«Mare Nostrum III»Paolo Fresu trumpet, flugelhorn Richard Galliano accordion, accordinaJan Lundgren piano

~85’ without intermission

06.12.2019 20:00Grand Auditorium

Vendredi / Freitag / FridayJazz & beyond

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Fresu, Galliano, Lundgren : « Mare Nostrum », un jazz européen ?Philippe Gonin

Lorsqu’en 2007 Paolo Fresu rencontre Richard Galliano et Jan Lundgren autour d’un projet qu’ils nomment « Mare Nostrum », suivi par un « Mare Nostrum II » en 2016, imaginaient-ils qu’ils seraient encore là douze années plus tard pour nous donner à entendre un troisième volume ? Ce troisième épisode reste fidèle au projet voulu par le trompettiste sarde, l’accordéoniste cannois et le pianiste venu de Suède. Les trois hommes ne se sont pour autant pas réunis au hasard. Galliano et Lundgren s’étaient déjà croisés au Japon et continuent de se produire ensemble aujourd’hui, tandis que le même Lundgren a eu l’occasion de croiser la route du trompettiste sarde via le batteur danois Morten Lund (via le Paolo Fresu Devil Quartet, dont il tient parfois les baguettes, mais également via le Jan Lundgren Trio dont il est aussi le batteur). La connexion était faite et surtout, des affinités musicales se sont rapidement dessinées entre les trois musiciens. Le parcours de chacun était pourtant, déjà en 2007, loin d’être anecdotique et « Mare Nostrum » n’est autre que la réunion de trois pointures dont les préoccupations musicales dépassent déjà, individuellement, les frontières du jazz.

Richard Galliano, l’accordéon subliméLe grand public féru de séries télévisées « à la française » connaît peut-être Galliano sans le savoir. C’est son « New York Tango » qui servait de générique au feuilleton policier PJ diffusée sur France 2 entre 1997 et 2009. Mais résumer sa carrière à cette petite minute

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de musique télévisée serait lui faire injure. Galliano, accordéoniste renommé, compositeur et bandonéoniste virtuose, dès l’âge de quatre ans, commence à étudier la musique avec son père, Lucien Galliano, lui-même accordéoniste et enseignant. 1975 est une année déterminante : « monté » à Paris, il fait la rencontre de Claude Nougaro dont il devient non seulement l’accordéoniste mais aussi le chef d’orchestre jusqu’en 1983. Entre-temps, il rencontre Astor Piazzolla et l’inventeur du « tango nuevo » argentin l’invite à aller au bout de ses propres recherches et l’encourage à fonder un nouveau courant, en créant le « New musette ». Un album, « Spleen », de 1985 (Dreyfus Jazz) est pratiquement l’acte de naissance de ce nouveau genre. Un album de 1991, enregistré avec Philip Catherine, Pierre Michelot et Aldo Romano s’intitule tout simplement « New Musette » tandis qu’en 2016 c’est sous le titre de « New Jazz Musette » que paraît un album enregistré avec Sylvain et André Ceccarelli et Philippe Aerts. La discographie de Richard Galliano est impressionnante. Plus de cinquante albums et des collaborations qui vont de Chet Baker à Kurt Elling en passant par Ron Carter ou Wynton Marsalis dont l’album enregistré à ses côtés, « Live in Marciac » en 2009 résume presque par son titre, « From Billie Holiday to Edith Piaf », l’ensemble des aspirations du musicien. Nougaro n’est pas le seul représen-tant de la chanson française et s’il reprend à son compte Piaf, il a aussi côtoyé de grands noms tels Serge Reggiani, Juliette Gréco, Serge Gainsbourg ou Charles Aznavour.Mais Galliano, ce n’est pas que le jazz ou la chanson. Il est aussi un explorateur, côtoyant tous les répertoires y compris classique. Dès 1979 c’est à Ravel et Debussy qu’il consacre ce qui est prati-quement son premier album sous son nom. Il y interprète à l’accordéon « free bass » le Prélude du Tombeau de Couperin du premier et quelques-unes des Images du second. En 1998, c’est un arrangement pour accordéon et orchestre du Concerto pour piano et orchestre N° 1 de Tchaïkovski qu’il enregistre pour Dreyfus. Puis c’est un album « Bach » en 2010 auquel succède en 2013 un nouvel opus consacré à Vivaldi puis « Mozart » (la Sonate pour piano N° 11 K 331 comprenant la fameuse « Marche turque ») qu’il publie sur le prestigieux label Deutsche Grammophon en 2016.

