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Décoder le marché du travail en Suisse Concepts terminologiques de base Réalisé par : Carron Diane Promotion : Bach AS 11 PT Sous la direction de : Délez Marie-Luce Sierre, le 16.10.2014 Travail de Bachelor pour l’obtention du diplôme Bachelor of Arts HES·SO en travail social Haute École de Travail Social − HES·SO//Valais - Wallis Bachelor of Arts in Travail social

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  • i

    Dcoder le

    march du travail

    en Suisse

    Concepts terminologiques de base

    Ralis par : Carron Diane

    Promotion : Bach AS 11 PT

    Sous la direction de : Dlez Marie-Luce

    Sierre, le 16.10.2014

    Travail de Bachelor pour lobtention du diplme Bachelor of Arts HESSO en travail social

    Haute cole de Travail Social HESSO//Valais - Wallis

    Bachelor of Arts in Travail social

    http://www.google.ch/url?sa=i&rct=j&q=&esrc=s&source=images&cd=&cad=rja&docid=SLvyEiyl6zx8MM&tbnid=YsKtfsg7nnKY9M:&ved=0CAUQjRw&url=http://www.infrarouge.ch/ir/246-climat-social&ei=zvnwUrzgLYXStAbY8oCgDg&bvm=bv.60444564,d.Yms&psig=AFQjCNHXSKpOzppocjR6awsuKuzdyE7DoA&ust=1391610665658612
  • ii

    Avertissement

    Je certifie avoir personnellement crit le Travail de Bachelor et ne pas avoir eu recours

    d'autres sources que celles rfrences. Tous les emprunts dautres auteur-e-s, que ce soit

    par citation ou paraphrase, sont clairement indiqus. De plus, le prsent travail na pas t

    utilis dans une forme identique ou similaire dans le cadre de travaux rendre durant les

    tudes et jassure avoir respect les principes thiques tels que prsents dans le Code

    thique de la recherche. Enfin, les opinions mises dans ce travail n'engagent que leur

    auteure .

    Lauteure de ce rpertoire ntant pas, lorigine, la conceptrice des nombreuses dfinitions

    et explications rdiges propos des diffrentes notions abordes, elle a recouru

    rgulirement lutilisation de la paraphrase, tout en mentionnant les sources la fin du

    travail. De mme, afin de faciliter la lecture de ce document, lusage de la forme masculine

    a t privilgi pour la rdaction de celui-ci.

    Remerciements

    Au pralable, je tiens remercier ma directrice de Travail de Bachelor (TB), Marie-Luce

    Dlez, pour mavoir accompagne dans la rdaction de ce document durant prs dune anne.

    Je remercie galement Jean-Charles Rey et les membres du Conseil romand de linsertion

    par lconomique (CRIEC) pour avoir bien voulu rpondre mon questionnaire qui avait

    pour but lvaluation de la pertinence des concepts choisis dans ce TB.

    Au final, jadresse mes sincres remerciements toutes les personnes elles se reconnatront

    qui ont ctoy ce travail, de prs ou de loin.

  • iii

    Rsum

    Ce Travail de Bachelor a t conu sous la forme dun rpertoire et dresse une liste de

    nombreux concepts lis au march du travail en Suisse. Ceux-ci ont t regroups sous huit

    thmes principaux :

    March du travail

    Politique du march de lemploi

    Entreprise/ Socit

    Travail/ Emploi

    Salaire/ Revenu

    Chmage

    Insertion professionnelle

    Protection sociale

  • iv

    Cls de lecture

    Ce travail est constitu dun index, situ ci-aprs, rfrenant les notions du march du

    travail mentionnes plusieurs endroits et juges comme principales (en bleu).

    Dautre part, la suite de lindex, figure un glossaire. Ce dernier apporte des renseignements

    supplmentaires sur certains termes et abrviations qui sont abords tout au long de ce

    document (en rouge).

    Enfin, une grande partie des tableaux ou des exemples prsents dans ce rpertoire font

    rfrence au Valais, puisquil est le canton de rsidence de lauteure.

    March du travail,

    entreprise, emploi,

    insertion

    MOTS-CLS

  • v

    Index

    A

    Accord sur la libre circulation des

    personnes 10

    Agence de placement 2, 3

    Agent dinsertion professionnelle 38

    Assurance-chmage 29, 35, 41

    C

    Chmage 14, 3, 7, 8, 19, 25, 29, 44

    Chmage conjoncturel 30

    Chmage de longue dure 19, 35

    Chmage des jeunes 34

    Chmage frictionnel 30

    Chmage naturel 30

    Chmage structurel 31

    Contrat-type de travail 27, 42, 45

    Convention collective 17, 26, 42, 46

    Cot de la main-duvre 20, 23, 27, 31

    Croissance conomique 8, 9

    D

    Dcroissance conomique 9, 47

    Dlocalisation 10, 14, 15, 45

    Division du travail 23

    Droit du travail 15, 19, 42

    E

    Emploi 1, 2, 3, 4, 7, 15, 19, 20, 21, 23, 29,

    30, 31, 32, 35, 37, 38, 40, 41, 43, 44, 47

    Emploi prcaire 14, 4, 20, 43

    Employabilit 31, 40, 41, 44

    Entreprise 1, 2, 3, 4, 10, 12, 13, 14, 15,

    17, 21, 23, 25, 26, 27, 30, 31, 34, 39, 40,

    43, 46, 47

    Exclusion professionnelle 19, 41

    F

    Flexibilit 14, 43

    Flexicurit 43

    Formation professionnelle 14, 8, 17, 22,

    23, 31, 32, 34, 35, 37, 39, 40, 41

    I

    Insertion professionnelle 37, 38

    L

    Licenciement 10, 14, 17, 29, 43, 47

    M

    Main-duvre 30, 45

    March cach 2, 3

    March du travail 14, 1, 2, 4, 7, 8, 20, 27,

    31, 34, 35, 37, 38, 40, 41, 43, 44

    March ouvert 2

    Marchs transitionnels du travail 34, 44

    Mondialisation 14, 9, 15, 16, 45

    P

    Paix du travail 45, 46

    Partage du temps de travail 47

    Plan social 47

    Plein emploi 14, 7, 20, 30

    Politique conjoncturelle 7, 20

    Politique conomique 7, 34

    Politique sociale 7, 8, 45

    Politique structurelle 8

    Population active 20, 32, 34

    Portage salarial 27

    Protection sociale 4, 42, 44, 47

  • vi

    R

    Recrutement 3, 10, 23, 28, 39

    Rinsertion professionnelle 37, 41, 44, 47

    Relocalisation 15

    Restructuration 14

    Revenu 19, 22, 25

    S

    Salaire 14, 15, 17, 20, 23, 25, 26, 27, 42,

    47

    Salaire defficience 27

    Salaire minimum 19, 26, 30, 46

    Secteur conomique 4, 14

    Scurit sociale 14, 10, 23, 42

    Socit 3, 12, 13

    Sous-emploi 21

    Syndicat 15, 17, 26, 34, 45, 46

    T

    Taux de chmage 4, 32, 34

    Travail 14, 1, 3, 4, 9, 10, 12, 17, 19, 21,

    22, 23, 24, 25, 26, 27, 29, 30, 31, 37, 40,

    41, 42, 43, 44, 45, 46, 47

    Travail temps partiel 14, 20

    Travail au noir 22

  • vii

    Glossaire

    BIT : le Bureau international du Travail est le secrtariat permanent de lOrganisation

    Internationale du Travail (OIT).

    CIO : le Centre dInformation et dOrientation poursuit les missions suivantes : information

    scolaire et professionnelle, aide aux choix et lorientation des adultes, gestion de

    carrire et aide la rinsertion professionnelle.

    CSIAS : la Confrence Suisse des Institutions dAction Sociale est une association

    professionnelle qui s'engage pour la conception et le dveloppement de l'aide

    sociale en Suisse. Elle a notamment labor les normes CSIAS , qui

    dfinissent le mode de calcul de laide sociale et sont des recommandations

    lattention des professionnels qui uvrent dans ce domaine.

    Dbrayage : les dbrayages sont des grves de courte dure (quelques heures gnralement).

    Division verticale : la division verticale est un principe dorganisation du travail, labor

    par Taylor F. W., qui repose sur la sparation entre fonction de

    conception et fonction dexcution, cest--dire entre les ingnieurs qui

    ont reu une formation de type suprieur et les excutants (les ouvriers)

    qui doivent respecter les directives.

    Dumping salarial : le dumping salarial consiste embaucher un travailleur moins cher que

    le salaire convenu dans la branche.

    conomie dchelle : lconomie d'chelle correspond la baisse du cot unitaire d'un

    produit qu'obtient une entreprise en accroissant la quantit de sa

    production.

    Empreinte cologique : l'empreinte cologique est la surface moyenne ncessaire par

    habitant pour produire les ressources qu'il consomme et pour traiter

    ses dchets et ses pollutions.

    Inflation : linflation se caractrise par la perte du pouvoir d'achat de la monnaie qui se

    traduit par une augmentation gnrale et durable des prix.

    Keynsien : le terme de keynsien fait rfrence John Maynard Keynes, conomiste

    britannique.

    Lock-out : le lock-out est une grve patronale. Concrtement, la direction dcide de fermer

    son entreprise, pour rpondre une menace de grve.

    Masse montaire : la masse montaire reprsente la quantit de monnaie qui circule dans

    l'conomie un moment donn. Elle correspond tous les moyens de

    paiement qui peuvent tre transforms en liquidits.

    Mobilit fonctionnelle : la mobilit fonctionnelle (ou professionnelle) consiste pour un

    salari changer de poste et/ou de grade, dans une mme branche

    professionnelle ou dans une autre.

    OCDE : l'Organisation de Coopration et de Dveloppement conomiques a pour mission

    de promouvoir les politiques qui amlioreront le bien-tre conomique et social

    partout dans le monde.

