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Diego El Cigala Diego El Cigala vocals Diego del Morao guitar Yelsy Heredia double bass Isidro Suárez percussion Jaime Calabuch piano 95’ sans entracte / ohne Pause 17.10. 2015 20:00 Grand Auditorium Samedi / Samstag / Saturday Autour du monde / Luxembourg Festival 2015

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Diego El CigalaDiego El Cigala vocalsDiego del Morao guitarYelsy Heredia double bassIsidro Suárez percussionJaime Calabuch piano

95’ sans entracte / ohne Pause

17.10.2015 20:00Grand Auditorium

Samedi / Samstag / SaturdayAutour du monde / Luxembourg Festival 2015

‹Langoustine›Diego El CigalaRichard Robert

La scène se passe il y a une dizaine d’années, à la fin d’une douce soirée de printemps, dans un restaurant chic du onzième arron-dissement de Paris. On est à deux pas du Cirque d’Hiver – sous le toit duquel Diego El Cigala, quelques instants auparavant, a redonné tout son sens à l’expression ‹brûler les planches›. L’atmos -phère feutrée qui règne dans ce repaire de gastronomes contraste avec cette incandescence vraie, sans filtres ni détours, dont le Madrilène, tout au long de son récital, a une nouvelle fois su gratifier son public. C’est pourtant là, dans ce bastion cossu de la cuisine bourgeoise, que le jeune cantaor, escorté de quelques proches et collaborateurs, a choisi de s’offrir une collation dîna-toire bien méritée. Après pareille prestation scénique, il aurait légitimement pu aspirer à un peu de repos, se retrancher dans le silence et le calme, refuser tout commerce avec ses frères hu-mains. Repoussant la fatigue avec la même obstination qui le conduit à bannir de son art toute forme de banalité, il en appelle au contraire, encore et toujours, à la féroce volupté de dire et de partager. Entraînant ses compagnons de tablée dans un tourbillon de paroles, il agite ses grandes mains comme pour en accompa- gner et en renforcer le flot, conte à haute voix des histoires qui lui arrachent d’énormes rires, dont les éclats rauques se répandent en cascade dans toute la salle…

Peu à peu, la clientèle d’habitués du restaurant, pas vraiment rompue à ce genre de manifestations sonores, se retourne sur cet énergumène au visage messianique et au tempérament de feu, ne sachant trop s’il faut s’amuser ou s’offusquer de ses frasques et de sa ferveur. Le grain de sable et de folie que Diego El Cigala

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glisse ici dans la mécanique des conventions pourrait avoir quelque chose de dérisoire, relever de la simple anecdote; il ne manque pourtant pas d’éloquence. Il dit combien, en toute cir-constance, le natif du quartier du Rastro ne sait aborder son existence – et le vif torrent de musique flamenca qui l’irrigue depuis toujours – qu’avec une flamme spontanée qui en relève la saveur et en rehausse les reliefs. Nullement enclin à jouer la partition du provocateur, il cultive sa philosophie du désordre avec une authentique ingénuité, une joie gourmande et franche qui semble puiser aux sources mêmes de l’enfance. Partout où il passe, Diego El Cigala chante au fond la même chanson: il est entré au monde en grand vivant, et c’est ainsi qu’il a la ferme in-tention de l’habiter, et de le traverser.

Il n’est pas de destinée qui trace son chemin totalement au hasard: les étoiles que tout homme choisit de suivre diffusent la lumière crue d’une vérité qui, après coup, éclaire encore davantage son parcours et ses inclinations. En dressant la liste des astres que, dans sa prime jeunesse, il a pris pour guides et éveilleurs, on comprend ainsi que Diego Ramón Jiménez Salazar, très tôt déjà, à l’heure où de sa voix d’enfant il faisait vibrer les peñas de son quartier, aura été animé par une quête d’absolu sans bornes.

