivan MORRIS, un des fondateurs en 1966 et president depuis 1973 de la Section des Etats-Unis d'AI (AIUSA). Le pro fesseur Morris est mort d'une crise cardiaque en Italie, le 19 juillet. II avait 50 ans. Profondement devou& a la cause des droits de l'homme, érudit et traducteur eminent, le professeur Morris enseignait la litterature japonaise a l'Universite Columbia, ou il a dirige le département des langues et cultures orientales. Auteur de nombreux ouvrages sur le Japon, le plus recent de ses livres &aft The Nobility of Failure. Le professeur Morris etait ancien membre du Comite exécutif international d'Al et avait represent& A I a l'occasion de plusieurs missions internationales, tout recemment encore au Mexique, au Perou et au Japon. Sous sa présidence, AIUSA est devenue, d'une petite organisation de 3 000 membres, une section de 45 000 membres, avec des bureaux regionaux a San Francisco, Los Angeles, Boston et Washington.

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Page 1: Amnesty International · naissance de son dévouement inlassable a la cause des droits de l'homme. Membre de la Societe religieuse des Amis depuis 1939, objecteur de conscience pendant

Amnesty Internationalinformations mensuelles internationales

Vol. VI No 8AoCit 1976

Une mission d' AI en Yougoslavie rencontre des prisonniers adoptésUne mission importante d'AI, qui s'est ren-

due en Yougoslavie en juin, a rencontre desmembres du gouvernement et vu des prison-niers adoptes par Al.

Martin ENNALS, secretaire general d'Al,etait accompagne par les professeurs FritsRCITER et Marius BROEKMEYER, de l'Uni-versite d'Amsterdam, et par Clayton YEO, duService de la recherche d'A

La delegation a ete recue par M. IvanFRANKO, secrétaire federal a la justice. Desreunions ont ete organisées avec des fonction-naires du secretariat federal et du secretariatdes republiques a la justice, avec le procu-reur general federal et avec des avocats.

La delegation d'A/ a exprime sa vive inquie-tude au sujet de la legislation aux termes delaquelle sont condamn6s la plupart des prison-

niers politiques. Elle a en outre critique un cer-tain nombre d'articles du code penal yougo-slave, notamment l'article 118 («propagandehostile»), qui punit de prison les critiques al'egard du gouvernement.

Parmi les prisonniers dont le cas a eteexamine en detail figurait l'ancien chef destchetniks Djura DJUROVIC et Al a reitereles demandes anterieurement adressees auxautorités les priant de liberer rapidement

Djurovie.La delegation d'AI a declare ulterieurement

que les entretiens avaient ete «francs etutiles».Lors de leur visite aux prisons de SremskaMitrovica et de Lepoglava, les delegues d'Al

ont parte du traitement des prisonniers avecdes responsables de l'administration peniten-

tiaire et des fonctionnaires du gouvernement.Au cours de la visite a la prison de Sremska

Mitrovica, un delégué d'AI s'est entretenuavec MM. Mihailo MIHAILOV et SavaBANKOVIC. Quatre autres prisonniers poli-tiques ont req.' une courte visite dans leurcellule.

A la prison de Lepoglava, les delegués sesont d'abord heurtés a un refus mais ils ontulterieurement et& autorises a revenir et as'entretenir avec le prisonnier Sime DJODAN.

Al présentera au gouvernement yougoslaveses observations et avis au sujet des questionsexaminees au cours de la mission. 0

Mission en RDA: Le 28 juin, le professeurRater s'est rendu dans la Republique democra-tique allemande (RDA), venant de Yougo-slavie, pour s'entretenir avec M. ROEHL,secretaire general de l'Association des avocatsde la RDA.

Cette visite avait pour objet de faire connai-tre Amnesty International et ses objectifs auxautorites de la RDA et de soulever les proble-mes qui se posent dans ce pays et qui préoccu-pent Al. M. Rater avait également l'intentionde demander aux autorités de la RDA decommuniquer des renseignements sur la prati-que judiciaire dans la RDA et d'examiner lapossibilite d'envoyer ulterieurement une mis-sion d'AI dans ce pays. 11 ne lui a pas ete pos-sible de rencontrer, au cours de sa visite, derepresentants des pouvoirs publics de la RDAresponsables en la matiére.

Le Comité exécutif international d'Al a etesaisi d'un rapport et de recommandations ausujet du voyage du professeur Riiter enRDA. 0

AI DEMANDE UNE AMNISTIE POUR LES PRISONNIERS POLITIQUES

EN ESPAGNE

Le 18 juillet, Al a demand& au roi JUANCARLOS d'Espagne de clCcreter une amnistiegenerale pour tous les prisonniers politiques le25 juillet, jour de la Saint-Jacques. patron del'Espagne.

La revendication d'une amnistie generale estl'une des grandes questions a l'ordre du jourdans les debats politiques en Espagne depuis lamort, l'an dernier, du géneralissime FranciscoFRANCO, chef de l'Etat.

A 1 a accueilli avec satisfaction l'amnistiepartielle que le roi Juan Carlos avait accordeeen novembre 1975, a l'occasion de son acces-sion au trône. De nombreux prisonniers poli-tiques furent alors liberes ou obtinrent desremises de peine.

Cependant, les arrestations se sont poursui-vies en Espagne depuis lors et un grand nom-bre de prisonniers restent detenus a cause deleurs convictions politiques.

Parmi ceux qui sont actuellement en prisonse trouvent des dirigeants du parti communis-te, des anarchistes et des séparatistes, ainsique la plupart de ceux qui ont ete juges pardes tribunaux militaires.

(suite page 4)

MORT D'ERIC BAKER ET D'IVAN MORRISEric Baker, president honoraire d'Al et l'un de ses fondateurs, est mort d'une crise

cardiaque a son domicile en Angleterre, le 19 juillet. 11 avait 55 ans.M. Baker, qui a ete un pacifiste toute sa vie, a &té le premier directeur d'Al et directeur

general par interim de 1967 a 1968. President de la section britannique d'AI de 1965 a.1971, il a ete egalement membre du Comite executif international de 1968 a 1975. Il a étéélu par acclamation president honoraire d'AI au Conseil international de 1975, en recon-naissance de son dévouement inlassable a la cause des droits de l'homme.

Membre de la Societe religieuse des Amis depuis 1939, objecteur de conscience pendantla deuxieme guerre mondiale, secretaire adjoint du Centre Quaker a Delhi (Inde) de 1946 a1948, M. Baker a &te ensuite secretaire general du British National Peace Council de 1954 a1959. Pendant cette periode, il a notamment fond& le Danilo Dolci Trust et a participe al'organisation de la campagne pour le désarmement nucleaire en 1959.

II a organise la campagne pour l'abolition de la torture dans le cadre du mouvementQuaker et au sein d'AL

Sean McBride, ancien président du Comite executif international d'A / et actuellementCommissaire des Nations Unies pour la Namibie, a rendu hommage a M. Baker dans lestermes suivants :

«J'ai eu le privilege de travailler avec Eric Baker pendant plus de 15 ans, a la fonda-tion et au developpernent d'A Travailleur infatigable, il a ete notre guide dans toutes lesperiodes difficiles. C'etait Eric qui, dans nos conseils, nous gardait toujours sur le droitchemin des principes. 11 etait inebranlable dans son attachement a la tradition et auxideaux sur lesquels Al est fondee. Ii considerait chaque probleme objectivement, calme-ment et de maniere constructive, et ses vues nous influencaient toujours par leur forcepersuasive et leur sincerite absolue. Sa fidelite ci la tradition Quaker lui permettait dereconnaitre une injustice sans hesitation.