  • viii

    OFS : lOffice Fdral de la Statistique fournit des informations sur ltat et lvolution de

    notre pays dans de nombreux domaines. Ces informations permettent ensuite de

    comparer la situation de la Suisse celle dautres pays.

    OIT : lOrganisation Internationale du Travail a t cre en 1919, dans le but de

    promouvoir la justice sociale et notamment de faire respecter les droits de lhomme

    dans le monde du travail.

    PIB : le Produit Intrieur Brut est un indicateur conomique de la richesse produite par

    anne dans un pays donn. Il correspond la valeur totale, comptable ou montaire,

    de tous les biens et services produits dans un pays donn au cours dune anne

    donne.

    Productivit : la productivit dsigne le rapport entre le total de la production obtenue et les

    moyens mis en uvre (production divise par les moyens).

    Rcession : le terme de rcession signifie le ralentissement de la croissance conomique.

    Elle est l'une des phases du cycle conomique dans le systme capitaliste :

    expansion, crise, rcession, reprise.

    SECO : pour toutes les questions de politique conomique, le Secrtariat dtat

    lconomie reprsente le centre de comptence de la Confdration suisse. Chaque

    trimestre, lorgane analyse la situation conomique actuelle et tablit des

    prvisions conjoncturelles pour lanne en cours et la suivante.

    SPT : le SPT est le Service de la Protection des Travailleurs et des relations au travail en

    Valais.

    Socit mre : une socit mre, appel galement maison mre, est une socit qui

    possde une ou plusieurs filiales, dont elle en assure la direction.

    Taux de rotation : le taux de rotation (galement appel turnover ) signifie le rythme de

    renouvellement des effectifs du personnel dans une entreprise.

    Temps de travail : le temps de travail reprsente le temps pendant lequel le travailleur est

    tenu disposition de lemployeur. Le temps du trajet pour se rendre

    son lieu de travail nest pas compt en tant que dure du travail.

    Travail temporaire : selon lOCDE, le travail temporaire est une forme demploi salari qui

    a la particularit de ne pas offrir de perspectives de travail dure

    indtermine. Ce dernier peut se prsenter sous la forme de missions,

    par exemple.

  • ix

    Table des matires

    Concepts thoriques ........................................................................................ 1

    1. March du travail .................................................................................................... 1

    a) Dfinition ....................................................................................................... 1 b) March ouvert/ March cach........................................................................ 1 c) Segmentation du march du travail ............................................................... 4 d) Secteur conomique ....................................................................................... 4

    2. Politique du march de lemploi ............................................................................. 7

    a) Dfinition ....................................................................................................... 7 b) Croissance/ Dcroissance conomique .......................................................... 8 c) Mondialisation ............................................................................................... 9 d) Accords bilatraux : libre circulation des personnes ................................... 10

    3. Entreprise/ Socit ................................................................................................. 12

    a) Dfinition ..................................................................................................... 12 b) Types dentreprises ...................................................................................... 12 c) Restructuration ............................................................................................. 14 d) Dlocalisation/ Relocalisation ..................................................................... 15 e) Licenciement ................................................................................................ 17 f) Franchise ...................................................................................................... 17

    4. Travail/ Emploi ...................................................................................................... 19

    a) Dfinition ..................................................................................................... 19 b) Plein emploi ................................................................................................ 20 c) Travail temps partiel ................................................................................. 20 d) Sous-emploi ................................................................................................. 21 e) Woorking poor ....................................................................................... 22 f) Travail au noir .............................................................................................. 22 g) Cot de la main-duvre ............................................................................. 23 h) Division du travail........................................................................................ 24

    5. Salaire/ Revenu ...................................................................................................... 25

    a) Dfinition ..................................................................................................... 25 b) Salaire minimum ......................................................................................... 26 c) Salaire defficience ...................................................................................... 27 d) Portage salarial ............................................................................................. 27

    6. Chmage ................................................................................................................. 29

    a) Dfinition ..................................................................................................... 29 b) Types de chmage........................................................................................ 30 c) Taux de chmage ......................................................................................... 32 d) Chmage des jeunes ..................................................................................... 34

  • x

    e) Chmage de longue dure ............................................................................ 35

    7. Insertion professionnelle ....................................................................................... 37

    a) Dfinition ..................................................................................................... 37 b) Agent dinsertion ........................................................................................ 38 c) Formation professionnelle ........................................................................... 40 d) Employabilit ............................................................................................... 40 e) Exclusion professionnelle ............................................................................ 41

    8. Protection sociale ................................................................................................... 42

    a) Dfinition ..................................................................................................... 42 b) Droit du travail ............................................................................................. 42 c) Flexibilit/ Flexicurit ........................................................................... 43 d) Marchs transitionnels du travail ................................................................. 44 e) Contrat-type de travail ................................................................................. 45 f) Syndicat ....................................................................................................... 45 g) Convention collective .................................................................................. 46 h) Paix du travail .............................................................................................. 46 i) Plan social .................................................................................................... 47 j) Partage du temps de travail .......................................................................... 47

    Conclusion ....................................................................................................................... 48

    Bibliographie .................................................................................................. 52

    1. Ouvrages ................................................................................................................ 52 2. Documents ............................................................................................................. 53

    Sitographie ..................................................................................................... 54

    1. Rfrences ............................................................................................................. 54 2. Rfrences principales et liens utiles consulter .................................................. 56

  • xi

    Table des illustrations

    Images de Mix & Remix : les images ont t insres dans ce travail, avec laccord de leur

    auteur

    Tableau 1 : OFS, Entreprises et emplois selon le secteur conomique, 2012 , (rsultats

    provisoires) ............................................................................................................................ 5

    Tableau 2 : CLIOTEXTE tir de lOFS, Tableau sur la population et les secteurs d'activit

    en Suisse depuis 1800 ......................................................................................................... 5

    Tableau 3 : OFS, Entreprises marchandes et emplois selon la taille des entreprises, 2008

    13

    Tableau 4 : OFS, Entreprises marchandes selon la forme juridique et le secteur dactivit,

    2008 ................................................................................................................................. 14

    Tableau 5 : Revue de politique conomique, Tendance la dlocalisation de la production

    de la production des entreprises industrielles suisses (de plus de 20 collaborateurs) .... 16

    Tableau 6 : OFS, galit entre femmes et hommes travail temps partiel ............... 21

    Tableau 7 : OFS, Structure des cots horaires de la main-d'uvre, 2010 ................... 23

    Tableau 8 : OFS, volution des salaires nominaux, des prix la consommation et des

    salaires rels ..................................................................................................................... 26

    Tableau 9 : Graphique ralis moi-mme, Population active ...................................... 32

    Tableau 10 : SECO, Taux de chmage selon les cantons ............................................ 33

    Tableau 11 : OFS, Chmage des jeunes : part des chmeurs au sens du BIT dans la

    population active des 15-24 ans ....................................................................................... 34

    Tableau 12 : SECO, Nombre de chmeurs, chmeurs de longue dure et croissance du

    PIB .................................................................................................................................... 35

    Tableau 13 : Beuret P. et Rey J.-C. (rsultat dun focus groupe des responsables de diffrents

    services et institutions) Insertion socio-professionnelle : les divers professionnels et leurs

    fonctions ........................................................................................................................... 38

    Tableau 14 : Coordination ORP, Panorama du rseau daide la rinsertion

    professionnelle et sociale dans le canton du Valais ......................................................... 39

  • xii

    Prambule

    Le march du travail en Suisse volue constamment et ces dernires dcennies des

    changements profonds ont eu lieu dans sa structure. Kehrli C. et Knpfel C. dressent un

    panorama de cette volution :

    L ancienne ralit du monde du travail

    Dans l ancien monde du travail, les rapports de travail normaux constituaient une base

    pour sorienter. On achevait une formation professionnelle, on trouvait une place de travail,

    on changeait rarement de place, on profitait dune ascension continue et on partait la

    retraite 65 ans. Le plein emploi tait une chose normale, au moins pour lhomme dorigine

    suisse. Tout au plus, les travailleurs trangers ou les femmes issues de mnages o les deux

    conjoints travaillaient pouvaient tre sujets la perte dune place de travail. Le rseau de

    la scurit sociale tait conu et dvelopp en fonction de lactivit professionnelle de

    lhomme. Ltat social tait considr comme subsidiaire par rapport lactivit

    professionnelle. Dans une mesure leve, le travail salari valait en tant que source de sa

    propre identit.

    Autant ces normes agissaient en tant quorientation dans lconomie et la politique, autant

    il tait perceptible quelles ntaient de loin pas valables pour tous. Jamais toutes les

    personnes exerant une activit lucrative narrivaient bnficier de rapports de travail

    normaux. De nombreuses familles de couches sociales infrieures taient obliges de faire

    en sorte que les deux conjoints exercent une activit lucrative. Dautres, avant tout les

    trangers exerant une activit lucrative, occupaient frquemment des emplois prcaires

    avec de bas salaires, des horaires irrguliers et une protection dassurance limite. []

    La nouvelle ralit

    Depuis le milieu des annes 1970, la Suisse vit une mutation sociale qui modifie

    profondment les facettes de la vie en commun. Lancien contrat entre gnrations est caduc.

    A quoi ressemblera le suivant ? Cela nest perceptible que de manire schmatique.