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La musique de film n’est pas oubliée avec ce bel album consacré à la musique de Nino Rota paru en 2011, également chez Deutsche Grammophon.

Paolo Fresu, la trompette tous azimutsLors d’une de ses précédentes venues à la Philharmonie Luxembourg, nous écrivions déjà que si le jeu de Paolo Fresu se pare d’envolées rappelant Miles Davis, il n’en possède pas moins un timbre et une couleur immédiatement identifiables. Fresu est sans contexte l’un des trompettistes les plus en vue de la scène européenne. Féru de métissage, le trompettiste n’a de cesse de multiplier les rencontres. On se souvient du fabuleux album enregistré aux côtés de Carla Bley, « The Lost Chords Find Paolo Fresu » (avec Andy Sheppard, Steve Swallow, Billy Drummond et Carla Bley, WATT, 2007). Venu présenter au Luxembourg un projet où il apparaissait en compagnie d’Omar Sosa et de Trilok Gurtu, nous soulignions son goût pour le métissage qui s’était

Mare Nostrumphoto: ACT, Steven Haberland

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déjà exprimé à travers cette expérience menée avec l’ensemble A Filetta et Daniele di Bonaventura intitulée (déjà la Méditerranée !) « Mistico Mediterraneo ». Le projet, enregistré pour ECM en 2011 avait été créé deux ans plus tôt aux Rencontres Polyphoniques de Calvi. On pourrait ajouter cette rencontre entre Fresu et le guitariste Ralph Trowner pour l’album également publié chez ECM, « Chiaroscuro ». Musicien prolifique, il y a dans la carrière de Fresu quelques bornes incontournables comme cette collabo-ration avec David Linx et Diederik Wissels (« The Whistleblowers ») ou bien encore son Devil Quartet, créé en 2004 et composé de Bebo Ferra (guitare), Paolino Dalla Porta (contrebasse) et Stefano Bagnoli (batterie), dont le dernier opus, « Carpe Diem », Choc de Jazz Magazine en avril 2018, a été décrit par Jean-François Mondot comme « un très beau disque qui parvient à réunir l’irrécon-ciliable » soulignant que si « l’intimité et la délicatesse dominent […] cette douceur est traversée de déchirures et d’éclats tourmentés. »

Jan Lundgren, quand la Baltique rejoint la Méditerranée« La façon de faire de la musique de Lundgren est d’être stylistiquement polyvalente et adaptable, de créer de l’espace pour que les choses adviennent, et d’être toujours mélodique. » Né en Suède en 1966, Jan Lundgren, à peine âgé de cinq ans, débute simultanément le piano et… le tennis ! Le destin a voulu que le premier l’emporte sur le second et c’est à l’Académie de Musique de Malmö qu’il part étudier. Il a vingt ans. Une légende veut qu’il n’ait été accepté qu’à la condition qu’il occupe le poste de pianiste au sein du Monday Night Big Band. Ce qu’il fit. Et, très tôt, Lundgren s’est retrouvé aux côtés des plus célèbres musiciens de jazz de Suède. Son premier album, « Conclusion », sort en 1994 chez Four Leaf Clover Records. L’année suivante, il fonde son propre trio avec deux camarades d’étude, Mattias Svensson (basse) et Rasmus Kihlberg (batterie). C’est avec eux qu’il enregistre en 1997 « Swedish Standards » qui devient un best-seller, confirmant la qualité de la formation. Si sa discographie regorge de collaborations diverses, on retiendra « Man In The Fog », enregistré en solo ou cet « Intimate Salute To Frankie » où son piano s’allie avec la clarinette de Putte Wickman en un bel hommage à The Voice. Après 25 années de carrière, Lundgren est définitivement reconnu comme un musicien

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pionnier dans le processus d’émancipation du jazz européen de son modèle américain. C’est dans cet esprit qu’il faut mesurer l’importance du projet « Mare Nostrum » dans l’œuvre du pianiste. L’alliance des trois hommes est dépeinte, sur son site officiel, comme « la quintessence de l’activité de Lundgren. » « Un critique, pouvons-nous encore lire, a qualifié [le trio] de ‹ premier supergroupe d’Europe › et il y a une part de vérité là-dedans. »

