2007 · web viewle journal pédagogique volume 1 collection « moment du journal et...

Le journal pédagogique

Volume 1

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Collection « Moment du journal et journal des moments »dirigée par Camille Rabineau

Remi Hess, Le journal des idées, (2005)Christian Verrier, Poser le sac, journal de grève, 1995 (2006).R. Hess, Les Etats-Unis (2006).R. Hess, Journal de Buenos Aires, L'Argentine (2007).R. Hess, Cara Italia (2007).Bertrand Crépeau, Restau, boulot, journaux, Entrées dans la recherche d’un doctorant en sciences de l’éducation, (2012)R. Hess, Louise, mon art d'être grand-père (2012).Georges Lapassade, La souillarde 1 : journal de l’année 2000, L’après Lourau, (2012), texte établi et présenté par R. HessR. Hess, Après Lourau, Refonder l'Analyse Institutionnelle ? Journal (2000-2003).R. Hess, Les jambes lourdes, D’ici à là, journal 2004-2005, préfacé par Augustin Mutuale.Anne-Claire Cormery (dir.), Le journal d’intervention.R. Hess, Les formes de l’intérité, présenté par Camille Rabineau.R. Hess, Journal de l’aliénation, présenté par C. Rabineau.R. Hess, Le journal pédagogique, 2005-2006, présenté par Sandrine Deulceux.

En préparation :

Kareen Illiade, La pratique du journal pédagogique (2012)G. Lapassade, La souillarde 2 : journal de l’année 2001 (2012)Marc et Hélène Bourgain, Remi Hess, C. Rabineau, Penser, écrire, éditer en Champagne-Ardennes, suivi du Journal d’un éditeur de R. Hess.R. Hess, Journal de mes dissociations, précédé de Penser la dissociation, par Gabriele Weigand.Christine Caille, Le journal de formation.

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Remi Hess


(2005 – 2006)

Texte établi, annoté et présentépar Sandrine Deulceux

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Presses Universitaires de Sainte Gemme

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Présentation

L’édition du Journal pédagogique

Patrice Ville a pu dire un jour de R. Hess qu’il était « un jardinier infatigable des énergies sociales ». Aujourd’hui, encore une fois, nous avons la preuve de son effort pour traquer les différents moments de sa vie, et de la vie des groupes qu’il traverse... Nous avions pu lire son Journal des idées, ses nombreux journaux de voyage, mais en tant qu’étudiants, ayant lu La pratique du journal, nous étions très curieux de disposer du contenu des carnets, où il note ses remarques sur le terrain de son action pédagogique… En effet, pour beaucoup d’entre nous, nous sommes enseignants, éducateurs et nous avions bien envie de voir si son mot d’ordre « le journal est le meilleur biais pour faire une analyse des pratiques » avait pu s’illustrer sous sa plume, en ce qui concerne sa propre pratique pédagogique.

Suite à des échanges pédagogiques, où il put évoquer ces carnets, je lui ai proposé de les mettre en forme pour l’édition, afin que ces pages ne restent pas stockées, comme beaucoup trop d’autres, dans sa mémoire d’ordinateur. Après quelques hésitations, car il pensait que les dernières pages n’étaient pas toujours très explicites, un peu elliptiques (ce qui est totalement à l’opposé des consignes d’écriture pour l’autre qu’il s’impose dans ses journaux), il a accepté de me les donner à lire, et pour cela, je l’ai aidé à ordonner les notations dispersées en un texte chronologique unique. Ensuite, il n’a pas vu

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d’inconvénient à faire lire ces pages au groupe des fidèles du master en ligne, ce groupe qui communique chaque jour par la médiation d’une plateforme et se réunit régulièrement sous l’égide de l’université de Sainte Gemme… Et puis, évidemment, la mise en ligne s’est imposée…

Remi Hess a pu écrire un certain nombre de pages directement sur son ordinateur domestique, mais ce sont surtout des carnets jaunes qui l’accompagnent entre 2005 et 2012 et qui rassemblèrent le maximum d’entrées de ce Journal pédagogique.

J’ai travaillé avec R. Hess à la mise en forme des journaux des années 2005-2008. Ils constitueront les deux premiers volumes de ce Journal pédagogique qui se poursuit aujourd’hui et qui a été travaillé par d’autres étudiants de R. Hess (Thierry Ducrot et Camille Rabineau). L’idée de publier ce journal n’est pas nouvelle. Cependant, elle a été reportée en 2008 jusqu’à cette année où un contexte favorable se présente : la renaissance des Presses Universitaires de Sainte Gemme (PUSG).

Ce premier volume du Journal pédagogique rassemble donc les années 2005-2006. Il y a des trous. Certains mois, il n’y a aucune notation… On pourrait trouver qu’il manque quelque chose. Dans le cours du journal, R. Hess est consciente qu’il a tendance à délaisser ce journal : il lui préfère son journal de l’aliénation ou Le journal des dissociations, tenus durant la même période. Cependant, tel qu’il est, avec ses manques, ce journal nous apparaît très riche. Il nous fait découvrir l’intérieur du métier de professeur d’université, de directeur de recherche…

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Certes, Le lycée au jour le jour avait été un livre plus méticuleux, plus obsessionnel. C’est vrai, mais il faut dire qu’en 1982-83, époque où il tenait son journal de classe, R. Hess était plus centré sur le moment de son métier de professeur de lycée. Certes, il avait des engagements, des interventions, mais il n’écrivait qu’un seul journal. À partir de 1989, le journal éclate en différentes facettes. Pour expliquer cette dimension de fragments que sont parfois certaines notations, il faut toujours avoir à l’esprit que ce journal est tenu parallèlement à plusieurs autres…

Si Remi Hess s’autorise à cette nouvelle forme de journal, c’est qu’il est disciple à la fois de Georges Lapassade, théoricien de la dissociation, et de sa fille Charlotte qui a montré le côté esthétique du fragment, en inscrivant l’inachèvement porté par l’analyse institutionnelle comme un continuum d’une exigence romantique présente dans le groupe de l’Athenaum (1799-1800), mais qui existait déjà avant. Dès le mouvement du libre esprit, cet éloge du fragment était porté par des mouvements dont Raoul Vaneighem a pu faire l’histoire.

Remi Hess commente ces travaux dans ses propres journaux (Le moment conçu1). Grâce à l’évocation d’un thème, Remi Hess, surtout s’il le développe dans un autre journal, crée un mouvement rhapsodique qui doit être perçu dans le mouvement de chaque journal. Mais l’horizon de l’œuvre est bien celui de l’ensemble du Journal des moments. Il y a donc une dialectique de la partie et du tout. Chaque bribe de journal nous suffit à méditer. Il y a des paragraphes, des pages qui font

1 Paru dans R. Hess, Henri Lefebvre et la pensée du possible, théorie des moments et construction de la personne, Paris, Anthropos, 2009.

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sens en soi, pour le praticien, pour le théoricien de la pédagogie.

Dans la construction du moment pédagogique de Remi Hess, depuis 2000 (mais avant il y a eu Pédagogues sans frontière, Le moment tango, Les tangomaniaques, etc), ces pages ont été précédées par des carnets où la vie de Paris 8 a été enregistrée, et où les dimensions de la pédagogie ne sont pas exclues. Un jour, probablement, nous aurons accès à ces textes. Pour le moment, les pages que nous allons découvrir sont intéressantes, car elles accompagnent la période récente où nous sommes devenus ses étudiants, notamment par la médiation des cours en ligne, fondés par René Barbier et Christian Verrier… qui firent appel à Remi Hess pour qu’il s’investisse dans cette nouvelle forme de pédagogie qui élargit l’amphi qu’il aimait à une dimension carrément mondial, puisqu’il a des étudiants en Asie, Afrique, Amérique, Europe, et que de l’Océanie, la voix d’une correspondante enseignante participe aujourd’hui à ces aventures !

Parmi les textes tenus en parallèle aux pages qui suivent, il y a des journaux, mais il y a aussi des correspondances (les échanges avec Gabriele Weigand sont le plus souvent publics), et également, sur le plan pédagogique, les centaines d’interventions et messages, prenant parfois la forme de vraies lettres, sur le forum de l’enseignement en ligne (plus de 300 messages écrits en octobre 2008 !). De ce côté, le lecteur attentif devrait y allait voir ! La mise en perspective du journal avec ces différents textes permettrait de suivre le mouvement de la pédagogie de Remi Hess.

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Grâce à Sabine Millet, anthropologue, qui fut son étudiante en 2006-2007, nous disposions dès 2008 de la frappe de ces pages.

Au moment où s’écrivent ces pages, Kareen Illiade, qui assure un enseignement sur la pratique du journal en licence de sciences de l’éducation, est en train de terminer une thèse sur Le journal pédagogique. Elle saura mettre ce volume dans un continuum : celui qui va de Marc-Antoine Jullien, souvent évoqué par Remi Hess, dans les pages qui suivent, et Benyounès Bellagnech, docteur en sciences de l’éducation, qui a montré dans un travail considérable soutenu en 2008 les ressources du journal en formation. Pour lui, le journal est un outil privilégié de la pédagogie du possible. Dans le continuum du journal, il ne faut pas oublier de mentionner Janusz Korczak et ses Moments pédagogiques, si bien commentés par R. Hess et Kareen Illiade en 2006… Mais là encore, ce nouveau livre de Remi Hess évoque ce texte très souvent… D’autres auteurs qui l’ont conforté dans son activité de diariste ont aussi leur place dans ce continuum. Bien qu’ils soient aujourd’hui disparus, ils continuent à faire partie de sa communauté de référence : René Lourau, Raymond Fonvieille et surtout Georges Lapassade (1924-2008) qui meurt durant l’été 2008, et à la mémoire duquel Remi Hess dédie ces pages…

On sait que G. Lapassade a confié à Remi Hess l’édition de ses propres journaux. Au moment de la mort de son maître, Remi Hess travaillait justement sur les années 2000 et 2001, années charnières, celles de la disparition de R. Lourau et R. Fonvieille.

Nous avons eu la chance d’être les derniers étudiants de G. Lapas-sade, co-auteur avec R. Hess du

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cours d’introduction à la psychoso-ciologie, de la licence en ligne… Avec les irrAiductibles, groupe d’étudiants engagés dans la pratique diaire, et l’ensemble de l’Université de Paris 8, nous avons rendu un hommage le 13 novembre 2008 à ce professeur hors du commun. Le monde de la pédagogie, le monde des diaristes étaient présents ce jour-là. En effet, G. Lapassade a été à Paris 8 l’un des animateurs du courant de l’analyse institutionnelle qui a porté la pratique du journal comme l’un de ses outils d’analyse les plus vivants.

Nous sommes donc en pays de connaissances, avec un « s ». On parle ici moins de savoirs, et davantage de connaissances. Les auteurs de journaux sont nos amis.

Avant de conclure, il me semble important de rappeler que ce journal pédagogique prend place à côté des autres facettes du journal des moments de Remi Hess dont on se fera une idée dans l’entretien proposé par Armando Zambrano Leal et placé à la fin du second volume du Journal pédagogique (2007-2008)… Dans cet entretien avec Remi Hess, Armando Zambrano, professeur à l’université de Cali, se demandait s’il n’y avait pas une forme de sagesse à écrire ainsi son quotidien… Il me semble utile de souligner que le journal des moments s’inscrit dans un effort théorique de l’auteur pour écrire le quotidien, de le construire en moments, et de lui donner, dans une dynamique régressive-progressive, le mouvement vers l’avant que nous pouvons éprouver lorsque nous lisons des auteurs comme Henri Lefebvre ou Ernst Bloch. La pratique du journal est l’outil qui manquait à ces deux auteurs pour concrétiser le principe espérance. Chez Remi Hess, il y a le même mouvement théorique que chez ses aînés, mais avec, en plus, ce mouvement de

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description permanente du quotidien qui s’inscrit dans le prolongement du second tome de la Critique de la vie quotidienne d’Henri Lefebvre.

Il m’a semblé que ces quatre années du Journal pédagogique pouvaient trouver une résonnance avec la version française de l’entretien que Remi Hess vient d’accorder au Professeur Armando Zambrano Leal, et qui est paru en Colombie dans un ouvrage sur Littérature et formation. Ce dialogue est une explicitation du sens du diarisme pour l’auteur du Journal pédagogique.

Je tiens ici à remercier R. Hess de nous livrer ce texte, ainsi que les différentes personnes qui ont pu participer à son édition. J’espère que ce texte servira à tous mes camarades engagés, comme moi, dans une pratique diaire, perçue comme outil d’intervention et de changement pédagogique.

Pour les amateurs de journaux, je signale la parution récente d’un solide ouvrage faisant une présentation globale du Journal des moments de R. Hess. C’est à Augustin Mutuale que nous devons d’avoir réunis cinquante auteurs pour tenter de faire le tour de ce chantier de R. Hess2.

2 Augustin Mutuale, Le journal des moments, l’atelier de Remi Hess, PUSG, 2012, deux volumes de 398 p. Les auteurs : Christine Astier, Julie Balateu, Loïc de Bellabre, Christine Caille, Liz Claire, Lucette Colin, Anne-Claire Cormery, Bertrand Crépeau, Mohamed Daoud, Christine Delory-Momberger, Sandrine Deulceux, Elhadji Diawara, Houcine Djebbi, Thierry Ducrot, Véronique Dupont, Raymond Fonvieille, Jenny Gabriel, El Gheribi Malek, Marie Gervais, Laurence Gourdon, Céline Guibert, Saâdia Hatif, Charlotte Hess, Odile Hess, Djaafar Ikdoumi, Kareen Illiade, Jean-Guy Lacroix, Asma Majoub, Katia Mendez, Hélène Mangeney, Danielle Manzo,

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Je me suis consacrée à l’édition des volumes du Journal pédagogique des années 2005-2008. Dans la présentation du second volume du journal pédagogique (2007-2008), je tenterai une analyse de contenu de ce journal.

J’espère que d’autres poursuivrons ce travail dans des temps proches. En effet, bien que restant impliquée dans l’enseignement de la licence en ligne de Paris 8 (j’y assure cette année l’animation du cours d’analyse institutionnelle, rédigée en 2005 par R. Hess et Gabriele Weigand), je ne suis doctorante à Paris 12. En conséquence, je ne suis plus de très près la suite de ce chantier. Je développe ma recherche sur d’autres terrains. Je ne doute pas que des étudiants d’aujourd’hui aient repris les formes d’implication qui furent les nôtres jusqu’en 2008.

Sandrine Deulceux,Créteil, le 30 octobre 2012,

Karolina Mrozik Demont, Didier Moreau, Augustin Mutuale, Anne Olivier, Luca Paltrinieri, Vassiliki Pantazi, Gwilherm Perrotte, Blanche Petersen, Jérémy Poulard, Camille Rabineau, Anne-Valérie Revel, Anna Royon, Ghania Sadat, Valentin Schaepelynck, Yann Strauss, Eléna Theodoropoulou, Gabriele Weigand, Armando Zambrano, Laurence Zigliara.

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Remi Hess


à la mémoire de Georges Lapassade (1924-2008),

2005

Mercredi 2 mars 2005,

J’ai eu l’idée de commencer ce Journal pédagogique aujourd’hui. En effet, ce matin en me levant, je me disais que je n’avais pas d’endroit dans mon journal, pour rendre compte de mon travail avec Maryna Uzun. Dans un premier temps, je me promettais d’écrire sur elle dans mon journal de danse. Mais ce n’était pas adéquat. Son rapport à la danse est très lointain, même si je rêve de lui donner une certaine expansion dans les mois ou années qui viennent. C’est au moment où j’ai reçu un coup de téléphone de Maria Julia Granato, une Brésilienne de Rio de Janeiro, qui veut, elle aussi, faire sa thèse avec moi que j’ai eu l’insight que, dans mon Journal des moments, je n’ai pas suffisamment dégagé le Journal pédagogique. J’ai partagé avec Maryna cette découverte. Elle m’a dit : “ Mais, vous avez déjà écrit Le moment de la thèse. ”

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-Oui, tu as raison. Mais c’est une livre d’exposition. Un livre d’exposition est la synthèse d’une démarche. Et même si l’on écrit ce type d’ouvrage en plusieurs fois, globalement, c’est une production d’intensité. Par opposition, le journal est un travail que l’on fait dans la durée. La recherche est une synthèse entre des moments d’intensité, et une fidélité au moment quotidien qui ne vaut que par sa répétition sur la longue durée.

Il est étrange que moi, qui suis vraiment un pédagogue, je n’ai jamais autonomisé mon activité pédagogique dans ce travail d’écriture dans la durée. Un bon lecteur nécessaire me dira que je mens, que j’ai beaucoup écrit sur mon activité pédagogique. C’est vrai. Mais j’ai davantage travaillé sur le rapport au groupe, sur le rapport institutionnel, que sur le rapport pédagogique proprement dit.

Dans ce nouveau journal, je voudrais écrire le travail quotidien de suivi des étudiants et des chercheurs qui font le choix de travailler sous ma direction. Mes notations à ce propos sont dispersées dans une multitude d’autres journaux. Mais créer un moment, c’est décider d’autonomiser cet objet pour le construire. J’ai travaillé Moments pédagogiques de Janusz Korczak. J’ai aussi ma rencontre avec Rogerio qui veut travailler l’éducation, et plus particulièrement la pédagogie, avec moi. Il m’invite au Brésil une semaine pour parler uniquement d’analyse institutionnelle et pédagogie. Ce journal sera un moyen de préparer mes interventions à Brasilia.

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Maryna m’a été envoyée par Pascal Dibie pour que je la prenne en thèse. Notre rencontre de ce matin était la troisième, si j’oublie son concert, auquel j’ai assisté.

Elle est pianiste, concertiste et professeur de piano. Elle a publié deux livres que j’ai énormément aimés :

-L’escalier d’Odessa, qui est un “ roman d’apprentissage ” de son expérience du conservatoire d’Odessa (2004, éd. européennes de l’avant-mur, 24, rue des Jardins Saint-Paul 75004 Paris, 152 pages),

-et chez le même éditeur : Ethnologie de la création musicale contemporaine, Influence de la musique du théâtre nô sur la musique contemporaine (même éditeur, 2003, 146 pages).

J’ai le projet de faire un compte-rendu détaillé de ces ouvrages dans Attractions passionnelles.

Maryna m’a apporté 25 pages d’entretien qu’elle a pu avoir avec certains de ses élèves. Elle est désespérée de voir certains de ses élèves refuser d’investir sur l’apprentissage du piano. Elle, Maryna, raconte dans L’escalier d’Odessa, comment elle a fait du piano un absolu. Je lui ai montré que ce choix de ne vivre que pour le piano n’était peut-être pas un modèle. Il faut qu’un professeur de piano accepte que ses élèves fassent le choix d’apprendre le piano, sans en faire un absolu.

Pour ma part, comme je le lui ai expliqué, je suis un amateur en danse. Je danse chaque semaine depuis quinze ans, mais pas plus de trois fois par semaine. De temps en temps, je vis des intensités, mais globalement, ma pratique de la danse s’inscrit dans une logique d’amateurisme, contrairement à ma fille

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qui a choisi d’être une professionnelle. Dans le monde de la danse (ou de la musique), il faut accepter qu’il y ait plusieurs manières d’investir le moment. Il y a les professionnels. Il y a les dilettantes, mais, entre les deux, il y a plusieurs modes d’investissement du moment.

L’objet de Maryna au départ était très éloigné de ce qu’elle fait aujourd’hui. La première fois qu’elle est venue me voir, Maryna était accompagné de René Both, avec qui elle était mariée. René est un compositeur qui doit avoir plus de 70 ans. Elle a trente ans. Ils ont vécu sept ans ensemble, mais le 27 novembre, ils se sont séparés. En novembre, René voulait que Maryna fasse sa thèse sur Les percussions de Strasbourg. Il avait rassemblé durant quarante ans toute une documenta-tion sur cet objet. Lui avait entrepris une thèse avec Robert Jaulin, en ethnologie à Paris 7. Il aurait voulu que Maryna fasse une thèse avec Pascal Dibie sur les percussions de Strasbourg. Le problème, c’est qu’après leur séparation, René m’a téléphoné pour me dire qu’il interdisait que Maryna utilise ses sources. J’ai gardé des bonnes relations avec René. J’ai fait connaître ses partitions à Metz, au Conservatoire. René est originaire de Lorraine…

Maryna est revenue me voir en janvier. Je lui ai dit qu’il fallait changer d’objet pour sa thèse. Comme elle souffrait de ne pas avoir des élèves à la hauteur de son talent, je lui ai expliqué ma théorie des moments. Je lui ai donné à lire Le moment de la création. Je lui ai expliqué qu’en tant que professeur de sciences de l’éducation, mon métier consistait à aider les professeurs à comprendre et analyser les problèmes pédagogiques qu’ils rencontraient avec leurs élèves… On a commencé à travailler l’élaboration de questions

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qu’il faudrait explorer pour comprendre la pulsion à la désertion du moment musical. Si l’on ne comprend pas pourquoi les élèves ont envie de se sauver, on ne comprendra jamais comment il faut enseigner. Maryna fut enthousiaste. Et j’ai été content, ce matin, de lire les 25 premières pages de son enquête.

Je lui ai demandé si elle tenait un journal de recherche. Non. Bon. Il faut commencer par cela. Je vais chercher un exemplaire du Journal des idées, que je lui donne. Elle le feuillette, alors que je suis au téléphone. Comme elle est très intelligente, elle comprend la logique du Journal des moments. Elle me dit : je crois que non seulement il me faut tenir un journal de recherche, mais je dois aussi tenir un journal pédagogique. Mais oui. Elle a compris.

Elle est venue avec une clé USB. Elle a pu déverser en quelques secondes, à la fois, ses questionnaires, des photos, des poèmes. Elle aimerait que je publie ses trente-cinq pages de poèmes dans Attractions passionnelles. Bon, d’accord. Je suis émerveillé par ce dispositif. J’en fais l’éloge à Lucette plus tard, qui me dit qu’elle m’a acheté cet outil, mais que je ne l’ai jamais sorti de sa boîte ! Comme je suis archaïque. Je me demandais comment transporter mes textes au Brésil, pour pouvoir les travailler sur place !

Bon. Maryna, sans s’en rendre compte, m’a appris quelque chose d’important ce matin.

J’ai été obligé de parler à Maryna de mon rapport à la musique. Je n’ai pas raconté, encore une fois, l’épisode de la claque3. Mais j’ai réfléchi sur mon

3 Dans le forum « Groupes autour de thèmes de recherche », dans le sujet : La violence à l'école, Remi HESS écrit à

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rapport au piano. Ma mère avait appris le piano, seule. Elle voulait que je joue du piano. J’ai pris des cours durant deux ans, mais ce n’était pas attractif pour moi. J’ai milité pour pouvoir déserter cet apprentissage. En écrivant ce journal, je me dis que Maryna devrait m’interviewer dans le cadre de sa recherche. J’ai opté pour la danse. Mais là où je vois un pont à établir entre nous, c’est sur une enquête à faire sur l’histoire de la musique de danse. Je voudrais que Maryna joue les pièces de danse de Schubert (elle me dit avoir les partitions), de Mozart et de quelques autres, qui ont été, de leur temps, des ethnomusicologues écrivant des musiques populaires, transmise à l’oreille par des musiciens qui ne notaient pas leurs musiques. J’ai envie d’enregistrer un disque (plusieurs si le premier marche) de ces musiques. Je veux lui faire enregistrer une intégrale de la musique pour piano de Waldteufel, dont elle ignore jusqu’au nom. Il a composé 700 morceaux. On va les retrouver.

Elle me parle de son travail sur les partitions de Hubert de Luze. Je lui propose un concert à Paris 8, dans le cadre du colloque de la fin juin.

Ma direction de thèse est assez complexe. Je me retrouve totalement impliqué dans l’être de celle, ou de

Christine Lemel le samedi 25 octobre 2008 : « Sur la question du dépassement de la violence, c'est un peu compliqué ! A six ans, j'ai pris une claque, parce que, placé au premier rang d'une chorale, au lieu de suivre la partition immense, placée sur le pupitre, je suivais des yeux une mouche qui se promenait sur la partition. J'ai trouvé que le chef de choeur, un oncle, manquait de coeur. Je décidais sur le champ de renoncer à la musique pour la vie, de renoncer à la pédagogie autoritaire et au célibat (mon oncle était prêtre) ! » (note de Sandrine Deulceux).

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celui qui travaille avec moi. Je lui donne une place dans mes rêves qui deviennent grâce à eux des projets.

Il est 15 h 30, et, dans une heure, je vais avoir la visite de Julia Granato. Il me faut travailler un peu pour moi (ou plutôt pour Georges et Rogerio, puisque je vais taper ma préface à l’édition brésilienne des Microsociologies).

16 h 30,

Entretien avec Maria Julia Corseuil Granato (de Rio). Elle est titulaire d’un mestrado sur la danse : « A Dança cours poiésis » (Rio, univ. fédérale, juillet 2003). Elle m’a déjà rencontré à Paris 8 une fois. C’est René Barbier qui m’a envoyé Julia, qui travaillait voilà dix ans dans le laboratoire sur l’imaginaire (à Rio), qui collaborait avec René Barbier.

Notre entretien est interrompu par la survenance de Christine Delory-Momberger. Ensuite, il faut partir pour Espace Marx.

Vendredi 4 mars, 7 h,

Je me suis réveillé à 6 h 30 avec une idée précise de ce que je devais écrire aujourd’hui, et d’abord mon journal pédagogique de ma journée d’hier. Je ne parviens plus à me souvenir des visites que j’ai reçues.

Le matin, visite de Jenny Gabriel, venant chercher le Journal de Buenos Aires, pour le taper. Ensuite, visite de X.

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L’après-midi, visite de Jean-Marc Lepers, qui vient me faire signer un procès-verbal de soutenance de thèse. Je lui demande des nouvelles de Paris 7. Il semble que l’ethnologie se dissolve. Pascal Dibie et Jean Arlaud sont partis en sociologie. Et les autres se retrouvent sans commission de spécialistes. Un poste vacant de maître de conférence a été attribué à la sociologie…

Notre entretien est interrompu par l’arrivée de Martine Arino, de Perpignan. Elle a soutenu une thèse le 26 novembre 2004, à Perpignan, sous la direction de Robert Marty en “ Sémiotique et communication ”. Elle avait, dans son jury, Patrick Bellegarde, présenté comme membre du LRAI de Paris VIII. Dès que Jean-Marc (à qui je donne Le journal des idées), s’en va, Martine se met à refaire son exposé de soutenance de thèse. Elle est dérangée que je regarde sa thèse en même temps que je parle. Je vois qu’elle cite longuement P. Bourdieu. Cela m’énerve. Son discours : “ Je suis institutionnaliste. On m’a refusé mon inscription au CNU, alors que j’étais ATER, etc. Mon directeur de thèse est marginal, il n’a fait soutenir que 4 étudiants depuis son début de carrière, etc. Je ne veux pas me prostituer pour avoir ma qualification. Je suis sémiologue et institutionnaliste ”. Je lui réponds que je ne perçois pas l’AI comme marginale. Elle est transversale. C’est un paradigme transversal. Du coup, les institutionnalistes, à cheval sur plusieurs disciplines, ont des problèmes d’inscription sur les listes d’aptitude qui sont disciplinaires. Mais cela vient du fait que l’on ne se positionne pas exactement comme les jurys le demandent par rapport aux disciplines.

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Devenir universitaire, c’est accepter d’entrer dans une des disciplines découpées par l’Etat. Pour cela, il faut à l’institutionnaliste parvenir à dissocier deux ou trois choses : son paradigme, son appartenance disciplinaire, son champ de recherche. On peut trouver des gens pour qui il y a homologie entre le champ, la discipline et le paradigme. Ainsi, être sociologue bourdieusien. Cela ne pose pas de problème. On s’affilie au paradigme de P. Bourdieu, donc on est sociologue.

Pour l’institutionnaliste, ce n’est pas du tout la même chose, puisque par définition, le paradigme de l’AI est à cheval sur 6 disciplines de base : philosophie, sociologie, anthropologie, histoire, économie politique, arts. Cette transversalité fait que beaucoup d’entre nous se sont affiliés aux sciences de l’éducation, qui se caractérisent par un champ de recherche au carrefour de plusieurs disciplines. Normalement, les institutionnalistes pourraient avoir leur place aussi en information communication et en staps. Mais quand on présente un dossier, il faut accepter les règles de recrutement de la discipline. Personnellement, j’ai mis du temps à comprendre cela. Au départ, j’étais sociologue. Je ne comprenais pas bien les critères de la sociologie. L’AI critiquait la sociologie instituée. Mais avant de critiquer, il faut déjà situer ce que l’on critique.

Je suis arrivé sur le marché des sciences sociales à une époque où il n’y avait plus de postes. J’ai dû entrer sur le marché du travail comme professeur du secondaire. Formé à la philosophie, j’ai pris conscience qu’il n’y avait pas de poste aux concours de philo (10 postes pour 5000 candidats). Par contre, il y avait 140 postes en économie pour 400 candidats. J’ai fait le

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choix de passer ce second concours. Je l’ai eu en acceptant au minimum de faire une dissertation d’économie, et non de philosophie. Il a fallu que j’accepte les critères d’une discipline que je n’avais jamais étudiée.

Plus tard, quand j’ai passé le concours de recrutement des psychopédagogues d’ENNA, j’ai dû faire comme si j’étais psychologue, ce que je ne suis pas non plus. J’ai tenté d’expliquer à Martine qu’avant de devenir une grande intellectuelle de l’AI, si elle voulait devenir universitaire, il fallait qu’elle accepte de s’affilier totalement à une discipline, quitte à glisser ensuite d’une discipline à une autre. Il faudra faire ainsi, tant que l’AI n’aura pas de section au CNU (ce qui n’est pas demain la veille). Et, c’est très bien ainsi.

Martine Arino a continué longuement à me parler de sémiotique, discipline que je ne comprends absolument pas. Je lui ai dit que j’aurais besoin de cours de soutien pour la suivre. Moi qui me croyais un surdoué, je me trouvais largué par le torrent sémiotique qui sortait de sa petite bouche. Je la regardais avec admiration : elle ressemblait à une nymphe des jardins de Versailles, crachant un flux continu de mots surréalistes. Le temps passant, je lui ai donné un certain nombre d’ouvrages pour lui faire connaître notre travail : les n° 3, 5 et 6 des irrAIductibles, Le Journal des idées, Voyage à Rio, sur les traces de René Lourau.

Ayant un train à 18 h, elle a décidé de repartir, en ayant l’impression de ne m’avoir rien dit. Elle venait pour que je la publie. Je lui ai fait une ouverture du côté des irrAIductibles, et du côté d’Anthropos (Communication dans l’institution ou Institution de la

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communication). Quand elle est partie, je l’ai embrassée. J’ai eu l’impression d’avoir rencontré une nouvelle vestale du mouvement institutionnaliste. C’est rare !

En feuilletant son rapport de soutenance de thèse, sous la plume de Yves Winkin, sociologue à l’ENS de Lyon, j’ai lu : “ En s’appuyant sur les travaux de sociologues (R. Lourau et R. Hess ; plus secondairement P. Bourdieu, E. Goffman et N. Elias)… ”. Cela m’a fait plaisir d’être identifié comme sociologue. Une de mes collègues de sciences de l’éducation, qui se prend pour une sociologue, m’ayant dit l’an passé : “ Tu n’es pas sociologue ! ”. J’ai été sociologue avant elle. Si l’on glisse vers d’autres outils, on reste ce que l’on a été. Et cela fait plaisir que des gens, avec qui j’ai partagé un paradigme à un moment donné, continuent à me reconnaître comme membre de la communauté.

Concernant la bibliographie de Martine, elle cite une fois Georges Lapassade (L’ethnosociologie), par contre elle utilise 10 références de René Lourau et 10 références de moi. Son travail est donc en lien avec ce que je fais. Il faudra le regarder attentivement. De plus, je me suis aperçu qu’elle connaissait de moi des textes qui ne sont pas dans la bibliographie. J’ai envie de faire lire cette thèse à Kareen Illiade, qui travaille sur le même sujet qu’elle (les journaux). Elles se seraient retrouvées à la réunion des irrAIductibles, mais Martine ne pouvait pas rester ce vendredi.

8 h 10,

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Je ne parviens pas à copier un courrier de K. (la machine se bloque). Je le résume, donc. Kareen a repris contact avec Louise Lafortune. Celle-ci revient à Paris en octobre. K. lui a demandé si elle accepterait de suivre sa thèse (en co-tutelle avec moi). Louise a demandé à K de lui résumer son projet de thèse. K. écrit :

“ Au regard de mon travail de recherche en DEA, j’aimerais travailler sur l’hypothèse que le journal est un outil nous permettant de jalonner et de conscientiser notre subjectivité grâce à l’émergence des processus d’apprentissages informels, se formalisant dans cette écriture diaire, dans un rapport réflexif à la réalité, en la délimitant par différenciation des autres, de leurs influences et de nos interactions.

Malgré tout, je pense que ce jeu de miroir mis en place par la pratique du journal ne peut se développer que dans un milieu sécurisant, et dans une relation de confiance avec l’autre. Pour ces raisons, j’estime que la relation pédagogique est au cœur du développement et de l’émergence de ce processus de formulation de nos apprentissages informels. Elle permet de définir et de comprendre ce qui est du domaine de l’intime ou du social, de l'imaginaire ou du réel, en laissant à l'autre la liberté de construire les frontières. Je désire mettre en place un dispositif visant à rendre plus visibles ces processus et comprendre ce qui se joue dans les différentes formes de journaux, qu’ils soient supervisés ou non. ”

À la lecture de ce texte, je m’aperçois que Kareen oublie une dimension : elle parle bien du moment du journal, mais elle oublie le journal des moments. Maryna a bien compris, elle, mardi, qu’il lui fallait tenir au moins deux journaux : celui concernant sa recherche, et un autre concernant sa pédagogie.

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Hier, Martine Arino m’a dit qu’elle avait fait une enquête sur 71 thésards de Perpignan. 10 seulement ont tenu un journal de recherche, et aucun n’a utilisé son journal dans le corpus de sa thèse, craignant qu’on lui dise que ce n’était pas un outil suffisamment rigoureux ! Quand je pense que, dans Le sens commun, P. Bourdieu dit qu’il se reproche de ne jamais avoir tenu un journal de recherche, je m’aperçois combien j’ai (et avec moi mes meilleurs étudiants) de l’avance par rapport à la plupart des chercheurs contemporains. Je me sens au-delà de P. Bourdieu. Il ne me reste qu’à publier les douze tomes de mon journal, pour montrer à quel point cette technique est productive !

Une idée que j’ai maintenant : créer une collection “ Fragments ”, dans laquelle on publierait des livres inachevés, que l’on ne terminera jamais. Ces livres, je pense à mon Lourau, seraient utiles à d’autres chercheurs pour aller plus loin. Mais soi-même, on se dit qu’il manque la Bildung définitive (forme), permettant d’organiser ces fragments, qu’on en est conscient, et que, finalement, on conçoit mourir avant de l’avoir trouvé. Du coup on publie les ruines de cette recherche, avant sa mort, pour aider des gens qui pourraient aller plus loin. J’ai parlé de cela avec Christine Delory-Momberger, venue hier pour travailler avec moi sur un article concernant les histoires de vie. Elle est intéressée. Christine m’a dit son enthousiasme à lire le Journal des idées, lu d’une traite. Elle pense que le texte théorique qui présente ma démarche est très important. Notre travail d’hier a été passionnant. Je ne le résume pas puisqu’il sera publié dans un ouvrage, en Belgique.

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Samedi 5 mars, 19 h,

Hier, à 10 h, une heure de travail a été détruite sur mon ordinateur. Ce fut la grande alarme. Lucette a pensé à la destruction du disque dur. Il nous a fallu 24 h pour découvrir l’origine du fléau : le disque apporté par Jean-Marc Lepers. Dès que j’ai retiré ce disque de l’ordinateur, tout s’est remis en ordre. Mais entre temps, j’ai supprimé 600 messages mail, en stock. Cela ne peut pas faire de mal.

Hier, à 10 h 30, arrivée de Rogerio Andrade Cordoba, Henriquetta, Michel Lobrot, Christine Delory-Momberger, puis Maria Julia Granato. Le projet : faire des entretiens avec Michel et Christine pour un livre sur la pédagogie. Dans ma tête, à l’heure où j’écris, ce livre s’intitulerait : Eloge de la pédagogie. Lucette aussi s’est faite interviewer.

21 h 30,

Tout à l’heure, Lucette m’a demandé d’aller chercher du pain, de préparer le dîner. J’ai dû interrompre ce journal. Pourtant, j’avais mille choses à y écrire.

En regardant mes courriers, un mail d’Augustin Mutuale, fidèle parmi les fidèles. Il a appris la publication du Journal des idées. Il lui tarde de connaître ce nouveau livre. Je lui ai répondu aussitôt. Augustin est patient. Il m’a rendu un livre que j’aurais dû éditer depuis deux ans.

Jean-Marie Brohm m’a fait beaucoup de mal en attaquant son étudiant dans La machinerie sportive. Ce

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garçon qui était son disciple, en nous faisant un procès, m’a fait perdre beaucoup d’argent, de temps. Il a volé du temps à mes disciples. Leurs livres qui auraient dû paraître sont restés en rade. C’est bien triste. J’espère qu’à la fin de mon sabbatique, je parviendrai à remonter la pente.

Plusieurs échanges aujourd’hui avec Gaby Weigand. Elle aussi a réagi au Journal des idées qu’elle a lu attentivement. J’archiverai son courrier dans notre correspondance, que je conserve depuis des années. Il m’a donné de l’énergie. Je suis fier qu’une femme qui se trouve à la tête d’un Institut de 3000 étudiants trouve le temps de me lire, et surtout de m’écrire avec précision ce que mon texte suscite chez elle. Elle s’est amusée de mes réactions par rapport au colloque de Berlin, où elle n’était pas. Elle me dit que je parle d’une traduction qu’elle avait accepté de faire de ma communication, mais, me signale-t-elle, je ne lui ai jamais envoyé la version française de mon texte. Il faudrait en refaire un autre, car il a été traduit par quelqu’un d’autre, et il est déjà paru en Allemagne… La lecture du journal par le collectif des lecteurs nécessaires est excellente pour faire le point sur le boulot qu’on fait ou qu’on ne fait pas.

A la réunion des irrAIductibles, hier, Benyounès a fait une inter-vention où il a dit qu’il avait lu avec un grand enthousiasme mon dernier livre : L’anthropologue impliqué. Objectivement, je ne voyais pas de quoi il parlait. En fait, c’est le nom que j’ai donné à ma version de l’histoire de vie de G. Althabe4.

4 R. Hess, Gérard Althabe, entre ailleurs et ici, Paris, L’harmattan, 2005.

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Au moment où j’ai interrompu ce journal tout à l’heure, je voulais parler de cette dérive un peu folle qui m’a conduit à faire l’intermédiaire entre Rogerio Andrade Cordoba et Michel Lobrot, Christine Delory-Momberger, les irrAIductibles, etc. On a terminé la soirée à minuit, au restaurant, invités par Jacques Ardoino. Au dîner, René Barbier et Sunmi nous ont rejoints. Avec Maria Julia, restée avec nous toute la journée, nous étions sept. Jacques a voulu payer. Toute la journée, j’ai pris des notes. On a posé des questions sur la pédagogie à tout le monde… Même Ardoino s’est prêté au jeu. Toute la journée, j’ai pris des notes.

Lucette est décidée à terminer Education et psychanalyse ce printemps. L’entretien qu’elle nous a donné hier était d’une clarté absolue. Je pense que cela peut constituer un chapitre de La relation pédagogique que nous voulions refaire avec Gaby.

Nombreux échanges avec Kareen qui n’a pas pu se déplacer hier, à cause de la neige. Elle a hâte maintenant d’accoucher. Je la comprends. Lundi, je lui posterai Le journal des idées. J’ai revu le texte de K. sur G. Althabe. Lucette m’a demandé où en était K. de sa présentation du livre de J. Korczak qu’elle va bientôt mettre en fabrication. C’est encore quelque chose que je dois revoir rapidement. Kareen travaille plus vite que moi. Je n’arrive pas à suivre. Après, il y aura Analyse institutionnelle et autogestion pédagogique à relire et compléter. Cela fait beaucoup.

Message aussi de Marc Guiraud qui m’invite à Bordeaux pour la présentation de son livre sur R. Lourau. C’est gentil. J’aimerais bien y aller, mais je serai en Californie le jour de cette présentation. On ne peut pas se dédoubler. Si j’avais son adresse, je lui

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enverrai Le journal des idées. Mais, en même temps, je n’ai pas envie d’expédier ce texte. Je trouve que je ne puis le donner qu’aux gens qui passent. Ce serait trop bête qu’un exemplaire se perde dans la nature.

Crise pour le déplacement en Italie : on a oublié de s’occuper des billets. Et il semble difficile maintenant, impossible d’en avoir, à bon marché. Patrick Tapernoux a eu son billet à 200 euros, et maintenant, c’est 680. Si le temps passait au beau, mon désir de retrouver Sainte Gemme aidant, je crois que je renoncerais à l’Italie. Je préférerais y aller en juin.

Aujourd’hui, j’ai fait un beau texte sur Marc-Antoine Jullien (ma communication pour Stanford), que j’ai envoyé à Liz Claire qui doit la transmettre aux States (8 pages).

Jenny Gabriel m’a envoyé les 15 premières pages du Journal de Buenos Aires, qu’elle a accepté de taper. J’ai aussitôt corrigé ce texte, et je l’ai envoyé à Charlotte, rentrée hier soir.

J’ai lu le message suivant de Martine Arino (daté du 4 mars) :

“ Cher Remi Hess,

Je n’oublierai pas cette journée du 3 mars 2005. J’ai été très émue de vous rencontrer. De retour dans le train, j’ai commencé à lire les ouvrages que vous m’avez offerts. Encore merci, je suis très touchée. Je vais les montrer à Patrick Bellegarde, Robert Marty, au département de sociologie et à mes étudiants. Je pense aussi à la revue électronique international Esprit critique, dans laquelle je suis membre du comité scientifique ; vous pourriez y faire des résumés d’ouvrages. Nous comptons 2000 abonnés à la liste de

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diffusion. Le site est en travaux pour quelques jours. Je serais très heureuse de vous aider dans la diffusion de vos travaux.

Autre chose, rencontrer G. Lapassade aurait été un grand moment, j’espère qu’on pourra organiser un rendez-vous. Comme, je vous l’ai dit, cela ne me dérange pas de faire des navettes entre Perpignan et Paris, et ce sera un bonheur de vous retrouver. Le temps du voyage en TGV est toujours un moment très productif pour la réflexion.