Dans toutes les periodes difficiles, a l'epoque oü j'étais president du Comite executifinternational, je demandais toujours conseil a Eric. En sa qualite de vice-president du CEIet, plus tard, de president honoraire, il a toujours exerce une influence benefique sur lacroissance et le développement d'AI. Sa disparition est une grande perte, non seulementpour sa famille et ses amis, mais pour l'ensemble du mouvement d'Amnesty en Grande-Bretagne et dans le monde entier.»

On annonce aussi la mort d'Ivan MORRIS, un des fondateurs en 1966 et presidentdepuis 1973 de la Section des Etats-Unis d'AI (AIUSA).

Le pro fesseur Morris est mort d'une crise cardiaque en Italie, le 19 juillet. II avait50 ans.

Profondement devou& a la cause des droits de l'homme, érudit et traducteur eminent,le professeur Morris enseignait la litterature japonaise a l'Universite Columbia, ou il adirige le département des langues et cultures orientales. Auteur de nombreux ouvrages surle Japon, le plus recent de ses livres &aft The Nobility of Failure.

Le professeur Morris etait ancien membre du Comite exécutif international d'Al et avaitrepresent& A I a l'occasion de plusieurs missions internationales, tout recemment encore auMexique, au Perou et au Japon.

Sous sa présidence, AIUSA est devenue, d'une petite organisation de 3 000 membres,une section de 45 000 membres, avec des bureaux regionaux a San Francisco, Los Angeles,Boston et Washington.

Page 2: Amnesty International · naissance de son dévouement inlassable a la cause des droits de l'homme. Membre de la Societe religieuse des Amis depuis 1939, objecteur de conscience pendant

A/ PUBLIE UN CAHIER D'INFORMATION SUR LE PARAGUAY

Le 29 juillet, AI a declare que les personnesqui critiquent le gouvernement de la republi-que du Paraguay risquent l'arrestation, l'em-prisonnement a long terme sans jugement etla torture.

Cette declaration figure dans un cahierd'information de 16 pages qui fait partie

d'une serie de documents de ce type publiéspar Al resumant les renseignements disponi-bles sur l'emprisonnement pour des motifspolitiques et sur d'autres violations des droitsde l'homme dans divers pays (voir Informa-(ions de juin).

Le document consacre au Paraguay expri-me l'inquietude causée par les persecutionsque subissent les dissidents politiques depuisque le president Alfredo STROESSNER estarrive au pouvoir, en 1954, a la suite d'uncoup d'Etat.

On y trouve des precisionssur les arrestations en masse ou la dispari-

tion de personnes soupconnées d'être desoppositionnels et de membres de leurs families,

sur la pratique de la detention A long termesans jugement et sur l'interdiction de touteactivite oppositionnelle consideree comme«subversive»,

sur la torture institutionnalisee des prison-niers politiques lors des interrogatoires, quientrainent parfois la mort.

II est estime dans ce document que le nom-bre total des prisonniers politiques dépassegeneralement 200 et peut atteindre 1.000 apresune vague d'arrestations.

Amnesty International Briefing on Paraguay(Cahier d'information d'Amnesty Internatio-nal sur le Paraguay), 16 pages, publié parAmnesty International Publications, 53 Theo-bald's Road, Londres WC1X 8SP, Grande-Bretagne. Prix 40 pence (S E.U. 1.—) plus20 pence (50 cents) pour le port et l'embal-lage. L'abonnement annuel pour 10 cahiersd'information cane 6 ($ E.U. 15.—), portcompris.

TRENTE REFUGIES URUGUA YENS ENLEVES EN ARGENTINE

A nouveau, des refugiés uruguayens ont eteenleves A Buenos Aires en juillet. Trente refu-giés, dont on pense que la plupart etaientmembres du mouvement de gauche non-vio-lent Resistencia Obrera Estudiantil (Resistan-ce ouvriere et estudiantine), ont ete enlevéspar des groupes d'hommes en uniforme entrele 17 et le 19 juillet.

Parmi les personnes enlevees se trouventMargarita MICHELINI, fille de l'ancien sena-teur uruguayen Zelmar MICHELINI et sonmari Raul ALTUNA. Le sénateur Michelini

avait ete enlevé en Argentine il y a 2 mois etassassine deux jours apres son enlevement(Informations de juin).On pense qu'il y a aussi des enfants parmiles personnes enlevees. D

ARRESTATIONS ATAIWAN POUR CRITIQUES A L'ADRESSE

DU GOUVERNEMENT

Un ancien candidat aux elections parlemen-taires se trouve parmi huit personnes arreteesle 31 mai A Taiwan (Republique de Chine)pour avoir «tente de renverser le gouverne-ment, de troubler l'ordre public par la violen-ce et de provoquer le chaos en sabotant desinstallations petrolieres et des installationselectriques».

II s'agit de YEN Ming-sheng, candidat auxelections au Yuan legislatif en 1975. En m8me

temps que lui, on a art-et& YANG Chin hai etWU Chi-chuan, qui tous deux avaient partici-pe A la campagne electorale de M. Yen. Seloncertaines sources d'information, ni M. Yen,ni ses associes ne s'etaient livres a du sabotage.

M. Yen avait ouvertement critique le gou-vernement tors des elections de l'annee der-niere et demande qu'il soit mis fin A l'etat desiege. D'apres les renseignements disponibles,il aurait ulterieurement reel' un avertissementdu procureur de la ville de Kaosiung pouravoir fait des declarations «prejudiciables auxinterets du pays».

Le 5 juillet, dans une lettre adressee aupremier ministre CHIANG Ching-Kuo, Al ademand& que toutes les charges pesant contreles accuses soient rendues publiques et qu'ilsfasssent l'objet d'un proces public et equita-ble ou soient liberes inconditionnellement.

Al demande des details sur nn certain nom-bre de cas: Le 14 juillet, AI a demand& AM. Chiang, premier ministre, des details surdes prisonniers adoptes par Al et d'autresfaisant l'objet d'une enquete, qui peuventavoir ete au benefice de la mesure de clemencedu gouvernement l'an dernier. Al a félicite legouvernement a l'occasion du premier anniver-saire des commutations de peines decretees le14 juillet 1975 et a demande des precisions ausujet des prisonniers dont le sort n'est pasconnu. LII

MILLE PRISONNIERS NON JUGES SONT ENVOVES DANS LA COLONIE PENI-

TENTIAIRE INDONESIENNE DE BURU

Plus de mille prisonniers politiques ont eteenvoyes cette annee dans la colonie peniten-tiaire indonésienne de l'ile de Buru, de tristenotoriete. Le commandement militaire de riledétient maintenant plus de 11.000 prisonnierspolitiques. Les prisonniers qui se trouvaientdjd dans l'ile y ont eté transportes entre 1969et 1971.

Le total des prisonniers politiques en Indo-nesie se situe entre 55.000 et 100.000. La plu-part d'entre eux ont éte arrêtes pour avoirpretendument eté méles a une tentative decoup d'Etat militaire en octobre 1956, qui aechoue. La plupart des prisonniers envoyesBuru lors des derniers convois secrets sont de-jà detenus sans jugement depuis plus de 10ans. La plupart d'entre eux n'ont pas ete in-culpes. On trouve parmi eux des personnesqui etaient encore des enfants au moment deleur arrestation.