« Mare Nostrum » Réunir trois talents de cette pointure n’est pour autant pas l’assu-rance d’aboutir à un chef d’œuvre. René Hess, dans les notes de pochette du premier volume, souligne fort justement que « l’asso-ciation de grands noms, rassemblés au hasard, aboutit rarement au résultat artistique escompté ». Et pourtant, le résultat cette fois, est à la hauteur des espérances. Certes, cette Mare Nostrum, cette Méditerranée ainsi nommée par les Romains, s’éloigne quelque peu de sa source car « si Fresu et Galliano sont proches de la Méditerranée, en revanche Lundgren est plutôt familier de la Baltique ! écrit Bob Hatteau. Qu’à cela ne tienne, à notre époque de mondialisation, la Mare Nostrum peut bien remonter vers le nord le temps d’un disque » d’ailleurs enregistré en Suède (tandis que les deux précédents avaient respectivement été gravés en France et en Italie).Certes, aucun des volumes de « Mare Nostrum » ne révolutionne, malgré cette identité européenne voulue, assumée et même revendiquée, l’histoire ou le langage du jazz mais est-ce là son but ?

« Mare Nostrum », ce peut être aussi la simple envie de jouer, délivrer de belles mélodies, intelligemment arrangées où se mêlent avec bonheur la trompette de Fresu, l’accordéon de Galliano et le piano de Lundgren. C’est dans cette osmose des timbres que réside sans doute la plus grande originalité du trio et la force de ce projet. Une originalité justement soulignée par Christian Genzel qui écrit, à propos du premier volet de cette trilogie, que la plus grosse surprise n’est pas, en soi, son instrumentation mais la manière dont les musiciens combinent leurs sons.

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Musicalement, les trois compères sont bien sûr compositeurs et les thèmes écrits par l’un ou l’autre irriguent l’ensemble de la trilogie. On peut ainsi réentendre, revisité, un « Blues sur Seine », composition de Galliano déjà enregistré en 1992 en compagnie du violoncelliste Jean-Charles Capon (très bel album éponyme).

Mare Nostrumphoto: ACT, Steven Haberland

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On remarque d’ailleurs le clin d’œil de Fresu fait à Miles Davis avec cette allusion appuyée, dans la coda, à la phrase initiale du « Générique » d’Ascenseur pour l’échafaud de Louis Malle. C’est encore le « Love Land », signé Lundgren. Mais ils vont aussi chercher l’inspiration dans tous les autres répertoires, du jazz à la chanson (Trenet, avec « Que reste-t-il de nos amours » dans le premier volume), à la musique de film (bel hommage à Legrand dans « Mare Nostrum III » avec la célèbre chanson de L’Affaire Thomas Crown, « The Windmills of Your Mind » ou Quincy Jones avec « Love Theme from the Getaway » du film The Getaway de Sam Peckinpah) ou la musique « classique » de Ravel (Ma mère l’Oye) à Monteverdi (« Si dolce è il tormento » que Fresu avait déjà réinterprété avec Uri Caine sur l’album « Things » en 2006) en passant par Erik Satie (une Première Gnossienne réarrangée par Galliano sur « Mare Nostrum II »), ou encore Antônio Carlos Jobim (« Eu não Existo sem Você » sur le premier volet). Le troisième volet ne dépare pas des deux précédents. On y retrouve les mêmes climats désormais familiers, avec ce mid tempo parfois alangui, parfois un peu plus dynamique (« Love Land ») mais on se laisse prendre dans les mailles de ce filet sans déplaisir. D’aucuns pourraient critiquer une certaine absence sinon d’originalité, du moins de renouvellement du propos voire d’absence « de projet », ce que ne manque pas de faire Gilles Gaurajengues pour Citizen Jazz. Pourtant, est-il nécessaire vraiment de demander à un disque de jazz de nous donner plus que le simple bonheur de l’écoute ? Assurément non. Il y a bien un projet derrière « Mare Nostrum III » et ce projet, c’est peut-être dans The Guardian, sous la plume de Dave Gelly que l’on en trouve la définition la plus pertinente : « Depuis les années 1920, écrit le critique, les compositeurs tentent de combiner jazz et musique classique. Au mieux, leurs efforts n’ont connu qu’un succès modéré. Puis, soudainement et spontanément, il y a une quinzaine d’années, une nouvelle forme de jazz européen est apparue, et elle était là. ‹ Mare Nostrum › est un parfait exemple de ce nouveau genre : une musique entièrement européenne dans sa sensibilité, mais qui ne pouvait être jouée que par des musiciens intimes avec le langage du jazz. » Plus encore que le « New musette », voire le « New jazz musette » de Galliano,

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au-delà de l’intérêt porté par Fresu aux musiques traditionnelles de sa Sardaigne natale, « Mare Nostrum » représente cette fusion entre trois cultures à la fois proches et lointaines, réunies par un autre langage, celui du jazz.