Comme, vous l’avez bien souligné hier, le CNU me reproche, en sociologie et en communication, de ne pas être assez dans le champ disciplinaire. Bref, je ne rentre pas dans les cases, comme l’ornithorynque. Si vous pensez que ma thèse sous couvert d’une réécriture (plus digeste) peut-être publiée, j’aimerais l’édition Anthropos, poche ethnosociologie, car il me semble que cette collection est bien identifiée en sociologie, car je crains qu’ils me disent que je suis encore hors du champ. Pour l’an prochain, j’ai l’ambition de redemander la qualification en socio et en communication.

Cher Remi Hess, je vous remercie vivement de l’attention que vous portez à mon travail. En espérant vous lire bientôt, Très chaleureuse-ment, Martine Arino. ”

Il faudrait prendre en compte la proposition de publier des comptes-rendus dans Esprit critique.

Dimanche 6 mars, 10 h,

Réveil tardif. Je ne m’endors qu’à 3 h : encore un effet du décalage horaire. Visite de Michel Lobrot qui m’apporte des livres pour Rogerio. Il me donne aussi la dernière version de L’écoute du désir. Il est pressé. Il ne reste pas. Je regarde mon courrier. J’ai ce message de Kareen :

“ Bonjour, Je viens de lire Le journal pédagogique, je le trouve intéressant. Et il est vrai que je n'ai pas pris en compte

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cette dimension dans les quelques lignes que je vous ai envoyées sur mon sujet de thèse. Cependant, ce n'est pas sans y avoir déjà réfléchi. Mais, je suis encore dans mon sujet de DEA et je construis peu à peu celui de la thèse.

Dans Le journal pédagogique, vous parlez des Moments pédagogiques de Korczak, traduit par Ania ; j’aurais aimé lire sa traduction, si vous en avez une copie en format informatisé. Car je vous avoue que la version que je possède reste dans le domaine de la traduction mot à mot. Il est donc difficile de travailler avec. J’aurais pu ainsi vous envoyez un texte autre que celui que vous possédez sur ma maîtrise.

Vis-à-vis de votre texte, je me sens frustrée d’être cloîtrée chez moi. Toutes les personnes que vous décrivez, les moments que vous passez avec eux, me permettent d'être présente, malgré tout. J'aimerais vraiment rencontrer Maryna, je trouve son personnage fascinant.

J’ai hâte que ma fille naisse, pour retrouver un peu d’autonomie afin de venir vous voir, et de retrouver la FAC. C’est vraiment difficile, je me sens seule dans mes recherches, et dans mes réflexions. Je pense que les moments que je passe avec vous, et les Irraiductibles sont moteurs de ma créativité et de mon énergie.

Je vous embrasse, et vous écris de nouveau après la lecture du texte Implication dans l’anthropologie. Tendrement. Kareen. ”

Je dois dire qu’à certaines périodes de ma vie, K a joué le même rôle pour moi. Sans elle, je me retrouvais sans énergie. Elle m’a beaucoup apporté. Sans elle, je serais devenu fou à la direction de l’Association Korczak ! Aujourd’hui, je dégage de l’énergie, grâce au effet du voyage en Argentine. Il faudrait que j’envoie à K mon Journal de Buenos Aires ! Il ne faut pas la laisser dans sa solitude.

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Plus tard, je trouve ce message, encore de K. Il a pour objet le texte “ L’implication dans l’anthropologie de G. Althabe ” :

“ Re Bonjour, je viens d'achever le texte, j'ai surligné en vert les passages que semblaient décalés, ou avec des premières personnes du singulier. Ils sont en page 14 et suivantes. Je ne savais pas si j'avais le droit de rectifier moi-même, alors je vous laisse le faire.

Je suis impressionnée par le texte et je ne pense pas que j'aurais pu en être l'auteur. C'est vrai que vous êtes le maître et qu'en tant que disciple, j'ai encore un long chemin à parcourir. Je suis vraiment une de vos plus grandes fanes. Tendrement. Kareen.

PS : j’ose tout de même vous envoyer mon texte pour le TC1 et 2 et peut-être celui sur l’imaginaire (pour le cours de J. L. Le Grand), mais j’y ai repris beaucoup d’idées (il y aura de ce fait des répétitions) du TC1 et 2. J'ai tellement travaillé sur ce tronc commun, que j'ai développé un sens de l'économie, en reprenant un certain nombre de morceaux du texte pour tenter une approche du cours de J. L. Le Grand. Voilà ! Bonne lecture, enfin si vous avez le temps. Sinon, ce n'est pas grave. ”

Je réponds immédiatement à K. :

“ Chère K, je te remercie énormément de la vitesse à laquelle tu as corrigé “ L’implication dans l’anthropologue de G. Althabe ”. Ton apport sera très utile, même s’il est réduit par rapport au travail que j’ai fait avant. Je suis très fier de tes compliments. Ils me font très plaisir. En même temps, je ne voudrais pas te cacher que le travail que j’ai fait a été assez technique. Comment m’y suis-je pris ? (C’est important que le maître explique à son apprenti comment il travaille, lui donne ses secrets de fabrication, lui indique comment il a monté ses échafaudages, etc.).

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J’avais donc un texte de 200 pages des entretiens avec G. Althabe. Tu les as. Tu pourras comparer avec le texte final. J’ai utilisé la clé de recherche “ observation ”, puisque le livre que je prépare, et dans lequel ton texte a sa place est sur L’observation participante. Les passages où il est question d’observation, c’est le chapitre sur Madagascar, ensuite dans les chapitres sur la France (le résidentiel et le professionnel). J’ai retiré ces chapitres, en les réduisant progressivement avec l’objectif de parvenir à 15 pages. La manière dont je m’y suis pris : garder la dynamique de la parole, de l’entretien, mais aussi supprimer les répétitions, en faisant passer le discours de la première à la troisième personne. Toujours, je pense au lecteur potentiel. Je dois garder une cohérence d’ensemble, si possible le mouvement de la pensée de Gérard. Je pense que tu pourrais faire ce travail. Je t’y exercerai. On aura d’autres occasions. Ce travail n’a pas été trop difficile pour moi, car j’ai encore la parole de Gérard dans la tête. C’est moi qui a fait son histoire de vie. Voilà les secrets de fabrication.

Hier, quand je disais à Lucette le travail que j’étais en train de faire pour toi, celle-ci m’a dit : “ Elle a de la chance !”. Oui. Mais nous sommes un atelier. Je suis un membre d’une équipe où tu fais beaucoup aussi. Alors, comme chez Monsu Desiderio, ce peintre collectif des années 1710, sur le même tableau, l’un fait le paysage, un autre les constructions, et le troisième peint les personnages ! L’œuvre, c’est l’agencement du travail d’équipe. De même pour nous ! Benyounès admirait beaucoup mon travail sur G. Althabe, cette semaine. Mais lui dans notre atelier, en maintenant le dispositif du vendredi après-midi, c’est un géant. Ce qui est bien chez nous, c’est que non seulement on s’admire les uns les autres, mais je crois que l’on s’aime.

Je vais essayer de retrouver la version d’Anna Royon des Moments pédagogiques. Je t’embrasse très fort. Remi.

Pour t’occuper à ton réveil, je te joins les premières pages du Journal de Buenos Aires. ”

Dans l’après-midi, Gaby m’écrit :

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“ Remi, den Text zu Althabe finde ich hoch interessant und er passt sehr gut in den Reader. Mir ist dabei jedenfalls wieder einiges klarer geworden, gerade die Verbindung zu Lourau. Und der Text macht auch noch einmal den Unterschied zur "klassischen" Enthologie deutlich. Das Journal pédagogique ist auch sehr erhellend. Unglaublich, wie dich deine Tage sind und mit wie vielen unterschiedlichen Themen du dich befasst und mit wie vielen verschiedenen Menschen du arbeitest. Viele Grüße. Gaby ”.

Je transmets ce courrier à K.

22 h 40,

En rentrant de chez Guy Berger, que j’ai été interviewer pour le compte de Rogerio, j’ai trouvé ce nouveau message de K. :

“ Subject : lecture du journalDate: Sun, 6 Mar 2005 17:20

Je vous remercie de m'avoir envoyé la réponse de Gaby, je suis d'accord avec elle, son analyse du texte est fine. J'ai compris l'importance de l'analyse de l'implication du chercheur dans son objet de recherche, et ce qui différencie G. Althable et l'anthropologie traditionnelle. Le journal de Buenos Aires est une mine d'or, lui aussi. Je suis impatiente de lire la suite. Il m'a donné envie de revivre ces 17 années d'expériences de l'université d'été. Je pense que s'il n'existe pas encore d'ouvrage ou de texte sur cette expérience peu ordinaire, il est important d'en écrire un. Ces rencontres multi-dimensionnelles sont si riches en connaissances, en recherches, en échanges, qu'il faut écrire quelque chose sur cette vie communautaire. Voilà ce que je tenais à vous dire. Je vous remercie de partager tellement de choses avec moi. Je suis heureuse de faire partie de vos disciples et j'espère ne pas vous décevoir.

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Je souhaite qu'un jour, cela soit de nouveau possible de faire vivre une université d'été. Je vous embrasse tendrement. Kareen

PS : vous partez quand pour l'Allemagne ? Partez-vous toujours pour l'Italie ? ”

Réponse :

“ Je pars demain à 7 h, pour Karlsruhe, mais je rentre mardi à 21 h. Pour l'Italie, ce devait être jeudi, mais comme je n'ai pas de billet, je crois que je vais renoncer. Paternoux a eu un billet à 200 euros, et maintenant, ils sont à 680. C'est trop cher pour Lucette et moi ”.

Lundi 7 mars, dans le train entre Paris et Karlsruhe, 11 h,

Ce soir, je connaîtrai la Fachhochschule de pédagogie de Karlsruhe où Gaby enseigne. Cela me manquait de ne pas connaître ce lieu. Il y a des turbulences, le train roule vite, et écrire n’est pas facile. Je rentre tout doucement en Alsace, terre de mes ancêtres…

Par rapport à Gaby, il va falloir que je m’explique par rapport au projet de traduction de son livre. Je voudrais mettre rapidement cette traduction en chantier. Je pense qu’elle sera déjà contente que je débloque L’observation participante.

Mais actuellement, j’ai des chantiers qui se croisent et qui me font une vie de travail bien chargée. Hier soir, par exemple, Guy Berger m’a dit qu’il était prêt à faire son histoire de vie avec moi. Cela vient

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interférer avec le projet de Lapassade de faire de même, et de Michel Lobrot. Comment ces gens peuvent-ils avoir, ensemble, l’idée de se mettre à ce chantier ? Pour ma part, cet atelier d’histoire de vie ne me semble pas sans importance. Il faut le faire. Si Berger est demandeur, allons-y. Il faut le faire en avril. Je vais avoir du temps durant cette période. Guy est en forme. Il parle un peu vite. Mais ce n’est pas très grave. Je réussirai à ralentir son débit. Les compliments reçus pour mon travail accompli avec Gérard Althabe m’encouragent dans cette voie des histoires de vie.

Mardi, 8 mars, 10 h, dans le bureau de Gaby Weigaud, Kaiserallee 11, Karlsruhe,

Gaby s’occupe des affaires courantes avant que nous poursuivions le travail engagé hier. Je vais profiter de ce moment de disponibilité pour noter la liste des chantiers que je voudrais restituer dans le détail :- La relation pédagogique,- Ligoure (libres enfants de),- Introduction à la pédagogie,- Un ouvrage ou l’on propose une synthèse entre

trois courants : la GWP, l’AI et l’ethnographie (anglaise) de l’école,

- Pour une introduction clinique à la pédagogie,- Traduction de Schule der Person, en version

allégée (Gaby regarde les chapitres à supprimer pour l’édition française),

- L’école du groupe, la dynamique des groupes sociaux réels,

- Introduction à l’analyse institutionnelle,

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- Article pour Normes et déviances : “la place du surdoué”,

- Entretien sur la pédagogie, pour “éloge de la pédagogie”,

- Evidemment L’observation participante,- Le Play, entretien collectif autour du thème :

qu’est-ce que Fréderic Le Play nous a apporté ?

Gaby reçoit une étudiante, maintenant. Nous avons été pris en photo par sa secrétaire. Je me propose de prendre une photo de Gaby en train de travailler avec son étudiante. Je l’ai fait, mais c’est la dernière de la pellicule. Il faudrait en faire une autre, avec la nouvelle pellicule.

Concernant le livre sur Ligoure, j’ai une idée. Hier, on a dit qu’il fallait mettre dans ce livre :

1)le texte (50 p.) sur les groupes,2)le journal de la rencontre de 1997,3)le texte sur l’animation herméneutique des

groupes, écrit à Rostock,4)il faudrait rajouter : “le domaine de ligoure, ce

qu’il est devenu aujourd’hui”, 25 pages parues dans Les études sociales (il faut demander l’autorisation à Antoine Savoye),

5)rajouter un entretien. Ce que Le Play nous a apporté. Cette habile ronde pourrait se faire en deux sessions :

- Une session adultes avec Lorenzo, Gaby, Lucette et moi,

- Une session avec les enfants : Samuel, Charlotte, Alexandre, Christopher, Yann Kein, Samir.

Cette seconde rencontre devrait être organisée

avec l’accord des jeunes ou en France (Sainte Gemme) ou en Allemagne. Pour la rencontre “adultes”, il

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faudrait travailler sur la vie de Le Play, son œuvre et discuter l’influence qu’il a pu avoir sur nous. J’ai l’impression que les chantiers que nous avons pu conduire avec Gaby trouvent leur origine dans cette université d’été, inventée ensemble. Mais de plus, Ligoure a servi de “modèle” pour moi dans mon institution à Sainte Gemme.

Hier soir, j’expliquais à Gaby que ma famille avait cru à la vanité de la propriété. Mon père était contre le fait d’être propriétaire de quoi que ce soit. Il n’a laissé, à sa mort, qu’une somme de 300 frs que nous nous sommes partagés à 4. Mais il s’agissait, pour cet excellent comptable qu’il avait été, d’une petite erreur de calcul, due au fait que ma mère lui a survécu et qu’il n’a pu contrôler parfaitement ce qui s’est passé après sa mort.

L’hostilité de mon père par rapport à la propriété venait du fait qu’il avait vu pleurer sa mère durant un an, vers 1920, à la mort de François Simon-Gardan (le père de Pauline, la mère de mon père). Le roman familial dit que F. Simon-Gardan, riche, avait légué sa fortune à ses fils en déshéritant Pauline, qu’il estimait en sécurité du fait de son mariage avec Paul Hess, mon grand-père. Pauline a été abîmée par la décision de son père qui, bien que très riche à la fin de sa vie, avait commencé sa carrière en mendiant des pommes de terre pour faire survivre sa famille. Simon-Gardan a donné sa menuiserie à son meilleur ouvrier5.

Donc, mon père a toujours pensé qu’il devait nous dire qu’il n’avait rien, ne voulait rien avoir, ne nous

5 Sur ce personnage de F. Simon-Gardan, voir ses Souvenirs de la guerre de 1870, publiés par Camille Rabineau, PUSG, 2012 (NDSD).

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transmettait rien : sinon une bonne éducation (ce qu’il souffrait lui-même de ne pas avoir eu, devant interrompre ses études contre son gré).

Mon rapport à la propriété était donc de méfiance. Par mon mariage avec Brigitte, en 1970, j’avais rencontré un autre rapport à la propriété. Brigitte me persuada qu’il nous était possible d’acquérir notre logement. Cependant, cette acquisition ne fut pas une bonne affaire (sur le plan financier). La revente de notre logement entraîna une moins-value ! C’était à Charleville en 1976. La crise économique locale avait entraîné une chute de l’immobilier.

Pendant que j’écris, Gaby continue à recevoir des étudiants. Elle improvise une permanence. Comment les étudiants ont-ils été informés de sa présence à Karlsruhe ? La secrétaire doit y être pour quelque chose. Elle est passée tout à l’heure pour demander je ne sais plus quoi, et elle a lancé l’idée que Gaby pourrait recevoir ses étudiants. Elle rend des travaux en les commentant… Je fais une photo de Gaby en train de faire son boulot de pédagogue… On fait la queue devant sa porte… Il faut que je continue ma méditation avec le Play.

Libres enfants de Ligoure doit avoir comme sous-titre : « De Fréderic Le Play (1806-1882) à l’éducation interculturelle ».

Donc, c’est ma découverte de Ligoure en 1980, et de Frédéric Le Play, qui m’a fait me questionner sur la question du patrimoine, de la propriété, de l’idée de “domaine”, de “famille souche”, etc. Il m’a fallu dix ans pour prendre conscience de la nécessité pour moi de m’établir moi-même et ma famille, dans un lieu que je

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possède, pour pouvoir y installer des moments que je rêvais de développer : - le moment du jardin,- le moment de la bibliothèque.

Quand j’ai été nommé professeur d’université (1990), j’ai immédiatement acheté Sainte Gemme. Cette maison avait un jardin, cinq pièces habitables (et 6 autres à inventer). Je pouvais donc y apporter mes livres. A Ligoure, l’une des plus belles pièces du château était la bibliothèque. Je voyais la possibilité de me faire une bibliothèque à Sainte Gemme. On sait que celle-ci sera une conquête de quinze années. Dans un premier temps, mes 10 000 livres furent distribués dans 5 pièces. Ce n’est qu’en 2005 que cette bibliothèque est installée dans un espace de 50 m2.

Autre moment de Sainte Gemme : la cave ; à Ligoure, le moment de la cave était quelque chose d’important pour moi. En trouvant à Sainte Gemme une cave voûtée du XVIII°, j’avais une vraie cave.

On voit aussi qu’à Ligoure le moment de la musique ou de la danse pouvait se déployer dans le salon… L’idée de faire un salon à Sainte Gemme (avec un piano à queue) n’est pas absente de mon imaginaire. Évidemment, la ferme que j’ai transformée en maison ne possède pas cette pièce de réception. Mais je rêve de racheter la maison d’en face pour construire cette salle de musique et danse.

Le Play a donc joué, pratiquement, un rôle de modèle alternatif par rapport à l’héritage culturel familial. Du côté de ma mère, il y avait la nostalgie de la “maison de Grand-mère” (la mère de ma grand-mère

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Hamel) qui avait dû être vendue vers 1950 (il y a une photo de moi devant la maison de grand-mère).

Je m’aperçois que j’observe Gaby, sa manière d’archiver les travaux de ses étudiants…Pour moi, c’est impossible à Paris 8.

Plan pour Clinique du pédagogique

5 chapitres :

1)le journal2)la correspondance3)la monographie4)la biographie (d’élève ou d’enseignant)5)le groupe de parole

Réfléchir au titre pour voir quelle place on donne à la notion d’implication. Faut-il appeler le livre : L’implication pédagogique ? ou La pédagogie impliquée.

Donner une place à la notion de dispositif ?

Autre ouvrage : Le moment pédagogique.

Je n’ai pas envoyé à Gaby le lexique que j’ai fait à partir des réunions OFAJ du Dictionnaire interculturel. Il me faut le faire, mais en lui racontant comment j’ai utilisé Hegel pour construire le concept de moment, je m’aperçois que ce travail de définition pourrait être utilisé comme plan, ou comme entrée pour définir le pédagogique. On pourrait écrire un livre Le moment pédagogique.

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Plan.

I- La pédagogie , moment historique. Les grands moments du pédagogique

II- La pédagogie , moment anthropologique. Les formes anthropologiques du pédagogique : la relation pédagogique (le préceptorat, le tutorat), la pédagogie de groupe : la classe. Les styles d’enseignement : la didactique, la pédagogie artisanale, la pédagogie maternelle. La formation des adultes.

III- La dialectique des moments : universel, particulier, singulier.

Universalité du savoir, de l’élève (stat.)

Particularité. Le surdoué, le noir, la fille.

Singularité, le biographique.

Gaby est partie rencontrer une collègue. J’en profite pour regarder Bettina Mähler, Gerluide Hofmann, Ist mein Kind hochbegabt ? Besondere Fähigkeiten erkennen, akzeptieren und förden, Rororo, Mit Kindern Leben, Rowohlt, 1998, 5eme éd. 2003.

En fait, je me demande s’il ne faut pas briser en deux La relation pédagogique. Il faudrait reprendre et travailler la première partie. Cela constituerait La relation pédagogique, 2ème éd. avec Lucette. On y introduirait son chapitre sur la psychanalyse. D’un autre côté, on publierait : Le moment pédagogique qui reprendrait la seconde partie du livre (déjà écrite), en

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l’agrémentant d’autres choses, notamment du travail lexical.

Distinguer : le moment de la garderie (Ganztagsschule), le moment de la transmission des connaissances, le moment de l’évaluation.

Cf ; Stephan Appel (in 2. mit Georg Putz), Handbuch, Ganztagsschule, Praxis, Handreichungen, (Wochen SchauVerlag, Schwaldbach, 4ème éd., 2004, 367 p.).

Mercredi 9 mars, 8 h,

Je reçois le message suivant de Jean-Manuel Morvillers. Je choisis de le donner à lire tel que je l’ai reçu, sans en corriger l’orthographe, comme il peut arriver dans la restitution des courriers que l’on m’envoie :

“ Bon, je me suis mis à l're le journal des idées; Je ne l'ai pas encore fini, mais ça me plaît bien. Peut-être parce que c'est le premier journal où tu parles de toi. Les pages sur tes réussites aux concours sont poilantes ! Je pense que le phénomène Walter est à analyser en profondeur. Il faut penser à l'après Georges, Remi, Patrice... Par exemple j'apprends beaucoup de Georges quand je peux venir les vendredis. Tout le dispositif franco allemand me fait chier. C'est une usine à gaz. Tout le reste est très intéressant. Il faudrait quand même un jour que tu saches écrire mon nom correctement : MORVILLERS (et pas de i aprsè les 2 L !)

Réflexion : je me suis présenté 3 fois à la qualif. 3 fois refusé. Pourtant, je ne pense pas que mes travaux soient plus crétins que ceux des monceaux, hoqcquard, débora, guillet. Pourtant tous enseignent à Paris8. Combien de tes étudiants ? JM ”.

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Je lui réponds :

“ Mon cher Morvillers,

Excuses-moi de rajouter un “ i ” à ton nom. Je ne le ferai plus. Pendant que l’on en est à l’orthographe, je te signale que tu écris dans ton courrier : “ monceaux, hoqcquard, débora, guillet ” ; il faudrait écrire : “ Monceau, Hocquard, Debora, Guiller ”. Tu pourrais aussi améliorer l’orthographe du reste du message. Mais je ne suis pas prof d’école.

Je suis content que tu te sois plongé dans Le journal des idées. Lors d’une réunion récente des irrAIductibles, tu avais dit que tu n’avais pas lu depuis deux ans ; je suis fier que tu aies choisi mon livre pour te replonger dans la lecture.

Concernant la formation d’une relève, je vais penser à “ analyser le problème en profondeur ”. C’est vrai que les travaux des gens que tu cites ne sont pas meilleurs que les tiens. Cependant, tu vas chercher de mauvais objets de comparaison. Les modèles que tu devrais choisir sont ailleurs. Concernant Gilles, Danielle, Dominique, étudiants de R. Lourau, ils sont entrés au département dans un contexte où il y avait des recrutements. Seul, Gilles est titulaire. Les autres sont chargés de cours. Je ne pense pas qu’ils soient qualifiés par le CNU. Quant à Debora, elle est entrée de façon assez particulière, pour remplacer Gilles, qui bénéficie d’une décharge, du fait de son statut de directeur de l’institut qui s’occupe de la formation des enseignants.

En ce qui concerne mes anciens étudiants, c’est vrai que, seul, Patrick Berthier a un poste de maître de conférence à Paris 8. Les autres ont été chercher leurs postes dans d’autres universités. Par exemple, Driss Alaoui, maître de conférence à la Réunion (je pense à lui parce qu’il m’a écrit aujourd’hui) ; Christine Delory-Momberger à Paris 13, etc. Je ne fais pas la liste. Mais actuellement, sur les 60 thèses que j’ai fait soutenir (cf. Produire son œuvre, le moment de la thèse), 20 anciens étudiants ont eu des postes de maître de conférence ou de professeur, en France ou à l’étranger.

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La qualification suppose le respect de quelques règles simples. Tous les étudiants que j’ai suivis attentivement dans la préparation de leur dossier ont été qualifiés. Par exemple, je viens d’aider Christine Delory-Momberger à préparer son dossier de qualification aux fonctions de professeur. Comme pour la liste d’aptitude aux fonctions de maître de conférence, elle a été qualifiée du premier coup. Ce n’est pas difficile d’être qualifié, mais il faut respecter l’institution du jury. Christine a décidé de s’investir dans l’université en juin 1999. Je lui ai fait écrire 5 articles entre juin et novembre 1999. Elle a été qualifiée en décembre 1999, et elle a eu un poste quelques semaines après sa qualification. Si tu lisais, tu saurais que depuis 2000, Christine a publié 4 livres importants que beaucoup de gens ont lus, puisque le premier (Histoire de vie) a déjà été réédité. Quand on travaille comme elle, on est respecté par n’importe quel jury.

Je suis rentré hier de Karlsruhe où Gaby Weigand, 51 ans, vient d’être nommée professeur de 1° classe (en Allemagne, dans cette fonction, il n’y a que 4% de femmes, et elle en est). Certes, Gaby n’a pas été mon étudiante, mais elle reconnaît volontiers l’aide que je lui ai apporté pour sa carrière. Elle est passée directement du statut de professeur de lycée, détachée aux fonctions de proviseur, au statut de professeur d’université. Elle fait partie de la relève. Par ailleurs, je suis quelques jeunes (l’une a moins de trente ans) que je voudrais faire qualifier, dès qu’ils auront soutenus leur thèse. Mais il s’agit de gens qui lisent un livre par jour, et qui publient plusieurs articles par an, dans des revues légitimées de notre discipline. Présenter des dossiers sans se soumettre aux règles de la corporation est tout à fait inutile.

Si tu as envie de devenir universitaire, il faut te remettre au travail. Il faut que tu achètes un livre par jour pendant trois mois, et que tu rattrapes ton retard. Maintenant, sur le journal, il y a des gens plus pointus que toi. Kareen Illiade, par exemple, qui n’est qu’en DEA, s’est informée sur les recherches canadiennes. Elle a fait venir à Paris 8 Louise Lafortune, qui est prof à Montréal, spécialiste du journal de formation, et qui a accepté de suivre sa thèse (en co-tutelle) sur le sujet, etc. L’utilisation du journal s’est dépandu sur la planète. Il est important, maintenant, de faire le point sur les

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recherches étrangères. On ne peut plus se contenter de justifier son propre journal.

Ce que tu fais me semble intéressant. J’aime bien ce que tu écris. Mais, je te vis comme un dilettante. Je vais t’envoyer quelques pages de mon journal pédagogique où je parle de cette notion. Devenir universitaire, c’est passer du dilettantisme au professionnalisme : être professionnel, c’est pouvoir se situer, dans son créneau, par rapport aux autres professionnels. Cela signifie donc d’abord les connaître, les lire. Il faut être capable de proposer son art de se différencier. Mais pour cela, il faut être informé de ce qui se fait autour de soi.

Quand tu évoques Walter, je sens qu’il y a chez toi une critique à mon endroit. C’est vrai que je ne suis pas à la hauteur des responsabilités qui pourraient être les miennes. Ces derniers mois, j’ai eu des faiblesses énormes. Affectivement, j’ai très mal vécu les disparitions d’Hubert de Luze et Gérard Althabe qui étaient des substituts pour moi, dans la place qu’avait occupé René Lourau. Ils ont été l’un et l’autre mes co-auteurs. C’est la première fois que je vivais la disparition de pairs. Autre élément de désagrégation de mon identité, le procès contre La machinerie sportive, qui m’a conduit à douter de ma compétence d’éditeur. Ce procès contre Jean-Marie Brohm et Anthropos m’a bloqué durant deux ans. Pendant ce temps, je n’ai pas réussi à publier des gens auquel je tiens, par exemple le livre d’Augustin Mutuale sur La relation pédagogique. J’apprends qu’il l’édite ailleurs. Cela montre qu’Augustin a du tempérament. Bravo à lui ! En même temps, Lucette me fait remarquer que ces faiblesses me rendent plus humain. Elle me citait J. Ardoino qui me percevait jusqu’à maintenant comme une machine sans faille, et il n’avait pas de sympathie pour ce personnage que j’étais à ses yeux. “ Par contre, me disait Lucette, depuis que tu as été malade, il est très attentif. Il s’intéresse vraiment à toi ”.

Je pense que tout être humain traverse des périodes de doute. Je vais essayer de remonter la pente, tout doucement, et tenter de prendre en compte les problèmes que tu soulèves. Mon congé sabbatique vient à point pour me permettre de me ressourcer. Si ton ambition est de succéder à Georges

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Lapassade ou à moi, je crois qu’il va falloir te réveiller. Tu vas devoir devenir un professionnel. Ce n’est pas impossible, mais cela demande, pour toi, de changer de rythme. Si tu veux être recruté comme chargé de cours, il faudrait que tu ailles du côté des endroits où l’on recrute des gens. Ainsi, actuellement, c’est du côté de la licence en ligne. Pourquoi ne pas préparer un cours sur la méthode du journal ? T’assurant de mes encouragements, et de mon amitié. Remi. ”

Autre message, celui de Martine Arino du 7 mars :

“ Cher Rémi Hess, Je suis très flattée d'être dans votre journal. Vos propos sont très justes. Je regrette profondément de ne pas avoir pu rester, vendredi dernier. En fait, j'ai un petit garçon, et mon compagnon ne pouvait pas le garder ce vendredi. J'ai eu, durant notre entretien, ce sentiment étrange de rencontrer quelqu'un que je connaissais bien. Eh oui, j'avais une longueur d'avance sur vous ! Je regrette de ne pas vous avoir contacté plus tôt. J'ai tellement été déçue lors de ma première (en 2003) rencontre avec le labo de l'AI à Paris, que je n'ai plus souhaité avoir de contact avec eux. Maintenant, j'ai le sentiment d'être passée à côté de quelque chose. Effectivement, quand je suis repartie, j'avais l'impression de ne pas vous en avoir dit assez, comme si l'on avait du temps à rattraper. Votre analyse de la situation de l'AI a été très éclairante. Mon directeur de thèse me tenait des propos semblables au sujet de la sémiotique. Je suis partie pleine de bonheur et de force pour poursuivre. Je tâcherai d'être plus compréhensive la fois prochaine, c'est promis. Dans votre journal, vous parlez de Kareen Illiade qui travaille aussi sur les journaux. Je pourrais, si elle le souhaite, lui faire parvenir un exemplaire de la thèse. Au sujet de votre revue, j'ai commencé à en parler à mes étudiants, à mon directeur de thèse, à Bellegarde, à notre groupe de recherche sémiotique et communication... Certains (mon directeur de thèse, un docteur et un doctorant) sont intéressés, et je pense, si vous m'en donnez l'opportunité, vous proposer un numéro sur la communication de l'implication dans l'institution. J'ai dévoré Le journal des idées et Voyage à Rio. Dès que possible, j'envisage

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d'en faire une note de lecture pour la revue Esprit critique. Très chaleureusement, Martine Arino ”.

Martine est très flattée d'être dans mon journal. Ce passage me fait sourire. On est dans le journal de quelqu’un, comme on est à la mer ou à la montagne, une sorte de villégiature. C’est vrai que j’avais vu cette dimension chez René Lourau, dans Le rêver, où il restituait ses rêves. J’imagine bien Debora, lisant Le rêver (elle est constamment dans les rêves de R. Lourau !). Elle, aussi, devait être flattée d’être dans les rêves de René. Pourtant, je pense que René et moi avons raison de donner à lire aux gens concernés, les effets des rencontres que nous vivons avec eux. C’est vrai que Martine Arino existe, maintenant, dans le mouvement, et que je ne la connaissais pas. Son passage à Paris a été, pour moi, une “ révélation ”. Je pense que c’est important que mon journal circule pour que les personnages qui le traversent aient conscience de faire partie d’une communauté.

Lucette se réveille. On boit le café ensemble. Je lui dis :

-Alors, on part en Italie ?

Elle m’informe alors que Patrick Boumard a téléphoné, pour dire que Vito d’Armento, contrairement à ce qu’il avait promis, n’a pas pris les billets d’avion. Patrick Tapernoux a été prudent en s’occupant lui-même du problème… Donc, on annule. Rentrant d’Allemagne, j’aurais pourtant été partant pour l’Italie. Quand je vois tout ce que j’ai tiré de ce voyage à Karlsruhe ! Je crois que c’est la même chose pour Gaby, qui m’a déjà envoyé un message, hier soir à 23 h 30 (donc de Würzburg) :

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“ Lieber Remi, es war schön, dass du da warst ! Gerade als ich wieder in mein Büro zurückkam, wurde ich von Rekus (ein Kollege von der Uni Karlsruhe) angerufen und gebeten, morgen bei der Tagung in Münster für einen erkrankten Referenten einzuspringen und einen Vortrag über Hochbegabung zu halten. Unsere Gespräche gestern und heute haben meine Gedanken so geklärt, dass ich mich entschlossen habe zuzusagen. Jetzt muss ich in aller Eile meine Gedanken sammeln. Herzliche Grüße, Gaby. ”

Je trouve aussi le message d’Augustin Mutuale :

“ Bonsoir Remi, C'est bon de lire ton message, cela me fait du bien... Je suis resté avec les inquiétudes quant à ta santé et ces ennuis judiciaires en tant que directeur de collection, comme quoi nous pouvons rester dans le passé, alors que la vie passe... Je viens d'ouvrir ma messagerie : cela aurait été avec grand plaisir de te rencontrer. Fais-moi signe si tu as du temps dans les jours ou les semaines à venir... Je compte me procurer ton livre, et lire avec plaisir aussi celui de Lucette. Avec son côté exigeant, je m'imagine déjà la qualité de son bouquin. J'ai été contacté par un petit éditeur pour publier ma thèse. Il fallait un travail de réécriture, je n'avais pas le temps. Je lui ai proposé l'essai sur la relation pédagogique, que je t'avais envoyé, il compte le publier bientôt. Voilà pour les nouvelles... Bonne semaine en Allemagne. Affectueusement. Augustin ”.

Je m’aperçois que ce Journal pédagogique est le maillon qui manquait à mon Journal des moments. J’ai l’impression de ne plus laisser perdre cette vie qui occupe l’essentiel de ma vie : la relation pédagogique.

Hier, j’ai observé Gaby recevoir ses étudiants, dans son bureau. Je me disais qu’il serait important qu’elle tienne un journal de toutes ces rencontres interpersonnelles qu’elle construit avec ses étudiants. Je crois qu’elle a compris mon propos, quand je lui

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disais que, pour moi, il y a deux types de pédagogues universitaires :

-ceux qui produisent des discours théoriques,-et ceux qui tiennent un journal d’observation du

quotidien de leur pratique.

Le journal est la médiation entre la pratique et la théorie. C’est dans ce type d’écrit, que l’on suit les méandres de la réflexivité pédagogique. Et c’est cela qu’il faut observer : comment on réussit à aider les gens, en les écoutant. Les enseignants sont tellement occupés, qu’ils ne font jamais cela. Si l’on veut que la pédagogie soit théorisée par les pédago-gues, il faut que nous fassions le travail que Freud a fait pour la psychanalyse : noter tout ce qui concerne notre activité. La clinique pédagogique est la seule source sérieuse de la connaissance. Le reste n’est que du normatif et du prescriptif (inintéressants, pour moi). La seule chose qui puisse parler aux enseignants est notre rapport à l’élaboration de notre propre pratique.

Gaby ne connaissait pas Moments pédagogiques de Janusz Korczak. Je lui ai dit de regarder de toute urgence l’excellente traduction allemande de ce texte. C’est la lecture de cette traduction qui m’a décidé à faire traduire ce texte en français. Quand on pense que Korczak n’était pas un enseignant !

Parmi les satisfactions, que j’ai eu hier avec Gaby, l’idée de lui publier son journal de prof de lycée. Elle a écrit une centaine de pages sur sa classe de surdoués. J’en ai parlé à Véronique hier, en rentrant à Paris. Elle est d’accord pour publier ce texte dans sa collection “ Moment du journal et journal des moments ” :

-On le publie en allemand ?, m’a demandé Véro.-Oui.

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En fait, ce matin, je me demande tout de même si on ne devrait pas le traduire.

Je transmets à Kareen le message de Martine. Je crois que Kareen sera intéressée de lire la thèse de Martine.

Christine Delory-Momberger me demande l’adresse de Sergio Borba (Brésil). Je lui donne en lui écrivant cette phrase lapidaire : “ Je t'embrasse. Je rentre de Karlsruhe, où j'ai visité l'Empire de Gaby ”. Je suis content de cette formule. Le bureau de Gaby, “ Kaiserallee ”, est plus beau que celui du président de Paris 8.

Christian Verrier m’envoie le message circulaire suivant :

“ Chères et chers ami(e)s, le projet de licence en ligne continue d’avancer. Pour ne pas le limiter à la formalité statutaire du conseil d’UFR, et pour encore davantage de transparence, il a été présenté ce matin à tous les enseignants présents lors de la réunion Master-Licence, Sous peu, le projet d’accord entre l’IED et l’UFR (dont je vous soumettrai la version finale dès que l’IED l’aura totalement finalisée) devra être signé de part et d’autre. Dans un deuxième temps, nous devrons tous signer contrat individuellement avec l’IED. La forme de ces contrats individuels devrait également nous être soumise bientôt.

Pour l’instant, hormis la construction des cours par chacun qui doit continuer d’avancer, il nous faut décider de certaines choses concernant les chargés de cours et les tuteurs de la licence en ligne. Si certains d’entre nous choisissent d’accomplir une part de leur service dans la licence en ligne, il faut aussi penser aux chargés de cours qui les remplaceront dans la licence en présentiel. Pour les tuteurs (niveau DEA au

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moins), il nous faut en préciser le nombre, et déterminer leurs tâches avec précision. Chaque dossier de chargé de cours et de tuteur devra ensuite passer en commission de spécialistes, et je pense qu’il serait bon que cela soit fait avant l’été, pour mettre toutes les garanties temporelles et administratives de notre côté.

Il y a également les regroupements, dont il nous faut examiner les modalités. Ils sont facultatifs, mais sans doute faudrait-il en organiser au moins deux, en début et fin d’année universitaire (à Paris VIII ou en tout autre lieu plus approprié), pour ceux des étudiants qui désireraient et pourraient les suivre en fonction de leur lieu de domicile.

À tout cela il faudrait encore ajouter la question relative à la meilleure façon de faire connaître cette licence à distance en plus de la publicité que va réaliser l’IED à hauteur de 6.000 ? (penser à des affiches, à des tracts, à la future brochure de la licence en présentiel, nos réseaux internes et personnels, création d’une page Internet spécifique, ouverture sur l’Afrique avec Youssouf Abakar, etc.).

Pour évoquer ces questions et y apporter un début de réponse, je vous propose deux dates de réunion : vendredi 1er avril à 9h00 salle A 431 ou lundi 4 avril à 9h00 salle A 431. Indiquez-moi la date qui vous convient le mieux, afin que nous soyons le plus nombreux possible pour débattre de toute cette logistique un peu lourde, mais indispensable pour nos débuts. Nous progressons bien, il me semble. Amitié à tous, Christian ”.

Avant de répondre à ce courrier, je voudrais noter

que je viens de relire ce journal. Je m’aperçois qu’il porte sur ma manière de vivre “ la relation pédagogique ”. Je me demande si, dans la réécriture de La relation pédagogique, entreprise avec Lucette et Gaby, il ne serait pas important de publier des extraits de journaux pédagogiques : ceux de Raymond Fonvieille, celui de J. Korczak, celui de Gaby sur les

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surdoués, le mien, etc. Le journal doit vraiment être présenté comme l’outil pour une clinique de la relation pédagogique. Ce livre serait alors vraiment différent de celui qu’a produit Augustin Mutuale. Les deux ouvrages ne seraient pas concurrents, mais complémentaires.

Anna Royon vient de nous envoyer sa traduction de Moments pédagogiques, de J. Korczak. Le problème, c’est que c’est une version papier. Je lui envoie un message pour avoir une version numérisée. Je sens que nous avançons dans la bonne direction.

J’écris à Nicole Gabriel, germaniste, avec qui j’ai l’intention de renouer avec la traduction de l’allemand :

“ Chère Nicole, depuis décembre, j’ai laissé tes messages sans réponse. Après mes problèmes de santé, je suis parti en voyage à Buenos Aires, pour profiter de mon sabbatique. Aujourd’hui, je suis de retour, et je voudrais reprendre contact avec toi pour deux choses.

La première, ce serait de te demander de m’envoyer ton texte “ Big sister dans la scène féministe berlinoise. Une observation participante hors situation ”, en texte attaché pour que je puisse le rendre à l’éditeur sous forme numérisée. Tu ne m’avais envoyé qu’une version papier. C’est le seul texte qui manque. Je veux rendre le livre dans les jours qui viennent, car on veut le lancer en juin dans un colloque à Paris 8.

La seconde concerne la traduction du livre de Gaby Weigand, Schule der Person. Je rentre de Karlsruhe, où j’étais hier. Nous avons beaucoup réfléchi avec Gaby sur cette traduction. Le livre est trop gros pour être édité, tel quel, en français. Par ailleurs, il s’inscrit fortement dans la discussion allemande. Voilà ce que j’ai proposé à Gaby : on fait 4 ouvrages de son livre. Les parties 1, 2 et 6 sont publiées sous le titre Ecole de la personne. Ce sera le premier volume. Ensuite, les parties 3, 4 et 5 forment des volumes séparés que l’on intitule : Ecole et société ; Ecole et individu ; Ecole, utopie, anarchie,

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avec comme sous-titre : Ecole de la personne 2, 3, 4. Pendant que l’on traduit le premier volume, Gaby complète les volumes 2, 3 et 4 en rajoutant des moments français (Durkheim) ou autres, mais pas allemand, pour élargir sa perspective à une discussion internationale.

Pour ma part, je vais partir jusqu’au 25 mars à Stanford (Californie), mais ensuite, je serais prêt à travailler huit heures par jour à ce chantier. Serais-tu disponible à ce moment ? Es-tu partante ? Excuse-moi de t’avoir fait attendre, mais en dehors de mes problèmes personnels, je vivais quelques doutes sur le travail à entreprendre. Aujourd’hui, les choses sont plus que claires dans ma tête. Je t’embrasse très fort. Remi.”