Les conditions qui regnent a Buru sont fortrudes. Les prisonniers doivent travailler auxchamps tous les jours et produire tout ce qu'ilsregoivent pour se nourrir. On ne leur donnepratiquement pas de medicaments pour com-battre les maladies infectieuses.

L'Ile est situee a 2.000 kilometres de Dja-karta, capitale du pays, et les prisonniers nepeuvent recevoir de visites des membres deleur famille.

A/ a proteste en juillet contre le dernierconvoi et a demande qu'une action energiquesoit entreprise a l'echelle internationale pourempecher le gouvernement indonesien d'en-voyer d'autres prisonniers A Buru. Al a de-

mande aussi la liberation inconditionnelle detous les prisonniers detenus dans Pile sansavoir ete juges: LI

UN OBSERVATEUR D'AIASSISTE A UN IMPORTANT PROCES AU MAROC

En juillet, AI a envoy& l'avocat francaisFrancois JEMOLI au Maroc en tant qu'ob-servateur au proces de 62 personnes, dont

certaines etaient accusees de tentative d'eva-sion de la prison de Kenitra.

Quelques-uns des inculpes étaient detenuspour des raisons d'ordre oolitique depuismars 1973. D'autres sont accuses d'avoir cornplote l'enlevement de l'heritier du trOne marocain et participe a un attentat a la bomb(

commis en 1973 contre les bureaux des jour-naux gouvernementaux Le Matin et Maroc-Soir.

II s'agit d'un des six proces politiques actuel-lement en cours au Maroc. E

Appel en faveur d'une amnistie générale:Al a prie le roi HASSAN du Maroc de decré-ter une amnistie generale a l'occasion de sonanniversaire, le 9 juillet.

L'amnistie n'a pas encore ete decrétee, maisle roi a annonce que des elections auraientlieu avant la fin de l'annee. Il se peut que lespartis de l'opposition exigent que les electionssoient precedees d'une amnistie generale. 0

DIRIGEANT D'UN MOUVEMENT D'ETUDIANTS ARRETE APRES LES

EMEUTES EN AFRIQUE DU SUD

M. Madikwe Thomas MANTHATA, an-cien prisonnier adopte par AI, a ete arrete parla police de mai-et& sud-africaine dans la nuitdu 3 au 4 juillet, en application, semble-t-il,de la loi sur le terrorisme. On pense que sonarrestation est Hee aux emeutes recentes ASoweto, au cours desquelles plus de 170 per-sonnes ont trouve la mort (voir BulletinCAT).

M. Manthata est l'ancien vice-président dela South African Student's Organization(SASO). Des écoliers et des etudiants ontjoue le role principal dans les manifestationsde Soweto et il se peut que le gouvernementcherche A en faire porter la responsabilitédes organisations telles que la SASO et leSouth African Students Movement (SASM)qui lui est affilié.

M. Manthata avait anterieurement ete arre-te par la police de stirete en novembre 1974 etdétenu durant huit mois en application del'article 6 de la loi sur le terrorisme, qui per-met la detention pour une duree indéterminee,sans jugement. II a eté adopt& par AI et liberéen juin 1975 sans avoir éte inculpe d'aucundélit. En octobre 1975, M. Manthata a etearréte A nouveau sans inculpation et detenudurant deux jours.

Au cours de sa detention de huit mois, M.Manthata aurait subi des sévices. On craintnouveau pour sa sécurité. E

A/ DEMANDE L'OUVERTURE D'UN NOUVEAU PROCES APRES

UNE CONDAMNATION A MORT AU BANGLADESH

Le 19 juillet, un tribunal militaire du Bangla-desh a condamné a mort le chef d'un partid'opposition. Le proces s'est tenu a huis closA la prison centrale de Dacca, puis a la prisonde Rashahi. D'autres dirigeants du parti ontete condamnes A de longues peines d'empri-sonnement.

Tous les condamnes avaient des liens avecle Jatiyo Samajtantrik Dal (JSD - Parti natio-naliste socialiste). Le lieutenant-colonel (A la

retraite) Mohammad Abou TAHER avaitjoue un role de premier plan dans la guerre deliberation du Bangladesh en 1970.

Selon des sources officielles, il a etecondamne mort pour avoir essaye de ren-verser le gouvernement.

Deux autres chefs du JSD, le president du parti, Abdour JALLI, et Abou YOUSSOUF KHAN ont ete condamnes A la prison a perpe-

(suite page 4)

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amnesty international

campagne pour l'abolition de la tortureVol. III No 8 BULLETIN MENSUEL Aoilt 1976

Le projet de code des Nations Unies pour les responsablesde l'application des lois reprend des propositions d'AI

Le Comité des Nations Unies pour la prevention du crime et la lutte contre ladélinquance, réuni a New York en juin, a établi un projet de code international deconduite pour les responsables de l'application des lois qui reprend d'importantesdispositions de la declaration de La Haye d' AI (voir Bulletin CAT de juillet 1975).

Leprojet de code dispose que «les responsa-bles de l'application des lois doivent respecteret proteger la dignité humaine et defendre etprotéger les droits individuels de toute per-sonne». II est interdit a tout responsable del'application des lois d'«infliger, susciter outolerer la torture ou quelque autre peine outraitement cruel, inhumain ou degradant».

Un article essentiel prescrit que «les respon-sables de l'application des lois doivent s'abste-nir de toute violation, empecher toute viola-tion du present code et s'y opposer rigoureu-sement en prenant des mesures appropriees aumieux de leurs possibilités». En outre, dans lessituations oti «des violations se sont produitesou sont a craindre, les responsables de l'appli-cation des lois doivent signaler le cas par lavoie hierarchique ou prendre toute mesurelaquelle ils peuvent legalement recourir, etnotamment, le cas echéant, faire rapport A uneinstance de contrôle ou de recours».

KOWEIT: DES INFORMATIONS FONT ETAT DE MAUVAIS TRAITEMENTS

DANS LES PRISONS

Pour la premiere fois, Al a recu des infor-mations indiquant qu'au KoweIt des prison-niers sont battus, sont maintenus au secretpendant des periodes prolongees et ne recoi-vent pas les soins medicaux dont ils ont besoin.A la suite de ces allegations, qui datent dumois de juin, Al a &crit au cheik Sabah AL-SALEM AL-SABAH, emir du Koweit, lepriant de donner l'assurance que l'Ensemblede regles minima des Nations Unies pour letraitement des détenus etait observe dans lesprisons du pays.

Deux prisonniers accuses d'actes de terro-risme, Ahmed Abdullah HUSSEIN et EmadSHATLAH, seraient détenus au secret dansdes cellules disciplinaires speciales depuis leurarrestation, le 14 juillet 1975.

11 semble que frequemment des prisonnierssoient battus sous le moindre pretexte. Cer-tains prisonniers de droit commun seraientatteints de troubles mentaux a la suite des trai-tements subis pendant leur detention. L'und'eux, en particulier, connu par ses cama-rades sous le surnom de Bin NEVRAN, seraitenchaine et porterait des menottes depuisdix ans.

On rapporte aussi que seuls les prisonniersassez fortunes peuvent recevoir des soins médi-caus ou des medicaments courants, bien qu'ily ait un hôpital dans la prison centrale.

DES DIPLOMATES ET LA CROIX-ROUGE VISITENT DES PRISONS EN URUGUAY

Devant l'inquietude manifestée par l'opinionpublique internationale au sujet des mauvaistraitements et des tortures infliges aux prison-

De plus, «les responsables de l'applicationdes lois qui ont sous leur garde des personnesnecessitant des soins medicaux doivent leurassurer ces soins, qui seront donnes par du per-sonnel medical, et prendre immediatement desmesures pour répondre aux besoins de la per-sonne sous leur garde».