Diego El Cigala

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La liste des colosses qui, à ses débuts, l’ont remarqué, encouragé et adoubé, contient à elle seule la promesse d’une aventure hors norme. On y trouve ainsi, en un imposant cortège, Rafael Farina (son oncle chanteur, ambassadeur émérite de la copla et du flamenco disparu en 1995), les danseurs de feu Mario Maya, Cristobál Reyes, Farruco, Faíco, El Güito, Carmen Cortés ou Manolete, les hauts représentants du front de libération de la guitare flamenca Tomatito et Gerardo Núñez, ou encore, planant au-dessus de tous, l’incomparable Camarón de la Isla, le flam-boyant Icare et terrassant Stentor de la mythologie gitane…

Plus tard, au milieu des années 1990, quand viendra pour lui l’heure de l’envol en solo (il grave son premier album, Undebel, en 1997), c’est de guitaristes aux ailes de géant comme David Amaya, Paquete, Antón Jimenez, Vicente Amigo ou Niño Josele que le jeune cantaor sera flanqué. Qu’on ne se méprenne donc pas: si les frères guitaristes Vaky et Diego Losada, en référence à sa fine constitution, l’ont un jour affublé du tendre sobriquet de ‹langoustine›, qui deviendra son nom de scène, c’est bien une ré-putation de fauve, à la fois puissant et agile dans sa foulée, royal et sauvage dans son expression, que Diego El Cigala s’est très vite forgée.

Ces relations étroites et privilégiées avec le monde des aînés mar- quent une constante dans l’histoire de Diego El Cigala. Sans doute parce qu’il s’agit d’un rouage essentiel dans la longue et belle chaîne de transmission du flamenco, de ce savoir turbulent remonté du fond des âges qui, tel un sang bouillonnant, circule dans les veines de tous ceux qui en célèbrent la magnificence. Mais aussi parce que, en bon porte-flambeau d’une tradition qui n’a pas l’intention de s’éteindre, Diego El Cigala sait que la plus juste façon de l’incarner et de la raviver reste de l’inscrire dans le présent en convoquant les voix et les mémoires de ceux qui l’ont servie. S’il est proche, de par son âge et sa sensibilité, des hérauts du Nuevo Flamenco, le Madrilène n’en est pas moins un farouche admirateur des pionniers du flamenco puro, des an-cêtres précurseurs qui, les premiers, firent de cette musique un chant intemporel. El Cigala n’ignore pas que le talent d’un esprit

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Cette aptitude naturelle, quasi viscérale, à relier les époques et les énergies qui les parcourent, Diego El Cigala l’aura révélée aux yeux et aux oreilles du plus grand nombre en 2003.

Associant dans sa voix le lyrisme aride, sec et vibrant comme un été andalou, du chant flamenco et les accents langoureux d’un crooner latino, El Cigala y déploie avec une maestria confon-dante l’éventail sans limites de ses appétits. Car tout ce qui le caractérise est bien là, offert sans réserve: le goût pour les échanges portés à leur plus haut niveau d’intelligence, la joie de faire exploser la barrière des langues, le bonheur de se montrer à la fois féroce et précis. Et aussi ce que l’on pourrait appeler, pour paraphraser Eluard, le «dur désir d’apprendre». Car Diego El Cigala est de ces artistes conquérants qui répugnent sans cesse à se reposer sur leurs acquis, à se considérer comme arrivés, achevés. Lorsqu’il prolongera en 2008 son exploration du terri-toire cubain dans l’album Dos Lágrimas, avec d’autres pointures comme le percussionniste Tata Güines et le pianiste Guillermo

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Dans un bouleversant numéro de duettistes initié par le producteur Fernando Trueba, il orchestre avec Bebo Valdès – qui, à 85 ans, est alors l’une des dernières légendes vi-vantes de la grande école du piano cubain – une rencontre au sommet entre traditions afro-cubaines et chant fla-menco. Laissant la part belle au répertoire frémissant des boléros, tout en se projetant avec une égale fluidité du côté du latin jazz, du classique, du tango ou de la chanson brési-lienne, cette version musicale de la tectonique des plaques – ou comment deux caractères bien trempés, en se téles-copant et en coulissant l’un contre l’autre, ouvrent de nou-velles failles et provoquent mille secousses – sera légitime-ment couronnée d’un succès critique et public à l’échelle mondiale.