Je reçois de Rio le message suivant de Lucia Osorio, via Benyounès. Elle me l’avait envoyé personnellement, mais je n’y ai pas encore répondu : “ Voilà ce qui j’ai envoyé à Remi, sur mes dernières idées. Par rapport au Congrès, n’oublies pas la table ronde sur l’analyse institutionnelle transfrontière, à laquelle je veux participer. Et il y a aussi cette expo que je suggère. Ici au Brésil, il y aura aussi un Congrès de Sciences Humaines et Sociales, dans le domaine de la santé. J’essaie d’y amener notre discussion sur l’analyse interne, en proposant un thème sur : “ L’analyse interne comme un dispositif socianalytique dans les services de santé : une tentative d’intervention dans les "centralismes" de la santé ”.

Voilà le texte :

"Il y aura cette année un Congrès International sur Paulo Freire. Tout de suite, je me suis réclamé du LAMCEEP, des IRRAIDUCTIBLES. J’ai déjà proposé des échanges entre nous et les organisateurs, avec qui probablement je vais travailler. Par rapport à l’année France - Brésil, j’ai eu l’idée de faire une exposition sur le thème de l’interculturalité ; et le dispositif utilisé sera Les dessins des enfants de la France et du Brésil. François, en tant qu’enseignant, fait déjà une recherche très intéressante sur l’interculturalité dans ses classes. Tu sais la richesse de l’interculturel en France. Mais nous faisons des

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échanges avec les enfants de la France et ceux du Brésil. C’est une autre branche à montrer. Et moi, j’ai déjà toute une production sur les dessins des enfants, notamment avec ceux des favelas. Evidemment, quand je me réfère aux dessins, je considère l’écriture aussi comme des dessins. Je me rappelle Kafka avec ses descriptions très belles qui, quand on les lit, suggèrent de beaux dessins. Ça donnera une belle expo. Je pense l’exposer au Congrès Mondial de l’AI, en juin. Parce qu’avec mon travail avec les enfants, la pédagogie institutionnelle, dans sa version plus autogestionnaire, est un dispositif important.

Mais, je pense aussi au LAMCEEP, comme une institution en France qui appuie ce projet, pas financièrement mais politiquement. Je rêve de faire cette expo au Centre Georges Pompidou, qui pourra nous donner ce qu’il faut. Nous pourrions penser à cela, non ? L’interculturel transfrontière. Voilà, bisous. Lúcia. Dans quelque temps, je t’envoie le projet ”.

Je me demande s’il est encore possible de monter une expo au centre Pompidou dans un tel délai. Par contre, à Paris 8, pourquoi pas ! Il faudrait l’écrire à Lucia.

12 h 30,

Je viens de restituer à Lucette quelques bribes de ce que j’ai découvert à Karlsruhe. Lucette est effrayée par tous les chantiers que je mène de front. Elle est d’accord sur l’idée de faire une place au journal pédagogique dans la réédition de La relation pédagogique. On cherche le livre de R. Fonvieille. On n’en a plus d’exemplaire. Il faut aller le rechercher chez Anthropos. En cherchant R. Fonvieille, je tombe sur Michel Barlow et Hélène Boissière-Mabille, Ecrire son journal pédagogique, analyser et élaborer sa pratique (Lyon, Chronique sociale, 2002, 140 pages).

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C’est un très bon livre. Michel Barlow a soutenu son habilitation à l’Université de Reims (sous ma direction), le 10 mai 1994. Il avait dans son jury : Ch. Hadji, J. Houssaye, G. Lapassade, Ph. Meirieu, et moi-même. Il est aujourd’hui retraité, mais il a terminé sa carrière à Lyon I. Son œuvre publiée est dense (une cinquantaine d’ouvrages, dont Le métier d’enseignant, publié chez Anthropos, par Lucette Colin). Au départ, il est professeur de lettres.

Je relis, avec enthousiasme, Ecrire son journal pédagogique, analyser et élaborer sa pratique. Le chapitre 1 : “ Clarifier les enjeux ; pourquoi écrire son journal pédagogique ? ” est très clair. Je suis entièrement d’accord avec ce travail. Par la suite, Michel va chercher ses exemples davantage dans la littérature, alors que moi, j’irais plutôt les chercher dans l’histoire de l’anthropologie ou de la pédagogie. Mais, globalement, son livre est indispensable. Il faut le faire connaître, le reprendre. Michel et Hélène proposent de distinguer dans le journal, le moment de l’expression (écrire) du moment de la communication (faire lire). Ils distinguent le journal pédagogique du journal intime. C’est déjà une logique de journal des moments. Très bien ! Les auteurs se situent par rapport à mon Lycée au jour le jour… Est-ce que Kareen ou Gaby connaissent ce livre ?

Je dois penser mon Journal pédagogique en m’inspirant des dimensions soulignées par les auteurs (p. 19) :

-le journal sera une relation des évènements vécus, ou du moins de tel ou tel d’entre eux qui a paru plus digne d’intérêt,

-il s’agit d’une sorte de mémorial pour soi et pour autrui ; plus fidèle que la mémoire,

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-le journal est un outil au service de l’action,-il est déclencheur d’une réflexion.

L’outil du journal aide, en plus, à la constitution d’une communauté de lecteurs (lecteurs nécessaires) qui m’aident à penser ma pratique et à l’orienter (lui donner du sens). La pratique a toujours du sens, mais trop souvent implicite. Le lecteur nous renvoie des questions qui obligent à expliciter le sens de ce que l’on met en chantier. Par exemple, ma rencontre avec Gaby, hier, lectrice de mes journaux, correspond à ce que Marc-Antoine Jullien préconisait : faire contrôler son travail d’auto-formation et d’auto-observation, de temps en temps, par une personne extérieure. Cette personne doit avoir une certaine distance par rapport à nous.

Pour moi, le Journal pédagogique doit avoir pour projet de construire la pédagogie, comme science autonome des autres sciences humaines. C’est le lieu de rencontre instituante entre la théorie et la pratique, ou plutôt entre la pratique et la théorie.

Hier, j’ai écrit mon Journal pédagogique sur un carnet. Il faudra réintroduire ces pages au fil de ce texte…

14 h 30,

Je viens d’exposer à Christian Verrier responsable de la licence en ligne, ma proposition d’une ouverture de cours à Gaby Weigand sur l’introduction à la pédagogie. Je lui confirme cette proposition par écrit :

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“ Cher Christian, suite à l’échange téléphonique que nous

venons d’avoir, je te mets par écrit ma proposition de recruter Gabriele Weignad comme chargée d’un cours d’introduction à la pédagogie.

Je rentre de Karlsruhe, où notre collègue G. Weigand a été nommée professeur d’université (de première classe : C4), à la Pädagogische Hochschule, en octobre dernier. Cet institut universitaire forme 3000 futurs enseignants et éducateurs. Elle y est directrice de la recherche.

Contrairement à plusieurs collègues du département, tu ne la connais pas. Il me semble donc important de te dire deux mots de son itinéraire. Elle est née en 1953. Elle a fait des études de sciences de l’éducation en Allemagne (Wurzburg) et en France (Bordeaux). Elle a publié sa thèse en 1983 sur le thème Eduquer malgré les institutions ? La pédagogie institutionnelle en France. Ce livre est le meilleur ouvrage jamais écrit sur la pédagogie institutionnelle (elle a 500 ouvrages en bibliographie). Gabriele Weigand a fait une formation d’enseignante du secondaire en histoire, allemand et philosophie. Après avoir enseigné en lycée, elle a été promue maître de conférence à l’Université de Würzburg, où elle a enseigné les sciences de l’éducation durant cinq années. Ensuite, elle a choisi de retourner en lycée. Elle a été tour à tour professeur, puis proviseur (tout en gardant une classe). En 2000 et 2004, elle enseignait dans une classe regroupant des enfants surdoués. Sa classe fut la première regroupant ce type d’élèves dans l’enseignement public allemand. Depuis 1985, avec Lucette, nous travaillons avec elle sur des recherches diverses. Nous avons passé ensemble 10 jours par an, à faire des observations dans des échanges de classes en France et en Allemagne entre 1985 et 1996. Pour ma part, j’ai publié avec elle La relation pédagogique (Armand Colin, 1994), que nous allons prochainement rééditer dans une version augmentée, et en allemand Institutionnelle Analysis (Athenaum, Francfort, 1988). Son habilitation (2004) a été publiée sous le titre Schule der Person. Il s(agit d’une somme qui sera publiée en français en quatre volumes. Nous allons publier en juin prochain, un

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livre collectif que nous avons coordonné ensemble : L’observation participante (Anthropos).

Ma proposition est de demander à Gaby Weigand d’assurer un cours dans la licence en ligne. En effet, elle dispose d’un cours exceptionnel intitulé “ Introduction à la pédagogie ”, sur l’histoire de la pédagogie, qu’elle assure à 400 futurs enseignants de Karlsruhe. Son cours est illustré de photos qu’elle projette sur écran. Je vais le publier en France, mais il me semble qu’en faire une version en ligne ne poserait aucun problème. Il me semble qu’un tel cours viendrait compléter utilement le programme proposé aux étudiants.

Gaby étant bilingue, elle pourrait en assurer le suivi. Si elle pouvait être recrutée comme chargée de cours, avec son accord, je me propose (pour éviter toute difficulté pratique), de co-suivre ce cours avec elle, et en échange, elle co-suivrait le cours sur l’analyse institutionnelle, sujet dont elle est l’une des toute meilleures spécialistes au niveau mondial. Nous serions donc titulaires, l’un et l’autre, de deux demi-EC, soit un EC par personne. Il me semble que cette ouverture à notre collègue allemande aurait l’avantage de transversaliser notre offre de formation sur le plan européen.

En espérant que cette proposition intéressera notre collectif, je t’assure, Cher Christian, de tout mon engagement dans ce chantier que tu pilotes. Amitié. Remi ”.

Ce 10 mars, Anna Royon m’envoie les Moments pédagogiques, par courrier électronique :

“ Voilà ! 2 textes en pièces jointes. J'aurai, je crois, à relire une dernière fois les épreuves et à donner le bon à tirer, ou est-ce toi qui t'en occupe ? Je ne suis pas très familière des procédures éditoriales... S'il est nécessaire de se déplacer à Paris pour se voir, je peux m'organiser.

Merci pour l'envoi de ton journal de Buenos Aires, j'attends avec impatience la suite, c'est très intéressant et tellement vivant qu'on a l'impression d'y être.

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Il y a deux jours, un Conseiller d'Education Populaire et de Jeunesse du Limousin (!) m'a contactée pour savoir si nous pouvions aider leur groupe de jeunes animateurs en formation à trouver des contacts pour un échange avec Berlin. Ils travaillent sur la dimension interculturelle du travail d'animateur, citent un seul auteur en décrivant leur formation sur le thème de la citoyenneté et de la participation en référence à la pédagogie institutionnelle : Remi Hess. Peut-être connais-tu ce monsieur, Jean-Paul Bouzonie ? Décidément, nos routes n'arrêtent pas de se croiser ! Bises de Berlin. Ania ”.

Ce texte sympathique me fait penser que je devrais un peu abandonner la pédagogie pour retourner à la relecture de Voyage à Buenos Aires ! Mais avant, je vais lire les derniers messages pour y répondre et être à jour dans mon action pédagogique.

Jeudi 10 mars, 11 h 30,

Je reçois le message suivant de Christine Delory-Momberger :

“ C'est vrai que c'est pas rien l'espace d'un prof en Allemagne... J'espère que vous avez bien travaillé et que notre projet de livre va aboutir.

Hier la Brésilienne Maria-Julia est intervenue dans mon cours de maîtrise à Paris 13. Les étudiants étaient très intéressés, et je crois qu'elle était elle-même contente. C'est pas mal de faire "circuler" les personnes de passage à Paris.

Pour une collection sur les récits de vie aux Presses de Sainte Gemme, je crois que j'ai un bon titre.

Je t'appelle en milieu d'après-midi. Si tu es disponible, je pourrai passer te voir en fin d'après-midi. ”

Je n’ai ouvert mon courrier que maintenant. Depuis hier, j’ai relu très attentivement Les moments pédagogiques de Janusz Korczak, dans l’excellente

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traduction d’Anna Royon-Weigelt, ainsi que son avant-propos. Au fur et à mesure que je corrigeais les fautes dactylographiques (ce travail m’obligeait à revenir constamment en arrière), j’ai échangé mes commentaires avec Lucette. Celle-ci souhaite que j’écrive une préface “ Penser le moment pédagogique ”, et que je regarde ce qu’a envoyé Kareen, autour d’une question “ Découvrir Janusz Korczak aujourd’hui ”. J’ai résisté à rajouter mon nom dans ce chantier, mais Lucette s’est alors mise en colère, me reprochant de n’écrire que mon journal, en refusant d’écrire tout texte théorique que ce soit. Elle m’a alors apporté le livre de Bernard Charlot, Le rapport au savoir, à la page 79. On y peut lire un passage où l’auteur se réfère explicitement à mes recherches sur le moment pédagogique :

“ La situation d’apprentissage n’est pas seulement marquée par le lieu et par les personnes, mais aussi par un moment. Apprendre, sous quelque figure que ce soit, c’est toujours apprendre à un moment de mon histoire – mais aussi à un moment d’autres histoires, celle de l’humanité, de la société dans laquelle je vis, de l’espace dans lequel j’apprends, des personnes qui sont en charge de m’apprendre. “ La relation pédagogique est un moment, c’est-à-dire un ensemble de perceptions, de représentations, de projets actuels s’inscrivant dans une appropriation des passés individuels et projections que chacun construit du futur6 ”. Là encore, la question est importante : on apprend parce que l’on a des occasions d’apprendre, à un moment où l’on est plus ou moins disponible pour saisir ces occasions ; mais parfois l’occasion ne se représentera pas : apprendre est alors une obligation (ou une chance que l’on a laissé passer).”6 Remi Hess, “ Les surprises de la découverte de l’autre ”, Université de Paris 8, avril 1994. Ce passage du texte est écrit en référence à nos propres recherches et à l’œuvre d’Henri Lefebvre (La somme et le reste, 1959 ; R. Hess, Henri Lefebvre et l’aventure du siècle, Paris, Métailié, 1988). Cette note est dans le texte de B. Charlot.

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Si j’accepte cette commande, c’est que je crois que le texte de J. Korczak est stratégique dans l’histoire de l’éducation, mais qu’il faut le montrer. Ce texte est stratégique parce qu’il montre que la seule chose vraiment importante pour un pédagogue, c’est justement de tenir son journal ! Je fais ce pied de nez d’autant plus volontiers à Lucette, que je sais qu’elle ne lira pas cette remarque, refusant de lire mes journaux. Pourquoi les enseignants de sciences de l’éducation méprisent-ils la pédagogie concrète ? Parce qu’ils ne savent pas enseigner. Ce constat d’incompétence a-t-il un effet ? Oui. Les sciences de l’éducation passe à côté d’un continent qui devrait être le cœur de la discipline et qui en devient donc le point aveugle. Mais il faut que j’arrête de dire du mal des collègues, et que je retourne au charbon !

Juste un petit message pour Gaby, que je n’ai pas remercié de son accueil à Karlsruhe :

“ Ma Chère Gaby, tu vas certainement me trouver sans gêne, de ne pas t’avoir encore écrit un petit mot pour te remercier de ton excellent accueil, lundi et mardi derniers, à Karlsruhe. Mais, sachant que tu étais occupée dans ton colloque de surdoués, j’ai investi mon énergie pédagogique dans la relecture des Moments pédagogiques de Janusz Korczak, dans l’excellente traduction d’Anna Royon-Weigelt. Comme tu n’as pas encore lu ce texte, je me suis attaché à en corriger les fautes dactylographiques pour pouvoir te l’envoyer le plus tôt possible. Je t’envoie aussi l’avant-propos d’Anna. Ces deux textes sont géants, ils apportent de l’eau au moulin de notre réflexion. Lucette, qui va éditer cette traduction, me commande une préface sur le thème “ Penser le moment pédagogique ” ; je vais m’y mettre. Je vais aussi t’envoyer mon lexique. Bonne lecture. Remi. ”

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12 h 50,

Lucette m’a interrompu, pour me demander de relire deux textes d’elle sur “ L’éducation informelle ”, et sur “ Psychanalyse et éducation informelle ”.

Ensuite, j’envoie Moments pédagogiques à Gaby et Kareen. À Kareen, j’écris :

“ Chère Kareen,

J'espère que tu vas bien. J'ai reçu hier les deux textes ci-joints dont je viens de terminer la lecture. Je te les envoie. Tu verras que la traduction d'Anna est vraiment excellente. Lucette m'a demandé une préface sur "Penser le moment pédagogique", et elle m'a demandé un texte de toi sur "Découvrir Korczak aujourd'hui", qui constituera la postface. Je vais regarder les textes que tu m'as envoyés. Je vais travailler à une mise en forme en fonction de l'espace dont nous disposons, puis je t'enverrai ma proposition, que tu pourras revoir, critiquer, voire augmenter. En tout cas, bonne lecture !

Je t'embrasse, tout heureux de penser que tout le travail que nous avons conduit ensemble sur J. Korczak entre 2002 et aujourd'hui puisse enfin déboucher sur une oeuvre importante. En te remerciant encore pour tout ce que tu as fait sur ce terrain.

Je viens d'avoir Jean-François Dortier, le directeur de Sciences humaines. Il accepte ton texte "L'analyse institutionnelle", dans le livre Les organisations, état des savoirs, qui doit paraître en septembre 2005, Sciences humaines éditions.

À très bientôt, et bon courage pour les derniers moments d'attente de ta fille... Remi ”.

J’écris à Anna pour la remercier de sa traduction, vraiment exceptionnelle.

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14 h 50,

Je travaillais à la frappe de mon entretien du 24 février, à Buenos Aires, avec Cristian Varela, directeur de l’école de la police de Buenos Aires (que je destine à Sciences humaines), sur “ Normes et déviances ”, lorsque j’ai été interrompu par un coup de téléphone de René Daval, professeur de philosophie à l’Université de Reims, qui me demandait d’accepter de participer au jury de la thèse d’un formateur de l’IRSTS de Reims, un ami de Pierre Montecchio. René Daval est ami de Jacques Demorgon. Malgré mon sabbatique, j’ai accepté cette invitation avec plaisir. R. Daval cherchant un troisième membre, j’ai proposé le nom de Christine Delory-Momberger. Il a accepté. Je me demande si Gaby serait intéressée par ce jury, qui aurait lieu juste avant le colloque de Saint-Denis (juin 2005). Il me faut l’accord de Gaby, avant que je n’en parle à René Daval.

18 h,

Je reçois deux courriers d’Ania :

“ Bonjour Remi ! Comme signature : Anna Royon, ce sera mon nom d'auteure... Ania est pour les intimes. Merci pour ton appréciation de l'avant-propos... tu dis qu'il est cinglant ? Peut-être l'immersion dans la culture allemande m'a-t-elle appris à moins enrober les choses, mais je n'avais pas conscience que c'était à ce point ? À bientôt ! Ania. ”

Et :

“ Cher Remi, je viens de lire ton deuxième mail, je suis contente que cette traduction arrivée à plus de maturité te plaise. Je me sens beaucoup mieux d'ailleurs avec ce texte qu'avec ma première "livraison". J'ai pris plus de libertés dans

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la deuxième phase, et cela m’a donné de l'assurance. J'avais eu plusieurs entretiens avec des traducteurs et avec ma soeur, dont c'est le métier premier !

En ce qui concerne la correction des épreuves, allez-y, je vous fais confiance. Je suis seulement très impatiente de voir l'ensemble et serais très heureuse que tu m'envoies une version numérique, pour que je puisse tout lire avant que le bouquin paraisse sur papier.Je compte par ailleurs verser une partie des droits d'auteur aux archives Korczak de Varsovie, pour soutenir leur travail de dépouillement des archives. Il reste des textes inédits. À très bientôt. Ania ”.

Vendredi 11 mars, 6 h 30,

En me réveillant, je reçois deux courriers :

“ Cher Professeur Remi, Bonjour ! J'aimerais savoir si vous êtes déjà à Paris. On peut se voir pour parler de mon projet ? A bientôt. Maria Julia Granato ”.

Réponse : “ Je suis à Paris aujourd'hui, vendredi. Je peux vous recevoir à l'heure qui vous convient ”.

Elle me donne son téléphone. En regardant mon agenda, je m’aperçois qu’il y a aujourd’hui une réunion de Pratiques de formation. Il faudrait y aller. Il y a aussi la réunion des irrAIductibles. Donc, il faudrait renvoyer un courrier à Maria Julia, mais je vais me renseigner sur l’heure de la réunion de Pratiques de formation. Je n’ai pas noté l’heure, car en principe, je devrais être en Italie. Hier, à midi, coup de fil de Driss Alaoui et de Georges Lapassade. Ils étaient sur le départ à Roissy. Ils voulaient savoir pourquoi on ne venait pas. Ils nous ont appris qu’à cause de la grève, l’avion de Boumard a été supprimé. C’est la merde.

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Message de Christine Delory-Momberger :

“ Cher Remi, Je me sens toute dynamisée par notre rencontre de tout à l'heure. N'oublie pas d'envoyer la lettre pour savoir s'il y a une traduction de l'œuvre pédagogique de Schleiermacher en cours. A très bientôt ”.

En effet, Christine est restée jusqu’à 21 h. Je l’ai écoutée. Je lui ai proposé de diriger une collection aux Presses universitaires de Sainte Gemme. Nous avons parlé de nos projets d’édition. Mais avant, je lui ai restitué quelques éléments de mon voyage à Karlsruhe. Nous avons parlé de la traduction de Schleiermacher, qui se trouve dans l’impasse. C’est un peu le même problème que pour Moments pédagogiques. La première traductrice est passée à côté du texte. La seconde a mis du temps, mais elle y est finalement parvenue. On attend la traduction de Schleiermacher depuis 1828. C’est vraiment urgent maintenant. Dans le cadre du livre qu’elle prépare pour moi sur les pédagogues allemands, le détour par une traduction de Schleiermacher apparaît à Christine comme une possibilité de travailler son “ objet ”. Si Christine est professeur d’université (elle est maintenant qualifiée), elle pourrait faire le détour de ce travail pénible qu’est une traduction. Mais là, il s’agit d’une traduction historique, absolument indispensable pour penser la pédagogie. La collection qu’il faudrait créer : “ Parole de soi de pédagogues ”. On prévoit les histoires de vie de : J. Ardoino, R. Barbier, G. Berger, G. Lapassade, M. Lobrot, G. Weigand, déjà. Après, on verra. Mais les noms de J. Biarnès et M. Manson ont été évoqués.

Hier, soir, j’ai aussi trouvé ce message de Kareen :

“ Bonsoir, j'ai bien reçu les textes, et je suis en pleine lecture. Je voudrais savoir ce que vous avez pensé des textes

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que je vous ai envoyés. Même si les critiques sont violentes. J'aimerais votre avis. Mais étant donné que vous avez beaucoup de travail, je ne voudrais pas vous ennuyer. D'autre part, au niveau de mon sujet de doctorat, qu'est-ce que vous en pensez ? Je suis ouverte à toutes modifications et discussions. Je vous embrasse, et vous remercie pour tout ce que vous faites pour moi. Vous êtes bien plus qu'un maître, je vous suis dévouée. Avec toute mon affection. Kareen ”.

En me réveillant, ce matin, je me demandais pourquoi j’ai résisté à lire ses deux textes. Normalement, dès que Kareen m’envoie quelque chose, je le lis. En fait, il s’agit de travaux écrits pour le DEA. Elle les a intitulés : TC1 et TC2. Or, ces mots évoquent pour moi la maltraitance étudiante par une équipe de profs sadiques. Des images très fortes de profs pervers, en train de coller Vachet, Mabrouki, Boumarta, leur jouissance malsaine… C’est ce qui m’a fait résister à ouvrir ces textes. Je vais m’y mettre tout de suite.

Mais avant, il faut que j’envoie la lettre écrite à Morvillers ces derniers jours (en réponse à sa lettre du 7 mars), et que je n’ai pas envoyée, car je voulais rajouter un paragraphe sur l’usine à gaz. Il a raison sur ce point. Au moment de la relecture de mon texte, je voulais enlever cette partie. Mais Véro a préféré la conserver. Cela n’a d’intérêt que pour l’Ofaj. Cette partie a intéressé Gaby qui n’a pu être à Berlin pour le colloque Beillerot/Wulf…

J’envoie aussi ce message :

“ Cher Benyounès, je ne suis pas parti en Italie. Je viendrai donc à la fac aujourd'hui. J'aimerais que tu prennes le temps de me rencontrer à un moment ou à un autre pour me parler de ta thèse. Je t'envoie mon journal pédagogique. C'est en le relisant que je m'aperçois que je ne fais pas figurer ton

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nom dans ce journal, or, ta thèse m'intéresse. Je voudrais savoir où tu en es. Remi.

Je te joins mon journal pédagogique, ainsi que les textes de Korczak. Cela intéressera Bernadette ”.

8 h 30, après la lecture des textes de K,

Je ne comprends pas pourquoi je n’ai pas ouvert les textes de Kareen, envoyés le 6 mars. Ils sont très intéressants, un peu brouillons, mais intéressants. Dans l’un, elle polémique avec Morvillers, sur la question de l’intime. Morvillers dit que “ tout journal est intime ”. Elle n’est pas d’accord avec cette position. C’est elle qui a raison. Mais, même si, selon moi (et Kareen partage mon opinion) il a tort, Jean-Manuel a posé une vraie question, le jour de la réunion des irrAIductibles. Il nous sert à préciser en quoi le journal que nous pratiquons n’est pas intime.

Depuis 1964, date à laquelle je me souviens avoir tenu mon premier journal, je n’ai jamais tenu un seul journal intime7. Mon premier journal était écrit pour raconter un voyage, fait avec ma sœur Odile, en Allemagne (Theisbergstegen). C’est d’ailleurs en coopération avec ma sœur que j’ai écrit ce texte. Notre destinataire : le groupe familial : papa, maman, Geneviève et Benoît. Dès le départ, la méthode du journal était publique, et en plus une production de groupe.

Je ne me suis jamais senti une proximité de recherche avec Philippe Lejeune. J’apprécie ses recherches. Je les lis, quand je trouve un nouvel 7 Cette affirmation pourrait certainement être nuancée. En effet, R. Hess évoque dans d’autres journaux son « journal intime » (NDSD).

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ouvrage de lui, mais je ne me sens aucune proximité d’objet avec lui. On peut dire que lui a étudié l’intime, le journal intime, etc. Moi, j’étudie le groupe. Je suis psychosociologue, au départ. Mes parents étaient psycho-sociologues dans leur rapport au monde. Ils s’intéressaient aux groupes. Ils militaient, appartenaient à des groupes, etc. Ils m’ont donné la dimension du groupe. Avant de rencontrer l’AI, j’étais groupiste. Je ne me souviens pas avoir eu vraiment d’intimité. Dans ma famille, on vivait les uns avec les autres, en groupe. À table, à la maison, chacun était invité à raconter sa vie, constamment. À chaque repas, ma mère, ou mon père lançait le tour de table. Chacun racontait sa journée. On avait une vie individuelle pour enrichir la vie du groupe. Le mouvement de l’analyse institutionnelle a valorisé cette expérience qui fut la mienne, en l’élargissant au moment de la recherche, de l’intervention, de la professionnalisation.

Donc, par rapport à Kareen, je pense que dans son mémoire de DEA, elle doit commencer son mémoire en disant qu’il y a deux familles de journaux : le journal intime, et les autres. Toutes les formes de journaux que j’ai inventées sont à classer dans les “ autres ”. Et je ne pense pas que l’intime ait quelque intérêt avec la recherche, du moins pour moi. Le journal de recherche peut donner à lire des éléments d’intimité, mais comme on voit un corps nu dans un film d’auteur, la nudité ne permet pas de classer le film comme “ pornographique ”.

J’ai beaucoup aimé l’entretien de Kareen avec Pierre Lourau, cité dans ces textes. Je ne connais pas l’intégralité de cet entretien. Il faudrait que Kareen m’envoie ses entretiens avec Pierre Lourau. Les profs

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de la fac qui lisent cela doivent se demander pourquoi ce morceau-là d’entretien.

Toujours est-il que ces devoirs de Kareen montrent à quel point le type d’exercice proposé par mes collègues est idiot. Depuis quinze ans, la formation donnée en DEA est objectivement nulle. L’intérêt pour moi d’envoyer mes étudiants se confronter à ces collègues, c’est de leur faire prendre conscience qu’il n’y a rien à tirer des scientistes. Ils sont stériles. Longtemps, je me suis posé la question de savoir si c’est le dispositif du DEA qui a produit cette nullité, ou si ce sont les collègues qui sont eux-mêmes nuls, du point de vue pédagogique.

Dans les entretiens que j’ai eus avec Gérard Althabe8, celui-ci montre que le DEA a été une catastrophe pour l’Ecole pratique des hautes études. Cela ferait pencher la balance du côté du dispositif qui est anti-formateur. Mais, en même temps, l’expertise que j’ai fait faire de notre DEA par un groupe de professeurs d’université (franco-allemands) a été très nette : le type de discours tenu par les collègues est anti-pédagogique (il faut relire, à ce propos, le rapport de quinze pages écrit par Michel Bernard). Je n’ai jamais osé publier ce texte, mais il le faudra bien, un jour ! Le passage où Kareen rapporte sa rencontre avec Elisabeth Bautier qui lui dit qu’elle fait des confusions entre sociohistoire et méthode régressive-progressive… Là, on voit combien les choses ne sont pas claires. Je crois qu’Antoine ne facilite pas les choses. Le seul texte de lui qui soit clair : son article 8 G. Althabe, R. Hess, L’anthropologue impliqué, Ailleurs, ici, épreuves Anthropos, 2004. Cette version a été rabotée, édulcorée pour sa publication chez L’Harmattan, Anthropologie critique, 2005, sous le titre : Gérard Althabe, Ailleurs, ici.

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dans Perspectives de l’Analyse Institutionnelle (1988). Le reste est confus.

Il est dans mes intentions d’écrire un livre sur l’histoire, pour clarifier les choses pour mes étudiants. J’en ai d’ailleurs parlé à Christine Delory-Momberger hier, en donnant le titre de l’ouvrage : Le désir d’histoire. Cela devrait plutôt être un sous-titre. Le vrai titre : La méthode régressive-progressive, mais il s’agit peut-être de deux livres différents. Toujours est-il que les livres que je voudrais faire lire à mes étudiants, sur le rapport à l’histoire, ne sont pas accessibles. Il faut faire un travail de synthèse là-dessus, évidemment à partir d’une relecture d’Henri Lefebvre.

La grande difficulté pour moi, c’est d’oser m’instituer comme historien, ou plutôt comme théoricien de l’histoire. Jusqu’à maintenant, quand je cherchais d’où vient que l’homme et la femme se soient mis à danser ensemble (cf : La valse, 1989), ou quand je me suis mis éditer les recherches de mon grand père (La vie à Reims, pendant la guerre de 1914-18, 1998), j’ai fait de l’histoire, une “ connaissance utile ”. Dans mes recherches avec Gaby Weigand, sur l’histoire de la pédagogie, ou sur les origines du journal, j’ai le même désir d’histoire9.

Je pense que Kareen n’a pas reçu mon livre sur Le journal des idées. Je lui ai dédicacé le 25 février, mais il est toujours sur mon bureau. Il faut que j’aille le poster. Cela sera toujours plus utile, pour elle, que de continuer cette méditation.

9 h 30,

9 Sur le rapport de R. Hess à l’histoire, voir ses développements dans Les Etats-Unis, 2006 (NDSD).

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Avant de partir à la poste, j’envoie ce courrier à Gaby :

“ Chère Gaby, Nicole Gabriel est d'accord pour le chantier traduction. On le commencera à mon retour de Californie. Elle n'a pas de version numérisée de son texte pour Observations participantes. Je vais donc le retaper moi-même, aujourd'hui même ! Je t'envoie mon Journal pédagogique, dans son état actuel. L'énergie dégagée de Karlsruhe se prolonge. Elle est communicative. J'en profite pour avancer, et aider mes proches à avancer. Je t'embrasse. Remi. Excuse-moi de te renvoyer les premières pages que tu as déjà lues ”.

UNE DERNIÈRE REMARQUE. Gaby me disait que le temps lui avait manqué, quand elle était enseignante de lycée, pour tenir un journal régulier :

-Le praticien est débordé, il a toujours l’appel de la pratique, m’a-t-elle dit. Il n’a pas le temps d’écrire son journal.

Ma réponse :-Le praticien doit d’abord écrire son journal, puis

s’intéresser à la pratique. Une pratique sans journal n’a aucun intérêt. Le vrai pédagogue est celui qui pense sa pratique. Une pratique sans réflexivité n’a aucun, mais vraiment aucun intérêt. De plus, elle n’a aucun sens. C’est, au mieux, de l’animation socio-culturelle, mais plus sûrement de s’esbroufe. Il vaut mieux se mettre en retraite, que d’avoir une pratique pédagogique sans journal. Contrairement à ce que l’on pense, ce n’est pas un luxe, c’est le B-A, ba de la professionnalité. C’est le fondement de l’exercice pédagogique.

Je trouve assez fou de penser qu’il m’a fallu être en congé sabbatique pour que je commence un vrai “ journal pédagogique ”. En fait, j’ai réfléchi que j’en

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avais déjà des centaines de pages, mais mal intitulées. Je vais devoir revisiter tout ce que j’ai écrit, pour dégager mon Journal pédagogique. J’ai montré, ailleurs, que, dans mon Journal des moments, un moment existe avant d’être nommé comme il faut. C’est le cas pour toutes les pages écrites sur le maître, le disciple, l’autogestion pédagogique, etc. Je vais les relire, les ré-organiser, les donner à l’édition.

Dans le texte de Kareen, il y a quelque chose de mal défini : le carnet socianalytique. En fait, pour critiquer son travail, il me faudrait le reprendre ligne à ligne. Est-ce possible par écrit ? Son travail le mériterait. Se pose pour moi la question du rapport au temps. Qu’est-ce qui est prioritaire pour moi ?

12 h 20,

Je viens de terminer de frapper le texte de mon entretien avec Varela. Je le lui envoie. Au courrier, une réponse de Christine à mon idée de placer l’expérience dans le titre de notre nouvelle collection :

“ C'est à la fois de leur expérience, mais aussi de leurs théories dont il est question... Il faut continuer à réfléchir, je crois. J'ai lu ton Journal pédagogique. Très intéressant de suivre ainsi jour par jour, heure par heure, tes interactions pédagogiques. Mais c'est aussi toujours "entfremdend" de se retrouver raconté par toi ! À bientôt. Christine ”.

Pour les non-germanistes : Die Entfremdung signifie ou l’aliénation, ou au sens figuré le refroidissement. Christine pose là une vraie question que Kareen devrait reprendre. C’est la question que pose constamment Lucette à propos du Journal institutionnel. Le problème de mon journal, c’est que,

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pour analyser la manière dont je suis impliqué dans les relations sociales, je mets en scène d’autres personnes. Je les implique. Pour Lucette, cette pratique ne peut qu’entraîner un refroidissement des relations entre l’auteur avec toutes les autres personnes dont il parle.

Vendredi 11 mars, réunion des irrAiductibles, 15 h 30,

Quand j’arrive, Mustapha Bellagnech termine un exposé sur Le Journal des idées. Je l’ai manqué. Parti de chez moi, un peu en retard, j’ai dû prendre de l’essence… Kareen n’est pas là. Aziz dévie le sujet sur autre chose. Il explique ses lectures actuelles. Mustapha me dit que ce journal n’est pas tant un journal des idées que…

Visite de Mana das Dores Pimenta à qui je propose de traduire mon journal de Brasilia. Elle est d’accord. Il me faut le relire.

Dimanche 13 mars, 10 h 30,

Réveil vers 6 h 30, à cause du chat. Je me décide à terminer le roman allemand Milonga, acheté à Karlsruhe, avant de faire toute autre chose. Ensuite, je regarde mes courriers électroniques :

Gaby m’écrit, ce matin à minuit 15 :

“ Lieber Remi, zurück aus Münster finde ich alle deine Schriften und werde versuchen sie morgen gleich alle zu lesen. Ich danke dir sehr dafür ! Die Frage der Reflexion für Schüler und Lehrer war ein ganz großes Thema, und in Deutschland kennt man außer vielleicht das "Portefolio" keine Instrumente.

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Dein "Journal" muss bald veröffentlicht werden. Aber vielleicht sollte ich noch einen Text von dir übersetzen zum Thema: Das Journal als Instrument der Reflexion und (Selbst-)Evaluation für Schüler und Lehrer". Das hat im Moment absolut Konjunktur...

Vier Tage zur Begabungsförderung in Münster. Ich habe den Eindruck, dass durch das Thema Begabtenförderung ein Paradigmenwechsel in der Schule stattfinden kann. Das, was die Schulkritik seit Kant, Herbart und Schleiermacher und in der Reformpädagogik schon immer wollte, nämlich die Schule vom Kind her zu denken, erscheint jetzt auf breiter Basis auch in der staatlichen Schule möglich. In vielen theoretischen und praktischen Konzepten werden ganz unterschiedliche Modelle von Individualisierung und Differenzierung entworfen und praktiziert und die wissenschaftliche Forschung konzentriert sich zunehmend auf "innovative Schulen". Die Bertelsmann-Stiftung z. B. gibt dafür viel Geld.

Mein Vortrag über die pädagogische Grundlegung in der Begabtenförderung ist sehr gut angekommen, ich habe viele positive Rückmeldungen bekommen und einige weitere Einladungen. Bisher beschäftigen sich hauptsächlich Psychologen mit dem Thema. Ichglaube ich bin unter den Pädagogen fast die einzige, die sich dafür interessiert. Ich müsste ziemlich bald ein Buch schreiben, das würde sicher gut verkauft.

Aber jetzt erst deine Texte ! Bis bald, Gaby ”.

Oui. Mon livre sur le journal doit paraître en allemand, mais d’ici là je puis écrire un texte : “Le journal comme instrument de réflexion et d’(auto)-évaluation de l’élève et du professeur. ” Puisque la conjoncture est favorable, je vais le faire. Mais avant, il me faut travailler à la mise en forme du livre sur L’observation participante. Je n’ai plus grand-chose à faire sur ce dossier. Je vais m’y mettre maintenant. Mon objectif : aller porter ce manuscrit demain matin, chez Anthropos.

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Gaby lit mes textes. Avant de lui répondre, je vais essayer de travailler pour nous. Cela me donnera des informations concrètes à lui donner.

Hier, à Sainte Gemme, j’ai appris que Nadine Neiss, amie proche, va être opérée d’un cancer, alors que je serai à Stanford. J’ai été lui rendre visite, et je lui ai dit que dès que je rentrerai, je viendrai l’interviewer pour le livre Eloge de la pédagogie, que je prépare avec Rogerio Andrade Cordoba.

Lundi 14 mars, 9 h,

Hier, je me suis fait plaisir en relisant Voyage à Buenos Aires, que j’ai envoyé à un certain nombre d’amis.

Ce matin, je reçois déjà une réponse d’Alfredo Martin :

“ Cher Remi, merci de ton journal, que j'ai pu ouvrir seulement en partie, ne sachant pas quel est le type de programme que tu as utilisé (Word? autres?).. Ce texte me rappelle les journaux de René, qu'il m'envoyait de ses voyages en Amérique Latine... Il me semble intéressant que tu puisses aller, si tu veux, faire un tour sur la Place de Mai et voir les Mères... aussi, me passer les coordonnés du sociologue qui fait l'intervention à la police, si possible... Je suis en train de monter un séminaire sur l'intervention institutionnelle pour l'Institut Pichon Rivière de Porto Alegre, un autre sur Guattari et les Trois Ecologies (c'est le quatrième) et un autre sur la Psychologie transculturelle et les Droits de l'Homme... Heureux de te sentir "le frère" de Charlotte, non ? Bonnes Danses... Alfredo

p.s.: (hier, on m'a dit que j'étais "l'homme du tango". C'était une prof de danse à Belo Horizonte ; mais je sais très peu le danser : je crois que c'est par rapport à mon caractère) ».

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Je réponds à Alfredo sur les points techniques. Puis, j’ajoute :

“ J'ai un livre qui va paraître en brésilien en avril : Produire son oeuvre, le moment de la thèse. Il paraît à Brasilia. Le nom du traducteur : Sergio Borba. En principe, je devrais aller à Brasilia pour le lancement du livre en mai (vers le 15). Je devrais animer une semaine sur la pensée d'Henri Lefebvre, puis une autre sur "analyse institutionnelle et pédagogie", avec Rogerio Andrade Cordoba qui a été directeur du département des sciences de l'éducation.

Je prépare un numéro des irrAIductibles sur Normes et déviances. Veux-tu écrire dedans ? Raconte-nous ce que tu fais. Je le prépare avec des disciples suisses d'Armando Bauleo ”.

Message, aussi, de Christine Delory-Momberger qui répond à ma crainte de l’avoir aliénée en parlant d’elle dans mon journal :

“ Cher Remi, Je ne suis pas victime de l'Entfremdung. Ce mot est brechtien et signifie l'"effet de distanciation" dont il a fait la clé de ses mises en scène de théâtre. Je vais lire le plus rapidement possible le Journal de Buenos Aires. Merci de me l'avoir envoyé ”.

Je me replonge ensuite dans la frappe du texte de Nicole Gabriel (pour le livre sur L’observation participante).

11 h 15,

Je viens de recevoir Maria Julia Granato durant 3/4 d’heure. Je lui ai expliqué ce qu’il fallait faire dans son “ projet de thèse ”. Existe-t-il un plan pour exposer son projet ? À ma connaissance, non. Il faut délimiter son

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sujet, son objet. Il faut contextualiser le projet dans son histoire de vie. Je lui ai conseillé de travailler sur l’horizon des mots qu’elle emploie. Ce terme d’horizon des mots lui a parlé. Je lui ai suggéré de faire la liste des mots-clés de sa recherche, un début de bibliographie ; un petit morceau de son histoire de vie de chercheur. Maria Julia veut une ourse pour entreprendre sa thèse. Elle a u l’assistance sociale ; la bourse de type “ social ” n’est pas possible pour elle dans la mesure où elle a 46 ans. Je l’ai donc suggéré d’aller voir au service de la recherche les possibilités existantes. Elle va aller, dès aujourd’hui, rencontrer Véronique Dupont, qui s’occupe de ce dossier au service de la recherche.