Le commentaire du comité definit les res-ponsables de l'application des lois commeenglobant «tous les représentants de la loi...qui exercent des pouvoirs de police et en parti-culier des pouvoirs d'arrestation et de deten-tion... Dans les pays ou les pouvoirs de policesont exerces par des autorites militaires... oupar des services de sécurite de l'Etat, la defini-tion des responsables de l'application des loiss'etend aux agents de ces services».

Le document sera soumis a la Commissiondu développement social A sa prochaine session,qui se tiendra a Geneve en janvier 1977. Lacommission saisira le Conseil economique et

niers politiques en Uruguay, le gouvernement uruguayen a invite des ambassadeurs etrangers

visiter certaines prisons. Le gouvernementd'un pays d'Europe occidentale aurait declinecette invitation et insiste sur la necessité d'uneenquéte internationale indépendante au sujetdes allegations de torture.

Les ambassadeurs de l'Afrique du Sud,d'Argentine, de Bolivie, du Chili, de Colom-bie, de la Coree du Sud, de la Republiquedominicaine, d'Egypte, d'Espagne, du Guate-mala, du Liban, du Paraguay, de la Repu-blique de Chine (Taiwan) et des Etats-Unis,ainsi que le représentant du Saint-Siege, ontvisite la prison de Libertad et la prison pourfemmes de Punta Rieles A la fin du mois de juin.Vers le debut du meme mois, des visites sembla-bles avaient été faites par des membres duConseil d'Etat de l'Uruguay.

Ala envoy& au President par interim AlbertoDEMICHELLI un telégramme saluant cetteinitiative. En meme temps, elle a demande quedes organismes independants soient autorises Avisiter regulierement les personnes qui auraientété soumises a la torture.

Le Comit& international de la Croix-Rouge(CICR) a rejeté le 16 juillet des affirmationsparues dans la presse uruguayenne selon les-quelles l'equipe d'enquêteurs du CICR quis'etait rendue dans quatre prisons et dans unhôpital militaire en juin avait trouvé que lesprisons qu'elle avait vues etaient des «modelesdu genre». Le CICR a precise qu'en raison desrestrictions imposees quant au nombre des eta-blissements visites et des conditions dans les-quelles les visites s'etaient déroulees, II ne luiavait pas ete possible de se faire une ideecomplete et objective de la situation dans lesetablissements penitentiaires en Uruguay. LeCICR a ajoute que ses representants n'avaient

social des Nations Unies, a sa session d'avril 1977, d'un rapport que le Conseil transmettra

l'Assemblee generale, A la 32e session, enautomne 1977.

AI, représentee par son conseiller juridique,Nigel S. RODLEY, et par son representant Al'ONU, Margo PICKEN, a participé active-ment aux travaux du comite, qui comprendtreize experts nommes A titre individuel.

• Le Comité amende l'Ensemble de riglesminima:

Le Comité a aussi amen& l'Ensemble deregles minima des Nations Unies pour le trai-tement des detenus pour en étendre l'applica-tion a tous les prisonniers, qu'ils aient ou nonete inculpes ou juges. Cet objectif, qui a etéatteint grace A l'initiative du gouvernement dela Grece, etait vise depuis longtemps par Al,qui avait notamment present& des propositionsdans ce sens au cinquieme Congres des NationsUnies pour la prevention du crime et le traite-ment des délinquants, tenu A Geneve en sep-tembre 1975. LJ

pas ete autorisés a parler sans temoins auxprisonniers qu'ils avaient demande a ren-contrer.

oMAUVAIS TRAITEMENTS»ADES PERSON N ES ARRETEES

APRES LES EMEUTES DE SOWETOAI entreprend actuellement des recherches

a la suite d'informations au sujet de mauvaistraitements dont auraient ete l'objet de nom-breuses personnes arretees A Soweto (Afriquedu Sud) apres les emeutes de juin.

Plus de 1000 personnes auraient eté empri-sonnees pendant et apres les emeutes dans lequartier noir des faubourgs de Johannesburg.Le nombre des morts, selon les donnees offi-cieles, est de 176.

D'apres les informations parvenues A Al,des enfants se trouveraient parmi les detenusvictimes de mauvais traitements et de torture,et le bilan des morts serait alourdi par lenombre de ceux qui ont perdu la vie en prison.En outre, des membres de la famille de detenusseraient soumis A des harcelements.

Les arrestations se poursuivraient tandis quecertains detenus seraient remis en liberte. Denombreuses personnes ont disparu et sont peut-etre détenues au secret. On craint en outre quedes prisonniers soient tortures, notammentceux qui ont milite dans le mouvement «blackconsciousness» (conscience de la negritude).Al a mis sur pied plusieurs actions urgentes enfaveur de certains d'entre eux.

GHANA : TORTURES AVANT UN PROCES

Les avocats de la defense dans une affaire desubversion jug& par un tribunal militaireghaneen ont declare en juillet que de nombreuxtemoins A charge et les huit accuses eux-memes

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appelsHamma HAMMAMI — Tunisie

Hamma HAMMAMI, etudiant tunisien degauche Age de 25 ans, a ete arrete en septem-bre 1974 sous l'inculpation de complot contrela sOreté de l'Etat et d'appartenance a uneorganisation interdite. Precédemment, enfévrier 1972, il avait ete arret& et interroge puisrelâché en tres mauvaise sante du fait destortures qu'il avait subies.

En aat 1974, une procedure judiciaire a eteengag&e contre lui par contumace, mais apresson arrestation en septembre son proces futrenvoy&. II a finalement comparu devant le tri-bunal, en juillet et en septembre 1975, encompagnie de nombreux autres etudiants art-8-th plus tot en 1975, inculpes pour avoir criti-que le gouvernement et pris part a des manifes-tations hostiles A celui-ci.

II avait et& torture brutalement pendant plu-sieurs jours immediatement aprés son arresta-tion, et notamment battu sur toutes les par-ties du corps, brille avec des cigarettes et privéde sommeil, apres quoi on lui refusa toutsecours medical pendant pres d'un mois.

M. Hammami etait consider& comme l'undes chefs du mouvement de protestation et il aet& condamne A 6 ans de prison. Pendant leproces, il fit etat des tortures qu'il avait subieset s'eleva contre l'absence d'assistance judi-ciaire impartiale. Cela lui valut d'être condam-nt par le tribunal A passer en reclusion ses deuxpremieres annees de prison.

Apres plusieurs transferts, M. Hammami setrouve actuellement A la prison du Kef. SeIondes informations r&centes, il serait en très mau-vaise sante. Al l'a adopte comme prisonnierd'opinion.

Veuillez &Tire des lettres redigees en termescourtois pour demander que M. Hammamirecoive des soins medicaux appropries et qusoit libere, et les adresser a: Son ExcellenceHabib Bourguiba, President de la Republique,Tunis, Tunisie; et d: M. Tahar Belkodja,Ministre de 1'1 nterieur, Tunis, Tunisie.