    La mutation conomique peut tre dcrite par des mots-cls tels que globalisation et

    flexibilisation. Louverture lchelle mondiale des marchs traditionnels a fait lobjet en

    Suisse dune rapide mutation structurelle et sectorielle. Le secteur industriel perd des places

    de travail dans une grande mesure, alors que le secteur des prestations prend visiblement

    de limportance. La concurrence intense et les progrs technologiques entranent une

    automatisation progressive de la production et un transfert de places de travail prsentant

    un profit dexigences de faible niveau, dans le secteur industriel et artisanal avant tout. En

    mme temps, les rapports de travail dans le secteur tertiaire sont flexibiliss. Orientation

    clients : cest la notion qui simpose. Travail temps partiel, jobs temporaires, obligations

    axes sur les projets particuliers travail sur appel et autres formes de travail gagnent en

    importance. Pour les femmes, cela permet une activit professionnelle plus intense. Dans le

    mme temps, il faut dplorer une prcarisation sournoise des rapports de travail. []

    Les carrires professionnelles ne se droulent plus aussi simplement selon des axes

    prvisibles, mais prsentent toujours plus frquemment des ruptures : la recherche pnible

    dune place dapprentissage convenable, des changements de poste forcs, de courtes

    priodes de chmage, des interruptions dactivit professionnelle dans loptique dune

  • xiii

    nouvelle orientation, des reconversions exigeant du temps sont actuellement habituelles sur

    le plan professionnel. Le rapport de travail normal est de moins en moins la norme. Cet

    abandon de la norme saccompagne dun nombre lev de chmeurs, toujours davantage

    dun statut dinvalidit pour des personnes qui ne paraissent pas assez en forme, et dun

    nombre croissant de cas relevant de laide sociale. [] 1

    Ds lors, avec cette nouvelle ralit qui complexifie encore plus les structures et rapports

    en vigueur sur le march du travail en Suisse, il semble ncessaire que les professionnels, en

    tant quagents dinsertion, possdent des connaissances suffisantes en la matire pour

    pouvoir aider au mieux les personnes quils accompagnent

    1 Kehrli C. et Knpfel C., Manuel sur la pauvret en Suisse , p.75-77

  • 1

    Concepts thoriques

    1. Le march du travail

    a) Dfinition

    Lexpression de march du travail nest pas une notion claire, prcise et dlimite. Pour

    tenter de saisir sa signification, il faut dfinir les termes qui la composent. Hidouche Z. donne

    lexplication suivante:

    Au sens premier, le march dsigne le lieu o des producteurs (commerants,

    artisans, paysans) se rassemblent pour proposer directement leurs produits aux

    consommateurs. En conomie, par extension, le march est un systme

    d'changes o se rencontrent l'offre (les vendeurs) et la demande (les acheteurs).

    C'est aussi l'ensemble des rgles, juridiques ou informelles, par lesquelles ce

    type d'oprations conomiques peut se raliser. Le march, qui concerne aussi

    bien les changes de biens et de services que les changes actifs financiers et

    immobiliers, est l'un des concepts fondamentaux de l'conomie. 2

    Quant au travail, il dsigne l'effort physique ou intellectuel quil faut accomplir pour faire

    quelque chose ou obtenir un rsultat recherch. En tant qu'occupation rmunre, le travail

    est synonyme d'emploi, cest pourquoi certaines personnes parlent galement de march de

    lemploi. Ainsi, en conomie, le march du travail est le lieu thorique de rencontre de loffre

    et de la demande de travail. L'offre de travail reprsente la quantit de travail offerte par les

    individus qui cherchent exercer une activit rmunre. Ces derniers sont appels

    demandeurs demploi. La demande de travail, qui provient gnralement des entreprises, est

    la quantit de travail demande par les employeurs. Ceux-ci offrent donc des emplois.

    Si, de manire gnrale, on parle du march du travail, il en existe en fait de nombreux. En

    effet, il courant dentendre parler de 1er march du travail, galement nomm march

    primaire. Celui-ci est rgul naturellement par la loi de loffre et la demande de travail.

    Le march secondaire ou complmentaire, quant lui, rassemble toutes les activits de

    production de biens ou de services juges insuffisamment rentables par les entreprises

    prives qui les ont dlaisses. Ces activits ont cependant une utilit pour la collectivit et

    peuvent, gnralement avec le soutien de l'tat, tre maintenues dans un march du travail

    complmentaire, permettant ainsi des personnes sans emploi ou en difficults de bnficier

    dun emploi adapt leur problmatique ou de (r)acqurir les comptences indispensables

    la reprise d'un emploi dans le march principal de l'emploi. Ce deuxime march est

    constitu par le travail temporaire, les entreprises sociales, les ateliers protgs, etc.

    b) March ouvert/ March cach

    Au niveau des emplois, le march du travail peut tre galement dcoup en deux

    dimensions: le march ouvert et cach. Au cours dune recherche demploi, il est conseill

    de tous les explorer, en mettant laccent sur le march cach.

    2 http://www.lafinancepourtous.com/IMG/pdf/6_Modules1_Marches_Prix.pdf (18.04.14)

    http://www.lafinancepourtous.com/IMG/pdf/6_Modules1_Marches_Prix.pdf
  • 2

    March ouvert

    Le march ouvert est accessible tous et facile identifier. Ce march regroupe les offres

    demploi, les agences de placement et les chasseurs de ttes.

    Offres demploi

    Les annonces lies une offre demploi peuvent tre publies dans les journaux ou sur les

    sites web des agences et des entreprises. La majorit des personnes en recherche d'emploi

    utilisent ce type de sources dinformation, ce qui a pour consquence une concurrence trs

    importante entre les candidats.

    Agences de placement Une agence de placement prive est une

    entreprise de service en charge de placer des

    personnes sans emploi ou la recherche dun

    nouveau challenge professionnel dans des

    entreprises cherchant du personnel. Ces

    organismes, aussi appels agences dint-

    rim , peuvent tre galement mandats par

    les entreprises qui cherchent recruter du

    personnel et offrent souvent du travail

    temporaire. En Valais, Manpower est une

    des entreprises leader dans le placement de

    personnel en Suisse.

    Paralllement aux agences prives, il existe en Suisse des offices de placement publics

    linstar des Offices rgionaux de placement (ORP) qui peuvent tre mis contribution, sans

    frais, par tous les demandeurs demploi ainsi que tous les employeurs. Cependant, leur tche

    principale consiste aider les chmeurs dans leur recherche demploi.

    Chasseurs de tte

    Les chasseurs de ttes (aussi appels headhunters ) sexcutent toujours sur mandat. Leur

    travail consiste contacter directement un petit groupe de candidats ou une personne en

    particulier, pour le compte dun client. Ces professionnels ont une approche trs qualitative

    et, contrairement aux agences de placement, ils rservent leurs candidats pour des postes

    bien prcis.

    March cach

    Le march cach de lemploi dsigne tous les emplois qui ne font pas lobjet dannonces ou

    qui ne passent pas par des agences de placement. Cela sexplique pour diverses raisons.

    LE SECO DNOMBRAIT 277'885 TRAVAILLEURS TEMPORAIRES EMPLOYS PAR LE BIAIS DAGENCES PRIVES DE PLACEMENT. CE CHIFFRE A PRATIQUEMENT DOUBL DEPUIS 1998.

  • 3

    Premirement, bien des employeurs n'annoncent pas les postes vacants parce qu'ils prfrent

    engager parmi les relations de l'entreprise ou de leurs employs (quelqu'un qu'ils

    connaissent, qu'ils ont rencontr, voire une personne qui leur est recommande). Les

    avantages de ce recrutement interne sont nombreux : aspect financier (le recrutement par

    annonce cote cher), pratique, etc.

    Deuximement, des emplois peuvent tre libres et pas encore annoncs, dans le cas o une

    entreprise vient de se crer ou parce qu'un employeur n'est pas certain des postes dont il aura

    besoin. Ce march est par consquent plus diffus et difficile identifier que le march ouvert.

    Il nen reste pas moins que cest par ce biais quune grande partie des postes sont repourvus.

    Il y a plusieurs moyens possibles pour accder au march cach :

    Offres spontanes

    Les offres ou candidatures spontanes reprsentent le fait de dposer ou denvoyer

    spontanment une lettre de postulation, et usuellement un curriculum vitae, sans rpondre

    pour autant une offre demploi.

    Recrutement par cooptation

    En thorie, la cooptation signifie la dsignation d'un nouveau membre d'une assemble par

    les membres dj en place. Sur le terrain le principe est un peu plus complexe. En effet,

    malgr les chiffres parfois importants du chmage, certains employeurs admettent avoir du

    mal embaucher, faute de trouver les profils adquats. Par consquent, des mthodes

    alternatives au processus classique de recrutement sont apparues, comme le principe de

    cooptation. Il faut dire que le recrutement par cooptation est une des possibilits dembauche

    qui permet dattirer des profils parfois inaccessibles par le circuit habituel.

    Un des synonymes de la cooptation est le rseautage. Un rseau peut tre dfini comme

    lensemble des relations personnelles ou professionnelles quune personne entretient. Si

    celui-ci est vaste et bien tabli il peut tre une aubaine pour faire circuler une information.

    Cest pourquoi, pour pouvoir bnficier de lavantage de la cooptation, il faut savoir tirer

    sur les bonnes ficelles au sein des bons rseaux . Par exemple, le coopteur peut se

    trouver tre un ancien lve qui a t la mme cole que la personne qui cherche

    actuellement du travail, ou un de ses amis travaillant au sein dune socit qui recrute, ou

    encore un de ses anciens professeurs qui lui transfre une offre ou qui la recommande ses

    relations professionnelles.

    Cette pratique de la cooptation est devenue courante aussi bien dans la vie de tous les jours

    que dans les communauts virtuelles (rseaux sociaux, etc.) qui schangent contacts et

    pistes professionnels; elle est pratique dans tous les secteurs dactivit.

    Suivi de lactivit conomique

    Le suivi de l'actualit conomique dun secteur d'activit travers les mdias (comme par

    exemple le Bulletin officiel , en Valais) peut galement tre une source dinformation

    prcieuse pour identifier de potentiels emplois qui ne font pas encore lobjet dannonces.

    Ces futurs postes de travail peuvent tre dus de nouvelles ouvertures ou dagrandissement

    de commerces, dinitiatives gouvernementales, etc.

  • 4

    c) Segmentation du march du travail

    La structure du march du travail peut encore tre divise en deux segments principaux. Le

    premier segment, appel aussi segment primaire, est caractris par des emplois stables et

    bien rmunrs. A cela viennent encore s'ajouter la scurit de l'emploi, une bonne protection

    sociale et des perspectives de carrire attractives. Ce march est soumis une rglementa-

    tion qui limite la libert de lemployeur.