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Rubalcaba, et quelques invités de marque comme Lucio Dalla ou Richard Galliano, le Madrilène, implacable avec lui-même, déclarera ainsi: «C’était une progression naturelle pour moi après Lá-grimas Negras, et j’ai presque cinq ans d’expérience là-dedans mainte-nant. C’est ce qui compte, n’est-ce pas? Des années d’investissement dans ce domaine, sans déserter le flamenco. Mais l’aventure s’est révélée ex-traordinaire, pas comme dans Lágrimas Negras, où j’étais incapable de chanter dans la bonne tonalité. Je ne savais rien et n’avais aucune expé-rience – je n’avais jamais chanté avec accompagnement de piano et en-core moins dans ces rythmes. Je ne savais pas ce qu’était un guaguancó ou un danzón. Je suivais intuitivement. Maintenant, je suis beaucoup libre.»

Diego El Cigala

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Cette liberté-là, gagnée en opérant de voluptueux va-et-vient entre instinct et savoir, Diego El Cigala l’aura poursuivie en toute occurrence, que ce soit en tissant des liens tout aussi fruc-tueux avec l’Argentine («Cigala & Tango», 2010, puis «Romance de la luna Tucuman», en 2013) ou en opérant des retours aux sources mêmes du flamenco, comme dans l’album «Picasso en mis ojos» (2005). Rigoureux dans la pensée et explosif dans l’ac-tion, il incarne à la perfection ce mélange d’intransigeance et de démesure qui caractérise le flamenco de ce début de millénaire. Un flamenco qui, paré désormais de tous les moyens modernes de production, se doit à ses yeux de relever d’autant plus le ni-veau de ses exigences. «Dans les années 1980, le talent était déjà là, mais les moyens n’étaient pas à la hauteur: les studios se comptaient sur les doigts d’une main et l’équipement était souvent de piètre qualité. Dé-sormais, la prise de son et la production représentent cinquante pour cent du travail. Manolo Caracol, l’un des grands génies du flamenco, m’a dit qu’il était époustouflé par les avancées de la technique: à son époque, tout se faisait avec des bouts de ficelle…»

C’est pourquoi, à 45 ans, Diego El Cigala peut aujourd’hui se poser à son tour en phare, en figure tutélaire. Position qui, loin de le soustraire à sa condition d’héritier, l’oblige, au sens le plus noble du terme, à fêter plus que jamais ceux qui l’ont nourri, enrichi. Quelques mois après la mort de Paco de Lucía, qui l’avait aussi pris sous son aile et l’avait notamment gratifié de sa présence sur l’album «Picasso en mis ojos», Diego El Cigala, avec «Vuelve el Flamenco», se fendait ainsi d’un hommage poi-gnant au maître disparu: le tribut fiévreux d’un homme qui, décidément, n’abdiquera jamais le pouvoir de célébrer les grands vivants. Un jour, Bebo Valdés, dans le majestueux crépuscule d’une existence qui battait la chamade au rythme de la musique, lui fit cette confidence: «Je continue de vivre, Diego, je continue de vivre grâce à la musique». Se remémorant ces propos, El Cigala dira: «C’est ça, la musique. La musique est miraculeuse: elle touche le cœur, relève les malades.» Avant d’ajouter: «Le flamenco est une lamen-tation. S’il n’y a pas l’évidence d’une douleur dans votre cœur, il n’y a pas de chanson… Si j’arrête de chanter, je cesse d’exister. Si un jour tout, dans ma vie, devient parfait et ensoleillé, je rechercherai l’obscurité et je

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retournerai à mon art.» Nulle posture doloriste, nul romantisme poisseux de la noirceur dans ces mots. Rien que l’aveu, à la fois plein et subtil, d’une impuissance à s’engager ailleurs que dans le registre de la plus sûre intensité, à viser une beauté dangereuse qui ne peut s’atteindre qu’en longeant certains gouffres et en convoquant les plus grands vertiges.