Boris Dmitdevitch EVDOKIMOV —

Union soviétiqueBoris Dmitrievitch EVDOK1MOV, journa-

liste âge de 53 ans, est emprisonné a l'hOpitalpsychiatrique special de Dniepropetrovsk, enUkraine. II a ete arrete en octobre 1972 sousl'inculpation d'agitation et propagande anti-sovietiques en raison d'&crits qu'il auraitpretendument envoyes A une publicationd'émigrés. II a été examine A l'Institut Serbskyde psychiatrie legale et declare atteint de mala-die mentale. Les psychiatres de l'Institut ontrecommande son internement pour une dureeindeterminee, aux fins de traitement, dans unhOpital psychiatrique reserve aux maladesmentaux aparticulierement dangereux».M. Evdokimov a d'abord ete envoye A I'M-pital psychiatrique special Arsanalnaya deLeningrad. En 1972, la plupart des prisonnierspolitiques, dont M. Evdokimov, furent trans-fer&s dans d'autres hôpitaux psychiatriques,peut-etre parce que les cas de leurs co-detenusVictor Fainberg et Vladimir Borisov avaientattire l'attention de l'opinion publique interna-tionale sur cet hôpital.

En raison du secret dans lequel fonctionnentnormalement les hdpitaux psychiatriquessovietiques speciaux, il est difficile de savoir cequi est arrive a M. Evdokimov depuis cemoment-là. 11 aurait passe quelque temps aPhOpital psychiatrique special de Sytchovka, a

Smolensk. Cet hdpital a une reputation parti-culierement detestable du fait des traitementsqu'y subissent les internés (voir Bulletin CATde septembre 1975). On a signal& qu'il s'etaittrouve, a un certain moment, A l'hOpital psy-chiatrique special de Tchernyakhovsk,Kaliningrad.

Les dernieres informations précises concer-nant M. Evdokimov ont ete apportees d'Unio,nsovietique par l'ancien prisonnier d'opinionLeonid Pliouchtch, qui a ete libere de l'hôpitalpsychiatrique special de Dniepropetrovsk enjanvier 1976. M. Pliouchtch a dit que M.Evdokimov &tait l'une des 30 personnes aumoins détenues a Dniepropetrovsk pour desraisons plus politiques que médicales. 11 asignale qu'il avait vu une fois des infirmiersrecruth parmi les criminels de droit communbattre M. Evdokimov parce qu'il refusait deles soudoyer pour obtenir l'autorisation de serendre aux toilettes ou pour quelque autremenu privilege.

M. Pliouchtch estimait Peat physique deM. Evdokimov «trés inquietant». 11 ne savaitpas si l'on avait administr& des drogues AM. Evdokimov mais ii y a des raisons de penserqu'il est traite — ou l'a ete — avec des neuro-leptiques ou de la sulfazine.

Veuillez &fire des lettres redigees en termescourtois pour dethander la liberation de M.Evdokimov SSSR, Ukrainskaya SSR, g.Dniepropetrovsk, ul. Chicherina, SpetsialnayaPsikhiatricheskaya Bolnitsa, Nachalniku Pol-kovniku Babenko; apres cette transliterationdu russe, priere d'ajouter sur renveloppel'adresse en francais: M. le colonel Babenko,directeur de l'hOpital psychiatrique special,rue Tchitcherina, Dniepropetrovsk, RSSd'Ukraine, URSS.

CONDAMNATION SUR «PREUVES» ARRACHEES SOUS LA TORTURE

EN NAMIBIE

SeIon Patrick MacENTEE, doyen du bar-reau irlandais et observateur international lorsd'un proces A Swakopmund, en Namibie, onaurait utilise des aveux arraches sous la tortureA des Namibiens pour les condamner en appli-cation de la loi sur le terrorisme imposee parl'Afrique du Sud. Au mois de mai, M. Mac-Entee a assist& au procés de trois hommes et detrois femmes, en tant qu'observateur represen-tant la Commission internationale de juristes(CIJ), qui a publie son rapport en juin.

Deux des hommes &taient inculp&s pourcomplicite dans l'assassinat du chef FilemonElifas, de l'Ovamboland, en aat 1975, et ontete condamnes A mon (Informations de janvier1976). Ils n'ont ni l'un ni l'autre et& accuses demeurtre ni d'aucun autre acte de violence.SeIon l'accusation, l'un d'eux aurait conduitdeux inconnus sur les lieux du crime et l'autreaurait fourni un vehicule, un poste de radio etquelques couvertures aux assassins. Tous deuxont nie avoir eu connaissance des intentionsdes assassins.

Deux infirmieres ont ete condamn&es A despeines de prison, l'une a cinq ans et l'autresept ans, pour avoir verse de l'argent ou orga-nise des collectes en faveur de la South WestAfrica People's Organization (SWAPO). Lesautres accuses ont ete acquitt6s.

M. MacEntee declare dans son rapport quele procCs avait «pour but politique essentielde démontrer la culpabilite de la SWAPO,plutOt que celle d'individus». II a entendu faire&tat de tortures devant le tribunal et en prive.

Lors du proces, des preuves medicales ontete presentees, etablissant que les trois hommesinculpes avaient ett tortures. De plus, M.MacEntee Ctait convaincu qu'un des tCmoins a

Bulletin CAT 2

charge avait ete torture et que la peur de latorture rendait suspectes les depositions d'au-tres temoins A charge, detenus pour une durCeincleterminee.

D'autres allegations de torture ont et& por-tees A la connaissance d' A I A propos d'unproas en cours A Windhoek, capitale de laNamibie. Ragel SHIFOTOLA, mere de troisenfants et &pouse d'un Namibien qui s'estenfui en Zambie, a ete arra& par la policesecrete A Windhoek le 18 avril. Elle a etegardee A vue douze jours, periode pendantlaquelle elle aurait éte torturee. Battue, ligot&e,on l'a fait tournoyer, on lui a bande les yeux eton l'a soumise A des chocs electriques. Elle aet& relâchee puis arretee de nouveau; elle aensuite &te traduite devant le tribunal en corn-pagnie de neuf hommes le 21 mai, et inculpeeen application de la loi sur le terrorisme. 11 estprobable que lors de son proces le ministerepublic produira contre elle des preuves arra-chees sous la torture.

Veuillez ecrire des lettres redigees en termescourtois demandant une enquete judiciairepublique au sujet des allegations de sevicesinfliges par la police de securite sud-africaine

des Namibiens en detention preventive, etles adresser d: the Honorable J.T. Kruger,Minister of Justice, Union Buildings, Pretoria,Afrique du Sud.

Nouvelles concernant des appels antérieursAu mois de juin, il a ete confirm& qu'une au

moins des vingt personnes arretees en janvier 1976,a la suite de la decouverte d'un pretendu complotvisant a renverser le gouvernement bolivien, a etetorturee (Bulletin CAT d' avril 1976).

La Croix-Rouge bolivienne a ete autorisee Arendre visite a quelques détenus mentionnes dansl'Appel du mois d'avril. L'un d'entre eux, AntonicPEREDO, affirme avoir porte des menottes pendantses sept mois de detention dans une prison de SanPedro. Le rapport de la Croix-Rouge precise que«selon les declarations des autorites politiques.M. Peredo &mit traite de cette facon parce qu'i:s'agissait de prevenir des tentatives de suicide». M.Peredo a declare en outre avoir eti affuble d'untcagoule, battu et drogue au cours des interrogatoires. Les autorites avaient d'abord nie son arrestation

Les deelegues de la Croix-Rouge ont aussi pu yourLoyda SANCHEZ, qui etait emprisonnee avec se,deux enfants. Madame Sanchez affirme avoir ettagressee par des agents des forces de securite lors dtson arrestation, mais que par la suite elle avait ettmieux traitee. Ses enfants vivent maintenant chez sigrand-mere.