Guitariste, compositeur, arrangeur et enseignant-chercheur à l’Université de Bourgogne Franche-Comté, Philippe Gonin travaille sur les musiques de jazz, le rock et la musique de cinéma. Il a publié de nombreux articles et divers ouvrages consacrés, entre autres, à Magma, Pink Floyd, Robert Wyatt ou The Cure.

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Mehr als MeerRalf Dombrowski

Das Meer ist ein Projektionsraum für Sehnsüchte. Seine Weite bedeutet Freiheit, seine Artenvielfalt ist ein Füllhorn des Lebens, Philosophen, Literaten, Maler, Komponisten verneigen sich vor ihm. Bringt es, wie im Fall des Mittelmeers, auch noch mehr als 3000 Jahre menschliche Geschichte mit, wird es gar zum Kultur-raum, mit dem sich viele Anrainer identifizieren können, auch wenn die Flüchtenden und Alleingelassenen der vergangenen Jahre manchen Humanisten und Menschenfreund an den Idealen der mediterranen Offenheit zweifeln lassen. Als musikalischer Assoziationsraum bleibt es trotzdem präsent, gerade auch für Künstler, die an seinen Küsten groß geworden sind. Paolo Fresus Heimat ist Sardinien, vom Mittelmeer umschlossen, Richard Galliano stammt aus Nizza und ist die Seebrise ebenfalls von Kindertagen an gewohnt. Jan Lundgren hat als Südschwede aus Kristianstad nur einen Katzensprung zur Ostsee, ebenfalls ein Binnenmeer mit viel Geschichte, das seine Anwohner seit Jahr-hunderten in den Bann zieht. Alle drei Musiker können daher Geschichten vom Meer erzählen, persönliche und kollektive, die vielfach auch in der regionalen Klangwelt verankert sind. Sie mussten nur zueinander finden.

Ein früher Impuls für das Trio Mare Nostrum war eine Begeg-nung 2003 in Japan, bei der sich der schwedische Pianist Jan Lundgren und der südfranzösische Akkordeonmeister Richard Galliano trafen und feststellten, dass sie musikalisch gut mitein-ander konnten. Am Schlagzeug saß wiederum ein Kollege von Paolo Fresu, der dem sardischen Trompeter von der gelungenen und spontanen Zusammenarbeit erzählte. Nun ist jener

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wiederum in zahlreichen Projekten involviert und gehört zu den viel gefragten Musikern seines Fachs, weil er in der Lage ist, sich einerseits perfekt in Soundwelten anderer einzufügen, dabei aber auf der anderen Seite seine gestalterische Identität bewahrt. Der Kalender also war voll und so dauerte es mehrere Jahre, bis aus der ein wenig ins Blaue gedachten Idee einer Kooperation auch ein Termin im Studio wurde. Wobei es letztlich mehrere ver-schlungene Pfade gab, über die die drei Musiker zusammenfanden, schließlich ist die mediterrane und auch die europäische Jazzszene so groß nicht, als dass sich deren Spitzenpersonal nicht bei ver-schiedenen Gelegenheiten über den Weg laufen würde. «Paolo Fresu kenne ich schon seit mehr als dreißig Jahren», erinnert sich Richard Galliano an die Anfänge der gemeinsamen Arbeit. «Wir haben zum ersten Mal in den Achtzigern in Neapel zusammenge-arbeitet. Jan Lundgren wiederum bin ich in Japan begegnet, als ich in Sendai ein Solo-Konzert gab. Er gastierte dort mit seinem Trio und wir spielten ein wenig miteinander. Die Idee, uns gemeinsam zu treffen, hatte aber ein Agent, mit dem ich immer wieder einmal arbeite. Das Meer wurde zum gemeinsamen Motiv, das die Leute vereint, im Fall von Jan die Ostsee und bei Paolo und mir ist es das Mittelmeer.» Im Januar 2007 war es dann soweit und aus der Vorüberlegung wurde Mare Nostrum, ein Trio der Feingeister, die mit viel Gespür für das Melodische und Musikantische des Zusammenklangs sich einer imaginären Folklore widmen, die sich aus den besonderen Klangvorlieben der Beteiligten speist.

