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WINTER POP-UP #2

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ALPHABETA MAGAZINE // WINTER POP-UP // AN PIERLE

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WINTERPOP-UP

#2

An, tu chantes depuis presque 15 ans. Tu te fais remarquer en 1996 avec une reprise de

Gary Numan, « Are ‘Friends’ Electric ? » alors qu’à cette époque, j’écoutais Gala et les Spice Girls. Toi, qu’est-ce que tu écoutais ? Qu’est-ce qui t’a donné envie de monter sur scène ?

J’écoutais beaucoup « Avalon » de Roxy Music. Je chante depuis que

je suis toute petite, j’ai toujours voulu monter sur scène et chanter. Il

n’y a pas vraiment eu d’élément déclencheur dans ma vie. J’ai toujours

voulu faire ce métier finalement... J’ai sorti plusieurs albums en 15 ans,

je pense que le plus important est de rester fidèle à soi-même, ne pas

se perdre dans des choses qui ne nous ressemblent pas. J’aime aborder

des styles différents. Je me suis aussi lancée dans de nouvelles choses

comme dernièrement au Bozar, un évènement qui mêlait concert et

cirque. Je veux aborder différents styles et j’avais vraiment envie de me

lancer dans ce projet pour les enfants. Je voulais absolument travailler

avec Jean Biche sur cet évènement. J’ai découvert cet univers avec des

masques, des maquillages et les jeunes artistes de la Circusplaneet de

Gand.

Dans ton nouvel album « Stange Days » qui sort le 18 février, on retrouve

certaines tonalités de Kate Bush ou encore de Björk. Est-ce que ce sont

des personnes qui t’ont inspiré ?

On ne peut pas dire que ces deux artistes m’ont vraiment inspiré.

J’aime beaucoup ce qu’elles font respectivement, elles ont des univers

très spéciaux. Je me souviens quand j’écoutais « Wuthering Heights

» de Kate Bush, j’aimais vraiment son univers, elle est complètement

folle. Je respecte beaucoup leur musique mais je ne m’inspire pas de ce

qu’elles font. Bien sûr, j’écoute de temps en temps leurs chansons mais

on ne peut pas dire qu’elles m’influencent, je ne connais pas tous leurs

albums. Elles ont des voix très spéciales et je pense que je suis capable de

chanter dans la même tonalité qu’elles. Mylène Farmer m’a beaucoup

influencée dans mon travail. Elle réalise des clips qui durent parfois

15 minutes, elle est à la fois sensuelle et sombre, j’aime beaucoup son

univers et sa voix.

Les chansons de ton nouvel album sont à la fois nostalgiques, mélancoliques

et remplies de bonne humeur. Es-tu quelqu’un de paradoxal ?

Je pense que c’est plus intéressant pour un artiste de chanter des choses

joyeuses, des choses qui donnent de la bonne humeur. J’ai eu toute une

passe où je chantais des choses beaucoup plus mélancoliques. Mais avec

le temps, je me suis rendue compte qu’il fallait être plus optimiste. Je ne

crois pas du tout au mythe de l’artiste qui doit aller mal pour créer de

/ summer pop-up /

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Elle a la beauté du diable, ne vous y trompez pas, An Pierlé n’est pas une

femme fragile. Elle nous accueille chez { Pias }, colorée et souriante. Sa

mélancolie se lit dans son regard, son bonheur sur ses lèvres. Elle était jeune

chanteuse, elle devenue jeune maman. En une dizaine d’années, elle s’est

imposée sur la scène musicale belge et fait frissonner tous ceux qui l’écoutent.

Elle est un peu la grande sœur que l’on rêve d’avoir. Elle se livre aujourd’hui,

seule avec son piano, à un public qui attendait patiemment son retour.

AN PIERLÉ

jolies chansons. Je suis beaucoup plus heureuse maintenant et je ne vois

pas pourquoi je continuerais à être triste. Bien sûr, nous avons tous nos

petits moments de faiblesse mais maintenant je me sens mieux dans ma

vie quotidienne.