Maria Julia me demande si je passe à Rio, lors de mon Voyage au Brésil. Oui. Elle me donnera son adresse.

Je retourne au dossier “ Observation participante ”. J’en suis à la page 6 du texte de Nicole.

14 h 45,

Christiane Gilon a retrouvé son texte sur “ L’observateur-intervenant ” (écrit en coopération avec Patrice). Elle va pouvoir me l’envoyer :

“ Retrouvé sans problèmes dans mes archives rangées par Patrice : merci de nous avoir sollicités, et de publier ce document. Je suis contente que tu aies réussi à mener à bien ce projet, et je me réjouis de lire cet opus ! Nous ne sommes pas réactifs en écriture, j'espère que tu nous pousseras encore dans l'avenir à prendre la plume et écrire ce qu'on pratique. CG ”.

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Il me reste la conclusion de Nicole à frapper. Le fait de faire ce travail de secrétariat, obligeant à lire attentivement le texte de l’autre, me conduit à réfléchir à une suite éventuelle à mon texte “ Durée et intensité ”.

15 h 30,

Message d’Elisabeth von Salis :

“ Cher Remi, Anbei der Artikel von Leticia Cufré aus Mexico für les irrAIductibles. Ein weiterer Artikel von Jan Weisser ist noch in letzter Bearbeitung (französisch) und hoffentlich wird der von Erich Graf (schreibt sich mit einem f !) auch noch fertig.

Für Deinen Besuch in Zürich konnten wir einen Raum mieten am Freitagabend, 6.Mai 05 und für am Samstag, 7.Mai (im "Karl dem Grossen"). Am Freitag haben wir den Raum ab 17.30h, am Sa. ab 16.30h. Gerne würde ich mit Dir planen, wie das Treffen ablaufen soll. Du wirst uns einen Vortrag zu Thema "Lernen in Institutionen" oder ähnlich halten, auf deutsch und frei gesprochen, weil man Dich dann besser versteht. 2 Kollegen von hier könnten kleine Vignetten aus der Arbeit bringen zum Diskutieren. Was könnten wir sonst vorbereiten ? Es bleibt nur noch kurze Zeit.

Möchtest Du bei uns (Th. und mir) wohnen ?Bin gespannt von Dir zu hören, von Buenos Aires und von

Italien.Herzlich, Elisabeth ”.

Réponse :

“ Chère Elisabeth,1). Normes et déviances. Je viens de recevoir ton

message, dont je te remercie. J’ai lu et corrigé le texte de Leticia Cufré, de Mexico pour les irrAIductibles. Il m’a bien intéressé.

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Pour ma part, j’ai fait un entretien avec Cristian Varela, de Buenos Aires, que je t’envoie, ainsi que mon journal de Buenos Aires (un peu long, excuses-moi). Dans la perspective de ce numéro que nous préparons ensemble, j’ai aussi fait un entretien avec Gaby Weigand, sur le traitement des “ élèves surdoués ” dans un lycée allemand. Ces élèves sont des marginaux qui n’avaient pas, jusqu’à maintenant un meilleur sort que les “ psychotiques ” de F. Oury ou les “ asociaux ” de R. Fonvieille. Ces élèves deviennent analyseurs de l’école. Il me faut dactylographier l’entretien avec Gaby. Je te l’enverrai rapidement. J’ai aussi lu un texte de Michel Lobrot qui me semble intéressant (désir et institution). Je vais le relire, et te l’envoyer ce soir. Je trouve qu’il pourrait avoir sa place dans ce numéro.

2).- Je me prépare à venir à Zurich. J’ai fait un saut lundi et mardi à Karlsruhe, chez G Weigand, et je me suis remis à lire de l’allemand. G. Weigand vient de prendre la direction scientifique de la Pädagogische Hochschule de Karlsruhe. Je vais faire l’effort pour lire d’ici le mois de mai pour retrouver ma langue allemande, comme tu m’y invites. Je serai aidé par un chantier de traduction que je viens de décider : je vais traduire Schule der Person, un livre de Gaby Weigand (2004). Pour préparer Zurich, j’ai décidé de reporter le Brésil où je n’irai que le 15 mai.

Je serai ravi de pouvoir coucher, chez vous, dans la chambre où se trouvent les revues de psychanalyse. Et si Gaby se joignait à moi pour cette intervention ?

Je pars en Californie mercredi matin avec Charlotte, ma fille, et Liz Claire. Nous parlons dans un colloque à Stanford : Charlotte du romantisme allemand, Liz de la valse sous la Révolution, et moi de l’invention de la pratique du Tagebuch, par Marc-Antoine Jullien (1808). Je rentre à Paris le 26 mars, et je ne penserai plus qu’à Zurich, et un peu à Sainte Gemme où les travaux ont avancé. On prévoit l’inauguration de notre bibliothèque René Lourau, vers la fin juin !

Les Presses Universitaires de Sainte Gemme viennent de publier leur premier volume : mon Journal des idées ».

Mardi 15 mars,

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Je recopie ce message de Jean-Manuel Morvillers :

“ Tu as raison. En fait, je suis à la base de nature déprimé, et le fait de ne pas avoir abouti en 1999 ne m'a guère donné davantage d'énergie. Pourtant le professeur Hermine de Paris 5 qui était l'année d'avant président de la CNU - et qui avait été mon professeur - m'avait confié cette année-là, au vu de mon dossier, que j'avais toutes les chances d'obtenir la qualification et de rajouter : "en plus à partir de cette année, c'est une prof de Paris 8 (E. B.) qui me remplace" ! Puis des problèmes familiaux. J'ai fini par tirer un trait sur la perspective universitaire.

La licence en ligne ? Qui est-ce qui s'occupe de ça ? Bien à toi. JM. ”

Il faudrait que je réponde à Jean-Manuel. Je n’ai plus beaucoup d’énergie. Je sens mon départ pour Stanford approcher. Il faudrait que je prépare mon voyage.

Pablo Alto, Stanford, 18-19 mars 200510,

J’ai la chance de constater que Charlotte, ma fille, tient son journal, furieusement.

***

Sainte Gemme, le 31 mars, 12 h 30,

Je suis toujours sous le coup du décalage horaire. Je me suis réveillé à midi. Je pensais que depuis Berkeley et la Californie, je ne me sentirais plus en charge d’âmes. J’ai oublié mes étudiants.10 Le journal de R. Hess, Les Etats-Unis intègre le voyage à Stanford et Berkeley (NDSD).

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Hier, j’ai eu l’idée de profiter de mon état de fatigue pour me plonger dans le journal de ma mère (1965-67). C’est vraiment un grand texte. Beaucoup plus elliptique que ce que fais. Je suis décidé à l’éditer. C’est vraiment intéressant pour montrer la passion d’une mère pour l’éducation de ses enfants. Il s’agit davantage d’éducation que de pédagogie. Il s’agit d’une formation de la personne, au sens de Gaby Weigand. Je me sens une énergie forte pour entrer dans ce chantier.

Vendredi 15 avril,

Cela fait un mois que je n’ai pas écrit mon journal pédagogique. Je pense que les choses vont reprendre. En témoigne un échange de courriers avec Benyounès de ces derniers jours, qui montre l’implication de part et d’autre. Je lui écris le mercredi 13 avril :

“ Objet : Bravo pour le n°7 !

Cher Benyounès, je suis à Paris. Je vais rester pour la réunion des irrAIductibles de vendredi. J'ai pris un numéro 7 dans la salle A 428. C'est tout à fait extraordinaire, cette régularité de production. Bravo pour ce nouveau numéro. La liste des sommaires à la fin est une excellente idée. Remi. ”

Réponse de Benyounès du jeudi 14 avril :

“ Cher Remi, Heureux de t'avoir parmi nous cette semaine. En effet, depuis que j'ai appris ton retour des Etats-Unis par le mail envoyé à Bernadette, je me suis dit qu'il fallait t'écrire pour t'informer de ce qui a été fait durant ton absence-présence, tout en me rappelant de l'apport des voyages à notre travail collectif. L'exemple de ce que nous avons entrepris sur

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les dispositifs est la preuve tangible de cet apport, car souviens-toi que ton retour de New-York nous a propulsés au coeur de la réflexion, la recherche et la pratique des dispositifs. Tu en étais l'instigateur. Sachant qu'un long voyage méritait un peu de repos réflexif, raison pour laquelle je n'ai pas répondu mardi.

Depuis la parution du numéro 7, nous avons reçu des messages de la part : - de Mohammed Daoud et de Harouni de Constantine, qui souhaitent participer au colloque ; le premier veut envoyer un article pour le numéro sur l'Analyse interne.- d'Alfredo Berbegal, surpris et très content de trouver son article publié dans le numéro 7. Il confirme également sa participation au colloque. Bernadette va lui envoyer un exemplaire par la poste.- Nathanaël demande aussi de recevoir un numéro par la poste. Bernadette s'en occupe. Il nous a envoyé un article traitant du programme Voltaire et de l'interculturel pour le numéro prochain.- Lucia a envoyé un message d'encouragements, tout en se félicitant du travail effectué. Elle confirme sa participation au colloque et demande qu'on consacre une journée à "L'analyse institutionnelle transfrontière". Son mari est passé à la maison chercher 3 exemplaires du numéro 7.- Martine Arino propose un article sur sa thèse à notre comité de lecture.

A propos du colloque, les amis étrangers nous demandent des invitations officielles pour qu'ils puissent obtenir le visa pour pouvoir venir à Paris et participer au colloque. Il serait bien de préparer un exemplaire d'invitation qu'on doit soit envoyer par Internet pour les uns, ou faxer pour les autres.

Une semaine avant la parution du numéro 7, Jean-Manuel nous a fait parvenir un article. Il précise que ce sera sa dernière contribution à la revue, suite à un courrier que tu lui avais envoyé. J'ai transmis le texte au comité éditorial qui n'a pas tranché sur la publication ou non de l'article. Je n'ai pas encore répondu à sa demande, car j'attendais ton avis.

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Leonore propose à Transductions de publier sa traduction de Schleiermacher. Le paiement de l'imprimeur pour le livre de Jean-Manuel Morvillers a été effectué par ce dernier. Ayant le souci de l'autonomie financière de Transductions, j'ai proposé à Leonore de réfléchir à au moins avancer le règlement de l'imprimerie et participer à la diffusion du livre pour payer le reste des frais. Pour l'instant, aucune décision n'est prise. On pourra aborder prochainement cette question.

Comme tu le sais, je ne me déplace à Paris 8 que le vendredi. Je suis en plein dans ma thèse. Je t'en ferai un compte-rendu de l'état de l'avancement de mon travail prochainement. Exceptionnellement, je viendrai le lundi pour parler des deux numéros sur les dispositifs.

Pour ce premier échange depuis ton retour, je me contente de ce résumé d'activité.(satisfaction et problèmes). Félicitations pour l'habilitation de LAMCEEP.

Si tu le souhaites, je peux te transmettre les messages que tu as envie de lire.

Vendredi, je t'apporterai deux de tes journaux. Bernadette t'enverra Les Jambes lourdes, d'ici la fin de la semaine (relecture).

Merci pour tes encouragements. Nous avons certainement encore beaucoup de choses à nous dire. Nous t'embrassons très fort et à très bientôt. Benyounès et Bernadette ».

Ma réponse de ce matin :

“ Cher Benyounès,

Je te remercie pour les nouvelles très précises que tu m'envoies concernant la vie du groupe et de la revue.

Je n'ai pas pu te répondre hier, car j'ai passé la journée à l'OFAJ qui traverse une crise (dont la grande presse rend compte). Les deux gouvernements veulent restructurer cette

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institution clé de l'histoire franco-allemande, et aussi de la construction européenne. Une rencontre de la recherche avec le secrétaire général de l'Office était prévue. Lucette et moi avions été désignés par les chercheurs français pour les représenter. Du côté allemand, c'était Gaby Weigand et Herbert Smodowa (de Francfort). J'ai donc profité de cette journée pour écrire un texte avec Gaby, et discuter en profondeur sur nos projets à deux. Elle viendra au colloque de juin, pendant trois jours. J'en suis vraiment heureux.

Elle s'est plongée dans la lecture des irrAIductibles n°7 qu'elle trouve très bon (Christine Delory-Momberger aussi).

En ce qui concerne Morvilliers, il est peut-être en colère contre moi, car j'ai interrompu notre échange. Peut-être ne sait-il pas que je suis parti en Californie ? Pour moi, les ponts ne sont pas coupés. Pas du tout ! On discute. Je vais lui écrire. J'ai d'ailleurs parlé de lui, et de son travail à Gaby Weigand... Envois-moi son texte. Je vais le lire.

En ce qui concerne Martine Arino, j'ai lu son texte et je lui ai dit que je l'avais trouvé très intéressant. Pour ma part, je considère qu'il peut paraître dans le numéro 8. Son directeur de thèse, Robert Marty, un ami de René Lourau, m'a envoyé un courrier dans lequel il me fait l'éloge de Martine, et il m'explique qu'elle a fait l'objet d'une attaque de la part de la directrice du CNU d'information-communication, car elle analyse le dispositif de la thèse dans sa thèse. Cela me fait penser que nous n'avons pas fait de numéro sur l'implication, la relation du chercheur à son objet, etc. Avec Gaby, hier, nous opposions deux postures sur l'analyse de l'implication : celle de Gérard Althabe, et celle des Cahiers de l'implication, depuis la mort de René Lourau : nous constations que Gilles était l'institutionnaliste le moins impliqué, et qu'il aurait pu avoir une certaine légitimité s'il avait travaillé un autre concept, mais que sur la question de l'implication, il était creux. Ce dialogue m'a fait prendre conscience que nous avons une responsabilité à ne pas reprendre et expliciter pour nos étudiants ce concept. Je trouve que parmi nos urgences, il y aurait à faire un numéro sur l'implication.

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Je ne t'ai pas félicité personnellement pour ton texte. Relire Lyotard (Dispositifs pulsionnels) à la lumière des auteurs de l'AI était vraiment une excellente chose. Bravo ! La dernière phrase annonçant l'arrivée de l'analyse interne comme prolongement de ce texte était habile. Donc bravo pour ce style solide et affirmé. C'est bien.

Nous sommes en train de structurer notre laboratoire avec Paris 13.

Avec Le Grand et Verrier, j'ai participé mercredi à une réunion de la revue Pratiques de formation qui prévoit un numéro sur le corps (déc. 2005) et un autre sur les temps de la formation. Ils ne sortent que deux numéros par an. Ils ont des problèmes car ils ont davantage de propositions que de possibilités d'édition. Je leur ai dit que pour certains numéros, ayant un rapport avec l'AI, ils pourraient certainement nous proposer des dossiers. C'est une idée à débattre. Participaient aussi à la réunion : Georges, Lucette et Christine.

Je pense que l'on va avoir des problèmes pour les réunions des irrAIductibles. La fac a été fermée hier. Le personnel est invité à ne pas s'y rendre aujourd'hui. La fac est cernée par la police ! (problèmes de la non habilitation d'anthropologie).

A-t-on le temps de donner un autre lieu de rendez-vous ? Personnellement, je suis resté à Paris pour cette réunion. Ne pourrait-on pas prendre la salle du Khédive ?

Je te fais parvenir ce message. Remercie Bernadette pour tout ce qu'elle fait pour moi. Elle termine les Jambes lourdes11. Tant mieux ! A-t-elle un carnet : Journal d'un artiste ? Cela me ferait plaisir de pouvoir en disposer, car Nathalie, pour son numéro me demande un extrait de mon journal d'un artiste. Je

11 Le texte du journal Les jambes lourdes a été publié aux PUSG en 2012, avec une préface d’A. Mutuale (SD). Quant au Journal d’un artiste, il occupe 150 pages dans l’ouvrage de R. Hess, Henri Lefebvre et la pensée du possible, théorie des moments et construction de la personne, Paris, Anthropos, 2009 (NDSD).

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voudrais donc pouvoir le relire entièrement, et plutôt que d'en donner un extrait, faire une analyse de contenu de l'ensemble.

Vous remerciant tous les deux pour tout ce que vous faîtes pour le mouvement, je vous embrasse très fort. Remi. ”

9 h 30,

Je viens de terminer Poser le sac, le journal de grève de Christian Verrier, cheminot en 1995, et aujourd’hui collègue à Paris 8. Il nous fait l’honneur de nous donner ce manuscrit pour les Presses universitaires de Sainte Gemme. J’espère de Véro pourra le mettre en forme rapidement. C’est un très bon texte. Il rentre totalement dans la définition de la collection “ Moment du journal et journal des moments ”.

Cette semaine, j’ai lu lundi le manuscrit Critique de l’interculturel, de Jacques Demorgon, dont j’ai écrit la préface. Et mardi, le manuscrit de François Laplantine, Anthropologie du sensible, qui est très bon. Christine pense qu’il pourrait être amélioré sur le plan formel, mais je trouve que le contenu est excellent.

Jeudi, 21 avril,

Beaucoup de messages sur mon courrier électronique… Demain, je vais reprendre tout cela. Kareen voudrait me rencontrer… Dossier Arino aussi. Je dois écrire à Robert Marty.

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Samedi 23 avril,

J’ai reçu il y a quelques jours une lettre de Robert Marty, postée de Perpignan le 8 avril 2005. Robert est professeur émérite des Universités (Sciences de l'Information et de la Communication).

Je la cite :

“ Je ne sais par quelle formule commencer cette lettre ; nous nous connaissons si peu et pourtant nous avons plus de choses en commun que des personnes qui se côtoient tous les jours... je ne sacrifierai donc pas à une quelconque formule instituée même si ce préambule est - in fine- un tenant lieu.

L'objet de ma lettre, tu t'en doutes, c'est la publication de la thèse de Martine Arino qui est devenue une urgence depuis sa mise à l'index, par la présidente de la section 71 (sciences de l'information et de la communication), pour laquelle c'est un vrai scandale que de porter un regard analytique sur les mécanismes de l'évaluation de la recherche, le comble étant atteint lorsque ce regard est l'objet même qui est proposé à l'évaluation. Certes on savait qu’en général, l'institution est réfractaire à toute récursivité, réflexivité, auto-analyse, mais on pouvait penser qu'elle pourrait accepter une analyse qui s'accompagnerait de l'analyse de l'analyse, initiant ici un processus continu (une semiosis cognitive) où chaque instance se trouvant tour à tour en position d'analyste et d'analysé bénéficierait d'une intelligibilité croissante sur les déterminations, qui sont au coeur de son propre fonctionnement... La réponse est arrivée, cinglante, brutale et sans appel... La violence symbolique s'est exercée sur Martine sommée de faire oublier sa thèse, et même de s'auto-exorciser dans une sorte d'antithèse ayant valeur de confession publique de ses péchés, la violence tout court aussi puisqu'elle est assortie d'un interdit éditorial !

La défense de l'institution vis-à-vis de cette prétendue entreprise de déstabilisation est facilitée par le fait que l'outil analytique (la sémiotique formelle) cumule beaucoup de

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handicaps : difficile d'accès, fortement formalisé (la sémiotique disait Peirce est un autre nom de la logique), rigoureux dans son développement et précis dans son langage, d'origine anglo-saxonne de surcroît (Peirce est l'inventeur du pragmatisme) et certainement dans le négatif absolu des facilités offertes par le caractère généralement informe prétendument constitutif des sciences humaines. Bien que nous jetions constamment des gâteaux à Cerbère, rien n'y fait ; bien au contraire, Cerbère ne cesse de grossir et ses exigences vont de pair, ce qui nous plonge dans une injonction contradictoire : ou bien on continue à le nourrir et notre spécificité disparaît, ou bien nous tentons de forcer le passage et c'est nous qui sommes dévorés.

Alors comme le dit Lapassade, il faut ruser avec l'institution. Je traduis : avançons masqués ; livrons, autant que possible, une réflexion charpentée par la sémiotique institutionnelle (j'accole les deux termes sans problème) sans que celle-ci apparaisse explicitement, feignons de pratiquer les modes de pensée dominants et attendons patiemment le moment ou la question nous sera posée ; "comment arrivez-vous à ces conclusions ?". C'est le nouveau "challenge" posé à Martine car le coeur de sa thèse, son chapitre 2, est objectivement illisible par un non-initié (un terme que j'emploie à contre-coeur car il connote une religiosité tout à fait étrangère à la nature de notre position épistémologique qui est absolument fondée en raison même si elle catégorise au départ des "qualities of feeling" inanalysables). Elle doit donc procéder, je pense que tu en seras d'accord pour peu que tu aies tenté de le lire, à une réécriture stratégique, concentrée, sans perte de rigueur mais avec un gain maximal de lisibilité.

Je n'ai rien dit sur l'implication elle-même, car je suis certain que ce thème et son traitement ne feront pas problème entre institutionnalistes "historiques", même si ici ou là on peut rencontrer des nuances et peut-être quelquefois un peu plus... mais ce n'est pas pour rien que je suis allé vers la sémiotique à partir de l'AI et ce n'est pas pour rien non plus que René se passionnait pour l'interprétant peircien.

Voilà, j'espère que mon propos (que je communique bien entendu à Martine in extenso)- aura contribué à clarifier une situation plus difficile que compliquée. Il faut peut-être

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préciser encore quelques contours ? Se situer aussi dans la sociologie périphérique ? (avec les questions : peut-il se passer des choses importantes à Perpignan ? Et d'abord où ça se trouve ce bled ?). Je reste, nous restons, à ta disposition dans une perspective positive et de combat.

Amitiés institutionnalistes, (la formule vient facilement maintenant !). Robert Marty.

PS : j'ai un projet éditorial (j'avais contacté Imago pour sa publication, la réaction a été favorable mais la chose est restée en l'air et j'ai été mobilisé par d'autres tâches) qui trouverait peut-être mieux sa place dans la mouvance de l'AI ; mon capital social étant très réduit (périphérie oblige et Dali en situant le Centre du Monde à la gare de Perpignan nous a peut-être fait plus de mal que de bien) tu pourras éventuellement m'indiquer des portes où frapper. Il s'intitule "Les nouvelles mythologies" (sous-titré "essai de sémiologie comique" en référence à la "sociologie comique" de Richard Brooks, l'inventeur des bobos) et est calqué, dans son organisation, sur les Mythologies de Barthes mais avec des thèmes d'aujourd'hui (des "noeuds de signification sociale") et une autre approche méthodologique, dissimulée évidemment... Quelques-unes de ces "nouvelles mythologies" sont écrites (23 pages : préface, et pour te donner une idée du contenu, les titres : "Bobos in science", "Les rires ajoutés"; "Le 4x4 à deux roues motrices", "Le rat mort" ) ; je peux te les envoyer si cela retient ton attention ”.

Il me faut répondre :

“ Cher Robert,

Comme tu t’en doutes, j’ai été très heureux de recevoir ton courrier. Cela fait plus de 25 ans que je ne t’ai pas vu, et je suis d’accord avec toi que la transversalité entre nous est forte, au-delà de son activation régulière. J’ai beaucoup souffert de la disparition de René qui restait un médiateur entre des réseaux multiples…

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Ma rencontre avec Martine Arino a été très chaleureuse. Elle m’a très bien expliqué sa situation, et je suis prêt à l’aider dans la mesure de mes possibilités. À condition qu’elle fasse de sa thèse un livre que l’on puisse lire ici, je suis tout à fait d’accord pour l’éditer. Il faut respecter le volume de ma collection (200 pages imprimées), et accepter d’écrire pour des non spécialistes de sémiologie, car notre public est surtout fait de sociologues, psychosociologues, etc.

Tout ce que vit Martine, je le vis aujourd’hui avec d’autres étudiants dans d’autres sections du CNU. Faire un dossier de qualification demande un certain conformisme disciplinaire, que je tente de décrire à ceux de mes thésards qui veulent entrer dans le métier d’universitaire. Certains comprennent, d’autres ont plus de difficultés, notamment quand leur recherche, se réclamant de l’AI, se trouve au carrefour de plusieurs disciplines, et donc soumise au risque qu’une section dise que le travail relève d’une autre section, etc. Moi-même, après ma thèse de 3° cycle, il m’a fallu trois ans pour être inscrit sur la LAFMA ; et après la thèse d’état, huit années pour convaincre mes collègues… Les gens dont l’objet et l’appartenance disciplinaire ne font qu’un n’ont pas ces problèmes. Mais en même temps, on se sent (quelque part) plus intelligents qu’eux, et c’est notre faiblesse ! Une collègue allemande, experte des surdoués, veut s’entretenir avec moi. Ma dispersion dans des directions multiples lui a permis de m’identifier comme l’un de ses objets ! Je doute qu’une directrice de section de CNU rentre dans ce type de profil. Aujourd’hui, les experts sont des unidimentionnels, comme disait Marcuse. Ils ne sont plus expérimentés en rien, si ce n’est les critères bureaucratiques (ce qui remplit facilement une tête d’un “ moins doué ”).

La question de l’implication n’a pas été traitée en tant que telle, et spécifiquement, dans les 9 premiers numéros des irrAIductibles. J’ai écrit à Benyounès pour lui dire que cela devenait une urgence. Il est d’accord pour que l’on mette un numéro en chantier sur ce thème. Martine peut se proposer pour en assurer la coordination. Tout son travail d’analyse du rapport du chercheur à son objet et au contexte de sa recherche nous passionne. C’est pour nous un excellent objet,

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et il est évidemment que s’il y avait un CNU d’AI, elle serait qualifiée.

Je suis un peu lent actuellement dans mon courrier, et dans mes initiatives institutionnelles, car je bénéficie d’un congé sabbatique qui me fait aller d’ici à là. Ainsi, après Buenos Aires et San Francisco, je dois faire un séjour à Zurich où je prononcerai des interventions en allemand. Quitter l’espagnol et l’anglais, pour revenir à l’allemand me demande un travail psychique et physique important. Je me suis lancé dans la lecture de la Théorie esthétique de Theodor W. Adorno en langue originale, et cela me prend la tête. Et quand je pense que le 10 mai, je devrais traduire un livre de l’anglais avant de repartir pour le Brésil pour un séjour dans 5 universités, je me sens tout soudain fatigué ! Ma fille Charlotte (25 ans), danseuse de tango et philosophe (elle rédige son DEA) passe d’une langue à une autre, avec un naturel que je n’ai pas. Moi, aux langues étrangères, je m’y suis mis plus tardivement… Tant que Lourau était vivant, il s’occupait des interventions dans les pays latins. Moi, je m’occupais de l’Est européen. Maintenant, on m’invite sur ses traces, et si cela m’intéresse de rencontrer ces amis de René d’outre-Atlantique, je dois constater que c’est un sacré boulot !

Mais il ne s’agit pas d’une excuse pour refuser d’entrer dans la sémiologie (langue qui m’a toujours effrayé). Je serai intéressé de te lire et de voir si ce que tu produis peut trouver une place dans les recoins de nos niches éditoriales.

Je t’embrasse très affectueusement. Remi ”.

Lundi 25 avril,

Je reçois la réponse de Robert Marty :

“ Cher Rémi, Ta réponse est de celles qui rendent une certaine confiance dans l'avenir, qui tout d’un coup apparaît nettement moins déterminé. Permets-moi de relever une petite inexactitude : cela ne fait pas 25 ans que nous ne sommes pas vus, puisque j'étais présent aux obsèques de René ; mais nos

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esprits, j'en suis certain, étaient tellement tournés vers lui qu'il n'y avait pas place pour d'autres pensées.

Martine, j'en suis persuadé, parviendra à une bonne lisibilité de sa thèse. C'est un exercice très difficile, comparable à celui auquel se livrent les vulgarisateurs des théories einsteiniennes de la relativité, restreinte ou généralisée, avec le paradoxe des horloges, la courbure de l'espace, etc... Tu constitueras à cet égard un bon public pour en juger : bien disposé a priori mais aussi bien informé des possibilités des récepteurs...Je ferai mon possible pour l'aider, notamment en réduisant à presque rien mes exigences habituelles en matière de rigueur formelle, qui ont beaucoup pesé sur l'écriture de sa thèse. D'ailleurs elle est toujours dedans et ses avatars constituent de facto un post-doc, dont elle se serait bien passé mais dont l'intérêt scientifique est indiscutable ! Elle continue donc son journal pour nourrir de futures (et sulfureuses) publications : la récursivité de l'implication est un engrenage dont on ne peut guère sortir...

J'envie ton aptitude aux langues ; autodidacte en anglais voilà plus de 40 ans que je me promets tous les matins de l'apprendre sérieusement... en revanche je maîtrise assez bien l'espagnol (et moins bien le catalan !) ; si je peux te rendre service à l'occasion (mais peut-être es-tu meilleur que moi dans cette langue)... À propos de la sémiologie (entre nous, je préfère dire "sémiotique" pour la distinguer de l'approche binaire initiée par F. de Saussure et poursuivie par Hjelmslev et Greimas en Europe) ce n'est pas une langue mais une doctrine (une théorie quand elle est formalisée) des signes. Évidemment elle a son vocabulaire comme toute science (les maths aussi) ce qui produit un sentiment d'ésotérisme, lequel disparaît avec le temps... et l'étude...

Je t'envoie mon embryon de "sémiologie comique " (ici j'écris "sémiologie", je jette un gâteau de plus à Cerbère)... la théorie y est masquée autant que faire se peut, cette tentative de "sémiologie comique" est à rapprocher de la démarche de la "mathématique amusante" ou de la "physique amusante"... tu y trouveras une liste de thèmes, que j'ai traités ou que je me propose de traiter; je peux d'ailleurs la modifier et si tu vois (ou si un éventuel éditeur voit) des "noeuds de signification"

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plus intéressants que ceux que j'ai choisis je peux essayer de les dénouer avec le principal outil sémiotique à ma disposition : la distinction entre "être" et "être représenté" (et tu vois ici le rapport avec l'AI : cette distinction est abolie par l'institution qui la naturalise...). Prends ton temps ; si sa lecture ne te fait pas sourire, c'est raté ; si elle ne pointe pas ta curiosité vers la sémiotique, c'est encore raté et tu sais que je peux entendre tout jugement de quelque nature qu'il soit... Je t'embrasse ; l'aventure institutionnelle continue, couplée aujourd'hui avec nos légendes personnelles... Robert. ”

J’installe cette correspondance dans mon journal pédagogique, car, bien que l’objet soit éditorial, il touche aussi la relation maître-disciple.

Ce matin, j’ai lu un texte de l’élève T. W. Adorno sur la relation pédagogique (1919 ; il avait 16 ans ; cf. Etudes germaniques12).

Jeudi 12 mai, 17 h,

Je viens de recevoir le courrier suivant de Hui Hui :

“ Shanghai, le 5 mai 2005, Cher Monsieur, Je vous ai envoyé fax et vous ai appelle plusieurs fois , mais toujours sans réponse. Est-ce que vous êtes à Paris ? Je vais demander sixieme derogation, parce que je ne pourrai pas aller en France cette année. Il y aura possibilité l'année suivante. Est-ce que je peux la demander? J'ai envoyé la traduction de La valse à l’éditeur depuis un mois. Maintenant, il y a quelque chose à vous demander : L'éditeur veut utiliser les illustrations que j'ai copiées des traductions de l’Italie et celle de l'allemand, est-ce qu'il faut payer ? Faut-il payer à vous ou a eux ?

12 Les études germaniques est un journal de lecture de livres en langue allemande, publié aux PUSG en 2012 dans un ensemble intitulé Recherches franco-germaniques. Ce livre est paru dans la collection de Driss Alaoui « Recherches interculturelles ».

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Répondez-moi par l’email, s'il vous plait. En attendant de vos nouvelles, je vous prie d'agréer, monsieur, mon experiens est merveillieur. Hui hui ”.

Ma réponse :

“ Chère Hui Hui, Je suis content d'avoir de tes nouvelles. Je vais obtenir la dérogation que tu me demandes. Il n'y a pas de problème. Pour la traduction, il n'y a pas de problème pour les illustrations. Elles sont dans le domaine public, donc il n'y a pas de droits à payer. Je suis content que tu aies réussi à terminer ce chantier. Si je ne t'ai pas donné de nouvelle ces derniers temps, c'est que j'étais en congé sabbatique. Je ne travaille pas à la faculté cette année. J'ai fait des voyages en Argentine, Etats-Unis (Californie) et Suisse. Bientôt, je vais partir en Italie, puis j'irai au Brésil... Je recommence mes cours le 1er octobre 2005. Mon équipe de recherche a été habilitée par le Ministère pour 4 ans. Je suis donc content. A très bientôt ! J'ai été un peu malade en août dernier. J'ai dû me soigner en septembre, octobre, novembre. Mais maintenant, je suis en forme. Je t'embrasse. Remi ”.

Hier, j’ai envoyé un message à Kareen à propos de son DEA, mais je n’ai pas de réponse.

Lucette vient de partir à Toulouse pour 4 jours. Je vais en profiter pour écrire. De Zurich, je rapporte beaucoup de choses à faire !

Mardi 24 mai 2005,

Kareen me fait parvenir cet extrait du journal d’Amiel, de mars 1862 :

“ Je me sens caméléon, kaléidoscope, protée, muable et polarisable, de toutes les façons, fluide, virtuel, par conséquent latent même dans mes manifestations, absent même dans ma représentation, semblable au fluxus perpetuus d'Héraclite. ”

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Elle ne semble pas avoir pu dormir cette nuit. Sa fille semble avoir fait la java ! On a pourtant rendez-vous ce matin, pour relire ensemble son livre “ Analyse institutionnelle et autogestion pédagogique ”. Je lui ai donné hier le livre qui vient de paraître chez Anthropos, sous la direction de Jean-François Chiantaretto, Anne Clancier et Anne Roche : Autobiographie, journal intime et psychanalyse (2005), dans la collection “ Psychanalyse ” de Michel Gardaz. Il peut l’aider à enrichir son mémoire de DEA. Elle a été validée à ses TC. Le rendu du TC a eu lieu vendredi…

Hier, nous avons passé la matinée ensemble sur son mémoire de DEA. Je lui ai fait lire mon texte sur le néo-simplisme en sciences de l’éducation.

Ensuite, j’ai passé plusieurs heures avec Christine Delory-Momberger, pour tenter de l’aider à gérer son rapport à l’institution ! Ce fut un moment très agréable.

Je constate que je reçois beaucoup d’étudiants (malgré mon sabbatique, je vais faire soutenir pas mal de gens en maîtrise ! Il s’agit d’étudiants qui “ redoublent ”).

Je viens d’envoyer à Gaby ce message qui n’avait pas voulu partir hier :

“ Chère Gaby, Je voulais te dire merci de ta visite de vendredi. J’espère que tu es parvenue à avoir ton train, et à rentrer dans de bonnes conditions. Pour ma part, j’ai pris un TGV qui m’a fait faire 617 kms jusqu’à Valence, en 2 h 12. J’ai trouvé cela étonnant de voyager si vite ! Je suis passé du moment intellectuel au moment tango. Ma conférence a été appréciée ; j’ai pu suivre un cours de danse et participer à un

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bal : bonne ambiance, qui rappelait un peu Ligoure ! Disposant de beaucoup de temps, samedi et dimanche, j’ai beaucoup écrit.

Je voulais te dire qu’en méditant dans le train, je me suis dit que j’étais très content d’avoir commencé ton histoire de vie. J’ai beaucoup appris.

Aujourd’hui, j’ai passé une partie de la journée avec Christine Delory-Momberger. Elle m’a parlé de son travail. Je l’ai beaucoup écoutée, en essayant de la rassurer par rapport à ses problèmes de poste. Elle m’a beaucoup parlé d’édition, de chantiers en cours… J’ai reçu ce matin le dernier Demorgon : Critique de l’interculturel, qui est le 15° livre de la collection “ anthropologie ”, auquel j’ai donné une petite préface bien énergique. L’observation participante sera le 16°, et j’ai hâte d’en recevoir les épreuves. Dès que j’ai du nouveau, je t’en informe. Je reprends du plaisir à travailler intellectuellement. Je t’embrasse. Remi ”.

Dans le train au retour de Valence, j’ai écrit deux ou trois pages sur la journée passée vendredi, à Sainte Gemme, avec Gaby. Ensuite, j’ai médité à la place que je donne à Gaby dans ma vie. Elle fonctionne à mon avis comme le superviseur que Marc-Antoine Jullien proposait pour le jeune diariste qui était invité, une fois par mois, à faire le bilan de son travail d’écriture avec un adulte extérieur. L’extériorité de Gaby, par rapport à moi, et en même temps sa proximité intellectuelle avec moi en fait une lecture nécessaire depuis vingt ans. Elle est donc celle qui me connaît le mieux. Certes, elle a six ans de moins que moi (Marc-Antoine suggérait de prendre un superviseur plus âgé que soi), mais elle compense sa jeunesse par une égalité de statut avec moi (elle est professeur de première classe, ayant eu, comme moi, l’itinéraire de professeur de lycée réflexif).

Gaby souhaite que j’écrive un texte sur l’utilisation que l’on peut faire du journal comme outil d’auto-

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évaluation des élèves, et comme outil d’analyse des pratiques des enseignants. Ce texte est urgent.

Mercredi, 25 mai 2005, 8 h 30,

Mémoire de maîtrise de Rachid Lamrabatte, Marocain originaire d’Oujda, qui a travaillé sur l’influence de la violence télévisée sur les enfants. C’est Lucette qui a lu son mémoire. On lui fait soutenir chez nous en urgence, car il doit rentrer chez lui (sa mère est malade). Lucette est au téléphone. J’en profite pour parler de l’après la maîtrise. Je lui explique qu’il doit tenir un journal de recherche. Il est d’accord. S’il n’a travaillé qu’à partir d’Internet, c’est qu’il n’a pas les moyens de s’offrir des livres. Les seuls livres qu’il travaille viennent de la bibliothèque universitaire.

Hier, je travaillais avec Kareen Illiade. Elle n’avait pas de livres en 2002. En décembre, lors d’une rencontre avec Ronald Arendt, je me suis décidé à lui donner 15 livres importants en lui disant : “tu me les paieras quand tu pourras… l’important, c’est de commencer à te constituer une bibliothèque professionnelle”. Ces derniers jours, elle m’a prêté Cousinet (Sociologie enfantine) que je lui avais offert un jour où nous faisions une dérive chez les bouquinistes… Kareen a aujourd’hui 500 livres !

Le soir,

Message de Kareen Illiade :

“ Bonsoir, J'aimerais si c'est possible que vous me parliez du lecteur contingent. Je vous remercie par avance, Kareen ”.

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J’y réponds :

“ Le lecteur contingent est quelqu’un qui lit un texte d’un auteur, un peu par hasard. Il lit ce texte, le plus souvent, car il est intéressé par le thème de l’article ou du livre. Il est contingent, car lié à un contexte, à une conjoncture, à une conjecture. Le lecteur rencontre donc l’auteur sur un aspect de l’œuvre de cet auteur. Ainsi, quelqu’un me lit parce qu’il a fait le voyage de Buenos Aires avec l’école de tango de Charlotte, et qu’il a envie de savoir ce que je raconte dans ma chronique de ce voyage. Dans le meilleur des cas, cette personne lira Le tango, mais c’est tout. Il n’y a pas de raison pour qu’elle lise mes recherches en sciences de l’éducation. Le lecteur contingent découvre un moment de l’auteur, peut le partager avec lui, par opposition au lecteur nécessaire qui s’intéresse à l’auteur pour lui-même, et donc à la plupart, ou même à tous ses moments. Le lecteur nécessaire a une bonne représentation de l’œuvre de l’auteur. Le lecteur contingent ne se représente qu’une facette. C’est la différence entre quelqu’un qui aime la Joconde et quelqu’un qui est passionné par l’œuvre de Léonard de Vinci. Gaby Weigand lit tous mes livres et tous mes journaux depuis 1985. Elle est une lectrice nécessaire. Augustin (qui est devenu lecteur nécessaire) a commencé par être lecteur contingent, en tombant sur La pédagogie institutionnelle, aujourd’hui, qu’il acquiert chez un bouquiniste, un peu par hasard…”.

J’en profite pour dire à Kareen qu’elle doit reprendre son texte sur AI et AP que nous avons relu hier. Le chapitre sur Korczak doit être nettoyé de toutes les images. C’est cela qui rendait difficile la copie de ces textes. Je ne veux plus d’images dans ce texte.

Lundi, 30 mai, cours de Patrice,

On parle de la Constitution européenne.

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Vendredi 3 juin 2005, 16 h 30,

Deux journées de travail avec Kareen. J’ai l’impression d’avoir vraiment bossé cette semaine avec elle. En relisant Analyse Institutionnelle et Autogestion pédagogique, puis son mémoire de DEA, je découvre plein de choses.

Je suis à la réunion des irrAiductibles. L’absence de Benyounès se fait sentir. Georges fait passer son dernier texte. C’est intéressant. Il analyse le mouvement des anthropotes. Je viens d’adhérer avec K. à l’Association française des anthropologues.

K va devenir responsable de la rubrique compte-rendus des irrAiductibles pour les livres L’harmattan.

Visite de René Barbier

Lundi 6 juin 2005,

Ce matin au courrier du net, j’avais plusieurs messages importants : d’abord ma fille Hélène, sa mère, mais aussi Gaby Weigand qui a réagi à la lecture du texte écrit samedi sur la photo-biographie, ainsi qu’une autre réaction de Kareen, qui a commencé à écrire un journal de peinture à la suite de cette lecture. C’est formidable ce que je suis capable de produire en une journée de travail ! C’est dommage que je ne parvienne pas à écrire davantage (plus souvent). J’avais aussi un courrier le texte de Julia Maria Granato qui s’inspire aussi beaucoup de mes derniers textes. À

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tout cela s’ajoutent des lettres de lecteurs qui arrivent par la poste ! Cela fait beaucoup, en ce moment !

Je devrais être stimulé. Mais en fait, ce matin, bien que j’attende K pour continuer la relecture de son mémoire, je traverse une petite déprime. J’ai l’impression de n’avoir le temps de rien faire. J’ai oublié de faire un rapport pour une commission de spécialistes de l’Ecole pratique des sciences sociales. J’ai aussi mon rapport sur la thèse d’André Pimpernelle (qui m’a été demandé hier par un coup de fil de René Daval, de Reims). Je vais m’y mettre maintenant en attendant l’arrivée de K qui va prendre toute ma journée de travail.

Hier, j’ai reçu un coup de fil de Martine. Elle a proposé à Elisabeth le nom de Lucette comme directrice du master. C’est un élément de ma déprime. Je trouverais plus utile que Lucette écrive un livre, plutôt que de diriger un tel chaos intellectuel.