Paolo Fresu zum Beispiel hat über rund drei Jahrzehnte hinweg vom sardischen Berchidda aus den Weg in die internationale Jazzwelt beschritten. Am Anfang stand, wie bei vielen italieni-schen Musikern, die Banda seines Heimatorts. Bald darauf folg-ten die ersten Combos auf dem Festland, die nun schon deutlich jazziger orientiert waren als die volksmusikalischen Anfänge. Der Bassist Bruno Tommaso führte den Newcomer, der sehr nach seinem Vorbild Miles Davis klang, in die lokale Szene ein und stellte Kontakte her, die sich als prägend herausstellen soll-ten. Der Unterricht beim Meister der modern jazzenden Jazz-trompete Enrico Rava beispielsweise sorgte für den nötigen

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Schliff und von da an ging es stetig voran. Denn Paolo Fresu war nicht nur ein begabter Instrumentalist mit einem ausgeprägten Gefühl für melodische Gestaltung, sondern auch willens, rund um die Uhr zu spielen. Seine Liste der musikalischen Partner wuchs in rasanter Geschwindigkeit, bald konnte man ihn in Bands wie dem Quartett Palatino oder mit dem ungestümen P.A.F.-Trio erleben. Er gründete eigene Combos wie das Angel und das Devil Quartet, die er mit unterschiedlichen Besetzungen als Spielwiese für spezielle Klangfarben nutzte. Mit dem Gitarris-ten Nguyên Lê etwa wirkte die Musik transparent, flirrend, dessen Kollege Bebo Ferra hingegen brachte eine Portion Rock und Blues mit in die Band. Außerdem pflegte Fresu avantgardeske Projekte mit Michel Portal, Pierre Favre oder Carla Bley, wohin-gegen Kooperationen mit Dhafer Youssef, Hamilton De Holanda oder Daniele di Bonaventura ihn mit folkloristischen Elementen der Improvisation zusammenbrachten. So wurde der Trompeter zu einer Autorität seines Instruments, erprobt an Klangexperimenten sehr unterschiedlicher Art, aber immer auf der Suche nach einem wohlklingenden Grundkonsens, der die Musik zusammenhält.

Für Richard Galliano gab es mehrere einschneidende Erlebnisse, die ihn in seiner Entwicklung beeinflusst haben. Selbst Sohn eines Akkordeonisten und aufgewachsen im Umkreis von Folk-lore und Klassik des Konservatoriums von Nizza, entschied er sich ebenfalls für das Akkordeon, obwohl das in seiner Jugend weder sexy noch en vogue war. Allerdings hatte er ein Vorbild, mit dem er bald schon versuchte, Kontakt aufzunehmen. Denn der Erfinder des Tango Nuevo Astor Piazzolla lebte im Pariser Exil und nach einigen Anfragen gelang es Galliano, von seinem Heroen unterrichtet zu werden. Wie jener selbst einst von der großen Pädagogin Nadia Boulanger, bekam nun auch der Neu-ling von der Côte d’Azûr den Rat mit auf den Weg, sich mit seinen eigenen Wurzeln zu beschäftigen, anstatt anderen Klang-welten nachzueifern. Und so widmete sich Galliano zunächst nicht dem Tango, sondern entwickelte seine «New Musette», mit der er seit den 1980er Jahren für eine Neuwertung der

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südfranzösischen Folklore und auch des Knopfakkordeons eintrat. Auch er ein faszinierend geschmeidiger Virtuose, spielte er bald mit Meistern wie Bireli Lagrène, Toots Thielemans, Jan Garbarek oder auch Wynton Marsalis und pflegte experimentelle Projekte wie etwa sein Duo mit Michel Portal. Im Laufe der Jahre kamen Bach und Satie, überhaupt viele klassische Komponisten als Ins-pirationsquellen seiner Arbeit hinzu, sowie auch Piazzolla schließlich wieder in seinen Orbit einbog, dessen fein ziselierte Tangowelt unter Gallianos Leitung schwerelos mit der Musette fusionierte.