À un journaliste du Monde qui, en 2009, lui rendait visite à Ber-lin, quelques heures avant une prestation à la Haus der Kulturen der Welt, Diego El Cigala confiait ainsi être submergé par le trac, avant d’ajouter: «Je prie Dieu pour qu'il maintienne toujours vivante cette peur-là, car le jour où je l'aurai perdue, l'artiste que je suis n'existera plus.» L’ombre de la peur et l’éclat du panache, le baume des larmes et la férocité du rire, la fragilité du cri et la force du mur-mure: en porte-parole du flamenco qu’il est devenu, Diego El Cigala est passé maître dans l’art d’harmoniser les contrastes et les paradoxes, sans jamais en arrondir les angles ni en estomper les arêtes. Tout, dans son expression, est une ode à la brûlure de vivre, à la morsure d’aimer, à l’ivresse d’être et à la vulnérabilité de sentir. Son code de discipline stipule que la musique doit se consumer sans modération, et que la justesse ne peut s’atteindre qu’au prix d’excès en tout genre. Et c’est ainsi que, loin des que-relles de chapelles et de clochers qui, parfois, peuvent encore agi-ter les cercles des aficionados, il donne au flamenco sa forme la plus pure: celle d’une musique qui, à chaque seconde, s’immole par le feu pour mieux renaître de ses cendres.

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Der Flamenco lodert in die Welt hinausÜber Diego El CigalaStefan Franzen

Flamenco, das heißt bei uns in allererster Linie: Gitarre. Wie oft kommt es schon vor, dass einem Sänger in Mitteleuropa einmal die gleiche Aufmerksamkeit zuteilwird wie einem Paco de Lucía oder einem Tomatito? Zugegeben, der «Cante» ist für ungeübte Ohren nicht unmittelbar zugänglich – dabei muss man ihn tradi-tionell als die eigentliche Königsdisziplin des Genres betrachten. Mit Diego El Cigala ist seit einigen Jahren nun auch auf interna-tionalen Bühnen ein Gigant in Erscheinung getreten, der den Cante über Spaniens Grenzen hinaus zu einem universellen Er-eignis gemacht hat und sich dennoch als Hüter der Tradtion be-tätigt. Das neueste Projekt des 47-Jährigen ist eine Hommage an den Anfang 2014 verstorbenen Paco de Lucía.

Wer Flamenco singt, braucht wohl einen Künstlernamen aus dem Reich der Meerestiere, um berühmt zu werden. So war es bei dem ohne Zweifel Größten des Genres, Camarón de la Isla, dessen Name «Sandgarnele» bedeutet und angeblich auf seine bleiche Haut und seine blonden Haare zurückzuführen ist. Der kultisch Verehrte, Stimmgewaltige, der sich von Paco De Lucía und Tomatito begleiten ließ, starb viel zu früh, 1992 im Alter von 42 Jahren an Lungenkrebs. Fünf Jahre lang dauerte es, bis am Horizont ein junger Vokalist auftauchte, von dem sich sagen ließ, dass er einmal das mächtige Erbe Camaróns antreten könn-te. Und auch sein Name ist in der maritimen Sphäre verortet: Diego Ramón Jiménez Salazar nannten bald alle nur noch «El Cigala», und das bedeutet «Kaiserhummer». Seine Erscheinung ist tatsächlich der eines Kaisers würdig, brennt sich unauslösch-lich ins Gedächtnis ein. Lange Mähne, dunkler Bart, lodernde,