Tu es maman depuis quelques années et tu travailles avec ton amoureux depuis tes débuts. Qu’est-ce que ces deux personnes

t’ont apporté ? Est-ce que tu es nostalgique de certains moments où tu travaillais seule ?

Koen m’a apporté énormément de choses durant ces quinze dernières

années. Nous avons finalement toujours travaillés ensemble, alors je n’ai

jamais vraiment été seule. L’arrivée de mon enfant a amené beaucoup

de maturité dans mon travail. Je ne pense pas que j’étais plus libre avant,

je pense justement que je possède plus de liberté maintenant pour faire

ce que j’ai envie dans ma musique. Un enfant, ça te bouffe tout ton

temps, il faut que je sois présente tout le temps pour lui, mais j’essaie de

concilier les deux.

/ winter pop-up /

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Après avoir écouté ton album, on ressent clairement ton envie de retourner à la

simplicité, ton envie de chanter seulement en piano/voix comme à tes débuts, à peine coloré

de quelques arrangements minimalistes. Est-ce que c’était un besoin pour toi ?

J’ai toujours eu envie de retourner vers cette simplicité et réaliser cet

album. Nous en avions beaucoup parlé auparavant, le moment est

idéal pour enfin réaliser ce projet. Je pense que d’une certaine manière,

c’est une façon de “boucler une première boucle”, de retourner vers

les choses simples et essentielles, mais alors sans que cela ne diminue

l’intensité de la démarche ni la prise de risque. Ce projet demande

beaucoup d’investissement personnel, de rester fidèle à soi-même sans

mentir au public, je ne sais pas mentir. Quand tu te retrouves seule, il

faut réapprendre à créer de la musique autrement. C’était un vrai défi.

Avec chaque album, tu réalises de nouvelles choses. Au final, tu arrives

un peu face à un mur, il faut savoir se réinventer.

An, je dois t’annoncer une bien triste nouvelle. Demain, tu vas disparaitre.Il me reste quelques questions à te poser avant ta mort.

// Ton dernier gros mot ?Merde ! (rires)

// La dernière personne à qui tu dis « Je t’aime » ?A mon enfant, et à Koen bien sûr. Peut-être d’abord à Koen…

// La derrière personne à qui tu dis « Je ne t’aime pas » ?A tous les gens qui m’ont taquiné durant ma jeunesse.

// La dernière chanson que tu écoutes ?Le silence…je voudrais simplement rester au calme.

// La dernière personne que tu rêves de rencontrer ?Il n’y a pas vraiment quelqu’un que je souhaiterais rencontrer si je venais à mourir demain. S’il fallait choisir, je choisirais David Lynch

// Ta dernière position sexuelle ?Je ne peux pas te le dire ! (rires) En tout cas, ça se terminerait très bien…

// Le dernier secret que tu révèles ?J’ai plein de petits secrets. Je ne pense pas que ça soit le moment d’en parler juste avant ma mort.

L’important c’est d’en parler tout au long de sa vie, peu à peu.

// Le menu de ton dernier repas ?Je vois très bien ce que je voudrais ! Probablement on envisagerait d’aller manger dans un très bon resto asiatique,

mais on finirait par l’annuler et manger les restes qui sont dans le frigo, au calme avec une bonne bouteille de vin.

// Ton dernier message au gouvernement belgeNe faites pas les cons… (rires)

// Ta dernière citation ?L’important ce n’est pas ce que tu fais mais comment tu le fais.

// La dernière drogue que tu prends ?Je ne vois pas…Ah si, fumer ! Je fumerais énormément, j’aime ça. Je ne prends pas d’autres drogues car j’y suis bien trop sensible… (rires)

// La dernière personne que tu tues ?Je ne sais vraiment pas…Peut-être tuer quelqu’un pour rendre service…Je tuerais plutôt une poule, ou un cochon (rires).

// La personne que tu ressuscites avant de mourir ?Mon grand-père, pour prendre un dernier café avec lui.

// La dernière phrase que tu veux voir sur ta tombe ?Je voudrais une grande tombe, avec un grand ange en marbre blanc au-dessus. Sur mon épitaphe, je ferais écrire : « Bonjour ! »

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Interview - Sebastien Hanesse Photographies - Athos Burez