Ghana, suite de Bulletin CAT Iavaient et& battus ou tortures avant d'etnentendus par le tribunal. Les accuses, si›,soldats et deux civils, &taient inculpescomplot contre le gouvernement militairtactuel du Ghana, lui-meme arrive au pouvoitpar un coup d'Etat en janvier 1972. Parmi leinculpes se trouvaient deux personnes dont Itcas a &te mis a l'enquete par Al: le capitaintKojo TSIKATA et Michael HAMENOC(Bulletin CA T de mai 1976).

La plupart des accuses ont et& arretes ernovembre et décembre 1975, mais ils ne sontpasses en jugement qu'en mai 1976. Plusietmd'entre eux n'ont pas pu s'entretenir avec leuiavocat avant l'ouverture du proc&s.

Le capitaine Tsikata a declare au tribunaqu'on lui avait montre, le 18 d&cembre, le corp,inanime d'un temoin A charge et qu'on lui avai.conseille d'avouer s'il ne voulait pas subir Itmeme sort. II a declare avoir aussi et& torturetrois reprises en decembre 1975 et A deux reprises le mois suivant. Comme piece A conviction.il a prCsente une chemise tachCe de sang.

Le procureur general du Ghana, M. KGYEKE-DAKO, a nie la pratique de la torture.insistant sur le fait que toutes les dEclaratiomdes accusCs avaient ete faites devant temoins.

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Daham MIRO — SyrieDaham MIRO, age de 55 ans, president du

parti democratique kurde (KDP) en Syrie, aeté arrete en 1973 avec sept autres membres dece parti pour avoir adress6 au president syrienHafez ASSAD une note de protestation contrela deportation de 12000 Kurdes dans le nord dela Syrie, conformement au plan dit de la «cein-ture arabe». Le but de ce plan est de remplacerla population kurde de ce territoire par desArabes. Aucun des detenus n'a encore et6inculpe ni jug6.

Le parti democratique kurde est interdit enSyfie, comme tous les autres partis politiques.Son objectif declare est de garantir les droitsdes Kurdes et d'assurer pacifiquement l'aboli-tion de la discrimination raciale.

M. Miro souffre depuis un certain temps derhumatismes et de troubles oculaires provo-ques par les mauvais traitements auxquels ilaurait et6 soumis. D'apres des informationsrecentes, son etat s'est brusquement aggrave etil a ete transfer-6 a l'hôpital civil de Damas.

Veuillez &Tire des lettres en termes courtoispour demander sa liberation et les adresserSon Excellence le President Hafez Assad,Damas, Republique arabe syrienne.

Younus LULAT — ZambieYounus LULAT, membre du personnel

enseignant et ancien dirigeant d'un mouve-ment d'etudiants a l'universite de Zambie, aet6 arrete le 9 fevrier 1976 en vertu de l'ordon-.nance sur le maintien de la securite publique.Cinq charges de cours etrangers et quelque 17etudiants ont egalement ete arrêtes. Confor-mement a l'ordonnance, ils sont incarceréspour une periode indeterminee sans jugementprealable.

Tous ont et6 arretes pour sympathies pre-sum&es a l'egard du gouvernement MPLA(Mouvement populaire pour la liberation del'Angola) de l'Angola. a la suite de manifes-tations d'etudiants sur le campus de l'univer-site. Les cinq charges de cours &rangers ontete expulses en mars, mais M. Lulat et 16 etu-diants, qui sont tous de nationalite zambienne,restent detenus sans inculpation.

On leur a reproche une serie de manifesta-tions d'etudiants en faveur du MPLA en jan-vier et fevrier 1976, qui aboutirent a la ferme-ture de l'universite par les autorites. Les mani-festants avaient protest& contre le refus dugouvernement de reconnaitre le MPLA commegouvernement legitime de l'Angola, memeapres qu'il fut devenu evident que l'Afriquedu Sud fournissait une aide militaire directeaux deux mouvements nationalistes angolaisopposes au MPLA. Toutefois, aucun des dete-nus n'a ete accuse d'un delit en rapport avecles manifestations.

Les 6tudiants sont détenus dans des prisonsa regime penitentiaire normal; par contre,M. Lulat est incarcere depuis plusieurs moisla prison de haute surveillance de Mukobeko

Kabwe. Cet 6tablissement est normalementreserve aux grands criminels.

Veuillez ecrire des !ewes redigées en termescourtois pour demander sa liberation et lesadresser a: Mr. Aaron Milner, Minister ofHome Affairs, Lusaka, Zambie.

POH Sou Kai — SingapourPOH Sou Kai, médecin age de 44 ans, a ete

arret6 le 4 juin 1976 en vertu de la loi sur lasecurite interieure de Singapour et risque unedetention de duree indéterminee sans jugement.II a et& adopt& par AI pour la seconde fois.

Le docteur Poh etait auparavant secretairegen&ral adjoint du Barisan Sosialis (Frontsocialiste). Constituee en 1961 par un groupede dissidents de gauche du parti d'action popu-laire au pouvoir, cette formation fut a une cer-taine epoque le plus important parti d'opposi-tion de Singapour.

En f&vrier 1963, le dr Poh et d'autres diri-geants du Barisan Sosialis figuraient parmi labonne centaine de membres de l'opposition,journalistes, syndicalistes et etudiants, arretesdans le cadre d'une vaste operation de securitedesignee sous le nom d'«Operation chambrefroide». Détemi dix ans sans jugement, ledr Poh fut pendant ce temps adopt6 par AI.Trois autres prisonniers adoptes, arretes a lameme epoque, sont toujours d&tenus sansj ugement.

A l'epoque, les autorites pretendirent que ledr Poh avait «activement, sciemment et volon-tairement aide le parti communiste illegal deMalaisie» en incitant a la subversion. Le bien-fond& de ces allegations n'a jamais ete etablidevant un tribunal siegeant en audience publi-que et les milieux informes estiment que ledr Poh a &é emprisonn6 parce qu'il s'oppo-sait aux conditions prévues pour la fusion deSingapour et de la F&deration de Malaisie. Sonpoint de vue était d'ailleurs partage par plu-sieurs autres personnes arretees lors de l'«Opé-ration chambre froide».

Singapour est entree dans la Federation enseptembre 1963 puis l'a quittee brusquementen 1965. Le dr Poh affirme que l'histoire lui adonne raison en demontrant que la fusion 6taitvouée a l'echec.

Apres sa liberation en decembre 1973, ledr Poh reprit l'exercice de la medecine. IIcontinua a critiquer ouvertement le gouverne-ment jusqu'a sa deuxieme arrestation en juin1976. 11 reprochait aux autorites de restreindreles droits fondamentaux et de detenir desprisonniers politiques sans inculpation nijugement.

Les autorites soutiennent maintenant que laliberation du dr Poh etait une experience ten-dant a determiner si «l'on pouvait sans dangerlib6rer des communistes irreductibles». Ellespretendent que le dr Poh a depuis lors «tele-guide des activites destinées a faire liberer desdetenus particulierement resolus et a créer unnouveau front uni (communiste)». Elles l'ac-cusent egalement d'avoir conseill6 des «agita-teurs etudiants» et d'avoir fourni des medica-ments a un activiste communiste qui aurait 6teblesse par la bombe avec laquelle il tentaitd'assassiner le directeur d'une usine locale.Cette allegation se fonde sur les declarationsd'un ancien prisonnier politique.

Le dr Poh rejette ces accusations et estimequ'il appartient a un tribunal d'apprecierpubliquement et equitablement tout temoignagede nature a l'incriminer.