    A l'inverse, le segment secondaire est

    caractris par des emplois prcaires, mal

    rmunrs, gnralement d'une dure

    limite et offrant une protection sociale

    rduite. De plus, le taux de chmage recens

    dans ce segment est suprieur celui du

    segment primaire, sans compter que le taux

    de rotation y est trs lev. Cela sexplique

    par des conditions de travail peu attractives

    et l'absence de toute perspective de carrire.

    d) Secteur conomique

    Un secteur conomique est un regroupement d'activits qui apparaissent comme semblables.

    Partant de ce principe, trois secteurs conomiques ont t dfinis : le secteur primaire, le

    secteur secondaire et le secteur tertiaire. Cette classification n'est toutefois pas rigide et peut

    voluer.

    Secteur primaire

    Le secteur primaire concerne la collecte et l'exploitation directe de ressources naturelles. Les

    activits suivantes font partie de cette catgorie : agriculture, pche, exploitation forestire,

    etc. Actuellement, en Suisse, le secteur primaire est le plus petit secteur conomique.

    Secteur secondaire

    Le secteur secondaire ou industriel regroupe les activits lies la transformation des

    matires premires issues du secteur primaire. Des activits telles que lindustrie du bois,

    llectronique, lhorlogerie illustrent cette seconde catgorie. Le secteur industriel est

    considr comme stratgique dans lconomie des pays dvelopps, y compris en Suisse,

    mme sil reprsente une part relativement modeste du PIB. En effet, ce secteur fournit des

    emplois dingnieurs ainsi que du travail de recherche et de dveloppement des entreprises

    du secteur tertiaire. Ainsi, ce secteur a son importance de par l'industrie mcanique,

    lectrique et mtallurgique, l'industrie chimique et pharmaceutique, les technologies

    mdicales, l'industrie alimentaire et lindustrie de lhorlogerie.

  • 5

    Secteur tertiaire

    Le secteur tertiaire regroupe toutes les activits conomiques qui ne font pas partie des deux

    autres. Il sagit du secteur qui fournit des services comme lenseignement, les associations,

    le tourisme, le nettoyage, etc. Plus spcifiquement, le secteur tertiaire marchand, qui fournit

    des services payants comme le coiffeur, se distingue du secteur tertiaire non marchand qui

    comprend des services fournis gratuitement ou des prix qui ne sont pas conomiquement

    significatifs. Les domaines de l'ducation, de la scurit, de l'action sociale et de

    l'administration sont des exemples de services non marchands.

    Grce aux tableaux qui suivent (Cf. galement tableau 4. Entreprises marchandes selon la

    forme juridique et le secteur dactivit, 2008) il est possible de constater qu prsent le

    secteur tertiaire est le plus grand secteur conomique de Suisse.

    Tableau 1 Entreprises et emplois en Suisse selon le secteur conomique, 2012

    Secteurs conomiques Entreprises Emplois

    Secteur primaire 57'440 165'030

    Secteur secondaire 90'344 1'096'082

    Secteur tertiaire 424'640 3'644'277

    Total 572'424 4'905'389

    Source: Statistique structurelle des entreprises STATENT (OFS)

    Tableau 2 Population et secteurs d'activit en Suisse depuis 1800

    Source: Office fdral des rfugis et Office fdral des statistiques, 2010

  • 6

    Alors quau Moyen-ge, lconomie en Suisse est principalement agricole et artisanale,

    celle-ci va commencer sindustrialiser partir du XIXe sicle grce la rvolution

    industrielle. Les industries horlogre, alimentaire et du textile prennent alors beaucoup

    dimportance, tout comme celle de la chimie un peu plus tard.

    Par la suite, le secteur tertiaire ou secteur des services va prendre de lampleur grce

    l'volution de plusieurs domaines comme le systme ducatif, le systme de sant ou des

    transports. En outre, laugmentation considrable du niveau de vie vers le milieu du XXe

    sicle, permettant aux gens de pratiquer davantage dactivits de loisirs, va galement

    contribuer la progression de ce secteur. Actuellement, en Suisse, le secteur tertiaire est

    reprsent majoritairement par les banques et les assurances, le tourisme, le commerce de

    gros et de dtail, les administrations publiques et les assurances sociales.

  • 7

    2. Politique du march de lemploi

    a) Dfinition

    Il est relativement dlicat de chercher dlimiter la politique du march de lemploi, car

    celle-ci est une constituante de la politique conomique et sociale. En effet, il y a certains de

    ses objectifs qui relvent avant tout de la politique conomique, tandis que dautres sont

    surtout de nature socio-politique. De surcrot, la politique du march de lemploi est

    troitement lie la politique conjoncturelle, mais va plus loin que celle-ci.

    Le but principal dordre politico-conomique que vise la politique du march de lemploi est

    datteindre et de maintenir le plein emploi. Cest galement une finalit qui vaut pour la

    politique conjoncturelle. Cependant, tandis quil importe cette dernire dviter les

    fluctuations court terme de lemploi, il incombe la premire de crer des conditions

    pouvant assurer un degr demploi aussi lev que possible, compte tenu des conditions

    conomiques du moment. De mme, il appartient au mandat de la politique du march de

    lemploi de limiter le chmage, l o les moyens daction de la politique conjoncturelle sont

    limits.

    Voici un rsum des objectifs gnraux de la politique du march de lemploi:

    amlioration de la qualit de fonctionnement du march de lemploi,

    aplanissement des problmes demploi spcifiques aux groupes et aux rgions.

    Les nombreuses interdpendances entre la politique du march de lemploi et les autres

    politiques sectorielles exercent une grande influence, tant sur la demande de main-duvre,

    la situation conjoncturelle et le commerce extrieur, que sur la recherche, le progrs

    technique, les structures conomiques rgionales et sectorielles, ainsi que les conditions de

    concurrence.

    Dautre part, comme le fonctionnement de notre conomie nest pas parfait, ltat organise

    des mesures afin de corriger certains disfonctionnements. Cet ensemble dinterventions dans

    la vie conomique sappelle la politique conomique.

    Trois sortes de politiques conomiques sont distinguer:

    Politique conjoncturelle

    La politique conjoncturelle vise llimination des fluctuations conomiques, en assurant le

    plein emploi, ainsi que la stabilit des prix et des taux de change (quilibre extrieur).

    Il existe plusieurs moyens pour conduire ces buts, comme par exemple:

    la politique montaire : elle consiste agir sur la masse montaire et sur les taux dintrt, afin de favoriser ou non les investissements,

    la politique budgtaire : en augmentant ses dpenses en priode de crise (en finanant des grands travaux comme une autoroute, par exemple), ltat peut

    participer la relance conomique; en les diminuant en priode de haute

    conjoncture, elle peut contribuer ce que lconomie ne semballe pas.

  • 8

    Politique structurelle

    La politique structurelle a deux buts principaux. Premirement, elle contrle que les

    conditions-cadres de lconomie de march soient respectes (loi sur limmigration, salaire

    minimum, etc.). Pour ce faire, ltat joue un rle darbitre, qui favorise la concurrence en

    promulguant des lois anti-trust, anticartel, etc. Deuximement, il a pour but dassurer la

    croissance long terme, en dveloppant les structures ncessaires au dveloppement

    conomique, comme la formation, les transports, lnergie, etc.

    Politique sociale

    Pour De Laubier P., la politique sociale reprsente :

    [... ]lensemble des mesures prises au niveau dune nation en vue damliorer,

    ou de changer, les conditions de vie matrielle et culturelle du grand nombre

    conformment une prise de conscience progressive de droits sociaux et compte

    tenu des possibilits conomiques et politiques dun pays un moment donn. 3

    La politique sociale se dcompose en plusieurs types de politiques spcifiques, qui dploient

    leurs effets grce diffrents instruments (les rgimes dassurances sociales, laide sociale

    et la promotion du logement en sont des exemples). Ses objectifs principaux sont de diminuer

    les ingalits matrielles et de protger les catgories sociales les plus dmunies. Au final,

    la politique sociale demeure une notion aux multiples facettes, et difficile dlimiter, car

    elle touche tous les aspects de la vie en socit.

    b) Croissance/ Dcroissance conomique

    Croissance

    La croissance conomique est dfinie comme une augmentation soutenue, pendant une

    priode prolonge, de la quantit des biens et services que produit une conomie. Elle est

    lobjectif final de toutes les conomies, quelle que soit leur nature. La croissance permet

    laccroissement de la richesse, et cette augmentation produit des effets aussi bien

    conomiques que sociaux.

    Comme le dcrit Rime P.-A. :

    La monte du chmage dans les pays industrialiss a t la consquence la

    plus fcheuse de la faible croissance conomique des annes 90 et du dbut du

    XXIe sicle. On considre actuellement que le moyen le plus sr dviter une

    nouvelle dgradation sur le march du travail est de stimuler la croissance.

    Ainsi, dun point de vue strictement conomique, la croissance est absolument

    obligatoire. 4

    3 Carnal P.-Y. cit dans De Laubier P., Les assurances sociales, la politique sociale et la scurit

    sociale : essai de dfinitions et de prsentation gnrale , p.23 4 Rime P.A., Les mondes conomiques : Introduction lconomie politique et nationale , p.97

  • 9

    Pour tre considr comme une croissance, le mouvement la hausse doit tre durable et

    non alatoire. De ce fait, il ny a pas lieu de parler de ce phnomne si le climat favorable

    dune saison fait augmenter le PIB dun pays, car tout peut tre modifi lanne suivante.

    A linverse, il est question de croissance conomique si cette augmentation est due

    lamlioration des techniques ou une meilleure efficacit du travail, par exemple.

    Lindicateur le plus couramment utilis pour mesurer la croissance est le PIB. Les variations

    de celui-ci dune anne lautre permettent de calculer le taux de croissance dune conomie.