Mardi 14 juin 2005, 14 h, Réunion d’experts,

Liz Claire veut que je travaille avec elle sur son dossier de post-doc. (Région Ile de France). Je lui ai donné rendez-vous demain. Cependant, Kareen Iliade est prête pour travailler demain. Je vais donc reporter d’une journée ma séance de travail avec Liz. Ces dossiers sont vraiment sérieux. Il faut les prendre à bout de bras.

Laurence Valentin a laissé un message pour reprendre contact avec moi. Elle veut s’inscrire en master.

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Mercredi 22 juin,

Rencontre avec D. Aussant envoyé par Anne-Marie Drouin-Hans pour une entrée en Master (Sciences de l’éducation).

Rencontre avec Essono dont le projet de recherche est : Pédagogie institutionnelle et évaluation des institutions de formation des enseignants dans le système éducatif gabonais.

17 h,

Réunion du master, salle C022. Beaucoup, beaucoup d’étudiants dans la salle lorsque l’on arrive. Lucette, René, Christian Verrier et moi avons préparé cette réunion.

Elisabeth Bautier présente le master dans sa globalité.

Dimanche 3 juillet 2005, 17 h,

Je ne puis utiliser mon courrier électronique. Mon modem ne fonctionne plus. Il m’aurait fallu écrire aujourd’hui à Kareen pour lui dire que je pense à elle. Demain, c’est le jury des allocations de recherche. Gilles m’a écrit un mail, mais je n’ai pas pu le lire. Antoine aura l’allocation, Kareen pas. Mais je voudrais qu’elle soit classée seconde.

Lundi 4 juillet, 12 h 20,

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Je suis dans la salle A 428 à Paris 8. Je viens de rentrer de Paris 13 où nous avions notre conseil de laboratoire. Kareen a été classée seconde, derrière Antoine pour l’allocation de recherche. C’est bien. Son dossier a été apprécié par les personnes présentes : Sylvie, Lucette, Jean, Gilles, Christian, Michel et moi. Mais Antoine apparaissait comme plus défendable au niveau de l’école doctorale (âge, sérieux du projet de thèse). Kareen a un projet encore trop dispersé. D’accord. De toute façon, il était difficile de faire passer quelqu’une de Paris 8 devant quelqu’un de Paris 13. On a parlé d’implication. Antoine est plus introverti, Kareen extravertie. Deux autres dossiers n’ont pas été déposés : il y a donc eu une sorte de pré-sélection à la fois du côté de Paris 8 (Johan Tilmant) que du côté de Paris 13 (candidate travaillant sur ATTAC).

L’idée serait de recruter Kareen comme chargée de cours, par le biais de la licence en ligne. C’est une très bonne idée. J’assure le cours AI sur mon service. Du coup, l’IED paye un EC qui est assuré par Kareen Illiade.

Mardi 5 juillet, 11 h,

Je reçois une doctorante marocaine ELABAYA Mbarka. Son sujet porte sur l’animation, à partir d’histoires de vie.

Vendredi 17 juillet 2005,

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L’effet Boumard. Quelqu’un débat avec un auteur de journal. Au lieu de s’adresser directement à l’auteur, il profite de ce contexte pour poser un problème à un groupe. Il déplace les choses13.

Sainte Gemme, le 1er août 2005,

Je suis en vacances. Aujourd’hui, j’ai fait tenir son journal à mon fils Romain et j’ai offert un carnet à Jeanne. Le journal doit s’enseigner dès l’âge de 7 ans. J’ai enseigné le journal à la Grand-mère (Nadine) en 1984, à la mère, (Florence) en 1992. Et maintenant, c’est au tour de la fille !

Landrellec, le mercredi 17 août 2005, après un repas arrosé,

Je viens d’arriver en Bretagne. Je suis fatigué par le voyage. J’aurais envie de faire une sieste.

Quelques temps plus tard,

Lucette m’a dit que j’avais dormi 5 minutes. Pourtant, je me sens bien reposé.

Nous sommes venus ici, car Huguette Le Poul, qui fait sa thèse avec moi, nous a invité chez elle pour que je l’aide à avancer dans sa recherche. Pendant le repas de midi, elle a dit sa dispersion entre plusieurs

13 Ce passage elliptique fait allusion à une intervention de P. Boumard sur une liste de diffusion, suite à sa lecture du Journal des idées dans lequel il s’était senti mis en cause (NDSD).

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“sujets”. Je lui ai dit que je ne voyais pas le choix à faire. J’accepterai volontiers un collage des différents terrains possibles. Ils se complètent. Ils ont tous une place dans sa mosaïque autour du thème “Profils pédagogiques et créativité”.

La notion de profil pédagogique vient de la Garanderie. Mais chez Huguette, le concept s’articule autour de la notion de créativité… Pour me faire comprendre cette notion, elle voudrait produire mon profil pédagogique. J’ai hâte que l’on s’y mette. Je suis venu ici pour cela. Huguette m’a dit que ça allait durer 6 heures : ou 2 x 3 heures ou 3 x 2 heures. Elle m’enregistrera. Me posera-t-elle des questions ?

Avant de me mettre au chantier, peut-être faudrait-il que je découvre le cadre dans lequel je suis. Landrellec est situé entre Trigastel et Trébeurden, à 6 kms de Lannion, sur la commune de Pleumeur-Bodou. Le domaine d’Huguette est composé d’un terrain (sablonneux) sur lequel poussent des sapins. Il y a aussi trois constructions en bois : une maison de 60 m² ; une autre plus petite, et aussi une cabane de jardin. L’époux d’Huguette n’est pas là. Il est adjoint au Maire d’une commune de 2000 habitants de la Bretagne centrale.

Nous sommes partis de Paris à 6 h 20, et nous sommes arrivés à 12 h 30. Nous avons fait une halte de ¾ d’heure à Villedieu-Les-Poêles, une petite ville du Cotentin où l’on travaille le cuivre. Nous y avons acquis un cor de chasse et un chandelier à 9 branches…

Normalement, la route directe passe par Rennes. Mais, j’avais fait le choix de passer par Rouen, Caen, le Mont St Michel… Plaisir de retrouver la Normandie (malheureusement un peu trop vite).

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Jeudi 18 août, 9 h,

Je viens de prendre une douche. C’est agréable. C’est au tour de Lucette, maintenant.

Hier après-midi, nous nous sommes mis au travail avec Huguette. Pendant que Lucette travaillait sur son mémoire (en fait son cours en ligne) sur Psychanalyse et Education, Huguette m’a fait parler de mes méthodes de travail. Comment j’apprends ? Comment je me forme ?

- Comment tu cherches ? m’a-t-elle demander. Car pour toi, on ne peut plus parler d’apprentissage (tu es trop avancé), mais de recherche.

- Je ne suis pas un chercheur, ai-je répondu. J’utilise la recherche comme un outil, comme un moyen. Mais pour moi, le mot qui structure mon rapport au monde c’est la formation. Je cherche ma forme (Bildung). Pour moi, la vie durera plus longtemps que pour les générations antérieures. Aussi, se former a-t-il de plus en plus d’importance. La recherche, c’est un moment de la formation. La recherche est toujours existentielle. On développe des points qui font sens pour soi. Par exemple, je me demande pourquoi je me prénomme Remi… Que mettaient mes parents dans le choix de ce prénom ? Un vrai chercheur tenterai de mettre en branle des moyens de trouver une réponse rapide à cette question qu’il se pose. Moi pas. Je prends le temps. La question est posée. Comme beaucoup d’autres. Et je progresse en fonction de la vie, des rencontres. Ma visite récente du musée Saint Remi à Reims m’a fait faire quelques

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progrès dans l’avancée de cette question… Un vrai chercheur en sciences de l’éducation est quelqu’un qui se pose des questions qui ont du sens pour lui. Quand nos propres questions rencontrent des intérêts de connaissances de la société, on peut produire un livre… C’est là que se rejoignent le fil rouge personnel et les demandes ou commandes sociales. Je suis étonné de ce statut dont je bénéficie, qui me permet de vivre comme je l’entends, au fil de mes rencontres, au fil de mes lectures… Mais la société n’autorise ce type de posture qu’à des gens qui ont déjà beaucoup produit. Ma chance est d’avoir accéléré mon institution académique par une dissociation précoce de la survie et de la vie. La survie assure les revenus. La vie, c’est se donner beaucoup de temps pour faire ce que l’on veut, ce qui nous intéresse. J’ai accepté d’enseigner 12 ans au lycée, dans des sections économiques, des disciplines qui ne concernaient pas mon questionnement vital, existentiel. Cette acceptation d’une dissociation structurelle entre le moment de la survie et le moment de la vie a été essentiel chez moi. Même si je ne me sens pas proche de Vathier de Vérone, j’accepte son modèle d’organisation sociale. Mais je veux l’articuler à celui de Joaquim de Flore.

10 h 30,

Reprise des entretiens.

Dimanche 21 août (Landrellec), 20 h,

Ce matin, Huguette a terminé ses entretiens avec moi pour construire mon profil méthodologique. Je crois que j’ai compris ce qu’elle voulait faire. Je ne

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résumerais pas ces entretiens ici. Les cassettes pourront être décryptées un jour. Elle va les réécouter, écrire un texte à partir de là, etc. Elle m’en a promis un double. Si j’ai de l’argent, un jour, je les ferai transcrire.

Ce qui m’occupe depuis hier, c’est sa bibliothèque. Je trouve des choses extraordinaires dans sa bibliothèque. Je n’en ferai pas la liste ici. Disons qu’elle s’est fait donner par Jean Le Du, qui était professeur à l’institut catholique, une bibliothèque fantastique. Vers 45 ans, Jean Le Du décide de quitter l’Eglise. Il se fait photographe (après avoir été prêtre) et fait de l’argent qu’il dépense dans l’achat de livres en philosophie, psychanalyse, théologie et sociologie.

- Tu peux prendre les livres que tu veux, m’a dit Huguette.

Plus je regardais ce fond, plus je me disais qu’il ne faillait pas disperser ce fond.

J’ai dit à Huguette :- Ta bibliothèque a une valeur inestimable. Il y a

des livres vraiment rares. Il ne faut pas les disperser. Je veux bien t’emprunter des livres, mais je te les rendrai. Il faut installer des rayonnages et mettre en valeur ce fond.

J’ai montré à Huguette la valeur de certains livres. On a trouvé des textes de G. Lapassade (G, O, I ; L’autogestion pédagogique, le n° de 1959 du Bulletin de psychologie…). Pareil pour Lourau, etc. J’ai regroupé tout ce qui a un rapport avec l’AI.

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Sur le plan psychologique, Ricoeur, Gusdorf, Bloch, Feyerbach, Hegel…

En psychanalyse, des collections entières de Topiques, de la Revue Française de Psychanalyse, etc. Les livres de Freud, Lacan, Leclère, Siboni… Tout. Beaucoup de textes sur le mouvement des groupes. Incroyable ! Rogers, ses disciples.

Si Huguette construisait une pièce pour ranger ses livres, cela deviendrait utilisable.

Huguette a donné à Lucette un ouvrage de Solange Faladé Clinique des nécroses (Anthropos, 2003, 345 pages), qu’elle avait acheté rue Boulard à Paris (à côté de la rue Daguerre), chez un libraire de livres d’occasion. Ce livre, dédicacé par l’auteur “Affectueusement, à Elisabeth Roudines-co…” nous montre que les méditations de De Luze dans Le Précaire et le Certain trouvent des illustrations tous les jours.

Mercredi 24 août 2005, 14 h 10,

Je suis rentré de Landrellec lundi vers 15 h, et depuis je suis plongé dans les livres que m’a donnés Huguette Le Poul. Sur place, j’ai découvert la bibliothèque de Jean Le Du, qui a été donnée à Huguette par son ami (78 ans) qui a renoncé à la vie intellectuelle. Je l’ai rencontré. Il lit Le Monde tous les jours, mais ne lit plus d’ouvrages philosophiques. Il occupe une maison voisine de celle d’Huguette, durant l’été. Lucette et moi avons été stupéfait de découvrit tous ces livres ! Philosophie, psychanalyse, sociologie, psychosociologie, théologie. Nous avons été étonnés de trouver une bibliothèque, si proche de la nôtre. Huguette m’avait invité à venir travailler avec elle, me

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promettant de me “ payer l’avion ” pour venir la rejoindre ! Elle ne l’a pas fait, mais les livres rapportés ont plus de valeur que de l’argent. Il s’agit d’auteurs que je connais : Ernst Bloch, Karl Popper, René Lourau (un texte de 1971 que je n’avais pas), Kierkegaard, Hegel, Gusdorf, Feuerbach, etc. Au total deux clayettes de livres dont un certain nombre sont parus avant 1960 ! C’est poussiéreux, mais passionnant pour moi ! Je lis douze heures par jours. Je lis tellement que je ne puis écrire mon journal. Pour garder des traces de mes lectures, je fais des index des ouvrages : je recense “ expérience ”, “ moment ”, etc.

Un seul problème : dois-je garder ce paquet tel quel en créant un fond Le Du dans ma bibliothèque ? Dois-je au contraire disperser ces livres à leur place dans ma bibliothèque ?

J’aurais de quoi alimenter mes différents journaux de moments : Théologie, Le moment conçu, Journal d’un artiste, etc. Mais pour le moment, je lis ! Huguette était très contente de notre travail (mon profil méthodologique est réussi). Je trouve que ce chantier de lecture (volé par rapport à la rédaction de mon cours d’AI que je devrais faire) poursuit cette rencontre ! Il faudrait que j’écrive à Huguette pour la remercier, mais je ne sas pas quoi lui dire : mon esprit part dans tous les sens.

Un point : je lui ai conseillé de ranger les centaines de livres dont elle a hérités. Mais nous n’avons pas la même idée du travail de rangement. Pour moi, classer une bibliothèque, c’est se confronter physiquement aux livres (comme je fais actuellement) : on les regarde, on les coupe quand ils ne le sont pas, on regroupe les ouvrages par thèmes ou par auteur, etc. Elle,

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scientifique, veut entrer les titres sur son ordinateur par ordre alphabétique !

Aujourd’hui, je mets en carton tous les livres de l’AI et de Lefebvre que je remporte à Sainte Gemme. C’est formidable la quantité que cela représente ! J’en suis à trois gros cartons, et je n’en suis même pas à la moitié ! Je veux remporter encore des centaines de livres à Sainte Gemme pour faire de la place, ici. Je veux remporter philo, socio, anthropologie ! Je retrouve beaucoup de choses.

Mercredi 25 août, 15 h,

Visite de Mbarba Elabaya qui a découvert la théorie des moments. Elle a tapé ses entretiens. Elle voit comment les gens qu’elle rencontre ne contrôlent pas leurs moments.

Dimanche 11 septembre, 20 h,

Hier, j’ai rendu mon cours en ligne à Christian Verrier. J’ai terminé mon cours d’analyse institutionnelle. Je viens de téléphoner à Gaby Weigand pour lui annoncer l’état du travail. Gaby pense qu’il me faut reprendre ce cours et le développer pour en faire un vrai livre. Elle propose de rajouter 50 pages. Elle est d’accord pour rajouter des situations d’analyse institutionnelle, ainsi que des développements sur psychothérapie et pédagogie institutionnelle.

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Nous avons parlé du colloque de Berlin-Potsdam. On va s’y retrouver. On préparera sur place notre intervention.

Depuis quelque temps, s’est imposé l’idée de regrouper à Paris les livres de psychanalyse et d’éducation. La pédagogie institutionnelle, la psychothérapie intitutionnelle sont donc à Paris où il y a aussi l’interculturel ! A Sainte Gemme, je viens de passer des heures et des heures à ranger philo, socio, histoire, etc. Arrivant à Paris, je me trouve avec des centaines de livres de sciences de l’éducation à ranger. Hier et aujourd’hui, j’ai lu : Paulo Freire, Pédagogie des opprimés, Paris, Maspéro, 1974 et Louis Robin, Les petites écoles et leurs régents en Saintonge et en Aunis avant la Révolution (1685-1789), La Rochelle, éd. Rupella, 1968.

Le second m’intéresse pour préciser ma représentation de l’école avant la Révolution, mais le second me passionne. Je l’indexicalise. Il me fallait lire cet ouvrage pour le résumer dans la nouvelle version de La relation pédagogique, que nous réécrivons avec Gaby (qui m’a envoyé des pages sur Rousseau et Dilthey).

Giorgio de Martino est passé aujourd’hui au moment où nous étions au marché. Il était avec Fanela. Ils m’ont laissé, dans la boîte au lettre, des prospectus pour le colloque d’ethnoscénographie.

Je note que Georges voulait me faire intervenir en Italie avec P. Boumard. J’ai dit que cela ne m’intéressait pas. Je n’ai pas de temps à perdre à polémiquer. Si je vais en Italie, c’est pour faire du positif. P. Boumard a écrit que je ne parlais pas

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l’italien. Je l’apprendrai la prochaine fois que j’irai… En classant ma bibliothèque, je me suis aperçu que j’ai une centaine de livres d’éducation en italien. Je les lirai. Lire les auteurs que l’on rencontre est le meilleur moyen d’entrer dans une langue “ utile ”…

Lundi 12 septembre 2005,

Visite de D. Aussant, qui suit Maria-Julia Granato… On va se voir souvent. Ils vont s’inscrire en Master 2.

Dominique Aussant travaille sur l’éducation. Il a commandé un ouvrage en anglais, et n’a pas été le chercher à la librairie. Il hésite à se lancer dans sa lecture. Il pense faire de l’observation de terrain, en octobre. Il rassemble des matériaux sur l’émotion.

Regarder à Sainte Gemme ce qui existe sur l’émotion. Garder des traces de mes entretiens avec Dominique. Il est hédoniste, me semble-t-il. Il veut faire l’expérience de l’émotion de la paix. On parle, on parle. Faire l’expérience de l’émotion de la paix.

- Notre génération n’a pas connu la guerre. C’est la première, a dit Gaëlle hier. Mon père a fait la Guerre d’Algérie. Il en a été traumatisé.

Mardi 13 septembre, 12 h 45,

Je viens de recevoir un coup de fil de Kareen, qui reprend contact après l’été (elle a trouvé un poste de délégation au syndicat). Autre appel de Dominique Aussan. Je dois partir à Paris 13, pour la réunion de l’Ecole doctorale où je dois défendre le dossier d’Antoine Dauphragne… J. Ardoino m’envoie un dossier

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d’un étudiant brésilien qui voudrait faire sa thèse en co-tutelle ici. Je dois répondre rapidement ! Il faut envoyer un courrier avant demain ! C’est fou. Heureusement qu’il y a un décalage horaire avec Salvador de Bahia ! La rentrée se fait sur les chapeaux de roues.

J’ai passé deux heures dans les épreuves de L’observation participante. Que c’est compliqué à corriger !

13 h 15, réunion du Master,

Je suis passé dans la salle A 428 pour déposer quelques numéros des irrAiductibles.

Discussion sur la maîtrise. Comment s’opère le passage de l’étudiant d’un cadre à l’autre. Lucette fait les remarques sur la notion d’investigation.

Date du jury de DEA.

14 h 20,

E. Bautier me présente comme directeur adjoint, ce qui me fait plaisir, puisque mon nom n’apparaissait pas dans la brochure. La position de directeur adjoint est pour moi relativement ambiguë. Je ne sais pas bien en quoi va consister ma mission. Lucette m’a dit que les réunions de ce master se sont bien passées :- à l’IED- Préparation du Master.

Il y a 120 personnes dans la salle. On ne manquera donc pas d’étudiants cette année.

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Après la réunion, je signe 5 ou 6 fiches pédagogiques.

Vendredi 16 septembre, 21 h 10,

J’ai écrit de 9 h à 15 h, tranquille (article pour la Grèce –Rhodes-, envoyé ; et 50% de mon article pour Christine Delory-Momberger). Coup de fil de Jean Ferreux. On renoue. Je dois aller le voir lundi.

Je veux seulement écrire que je n’ai pas été à la réunion des irrAIductibles, mais que pendant ce temps-là, j’ai reçu Ahmed Ibbrahim, ancien thésard qui est venu m’apporter son deuxième roman (édité à Madagascar, et dont j’ai fait la préface), Giorgio de Martino (Milan) qui est resté jusqu’à 20 h 30, Khaled qui m’a soutenu dans la rédaction de son mémoire de maîtrise sur les irrAIductibles – (je lui réécris pour éviter qu’il ne dise de trop grosses bêtises). Au téléphone, travail avec l’Ukrainienne qui écrit sur Makarenko. Je lui ai dit que sa maîtrise est géniale. Il me semble possible d’en faire un livre. (Hier coup de fil de Maryna, elle aussi Ukrainienne !)

7 ou 8 échanges de messages avec Martine Lani-Bayle qui se sent persécutée par Christine. Il faudrait que j’entreprenne une thérapie de cette collègue qui a tout pour être heureuse : elle est prof d’université, a publié 13 livres (et qui sombre dans la dépression !).

Hier, j’ai aussi eu Benyounès au téléphone. C’est grave ce qu’il a (dentition et yeux). Les irrAIductibles vont devoir s’organiser autrement, d’ici Noël.

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Lundi 19 septembre, 9 h.

Hier, j’ai reçu des “ étudiants ” : Khaled et Liz Claire.

J’ai rédigé avec Khaled son projet de Master 2. En écrivant, j’ai pris conscience du contenu qu’allait prendre mon éditorial, concernant le numéro des irrAIductibles sur le colloque de juin. Je vais le centrer sur la question des groupes.

Concernant Liz, elle me demande une inscription en thèse avec moi. Je ne développerai pas mes relations à Liz dans ce journal, mais dans le Journal de danse, puisque c’est sur ce terrain que nous allons travailler ensemble. Ce qu’il faut dire ici, c’est son désir de produire une thèse en sciences de l’éducation. Je me contenterai volontiers de deux nouvelles inscriptions cette année : Liz et Kareen. Les autres propositions me semblent trop loin de mes recherches. On en parera à la réunion de laboratoire jeudi.

Mercredi 21 septembre 2005,

Rencontre avec Lamia SAYOUD (ép. GUEZOULI). Elle a eu une grossesse difficile l’an passé. Je l’accepte en M1 avec 12 ECTS de dispense. Elle avait acquis La pratique du Journal, Le Sens de l’Histoire, Produire son œuvre.

Elle acquière le Voyage à Rio, La sociologie d’intervention, La découverte de la dissociation.

Je rencontre Nataliya SIEBERT (Katya), (6 pl. de l’équipée, log C303, 60600 Clermont de l’Oise). Ukrainienne qui travaille sur Makarenko. Je lui propose de soutenir dans la semaine du premier au 8 octobre. Elle apportera la version finale de son texte la semaine

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prochaine. Je lui propose de lire l’article de R. Lourau sur Makarenko.

Ensuite, je réussi à trouver Lucette qui a lu le mémoire de Fatima Zrouri sur Les effets de l’éducation préscolaire sur le devenir de l’enfant marocain. Il s’agit d’un mémoire de 45 pages. Lucette pense que c’est nul, et probablement copié. La fille commence à lire un texte qui ne semble pas inintéressant. Quel jugement puis-je porter sur ce travail ? On lui met 10 à son mémoire, mais elle a 17, 16, 13, 13 dans ses différents séminaires. Donc elle aura une moyenne supérieure à 12.

Bouzid Messaoud travaille avec Patrice Ville sur L’expérience de l’enseignement bilingue à l’Ecole Tanger. Je regarde son mémoire (il est manuscrit). Il pense pouvoir le faire taper pour le 15 octobre. Nous l’attendons donc.

12 h,

Visite de G. Lapassade à ma permanence, avec Khaled. On lui valide sa maîtrise.

17 h 30,

Mémoire de Zahraoui Mourad, La Culture Hip-Hop : Les représentations de la violence dans le rap. Jury : Gilles Boudinet (directeur), Dubois, R. Hess.

L’après-midi a été préparé par un repas de travail avec Christian, Jean-Louis, Lucette. J’ai payé pour tout le monde : 35€. Ensuite, avec Christian et Dan, belle

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séance de travail pour présenter le Master 2. C’était vraiment intéressant. Visite de Aziz et quelques autres.

Le mémoire sur le Hip-Hop est bien défendu. Mon seul problème, c’est que je n’ai rien à en dire. Je ne connais pas ce mouvement. Il ne m’intéresse pas vraiment. Sur le tango, je peux parler de l’intérieur. Par contre, sur le hip-hop, c’est Lapassade qui peut le faire. Je lui ai proposé, à midi, de se joindre à nous. Je lui ai donné mon exemplaire du mémoire. C’est un sujet qui l’intéresse. Il avait promis de venir, mais il n’est pas là. A-t-il oublié ? Est-il fatigué ?

Dubois est très long. Lucette voudrait que l’on reparte. J’ai un rendez vous avec Liz Claire à Paris. Shelly est à Paris ce soir (mon amie californienne est toujours pleine d’idées).

Vendredi 23 septembre,

Hier, rencontre avec Sophie Amar dans la réunion du Master. J’assure la réunion avec Barbier, Anna Terzian, Christian Verrier. C’est très agréable. Le midi, Patrice, Jean-Louis et Lucette se joignent à nous. Sophie Amar espère Produire son œuvre, Le moment de la thèse.

Autour de 16 h, réunion avec 8 membres d’Experice. Très bon feeling avec Martine Abdallah-Pretceille. Jury. Commission d’analyse des dossiers de demande d’entrée en Master 2. Je veux faire une place à Sophie Amar. En même temps, elle n’a pas écrit une ligne de sa maîtrise. Je lui fais confiance pour écrire 100 pages en 10 jours. Elle est branchée sur le Principe Espérance. C’est très important. J’ai passé la

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matinée à déterminer le contenu de son projet de DEA. Nous avons trouvé La conscience anticipatrice ; son terrain : l’insertion. Dès son départ, vers 14 h, je me suis remis à travailler sur son texte que j’ai toiletté. Nous sommes parvenu à écrire 12 pages entre 9 h et 13 h. J’ai envie de continuer ce chantier, et c’est une expérience. Je veux réussir cette expérience de 100 pages en 10 jours. Il faut tenir un journal de recherche, ou mieux : une correspondance de recherche. Elle m’a envoyé une page hier soir. Ce soir, dans la nuit, il faut que je lui fasse parvenir : son “projet” bien toiletté et un plan de travail.

Dimanche 25 septembre,

Levé à 6 h. Lecture d’Arguments 3 (pour Sophie). Puis, je travaille à son projet de recherche. Elle m’envoie 12 pages importantes. Je tente une fusion de textes. Cela marche assez bien. Il me manque un peu de recul. Le travail qui reste à faire avant demain n’est plus très important : juste une bibliographie. Je vais m’y mettre ce soir. Maintenant, c’est le moment de la danse !

Lundi 26 septembre 2005,

Réunion du conseil d’UFR. Notre directeur d’UFR fait un bilan, mettant à jour que nous avons eu 35 diplômes délivrés pour 480 inscrits. J’interviens pour montrer l’évolution des choses.

La question de la communauté de référence : la grande différence entre eux et nous, c’est la question de la communauté de référence.

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Ce matin, réunion de travail avec Sophie Amar. On continue demain, à partir de midi. On travaille trop l’un et l’autre. Risque de sur-implication.

Idée de faire la Carte du tendre pédagogique. Avec qui est-ce que je travaille. Comment ? Je constate qu’après avoir bossé avec H. Lefebvre, G. Lapassade, R. Lourau, G. Althabe, 4 hommes nés en 1901, 1924, 1933 et 1932. G. Lapassade a donc 81 ans. Les autres sont décédés. H. Lefebvre en 1991, R. Lourau en 2000 et G. Althabe en 2004.

Ces morts, surtout celles de R. Lourau, G. Althabe (et de H. de Luze en 2004) ont été pour moi, une terrible épreuve. J’ai mis un an à m’en remettre. Aujourd’hui, j’ai reconstitué un nouveau staff.

Binômes de recherche, par thème : - Danse, avec Liz Claire- Journal, avec Kareen Illiade- AI et pédagogie nouvelle, avec Gaby Weigand- Analyse et méthode régressive-progressive, avec

S. Amar- Interculturelle, Lucette

Communautés de référence :

- Les irrAiductibles, pour l’AI- Experice, pour la recherche-action, l’expérience,

l’histoire de vie.- Les “vieux” des années 1970-2004.

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Mardi 25 octobre,

Réunion de la commission Experice pour l’entrée directe en thèse. Je travaille avec Patrice Ville et Jean-Louis Le Grand.

Jeudi 27 octobre,

Soutenances de maîtrises et DEA à la chaîne. Tout à l’heure, je vois Dan qui me dit qu’elle n’acceptera pas de sécher son cours du 8 décembre. Elle va nous poser quelques problèmes d’organisation de la Journée Lefebvre.

Kareen écrit sur mon carnet :

Pour quelles raisons refuse-t-elle ? Se sent-elle menacée dans l’institution de son cours ? Comment peut-elle discréditer un choix du labo ? Je ne comprends pas son attitude. La journée organisée est faite dans le but d’aider les étudiants dans la construction de leur champ de références.

Je lui réponds :

Oui. C’est un mystère. Cependant, ce que l’on peut penser, c’est que son absence à une réunion où l’on a eu cette idée a fait qu’elle a été mis à l’écart de la conception de ce chantier. C’est une fille qui se vexe facilement. C’est d’autant plus fou que Dan a été étudiante d’Henri Lefebvre et qu’elle pourrait faire une communication dans ce colloque !

Elle se sent mise à l’écart, blessée vexée. Mais elle devrait penser que son travail est de permettre à

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l’étudiant d’acquérir des outils. Mais vous vouliez me parler de choses “plus personnelles” selon vos termes ! Vous m’avez parlé de thaïs, de votre éditeur, et ?

Je trouve que notre relation est excellente au niveau social ou au niveau public. Mais je trouve qu’il nous manque un moment plus interindividuel. Le mail que tu m’as envoyé “ABANDON” m’a fait prendre conscience qu’il y avait des moments où tu avais besoin de pouvoir parler de toi… A une époque, on avait le temps d’aller se promener dans les rues de Saint Denis, ou de Stains et de rêver tout haut. Je trouve que la relation maître – disciple doit prévoir des moments où, dans une rencontre à deux, le maître rêve tout haut de son disciple. Je parle de l’advenir du disciple. Le disciple écoute le maître (si possible la bouche ouverte). Le disciple est heureux que le maître lui annonce ce qu’il voit dans le lointain. Le disciple est plus petit. Il ne voir pas si loin ! Le disciple dit au maître qu’il est heureux de l’entendre, mais que lui est confronté aux obligations du quotidien. Et qu’il ne voit pas plus loin. Le soir tombe. Le maître sert le disciple contre lui. L’un comme l’autre sont heureux de penser qu’ils sont toujours proches l’un de l’autre. La vie reprend son cours. La vie publique reprend. Mais le moment de l’intime l’a revivifié.

Ce qui m’étonne chez K., c’est sa capacité à traverser des déserts sans avoir à boire une goutte d’eau. C’est une vie de chameau !

Un mémoire qui intéresserait Bautier : “L’insertion d’anciens élèves de l’école Decroly dans le système scolaire de l’Education Nationale”.

DEA soutenus : MZE HAMADI ISMAIL, B.

Messaouda BOUMARTA, TB (17)

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Maîtrises soutenues :- Moussaoui, Abdelfatahsur l’école de St Mandé (dir. Patrice Ville)- Bacar, Mahamoud Les moments des étudiants comoriens en Fr. (dir. R. Hess)- Yacoubi Abdelilah(dir. R. Hess) L’immigration en Fr.- Fadila Dib (dir. R. Hess) Traitement maraboutique

de la toxicomanie gravidique du Maghreb (récit de vie).

Il y a une souffrance à vivre une situation pédagogique où le “public” écrase toutes les relations interpersonnelles ou même sociales.

Exposé de Bacar. Ce qu’il dit est important. On ne parvient pas à lui donner le temps qu’il mérite.

Lundi 7 novembre 2005, 9 h 15,

Vivant et société ED 383. Réunion du bureau d’Experice [salle 3971]. Sont présents : Gilles Brougères, Michel Manson, Martine Pretceille, Lucette Colin, Jean Biarnès, Jean-Louis Le Grand, Remi Hess, etc.

On fait allusion à ce qui se passe en banlieue. Ce matin, idée d’écrire un livre sur la banlieue. Le fil : le principe expérience. Ce sera un chantier à faire avec Sophie Amar. Son mémoire pourrait servir de base à un livre qui tournerait autours de mes théories actuelles : La révolte des racailles, Quelle espérance pour les banlieues ? Ce livre devrait présenter la

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situation actuelle (description à partir de la presse). Puis il introduirait mes idées actuelles et celles de Sophie.

Mercredi 16 novembre, 18 h,

Visite de Salvatore et Giusi. Je leur montre le blog de Kareen. Je leur dis que je pourrais leur donner ma mémoire, s’il avait une clé USB. Cela les fait réfléchir.

Jeudi 1er décembre,

Cours (allégé) en M2. Beaucoup d’absents. Ils sont partis à la BNF où Jean-Louis Le Grand intervient sur les histoires de vie.

Mardi 6 décembre, 15 h 40,

Gare de l’Est. Je viens de regarder le mémoire d’un étudiant (40 pages) qui veut soutenir sa maîtrise en décembre. Il m’attendait sur les quais de la gare ! Je lis le mémoire debout et lui donne quelques indications pour améliorer son travail dans la semaine qui vient.

Ce matin un étudiant cherchant à s’inscrire en thèse à Paris 13, me demandait de bien vouloir intervenir auprès du vice-président de Paris 13 pour obtenir une signature pour qu’il puisse s’inscrire. Sans cette signature (il a déjà celle de sa directrice de thèse, celle du directeur de l’école doctorale, etc.) il n’aura pas ses papiers de séjour à la préfecture.

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Selon les étudiants, je peux tout, y compris dans des universités autres que le mienne. C’est fou ! J’ai été à Paris 13, mais je n’ai pas vu le ou la vice-présidente…

Je m’installe à ma place dans le train et je me mets à lire la thèse qui fait l’objet de la soutenance de demain. A travers l’argent des jeunes hommes se racontent (directeur de thèse David Le Breton).

J’ai hâte de connaître l’acteur. Farid Rahmani était très bien.

Sahmoudi Abdelilah (journal de recherche, enquête sur le terrain) me rejoint dans le train ; il est l’auteur du mémoire lu sur le quai. Après Nancy, je vais retrouver Sahmoudi. On parle. Il aime bien ce que je fais. Il admire aussi Georges Lapassade. Il me parle de son écriture du journal, de son plaisir de faire de la recherche. Il est marié avec une Samira dont le père, Hans, est alsacien et la mère algérienne. Sahmoudi est donc marié avec une française depuis 2004, mais il n’a pas la nationalité française. Il a une carte de séjour et travaille comme vacataire en tant que gardien des musées de la ville. Il veut soutenir sa maîtrise. Je lui ai donné une copie de mon texte “Le tango des cités”. Cela lui a fait plaisir. Il a vécu deux ans dans un village à 25kms de Strasbourg. Maintenant, il habite en ville à côté de la clinique Sainte Barbe où aura lieu la thèse, demain.

Mercredi 7 décembre 2005, 14 h,

Soutenance de thèse à la clinique Sainte Barbe (amphi de l’école d’infirmière).

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David Le Breton parle longuement. Après, ce sera mon tour. Que dire ? Je ne sais pas bien. J’ai mal au ventre. Cela ne fait pas un contenu d’intervention. Il parle, David, il parle. Il nous a fait parler pendant le repas de midi. Maintenant il utilise mes mots.

Dans le train, de retour de Strasbourg,

Gaby Weigand m’accompagne sur le quai de la gare. Elle est heureuse de ce que nous avons fait ici :- Signature du contrat Anthropos sur Le Play- Soutenance de thèse (sa première expérience en

France)- Un chapitre de son histoire de vie.

Nous avons aussi beaucoup échangé sur des projets à venir :- Où en est La relation pédagogique ? m’a-t-elle

demandé.- C’est un dossier à ressortir

J’ai appris qu’elle vient d’être élue “doyenne” de sa faculté.

Je lui ai parlé de Sophie. Elle m’a fait parler de Kareen. Je lui ai parlé de nouveaux projets :- livres collectifs sur l’évaluation… Fröbel.- Edition de Charles Fourier, d’Auguste Comte et de

quelques autres classiques du XIXème. Par exemple, Herbart.

J’ai été heureux de prendre conscience que nous travaillons ensemble avec Gaby depuis 20 ans. Elle m’a toujours fait confiance. Elle voit l’urgence, maintenant, de créer une collection. C’est extrêmement

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encourageant. Gaby veut publier La pratique du Journal et mon Lefebvre en Allemagne. Demain, elle ne sera pas au colloque Lefebvre puisqu’elle préside une commission de recrutement de professeur.

Une idée m’est venue, alors qu’elle me racontait sa vie. Mais je n’ai pas voulu l’exprimer, pour ne pas interrompre son propos (question de méthode). Mais ensuite, je n’ai pas repris le sujet.

Je me sens fatigué, grippé. Il faut encore tenir une journée.

Gaby, au fil du temps, est devenue un pilier de mon institution. Je ne serais pas ce que je suis, sans elle. Idée de la faire habiliter comme directrice de thèse à Paris 8. Elle n’est pas contre. Ce serait un moyen pour remplacer Martine et les directeurs qui partent en retraite. Son profil :- Explore les apports des pédagogues d’hier à une

éducation tout au long de la vie aujourd’hui.- Elle pourrait diriger les travaux sur Herbart,

Schleiemacher, etc,.. Fröbel.

Je vais tenter de mettre en place cette opération dans les jours qui viennent. Mon idée serait de la faire venir comme professeur invité une fois de temps en temps. Elle pourrait faire des regroupements de thésard.

Gaby va candidater sur le poste de Bohm à Wurzburg… Elle va donc passer toutes ses vacances de Noël à préparer son dossier.

Il me semble qu’il faut travailler davantage encore pour (avec) Gaby. C’est un maillon fort pour notre

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dispositif : 20 ans de coopération, cela devrait se fêter. Malgré le plaisir de revoir cette année, impression de surcharge de travail, de fatigue qui ne m’a pas totalement permis de profiter du moment privilégié que constituait cette rencontre…

Ce soir, il me restera à écrire les deux rapports de la soutenance d’aujourd’hui. Gaby m’a dicté le sien. Je n’ai plus qu’à le taper à la suite du mien.

Mardi 13 décembre 2005, 10 h 30,

Visite de Yasmine, sur Herbart.Visite de Sophie, sur Lefebvre.

Mercredi 14 décembre,

J’ai regardé les dérogations apportées ce matin à Paris 13. J’ai signé le maximum de papiers.

Jeudi 15 décembre, séminaire de M2,

Je décide de valider mes étudiants14.

Vendredi 16 décembre 2005, 14 h,

Repas à Saint Ouen avec Sophie. Je vais lui porter son contrat. On parle du “continuum” lefebvrien. La proposition de collection. Envie de faire ce chantier avec elle. Y mettre Joaquim de Flore. Elle me restitue

14 Ici, il y avait une longue liste d’étudiants. Je l’ai supprimée (NDSD).

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que Laurence, dans ses cours, explique à ses étudiants que faire une maîtrise avec moi n’a aucune “valeur”. Intéressant. Collecter des témoignages de ce genre.

Lundi soir, réunion de l’association contre la maltraitance. Romain voudrait venir avec moi. D’accord, mais il faut qu’il prenne le train. Je ne veux plus faire le voyage pour aller le chercher en voiture.

Lundi 19 décembre, Pizzeria,

Vous dites “Cocteau”… dit-elle. Elle ne peut pas écrire parce qu’elle est toujours sur la brèche. Tyrannie. La famille. Napoléon.

Dîner avec Sophie et la directrice de l’association. Elle fume le cigare et enseigne à la Sorbonne. Je n’irai pas terminer ma carrière là-bas. On parle de maltraitance…- Laissez les étudiants prendre des initiatives.

Je me sens seul, malgré tout, trop intelligent ? Surdoué. D’où vient ma révolte ?- Mamie. Suzanne Hamel !- Paul Hess, qui me donne la pièce quand je fais des

bêtises.

J’ai trop bu. Demain, 300 kms de route, et retour !

Mardi 20 décembre 2005, Sainte Gemme, 16 h,

J’attends un coup de fil de Sophie. Hier, elle m’a beaucoup aidé. Nous avons mis en forme le dossier

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“dossier de DEA ” (jurys d’invalidation). J’aimerais bien lui dire le résultat de mes cogitations de la nuit. Hier, elle m’a dit :- Ce que nous vivons, c’est à l’identique ce que

vivait Henri Lefebvre en 1958-60. La publication de La différence de Lucien Sève est du même ordre que ce que Bautier fait par rapport à toi.

C’est très juste. Il me faut oublier mon présent. Et faire l’analyse de ce qu’à vécu Henri. Sophie compare le département de sciences de l’éducation au Parti.

Jeudi 22 décembre, 20 h,

Coup de fil de Sophie qui me demande comment je vais. Je l’informe de ma lecture de La S. et le R.. J’y puise de nombreuses idées.

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2006

Mercredi 11 janvier 2006,

Je suis à Paris 8, avec Dan Bechmann. Je suis membre du jury de Zohra Ramdani qui a préparé un DESS intitulé : “Insertion par l’emploi : l’écart des objectifs”. Le mémoire a été préparé par une personne impliquée personnellement dans ce travail. Le directeur de mémoire est un professionnel : François-Olivier Mordohay. Je viens de parler. J’ai évoqué Ernst Bloch et le Principe Espérance. J’ai pensé à Sophie, à Charlotte et Hélène. Hier, j’ai lu le Monde de l’économie. Aucune offre d’emploi correspond à mes possibilités. C’est rare. Anticiper.

Soutenance de Karim Haddouche, Les migrants vieillissants et le retour au pays : le cas de la famille Diop. J’ai dirigé ce mémoire qui porte sur une histoire de vie. Dans la bibliographie, je ne figure pas, ni Christine Delory-Momberger. Cela est curieux. Il ne s’appuie que sur Catain et Bertaux.

14 h,

Avec Jean-Louis Le Grand, on fait passer la soutenance de mémoire de Nina Pinheiro, sur Délinquance juvénile et détention : un état des lieux. C’est Jean-Louis qui a dirigé ce mémoire. Se pose la question de la date. Comment peut-on encore faire passer des mémoires de 2004-2005 ?

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Antoine Savoye était dans le couloir. Heureusement que je n’étais pas seul. J’étais avec René Barbier, avec lequel nous avions déjeuné avec Jacques Ardoino qui intervient (sur le Psychodrame) dans le cadre du DUFA. Comment se fait-il que je ne sois jamais intervenu dans le cadre du DUFA ?