Der dritte im Bunde von Mare Nostrum Jan Lundgren wiederum stammt aus Kristianstad in Schonen und wuchs Schritt für Schritt in den Jazz hinein. Nach ersten musikalischen Gehversuchen entschloss er sich zum Klavierstudium in Malmö. Dort fand er bald Anschluss an die lokale Szene und spielte in verschiedenen

Mare Nostrumphoto: ACT, Steven Haberland

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ortsansässigen Combos. Eine davon leitete der Bassist Georg Riedel, der in den 1960ern mit Jan Johansson gearbeitet hatte, dem Pionier der Integration volksmusikalischer Melodien in den Jazz und, neben experimentelleren Kollegen wie Bobo Stenson, eines der Vorbilder Lundgrens. Mitte der 1990er wagte sich der Newcomer mit Aufnahmen unter eigenem Namen an die Öffentlichkeit und fand damit schnell Anklang. Da er einen ebenso charmanten wie eleganten Stil der pianistischen Gestal-tung entwickelt hatte, wurden auch Kollegen aus dem Ausland auf ihn aufmerksam. Man traf ihn bald an der Seite von ameri-kanischen Koryphäen wie Benny Golson und Johnny Griffin, der alte Herr der Coolness Lee Konitz engagierte ihn gar als Begleiter für eine Tournee durch Schweden. Lundgren wurde zu einer Konstante des skandinavischen Jazz, war häufig auf Festi-vals wie Jazz Baltica zu hören und gehört inzwischen als Leiter des Ystad Festivals selbst zu den Influencern der europäischen Jazzwelt, der über die eigenen Projekte hinaus Musiker zusammenbringt.

Und da passt auch Mare Nostrum weiterhin ins Konzept, auch wenn alle drei Beteiligten die gemeinsamen Tourneezeiten aus dem Hut zaubern müssen. Es ist ein Trio der Kooperationen, das sich aus Traditionslinien speist, die den Musikern am Herzen liegen. Dazu gehören Chansons und Tango, Volksmusik und Miles Davis, ein buntes Vielerlei der Impulse, die sich unter der Leitung der drei sich ergänzenden Charaktere zu einem harmo-nischen klanglichen Miteinander entwickelten. Jeder für sich bringt seine Vorlieben mit, Fresu das auch in Balladen noch pro-funde Schwelgen persönlicher, greifbarer Melodien, Galliano eine Prise melodischen Witz, Melancholie und das weite Kontrast- spektrum des Akkordeons von fragiler Transparenz bis orgelhaft ausladender Wucht, Lundgren schließlich die Gelassenheit har-monischer Klarheit und das Gespür für raffinierte rhythmische Fächerungen. Unter dem Signum Mare Nostrum ergibt das eine in sich geschlossene, von der Lust an der Kommunikation und der gemeinsamen Erforschung des Melodischen getragene Klangwelt, die das Potential hat, die Menschen zu verzaubern.

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Für Fresu, Galliano und Lundgren ist das Meer noch immer ein Raum, der die Phantasie anregt und zu Hörreisen einlädt, die die Gedanken schweifen lassen. Und das Publikum ist eingeladen, ihnen auf diesen Wegen zu folgen.

Ralf Dombrowski, Musikjournalist, Buchautor und Fotograf, schreibt seit 1994 über Musik mit Schwerpunkt Jazz. Er arbeitet für die Süddeutsche Zeitung, den Bayerischen Rundfunk, Spiegel Online und zahlreiche Fachmagazine.

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Mare Nostrumphoto: ACT, Steven Haberland

Mare Nostrumphoto: ACT, Steven Haberland

InterprètesBiographies

Paolo Fresu trumpet, flugelhornThe village marching band and the most important international awards, the Sardinian countryside and the albums, discovering jazz and his many collaborations, his love of small things and Paris. There are not many people capable of putting together such a diverse array of elements and turning them into such an incredible and fast stylistic growth. Paolo Fresu succeeded in a country where, for too long, jazz was famous just like Shakespeare or Matisse paintings, Armstrong was little more than a freak show and Miles Davis was acknowledged well after his creative peak. The magic lies in the spontaneous way in which he man-aged to convey the deepest meanings and magic of his native land with the most precious of the arts. Inside his trumpet sound runs the sap that has illuminated the European jazz nouvelle vague, the depth of a thought that doesn’t limit itself to music, his generosity that sees him in the right place at the right time and most of all the unending passion that always leads him. Apart from a literary side which has brought some very interesting works and an important honoris causa degree in Social Psychology at Università Bicocca of Milano in 2013, nowadays Fresu is working with his historical quintet which has been together for 30 years of full activity and reciprocal understanding; his Devil Quartet, which follows on the success of the Angel Quartet that gave Paolo early international exposure some 15 years ago. His contemporary collaborations are also increasing. Some of these include the duo with Uri Caine, teaming up with