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Schwimmen gegen den StromDiego El Cigala wird 1968 in Madrid in eine Künstlerfamilie hineingeboren, die Umgang mit den prominentesten Namen des Fachs pflegt. Vater José de Córdoba und Onkel Rafael Farina sind beide Koryphäen des Fachs, singen für ihren Lebensunter-halt in den Tablaos, den Flamenco-Lokalen. Diego selbst macht hier, im Madrilener Viertel El Rastro, ebenso seine ersten Schrit-te als Sänger. Mit zwölf Jahren bereits gewinnt er erste Preise und wird als Begleitsänger für den Tanz angeheuert. Bereits in den Achtzigern verlassen sich auch Gitarristen wie Tomatito, Gerardo Núñez und Vicente Amigo auf die Kraft seiner begleitenden Stimme, auch Camarón zitiert ihn zur Duettarbeit. Und man be-ginnt, den Jungen mit dem Vorbild zu vergleichen. Heute streitet Diego die Parallelen energisch ab: «Camaróns Stimme, sein ganzes Schaffen waren einzigartig, unwiederbringlich», sagte er dem Top Ma-gazin Frankfurt.

Dieses Schwimmen gegen den Strom, es ist auf der ersten Solo-platte «Undebel» von 1997 als Reverenz an Camarón zu spüren: Denn Diego El Cigala, unter anderem begleitet von Tomatito und El Paquete, schafft eine ideenreiche Hommage an den Fla-menco Nuevo mit jazzigen Einsprengseln, eine Erweiterung des Genres, wie sie einst der ältere Kollege auf den Weg gebracht hat- te. Doch auf den Folge-Veröffentlichungen beweist der Nach-wuchsstar, dass er auch zum Kern des traditionellen Flamenco vordringen kann, nur unterstützt vom Saitenmeister El Niño Jo-sele. «Der Flamenco, das ist meine feste Überzeugung, ist nichts anderes als Freiheit», bekennt Diego El Cigala, und meint damit nicht, dass man zwanghaft das Rebellentum suchen muss, son-dern ihn so singen darf, wie einem gerade zumute ist.

«Er war ein Revolutionär, der Ché Guevara des Flamenco. Wenn überhaupt eine Assoziation möglich ist, dann viel-leicht die, dass ich versuche, sein Schwimmen gegen den Strom fortzuführen.»

Diego El Cigala über Camarón de la Isla

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Brückenschlag über den AtlantikDieses Verständnis von Freiheit bekommt in seinem Werk ab 2003 eine ganz besondere Prägung. Der Madrilene entdeckt die Welt der lateinamerikanischen Musik, und eine erste Kollabora-tion im reichen Kosmos aus Übersee ist die mit der kubanischen Pianolegende Bebo Valdés. Es ist dieses Teamwork, diese sagen-hafte Verquickung von Bolero und Flamenco auf der Produktion «Lágrimas Negras», die Diego El Cigala weltweite Anerkennung als Fackelträger eines grenzenlosen Flamencos des 21. Jahrhun-derts einbringt. «Dieses Maß an Leidenschaft, das ich in der Zusammenarbeit mit Bebo erfahren durfte, habe ich zuvor noch nie erlebt. Ich danke Gott dafür, dass ich dieses Genie treffen durfte», bekannte er der Miami New Times. Fünf Jahre später wird er seine Vorliebe für Karibisches fortsetzen, mit «Dós Lágri-mas», auf dem auch seine ganz eigene, bewegende Interpretation des Buena Vista Social Club-Bolero Dós Gardenias zu finden ist.

2010 wendet er sich gen Süden, stellt die Kompassnadel auf Argentinien und schafft eine neue, erstaunliche Verbindung, die mit dem Tango. Fremd ist ihm das Genre nicht, bereits der Vater hatte einen Gastspielvertrag in Argentinien. «Als er zurückkam, hat er Tangos gesungen, ich bin also quasi damit aufgewachsen!» Zwar gibt es auch im Flamenco eine rhythmische Form gleichen Na-mens, doch die hat mit dem argentinischen Tanz trotz ursprüng-licher gemeinsamer Wurzeln heute nichts mehr gemein.