Envie de faire la sieste. Lucette est certainement déjà rentrée à la maison. Aurai-je l’énergie de travailler à la Théorie des moments ? J’ai bien avancé hier. Il faudrait quelque chose chaque jour. Avoir le sentiment que les choses avancent. Où en suis-je ? Grâce à ma fille Hélène, je viens de découvrir un grand livre. Il s’agit d’un Nietzsche de Stefan Zweig. Ce livre, lu lundi, je l’ai repris hier, et encore ce matin entre 7 et 8 h. Je cherchais le passage sur l’inspiration. C’est une grande page de la littérature nietzschéenne. De quel ouvrage s’agit-il ? Zweig ne cite pas ses sources. Envie de connaître le texte allemand. Peut-être est-ce le traducteur qui ne donne pas les sources. J’ai les œuvres complètes de Nietzsche en allemand. Je vais tenter de retrouver ce passage. Ma fille est vraiment quelqu’un d’étonnant. Elle me trouve toujours quelque chose d’essentiel pour moi.

Très bon contact, ce matin, avec François-Olivier Mordohay. C’est un ingénieur, docteur (Dauphine). Au départ, il a travaillé avec J. Attali.

Jean-Louis parle longuement. Au départ, René Barbier qui est dans la salle, intervenait dans notre discussion. Comment fonctionne-t-on ? L’envie de croûter …

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Lundi 16 janvier 2006, réunion du collectif de la licence en ligne,

On est heureux d’être ensemble. Jean-Louis Le Grand est absent.

On va présenter une liste AI au Conseil scientifique. Kareen doit passer ce matin. Nicolas Fasseur a été chercher les papiers à remplir. Kareen Illiade et Johan Tilmant déposent une liste “Analyse Institutionnelle”, soutenue par les irrAIductibles.

14 h 30,

Je suis passé voir Madame Mireille Rouzeaud. Les élections au CA et au CEVU sont en mai. On a le temps de prévoir des listes. Je suis heureux que Kareen ait pu déposer une liste complète (4 noms).

Jeudi 19 janvier,

Séances d’entretiens d’orientation15.

Jeudi 25 janvier 2006, 11 h 15,

Séance supplémentaire. On parle des journaux. Aujourd’hui, les journaux permettre de faire évoluer les sujets. J’ai parlé longuement des moments. Je travaille actuellement de ma recherche sur la théorie des moments. On parle du “moment de la violence”, conçu hier lors du dîner au Terminus (garde du Nord) avec Christoph Wulf et K.

15 J’ai supprimé la longue liste des étudiants orientés ce jour par R. Hess (NDSD).

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Aujourd’hui, dix étudiants sont présents à mon séminaire.

9 février 2006,

Visite d’Aurélie Donati. Elle prend le journal 1965-67 de Claire pour le taper.

Samedi 18 février 2006, 10 h 15, réunion de la licence en ligne,

Christian Verrier présente le groupe des profs et des tuteurs, puis donne la parole aux étudiants pour qu’ils parlent de leur vécu. Lucette n’est pas là. J’ai été la conduire à Orly à 5 h. Elle passe 4 jours à Berlin dans une réunion OFAJ sur les banlieues.

A 6 h, je me suis mis à terminer mes validations. Je voulais avoir des notes pour la réunion de ce matin. J’ai profité de cette venue à Paris VIII pour entrer mes résultats en Master 1 (153 + 9 = 162 validés) et Master 2 (22 + 4 = 26).

Actuellement, je vis une transe d’écriture, et la question des validations était mal vécue, comme interférant dans mon chantier d’écriture. Malgré tout, je suis parvenu à lire les travaux au fur et à mesure de leur arrivée.

Hier matin, je me suis mis à un nouveau texte : Le moment le playsien. J’ai produit 26 000 signes. Il s’agit d’un texte que j’ai conçu avec Gaby Weigand, lors de notre dernière rencontre à Paris. Il se trouve que Gaby m’a longuement téléphoné hier, alors même que je

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m’étais lancé dans ce chantier. J’ai pu faire le point avec elle sur ce travail ; et je crois que ses encouragements ont été décisifs dans mon travail. L’élément déclencheur de cette ouverture de nouveau chantier : l’arrivée prochaine de Lorenzo à Paris pour huit jours. Il arrive avec Diana, et je suis bien décidé à bien avancer ce travail pour que nous puissions le relire ensemble. Ce texte a une destination : servir de présentation à l’édition de L’organisation du travail, de Le Play. L’anniversaire de la naissance de Frédéric (11 avril 1806) est une motivation pour terminer Libres enfants de Ligoure.

Juste avant ce chantier, j’ai travaillé à plusieurs dossiers :

- le second jeu d’épreuves de Janusz Korczak (Moments pédagogiques).

- la préparation du Marc-Antoine Jullien (Essai sur une méthode qui a pour but de bien régler l’emploi du temps).

Ce dernier dossier m’a demandé 5 jours pleins de travail. Kareen y avait beaucoup travaillé, mais j’ai eu de vraies difficultés à corriger ce qu’elle avait produit. Il va falloir travailler à la présentation de ce livre. Je suis dans l’esprit de faire quelque chose de très bien… Je sens bien pourquoi je fais ce que je fais. Mon travail éditorial a du sens par rapport à mon projet pédagogique. Il faut maintenant travailler à une stratégie coordonnée entre les différents chantiers.

Pourquoi ai-je retrouvé une énergie à 120% ? J’ai l’impression que la décision de Jean de payer le montant de la condamnation du tribunal de Montpellier

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m’a soulagé d’un poids. Je veux retrouver mon entrain à éditer.

Mardi 21 février 2006,

Le colloque “Quelle espérance pour les banlieues ?” (IUT de St Denis) est animé ce matin par Jean Biarnès et Christine Dellory-Montberger. Jérôme parle. Lapassade est là, Patrice Messaoudi, Christian Verrier, Catherine Draff, Fadila, Marlène, Jean-Louis Le Grand, Nicolas Fasseur, Eric Baudoux, moi, Isabelle Nicolas, Ivan Ducos, Léonore, une prof de philo (qui travaille auprès de “décrocheurs”). On est donc 18. C’est intéressant, ce groupe. Alfredo Martin n’est pas là ! Question de rythme ! Je lui ai apporté quelques ouvrages.

Jérôme fait un exposé sur l’insertion. Jean Biarnès prend ensuite la parole.

Je fais une intervention sur Le Play, Ligoure, le patrimoine du pays, l’insertion, la transmission des métiers. L’insertion, c’est l’entrée dans la vie, telle que Georges Lapassade a essayé de la penser.

22 février 2006,

Colloque, suite. Martine Ballino (étudiante de Patrice Ville), Maria Julia Granato, Liz Claire, Christine, Nathanaël Wallendorf, Eric Baudoux, Clarisse, Eléonore.

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27 février 2006, Conseil de Master,

Saeed Paivandi, Florence Giust, J-Yves Rochex, L. Colin, E. Bauthier, A. Savoye, R. Hess.

Romain est en vacances. Je l’ai amené à la fac ; de manière à l’occuper, je lui ai donné un carnet à dessins. Il va nous faire des monstres, probablement. Hier, j’ai été le chercher à la Gare de l’Est à 16 h10. Je suis heureux d’être avec lui. C’est agréable d’être deux, pour faire ce que j’ai à faire. Par exemple, ce matin, j’ai été porter les épreuves de Groupes, Organisations, Institutions. Georges m’a demandé à ce que l’on mette le titre au pluriel. L’édition de 1970 avait un “et” entre “organisations” et “institutions”.

Depuis samedi, j’ai 59 ans. La journée du 25 a été la plus belle de ma vie. Vers 11 h, Kareen est passée. Elle m’a apporté un joli cadeau (Les provinciales, de Pascal, parues en 1735, 3 vol. reliés). Elle m’a prêté un livre écrit en 1873-74. Il s’agit d’un journal militaire volontaire, qui était secrétaire de la Revue des Deux Mondes avant de partir au régiment. Ce texte est tout à fait dans l’esprit du journal des moments. Je l’avance. J’en ai déjà lu les 2/3.

Le conseil de Master auquel j’assiste illustre parfaitement ce que Georges nomme la pédagogie bureaucratique.

Après une promenade dans le quartier latin, avec Kareen, qui nous a fait visiter quelques librairies, nous avons été prendre un repas à la Gueuze où nous avons mangé d’une salade et de profiteroles.

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J’ai trouvé l’Anti-Dürhing d’Engels (Ed. Sociales, 2ème éd., 1956, 500 pages). Ce livre m’est offert par Charlotte. J’ai lu cet ouvrage dès le lendemain.

Le soir, Hélène m’offre Les écrits pédagogiques de Charles Fourier, qui viennent de paraître à la Fabrique (2006) présenté par René Schérer.

Dans le filon, “nouveaux ouvrages”, ce matin, je me suis fait offrir par Annie Bouffet : L’horloge de Vitruve paru dans “la Bibliothèque des formes” chez Antrophos.

Mon bonheur vient de lire des livres qui m’importent. Engels m’avait été conseillé par Bruce Bégout. Le journal de 1873 est un jalon dans le continuum allant de MAJ à nous. Le Fourier est excellent dans le mouvement de lecture amorcé cet été (Le Moment conçu)…

Sur le plan personnel, les heures passées avec Kareen ont été très agréables. Beaucoup d’idées. K. me parle de la manière dont elle va refonder ses moments. Elle envisage de partir habiter à Argentan et y travailler. Elle s’arrangerait pour pouvoir être à plein temps 2 ou 3 jours par semaine pour faire des recherches et activités universitaires.

8 mars 2006, cours en ligne, réunion de l’équipe,

Je suis à côté de Kareen. Cela me fait penser qu’en cours de DEUST, alors que je parlais avec mes étudiants, je repensais au livre “Maître - élève”, maître - disciple”.

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Evidence de certains livres, après la lecture du

livre de Pascal Dibie (Le village Métamorphosé, Paris, Plon, coll. “Terre humaine”, dirigé par Jean Malaurie).

Ma vocation est d’écrire des ouvrages facilement accessibles pour mes étudiants. Je me dois de faire :- Danser le tango (recueil d’articles)- Maîtres et disciples

Plusieurs étudiants de DEUST veulent lire mes journaux. Je dois en faire une géographie. Je vais faire entrer cette cartographie dans mon dossier de candidature à la Prime d’Encadrement Doctorale.

Avec Kareen, en ligne, on pourrait rédiger le cours : Les formes de l’écriture impliquée (licence en ligne). Ce cours pourrait avoir le même squelette que le livre à publier sur le même thème.

Mes étudiants de DEUST veulent lire Xypas et Terzian. Je dois penser à rapporter ces ouvrages de chez Anthropos.

Autre satisfaction : des étudiants me demandent de lire mon journal pédagogique ; les étudiants de DEUST sont très motivés. Je les sens vraiment bien. Peu de pages sont sous forme numérisée. Cela fait un an que j’ai eu l’idée d’ouvrir ce journal, et je ne l’ai que très rarement écrit. Or, la pédagogie est mon activité principale.

Réunion de la licence en ligne. Cela avance lentement. Lucette pose la question de la déontologie.

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Lundi 13 mars 2006,

Grenoble, Saint Martin d’Hères, soutenance de thèse de Monica Obrich Tula. Mes collègues m’ont choisi comme président du jury, encore un ! Cela me donne l’avantage de parler en dernier. Constantin Xypas m’a proposé de rédiger le rapport en situation. Mais Charles Hadji a insisté pour que l’on fasse un rapport après soutenance. C’est la nouvelle définition des rapports de thèse, donc je me plie à cette nouvelle réglementation. On écrit après la soutenance. Cela me donne du temps pour écrire mon journal pédagogique que j’ai peu développé ces dernières années !

La thèse de Monica porte sur La Prise en compte de la biographie scolaire et construction des compétences professionnelles dans la formation initiales des professeurs des écoles. Je ne l’ai relue, malheureusement qu’en partie, entre Lyon et Grenoble. J’aurais bien voulu la terminer, mais Grenoble est arrivé plus vite que je ne pouvais l’imaginer… Les trains sont rapides, maintenant.

À midi, nous avons été reçu au restaurant de la fac (repas à 22 euros arrosé d’un Crozes-Hermitage). C’était fort agréable. Nous avons déjeuné avec Jacques Baillé (qui siège au CNU, comme personnalité nommée).

Charles Hadji parle. Il est amusant. La question tourne autour de la professionnalité des enseignants. En relisant cette thèse, je me suis dit que je n’avais jamais réussi à me professionnaliser dans le métier d’enseignant. Je suis resté un amateur. C’est paradoxal puisque cela fait 35 ans que je suis payé par l’Education Nationale. En même temps, dans Chemin

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faisant, Roman institutionnel d’un ethnographe de l’éducation, je me demande si mon vrai métier n’est pas l’ethnographie et l’EN mon terrain, un terrain (car j’en ai d’autres). Le système éducatif est devenu mon terrain. Mais je n’ai été prof que comme couverture pour me dissimuler comme sociologue. Je ne me suis jamais identifié au statut de professeur, ni a une discipline. J’ai enseigné :- La méthodologie des sciences sociales- L’Economie et la gestion- La psychopédagogie- Les sciences de l’éducation- L’histoire de la danse – Le Tango.

J’ai interrompu le métier de prof deux ans pour être inspecteur primaire, six mois pour être formateur chez Renault.

Je ne m’identifie ni au statut, ni à la discipline. Je ne m’identifie pas à cette activité comme métier. Pour moi, être prof, c’est un moyen d’accès au terrain. Je vends ma force de travail pour un poste de prof, mais je ne veux pas en faire mon métier. Enseigner est pour moi une activité plaisante, ludique. Je m’amuse de ma relation à mes élèves. Je les respecte vraiment comme personnes. Mais je ne me sens nullement détenir une professionnalité pour les former. Je me sens simplement un adulte un peu plus vieux, qui aide des jeunes adultes à découvrir leur propre vie en racontant les sentiers suivis, certains conduisant à des impasses, d’autres au contraire ouvrant des perspectives.

Lisant pratiquement un livre par jour depuis 30 ou 40 ans, je sais beaucoup de choses. A ceux qui ont des demandes de savoir, je puis indiquer des pistes. Mais la vie m’a fait vivre de nombreuses expériences, que

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j’ai progressivement élaborées en connaissances. Je préfère parler de ce que je connais, parler de ce que je suis. Il y a trop d’enjeux pour les savoirs. Partager des connaissances est de l’ordre de la connivence. Il n’y a pas d’aussi grands enjeux. On est complice. Les gens qui dirigent la formation des enseignants sont maintenant des professionnels. Ils savent. Ils ont la certitude d’être dans le vrai. Moi, jamais. Je tâtonne. Je bricole. Je cherche. J’aime associer de jeunes talents à mes trouvailles. Qui m’aime me suive ! Je ne relève pas les présences. Du coup, mes amphis sont pleins ! Je suis contre l’école obligatoire, aussi bien pour les élèves que pour les profs. Je vais enseigner quand j’en ai envie. Il faut un désir partagé pour qu’il y ait formation.

Mardi 14 mars, 13 h 30 dans le métro,

Ce matin, j’ai été perturbé par des coups de fil. Je ne suis pas parvenu à me mettre à l’écriture de mon rapport de thèse d’hier.

Je pars pour une nouvelle thèse à la Bibliothèque Nationale et j’ai peur que mes impressions vives d’hier soient écrasées par celles d’aujourd’hui. Je vais retrouver Jean Arlaud, qui m’a téléphoné ce matin. Je n’ai pas osé lui parler du livre de Pascal Dibie. Cela me fait penser qu’il faudrait écrire un mot à Pascal pour le remercier de son envoi… Je suis très en retard dans mon courrier.

Coup de fil de Salvatore à propos du programme Galiléo. Coup de fil d’Alex sur les histoires de vie. Coup de fil d’un doctorant de Dan qui voulait candidater sur notre poste de maître de conférence…

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Je tire la traduction de Jenny sur Dilthey. C’est bien écrit. C’est une bonne base pour aller plus loin. J’en fais une lecture trop rapide. Il me faudrait peut-être un voyage en Allemagne pour compléter cet ouvrage. Je dois regarder les livres acquis de Dilthey en français et jeter un coup d’œil sur l’article du Dictionnaire des philosophes.

17 h 15, retour de thèse (Denis Biget),

J’ai été heureux de faire connaissance avec Yvon Le Bot, du CADIS (laboratoire de Touraine). Il m’a dit qu’il me connaissait de réputation, mais qu’il avait été heureux de faire ma connaissance, à l’occasion de cette soutenance sur Douarnenez. J’ai fait de la publicité pour le livre de Pascal. J’ai suggéré au candidat de s’inspirer de la construction du Village métamorphosé pour construire son propre livre. Je ne sais pas s’il a compris ma suggestion, ni s’il a envie de tirer un livre de sa thèse.

Je me suis rappelé des remarques faites par H. Lefebvre à ma soutenance de maîtrise : manque de construction. Je les ai ressorties au candidat. J’ai défendu l’emploi du moment.

Yvon Le Bot m’a dit que Touraine avait toujours son bureau à la MSH : cela me donne vraiment envie de prendre ma retraite, quand cela sera possible. Je n’ai pas envie d’en faire davantage que nécessaire. On reste un pédagogue amateur et amoureux, même quand on se dégage de l’organisation du travail.

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Tenir un journal me semble être un outil riche et intéressant. Ce matin, j’ai relu le Biomètre, de M. A. Jullien (1824) que K. m’a offert, dans une édition abrégée par Philippe Lejeune (2004). Je reste fasciné par cet auteur. Je partage son enthousiasme pour le journal.

20 mars, 16 h 50 dans le métro, vers le Salon du livre,

Ce matin, j’ai décidé de découper mon Journal Pédagogique (version tapée directement à la machine) selon les années. Je vais donc faire un texte spécifique 2006.

Hier, j’ai eu la visite de Jenny Gabriel. Sa traduction du Dilthey de Hodges me semble tellement bonne que je fais l’hypothèse qu’elle pourrait traduire Dilthey lui-même. J’ai l’impression que le volume IX des Œuvres complètes en allemand ne sera pas traduit dans les Œuvres éditées au Cerf. Cet éditeur a fait le même choix, concernant Schleimacher. Il ne s’intéressera pas aux œuvres pédagogiques, ce qui, d’une certaine manière, est un non-sens. Le livre paru au PUF sur Dilthey n’évoque même pas ce volume 9. C’est intéressant, parce que cela nous laisse un boulevard. C’est à Lucette à publier ces ouvrages dans sa collection.

22 mars 2006, Amphi X, Paris 8,

L’amphi X se remplit. Une fille à la tribune demande à quelqu’un qui fume d’éteindre sa cigarette. Il résiste. Des étudiantes commen-ceraient à hurler. Le

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fumeur finit par plier. Quatre personnes sont à la tribune. Des papiers muraux annoncent l’ordre du jour :

1. Présentation et vote de la tribune2. Compte rendu de la réunion contre la répression

du mouvement anti-CPE3. Bilan des manifs (hier + les prochaines)4. Proposition d’action sur l’organisation de la manif

de demain5. Débat divers.

Est posée la question de l’élection de délégués pour la coordination parisienne, qui a lieu cet après-midi. 7 candidats. Ils sont tous élus. (Un contre, quelques abstentions).

160 personnes présentent dans l’amphi. On présente le travail de l’AG de l’UFR Arts, UF4 (Sociologie et histoire).

On aborde alors la question de la répression des manifs.

Des étudiants disent qu’ils trouvent ennuyeux la manière dont l’AG est votée. La question posée est alors la suivante : les étudiants mobilisés depuis le début veulent coordonner l’AG de manière efficace. Ceux qui viennent pour la première fois des points qui “ont déjà été abordés dans les jours précédents”.

25 mars 2006, colloque à Nantes sur le journal,

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A la tribune, Martine parle (alors que je suis dans la salle) de moi en parlant de mon narcissisme. Je me permets de lui dire que je suis là.

“Le Journal comme terrain” : exposé de Martin de la Soudière. Dès l’époque militaire, il a envie à 22 ans de tenir un journal. Malade, il tient un journal de son séjour en hôpital psychiatrique. Ethnologue en milieu rural, il tient un journal de recherche. Mais, comme dit R. Lourau, c’était un hors-texte. Peut-on l’oublier ? Vieux rêve : réussir à faire d’un hors texte un texte. Qu’est-ce que le temps qu’il fait ? Des ambiances qu’il faut cueillir ou glaner. Chronique du temps. Derrière la pluie, de la poésie. Le temps qu’il fait : le degré zéro du quotidien. Se prend pour un guetteur de nuage. Auto-météo-monographie. Le temps qu’il fait, le temps qui passe.

Martine a expliqué qu’elle ne m’a pas invité, parce que je suis bavard sur le journal. Le paradoxe, c’est que j’ai l’impression d’avoir des choses plus importantes sur le journal de bord que beaucoup de personnes invitées à parler aujourd’hui. L’écart entre ce qui se dit et ce qu’il y aurait à dire me donne l’espace de mon prochain livre sur le journal de recherche.

Martin de la Soudière : avoir le souci du temps, et le sens du temps.

38 personnes présentes. Les chinois ont un autre rapport au temps, dit

une participante Une autre parle du journal de bord sur son

bateau : « J’ai beaucoup navigué ; nous notions le temps prévu, le temps réel, les effets sur notre navigation … En relisant ce

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carnet, on était capable de retrouver les odeurs, le vécu du groupe, etc.

Le professeur de quatre saisons : Henri Desroches.

Hervé Moëllo. Cette écriture dont nous ne sommes pas les héros. L’écriture ordinaire. Le champ littéraire est un champ économique. Stratégie de rentabilité. Dans les écritures ordinaires, il se passe des choses extraordinaires. Les lettres de Van Gogh sont supérieures à sa peinture. J. Bouveresse, philosophe des services, fait une critique vigoureuse de ses lectures. Il cite ses sources. Il fait une critique des journalistes du Monde. Il s’inspire de Karl Krauss. « Le beau ne remplace pas le vrai », dit-il. Le bien écrire peut être un cache misère de ses trouvailles. Peut-on mettre en avant un “mal écrire”. Le carnet de bord n’est pas un lieu où l’on écrit bien (encore que l’on trouve de magnifiques carnets de bord !).

Lundi 30 mars 2006,

C'est le chaos à l'université : y travailler ne va pas de soi, dans le contexte de la lutte contre le CPE. Notre Premier ministre aurait dû faire marche arrière depuis quinze jours.

Samedi, j'ai reçu Kareen. Nous avons beaucoup travaillé à partir de Dilthey et de la construction de sa thèse, que je vois maintenant en 4 parties :

-Dilthey, la légitimation du biographique, et la construction d'une science de l'éducation centrée sur l'homme.

-Théorie du journal au sein des méthodes biographiques (Marc-Antoine Jullien, Korczak et nous).

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-Le journal pédagogique-Les nouvelles technologie : l'expérience du blog.

Hier, visite très productive de Jenny Gabriel. Elle m'avait rendu sa traduction de Hodges sur Dilthey, que j'ai donnée à Kareen. Nous avons parlé agréablement de plusieurs projets. J'ai été conduit de faire le point avec elle sur l'état de ma recherche.

Depuis cinq jours, je suis dans Dilthey à plein temps. Je lis les ouvrages édités en français par Sylvie Masure. Je pense aller au Salon du livre cet après-midi, après ma leçon de portugais, pour acquérir tout ce qui disponible sur Dilthey actuellement.

Vendredi, une réunion d'Experice a posé la question de nos priorités sur les postes (profs, maîtres de conférence, Ater). Isabelle Nicolas m'a demandé un poste d'Ater, mais son profil ne correspond pas aux priorités (télématiques) de notre équipe : on veut se construire un site ! C'est Jean-Louis Le Grand qui a insisté sur cette perspective. Il a trouvé le soutien de Christian, Lucette, Dan, Patrice et moi. Cela m'ennuie que tout le fric du labo doive passer à cela. Je voudrais me faire payer un voyage à Lecce, pour aller négocier une convention Galileo (Salvatore me presse). On irait ensemble voir Vito d'Armento.

Même jour, dans le train entre Paris et Toulouse (après Angoulême),

Kareen m’a annoncé par mail hier soir que sa mention Très Bien avait été rétablie par le jury DEA du 27 mars (lundi). Rentrant de Lecce, étant épuisé, cette

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nouvelle m’a fait plaisir et m’a fait entrer dans le sommeil du juste.

Dominique de Villepin organise le chaos à l’université, notamment. Il parvient à créer une jonction entre les jeunes et les travailleurs. Pour produire cette rencontre instituante, il s’est senti obligé d’organiser le chaos. Je profite totalement de ce chaos pour produire mon œuvre. Mes étudiants sont également invités à écrire leur journal. Après le mouvement, il sera toujours temps pour faire un bilan de ce que nous aurons appris de ce chaos. Comme je suis prévoyant et que je pense que le mouvement va durer encore quelques mois, je m’organise de petits voyages à l’étranger pour structurer des coopérations pédagogiques internationales. De lundi à mercredi, j’étais en Italie. Le 10 avril, je pars à São Paulo. Je resterai au Brésil 5 semaines. Je vais visiter au moins 6 ou 7 universités. Il faut que j’emporte des valises rationnelles.

Je souffre de ne pas faire les manifestations, mais un homme total se doit d’anticiper. Il faut être là où les autres ne sont pas. La lutte à mort pour moi est entrée dans une période chaude quand le jury de DEA a décidé de baiser la mention Très Bien de Kareen. Ce jury a cru, comme Villepin aujourd’hui, qu’il a le pouvoir de passer au dessus du consensus. Le jury, profitant de la disparition pratique des représentants d’Experice a même réussi à descendre deux autres étudiants : Boumarta et un Africain.

J’ai hâte de connaître les décisions du jury concernant ces deux cas. Je m’engagerai à poursuivre le combat, si la nécessité s’en fait sentir. Ce que je constate, c’est qu’être pédagogue aujourd’hui, c’est

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lutter pour imposer l’application de la loi externe, quand celle-ci est plus clémente que les institutions internes que nous nous donnons pour fonctionner.

Il devient urgent de produire un livre sur La pédagogie institutionnelle aujourd’hui. Il faudra parler du lycée au jour le jour, puis de cette lutte engagée par R. Lourau et que j’ai reprise à mon compte… comme les moments de cette pédagogie institutionnelle : l’affaire Illiade n’est que l’actualisation de l’Affaire Maria, de l’Affaire Nicolas, etc. Être pédago-gue institutionnel, c’est décrire le fonctionnement de nos institutions pédagogiques dans les périodes de crise : celles-ci fonctionnent comme analyseur.

Un autre niveau qu’il faut aborder, c’est le niveau national des luttes. Le mouvement contre le CPE actualise un niveau de lutte que l’institutionnaliste étudie : ce niveau concerne ce que nous nommons dans la PI les institutions externes.

Les maoïstes français, l’Université en transe s’inscrivent dans ce moment externe qui concerne l’institutionnaliste. La PI essaie d’articuler :

- l’ethnographie du quotidien, pour expliciter le vécu et l’aider à produire du conçu,

- la gestion des analyseurs qui conduisent à sortir des routines du quotidien, en donnant des occasions d’analyse de ces fonctionnements avec leur composante bureaucratique. Le journal institutionnel est un outil qui permet de rendre compte à la fois de la reproduction du quotidien et du surgissement des analyseurs,

- l’implication dans les luttes nationales et internationales, notamment celles qui ont pour but de

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remettre en cause des institutions externes qui surdéterminent le fonctionnement pédagogique.

Avec Vito, avec Gaby, il me faut trouver la forme d’un livre qui rende compte de cette complexité et de la transversalité de la pédagogie institutionnelle.

São Paulo, le 12 avril 2006, 7 h 45,

Hier, je me suis retrouvé devant un public de futurs enseignants, ou d’enseignants déjà en poste, qui se forment en faisant de la recherche. Je voudrais signaler ici que Joaquim, leur professeur, est hospitalisé. Il a organisé ma venue (très bien), et puis il est entré à l’hôpital pour se faire opérer (à l’improviste)…

J’ai beaucoup aimé Roberta, collée à son DEA à Nanterre. C’est une femme formidable. Mes collègues de Nanterre n’ont pas su s’en occuper. C’est vraiment dommage ! Elle est obligée de refaire son maestrado ici. Quand on pense au coût que représente le fait de venir en France pour une Brésilienne, on se demande comment nos collègues travaillent pour gaspiller un tel investissement. De plus, elle est originaire de Salvador !

Hier, je parlais du journal. Mon auditoire partageait mon enthousiasme. Vais-je pouvoir leur parler avec le même à-propos de l’AI aujourd’hui ? J’ai conscience que ce que l’on fait ici est bien. Je me retrouve dans mon élément. J’ai évoqué Pascal Dibie, hier, qui intègre des dessins dans son Village métamorphosé. Je ne dessine pas assez.

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Je suis content d’oublier mes étudiants pour me consacrer à ceux des autres. J’apprends énormément. L’absence de Joaquim ralentit mon entrée dans l’institution, mais je prends conscience de l’importance de l’équipe de J. Barbosa sur ce terrain. Il faudrait traduire leur n° 11 pour notre revue Les irrAIductibles. Nous pourrions faire un n° sur le Journal de recherche.

São Paulo, dans l’aéroport de Congonhas, en attendant l’avion de Rio,

Ma rencontre avec le groupe de chercheurs de sciences de l’éducation (étudiants et professeurs) a été très importante. J’ai laissé pas mal de textes, puisque j’ai donné ma clé USB à Roberta (ma traductrice de “A escrita implicada”). Elle est parvenue à la recopier. Cela va lui permettre de distribuer mes textes à Joaquim, Danilo, etc.

J’ai commencé à donner ma mémoire à K à Paris. Mais maintenant, cela devient une méthode pédagogique.

J’ai beaucoup parlé de la pédagogie institutionnelle, de l’histoire de la pédagogie, de mes programmes de recherche avec Gabrielle Weigand.

Aracaju, le 18 avril,

Nous allons repartir pour Maceio. J’ai été heureux de cette escale. J’ai regardé mes journaux (Corps en mouvement, L’homme total). J’y note que la pédagogie est une composante de l’homme total. Ce dernier articule le corps et l’esprit, la théorie et la pratique, la

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réflexivité et l’intervention. Il cherche la congruence entre la pensée, la parole et l’acte. Il veut participer à la transformation du monde … Quand je manifeste, je me dépasse dans le mouvement, je me fonds dans le collectif.

Ce que j’apporte à l’autre, comment le définir ? J’ai l’intuition que cela pourrait s’exprimer en termes d’implication. Ici, on me place à la tribune.- Je déteste ces tables, me disait à l’oreille ce matin

Lucia Osorio.

Moi, j’aime assez. Je puis y déposer mes journaux. Et, de plus, j’aime avoir un appui pour parler. H. Lefebvre parlait derrière une telle table à Nanterre, et P. Ricœur aussi … Si Ricœur ne bougeait pas de cette place, H. Lefebvre se levait et circulait sur l’estrade. Pour moi, ce matin, c’était exclu, du fait du micro. Comment faisait H. L. ?

J’ai eu l’idée de coordonner le réseau AFIRSE – Brésil (Sergio Borba, Rogerio Cordoba, Joaquim Barbosa) et le réseau AI (Sonia Altoé, Lucia Osorio, Ronaldt Arendt, Carmen Rodrigues Tatsch). Cela pourrait se faire dans la création d’une collection “analyse institutionnelle” à Brasilia. On y placerait les auteurs Brésiliens et Européens de l’AI. On ferait des petits livres pas chers. Cette collection pourrait être co-dirigée par : Rogerio, Sergio, Joaquim, Lucia, Sonia, Rémi, Gaby, et peut-être Heliana Conde. Cela fait nombre. Mais si ce collectif n’est pas idéal pour la gestion du quotidien, il pourrait s’avérer efficace pour trouver les manuscrits, et aussi pour diffuser les livres. On pourrait intégrer aussi Christine Delory-Momberger dans cette équipe.

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Il va être 5 h. La nuit tombe déjà. Le ciel est couvert.

On pourrait mettre dans le conseil de rédaction : les représentants de Salvador de Bahia : Eliseu est l’ami d’A. Coulon qui s’occupe d’interculturel. Je pense aussi à Vito d’Armento. Il aurait sa place dans ce projet.

Il n’y a que seize minutes de vol entre Aracaju et Maceio. Je suis vraiment heureux de retrouver Sergio Borba. Cette escale à Maceio va être suffisamment longue pour me permettre de produire avec lui quelque chose de valable.

Maceio, le mercredi 19 avril,

Sergio Borba me reçoit chez lui. Il dort, et je me promène dans sa bibliothèque. J’y trouve des livres rares, en français. Je les ai probablement à Sainte Gemme, mais chez moi, je n’aurais pas envie de les lire. Ici, ils prennent un autre sens. Ils ont traversé l’Atlantique ! Et surtout, ils ont été lus par Sergio, mon collègue et ami.

Ainsi, je me replonge dans Le Manifeste éducatif, contestation et socialisme, de Gérard Mendel et Christian Vogt (Petite Bibliothèque Payot – 1973). Sergio a acheté ce livre en 1993 ! À l’époque, je me sentais terriblement distant de la pensée de Mendel. Et en regardant cet ouvrage dans lequel il présente la jeunesse comme une classe sociale, une classe idéologique (idiot !), je m’interroge sur la nature sociologique du mouvement étudiant, du mouvement de la jeunesse qui a eu du poids en 2006, comme en

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1968, du fait du travail de soutien fort de la classe ouvrière.

Georges Lapassade à qui je proposais cette analyse, m’a dit : « C’est ton côté mao qui revient ! ».

Après la baignade,

Réunion de travail autour de la table de Sergio. J’imagine que je vais réussir à lui expliquer mon projet de collection et construire derrière un programme.

Après le repas,

Notre programme est bien construit. Reste la logique de succession des thèmes. Mais nous avons déjà construit un programme de quatre années ou davantage. Je le recopierai. Nous créons une collection “Terres et cultures en transe”, un cycle de colloques sur 12 ans, et une politique de stimulation de la recherche.

(photo de groupe – légendée : São Paulo, 11-13 avril 2006, Séminaire sur “Analyse institutionnelle et théorie des moments” – Avec les stagiaires (ceux qui acceptent de poser !)

Récife, le mardi 25 avril 2006,

Je suis l’exposé de Roberto Macedo. A ma droite : Rogerio Cordova, à ma gauche Sergio Borba. Je suis au milieu des miens. Je me sens chez moi.

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Roberto me parle de l’altération et de l’intercritique (concept de Altan). Il faudrait que je me plonge dans ce concept.

2, 3, 4 mai 2006, Séminaire de Maestrado à l’UFAL (Maceio),

Je dois parler de “AI et théorie des moments, d’Henri Lefebvre à Georges Lapassade”.

Très vite, le cadre très structuré est débordé. Je parle des moments, de l’écriture, du journal … Je fais passer mes journaux en cours de rédaction. Celui qui a le plus de succès est celui qui comporte images et illustrations (Brésil 2006).

Une quinzaine d’étudiants suivent ce cours. J’apprends le fonctionnement différent de l’Université brésilienne, par rapport à la logique française.

La technique du journal accroche vraiment avec ces étudiants.

Sergio Borba me traduit. C’est vivant.

Le séminaire se termine par une petite cérémonie où les stagiaires m’offrent un disque de fonó.

(photo de groupe – légendée : Photo prise le 3 avril 2006, devant la porte du département des sciences de l’éducation)

5 mai 2006 (salle d’embarquement pour Brasilia), 16 h,

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Mon avion a beaucoup de retard. C’est une chance pour moi. Je puis réfléchir dans ce “non lieu” qu’est l’aéroport (transition entre Maceio et Brasilia). Le journal est vraiment la technique adaptée à ces situations où, si on n’a rien prévu à faire, on s’impatiente. Là où les autres perdent leur temps, moi je le gagne16.

J’ai longuement parlé de mon journal lors de mon séminaire de ces derniers jours. Je me promène avec une musette dans laquelle j’ai une dizaine de journaux. Cela me permet, en les faisant circuler, de bien expliquer ce qu’est un moment (hier j’ai commence par présenter les acceptions hégéliennes du concept).

A chacun de mes moments correspond un journal. Je puis montrer comment se construit un moment : la danse par exemple. Puis je passe à autre chose :- Tu travailles à partir d’exemples vivants. Cela

parle aux étudiants. Après, ils sont motivés pour aller regarder tes écrits. Ma pédagogie sera facilitée par ton intervention car mes étudiants ont découvert un champ. Tu as ouvert quelque chose qu’il sera possible de reprendre ultérieurement.

J’ai pris deux exemples au Brésil :- Mangueira + Porque Royal (Rio)- Buzios

et un exemple à New-Delhi … pour expliquer le travail social … Il y a un rapport entre pédagogie et travail social.

Je pense à un livre sur Transversalité, groupes et théorie des moments.

16 Cf. Le début du Journal de l’aliénation, PUSG, 2012.

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Mardi 9 mai 2006, Amphy Papyrus, Université fédérale de Brasilia17,

Je suis à la tribune avec Janine, notre traductrice, Gaby Weigand, Rogerio de Andrade Cordova, (Paulo Bareicha prend des photos). Gaby se met aussi à faire des photos.

Je viens de terminer mon exposé. Gaby prend le relais. Elle parle de son expérience avec les surdoués. Elle inscrit son apport dans le prolongement de Fernand Oury et du concept d’analyseur.

IUT de Villetaneuse, le 17 mai 2006,

Rentré du Brésil hier à 15 h, je reprends ma pratique pédagogique nationale (?).

Ce midi, j’ai fait mon cours aux DEUST. J’ai présenté le livre de G. Lapassade qui vient de sortir Groupe, organisation, institution (5° édition) qui vient de paraître. J’avais donné un exemplaire à Salvatore Panu qui était venu à la fac avec moi. Il a été le porter à Georges qui est survenu dans mon cours. On a improvisé une signature de ses livres (L’entrée dans la vie, Groupe, organisation, institution).

Georges a manifesté publiquement son enthousiasme pour cette édition. Il m’a dédicacé un exemplaire du livre, en écrivant : « Avec mes félicitations et mes remerciements, G. L. » Georges a

17 Ce voyage a été décrit dans Le journal du Brésil (encore inédit).

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dit qu’il trouvait cette édition plus jolie que les 4 éditions précédentes.

Venu à Villetaneuse avec Salvatore (il avait besoin de la signature de Gilles), je participe au jury de thèse de Kaori IWAI, à côté de Françoise Cros, Michel Mayson, Gilles Brougère (directeur) et Georges Haddad (que je ne connais pas). J’ai fait le pré-rapport, mais je ne me souviens pas du contenu de la thèse ( !), intitulée Mondialisation, politiques et pratiques éducatives nationales : l’éducation artistique dans cinq pays (Afrique du Sud, Brésil, Etats Unis, France, Japon).

La doctorante est japonaise.Elle évoque l’enquête PISA. Justement, au Brésil,

on a évoqué cette enquête avec Gaby Weygand. Vais-je pouvoir poser une question à partir de cette accroche ?

Gilles Brougère explique que la candidate a un master de Stanford en éducation. Un parcours l’a conduite ici … Cette théorie s’appuie sur des travaux UNESCO. Peu de terrain, ou pas du tout.

En fait, ce que j’ai à dire :- Marc-Antoine Jullien est constamment cité comme

de fondateur du comparatisme en éducation. Les gens qui citent son travail sur le comparatisme (il est accepté comme précurseur par l’UNESCO) de 1816-17 sont la plupart du temps des sociologues du macro-social qui confrontent les systèmes. Or il se trouve que Marc-Antoine Jullien lui-même n’a jamais travaillé que sur le micro-social. En 1808, son Essai sur l’emploi du temps est un manuel de microsociologie qualitative (ce livre beaucoup traduit de son vivant va être réédité par Lucette Colin dans sa collection “Education”, chez

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Anthropos). En 1812, il a publié un livre sur la pédagogie de Pestalozzi. Pour écrire cet ouvrage de 600 pages, il est resté dans l’école de Pestalozzi durant 6 mois. Quand il rend compte de cette pédagogie, il s’appuie donc sur un contact immédiat à cette pédagogie. Bien que M.-A. J. ne parle pas l’allemand, il décrit tellement la méthode et la pratique de Pestalozzi que ce dernier dit que ce livre est le meilleur sur sa pédagogie …M.-A. Jullien qui a dirigé l’E.N. française (il ne

portait pas le titre de ministre mais en exerçait les fonctions) à l’époque de Robespierre a construit une théorie générale du curriculum (1812) à partir d’une observation microsociale minutieuse.

La thèse est totalement dégagée de ce type de confrontation directe au terrain.

Du coup, cette thèse fait symptôme.Dans mon travail sur le terrain international (j’ai

été impliqué depuis 1974 à la recherche sur le franco-all par l’OFAJ) j’ai essayé de lutter contre le comparatisme abstrait pour promouvoir une recherche basée sur l’observation participante.

Je travaille dans cette perspective aussi dans l’Océan indien, en urope, au Brésil …

Sur la question de l’art, comment cela se passe-t-il ? Artisans ou pédagogues : qui sont les enseignants d’art ?

Sur la question de l’influence internationale, il s’agit d’un effet réel, mais de quelque chose d’imaginaire. L’exemple : le LMD en France dans l’Université. On nous a fait croire que ce modèle venait d’Allemagne. En All., on leur a dit que cela venait des bureaux de Bruxelles.

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Pour l’art, l’unité nationale n’existe pas dans tous les pays. Si cela pourrait à la rigueur fonctionner en France où les pratiques pédagogiques sont obligées de s’inscrire dans un cadre national, au Brésil, il n’y a pas de modèle. Il y a des variations entre le public et le privé, des différences entre les Etats, mais aussi à l’intérieur des Etats. Ainsi, à Brasilia, il y a un système spécifique qui n’existe pas ailleurs : l’art est enseigné non pas dans l’escola classe, mais dans des écoles spécifiques que l’on nomme escola porque. Les élèves passent d’une école à l’autre lors de jours différents de la semaine.

Dans le courant de l’éducation nouvelle, il y a un comparatisme bizarre (chez Desmolins, par exemple dans A quoi tient à la supériorité des Anglo-Saxons ?) : ainsi, Desmolins caractérise avec précision les systèmes français, allemand et anglais, s’appuyant sur des données locales (Bédale) pour l’Angleterre à des données nationales pour l’Angleterre ou la France…

L’école le playsienne est donc passionnante pour son compara-tisme, basé surtout sur des monographies locales.