Le dr Poh est actuellement emprisonne aucentre de detention de Whitley. Apres son

arrestation, le Service de la securit6 interieurel'a quotidiennement soumis a des seances d'in-terrogatoire de six heures du matin a minuitdans une piece refrigeree. On pense qu'il estmaintenant dans un &at de complet 6puise-ment. Sa montre et ses lunettes lui ont 6teconfisquees et l'on ne lui donne rien a lire.Madame Poh n'a pu voir son mari qu'une foisdepuis son arrestation.

Veuillez &Tire des !ewes redigees en termescourtois demandant que le dr Poh Sou Kaifasse l'objet d'un proces public et equitable abref delai ou qu'il soit libere immediatementet inconditionnellement et les envoyer a: Mr.Lee Kuan Yew, Prime Minister, the PrimeMinister's Office, City Hall, Singapore 6,Republique de Singapour; et a: M. ChuaSian Chin, Minister of Home Affairs, theMinistry of Home Affairs, Pearl's Hill, Singa-pore 2, Republique de Singapour.

Nouvelles de campagnes pricidentesL'ecrivain sovietique Andrei AMALRIK (Campa-

gne pour les prisonniers du mois, aoilt 1972) a eteautorise a quitter l'Union sovietique le 15 juillet.

M. Amalrik avait ete adopte par Al en 1965, lors-qu'il avait et& arrEte et accuse d'ecrire des ouvragesapornographiques›) et anti-sovietiqueso. II a étéaccuse plus tard de aparasitisme» et condamnedeux ans et demi d'exil.

Ensuite, M. Amalrik a ete condamné une nouvellefois a 3 ans de prison et 3 ans d'exil. A son retourMoscou en mai 1975, de nouvelles restrictions ontete imposees a sa liberte de mouvement, avant sondepart definitif du pays.

Prisonniers libirés et cas nouveauxLe secretariat international a appris en

juin la liberation de 126 prisonniersadopt&s par Al et a pris en charge163 cas nouveaux.

molloommimmimonsommilminommAPPEL D'AMNESTY A L'OCCAS1ON DUBICENTENA I RE DES ETATS-LJNISD'AMERIQUE

Al a prie le president Gerald Ford de mar-. quer le bicentenaire de l'independance améri-caine, le 4 juillet 1976, en accordant une am-nistie inconditionnelle a tous ceux qui sontpassibles de peines de prison pour avoir refu-se de combatre lors de la guerre du Vietnam.

avait precedemment demand& cette am-nistie le ler novembre 1974. 0

ARRESTATION D'ECCLESIASTIQUES EN COREE DU SUD

Une quinzaine d'eccl&siastiques ont ete ar-rétés a la fin du mois de juin en Coree du Sudtandis que se poursuivait le proces de dix-huitdissidents a Seoul (Informations de juillet).Neuf des personnes actuellement jugées sontdes dirigeants de l'Eglise.

Le conseil national des eglises de Coree(NCCK) a affirm& le 26 juin que les ecclesiasti-ques qui avaient et6 arretes les jours precedentsetaient toujours detenus. Le NCCK a declareque les arrestations avaient suivi une campagneorganisCe par le gouvernement destinee a fairepasser pour des partisans du communisme in-ternational un certain nombre de chretiens.La plupart des ecclesiastiques arretes appar-tiennent a un groupe protestant evangeliquequi se consacre aux secours aux pauvres.

Les arrestations n'ont pas et6 confirmeesofficiellement. Parmi ceux dont on pensequ'ils ont ete arretes se trouve M. PARKHyung Kyu, ancien prisonnier adopte par AI,pasteur presbyterien, qui a ite emprisonne plu-sieurs fois pour avoir critique le gouvernement.

Al etudie tous les cas d'arrestation signales.LJ

Campagne pour les prisonniers du mois II est rappeli aux participants a la campagne que les appels ne doivent être adressés qu'aux personnes nommées a la fin de l'exposi de chaque cas. II ne faut en aucun cas adresser de

communication aux prisonniers.

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Espagne, amnistie (suite de page I)On 6/alue a plus de 600 le nombre des pri-

sonniers politiques en Espagne. Sur ce total,350 environ sont emprisonnes pour «delftsd'opinion» et environ 200 pour «terrorisme»ou. «insubordination». Toutefois, si l'on te-natt compte des nombreuses arrestations ope-rees au cours des derniers mois et qui ont en-train& des emprisonnements a court terme cetotal serait sans doute sensiblement plus eleve.

Parmi ceux qui profiteraient d'une amnistiegenerale, ii y a plusieurs prisonniers, liberés ennovembre 1975 et qui ont ete arrêtes a nouveaucette annee. Ils risquent de lourdes peines deprison pour «association illicite» et «propa-gande illégale.

• On s'attendait generalement a la proclama-tion d'une amnistie le 25 juillet. Toutefois,selon des informations en provenance deMadrid, la decision a ce sujet a ete renvoyee etne sera peut-etre pas annoncee avant le 30, enraison du debat qui se poursuit au sein du gou-vernement quant a l'ampleur a donner a lamesure envisagée. 0

DES POLITICIENS DE SRI LANKA PASSENT EN JUGEMENT

POUR DISTRIBUTION DE TRACTSQuatre membres du parlement de Sri Lanka

sont passes en jugement le 12 juillet pour avoirdistribue un tract preconisant la creation d'unEtat distinct pour les Tamils.

Les inculpes sont A. AMIRTHALINGAM,ancien representant de la circonscription deVaddukodai, V.N. NAVARATHAM, represen-tant de la circonscription de Chavakachcheri,K.P. RATNAM, de la circonscription de Kayts,et K. THURAITRATNAM, de la circonscrip-tion de Point Pedro.

Ils ont ete inculpés, en vertu du decret re-latif a la lutte contre la subversion, pour pos-session et distribution des «Resolutions adop-tees au premier congres annuel du Front unifietamil» sans autorisation de l'inspecteur gene-ral de la police.

Le document en question preconisait lacreation d'un Etat distinct pour les Tamils aSri Lanka.

A la fin du mois de juillet, les avocats char-ges de la defense ont conteste la validiteconstitutionnelle du decret relatif a la luttecontre la subversion.

avait anterieurement prié le premier mi-nistre Sirimavo Ratwatte Dias BANDARA—NAIKE de revenir sur la decision de fairepasser ces parlementaires en jugement et deles liberer inconditionnellement. Al a declareque la distribution de tracts du type décnt ren-trait dans l'article 19 de la Declaration univer-selle des droits de l'homme, relatif a la liberted'expression.

Al PUBLIE UNE LISTE DE99 MEMBRES DU PERSONNEL MEDICAL

DETENUS DANS 22 PAYSUne liste publiee par Al le 21 juillet énume-

re 99 personnes appartenant au personnel me-dical qui sont emprisonnees ou subissentd'autres restrictions a leur liberte pour desraisons politiques dans 22 pays. Certainesd'entre elles ont eté torturées et nombreusessont celles qui sont detenues sans jugement.

La plupart de ces personnes — medecins,dentistes, infirmiers et infirmieres, étudiant(e)sen medecine, personnel hospitalier, etc. —n'ont pas ete arretees pour des raisons direc-tement liees a l'exercice de leur activite pro-fessionnelle a un moment ou en un lieu deter-mine, mais certaines d'entre elles ont ete em-prisonnees pour avoir refuse de ceder a despressions politiques et de commettre des actescontraires a leur ethique professionnelle.