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Carla Bley and Steve Swallow and the successful meeting with Ralph Towner which started Paolo relationship with ECM, the label that released the wonderful album «Mistico Mediterraneo» with Daniele Di Bonaventura and the polyphonic Corsican choir A Filetta and the duo record with Di Bonaventura. There is a collaboration with Richard Galliano and Swedish pianist Jan Lundgren («Mare Nostrum») and several new adventures with some key names of the international contemporary jazz scene such as Omar Sosa, Gianluca Petrella, Manu Katché, Eivind Aarset, Dave Douglas Oren Marshall, and Arild Andersen. There are also some interesting collaborations with some great names of the Italian theatre and literature world (Ascanio Celestini, Lella Costa, Stefano Benni, Alessandro Bergonzoni, Milena Vukotic) besides a new small series of collaborations with the «intelligent» part of Italian popular music. Music for cinema, and special projects like his a solo that mesmerized 3000 people at the Rome Auditorium or the Metastasio Theatre in Prato, all of this with the crazy great adventure that brought Paolo in 2001 to celebrate his 50th birthday performing 50 concerts in 50 consecutive days, each with a different line up and each with a different beautiful Sardinian landscape as backdrop. It would be a mistake to neglect the attention towards the classical music world that is generating nice surprises with works that involve orchestral ensemble that manage to look forward or also Paolo’s new challenge to promote young lions of contemporary jazz through the possibilities offered them by the new label Tuk Music, founded to look to the future. Paolo Fresu last performed at the Philharmonie Luxembourg during the 2015/16 season.

Richard Galliano accordion, accordinaRichard Galliano studied piano and accordion at the age of 4 with his father Lucien Galliano, accordionist and teacher. Particularly gifted and invested, he quickly entered the Nice Conservatory, directed at that time by organist Pierre Cochereau, and followed courses in harmony, counterpoint and trombone. He won first prize in 1969 for this instrument. He arrived in Paris in 1975 and

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met Claude Nougaro, becoming his friend, his accordionist and conductor until 1983. The author and composer found each other. From this close collaboration will be born many songs that are part of the heritage of French song, such as «Allée des brouillards», «Des voiliers», «Vie Violence»…The second decisive meeting took place in 1980, with the Argentinean composer and bandoneonist Astor Piazzolla. Astor strongly encouraged him to create the French «New musette», as he himself had previously invented the Argentinean «New tango». During his long and prolific career, Richard Galliano recorded more than 50 albums under his name. He also collaborates with an impres-sive number of prestigious artists and musicians: Chet Baker, Eddy Louiss, Ron Carter, Wynton Marsalis, Charlie Haden, Gary Burton, Michel Portal, Toots Thielemans, Kurt Elling, for jazz; Serge Reggiani, Claude Nougaro, Barbara, Juliette Greco, Dick Annegarn, Georges Moustaki, Allain Leprest, Charles Aznavour, Serge Gainsbourg, for French song; Nigel Kennedy for the classical repertoire and a large number of orchestras. During his world tours, he has performed in the most presti-gious theatres: the Lincoln Center in New York, the Victoria Hall in Geneva, the Accademia Nazionale di Santa Cecilia in Rome, the Théâtre des Champs-Élysées in Paris, the Mariinsky Theater in Saint-Petersburg, the new Philharmonies in Ham-burg and Paris... In 1997 Richard Galliano was awarded a Victoire du Jazz for his album «New York Tango». He was again in 1998 for a new album «Blow Up», recorded in duo with Michel Portal. In 2009, he was appointed Officer in the Order of Arts and Letters. In 2010, he received the SACEM Prize for the Best Pedagogical Work for the Accordion Method, which he and his father real-ized. He recorded a Bach album with Deutsche Grammophon in 2010. This album breaks the records of classic sales and exceeds 70000 copies sold. He is named Commander of the Order of Arts and Letters in 2011. He won a Victoire de la Musique Classique in 2014 and also received the Best Com-poser of the Year 2014 Award. Continuing more and more fre-quently to record classical repertoires, Richard Galliano recorded a new album in 2016, this time dedicated to the work of

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Wolfgang Amadeus Mozart. The year 2016 also saw the release of a new quartet album «New Jazz Musette» under the Italian label Ponderosa music&art, thirty years after the album «Spleen», which introduced in 1985 the «New jazz musette». In 2016 he was promoted to Officer of the National Order of Merit. Richard Galliano last appeared at the Philharmonie Luxem-bourg during the 2016/17 season.