Ancien président de la CPU, né Tunisien, Georges Haddad, mathématicien, ancien président de Paris I, membre de l’UNESCO, membre du club de Bologne. Pour lui, l’UNESCO est une plate-forme où l’on peut créer des choses. Il crée les chaires UNESCO.

J’aurais de développer le comparatisme par l’histoire de vie. Je fais l’histoire de vie de Gaby, celle de Pierre Chalita.

Je m’aperçois que ce travail n’est possible qu’avec des gens qui parlent le français.

Le dialogue des savoirs : comment la science et la culture (l’art) peuvent-ils faire communauté ?

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Je ne puis m’empêcher de regarder le n° 9 des irrAiductibles. Je suis toujours très fier de voir paraître un nouveau numéro des irrAiductibles.

L’article de Benyounès est intéressant. Je le lirai ce soir au calme.

18 mai, dans le métro, en partant à la fac, 14 h 30,

Je suis profondément fatigué. J’ai envie de dormir. Ces deux dernières nuits, j’ai très bien dormi, mais je ressens très fort, à cette heure, les effets du décalage horaire.

Hier, j’ai appris que Christine Delory-M. avait été élue à Paris XIII, comme professeur de sciences de l’éducation, mercredi dernier. Elle est passée au pot de thèse de Kaori Iwai.

Maintenant, je suis en route pour aller faire cours. J’ai passé la matinée à regarder mon courrier électronique, mon courrier, et à ranger la salle de séjour. Nous avons une réunion Experice, ce soir, à la maison.

Vendredi 19 mai, 9 h 30,

Je suis dans la salle A428 pour attendre la visite d’étudiants. Hier, dans mon cours, à la périphérie de mon cours, j’ai senti qu’il me fallait instituer une permanence. Lucette fait la même chose. Nous allons donc travailler à la fac ce matin, puis nous partirons pour Ste Gemme. La réunion d’hier s’est extrêmement

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bien passée. Etaient présents : René Barbier, Anna Terzian, Lucette, Jean-Louis Le Grand, Patrice Ville, Christian Verrier et moi. Malgré son élection, Hélène Bezille n’a pas été convoquée. J’ai offert un exemplaire de Groupes, Organisations, Institutions à chaque participant. Aujourd’hui, j’en ai donné un exemplaire à Florence Guist-Desprairies, E. Bautier et Jean-Yves Rochex. Je ne sais pas si c’est intéressant de donner ce livre à ces collègues, du point de vue de la diffusion du livre, mais je juge important qu’ils sachent ce que nous faisons.

Visite d’un étudiant. Je m’aperçois que je n’ai pas lu les 60 pages qu’il m’a rendues hier. Quand aurais-je eu le temps de les lire ? On se promet de se revoir lundi matin à 10 h 30.

Je remonte quelques livres (du coffre de la voiture), et je descends quelques numéros 9 des irrAiductibles, pour les emporter à Ste Gemme. J’ai hâte de trouver du temps pour sortir les livres annoncés :- Marc-Antoine Jullien (épreuves à relire avec

Kareen)- Le Play (épreuves presque terminées avec Gaby)- Préface du Boumard, Lapassade, Lobrot, sur

“Dissociation, transduction et théories des moments, des approches complémentaires pour une théorie institutionnalisée de la personne”. Ce texte doit être travaillé en profondeur. Ensuite, il y aura le livre sur H. Lefebvre 1 à

mettre en forme…

Visite d’Isabelle Houllier. Elle a lu Produire son œuvre. Elle y trouve le concept de “virtuel”. Accueil des enfants qui souffrent de troubles du comportement. Le moment de l’accueil pourrait être

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construit comme l’espace de l’apprendre à être. Elle a lu Le Sens de l’histoire, a été intéressée par le contexte domestique. La théorie des possibles la passionne. “Qu’est-ce que je fous là ?” à St Alban. Elle fait du texte. Moment de rencontre de l’altérité. Passer par la correspondance.

Visite d’Isabelle, et Gilles et Marie.

Visite de Manga Ndjie Buidzi Mballla Henriette, docteur en anthropologie (P. Ph. Rey) avec une thèse sur Les Pygmées du Cameroun face à l’école et à l’Etat (TH avec félicitations).

Lundi 21 mai 2006, 11 h, (Paris 8),

Je rends le morceau du mémoire de Fall (L’échec scolaire), puis je reçois Gorgio de Martino qui rentre du Québec. Il me dit qu’il m’a rapporté 2 valises de documents. Il a de la matière pour faire 5 doctorats (on ne lui demande que 30 pages pour sa note de synthèse de M1).

Il faudrait lui donner une place dans le colloque de juin. On en parle. Je lui dis que la journée de jeudi est consacrée à Henri Lefebvre.

Cette journée est à construire avec Espace, Marx. Le Mercredi, on pourrait faire une journée

d’anthropologie de la danse (M. P. Guibert pourrait être contacté). Y associer Liz Claire.

Sur quels autres thèmes travailler ? Une auto-présentation d’Expérice serait intéressante (le vendredi), comme initiative instituante.

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Le mardi, on pourrait se centrer sur le Brésil et le travail interculturel.

Le lundi, on pourrait parler de la Personne dans l’analyse institutionnelle ; la théorie des moments en passant par la dissociation et la transduction. Le journal est à travailler dans cette journée.

Je passe voir Saeed Paivandi. Je lui donne Groupes, Organisations, Institutions.

Chez Taraèdre, à 19 h,

Jean Ferreux veut parler d’“Ibn Khaldoun et la pensée de l’instituant” le lundi matin.

Mercredi 23 mai 2006, 17 h,

Je sors du jury de maîtrise. Saeed a présidé (très bien) cette réunion. Je reste le principal directeur de maîtrise du département (8 soutenances sur 45). Ensuite, de nombreux docteurs ont 4 soutenances (Jean-Louis Le Grand, Paivandi, Lucette).

Saeed va publier le palmarès. J’attends cela avec impatience.

Réunion sur l’orientation de l’UFR. Je suis invité pour parler de la réorganisation des filières professionnelles : DEUST, notamment. Elisabeth parle sur un ton qui me fait penser à la bureaucratie que décrit G. Lapassade dans Groupes, Organisations, Institutions. Je ne comprends pas très bien ce que je fais dans ce type de réunion. En même temps, il faut appuyer Saeed et Jean-Louis. Laurence a annoncé son intention de quitter la commission pédagogique.

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Lundi 29 mai, 14 h 30,

Je sors du pôle universitaire Léonard de Vinci où je viens de rencontrer Serge Bésanger. Je lui ai apporté mon projet de collection “ Le vécu et le conçu”, rédigé ce matin. Il est d’accord avec tous les projets proposés. J’ai même dû en inventer sur place. J’ai hâte d’être rue Marcadet pour reprendre mon projet en fonction de nos échanges.

Si ces bouquins sortent, j’ai l’impression que je vais changer de dimension, et Gaby aussi. Ce chantier “à deux” ouvre beaucoup de possibles.

Mardi 30 mai, 15 h,

J’explicite mon projet de collection “ Vécu et conçu : théories du possible”.

Charlotte me téléphone. Je la colle à ce projet. Je travaille aussi à l’index de L’Organisation du

travail. A 15h, je reçois un étudiant de M2 (Pédagogie,

éducation à la paix) : Dominique Aussant. Dominique Aussant a eu 15 avec Dan. Pour ma

part, j’ai dû lui mettre 15. Il ne comprend pas l’agressivité de Dan à son endroit.

Jeudi 1er juin,

Hier, Johan Tilman m’annonçant sa venue à la fac, en me préparant à partir, je tombe sur le Herbart de Compayré. Je me plonge dedans pour savoir s’il pourrait être utile à Johan. Je m’y laisse absorber.

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Le chapitre sur l’intérêt est intéressant, (p. 56-57). Avant, c’est ennuyeux.

Nécessité de construire le “moment pédagogique” (p. 60) (p. 62).

Les “4 moments” et les trois méthodes (p. 62-63). Le “moment opportun” (p. 75).

Discipline (pp. 84-85). Education domestique (p.85). Amour pédagogique (p. 85). Autobiographie (p. 96).

Mardi 6 juin, dans le métro, (de retour de France télévision interactive),

Ce matin je me suis réveillé en forme, alors qu’hier, je n’ai pas pu faire grand’chose, du fait de mon épuisement physique (jardin samedi et dimanche).

J’ai envoyé par mail ma préface au Mythe de l’identité à Caroline Hugo ce matin. Aujourd’hui, il me faut envoyer les épreuves du Marc-Antoine, peut-être les porter.

Lucette reçoit des étudiants ce matin : ensuite, on pourra s’occuper des photos de couverture pour Mythe, et autres livres en préparation.

Je dois aussi travailler pour Bernadette (textes pour Normes et Déviances, n°10 des irrAiductibles).

15 h, Réunion du conseil d’UFR,

Saeed introduit l’ordre du jour.

Vendredi 9 juin, 8 h,

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Je suis dans le RER. Je vais à Noisiel, ville que je ne connais pas. Je vais travailler avec des documentalistes. Je vais parler une heure trente. Mais je ne sais pas de quoi. Le sujet qu’on m’a proposé est inintelligible : “Le rôle de l’animateur dans le 3D”. J’ignore ce qu’est le 3D ! Je pars de bonne heure pour me documenter.

J’ai rencontré Alina dans le métro entre Marcadet et Gare du Nord. Elle va déménager à Caen bientôt. C’est agréable de retrouver d’anciens étudiants dans la vie quotidienne. Je suis de loin son destin professionnel.

Hier, dans mon cours de licence, j’ai parlé de Frédéric Le Play. Une étudiante me demandait pourquoi je disais que le modèle de la monographie des Ouvriers européens me paraissait quelque peu dépassé.

Oui. Le Play a développé les dimensions historiques et économiques de la famille, peut-être sociologiques, mais il passe sous silence la dimension psychologique. Depuis Freud, la famille est aussi l’espace de production de la névrose, de la psychose. La norme que pose Le Play (s’aligner sur la tradition) implique un enfermement insupportable pour certains tempéraments.

Il faut que je lise les travaux rendus hier, que je les note… Hier, j’ai fait danser les filles qui suivent mon cours sur l’Ecriture impliquée. En effet, elles restent au cours de Christian Lemeunier sur le tango.

Lycée Gérard de Nerval, à Noisel, 9 h,

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Ingela n’est pas encore arrivée mais nous sommes déjà 14 dans le “grande salle de réunion”. J’ai demandé à une documentaliste ce que signifie 3D. Elle a dit : “District, documentation… et je m’en souviens plus !”

J’ai pris un bain ce matin, mais je suis habillé en “hiver” alors que tout le monde est habillé en été. Je ne sais pas pourquoi je suis décalé. Le soleil est là. Il fait chaud, et moi je ne me ressens pas vraiment. Il faut dire que je rentre du Brésil, et que je ne ressens pas “l’arrivée du soleil”, comme les personnes qui sont là.

J’aurais dû relire mes textes sur la documentation. Dans mon livre sur la TDM, je développe un chapitre sur ce thème.

Il y a maintenant 26 personnes dans la salle, de nouveaux surviennent.

Un IPR a pris le pouvoir dès le début. Il a fait le tour de la table pour serrer les mains des participants. Je me suis mis au fond de la salle, et je suis passé pour un participant pendant un certain temps, mais Ingela est survenue et a signalé ma présence ici. Cela a surpris l’IPR…

Je commence à comprendre ce que j’ai à faire ici. Je ne comprends pas bien les fonctions des personnes qui sont là…

11 h 45,

Mon intervention est terminée. Je suis content de ce que j’ai pu dire. Comment utiliser les gens ici pour diffuser mes ouvrages ? Un directeur de collection

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devrait avoir des descriptifs de ses collections. C’est un manque.

43 personnes inexpliquées dans la documentation sont là, disponibles à ce que je raconte, et je n’ai même pas un support pour présenter ce que j’ai produit depuis 20 ans !

Après le pot programmé à midi, je prendrais la direction d’Anthropos puis j’irais à la fac (réunion des irrAiductibles).

***

Le groupe me paie le repas (28€ par participant).

Idée d’un livre sous forme de dialogue :Documentation et pédagogie : de la dissociation à

la méthode.

Le repas s’étant prolongé jusqu’à 15h30, j’annule tous mes projets. Je décide de rentrer directement à la maison.

3D signifie “Développer la documentation dans les districts” (il y a 8 districts dans le département de la Seine. Saint-Denis : le district est une circonscription administrative).

Lundi 12 juin 2006, midi trente,

Je suis dans le métro. Je pars chez Patrice. J’explique à Lucette que je vais chercher le manuscrit de la thèse d’Etat de Patrice pour le transformer en livre. Je veux écrire une préface. Lucette me dit :

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- Il faudrait que tu arrêtes d’écrire des préfaces à tous les livres que tu publies…Il me faudra réfléchir à cette remarque et la

commenter. Le métro n’est pas le lieu idéal pour le faire.

Ce matin, j’ai écrit l’édito du n°10 des irrAiductibles, puis j’ai reçu Johan Tilman. Avec Lu, nous avons travaillé sur son édition de Herbart (Ecrits Pédagogiques) et sur son Master.

Je ne sais pas qui peut préfacer H. Lefebvre, R. Lourau ou G. Lapassade, en dehors de moi. Les auteurs, personne ne les connaît mieux que moi. Et Patrice ? J’ai lu sa thèse. Je le connais depuis 1969 ! Je ne vois vraiment pas qui pourrait faire une meilleure présentation que moi.

Vendredi 30 juin, soutenance des mémoires, à l’intérieur du séminaire,

Notre moment “colloque d’AI” s’est transformé en moment de soutenance. Je ne sais pas ce que Carmen Tatsch peut tirer d’une telle expérience. J’aurais préféré que cela se présente comme présentation de recherche. Siègent au jury : René Barbier, Christian Verrier, Lucette Colin, moi ; il y a Carmen aussi.

Dans la salle : un grand groupe. Je décide de faire passer une liste des participants.

J’ai du me retirer quelques minutes pour aller rentrer des notes. La machine marchait. J’en ai profité. J’ai rentré les notes de DEUST, de licence (écriture impliquée).

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Patrice arrive.

14 h 30,

Présentation de la recherche de Carmia Guezouli (Sayoud) ; l’Entrée de la langue française en Algérie (par une histoire de vie).

On est 37 dans la salle. Présentation du M2 sur la télévision à la réunion de Joël Xavier, préparé sous la direction de Madame Anna Eriksen-Terzian. - Kareen n’est pas là ? me demande une étudiante

chinoise.- Non.- ???- Elle est passée hier, mais aujourd’hui…

Que puis-je dire ? Je n’ai même pas vu Kareen hier.

Dans les couloirs je vois Aurélie. Elle me demande si je suis d’accord avec son dernier changement de sujet. - Oui mais peut-être que ton mémoire pourrait être

la liste des mémoires que tu aurais voulu écrire et que tu n’as pas traités.

J’ai voulu dire à Aurélie que j’en ai marre de travailler pour elle sur des sujets qui m’ennuient et qu’elle finit par abandonner. Il y a dix jours, elle est venue me prendre deux heures pour me faire parler des stéréotypes, et aujourd’hui elle a décidé de faire un mémoire sur je ne sais trop quelle pratique culturelle dans une association.

J’écoute une étudiante qui parle de formation. Elle s’appelle Rose-Marie Julio Goudemand, mais elle se

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présente sous le nom de son mari. Son discours m’ennuie. Elle cite des auteurs ternes.

Ce que la journée d’aujourd’hui m’enseigne : il faut écrire un Manuel de Science sociale à l’usage des étudiants de Master.

Jean-François Chausson a publié un livre dans la Bibliothèque européenne des Sciences de l’Education dans lequel il propose 10 styles de formateurs :- Le prêtre, le médecin- L’ingénieur- L’artiste, etc. …

Cette typologie est mille fois plus productive que toute autre typologie (cf. L’entraînement mental, Armand Colin).

Les soutenances continuent. On entend une fille qui fait quelque chose sur les minorités ethniques à la télévision.

Je me mets en colère contre une étudiante qui fait du cinéma. Elle parle de Bruce Bégout et de la notion de quotidien. Elle se reprend et expose finalement très clairement ce qu’elle a fait. Le jeune enfant est “fait de quotidien”. La recherche s’ancre sur un lieu. Elle distingue l’extraordinaire de l’ordinaire. Travail à partir d’un concept. Un concept, cela sert à couper la réalité. Un concept “quotidien”, “ordinaire – extraordinaire”, “enfant – professionnel” fonctionnent comme contre-concept par rapport au regard imposé par l’institution.

Travail avec Nathalia. J’ai manqué la soutenance de cette fille qui travaille sur le journal de bord.

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Paris 8, le 3 juillet 2006, 10 h 30,

Jury de mémoires de M1. Sont réunis : R. Barbier, Ch. Verrier, Lu et moi. On s’aperçoit que notre amie Anna est dans les couloirs. Jean-Louis vient de perdre son père.

Je pense à l’ouvrage de Mohamed Daoud. Cela peut m’occuper l’esprit. Il s’agit de regrouper des textes sur moi. Que retenir ? - K. Illiade, “R. Hess, et l’autogestion pédagogique”

(écrit),- G. Weigand “Les fondements théoriques de la

pensée de R. Hess”.Ce texte, conçu à Brasilia peut exposer :

- Marc-Antoine Jullien, Etienne Cabet, Frédéric Le Play. Puis Lefebvre, Lapassade, Lourau, Dali.Marc-Antoine Jullien, l’investissement de l’écriture

diaire (Paul Hess, Claire Manuel). Etienne Cabet, et l’utopie autogestionnaire.Frédéric Le Play, et l’influence de la science

sociale. Ces auteurs ont une présence dans la famille Hess.

Hélène Hess a réussi un concours en montrant son érudition sur l’œuvre de Cabet.

Mohamed pourrait parler de l’évaluation (conférence de Constantine) et du Maghreb… Il pourrait évoquer Moussa Haroumi, Ahmed Lamihi, Bonyounès…

Soutenances de Zouaou Rehouane et de Mohamed Ball.

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Je reviens à Mohamed Daoud. Je puis aussi lui donner le texte de Lorenzo sur la danse.

15 h,

Rencontre avec Anna. Elle est désolée de ce qui s’est passé entre nous vendredi. Je l’ai fait pleurer en lui disant qu’elle avait fait fuir deux étudiants. De part et d’autre, effort pour nous dire que l’on s’aime, et que l’on apprécie le travail de l’autre, etc. La fatigue de fin de trimestre est à l’origine de mon intervention.

Il n’y a personne en salle A 329. Je me demande si le conseil d’UFR aura lieu. Saeed est là, dans son bureau. René Barbier aussi certainement. Nous avons déjeuné ensemble à midi avec Francis Lesourd, Christian Verrier. Salvatore est passé. Il avait son accordéon. Je lui ai demandé de jouer un morceau. J’ai dansé une milonga avec Lu.

Ensuite, de retour à la fac, j’entends Salvatore. Il joue sur la terrasse du 2ème étage. C’est le pot de thèse de Maria. J’entends une milonga. Charlotte, ma fille, dans avec Maria devant 50 personnes (son père, le jury, le département de sciences politiques)…

Je descends du 3èmé et je participe à la fête où il y a aussi Valentin. Ma fille semble en forme ; Maria Eleonora Sanna, danseuse de l’école de Charlotte et Miguel, nouveau docteur en Sciences Politiques, semble totalement épuisée…

Au conseil d’UFR, on doit examiner la candidature de Jean-Louis Le Grand à la direction d’UFR. Il est absent. Son père est mort dimanche.

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Du coup, on cherche un ordre du jour. On se met à investir Laurence qui est candidate à la direction du Master professionnel. On la fait parler. Je dialogue avec elle. Je suis intéressée par son projet. J’ai rêvé développer un Master “pro”. Je ne sais pas si on peut analyser l’expérience de Laurence pour construire notre propre projet.

Mardi 10 septembre 2006,

Entretien avec Christine Campini. Elle instruit sa fille (11 ans) déscolarisée. Elle voudrait faire un M2 sur l’éducation domestique.

Jeudi 21 septembre 2006,

J’arrive à la fac à 9 h. Je négocie avec Lucette l’édition, tous les deux, du livre d’Urbain Guérin. Je lui propose une préface à deux, et l’inscription de ce livre dans la collection “Exploration interculturelle et science sociale”. J’ai décidé de relancer cette collection pour qu’elle atteigne les 50 titres.

Je suis donc installé à la fac dans le bureau A428. Je reçois Djaonti Abdenour qui propose un projet de M2 sur “La trajectoire de l’individu et les processus d’apprentissage”.

Je commence à atterrir. Je suis rentré dimanche de Salvador de Bahia, dans un état altéré de conscience. Fatigue due au manque de sommeil. J’ai des dizaines de courrier d’étudiants qui demandent une validation.

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Je dois donc reprendre chaque courrier et le classer par dossier :- Les formes de l’écriture impliquée (217459)- Théorie de l’expérience (211096)- AI (IED) (218127)

Je rencontre Khadija Chaoud. Elle travaille sur l’analyse institutionnelle (l’apport du courant sociologie et pédagogique). Je lui donne :- le Rabelais de H. Lefebvre, dans lequel il y a une

biographie de H. Lefebvre dans ma préface,- ainsi que Microsociologie de la vie scolaire de G.

Lapassade.

Je reçois ensuite Léonore qui me fait lire son texte sur la rythmanalyse.

Visite de Joël Xavier. Je lui signe son M2 (il a eu 17) avec Terzian et Lucette. Il veut s’inscrire en thèse avec moi sur la télévision. Je lui demande d’aller au service de la recherche pour se renseigner : les dossiers d’inscription sont-ils disponibles ?

Quand il est parti, j’ai oublié de lui dire de tenir un journal pour préciser son sujet (il me semble confus).

Christian Verrier passe. Il me donne 5 exemplaires de son journal de grève. Il me rend le journal de Hegel. On parle.

Ball Mohamed (M1, soutenance : 8 en juin) doit avoir 10 pour être validé. Il me propose de refaire son mémoire. J’accepte.

Joël Xavier revient. Il me faut lui faire un courrier administratif. Je lui parle du journal de recherche. Il

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acquiert La pratique du Journal. Il se souvient avoir tenu des morceaux de journaux.

Je lui parle de la photo biographie.

Passent : Hélène Bézille et Jean-Louis Le Grand.

Je m’aperçois, une fois que Joël Xavier est reparti avec sa lettre que j’ai oublié de noter son adresse mail.

Mohand Kaci me parle de son projet de M2 (les formations professionnelles en milieu carcéral. Quelles missions ? Quel avenir ?). Il veut me faire signer un papier sans me présenter de projet. L’an passé, il avait été refusé.

Je donne à Hélène Bézille :- Socianalyse et AI- La pratique du journal- Les irrAiductibles n°10- Le Play

Elle a retrouvé La Valse dans la bibliothèque de ses parents.

Réunion improvisée avec Jean-Louis, Christian, Lucette, Hélène. On relit le profil du poste MCF (enseignement en ligne). René Barbier vient nous rejoindre : on prépare un livre sur la recherche pédagogique : notre expérience à l’IED.

On explore le nouveau texte d’août 2006, sur les doctorats. Je voudrais introduire la question de la direction de thèse des maîtres de conférence.

14 h,

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Retour de M. Kaci. Il voudrait que je lui retrouve son mémoire de maîtrise à juin 2005.

Je donne un exemplaire du Le Play à Pierre Lunel, et un autre à Pierre-Philippe Rey.

Joël Xavier me dit qu’il n’est pas Kareen, qu’il ne pourra pas produire autant, et aussi vite que K. !- Elle n’est pas un modèle. Elle a exagéré. Elle est

épuisée…

Lissir AFIF va rendre son mémoire demain (il est en 4ème année de M1).

Validation (13) de Besmat Jarray.

Mercredi 27 septembre 2006,

Saint Denis. Réunion de la licence en ligne. J’ai été déjeuner ce midi avec Patrice Ville et René Barbier. Patrice a proposé à René de cordonner un numéro des irrAiductibles sur L’éducation sentimentale. Nous avons eu une “révélation” autours de ce thème. Christian Verrier annonce que 133 étudiants sont déjà inscrits à la licence en ligne. Parmi les présents aujourd’hui : Anna, Eric Baudoux, René Barbier, Sofiane, Jean-Louis Le Grand, Hélène Bézille, Kareen Illiade, et quelques autres. Je n’ai pas encore noté que j’ai retrouvé Kareen hier. Elle est venue déjeuner hier rue Marcadet – on a repassé en revue tous nos projets… Patrice n’est pas présent dans notre réunion. Je lui ai dit de venir nous rejoindre. Ca serait bien qu’il s’associe à notre chantier.

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Je m’aperçois que Kareen a un beau petit carnet dans lequel elle prend des notes. Je lui montre que j’apprécie le look de son carnet.

La réunion est hyper ennuyeuse. Je me demande à quoi pensent les 12 personnes qui sont là comme des pots de fleurs. Ecrire est un moyen d’échapper à la passivité bureaucratique.

Francis Lesourd, Florian, Nicolas Vasseur, Saeed Paivandi sont là.

Actuellement je me suis replongé dans mon journal des Etats-Unis. Je le rends plus concis. Il m’arrive trop souvent d’utiliser des formules trop longues, de faire des répétitions. La relecture rend le texte plus vivant. J’introduis une nouvelle ponctuation. Ce journal a la vocation de paraître dans la collection “Moment du journal et journal des moments”.

Voilà Patrice ! Il repart à 15 h. Je vais profiter de la voiture de Patrice pour rentrer à la maison et travailler. La réunion ici ne débouche sur rien. Il n’y a pas de vie ici. Lucette fait son cinéma : elle refuse d’entendre les problèmes des techniciens. Elle crée une interaction parasite avec Sofiane.

J’ai aperçu notre collègue qui va succéder à Laurence à la tête de la commission de validation des acquis. Il s’agit de D. Otavi. Elle travaille sur le rapport de Le Play à l’éducation. Elle intervient au colloque de Limoge et au colloque de l’Ecole des Mines.

Ce soir, j’ai donné rendez-vous à Zhen Hui Hui chez moi. Elle veut un certificat de domicile pour

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obtenir sa carte de séjour. Nous allons l’héberger administrativement (à titre gratuit) chez nous.

Actuellement, j’ai repris mon journal : L’Homme total. Ce thème intéresse Jean-Guy Lacroix – il dit qu’avec l’aliénation c’est un grand sujet lefebvrien.

La réunion devient intéressante. Sofiane explique ce qu’il est en train de faire : les projets sont nombreux et attrayants. Il s’agit de faire des cours parlés plutôt qu’écrits.

Aujourd’hui, j’ai lu le Journal de voyage de Hegel. J’avais prêté le livre à Christian Verrier qui me l’a rendu cette semaine. Je voudrais écrire une introduction à l’édition de mon Journal des Etats-Unis sur le “Journal de Voyage”. En quoi se différencie-t-il du journal des moments ? Ou mieux quelle est la particularité du journal de voyage dans le journal des moments.

Mardi 3 octobre,

J’arrive à la fac à 9 h 10, après avoir déposé Lu et Véro à 9 h (j’ai été faire le plein). Il y a une panne d’électricité dans tout le bâtiment, et pour toute la journée. J’ai remonté des livres dans la salle A 428 : des numéros des irrAiductibles et 3 exemplaires de L’Organisation du travail.

J’avais aussi des notes à entrer, mais je suppose que les ordinateurs ne fonctionnent pas.

Aujourd’hui, c’est l’organisation du jury de M1. Je le préside. A 10 h, je passerai chez Claudine pour

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préparer cette cérémonie, car plus les choses sont conçues à l’avance, plus cela va vite.

J’ai aussi une autre session de soutenance à organiser pour des étudiants qui m’ont rendu leur mémoire en fin de semaine dernière :- Khadidja Chaoud qui m’a rendu son mémoire

vendredi, et qui aurait voulu que je le fasse passer le jour même. « Son mémoire n’est pas bon » a dit René Barbier en le feuilletant. Il porte sur “La fondation de l’analyse institutionnelle, les apports du courant sociologique et pédagogique”. Le sujet est bon, mais le travail est un collage à partir de pas grand’chose. La fille triche. Elle fait le Ramadan, et elle pleurait parce que j’ai refusé de la faire passer sans avoir lu son travail. On se demande comment elle peut traiter de l’AI et se comporter ainsi !

- Derkaoui Abderrahmane m’a rendu un mémoire très faible intitulé “La construction du moment musical chez l’enfant arabe”. Je sens à la lecture de ce sujet que l’étudiant l’a formulé avec moi. Mais c’est la seule chose qu’il me doit. Il ne définit pas la notion de moment : du coup, on ne comprend pas ce choix de titre. Le contenu est parfois incohérent. Il y a des bribes de texte qui ont du sens mais la lecture suivie n’est pas possible. Faut-il faire soutenir ces mémoires ? Je n’en suis pas sûr.

Il faudrait demander à leurs auteurs de se remettre au travail. Ce serait un meilleur service à leur rendre que d’accepter une soutenance qui serait forcément consternante.

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Le troisième mémoire à faire soutenir, lui, est “Analyse des moments sans un texte imaginaire : le roman de Mémoire de la Chair”. Il s’agit d’un M2, mais je ne comprends pas si c’est un mémoire final ou seulement un rendu dans le cadre du séminaire. C’est un texte confus par sa richesse. Il part dans plusieurs sens. Il ne définit pas bien le moment.

Lucette me disait qu’il était temps de rendre ma Théorie des moments. Il faut le faire, dès cette semaine. Sans cet ouvrage, ils manquent de repères ces étudiants qui travaillent sur le moment.

Mohamed Ball est dans le couloir. Il a écrit un M1 sur “Analyse des facteurs de l’échec scolaire d’une population d’origine étrangère en France : Cas des enfants de familles maliennes, âgés de 6 à 11 ans”. Il voudrait connaître son jour de soutenance. Son mémoire aurait sa place à Escol. Pourquoi travaille-t-il avec nous ?

Autre M1 : Afif Lissir (171880) “Les immigrés maghrébins : qu’est-ce qui a changé à l’école depuis 20 ans ? ” C’est globalement un bon travail. Le seul problème : on ne comprend pas pourquoi il travaille avec moi.

C’est la rentrée. Il y a de plus en plus de collègues dans les couloirs…

Jeudi 5 octobre 2006, 16 h 20,

Je suis en pleine période de soutenance. J'ai une angine. Ce n'est pas pratique. Je viens de recevoir Dominique Aussant, mon seul étudiant de M2 à me

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rendre son mémoire. Il soutiendra le mardi 17 octobre en salle de "Crise", avec René Barbier, dans le jury, à 11 h.

Travaillant sur le journal des moments, j'ai décidé de publier mon journal pédagogique, comme section du Journal des moments. Le premier livre sera constitué par mon journal de Drancy (1982-83). Je dois le donner à taper. C'est décidé, je le publierai comme premier volume. Je l'intitulerai : Journal d'un professeur de lycée. Le volume deux sera intitulé : Journal d'un professeur d'université.

L'idée de donner à lire mon journal, à travers des moments bien spécifiés, remonte à 1989, lorsque je décidais de publier Le lycée au jour le jour, à partir de mon journal de l’année 1982-83. Je retiens les épisodes qui concernent mon métier de professeur de lycée, et j'écarte tout ce qui touche à ma vie intellectuelle (rédaction d’articles, participation à des comités de rédaction de revues, etc). Mon journal (total) de 1982-83 comptait 350 pages : à l’intérieur, le moment “ lycée ” n'en compte qu'une centaine.

Cette décision de publier ces journaux pédagogiques va me faire investir sur l'observation de mon travail pédagogique. Ce moment est souvent éclaté dans mes autres journaux. Cette année, je vais faire l'effort de centrer mon observation d'année, sur ce thème.

Vendredi 6 octobre, 11 h,

Je viens de recevoir Abderrahmane Darkaoui. Je lui ai montré tout ce qu’il a à faire pour sortir quelque

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chose de son mémoire : refaire la biblio, réécrire son texte, expliquer ce qu’est un moment… Il a repris l’ensemble de mes critiques. Il m’a demandé un texte sur les moments que je lui ai fait parvenir par mail.

Compte tenu de ma petite grippe, Lucette a emporté mes validations à la fac. Il n’est pas prudent pour moi de sortir.

***

Samedi 7 octobre 2006, 11 h 30,

Réunion de la licence en ligne. Je ne connais pas le programme de notre réunion. Presque tout le monde est là. Excellente ambiance : 45 étudiants, 20 présents enseignants ; Gaby Weigand est absente. Il me faudra lui faire un compte-rendu de cette réunion.

Lundi 9 octobre, conseil d’UFR,

Je viens de quitter Kareen : nous avons passé le week-end à Sainte Gemme pour corriger les épreuves du Marc-Antoine Jullien. Elle est partie les porter, pendant que je partais au Conseil d’UFR : les épreuves vont arriver aujourd’hui, et l’introduction dans huit jours. Kareen m’a donné l’état de son travail sur le sujet. Je vais le relire pour donner un état des pratiques de journal sur le plan mondial :- R. Hess, G. Lapassade, R. Lourau, R. Barbier, A.

Coulon, P. Boumard… à Paris 8.- M. Zabalza, en Espagne (Santiago de Compostelle)- L. Lafortune, Canada (Montréal)

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- J. Barbosa, Brésil (Sao Paulo)

Mercredi 11 octobre, 6 h 15,

Je suis en partance pour Berlin. Hier, j’ai pu intervenir sur le cours en ligne (AI) pour signaler 3 livres à rajouter à la bibliographie :- G. Lapassade, G,O,I, 5ème édition.- P. Boumard, G. Lapassade, M. Lobrot, Le mythe de

l’identité, éloge de la dissociation- J. Korczak, Moments pédagogiques.

Il faut intervenir régulièrement sur le forum. J’ai dit aux étudiants que je partais pour 4 jours à Berlin. Je rentre samedi soir, très tard. Hier soir, coup de fil d’étudiants souhaitant soutenir leur M1 ou M2. Mardi sera une journée chargée.

Dans la journée, travail intense sur la préface de Kareen au livre de Marc-Antoine. Il y avait tous les éléments, mais il fallait revisiter ce texte. J’y ai pris beaucoup de plaisir, vérifiant toutes les références dans les originaux des ouvrages.

A 17 h 30, j’ai reçu Zhen Hui Hui. Je l’ai aidée à réécrire son petit résumé de thèse. Nous avons fait le point sur l’organisation de la soutenance : c’est devenu une vraie bureaucratie. J’ai contacté Georges Vigarello. A Berlin, j’envisage de proposer à Gaby de faire partie du jury. Elle pourrait faire le pré-rapport de ce travail qui a une parente avec Schule der Person. J’ai eu peur qu’elle manque de temps. Qui, alors, pourrait faire partie de ce jury. Les experts en danse ne sont pas nombreux.

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Samedi 14 octobre, dans l’avion de Berlin-Paris, 21 h 30,

Je pense à l’injonction de Gaby : il faut commencer par la pédagogie institutionnelle. Ce livre nous met à égalité. Oui. D’accord. Je me mettrai plus tard Aux méthodes biographiques dans la recherche interculturelle.

Faire les livres un par un. Mais avoir un ordre de priorité. La PI avant le cours d’AI, mais pas avant La théorie des moments.

Sainte Gemme, le 15 octobre 2006, 11 h 30,

Livre sur la PI : Lucette est d’accord avec Gaby. C’est le bon sujet.

J’y ai réfléchi en roulant dans la voiture me conduisant vers la Champagne. Il y a quelque chose d’original dans la manière dont Gaby et moi, nous entretenons une relation à la pédagogie institutionnelle. Ainsi, les classes vertes : une manière d’approcher le moment interculturel dans la PI.

Ma relation à Gaby est précieuse parce qu’elle dure. Mon intérêt pour l’Allemagne s’enracine depuis des lustres, mais avec Gaby je trouve quelque chose de l’ordre d’un partage de transversalités en devenir. On n’est pas toujours dans la même structure transversaliste (elle peut-être prof de lycée alors que je suis prof d’université), mais nous travaillons ensemble car nous partageons nos moments : je comprends ses problèmes de prof de lycée pour les avoir vécus ; elle comprend nos problèmes de prof de fac parce qu’elle

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les a vécus et sait qu’elle peut virtuellement les revivre ; etc.

Notre relation interpersonnelle s’appuie sur des moments communs, même s’ils ne sont pas actualisés dans le présent. Je me sens toujours solidaire des profs de lycée : je m’imagine pouvoir retourner au lycée, comme Gaby l’a fait après avoir été prof de fac, cinq années.

Faire raconter à Gaby son histoire de vie est un moyen de comprendre ce qui constitue notre relation : les moments s’explicitent. Hier, je n’osais pas demander à Gaby de participer au jury de Zheng Hui Hui. Je me disais qu’elle avait beaucoup de choses à faire, que lui demander de venir à Paris en décembre, c’était trop lui demander…

A ce moment, Gaby me dit :- A quoi penses-tu ?

J’ai pu lui parler. Finalement, elle a accepté de venir à Paris pour mon étudiante.

Mardi 18 octobre 2006,

Journée intense de travail à Paris 8. J’ai fait soutenir Dominique Aussant. J’ai proposé 12 pour son mémoire très critiqué par René Barbier (qui a exprimé tout ce que je ressentais par rapport à ce travail). Lucette a proposé qu’on le remonte à 13/20.

Ensuite, soutenance d’Afif Lissir “Immigrés maghrébins : qu’est-ce qui a changé à l’école depuis 20 ans ?” (Lucette a lu précisément le mémoire). Bonne discussion.

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Je fais une lettre à Bautier pour soutenir la demande de dérogation (3eme année de M1) de Melle Sid Bochra. Giorgio de Martino veut me rencontrer. Salvatore Panu aussi… Il y a aussi le cas de Zouaou. A-t-il été validé par Patrice ?

J’ai vu Patrice ce matin. Il est angoissé par sa vie universitaire. Moi pas.

14 h,

Soutenance du mémoire de Vincent Essono Assoumou Analyse institutionnelle et formation des enseignants au Gabon, préparée sous la direction de Patrice Ville (128 pages dont 4 de bibliographie).

Vincent parle bien. Il sait de quoi il parle. Beaucoup de références à des ouvrages que je voudrais lire :- Abraham, A., L’enseignant est une personne, Paris,

ESF, 1984- Schön, D.A., Le praticien réflexif, Montréal,

Editions logiques, 1995.

Mercredi 19 octobre 2006, 16 h 30,

Je suis dans le TGV de Marseille. Je pars pour un colloque de sociologie de l’art où je communique avec Barbara Michel.

Je voulais noter que j’ai travaillé, hier et aujourd’hui, pour le cours en ligne. Beaucoup de consultations de mon cours. Déjà 5 forums. J’ai installé deux journaux à moi dans les forums : Le moment conçu et La vie secrète d’un artiste clandestin.

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Gaby aura-t-elle la curiosité d’aller jeter un coup d’œil ? C’est amusant de communiquer via le net ! J’ai oublié de leur écrire une lettre avant de partir pour le sud. Il y aurait beaucoup de choses à écrire pour commenter notre séjour à Berlin.

Je dois écrire le compte-rendu de notre travail pour l’OFAJ. Là encore, j’aurai eu besoin de temps. Je le ferai pendant le prochain week-end. J’ai écrit de nombreuses pages dans mon Journal sur Mon Allemagne à moi que j’aurais pu aussi intituler : De l’Allemagne.

Je suis heureux d’intervenir sur le cours en ligne. Cela va être productif. Je sens que les étudiants sont de vrais lecteurs. Je vais trouver de l’énergie pour écrire de nouveaux cours pour le master en ligne. Lucette a installé notre dispositif de travail sur mon ordinateur qui est devenu le sien…

Lundi 23 octobre, Rue Marcadet, 10 h 30,

Visite d’Opapé. On fait le point sur sa thèse. Il pense soutenir en mai 2007. Il a déjà écrit 250 pages de sa thèse. Je lui écris la lettre de soutien à sa demande de dérogation.

Passage de Léocadie qui parle de son sujet. Opapé ne la connaît pas. Ils font connaissance.

Constitution du jury Opapé. Xypas pourrait en être. Je lui prête Education et Valeurs.

La licence en ligne est bloquée.

Travail sur la composition du jury de thèse de Zheng Hui Hui. On avance. Vigarello étant absent et

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France Schott Billman aussi, idée de rajouter Liz et Thylda à Constantin et Gaby.

A la fac, conseil d’UFR. Je remplis les papiers d’Alain Montlouis (5ème année). Georges passe et veut me voir. Il me donne des instructions concernant l’édition d’Ethnosociologie, puis de fil en aiguille, il me rédige une amorce de son testament. Les livres de ses bureaux seront installés à Sainte Gemme. J’accepte ce testament.

Ensuite, Georges m’invite à animer son séminaire d’ethnométho-dologie. Je parle une bonne heure. Il propose ensuite une pause. Je repars à Paris à 19 h.

J’expose les ressources que représentent les méthodes biographiques : correspondance, histoire de vie, journal, monographie.

Jeudi 26 octobre, 10 h 15,

Valentin est chez moi, avec Gaby. On parle de la thèse de Valentin sur l’analyse institutionnelle.

Samedi 28 octobre 2006, 12 h 40,

Je lis cette dépêche de l'AFP du mercredi 25 octobre 2006 :

"Rapport Hetzel sur l'orientation et l'insertion : les mesures retenues… Voici les mesures préconisées dans le rapport Hetzel que le gouvernement Villepin veut mettre en oeuvre "très rapidement" à l'université :

- signature d'un contrat entre l'étudiant et l'université fixant un projet de formation et d'insertion, premier bilan à l'issue du premier semestre, réorientation possible sans attendre la fin de l'année scolaire

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- mise en place dans chaque université d'un service des emplois, des stages et de carrières

- création d'un observatoire des parcours des étudiants et de leur insertion professionnelle dans chaque université

Et sur l'insertion professionnelle des étudiants :

- rendre obligatoire, pour les étudiants de licence, l'acquisition des compétences indispensables pour trouver un emploi: langues étrangères, informatique, rédaction d'un CV,

- proposition d'un parcours professionnalisé à tout étudiant qui le souhaite, sous la forme de stages, d'alternance ou d'enseignements en lien direct avec l'emploi,

- mise en place d'un semestre ou d'une année de césure entre la licence et le master, pour permettre aux étudiants de faire un stage en entreprise, de partir à l'étranger, de s'engager dans un projet associatif."

Concernant les langues étrangères, je suis d'accord. Je vais mettre des textes en langue étrangère dans mon cours de licence. Hier, j'ai mis en ligne le journal de recherche en espagnol d'Armando. Je vais mettre un morceau de ma correspondance avec Gaby.