    Pour rappel historique:

    Entre 1991 et 1997, alors que la plupart de ses partenaires et concurrents

    conomiques ralisaient des taux de croissance annuels de 1.5 2.5%, la Suisse

    a vcu une longue priode de stagnation sanctionne par une croissance

    quasiment nulle. Cest cette poque que notre pays a t confront pour la

    premire fois une hausse forte et durable du chmage. Durant les annes 90,

    la croissance de lconomie suisse a t la plus faible de tous les pays

    dvelopps. 5

    Dcroissance

    Le terme de dcroissance conomique, quant lui, est apparu la fin des annes 70. Cest

    un concept qui se situe l'oppos du consensus conomique et politique actuel faisant de la

    croissance conomique l'objectif des socits modernes. Effectivement, le but de la

    dcroissance est de marquer fortement labandon de lobjectif de la croissance illimite,

    puisque de celle-ci dcoulent des consquences

    dsastreuses pour lenvironnement et donc pour

    lhumanit. Cest pour cette raison que ses

    partisans cherchent faire prendre conscience aux

    individus et la collectivit que, dans les pays

    riches, l'empreinte cologique de l'homme a atteint

    un seuil o la croissance n'est plus possible. Le

    dveloppement humain passe alors par une

    dcroissance durable qui doit tre pense et

    organise pour qu'elle soit soutenable.

    c) Mondialisation

    Il nest pas facile de dfinir de manire unique la notion de mondialisation, puisque le terme

    sest enrichit au cours de lHistoire. En 1916, le mot apparat pour la premire fois et dsigne

    alors une appropriation des terres l'chelle du monde. Il s'inscrit dans une rflexion sur la

    rorganisation de la vie internationale aprs la guerre. A partir des annes 90, le phnomne

    de la mondialisation se gnralise.

    5 Rime P.-A., Les mondes conomiques : Introduction lconomie politique et nationale , p.111

    et 179

  • 10

    Pour tenter desquisser une dfinition actuelle, Moreau Defarges P. dtermine que :

    La mondialisation ou globalisation , selon la terminologie anglo-

    amricaine se caractrise dabord par lexplosion et lacclration de flux de

    toutes sortes : marchandises, services, informations, images, modes, ides,

    valeurs, bref tout ce quinvente et produit lhomme [] 6

    Le terme de mondialisation est surtout utilis dans le domaine conomique, mais celle-ci

    touche galement toutes les activits humaines: industrie, services, commerce, politique,

    social, etc. Elle concerne aussi la communication et les changes entre tous les individus et

    les diffrentes cultures de la Terre, devenue village plantaire .

    La mondialisation est favorise par linterdpendance entre les hommes, la

    drglementation, la libralisation des changes, la dlocalisation de l'activit, le

    dveloppement des moyens de transport, de tlcommunication, etc. Le processus de

    mondialisation a ainsi pour avantage de permettre aux entreprises deffectuer des choix

    stratgiques, lchelle mondiale, en termes de localisation, approvisionnement,

    financement, commercialisation, recrutement, investissement, etc. Ces choix sont faits en

    comparant les avantages et inconvnients que leur procurent les diffrentes solutions

    nationales possibles. A linverse, il en dcoule une plus grande concurrence entre les

    diffrents acteurs prsents sur les diffrents marchs, tant donn que celle-ci est prsent

    internationale. Il devient alors difficile pour ceux-ci de fonctionner dans une logique de

    march uniquement national.

    Dautre part, la recherche de profit favorise par la mondialisation provoque des retombes

    ngatives sur lenvironnement, la scurit alimentaire (risques sanitaires), ou la scurit

    sociale (licenciements massifs), pour ne citer que quelques exemples. Face ces

    problmatiques, des organismes internationaux ont t crs, comme lOCDE en 1961, afin

    de rglementer les diffrents changes.

    d) Accords bilatraux : libre circulation des personnes

    Laccord sur la libre circulation des personnes fait partie des sept premiers accords bilatraux

    conclus entre la Suisse et lUnion europenne le 21 juin 1999, et entrs en vigueur en 2002.

    Selon lOffice fdral des migrations, cet accord :

    [] facilite les conditions de sjour et de travail en Suisse pour les citoyennes

    et citoyens de lUnion europenne (UE). Le droit la libre circulation des

    personnes est complt par des dispositions sur la reconnaissance mutuelle des

    diplmes, lacquisition de biens immobiliers et la coordination des systmes de

    scurit sociale. Les mmes rgles sappliquent aux tats de lAssociation

    europenne de libre-change (AELE). 7

    Le 9 fvrier 2014, une initiative populaire nomme contre limmigration de masse a t

    soumise aux votations. Cette initiative proposait la mise en place dune loi prvoyant des

    6 Moreau Defarges P., La mondialisation : vers la fin des frontires ? , p. 74 7 https://www.bfm.admin.ch//bfm/fr/home/themen/fza_schweiz-eu-efta.html (09.10.13)

    https://www.bfm.admin.ch/bfm/fr/home/themen/fza_schweiz-eu-efta.html
  • 11

    quotas de permis de travail pour les frontaliers, ainsi que pour les demandeurs dasile. Elle

    prvoyait galement de remettre en place les quotas pour les travailleurs trangers au

    bnfice dun permis de rsidence (permis L, B et C). Par ailleurs, elle demandait de

    rintroduire la prfrence nationale, obligeant ainsi les entreprises recruter

    prfrentiellement les travailleurs suisses avant de pouvoir recruter des trangers.

    Cette nouvelle loi sur limmigration ayant t accepte par le peuple suisse, le Conseil

    fdral doit prsent proposer une mise en application de la loi, labore par les

    parlementaires. Si le texte vot ntait pas particulirement prcis il allait, dans son esprit

    gnral, lencontre de la libre circulation des personnes. De ce fait, les autorits suisses

    doivent actuellement se confronter la difficult suivante : si la mise en uvre de la loi est

    trop tranche , elle ira lencontre de la libre circulation des personnes et lUE dnoncera

    les accords bilatraux. Dans ce cas, la libre circulation des personnes naura plus lieu dtre,

    tout comme les six autres volets des accords bilatraux, qui lui sont lis. Au final, lavenir

    dira ce quil adviendra de ces accords bilatraux.

  • 12

    3. Entreprise/ Socit

    a) Dfinition

    Lentreprise est une unit de production. Son rle consiste produire des biens et des

    services en optimisant la quantit de facteurs utiliss en fonction de leur prix, afin de

    maximiser son profit. Lobjectif principal de toute entreprise est de viser la prennit.

    Les buts dune entreprise peuvent tre lucratifs ou non. Si le principal objectif des personnes

    qui la constitue est de senrichir, cette entreprise est caractrise comme tant but lucratif.

    A linverse, si les responsables rinjectent leur bnfice dans la mission sociale quils se sont

    fixe et que leur but premier nest pas lenrichissement personnel, il sagit dune entreprise

    but non lucratif. Celle-ci peut poursuivre diffrentes missions : dveloppement local,

    promotion dune activit sportive, etc.

    Contrairement lentreprise qui ne fait pas lobjet dune relle dfinition lgale, en droit,

    une socit est lenveloppe juridique qui donne la personnalit morale une ou plusieurs

    personnes (physiques ou morales) qui se sont associes en apportant des moyens matriels

    et humains en vue de la ralisation dun objectif commun ou le partage de bnfices.

    b) Types dentreprises

    Il existe une multitude dentreprises sur le march suisse, qui diffrent selon leur taille, leur

    forme juridique ou encore leur secteur dactivit :

    Taille

    Il existe diffrentes tailles dentreprises. Cela peut aller de lentreprise individuelle au groupe

    qui emploie des milliers de personnes dans le monde entier. De manire gnrale, on

    distingue :

    Petites et Moyennes Entreprises (PME) Les PME sont les entreprises les plus reprsentes en Suisse. A lintrieur de cette catgorie

    sont regroupes les micro-entreprises, les petites entreprises et les moyennes entreprises.

    Grandes entreprises Les entreprises multinationales font

    parties des grandes entreprises. Celles-ci

    sont souvent internationalises, ce qui

    signifie que leur activit conomique nest

    pas uniquement exerce au sein dun pays,

    mais dpasse les frontires nationales. Il y

    en a peu dans notre pays, mais elles

    prsentent lavantage de fournir du travail

    beaucoup de salaris. En Suisse, Nestl,

    Glencore, ABB, etc. reprsentent des

    entreprises multinationales.

  • 13

    Tableau 3 Entreprises marchandes et emplois en Suisse selon la taille des entreprises,

    2008

    Taille des entreprises Entreprises Emplois

    en quiv. plein temps Nombre % Nombre %

    PME (jusqu' 249) 311'707 99.6 2'327'802 66.6

    Micro-entreprises (jusqu' 9) 272'346 87.1 869'206 24.9

    Petites entreprises (10-49) 33'183 10.6 760'780 21.8

    Moyennes entreprises (50-249) 6'178 2.0 697'816 20.0

    Grandes entreprises (250 et plus) 1'154 0.4 1'166'269 33.4

    Total 312'861 100.0 3'494'071 100.0

    Source : Recensement des entreprises, OFS

    Plus de 99 pour cent des entreprises suisses sont des petites et moyennes entreprises (PME),

    dont 87 pour cent sont des micro-entreprises. En termes de population, deux tiers des salaris

    travaillent dans des PME et le tiers restant dans les grandes entreprises.

    Forme juridique

    La forme juridique ou statut juridique est la forme lgale selon laquelle sorganise

    lentreprise. Elle dpend de sa taille mais aussi des risques engags. La Suisse regroupe des

    entreprises aux formes juridiques diverses :

    Raison individuelle (RI) La raison individuelle dsigne une entreprise industrielle ou commerciale qui appartient

    une seule personne physique. Celle-ci lexploite en son nom et de manire indpendante.

    Cest la forme juridique de socit la plus simple.

    Socit en nom collectif (SNC) Lorsque deux ou plusieurs personnes physiques s'associent afin d'exploiter ensemble une

    entreprise selon les rgles commerciales, il va sagir dune socit en nom collectif.

    Socit en commandite Pour crer une telle socit, deux ou plusieurs personnes physiques sont ncessaires. La

    socit en commandite est peu prsente au sein de l'conomie helvtique.