Diego El Cigala

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Diego El Cigala baut die Brücke auf andere Art: Verblüffend, wie er sich mit seinem feurig-rauen Timbre in «Cigala & Tango», dem Mitschnitt eines Live-Konzerts aus Buenos Aires, die Origi-naltangos so sehr zu eigen macht, dass man ihren ursprünglichen Kontext schlicht und ergreifend aus den Ohren verliert. Gitano-Arabesken winden sich nun durch Carlos Gardels El Dia Que Me Quieras, er gräbt sich in die Wehmut von Atahualpa Yupanquis Los Hermanos, schlüpft gar in einen morbiden Tango von Kurt Weill hinein. Seine Liebe zu Argentinien geht so weit, dass er schließlich mit dem Album «Romance De La Luna Tucumana» noch einen Tribut an die eher ländlichen Lieder und an das Re-pertoire von Mercedes Sosa einspielt, mit der er – dank moder-ner Studiotechnik – posthum im Duett brilliert.

Verbeugung vor PacoBei all den Ausflügen zwischen Rio de la Plata und Zigarrenin-sel, und trotz seiner zwischenzeitlichen Übersiedlung mit der Fa-milie in die Karibik hat Diego El Cigala jedoch nie die Boden-haftung des Flamenco verloren. Bereits 2012 spielt er im Palau de la Música von Barcelona ein Konzert mit dem signifikanten Titel «Vuelve El Flamenco» ein. Er entwickelt das Konzept hier-für mit einem seiner engsten Freunde, dem künstlerischen Leiter und Gitarristen Diego del Morao – jenem Saitenmeister, der wie kein anderer der Folgegeneration von Paco de Lucía geschätzt wurde. Vielfältig sind die Stile, die die beiden Diegos für diesen Zyklus ausgewählt haben, und sie bleiben nicht beim Offensicht-lichen, Gefälligen stehen: Er eröffnet mit einer Martinete, einer nackten A cappella-Form des Flamenco und geleitet so direkt in sein innerstes Seelenleben hinein. Taranta, Malagueñas, Bulerías und Fandangos fügen sich in eine lebendige Dramaturgie, um alle Gefühlsfacetten des Genres einzubeziehen, getragen von ei-nigen der trefflichsten Backgroundsänger und Choristen unserer Tage. El Cigalas Stimme hat dabei ein reifes Ausdrucksspektrum erreicht, das in die Knie zwingt: Schmerzliches Feuer und kon-zentrierte Innerlichkeit fügen sich zu einem aufrichtigen, mitrei-ßenden Pathos.

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Als im Februar 2014 Paco de Lucía stirbt, ist das auch für Diego El Cigala ein Schock. Vor zehn Jahren hatten die beiden sich gegenseitig auf CDs «besucht»; Paco ist zu hören auf Diegos «Picasso En Mi Ojos», Diego hatte seinen Beitrag für «Cositas Buenas» geleistet. Nun, anderthalb Jahre nach dem Tod des stil-bildendsten Flamencogitarristen des 20. Jahrhunderts, widmet El Cigala seine Rückkehr auf den Mutterboden des Flamenco dem früh verstorbenen Meister mit bewegten Worten, die er direkt an ihn richtet (siehe Kasten oben).

Wer Diego El Cigala lauscht, erlebt eine der stärksten Brücken von der Vergangenheit des Flamenco über die Erneuerung hinein in eine Zukunft, die das spanische Nationalgenre bis in die Ebenen der Pampa, die Ballsäle von Buenos Aires und die Strandpromenade von Havanna trägt.

«Als diese Arbeit entstand, konnte noch keiner wissen, dass wir heute deinen Verlust beklagen müssen. Du warst, zusammen mit Camarón, das Idol meiner Kindheit, der Superheld des Flamenco. Und daran hat sich, um ehrlich zu sein, bis heute nichts geändert.»