Dimanche 29 octobre, 16 h 30,

Beau soleil, à Sainte Gemme. Je pense à Armando Zambrano qui veut venir ici. Il ne me connaît que depuis 3 semaines et il connaît déjà Ste Gemme. Il va falloir que je lui demande un article pour le livre de Daoud.

Jeudi 2 novembre 2006, 15 h 45,

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Je viens de voir René Barbier. Il me demande des textes pour son site. Je vais lui envoyer plusieurs textes :- La démarche du journal (avec Clarisse)- Lefebvre et son œuvre (avec Gaby)- La préface au Mythe de l’identité.

Mon cours (Théorie de l’expérience) s’est très bien passé. J’ai parlé de la Phénoménologie de l’esprit, d’Auguste Comte (les 3 états), de Léocadie Ngo Mbous (conscience et inconscience au Cameroun). Beaucoup de réactions.

Questions sur :- l’expérience de l’interprétation (des livres Saints),

d’où une ouverture sur Schleiermacher, Dilthey, etc.

- l’aliénation. J’évoque La Somme et le Reste. Vente de quelques bouquins apportés avec moi, excepté Voyage à Rio.

Autre satisfaction : le cours en ligne où j’ai une forte implication.

Beaucoup de travail en perspective. Clarisse va me téléphoner pour me demander si on se met à la transduction de Susana demain. Faut-il m’y mettre ou partir à Ste Gemme ?

Une question posée sur les rapports entre religion et science m’a conduit à parler de Kant. Je me sans très à l’aise sur la notion de critique. Cours totalement improvisé, répondant aux questions des étudiants, etc. C’est un énorme plaisir.

Sainte Gemme, le 5 novembre 2006,

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Marie Humbert m’a posé une question sur le cours en ligne, concernant la méthode régressive progressive.

Du coup, je me suis mis à cogiter : et si on se mettait avec Gaby à produire notre livre sur le sujet ? J’ai parlé avec Lucette ce matin. Je voudrais qu’elle me donne toutes les références freudiennes sur le sujet. Lucette m’a dit que Freud lui semble “structuraliste”, alors que Madame Aulagnier est davantage dans l’“histoire”.

Eléments pour un plan :

I- Je vois un chapitre sur Freud, un autre sur Marx, un autre sur Sartre

II- Les concepts de la méthode régressive-progressive.o Le momento Le continuumo Passé, présent, futur. Traiter le présent

d’abord.III- Les terrains

o La personneo La familleo La ville

Je suis content de cette illumination. Je crois que je puis faire ce livre d’un trait en rentrant à Paris.

Intuition aussi sur la PI. Gaby me demande de faire un cours avec elle sur PI et approche biographique à Karlsruhe. Il n’y a qu’en faisant des chantiers de ce type que nous pouvons produire, à

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partir du terrain, des idées communes et leur donner l’essor qu’elle mérite.

6 novembre,

Vanessa me demande les versions numériques du journal d’un Artiste, et du Moment conçu. Marcia me demande Le journal de Voyage et le Journal d’Armando.

Le 7 novembre 2006, 17 h,

Armando anime mon séminaire de M2. Ce matin, il est arrivé vers midi dans le cours de M2 de Patrice que j’animais à sa place. Hier, Patrice était venu chez moi m’apporter une cassette pour ses étudiants de licence. Moi, j’avais la mission de faire une présentation de la bibliographie de l’AI. J’ai bien travaillé. A la fin, les étudiants passèrent des commandes… Alors, après avoir fait un saut au chinois pour casser la croûte, on est parti chez Anthropos. J’ai rapporté 50 exemplaires de La pratique du journal, 50 exemplaires des Moments pédagogiques, 10 exemplaires du Mythe, 10 ex. de G., O., I., 10 exemplaires de L’organisation du travail, 5 Centre et périphérie. J’en ai eu pour 1169,79€ !

Je m’aperçois que les étudiants se sont jetés sur ces livres et que je n’ai peut-être pas vu assez grand. On est mardi soir. Dois-je commander d’autres livres ? Quand ? Je ne peux pas avancer trop d’argent, mais le 15, on aura besoin de beaucoup de bouquins (intervention d’Evreux).

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8 novembre 2006,

Swan ne parvient pas à ouvrir journal d’un artiste. Pareil pour Vanessa. Autre demande pour le Journal d’un artiste et Le moment conçu.

Commentaire d'un texte envoyé par Patrick Boumard, sur l'ethnographie de l'éducation.

Je suis en désaccord total avec le texte de Patrick (3° version). Il ne correspond pas à mon expérience ni de l'AI, ni du travail d'ethnographie de l'école qui a pu se mener à partir de Paris 8, sur divers terrains. Tout un travail s'est mené autour de G. Lapassade et d'autres, dans un séminaire de DESS, dans les années 1980. Si on y a traduit Garfinkel et Woods (P. Berthier), on a aussi traduit d'autres auteurs. Miguel Zabalza a eu autant d'influence sur nous que Woods. A. Coulon (oublié dans le texte de Patrick) a tiré de ce séminaire ses principaux ouvrages jusqu'au Métier d'étudiant (2° éd., Paris, Anthropos, 2005, 236 pages) qui est vraiment un livre qui s'inscrit dans cette mouvance.

Ce texte de Patrick est truffé d'erreurs factuelles (R. Lourau n'a jamais été professeur en sociologie ; G. Lapassade a rejoint très vite les sciences de l'éducation). Des oublis massifs ; ainsi, rien, dans son texte, sur les outils : depuis 1976, travail systématique sur l'écriture impliquée (journaux, correspondances, monographies, histoires de vie). Le numéro 9 de Pratiques de formation (1985) montre toute la variété des pratiques du journal (12 contributions), depuis le journal d'auto-formation jusqu'au journal ethnosociologique. Ce numéro, réédité, a une influence réelle. 1000 mémoires de maîtrise entre 1976 et 2006

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s'enracinent en sciences de l'éducation dans l'écriture du journal de terrain (journal institutionnel, notamment). Comme moi au lycée en 1982-83, G. Lapassade a d'ailleurs diffusé massivement son journal de la réforme des DEUG, comme outil d'intervention institutionnelle (1984).

Ces outils sont présents dans l'AI dès le début des années 1960, notamment pour la monographie et pour le journal (R. Fonvieille, R. Lourau). Dans ma préface à la 5° édition de Groupe, organisation, institution, de G. Lapassade, (Paris, Anthropos, 2006), je montre que c'est un travail de terrain de G. Lapassade, dans une cité étudiante, qui le conduit à inventer l'AI, vers 1958. L'utilisation que nous faisons de ces outils ethnographiques comporte toujours une dimension d'intervention (cf. R. Hess, La sociologie d'intervention, PUF, 1981). Le travail sur les interventions prend des formes ethnographiques (cf. R. Hess et al. "L'institution sur le divan, ethnographie d'une socianalyse", 1981 ; réédition dans Hess, Lapassade, Lourau, Ville, Weigand, Analyse institutionnelle et socianalyse, Paris, AISF, coll. "transduction, 2006, pp. 215-355). Ce texte est important pour notre débat puisque cette intervention a lieu dans une école d'éducateurs (intervenants : M. Authier, L. Colin, P. Dibie, R. Hess).

Patrick oublie totalement des textes sur les outils :-R. Lourau, Le journal de recherche (Paris, Méridiens Klincksieck, 1988) ; -R. Hess, La pratique du journal (Paris, Anthropos, 1998).

Sur ce terrain, Kareen Illiade montre qu'il existe un continuum de cette pratique d'ethnographie, depuis deux siècles, en rééditant en 2006 : Essai sur l'emploi

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du temps (1808), de Marc-Antoine Jullien, texte qui est à la fois un manifeste de l'ethnographie de l'éducation, une méthode de tenue du journal, un fondement philosophique à l'éducation informelle. On peut y voir la fondation du mouvement d'une éducation active, moderne, nouvelle. Entre M.-A. Jullien, et nous, Kareen Illiade inscrit encore Moments pédagogiques de J. Korczak dont la première traduction en français paraît en mars 2006, chez Anthropos. Ce texte est suivi d'une discussion entre Kareen et moi-même, montrant le devenir de cette pratique ethnographique qu'est le journal pédagogique.

Sur le terrain du continuum monographique, on ne peut ignorer tout le travail sur l'école de Le Play (B. Kalaora, A. Savoye, G. Weigand et moi-même). A. Savoye a sorti deux numéros des Etudes sociales sur la monographie. Je signale pour ceux qui n'ont pas été informé : nous avons sorti L'organisation du travail, de F. Le Play, dans la collection "Anthropologie" (Anthropos) en 2006. Les monographies de famille de F. Le Play, l'école des voyages (1882), etc sont des moments riches de notre continuum ethnographique. Depuis deux ans, avec G. W., nous avons relus La réforme sociale. C'est une mine pour l'ethnographie de l'école.

Ainsi, la coupure mise en avant par Patrick entre intervention et ethnographie n'est pas, pour nous (L. Colin, G. Weigand et moi), si évidente que cela. La crise dont il parle a surtout été une crise personnelle de G. Lapassade en 1980, au moment du déménagement de Vincennes, qui fut l'occasion d'une ouverture de notre mouvement aux disciples de G. Mendel, lui-même objectivement très à la remorque théoriquement de G. Lapassade et R. Lourau !

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Ainsi, encore, la thèse de Patrice Ville sur Gens du tas et gens d'école (800 pages, Paris 8, 2001) est un mélange subtil d'AI et d'ethnographie de l'école.

Une influence déterminante pour le devenir de la confrontation des institutionnalistes avec l'ethnologie (création du DESS d'ethnométho-dologie par R. Jaulin, G. Lapassade, J. Sumpf, Y. Lecerf), oubliée par Patrick, a été celle de R. Jaulin et P. Dibie. Des rencontres communes de travail (à partir de 1976) font travailler ensemble institutionnalistes et ethnologues (une rencontre à Berlin, Wannsee, 1976) a conduit à la production de textes où l'interférence entre les deux disciplines est manifeste (P. Dibie, Le village retrouvé, 1978). Ce travail de confrontation s'est installé à l'OFAJ où des institutionnalistes ont pratiqué l'ethnographie de l'école dès 1978 (programme sur l'observation participante de classes vertes franco-allemandes, coordonné par Lucette Colin, qui s'est prolongé jusqu'en 1997). Avec Lucette Colin, Gabriele Weigand, nous avons fait 200 journées d'observation participante dans des classes primaires. De nombreux chercheurs ont été associés à ce chantier, dont P. Tapernoux. Nous avons fait des monographies, des histoires de vie d'élèves français et allemands, etc. Pour se faire une idée sur ce travail collectif : R. Hess et G. Weigand (éd.), L'observation participante dans les situation interculturelles (Paris, Anthropos, 2006, 280 pages). Ce travail a eu des effet concrets d'intervention sur les systèmes éducatifs : apprentissage d'une langue étrangère à l'école élémentaire.

Oubli énorme de tout le courant de la pédagogie institutionnelle dans lequel de nombreux groupes pratiquent des formes d'ethnographie de l'école (J.

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Pain, G. Weigand et autres : plusieurs dizaines d'ouvrages publiés, chez Matrice, notamment).

En formation d'enseignants, la posture d'ethnographie de l'école a été au coeur d'un débat, au moment de la réforme des IUFM. Notre courant a perdu, mais on assiste aujourd'hui à une amorce de retournement (je vais présenter la technique du journal à 200 futurs enseignants de l'IUFM de Rouen, le 15 novembre, avec K. I.).

Les quatre livres de Christine Delory-Momberger, prof à Paris 13, sont oubliés. Ils sont reconnus, comme je m'en suis aperçu en septembre 2006 à Salvador de Bahia, où la plupart des 1000 profs d'université présents à une conférence internationale sur le biographique en éducation, connaissaient ses travaux et la citaient.

Oubli encore de la posture d'anthropologie historique... La construction du concept de continuum par H. Lefebvre et R. Lourau (L'Etat inconscient, mais surtout texte de R. Lourau sur la pédagogie anarchiste, réédité en 2000 dans le n° de Pratiques de formation sur R. Lourau ; posture amplifiée massivement dans G. Weigand, Schule der Person, Wurzburg, Ergon, 2004, 430 pages).

La vitalité de la théorie des moments, de la méthode régressive-progressive, la critique du quotidien, montre qu'une influence non négligeable d'H. Lefebvre surdétermine beaucoup de recherches : Peter Berger et Luckman citent Lapassade. Lefebvre aussi. Il monte que L'entrée dans la vie est une utilisation des moments (La fin de l'histoire, réédition,

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Anthropos, 2001). La théorie des moments est une approche ethnographique de la construction du sujet.

Enfin, Patrick ne voit pas le mouvement interne à l'AI qui, ancré dans la psychothérapie ou l'école dans les années 1950-60, s'est élargi à la critique de la vie quotidienne, pour déboucher sur une prise en compte de l'"éducation tout au long de la vie".

Dire que M. Lobrot ne s'intéresse plus à l'éducation entre 1971 et 1995 est une incompréhension profonde du mouvement qui nous traverse. Toute sa recherche diaire sur "Apprendre à vivre" semble, au contraire, s'inscrire dans une moment d'une science de l'éducation qui ne se renferme pas sur le "moment école".

Le texte de Patrick ignore la revue des irrAIductibles qui a tout de même publié 4000 pages depuis 2002. Si on relit les dix numéros en continu, on s'aperçoit de la dialectique constante entre AI et ethnographie !

Il me faudrait une journée pour rédiger un texte alternatif ! Mais voilà une première réaction, à chaud !

Vendredi 10 novembre, 10 h,

Réunion “master en ligne”.

Sont présents : Hélène Bézille, Christian Verrier, René Barbier, Lucette Colin, Jean-Louis Le Grand, Remi Hess.

Ce soir, on est invité à dîner chez Pascal.

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Le livre de Marc-Antoine est paru hier.

Lundi 13 novembre 2006, 8 h,

J’ai travaillé une heure trente pour le cours en ligne de 6 à 7 h 30, ce matin, puis envoie de journaux à 8 étudiants demandeurs.

Message de Gaby. Elle me propose de venir à Karlsruhe le 6 décembre. C’est la veille de mon colloque Lefebvre. Impossible techniquement.

Mardi 14 novembre 2006,

Saint-Denis. Je passe au cours de Patrice pour déposer quelques exemplaires sur l’Essai sur l’emploi du temps. Les étudiants sont divisés en deux groupes. Je dis à Patrice que je dois aller à Roissy pour aller chercher Elena Theodoropoulou qui va intervenir dans mon séminaire. Je décide d’aller voir M Hélène Bonello qui n’est pas arrivée. Je vais au bâtiment D. Je pense monter chez Chloé. Je suis arrêté en route par une affiche :

Etats généraux de géographie. Je me rends dans la salle des 006. 19 personnes écoutant des personnes qui racontent leur itinéraire. J’assiste à 2 exposés puis je me décide à reprendre mon précédent emploi du temps.

Vendredi 1er décembre 2006,

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Le vendredi 8 décembre, à 14 h, à l'Université de Paris 8, je vais participer à la soutenance de thèse de Madame Micheline Thomas-Desplebin, intitulée Rapport dialectique entre éducation familiale dans une famille très nombreuse et éducation permanente, une histoire de vie familiale. (Jury : Jean-Louis Le Grand, directeur, Bertrand Bergier, professeur à l'Université catholique de l'Ouest, Marie-Jo Coulon, DRDJS des Pays de Loire, Daniel Gayet, maître de conférence à l'Université de Nanterre, Remi Hess, Jean-Pierre Pourtois, professeur à l'Université de Mons-Hainaut).

J'ai passé la journée à lire les 967 pages de ce travail (dont 52 pages de bibliographie), et je dois dire que j'ai eu l'impression d'avoir entre les mains un grand texte.

Fille d'une famille de quinze enfants, cette dame, née en 1945, décide de prendre sa famille pour objet d'étude. Son père, né en 1903, est un jeune de l'assistance publique qui commence à travailler à 9 ans. Sa mère, née en 1909, commence, elle, à travailler à huit ans, comme bonne… Une sacrée aventure commence en 1927 quand ils se marient pour échapper à leurs maîtres respectifs… Une sacrée méditation sur l'éducation familiale !

Un intérêt particulier : cela se passe dans le département de Ségolène ! Un texte qui montre que Jean-Louis Le Grand est un grand directeur de thèse.

J'ai invité les étudiants de la licence en ligne de se joindre à nous !

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Nancy le lundi 4 décembre 2006, 9 h 30,

Je suis dans le train Paris-Munich qui me conduit à Karlsruhe, où je vais travailler avec Gaby Weigand. Ces derniers jours j’ai relu des journaux que j’avais fait tapé. Et j’ai eu une impression bizarre, à l’instant, que je voudrais noter : j’ai l’impression d’une résonance morphique entre la peinture à l’huile et l’écriture des journaux.

Depuis que je fais de la peinture à l’huile (2003), j’ai l’impression que mes journaux se font par des couches successives que je laisse sécher avant de reprendre la toile. Un tableau à un thème, un motif. La manière dont j’organise ma pratique du journal des moments semble s’inspirer de cela. Il y a une exposition des journaux à la manière dont on expose une œuvre dans un musée. Il y a des périodes dans mes journaux : avant 2000, avant 2003. Le journal de l’aliénation me semble très intéressant pour monter ce que je fais aujourd’hui.

Hier, j’ai répondu avec plaisir à une enquête sur la pédagogie des enseignants chercheurs de Paris 8. En même temps, j’avais l’impression que les questions fermées ne me permettaient pas de m’exprimer, ainsi à la question : « Vous imaginez-vous travailler dans un autre établissement ? », j’ai répondu oui. Et à la question Lequel ? J’ai répondu « une école de la seconde chance (pour jeunes déscolarisés) » – le mec qui va dépouiller cela va se marrer.

Je feuillette ce journal. Sophie a disparu de mon paysage. Je suis triste, mais c’est la vie. Les bons étudiants se professionnalisent. Ils trouvent du boulot, et donc ils suspendent leurs études. La fac de Paris 8

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ne comprend pas cela. Un salarié est prêt à payer tous les ans des droits d’inscription pour garder un contact avec l’université, et faire son œuvre à son rythme. Pourquoi lui dire qu’il doit se presser ?

Dans le questionnaire d’hier, il y avait une question du genre :- Pratiquez vous une pédagogie spéciale pour les

étrangers ?J’ai mal répondu. En fait, ma pédagogie est faite à

destination des étrangers, j’ai une pédagogie spéciale pour les français. Je suis jaloux d’un mec qui dort comme un loir. Je n’ai pas assez dormi cette nuit. Je me suis réveillé à 3 h 30. J’avais peur de manquer mon train. Cela aurait été une catastrophe. Gaby est tellement occupée que réussir à passer 15 heures avec elle est comme un miracle. On va bien travailler. Je note mon rapport à l’Allemagne dans un nouveau journal : Mon Allemagne à moi.

Je pourrai aussi en ouvrir un que j’intitulerai Ma Gaby à moi, mais je préfère travailler à l’édition de notre correspondance.

J’expose actuellement mes journaux sur le cours en ligne. Les étudiants qui veulent en lire peuvent me les commander. J’ai ouvert un forum pour en permettre le commentaire.

Je viens de paginer les pages de ce carnet. Je me dis qu’il faudrait que je colle à cet endroit les huit jurys de thèse auxquels je participe ce mois-ci. Dans un questionnaire, on m’a demandé combien de thèses j’avais fait soutenir depuis 2002. J’ai répondu 40, mais ça doit être 60 (à contrôler) [Questionnaire de

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Toulouse sur la valorisation de la recherche en éducation].

Ce journal pédagogique est celui que je délaisse le plus. Je n’y raconte que le dixième de ce que je fais. Par exemple, je ne raconte absolument rien de mon activisme sur le cours en ligne. C’est une activité innovante pour moi, une expérience nouvelle, et je ne prends même pas le temps de méditer dessus. Je suis nul : parce que j’écris beaucoup sur le forum, je crois que j’ai fait ce que je dois faire. Or, sans le moment réflexif, pas de pédagogie.

Gaby m’a dit au téléphone qu’elle me recrute comme expert dans un programme germanique des Communautés européennes sur la formation des enseignants, parce que je tiens mon journal, et que c’est une technique originale !

Si je faisais l’effort de relancer mon auto-observation journalière sur le terrain pédagogique, je ferais beaucoup avancer la réflexion. Dans mon musée de journaux, le “pédagogique” devrait être une toile immense occupant une salle immense comme certaines toiles de Delacroix du Louvre. Or, mon journal pédagogique est une sorte de collage sans ambition installé dans un entre-deux. J’écris davantage dans Le journal de l’aliénation ou Le journal des dissociations que dans ce journal.

Je néglige trop mon Journal de danse. C’est un sujet qui mériterait “observation”, lui aussi.

Mardi 5 Décembre 2006, 15 h,

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C’est l’anniversaire de Benoît. Il me faut lui écrire un mail ce soir…

En rentrant de Neustadt, je me suis penché sur quelques mails reçus depuis hier. Elisabeth de Bruyère (du cours en ligne) m’écrit longuement. Il me faudra lui répondre.

Estelle me montre un livre d’Henri Lefèvre que je n’ai jamais vu dans cette forme : Position : contre les technocrates, en finir avec l’humanité-fiction ; la première partie s’intitule « Technicité et quotidienneté, fragments de manifestes du possible ». Elle compte 50 pages. Estelle me prête ce livre une semaine (paru en Médiation, grand format en 1967, 232 pages).

Samedi 9 décembre 2006,

Je sors de chez Thylda Moubayed. J’ai été heureux de la retrouver, elle dont j’ai fait soutenir la thèse en 1988, et son mari aussi, Herbillon dont j’ai fait soutenir la maîtrise en 1991… Le temps passe :- Tu n’as pas changé, m’ont-ils dit !

Ils vont venir à la thèse de Zheng Hui Hui.J’ai évoqué la thèse d’hier (de Micheline Thomas-

Desplebin). Les Herbillon sont “très famille”.

Je repense à deux ou trois choses que je veux rajouter dans mon rapport de soutenance… Je l’ai fait ce matin, et je me suis appliqué pour ce faire. Ce rapport est si important pour moi que je le reprendrai.

Les Herbillon m’ont dit que je transforme la vie universitaire en fête… Au départ, j’ai eu du mal à comprendre, mais ils se sont expliqués.

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Je veux rajouter dans mon rapport :- le fait que je ne me revendique plus comme

scientifique, au sens des sciences sociales. Les critères des sciences de la nature appliquées aux sciences de l’esprit (Dilthey) ne me semblent pas opératoires.

- Dans la thèse de Micheline : bonne utilisation des 3 méthodes des sciences de l’esprit : dialectique (le mot apparaît dans le titre de sa thèse), phénoménologie et herméneutique.

Je repense que le livre que Gaby m’a donné est une clé pour écrire un livre sur Dilthey ; sur le rapport que je veux entretenir à la science.

Mardi 12 décembre 2006, 12 h 30,

Paris 8, salle B 106, soutenance de thèse de Madame Myriam Yolanda Ramirez : L’enseignement en tant qu’art dans le curriculum Waldorf.

Installer un jury à l’heure du repas est assez paradoxal. C’est Christophe qui a besoin d’être libéré à 15 h. Nous avons la chance que Jacques Ardoino soit absent. Cela rend possible de faire soutenir le travail en 2 h. La candidate lit son texte. Elle n’a pratiquement pas d’accent. 16 personnes assistent à cette soutenance. Madame Senglat est là dans le public. Cela me fait vraiment plaisir de la revoir. Il y a aussi Christian Verrier, son fils ; Angela, la nouvelle post-doc, de Maceio, qui connaît Sergio Borba et Pierre Chalita.

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René Barbier est directeur de cette thèse. Florence Guist-Desprairies (rapporteur extérieur), Christophe Wulf, rapporteur, Paul Taylor, professeur à Rennes 2, également auteur d’un rapport. Je ne connaissais pas ce collègue qui a pour objet de recherche l’apprentissage tout au long de la vie.

René Barbier m’a dit qu’il fallait appliquer le décret du 7 août 2006, selon lequel la mention est donnée à bulletin secret. Il a apporté des enveloppes !

Il y a aussi dans la salle le représentant des Ecoles Steiner (un français que j’ai déjà rencontré).

Christophe qui lit le titre de mon journal L’homme total me demande :- C’est toi !

René Barbier suspend son intervention.- Quoi ?- Non, non…

On se tait. Je n’ai pu que glisser à l’oreille de Christophe :- L’homme total, concept de Marx !- Je sais ! m’a-t-il répondu.

Je sais qu’il sait. Ma défense était mauvaise. J’aurais du dire : “Oui, l’homme total, c’est moi !”.

Dans la pédagogie Steiner, grande place pour des dimensions multiples et variées : agriculture, médecine, art.

René fait un catalogue du contenu de la thèse. Cela me permet d’en prendre connaissance dans le détail (je me suis assez vite arrêté dans sa lecture, piquant du nez à chaque fois que j’en reprenais le

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cours). Il explique bien le contenu de la thèse. Finalement, j’ai bien fait de résister (physiquement) à sa lecture. Actuellement, je suis fatigué (j’ai un début de grippe).

Il me faut donner ce carnet à taper aujourd’hui. J’ai envie de le donner à taper, pour me permettre d’en disposer. C’est dingue de ne pas disposer d’un Journal Pédagogique à donner à lire à mes étudiants.

C’est surréaliste. C’est maintenant Christophe qui lit son rapport, qui reprend exactement le plan du travail, tel que vient déjà de nous l’exposer René Barbier. Comment Christophe peut-il ainsi relire un texte si proche de celui qui vient d’être énoncé. Je dois reconnaître qu’il parle en français et qu’il est de langue maternelle allemande. Que ferais-je si j’étais à sa place, dans un jury en Allemagne ? Je ne lui jette pas la pierre. Je me dis seulement que les gens qui sont dans le public vont connaître cette thèse par cœur.

De mon point de vue, ce travail est intéressant dans la mesure où il s’inscrit dans un mouvement d’enquête sur les pratiques de l’éducation nouvelle. Quand Christophe a terminé la lecture de son rapport il commence à improviser, et là il devient vraiment bon. Il réussit à dire qu’il ne partage pas toute la spiritualité de Steiner, mais que cette thèse est intéressante parce qu’elle décrit phénoménologiquement des prati-ques pédagogiques, des pratiques éducatives.

La candidate reprend le débat technique ou art, pour définir la pédagogie.

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16 h 30,

Séminaire de M2,Après le pot très sympathique, je suis retourné en

A428. J’ai été heureux d’y retrouver Georges Lapassade qui est là en pleine forme. Il faut dire qu’il y a une caméra. Georges est toujours en pleine forme quand les caméras sont là. Patrice, aussi, est là.

Aziz occupe l’espace. Ce que les gens ne supportent pas vraiment. Il est en thèse, mais les autres sont en M2. Aziz parle de son changement de sujet.

France-Marie Sanglat qui était à la soutenance de Myriam Yolanda Ramirez m’a dit qu’elle avait déjà écrit 2000 pages pour sa thèse. Quand je lui ai demandé sur quoi, elle m’a dit :- Si j’en parle, je n’écrirais plus.

Estelle Sengmany, une étudiante formidable me vend 3 euros le livre qu’elle m’avait trouvé jeudi dernier : Marxisme et théorie de la personnalité, de Lucien Sève. Ce livre est passionnant, même où, idéologiquement, je ne suis pas d’accord. Estelle est une étudiante formidable. Elle me trouve des choses précieuses. Elle m’a dit avoir fait une enquête. Elle a retrouvé un exemplaire de La présence et l’absence. Selon elle, c’est à Jenny Gabriel que j’ai prêté mon exemplaire.

Mardi 13 décembre,

Insomnie cette nuit. J’ai manqué cette opportunité : j’aurais du me mettre à travailler. Le

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rapport de la thèse Ramirez aurait du être fait à chaud. Réveil, à 8 h, du fait d’un coup de fil.

Je passe à la poste avant de venir à la fac.Réunion sympa d’Experice – Master en ligne :

René Barbier, Hélène Bézille, Jean-Louis Le Grand, Christian Verrier et moi.

Je passe chez Marie-Hélène Bonello déposer le procès verbal de Micheline Thomas-Desplebin.

Je ne dois pas oublier d’aller à Paris 13, porter le rapport Roger Tebib.

Jeudi 14 décembre 2006,

Soutenance de thèse de Bindas Nikalaos sur Les enjeux sociaux de la lecture aujourd’hui en Grèce : quels apports de lieux privilgiés du livre et de la lecture dans l’école et autour de l’école primaire.

Le jury est composé de Patrice Ville, directeur, Lucy Bauguet, Constantin Xypas et Remi Hess, président.

Le candidat parle. Il dit des choses qui fonctionnent en Grèce, mais aussi en France. Ce matin, Patrice m’a téléphoné pour me demander comment je voyais cette soutenance. Il se plaignait du contexte de cette direction de thèse. Il n’a jamais rencontré le candidat. Celui-ci avait d’abord fait son inscription avec Bernard Charlot… Patrice a repris cette thèse, sur le plan administratif. A l’écoute de l’exposé du candidat, je m’aperçois que je suis un grand lecteur, et que je remplis les conditions pour aider mes étudiants à entrer dans la lecture.

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Je pense à Yves le Guillou, mon gendre, conservateur à la bibliothèque nationale, qui est dans le livre toute la journée et mon fils Romain qui déteste lire. Pour lui, rien que le fait de me voir lire le rend dépressif.- Je ne veux pas que Papa prenne sa retraite, a-t-il

pu dire, il lirait toute la journée.

Lundi 18 décembre 2006,

Soutenance de thèse de Jelloul KOUDIA Conceptions et pratiques de l’arrêt – bilan chez les enseignants marocains et leur formation pédagogique.

Je m’aperçois, en écoutant l’exposé, que ce travail rentre en plein dans mon enquête sur l’évaluation. Hier, dimanche, j’ai relu mon livre sur l’évaluation. Il n’est pas terminé, mais bien avancé. C’est en introduisant chaque jour des éléments nouveaux que je vais façonner cet ouvrage.

Une situation d’évaluation ce matin : mon éditeur dit “oui”, “non”. Ses critères ? Certains sont énoncés, d’autres non.

Parmi les énoncés :- Cet auteur a publié 7 livres chez l’Harmattan.

Nous ne pouvons pas l’éditer. Cela déconsidèrerait notre maison.

- Mais le livre est bon.- Oui, il peut l’éditer à l’Harmattan, mais nous ne

pouvons pas la prendre, car dans le milieu éditorial nous avons des critères pour prendre un livre. Si un auteur a publié aux Presses Universitaires de Cambridge, ou au PUF, il y a 8

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points par livres. S’il a fait un livre à l’Harmattan, il a –2 par livre, etc. Cet auteur a donc une image éditoriale de –14.

Je veux avancer mon livre sur l’évaluation. Lucette pense que j’aurais du donner une priorité à d’autres ouvrages. Mercredi, je vais rencontrer Alban et rendre mon livre sur H. L. et la pensée du possible. J’aurais dû rendre ce texte voilà un an, et je n’en suis pas pleinement satisfait sur le plan de l’architecture d’ensemble, bien que chaque fragment soit vraiment précieux.

Je n’ai pas raconté toutes mes anecdotes “évaluatives”.

Il faudrait raconter : 1-La mise à l’écart de mon projet d’introduire la

pratique du journal dans la formation des enseignants (IUFM de Reims).

2-Ma mise à l’écart de la formation par J. Beillerot.

3-Ma décision de ne pas gueuler quand j’ai appris que ce collègue venait d’avoir à assumer le suicide de son fils…Peut-on entrer en conflit avec quelqu’un qui est évalué si durement par l’un des siens ?

4-Face à cette impasse, j’informe deux collègues parisiens de mon asphyxie professionnelle. Ceux-ci obtiennent une promotion pour moi.

La situation de K. invalidée au DEA.1-La surprise de la mention bien.2-Ma lettre. Je retourne l’évaluation.

Le lycée au jour le jour :L’évaluation du directeur sur moi.

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Ma pratique du journal institutionnel : renvoyer le quotidien à ceux qui le vivent. La critique du quotidien.

Jean Arlaud parle. J’apprends qu’il a été instituteur en Algérie (2 ans), au Maroc (2 ans), et en France (Seine-Saint-Denis).

SUITE DE CE JOURNAL DANS :

Remi HESS

Le journal pédagogique(2007-2008)

ouvrage qui paraît simultanément à ce volume.

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Du même auteur

Analyse institutionnelle :

La socianalyse, Paris, Editions universitaires, 1975, 3° éd. Presses universitaires de Sainte Gemme, 2012.Analisis institucional y socianalisis (en collaboration), Mexico, Ed. Nueva Imagen, 1977.El Analysis institucional (en collaboration avec M. Lobrot, R. Lourau et al.), Madrid, Campo Abierto, 1977.Centre et périphérie, une introduction à l'analyse institutionnelle, Toulouse, Privat, 1978.L'institution sur le divan (en collaboration), Cahiers de l'éducation n°2, Paris VIII, 1981.Le temps des médiateurs, le socianalyste dans le travail social, Paris, Anthropos, 1981.Perspectives de l'analyse institutionnelle (éd. avec A. Savoye), Paris, Méridiens Klincksieck, coll. "Analyse institutionnelle", Paris, 1988.Institutionnelle Analyse, Theorie und Praxis, (éd. avec G. Weigand et G. Prein), Athenäum Verlag, Frankfurt-am-Main, 1988.L'analyse institutionnelle (en collaboration avec A. Savoye), Paris, Presses universitaires de France, "Que sais-je ?" n° 1968, 1993, 2eme éd., 13eme mille.L'analyse institutionnelle (en collaboration avec M. Authier), Paris, Presses Universi-taires de France, seconde éd. "L'éducateur", 1994.Voyage à Rio, sur les traces de René Lourau, Paris, Téraède, 2003.Analyse institutionnelle et pédagogie, en collaboration avec G. Weigand, Dar El-Houda, Ain M’Lila – Algérie, 2008, 237 p.Georges Lapassade, vie, œuvres, concepts, Paris, Ellipses, 2010 (en collaboration avec Charlotte Hess).Cours d’analyse institutionnelle (avec G. Weigand), 4° éd., Sainte Gemme, PUSG, 2012 ; trad. Italienne Sensibili alle Foglie, 2008.Penser l’institution avec Georges Lapassade, 2° éd. Sainte Gemme, PUSG, 2012.

217

Après Lourau, Refonder l'Analyse Institutionnelle ? Journal (2000-2003), Sainte Gemme, PUSG, 2012.

Education :

La pédagogie institutionnelle, aujourd'hui, Paris, Editions universitaires, 1975. Trad. espagnole : Narcea, Madrid, 1976.L'université en transe (en collaboration avec P. Boumard et G. Lapassade), Paris, Syros, 1987.Le lycée au jour le jour, ethnographie d'un établissement d'éducation, Paris, Méridiens Klincksieck, coll. "Analyse institutionnelle", 1989 ; trad. Ital. : Pensa, 2011, 244p..Education et changement en éducation, la pratique du pilotage, (en collaboration avec les pilotes de collèges de l'Académie d'Orléans-Tours), Pratiques de formation, n° spécial 1993.La relation pédagogique dans les groupes interculturels (en coll. avec Lucette Colin et G. Weigand), Paris, OFAJ, coll. "Textes de travail", 1994. Trad. all.: Bad Honnef, DFJW, 1995.La relation pédagogique (en coll. avec G. Weigand), Paris, Armand Colin, "Bibliothèque européenne des sciences de l'éducation", 1994.Les sciences de l'éducation, entre théorie et pratique, de Chistoph Wulf (traduction et présentation), Paris, Armand Colin, "Bibliothèque européenne des sciences de l'éducation", 1995, trad. italienne 1998.Chemin faisant, roman institutionnel d'un ethnosociologue de l'éducation, Vauchrétien, Ivan Davy, 1996.Des sciences de l'éducation, Paris, Anthropos, 1997, trad. arabe 1999.Le moment de la création, Paris, Anthropos, 2001, 358 pages (en collaboration avec H. de Luze).Le sens de l’histoire, moments d’une biographie, Paris, Anthropos, 2001, 414 pages (en collaboration avec Christine Delory-Momberger).Produire son œuvre, le moment de la thèse, Paris, Téraède, 2003.Gabriele Weigand, La passion pédagogique, histoire de vie recueillie par R. Hess, Paris, Anthropos, 2007, 194 p.

218

La relation pédagogique, (avec G. Weigand), Anthropos, 2007, 290 p.L’accompagnement d’une mère en fin de vie (en coll. avec Odile, Geneviève, Benoît Hess), Paris, Téraède, 2010, 155 p.Louise, mon art d’être grand père, Sainte Gemme, PUSG, 2012.Gunter Schmid, pédagogie de l’enfant doué, histoire de vie recueillie et commentée par R. Hess et présentée par G. Weigand, Sainte Gemme, PUSG, 2012.Le journal pédagogique, Sainte Gemme, PUSG, 2012.Une année au lycée, 3° éd., en collaboration avec Gabriele Weigand, Sainte Gemme, PUSG, 2012.

Anthropologie de la danse :

La valse, la révolution du couple en Europe, Paris, Anne-Marie Métailié, 2eme éd., 1989. Trad. ital. avec nouvelles illustrations, Einaudi, Turin, 1993; trad. allemande sous le titre Der Walzer, Geschichte eines Skandals, avec un ajout de planches et une préface à l'édition allemande, Eva, Hambourg, 1996.La danse des salons, de Cellarius, éd. et présentation, Grenoble, Jérôme Millon, 1994.Le tango, Paris, Presses universitaires de France, "Que sais-je?", 1996, seconde édition 1999; trad. italienne 1997 et japonnaise 1998, turcque 2008.Le moment tango, Paris, Anthropos, 1997, 300 p. Les tangomaniaques, Paris, Anthropos, 1998, 320 p.La valse, un romantisme révolutionnaire, Paris, Métailié, 2003, trad. espagnole : Paidos, Buenos Aires, 2004.Les trois temps de la valse (en chinois, 2005, en coll. avec Zhen Hui Hui).Voyage à Buenos Aires, Sainte Gemme, Presses universitaires de Sainte Gemme, 2007.Le tango dansé (en coll. avec Katia Mendez), Sainte Gemme, Presses universitaires de Sainte Gemme, 2012. Tango de printemps, Sainte Gemme, Presses universitaires de Sainte Gemme, 2012.

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Danse, culture et éducation, Sainte Gemme, Presses universitaires de Sainte Gemme, 2012.

Philosophie, Sociologie :

Les maoïstes français, une dérive institutionnelle, Paris, Anthropos, 1974.La sociologie d'intervention, Paris, Presses universitaires de France, coll. "Le sociologue", 1981. Trad. portugaise : Res, Porto, 1983.Henri Lefebvre et l'aventure du siècle, Paris, Anne-Marie Métailié, 1988. Trad coréenne.Vingt-cinq livres clé de la philosophie, Bruxelles, Marabout, 1995, seconde édition 1998.Dictionnaire raisonné de la politesse et du savoir-vivre, (collectif sous la direction d’Alain Montandon), Paris, Le Seuil, 1995.La pratique du journal, l’enquête au quotidien, Paris, Anthropos, 1998 ; nouvelle édition : Paris, Téraède, 2010, trad. all. 2009, italienne 2000, portugaise.Henri Lefebvre et la pensée du possible, Théorie des moments et construction de la personne, Paris, Anthropos, 2009, XX + 688 p.Henri Lefebvre, vie, œuvres concepts, Paris, Ellipses, 2009 (en collaboration avec Sandrine Deulceux).

Exploration interculturelle :

Pédagogues sans frontière, écrire l’intérité, Paris, Anthropos, 1998.Edition et présentation de La vie à Reims pendant la guerre 1914-1918, notes et impressions d'un bombardé, de Paul Hess, Paris, Anthropos, 1998, 680 pages. Parcours, passages et paradoxes de l’interculturel, (en collaboration avec Chrsistoph Wulf), Paris, Anthropos, 1999, trad. allemande Campus, 1999.L’observation participante dans les situations interculturelles, (avec G. Weigand), Paris, Anthropos, 2006, trad. all. : Campus.Recherches franco-germaniques, Sainte Gemme, Presses universitaires de Sainte Gemme,

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Tome I : Etudes germaniques (2012) Tome II : Mon Allemagne à moi (2012) Tome III : L’amie critique, journal d’une intérité pédagogique et philosophique (2012) Tome IV : Les surdoués (2012)

Journal des moments :

Les jambes lourdes, D’ici à là, journal 2004-2005, Sainte Gemme, Presses universitaires de Sainte Gemme, 2012.Les formes de l’intérité, Sainte Gemme, Presses universitaires de Sainte Gemme, 2012.Journal de l’aliénation, Sainte Gemme, Presses universitaires de Sainte Gemme, 2012.Journal de mes dissociations, Sainte Gemme, Presses universitaires de Sainte Gemme, 2012.

En préparation :

Devenir éditeur, avec Marc et Hélène Bourgain, Camille Rabineau, suivi du Journal de l’éditeur de R. Hess, Sainte Gemme, Presses universitaires de Sainte Gemme, 2012.Suis-je un bourgeois ? Sainte Gemme, Presses universitaires de Sainte Gemme, 2012.Entrer en retraite, Sainte Gemme, Presses universitaires de Sainte Gemme, 2012.

Ouvrages sur Remi Hess

Recherches

Quelle éducation pour l’homme total ? Remi Hess et la théorie des moments, sous la direction de Mohamed Daoud et Gabriele Weigand, Dar El-Houda, Ain M’lila, Algérie, 2007, 428 p.

Per une teoria dei momenti in Remi Hess, Proposta antologica di testi hessiani, a cura di Pasquale Andriola, Lecce, Pensa, 2011.

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Le journal des moments, l’atelier de Remi Hess, ouvrage collectif coordonné par Augustin Mutuale, Sainte Gemme, Presses universitaires de Sainte Gemme.

Volume I : Une éducation tout au long de la vie, (2012), 398 p.

Volume II : Recherches et Pédagogie (2012), 398 p.

Pédagogie

De la pédagogie institutionnelle au moment pédagogique, l’avenir de l’école avec Remi Hess et Gabriele Weigand, Augustin Mutuale, 2008, en ligne.

Resto, boulot, journaux, entrées dans la recherche d’un doctorant de sciences de l’éducation, de Bertrand Crépeau, Sainte Gemme, PUSG, 2012, 176 p.

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2007 · web viewle journal pédagogique volume 1 collection « moment du journal et...

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