    Socit anonyme (SA) Une socit anonyme peut tre constitue par une ou plusieurs personnes physiques ou

    juridiques. Celles-ci apportent un capital qui est divis en sommes partielles, appeles

    actions. Avec la raison individuelle, la socit anonyme est la forme juridique la plus

    courante en Suisse.

    Socit responsabilit limite (Srl) Ce type dentreprise est un mlange de socit anonyme et de socit en nom collectif. Grce

    au faible capital minimum quelle demande (CHF 20'000), elle gagne de plus en plus

    dimportance dans notre pays.

  • 14

    Socit cooprative La socit cooprative place le dveloppement et l'entraide conomique au premier plan,

    comme dans la construction ou l'achat d'habitations.

    Secteur dactivit

    La troisime possibilit dune catgorisation dune entreprise ou dune socit peut se faire

    partir de son secteur dactivit principal, appel galement secteur conomique.

    Tableau 4 Entreprises marchandes en Suisse selon la forme juridique et le secteur dactivit, 2008

    Formes juridiques Secteur secondaire Secteur tertiaire Total

    Raisons individuelles 29'993 112'553 142'546

    Socits en nom collectif 1'731 6'275 8'006

    Socits en commandite 298 1'020 1'318

    Socits anonymes 26'612 60'353 86'965

    Srl 13'275 44'742 58'017

    Socits coopratives 236 1'585 1'821

    Autres 919 13'269 14'188

    Total 73'064 239'797 312'861

    Source : Recensement des entreprises, OFS

    c) Restructuration

    Dans la presse, il y a rgulirement des articles mentionnant le terme de restructuration,

    souvent au sujet de grandes entreprises. Tissot ditions dfinit ce concept de la manire

    suivante :

    La restructuration est une opration de gestion dcide par un employeur et

    consistant rorganiser une entreprise en fonction de la conjoncture ou dune

    stratgie. 8

    La restructuration d'une entreprise se

    compose de deux parties : la restructuration

    financire et la restructuration conomique.

    La restructuration financire mne

    gnralement une recapitalisation

    (souvent convenue par les anciens

    actionnaires). De mme, les cranciers de

    lentreprise peuvent aussi voir leurs crances rengocies. Cette ngociation peut amener les

    cranciers accepter un abandon partiel de la dette, une diminution des intrts, un

    rchelonnement des remboursements, etc.

    8 http://www.editions-tissot.fr/droit-travail/dictionnaire-droit-travail-

    definition.aspx?idDef=407&definition=Restructuration (21.11.13)

    LA RESTRUCTURATION PEUT ENTRANER DES SCISSIONS OU DES REGROUPEMENTS

    DTABLISSEMENTS, DES CRATIONS OU DES DISPARITIONS DE FILIALES, ETC.

    http://www.editions-tissot.fr/droit-travail/dictionnaire-droit-travail-definition.aspx?idDef=407&definition=Restructurationhttp://www.editions-tissot.fr/droit-travail/dictionnaire-droit-travail-definition.aspx?idDef=407&definition=Restructuration
  • 15

    La restructuration conomique, quant elle, conduit parfois des cessions, cest--dire des

    transmissions d'activits, ou la dlocalisation de lentreprise.

    Dans les deux cas, il s'en suit gnralement un plan de licenciement conomique, qui peut

    mener parfois une grve de la part des salaris. En effet, gnralement, le terme de

    restructuration est utilis pour voquer ou justifier les licenciements conomiques qui

    accompagnent les mouvements de rachat et de concentration dentreprises ou les conomies

    dchelle. Malgr tout, les causes dune restructuration sont multiples. Il peut s'agir d'une

    volont pour l'entreprise de rduire ses cots, ou encore de se spcialiser dans un domaine

    prcis afin d'avoir une meilleure visibilit. Il faut prciser que la restructuration dune

    entreprise n'est pas forcement lie une crise financire.

    d) Dlocalisation/ Relocalisation

    Dlocalisation

    La dlocalisation dsigne le fait de transfrer les activits, les capitaux et les emplois d'une

    entreprise dans un autre lieu, afin de bnficier de conditions conomiques plus favorables,

    comme :

    des bas salaires,

    du personnel qualifi,

    un droit du travail plus souple,

    une monnaie faible,

    une fiscalit plus lgre ,

    un dynamisme conomique,

    des assurances sociales plus avantageuses,

    etc.

    Au sens strict, la dlocalisation concerne toute l'activit dune entreprise et revient donc

    sparer les lieux de production de ceux de consommation. Toutefois, compte tenu de la

    division verticale du travail au niveau mondial, la dlocalisation a souvent lieu par segment

    du processus d'activit. Par exemple cela peut tre le fait de dlocaliser la logistique de

    lactivit entrepreneuriale. De plus, la dlocalisation a t favorise par la baisse des cots

    de transport et la mondialisation des capitaux et des marchs qui imposent une baisse des

    tarifs douaniers. Gnralement, cette migration a lieu essentiellement du pays d'origine

    vers l'tranger, mais elle peut tre aussi effectue d'une zone urbaine vers une zone rurale.

    La menace de dlocalisation d'une activit est parfois

    utilise comme moyen de pression sur les syndicats, ainsi

    que pour augmenter la dure du travail sans contreparties.

    En effet, dlocaliser une partie de lactivit de lentreprise

    peut par exemple permettre celle-ci de recruter du

    personnel moins coteux et ainsi dviter devoir respecter

    les conditions de travail que demandent les syndicats.

  • 16

    Relocalisation

    La relocalisation conomique, quant elle, dsigne le fait de rapatrier une partie ou la totalit

    des activits dune entreprise dans le pays dorigine de la socit mre. Les facteurs qui

    peuvent tre invoqus par les entreprises qui relocalisent une partie de leurs activits

    antrieurement dlocalise dans un pays en dveloppement sont nombreux :

    augmentation des cots de transport,

    dlais de transport trop longs,

    difficult de coordination avec les quipes situes distance,

    problmes de qualit et leur impact sur l'image,

    difficults de lutte contre l'espionnage industriel et le plagiat,

    taxes d'importation et quotas europens,

    faible capacit d'innovation,

    etc.

    Pour certains, la relocalisation est prsente comme une rponse aux dgts sociaux et la

    dtrioration de l'environnement que la mondialisation capitaliste provoque, puisquelle

    conduirait reconstituer des territoires comprenant des activits complmentaires et ayant

    une cohrence conomique, avec des lieux de production les plus proches possibles de ceux

    de consommation. Au vu du graphique qui suit, il est possible de dire que les relocalisations

    restent peu courantes, puisque quelles reprsentent un taux denviron 4.5% de rapatriement. Tableau 5 Tendance la dlocalisation de la production des entreprises industrielles suisses (de

    plus de 20 collaborateurs)

  • 17

    e) Licenciement

    En matire de contrat de travail, la libert de licenciement domine en Suisse. En effet,

    de manire gnrale, un employeur peut rsilier un contrat tout moment et sans raisons,

    mme sil est tenu de donner le motif du licenciement, par crit, si lemploy le demande.

    Cela ne restreint toutefois pas lemployeur licencier sans motif valable, tant donn que

    les employeurs citent souvent des raisons conomiques.

    Rousselle-Ruffieux S. prcise que :

    Pour autant quil respecte le dlai lgal ou contractuel de cong, lemployeur

    peut en principe mettre fin au contrat sans avoir suivre de procdures

    particulires, sans avoir justifier dun motif spcifique et sans avoir payer

    dindemnit. 9

    cet gard, les conventions collectives de travail (CCT) ngocies par les syndicats sont de

    premire importance. Effectivement, elles prvoient que tout licenciement doit sappuyer

    sur un juste motif ou elles tentent de prolonger les dlais de blocage des renvois. En outre,

    dans les cas o il est possible qu'il s'agisse d'une rsiliation abusive, la loi donne droit

    rparation.

    Concernant la rsiliation abusive, la loi cite toute une liste de motifs abusifs de congs

    donns sur la base de l'ge, du sexe ou de la religion de l'employ, etc. Malgr tout, si ce

    dernier est victime dun licenciement abusif, il sera amen devoir prouver l'abus, chose qui

    est souvent particulirement difficile.

    De plus, mme si lemploy licenci prouve quil a bien t victime dun cong abusif, le

    juge ne pourra pas revenir sur ce cong en exigeant que la personne soit rintgre.

    Cependant, il faut savoir que lancien employ peut tout de mme demander rparation, ce

    qui reprsente jusqu' six mois de salaire, dans le cas o le tribunal lui donne raison.

    f) Franchise

    9 http://www.bccc.ch/shared/media/docs/contributions/329_1_c.pdf (02.06.14) 10 http://www.pme-ch.ch/creation/fo-la-franchise.php (02.06.14)

    Par un contrat de franchise, une entreprise, le franchiseur, vend une licence un franchis,

    qui peut tre une personne ou une socit. Dans ce contrat des modalits trs spcifiques sont

    prcises concernant les dtails de la collaboration. Pratiquement, Niclass N. explique que :

    Le franchiseur apporte l'enseigne, les produits, l'image, la promotion, la

    formation, les conseils, le savoir-faire et l'exprience... Le franchis achte cash

    une licence et paie gnralement des royalties sur le chiffre d'affaire ou alors un

    certain % est inclus dans l'achat des produits qui sont vendus dans le rseau. Le

    franchis a gnralement une exclusivit territoriale et parfois, il peut monter son

    rseau. 10

    De ce fait, le franchiseur s'engage former et porter assistance au franchis tout en lui

    laissant son autonomie dcisionnelle et sans s'immiscer dans sa gestion, tant donn que le

    franchis est son propre chef.

    http://www.bccc.ch/shared/media/docs/contributions/329_1_c.pdfhttp://www.pme-ch.ch/creation/fo-la-franchise.php
  • 18

    En Europe, la France est le premier pays de la franchise. En Suisse, cette forme de partenariat

    est peu prsent, mme sil y a un exemple qui russit bien : Mc Donalds Suisse. Dans son

    cas, il y a une socit qui possde une licence pour la Suisse et qui exploite directement

    certains points de ventes ou cde la licence des franchiss locaux.