Cette liste ne porte que sur les cas connusd'Al au 30 juin et n'est donc complete niquant au nombre des prisonniers, ni quantcelui des pays.

Dans l'introduction, il est souligne que lenombre des detenus appartenant au personnelmedical dans le monde est presque certaine-ment plus elevé, de meme qu'il est certain quele nombre des pays oil des membres du per-sonnel medical sont detenus est plus grand. Lefait qu'un pays ou qu'une personne appartenantau personnel medical ne figure pas sur la listesignifie simplement que leur cas n'a pas encoreeté pris en main ou n'a pas encore ete signalé al'attention d'Al.

Les 22 pays nommes sont les suivants:Afrique du Sud, Argentine, Bresil, Bulgarie,Chili, Cuba, Espagne, Haiti, Indonesie, MaliMaroc, Namibie, Paraguay, Pologne, Repu-blique democratique allemande, Rhodésie,Roumanie, Singapour, Taiwan (Republiquede Chine), Union des Republiques socialistessovietiques, Uruguay et Yougoslavie.

DES JOURNALISTES MALAISIENS ACCUSES DE

«SUBVERSION COMMUNISTE»Deux journalistes malaisiens connus, soup-

connes de «subversion communiste», ont et&arretes le 22 juin en vertu de la loi sur la sécu-rite interieure. • Cette loi permet la detentionpour une durée indeterminee sans jugement.

Les journalistes, Abdul SAMAD binISMAIL, directeur du New Straits Times, etSAMANI bin Mohamed AMIN, rédacteurcharge des informations du journal BeritaHarian, redige en malais, ont tous deux etéadoptes par AI.

M. Samad Ismail est l'editorialiste le plusconnu de Malaisie, tant dans la presse malaiseque dans celle de langue anglaise. Il étaittres lie avec le défunt premier ministre TunABDUL RAZAK, dont il etait le conseilleret dont il rédigeait les discours. Un moisavant son arrestation, il avait obtenu l'un desplus importants prix littéraires de Malaisiepour sa contribution a la littérature nationale.

M. Samad Ismail et M. Samani Amin onteté arrêtes quelques jours apres l'emprisonne-ment a Singapour du redacteur et ancien re-dacteur adjoint du journal Berita Harian,paraissant a Singapour. Bien qu'elle porte lemême nom, l'édition de Singapour de cejournal est publiée independamment de cellede son homonyme de Malaisie. Elle a sa pro-pre redaction ei son propre conseil d'admi-nistration.

Des declarations officielles publiées simul-tanement a Singapour et en Malaisie accu-sent les journalistes d'être mêles a un complotvisant a faire evoluer dans le sens du commu-nisme les Malais vivant dans la region.

Les redacteurs de Singapour ont ultérieure-ment «avoue» a la television et dans la pressequ'ils avaient delibérement redigé des nou-velles et des articles tendancieux dans lecadre d'un plan «concu et dirige» par M.Samad Ismail en Malaisie. Ces affirmationsne tiennent aucun compte du fait que M.Samad Ismail n'avait pas le pouvoir d'influersur les prises de position du Berita Harian deSingapour.

Des observateurs bien informes pensent queces arrestations ont des motifs politiques. Oncraint que les journalistes malaisiens ne ris-quent la detention pour une duree indéter-min& sans proces et que la verite ne puissese faire jour.

Le parlement malaisien a récemment exa-mine des propositions du gouvernement ten-dant a amender la constitution de telle sorteque les personnes detenues en vertu de la

legislation relative a la securite nationalen'aient plus le droit d'etre défendues par unavocat ni celui de connaitre les charges rete-nues contre elles.

400 MINEURS ARRETES EN BOLIVIEPlus de 400 mineurs boliviens sont en prison

depuis le 10 juin et d'autres ont ete forces de s'expa-trier ou ont ete tues.

Les troubles ont &late lorsque 42 dirigeants de laFederation syndicale des mineurs de Bolivie(FSTMB) ont ete arretes et que des troupes ont eteenvoyees dans les districts miniers. Apres que laFSTMB - forte de 50 000 membres - eut decrite unegreve illimitee pour protester contre les arrestations,les troupes ont procede A de nouvelles arrestationsde mineurs en nombre bien plus grand encore. Danscertains cas, elles ont penetre dans les mines pour endeloger les ouvriers qui s'y etaient refugies. Quatremienurs ont ete abattus et de nombreux autresblesses dans la journee du 22 juin A la mine de SieteSuyos.

Le mEme jour, 25 des dirigeants qui avaient etearrEtes en premier lieu ont ete exiles de force auChili. Parmi eux se trouvaient le secretaire generalde la FSTMB Victor LOPEZ Arias et des membresdu conseil executif de la federation.

Selon des informations recues en juillet, plus de450 mineurs et sympathisants ont ete mis en prisonen Bolivie et il est probable que la greve des mineursse poursuit. Le 5 juillet, 25 autres dirigeants ont eteexpulses au Chili.

Deplorant l'action des pouvoirs publics A l'encon-tre des mineurs, Al a demand& au president HugoBANZER Suarez, le 20 juillet, de reconsiderer l'in-terdiction generale qui frappe les organisations syn-dicales. Les syndicats boliviens ont ete declaresillegaux en Bolivie au mois de novembre 1974 etseule la federation miniere avait survecu A cettemesure.

AI S'INQUIETE DE L'ARRESTATION D'ETUDIANTS LIBVENS

Le 8 juillet, Al a demande au gouvernementlibyen d'autoriser une enquEte independante au sujetdes allegations de mauvais traitements infliges A 23etudiants libyens depuis leur arrestation en avril,la suite de manifestations (Informations de mai).

Soixante A 93 etudiants auraient ete arretes apresdes manifestations A l'Universite de Benghazi, maisAl ne possede de details que sur 23 d'entre eux. Onpense qu'ils sont detenus A la prison centrale deTripoli, sans inculpation ni jugement.

Al a declare que si l'on n'avait pas l'intention deles inculper, les etudiants devaient Etre liberes.

Bangladesh, (suite de la page 21tuite. Quatorze autres, dont le secretaire general duJSD, Abdour RAB, ont éte condamnés A 12 ans

de prison.Le ISD aurait joue un grand role dans le mouve-

ment des forces armees en novembre,dernier qui aentraine le retour au pouvoir du general ZiaourRAHMAN, chef actuel des forces armées et admi-nistrateur en chef adjoiint sous le regime de l'etat desiege.

Les chefs du JSD ont ete arrEtes pour avoir pré-tendument essaye d'etendre le mouvement en vue de«revolutionner» l'armee.

Le 20 juillet, A/ a lance un appel pressant A A.M.SAYEM, president du Bangladesh, et au generalRAHN1AN pour qu'ils exercent leur droit de graceen faveur du colonel Taher. Al a egalement exprimeson inquietude au sujet du proces de civils a huis closdevant des tribunaux militaires oil les avocats de ladefense auraient eté obliges de s'engager a garder lesecret.

Al a prie instamment le gouvernement de deman-der pour tous les prisonniers condamnes l'opvertured'un nouveau proces devant des tribunaux de droitpenal ordinaires avec toutes les garanties judiciaires.Cet appel a Ete suivi d'une visite A la BangladeshHigh Commission A Londres, oil les chercheurs d'A /ont demande A nouveau la grace du condamne.

AI avait demande anterieurement l'assurance quele proces serait public et que les accuses beneficie-raient de tous les droits de la defense et pourraientfaire recours devant un tribunal independant. LI

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