Jan Lundgren pianoJan Lundgren was born in the South of Sweden in 1966. His first serious tuition was in the form of both piano lessons and tennis lessons. It is to the good fortune of jazz fans of that Lundgren decided in the end to go with music. As might be expected, his first musical explorations were in the classical realm. He went on to study at the renowned Malmö Academy of Music when he was 20. According to a story which often does the rounds, he was accepted on the condition that he would also take up the position of pianist in the well-known Monday Night Big Band. He was soon playing with all the best-known jazz musicians in Sweden, from his mentor Arne Domnérus to Putte Wickman and Bernt Rosengren. But he also travelled regularly to the USA to work with legends such as Benny Golson or Johnny Griffin. Lundgren’s highly acclaimed debut album «Conclusion» was released in Sweden in 1994, and a year later he founded his own trio with fellow students Matthias Svensson on bass and Rasmus Kihlberg on drums (from 2000 on the drummer was the Dane Morten Lund, and since 2007 it has been the Hungarian Zoltan Csörsz). The album «Swedish Standards», released in 1997, became a best-seller. Six further, award-winning and commercially successful albums with this line-up followed in the years until 2003. The trio’s intensive touring activities culminated in a concert at Carnegie Hall in New York in June 2000. This was in the context of Swedish Jazz Salutes the USA; it made Lundgren the first Scandinavian jazz pianist to perform in this hall. To date, he has recorded more than 50 albums under his name or as co-leader for high-profile labels (from 2005

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to 2009, and again since 2014 he has recorded exclusively for ACT), plus dozens more as accompanist. He has worked with almost all the important Swedish musicians and with numerous international jazz stars such as Mark Murphy, Harry Allen, Lee Konitz and Stacey Kent. He has also produced several CDs himself. In 2010 Lundgren founded the Ystad Sweden Jazz Festival, which quickly became established as one of the most important jazz festivals in Europe. Lundgren maintains a strong attachment to it as its artistic director. As a pianist and composer, he has been one of the pioneers in the process of emancipating European jazz from American jazz. His playing combines several things: the virtuosity, the way of shaping sound and an awareness of form which are typical of European classical music; a conscious memory of his own folk music traditions; the canon of American jazz; and the unfettered joy of improvisation. He has worked with the classical trumpeter Hakan Hardenberger or the Swedish writer Jacques Werup. Lundgren has focused on Renaissance sacred music with bassist Lars Danielsson and the Gustaf Sjökvist Chamber Choir in «Mare Mysterium». The album «The Ystad Concert – A Tribute to Jan Johansson» was recorded and released in 2016. Lundgren has also been involved in centenary tributes in major European concert halls to Leonard Bernstein. To some extent, the project which defines the quintessence of Lundgren’s activity is the Mare Nostrum trio. One critic has called it «Europe’s first supergroup»: Lundgren’s way of making music ideally com-plements the Mediterranean sound worlds of the Sardinian trumpeter Paolo Fresu and the French accordionist Richard Galliano. The debut album of this collective of equals, released in 2007, has sold more than 50000 copies. Since that first release there have been two more releases by the trio, each one recorded in a different home country of one of the three musicians. The most recent, «Mare Nostrum III» appeared in January 2019.

Wer: Musiker jeden Alters, jeden musikalischen Niveaus unabhängig vom Instrument

Wo: bei kranken, älteren und isolierten Menschen zu Hause

Wann: zwischen 01. Dezember und 26. Dezember 2019

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Qui: musiciens de tout âge et de tout niveau musical quel que soit l’instrument

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Quand: du 01 décembre au 26 décembre 2019

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La plupart des programmes du soir de la Philharmonie sont disponibles avant chaque concert en version PDF sur le site www.philharmonie.lu

Die meisten Abendprogramme der Philharmonie finden Sie schon vor dem jeweiligen Konzert als Web-PDF unter www.philharmonie.lu

Impressum

© Établissement public Salle de Concerts Grande-Duchesse Joséphine-Charlotte 2019Pierre Ahlborn, PrésidentStephan Gehmacher, Directeur Général Responsable de la publication: Stephan GehmacherRédaction: Lydia Rilling, Charlotte Brouard-Tartarin, Dr. Tatjana Mehner, Anne Payot-Le Nabour Design: Pentagram Design LimitedImprimé au Luxembourg par: WEPRINT Tous droits réservés.

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