    11 http://www.pme-ch.ch/creation/fo-la-franchise.php (02.06.14)

    De manire gnrale, la franchise est la forme la plus aboutie du commerce associ. Au

    niveau lgal, Begat P. et Richard P. prcisent que :

    Le contrat de franchise ne fait pas l'objet d'un chapitre du code des obligations

    et il n'est pas rgi par des dispositions lgales particulires. En revanche, il est

    soumis aux rgles gnrales du droit ainsi qu'aux rgles lgales spcifiques grant

    les lments particuliers du contrat (ainsi, les lments de vente sont soumis aux

    rgles du contrat de vente). 11

    http://www.pme-ch.ch/creation/fo-la-franchise.php
  • 19

    4. Travail/ Emploi

    a) Dfinition

    Le travail est dfini comme toute activit concrte quune personne excute pour accomplir

    les tches visant crer, produire, entretenir des biens et des services. Lemploi, pour sa part,

    dsigne toute activit procurant son dtenteur les revenus ncessaires pour satisfaire ses

    besoins essentiels. Il dsigne aussi le genre de travail exerc par un individu. Castel R.

    va encore plus loin en exposant que :

    Le travail est devenu lemploi, cest--dire un tat dot dun statut qui inclut

    des garanties non marchandes comme le droit un salaire minimum, les

    protections du droit du travail, la couverture des accidents, de la maladie, le

    droit la retraite, etc. 12

    Au niveau conomique, ltude conomique du travail est faite par l'conomie du travail,

    son tude sociologique est effectue par la sociologie du travail et son cadre juridique est le

    droit du travail.

    Au niveau social, lemploi est un des rfrents identitaires de chacun. En effet, si dans un

    premier temps la famille, les amis et lcole reprsentent des repres, dans un deuxime

    temps le travail prend le pas sur lcole et il comprend les caractristiques suivantes:

    dcide de limportance et de la qualit des moyens (matriels et intellectuels) de lindividu,

    organise et structure le temps, lespace, la communication, les relations, les activits et centres dintrts,

    joue un rle dterminant dans la dfinition de limage individuelle et de la position sociale,

    possde une fonction de plus en plus sociale, dans le sens o lquipe pluridisciplinaire tend remplacer la comptence individuelle.

    En quelques dcennies, le systme stable et bien identifi du monde du travail a volu vers

    un systme caractris par le changement constant et gnral, tant des contenus du travail

    que de son organisation. Durant cette

    transition, des changements profonds ont eu

    lieu.

    Le phnomne du chmage est certainement

    une des plus grandes mutations qui est

    intervenue, tant donn quil est prsent

    massif et de longue dure. Par consquent, il

    est logique que la perte du travail soit

    lorigine de la perte de rfrents essentiels et

    quil puisse conduire lexclusion

    professionnelle.

    12 Castel R. cit dans le cours de Pinho J., La monte des incertitudes : travail, protections, statut

    de lindividu

  • 20

    b) Plein emploi

    Dans un sens purement thorique, le concept de plein emploi :

    Dcrit une situation de lconomie dans laquelle dune part, toute personne

    dsirant travailler occuperait effectivement un emploi, et dautre part toutes les

    capacits matrielles de production seraient utilises. 13

    Toutefois, la dfinition du plein emploi vers laquelle tend la politique conjoncturelle est la

    suivante :

    Plein emploi ne signifie pas que la totalit de la population capable de

    travailler et dispose le faire soit occupe en permanence. Diverses raisons,

    notamment le progrs technique, les mutations structurelles, le perfectionnement

    professionnel, le recyclage ainsi que les changements demploi font quil y a

    forcment toujours une part de la population active qui nexerce pas dactivit

    lucrative. En dautres termes, il y a toujours un certain degr de chmage dit

    frictionnel . Ainsi, plein emploi signifie, pour lessentiel, viter un chmage

    dpassant ce degr. 14

    En ce sens, il est donc possible de parler de plein emploi ds lors que le march du travail a

    atteint un certain quilibre. Par exemple, en Suisse, le plein emploi peut tre cit si lon

    atteint un chiffre de 2 2,5% de chmage.

    c) Travail temps partiel

    Actuellement, de plus en plus de gens qui exercent une activit professionnelle dtiennent

    un emploi temps partiel. Un poste temps partiel est souvent synonyme de conditions

    demplois prcaires, car il nest gnralement pas soumis aux mmes conditions

    contractuelles, dassurance ou de salaire, quune activit temps plein. Toutefois, le travail

    temps partiel a lavantage de permettre dassumer aussi dautres activits, comme de

    consacrer du temps aux enfants, de prter assistance des tiers ou de soccuper des tches

    domestiques.

    Selon lOffice fdral de la statistique et comme le

    dmontre le tableau qui suit:

    Depuis 1991, le travail temps partiel a

    progress dans la population active

    occupe, aussi bien chez les femmes que

    chez les hommes. Depuis le dbut des annes

    90, plus de la moiti des femmes, mais

    jamais plus de 14% des hommes, travaillent

    temps partiel. 15

    13 http://economie.trader-finance.fr/plein+emploi (23.11.13) 14 Office fdral de lindustrie, des arts et mtiers et du travail, Politique concernant le march du

    travail en Suisse : caractristiques et problmes , p. 229 15 http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/fr/index/themen/20/05/blank/key/erwerbstaetigkeit/

    teilzeitarbeit.htm (02.11.13)

    http://economie.trader-finance.fr/plein+emploi
  • 21

    Tableau 6 galit entre femmes et hommes Travail temps partiel

    d) Sous-emploi

    Le BIT dtermine que les personnes qui ont un niveau demploi infrieur leurs capacits

    et leurs prfrences, en termes de dure ou de productivit du travail, sont en situation dite

    de sous-emploi. De manire plus dtaille, il considre comme tant en sous-emploi les

    personnes actives occupes qui prsentent les trois critres suivants:

    qui prsentent une dure normale de travail infrieure aux 90% de la dure normale de travail dans les entreprises,

    qui souhaitent travailler davantage,

    qui sont disponibles pour prendre dans les trois mois qui suivent un travail impliquant un taux doccupation plus lev.

    Il est possible de classer le sous-emploi en deux catgories principales. Premirement, le

    sous-emploi li la dure du travail, qui fait rfrence une insuffisance quantitative. Les

    personnes vises par ce type de sous-emploi souhaiteraient augmenter leur volume horaire

    de travail, cest--dire travailler davantage, et elles sont disponibles court terme pour le

    faire.

    Deuximement, le sous-emploi appel emploi inadquat est gnralement d un

    mauvais usage des comptences professionnelles, et il correspond plutt un problme

    qualitatif.

    IL EST APPARU DANS LES STATISTIQUES QUE LE SOUS-EMPLOI TOUCHE ACTUELLEMENT PRINCIPALEMENT

    LES MRES AVEC PARTENAIRE ET ENFANTS, AINSI QUE LES MRES LEVANT SEULES LEURS ENFANTS.

  • 22

    e) Working poor

    En Suisse, il y a une partie de la population qui, malgr une activit rmunre dau moins

    90%, se trouve dans une situation de prcarit, car elle ne bnficie pas dun revenu plus

    lev que le seuil de pauvret dfini par la CSIAS. Ces personnes ont dabord t nommes

    working poor , en franais, des travailleurs pauvres. A prsent, dans notre pays

    notamment, il est plus courant de parler de pauvret des personnes actives occupes. Il faut

    prciser que cette dfinition se rfre

    lunit du mnage et non exclusivement

    la personne qui exerce une activit

    lucrative.

    Globalement, les familles nombreuses

    (trois enfants ou plus) et les familles

    monoparentales reprsentent les deux

    types de foyers les plus menacs. De

    plus, les personnes de nationalit trangre sont fortement surreprsentes parmi les

    working poor . Cela sexplique par le fait que les trangers sont beaucoup plus souvent

    que les Suisses dpourvus de formation post-obligatoire et ils travaillent frquemment dans

    des branches o les salaires sont bas.

    f) Travail au noir

    Il nexiste pas de dfinition juridique univoque du travail au noir. De manire gnrale, le

    travail au noir est une activit salarie ou indpendante exerce en violation des prescriptions

    lgales. Cela peut aller de lexcution de petits travaux artisanaux en dehors des heures de

    travail lexercice illgal exclusif dune activit lucrative en contournement du droit fiscal,

    du droit des assurances sociales, du droit de la concurrence ou en particulier du droit des

    trangers.

    Pour simplifier, les diffrentes formes de travail au noir possdent pour point commun

    dchapper compltement ou pour partie aux redevances de droit public.

    Par rapport aux travailleurs trangers, il incombe lemployeur de sassurer que les

    personnes quil emploie sont en possession dautorisations de travail ncessaires. Toute

    activit qui dpasse le simple petit service et qui est exerce normalement contre

    rmunration doit tre qualifie dactivit lucrative et se trouve donc rglemente. Selon

    lAdministration fdrale suisse :

    La loi fdrale concernant des mesures en matire de lutte contre le travail au

    noir (LTN), en vigueur partir du 1er janvier 2008, permet aux organes de

    contrle cantonaux de contrler plus efficacement les dispositions figurant dans

    les divers textes de loi (par exemple dans les domaines de la fiscalit, des

    charges sociales et du droit des trangers) et de sanctionner les infractions de

    manire beaucoup plus stricte. 16

    En ce sens, une personne qui exerce une activit lucrative sans autorisation peut tre punie

    dune peine privative de libert dun an au plus ou dune peine pcuniaire.