Diego El Cigala im Gedenken an Paco de Lucía

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Flamenco-Legende Paco de Lucía

InterprèteBiographie

Diego El CigalaEl Cigala a débuté sa carrière auprès de musiciens tels que Ca-marón de la Isla, Vicente Amigo ou encore Gerardo Núñez, et de danseurs tels que Mario Maya, Cristóbal Reyes ou El Far-ruco. Un de ses grands albums est «Lágrimas Negras» qu’il a réalisé en collaboration avec le pianiste cubain Bebo Valdés pour lequel il reçoit, en 2004 le Latin Grammy Award du meilleur al-bum musique tropicale traditionnelle. En 2006, il est à nouveau récompensé par le Latin Grammy Award du meilleur album fla-menco pour l’album «Picasso en mis ojos». En 2008, El Cigala sort l’album «Dos Lagrimas» dans lequel il fait honneur à la musique latine en revisitant des boléros et des tangos. En 2010, «Cigala & Tango» est récompensé d’un nouveau Latin Grammy Award dans la catégorie du Meilleur Album de Tango. En novem- bre 2013, pour la 14e cérémonie des Grammy Latino au Man-dalay Bay de Las Vegas, Diego El Cigala remporte plusieurs Grammys et est désigné par La Academia Latina de la Graba-ción comme Meilleur album de tango pour «Romance de La Luna Tucumana» produit par Diego Garcia ‹El Twanguero›. Diego El Cigala a sorti son nouveau disque «Vuelve el Flamenco» en hommage à Paco de Lucía le 10 Juin 2014. «La rencontre avec le pianiste est restée dans les mémoires: ‹Lágrimas Negras›, paru en 2004, est à ce jour, avec plus de 1,5 million de CD écoulés, le disque de flamenco le plus vendu de l’histoire.» (Libération) «Dès qu’il est sur scène, perché sur un tabouret, élégant félin tout de noir vêtu, Diego El Cigala rentre à l’intérieur

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de lui-même, va y chercher la braise des mots. Le talon gauche martèle le sol, les mains se joignent ou se séparent pour laisser l’index tutoyer le ciel. La voix ténébreuse dit sa vérité, l’émotion qui cisaille, la passion, l’excès.» (Le Monde)

Diego El CigalaEl Cigala begann seine Karriere an der Seite von Musikern wie Camarón de la Isla, Vicente Amigo oder Gerardo Núñez und Tän-zern wie Mario Maya, Cristóbal Reyes oder El Farruco. Unter seinen großen Alben befindet sich auch «Lágrimas Negras», das er zusammen mit dem Pianisten Bebo Valdés realisiert hat, und für das er 2004 den Latin Grammy Award erhielt als «beste Einspielung tropischer Musik». 2006 wurde das Album «Picasso en mis ojos» mit demselben Preis als «beste Flamen-co-Einspielung» ausgezeichnet. 2008 brachte El Cigala das Al-bum «Dos Lagrimas» heraus, auf dem er der Latin Music seine Referenz erweist, durch die Auseinandersetzung beispielsweise mit Tango und Bolero. 2010 erhielt «Cigala & Tango» abermals einen Latin Grammy Award, dieses Mal in der Kategorie «bestes Tango-Album». Im November 2013, wurde Dieago El Cigala im Rahmen der vierzehnten Grammy Latino-Zeremonie in Las Vegas mit mehreren Grammys ausgezeichnet, sein von Diego Garcia ‹El Twanguero› produziertes Album «Romance de La Luna Tucumana» als «bestes Tango-Album». El Cigalas aktuelle CD «Vuelve el Flamenco» ist dem Andenken Paco de Lucías ge-widmet. «Die Begegnung mit dem Pianisten ist in Erinnerung geblieben: ‹Lágrimas Negras›, erschienen 2004, ist heute mit mehr als 1,5 Millionen verkauften CDs die meistverkaufte Tan-go-Platte der Geschichte.» (Libération) In seinen Auftritten be-geistert der Musiker immer wieder durch Authentizität und Un-mittelbarkeit und wird von Presse und Publikum gefeiert.

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