    16 https://www.bfm.admin.ch/content/bfm/fr/home/themen/arbeit/schwarzarbeit.html (01.09.14)

    EN 2008, EN SUISSE, LOFS AFFICHAIT UN TAUX DE PAUVRET DES PERSONNES ACTIVES

    OCCUPES DE 3.8%. CE CHIFFRE REPRSENTE LA PROPORTION DE PAUVRES PARMI LES

    PERSONNES QUI EXERCENT UNE ACTIVIT. PROFESSIONNELLE).

    https://www.bfm.admin.ch/content/bfm/fr/home/themen/arbeit/schwarzarbeit.html
  • 23

    De la mme manire, quiconque emploie un tranger qui nest pas autoris exercer une

    activit lucrative en Suisse est galement puni dune peine privative de libert dun an au

    plus ou dune peine pcuniaire. Dans les cas graves, la peine pourra tre encore durcie.

    g) Cot de la main-duvre

    Le cot de la main-duvre, aussi appel cot du travail ou prix du travail correspond aux

    charges des entreprises pour lemploi de la main-duvre. Ces charges sont constitues de :

    rmunrations du travail accompli,

    versements pour les heures rmunres mais non effectues,

    primes et gratifications,

    avantages en nature (nourriture, boisson, etc.),

    cots relatifs au logement du personnel,

    dpenses de scurit sociale ( la charge de l'employeur)

    cots dune ventuelle formation professionnelle (la formation dapprentis, par exemple)

    cots du recrutement,

    etc.

    Tableau 7 Structure des cots horaires de la main-d'uvre suisse, 2010

    Francs Pourcents

    Salaires et traitements 46,89 83,7%

    Rmunration directe, primes et allocations 41,46 74,0%

    Rmunration pour journes non ouvres et congs pays

    (cots pour vacances et jours fris) 5,43 9,7%

    Cotisations sociales la charge des employeurs 8,43 15,0%

    Cotisations sociales effectives la charge des employeurs 7,27 13,0%

    Cotisations sociales imputes la charge des employeurs

    (salaire garanti en cas de maladie) 1,15 2,0%

    Autres (frais de formation professionnelle, de recrutement et

    vtements de travail) 0,71 1,3%

    Total secteurs II et III 56,02 100,0%

    (Pour des raisons d'arrondis, les totaux peuvent diffrer de la somme des chiffres indiqus) Source : Indicateurs OFS

    Par ailleurs, ces divers cots peuvent tre classs en cots directs et cots dajustement. Le

    salaire reprsente un exemple de cot direct et les cots lis au recrutement sont considrs

    comme des cots dajustement.

  • 24

    h) Division du travail

    La division du travail peut tre dordre technique ou social. La division technique du travail

    dsigne la spcialisation des travailleurs dans des tches ou des rles spcifiques. Applique

    dans une entreprise, elle reprsente la dcomposition de la production en de nombreuses

    oprations ou tches lmentaires, limites et complmentaires. Chaque tche peut alors tre

    effectue par un seul travailleur. Pousse lextrme, cette mthode de travail est galement

    appele taylorisme car elle a t mise en place lorigine dans lindustrie par Frederick

    Winslow Taylor. Par la suite, vers 1970, une nouvelle doctrine visant adapter le

    taylorisme au contexte conomique contemporain, fait son apparition. Celle-ci est

    nomme notaylorisme .

    En revanche, la division sociale du travail se distingue par la rpartition dans la socit des

    diffrentes activits entre les individus ou les groupes sociaux (par exemple les diffrents

    mtiers). Cette division sociale du travail est souvent base sur des critres hirarchiques,

    c'est--dire partir de tches plus ou moins prestigieuses et valorises.

    Avantages

    amlioration importante de la productivit du travail (production grande chelle), car chacun se spcialise dans lactivit pour laquelle il possde les

    meilleures comptences,

    cots de production rduits,

    spcialisation permettant un entrainement de lactivit plus pouss et ainsi une plus grande habilet dans lexcution,

    suppression de la perte de temps du passage dune activit une autre.

    Inconvnients

    tches rptitives monotones (travail la chane, par exemple),

    spcialisation rendant difficile le changement demploi en cas de disparition de lactivit.

    Historiquement, l'approfondissement et le perfectionnement du principe de division du

    travail sont associs la croissance de la production conomique.

  • 25

    5. Salaire/ Revenu

    a) Dfinition

    Au quotidien, les gens ont souvent tendance intervertir la notion de salaire avec celle de

    revenu, ou les employer comme synonymes. Thoriquement, le revenu est dfinit comme

    l'ensemble des ressources ou droits qu'un individu, une entreprise ou une collectivit

    publique, peroit sur une priode donne, en nature ou en monnaie.

    Voici quelques exemples de revenus :

    Paiement dun travail : un salaire, par exemple

    Rmunration du patrimoine : loyers d'immeubles, produit d'un capital plac, etc.

    Sommes perues des prestations et transferts sociaux : comme des indemnits de chmage

    En somme, le salaire est la rmunration du travail convenu entre un salari et son

    employeur. Le salaire du travailleur dpend en principe de sa comptence, de sa formation,

    de son ge, de la concurrence sur le march du travail et de la situation conomique. Pourtant,

    il y a encore aujourdhui de nombreuses ingalits salariales o le salaire varie en fonction

    du sexe, voire de lorigine du salari.

    Dautre part, il est important de faire la nuance entre le salaire nominal et rel. Le salaire

    nominal est celui qui est inscrit sur la fiche de paie. A cause de linflation, celui-ci doit tre

    adapt au cot de la vie et de ce fait il est augment rgulirement (indexation ou chelle

    mobile des salaires). Nanmoins, cela ne veut pas dire que le travailleur est mieux pay,

    puisque la hausse du salaire est due la hausse des prix. Par contre le salaire rel, quant

    lui tient compte de linflation puisquil reprsente la quantit de biens et de services que la

    personne peut acheter avec un salaire nominal.

    Pour donner un exemple, en Suisse en 2013, les salaires ont augment de 0.7% en termes

    nominaux, mais compte tenu de linflation (ou prix la consommation) de -0.3%, qui tait

    ngative cette anne-l, laugmentation relle des salaires a t de 1.0%. Pour calculer le

    taux rel des salaires, il sagit donc de dduire le taux dinflation du taux daugmentation

    (ou de diminution) des salaires nominaux.

  • 26

    Le graphique ci-aprs permet dillustrer davantage cet exemple, ainsi que lvolution de ces

    diffrents lments depuis 1990.

    Tableau 8 volution des salaires nominaux, des prix la consommation et des salaires rels

    en Suisse

    b) Salaire minimum

    En Suisse, les salaires sont soit ngocis par les partenaires sociaux (les syndicats, par

    exemple) pour lensemble dune branche ou pour une entreprise, soit convenus individuelle-

    ment entre le travailleur et lemployeur. En principe, ltat se retient dintervenir

    directement dans ces processus de

    formation des salaires, mais il combat

    toutefois les abus salariaux de manire

    cible. De ce fait, actuellement, mme si

    certaines conventions collectives

    conseillent des minimums de salaire

    adopter dans tel ou tel champ dactivit, il

    ny a pas de salaire minimum lgal en

    vigueur semblable dans toutes les

    branches.

    En consquence, une initiative populaire

    proposant un salaire minimum lchelle

    nationale a t dpose et vote par le

    peuple au mois de mai 2014. Le texte de cette votation demandait que la Confdration et

    les cantons encouragent linscription de salaires minimaux dans les conventions collectives

    de travail. Le montant du salaire minimum prn par linitiative tait fix 22 francs de

  • 27

    lheure, soit, en partant dune dure de travail de 42 heures hebdomadaires, un salaire

    denviron 4'000 francs par mois.

    Cette rmunration devait sappliquer dans tout le pays, pour tous les travailleurs et toutes

    les branches. Au final, cette initiative a t refuse.

    En revanche, plus spcifiquement et ds 2012, le canton du Valais a dcid dimposer un

    contrat-type de travail dans la construction, avec un salaire minimum reprsentant une

    majoration des salaires de 1% pour 176 heures par mois et une semaine de cinq jours.

    c) Salaire defficience

    En conomie du travail, le salaire defficience dcoule dune thorie keynsienne selon

    laquelle un employeur peut avoir intrt payer un salaire suprieur ce que les salaris

    pourraient trouver dans une autre entreprise de la mme branche. Lobjectif principal que

    vise cette pratique est dencourager les travailleurs tre efficaces et ainsi augmenter leur

    productivit.

    Plus prcisment, plusieurs explications peuvent justifier une relation croissante entre salaire

    et productivit :

    une politique de bas salaires favorise le taux de rotation de la main-duvre et, par consquent, risque davoir une influence ngative sur la productivit du

    travail moyen ou long terme,

    un chef dentreprise peut avoir intrt pratiquer une politique de hauts salaires afin dattirer dans son entreprise les meilleurs lments de la

    population active,

    lorsquil y a un manque de reconnaissance du travail effectu par les employs, ceux-ci peuvent avoir tendance tirer au flanc . Payer de hauts salaires peut

    alors permettre dinciter les employs sinvestir dans leur travail,

    payer des salaires relativement levs peut aussi constituer un moyen de signifier aux employs quils sont traits avec respect. Ceci peut favoriser des

    comportements coopratifs qui amliorent la productivit du travail.

    Malgr tout, si tous les autres employeurs utilisent la mme stratgie, tous les salaires vont

    tre augments. En consquence, la demande sur le march du travail diminuera car le travail

    sera plus coteux et les employeurs seront moins enclins embaucher.

  • 28

    d) Portage salarial

    Dans la pratique, le portage salarial est une relation entre trois partenaires : le travailleur

    appel port , une ou plusieurs entreprises clientes et une socit de portage. Le port

    commence par chercher des clients et ngocie lui-mme avec les entreprises les conditions

    et le prix de ses services. Ensuite, il prend contact avec une socit de portage, qui devient

    officiellement son employeur. Celle socit tablit paralllement un contrat de prestations

    qui la lie aux entreprises clientes du port pour leur confirmer par crit son rle

    dintermdiaire.

    Actuellement, certaines entreprises optent pour le systme de portage salarial afin de rduire

    leurs frais de